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capital-risque

  • Mais comprennent-ils ce qu'est un dividende ?

    Parfois, je désespère : dans ce pays, les 4/5ème des responsables politiques ne comprennent pas ce qu'est une entreprise et surtout, la relation qui lie étroitement investisseurs et entreprises. Je lis dans les propositions des 6 candidats socialistes que chacun escompte baisser la fiscalité sur les bénéfices des entreprises quand elles réinvestissent et l'accroître quand elles distribuent des dividendes.

    Mais, nom de Zeus : vont-ils enfin comprendre que ce qui attire l'investisseur, c'est la perspective de dividendes importants ! Pénaliser la distribution de dividendes, c'est flinguer les perspectives de développement de l'entreprise. Une entreprise, ça ne fonctionne pas en circuit fermé, nom de Zeus, et si ça veut attirer du fric, ça doit bien en distribuer de temps en temps pour prouver que c'est rentable, c'est quand même pas compliqué à comprendre !

    Le vrai problème, c'est de licencier du personnel pour gonfler le bilan de l'entreprise. Là-dessus, il y a peut-être un moyen d'intervenir délicatement (pas avec de gros sabots), mais gêner les mécanismes d'investissement, ce n'est vraiment pas le moment de le faire en pleine crise économique.

    Quand je pense à Bayrou qui voulait faire de la France un pays pro-entreprise en 2007...eh ben c'est pas gagné...

    A l'époque où je lisais la Croissance et le Chaos de Christian Blanc, je m'étais montré convaincu par ses clusters qui ont donné nos actuels pôles de compétitivité. Je me suis demandé, au fil du temps, pourquoi ils ne rencontraient guère le succès attendu.

    En fait, je crois que les choses tournent mal quand l'État met ses gros patauds dans la fine mécanique entrepreneuriale. Ce n'est pas à l'État de décréter qui est innovant ou non. Les vrais entrepreneurs, les bons investisseurs, sauront toujours dénicher l'opportunité là où elle se trouve.

    Si on veut stimuler les entrepreneurs audacieux, les investisseurs qui aiment le risque, il faut faire un pont en or au capital-risque : c'est lui qui va naturellement vers les coups de poker. Tous les joueurs de poker le confirmeront : un coup de poker qui marche rapporte le pactole.

    Bon, c'est excessif ce que je dis : en réalité, l'entrepreneur qui va solliciter du capital-risque a étudié de très près la situation du marché qu'il vise et je pense qu'en fait, son projet est tout l'inverse du coup de poker.

    Si l'on doit créer une fiscalité particulière, c'est à dire une absence de fiscalité en fait, c'est sur ca capital-là pour le booster à des niveaux très hauts. Eh si on veut attirer le chaland, il faut promettre aussi une fiscalité exceptionnelle sur les dividendes issus du capital-risque. Là, on mettra déjà beaucoup plus de chances du côté de l'innovation...

    Allez, François (Bayrou) toi qui veux produire en France, retiendras-tu mon raisonnement pour ton programme économique à la présidentielle ?

  • L'inconvénient du capital-risque, c'est le risque...

    Très intéressant, le débat actuel au Parlement européen sur les hedges funds. Les négociations sont à l'arrêt, d'ailleurs. Ce débat met à mon avis le doigt sur nos contradictions. Les hedges funds ont mauvaise presse, en France et plus généralement en Europe. On sait que ce sont des capitaux très mouvants, susceptibles de de se désengager très rapidement, sont gourmands en rendements et effarouchés aisément. L'Europe qui s'en défie, veut donc légiférer pour tenter de limiter leur participation lors des OPA (offre publique d'achat).

    Ce qui est paradoxal, c'est que dans le même temps, nous faisons, en France, tout un battage pour tenter d'attirer le capital-risque...

    Or, le capital-risque constitue justement lui-même un risque. Difficile de préparer une omelette sans casser des oeufs.

    En Amérique, où l'on prise les investissements de cette nature, on crie au crime et au protectionnisme, évidemment, devant les velléités d'encadrement de ces fonds des Européens. Michel Barnier, commissaire européen est aux premières loges. Il faut dire que ça va chauffer (pas trop fort, mais un peu quand même...) car  la directive européenne prévoit que les sociétés de capital-risque obtiennent désormais un agrément pour pouvoir opérer sur les marchés européens...

    Afin de pouvoir opérer dans l’Union européenne, tous les gestionnaires seront tenus d’obtenir l’agrément de l’autorité compétente de leur État membre d’origine. Tous les gestionnaires opérant sur le sol européen seront tenus de démontrer qu’ils possèdent les qualifications appropriées pour offrir des services de gestion de fonds alternatifs et devront fournir des informations détaillées sur l’activité envisagée, l’identité et les caractéristiques des fonds alternatifs gérés, leur gouvernance (y compris les modalités de délégation de services de gestion), les dispositions pour l’évaluation et la garde des actifs et les systèmes de soumission d’informations obligatoires, le cas échéant. Les gestionnaires devront aussi détenir et conserver un certain niveau de fonds propres.

    Pour garantir que les risques associés à l’activité de gestionnaire sont gérés efficacement sur une base permanente, les gestionnaires seront tenus de prouver à l’autorité compétente qu’ils possèdent des mécanismes internes solides en ce qui concerne la de gestion des risques, en particulier les risques de liquidité et les risques opérationnels et de contrepartie supplémentaires liés à la vente à découvert; la gestion et la divulgation des conflits d’intérêts; la juste évaluation des actifs; et la sécurité des arrangements en matière de dépôt et de garde.

    La directive proposée prévoit un niveau minimal de service et de fourniture d’informations initiales et régulières aux investisseurs (professionnels), pour les aider à faire preuve de la diligence nécessaire et assurer un niveau approprié de protection de l’investisseur. La directive proposée prévoit que les gestionnaires fournissent à leurs investisseurs une description claire de la politique d’investissement, incluant la description des types d’actifs et le recours au levier; la politique de remboursement dans des circonstances normales et exceptionnelles; les procédures d’évaluation, de dépôt, d’administration et de gestion des risques; enfin, les frais, charges et commissions associés à l’investissement.

    Une authentique déclaration de guerre, quoi...Et encore, ce ne sont que des morceaux choisis. Déclaration de guerre aux Britanniques : ce sont eux qui ruent dans les brancards. Ils ont proposé de laisser une seconde chance aux opérateurs qui n'auraient pas obtenu le sésame européen de pouvoir exercer leurs activités sur les marchés nationaux. Les Britanniques ne sont pas seuls sur cette position, mais je n'ai pas réussi à repérer quels autres pays s'étaient associés à leur démarche. Pas l'Allemagne et la France, ça, c'est sûr. Évidemment, côté américain, ça hurle encore plus...

    Barnier voulait donc trouver un compromis. C'est raté. Au moins pour l'instant, en tout cas...

    Étonnant que personne ne parle de cela en France. Et pourtant, l'impact et les conséquences de ces accords sont potentiellement énormes. Les hedges funds représentent un marché de 2000 milliards d'euros susceptibles d'être investis.

    Il faut espérer, si la directive passe, qu'ils plient. S'ils trouvent les moyens de se replier ailleurs, déjà qu'on peine à attirer des capitaux privés dans nos pôles de compétitivité...