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Bayrou - Page 47

  • Bayrou évoque l'origine des stock-options

    S'il y a une chose qui est agaçante, quand on lit les dépêches, c'est qu'elles tronquent souvent de l'information. Ainsi, quand j'ai appris par une dépêche que Bayrou suggérait de supprimer les stock-options, j'ai d'abord pensé qu'il disait n'importe quoi et n'avait pas réfléchi à la question. Jusqu'à ce que j'aille consulter le site du MoDem et que je prenne connaissance de ce qu'il avait dit exactement sur le sujet. Je ne suis pas certain d'être d'accord avec lui, et j'ai des objections à lui opposer, mais, je trouve son argumentation vraiment intéressante.

    C’est la raison pour laquelle il n'est pas indifférent de poser, d’éclairer de cette manière la question des stock-options, des rémunérations excessives, cette question qui est à ce point aujourd'hui dans l'actualité. Ce n'est pas indifférent. C'est même une question centrale parce que qu'est-ce que c'est que les stock-options dont tout le monde parle, naturellement, avec ces scandales récurrents ?

    Cela consiste à dire aux managers d'entreprise « vous serez payés, vous aurez des gratifications incommensurables sur un seul critère : la valeur de l'action de votre entreprise », autrement dit uniquement le cours de l'action de leur entreprise.

    À ce moment-là, vers quoi conduisez-vous ces managers ? Vers quelque chose de très simple, à savoir que toute décision est bonne à prendre, si elle est bonne pour l’action boursière.

    Donc, ne vous étonnez pas si les plans sociaux, les décisions de fermeture sont toujours inéluctablement interprétés comme étant bonnes pour l'action. Cela fait même souvent objet de scandales. Il devrait y avoir d'autres critères pour des compléments de rémunération aussi extraordinaires que la valeur de l'action.

    Il y a un autre critère qui devrait être la valeur de l'entreprise, qui devrait être les résultats de l'entreprise, qui devrait être la performance de l'entreprise. Mais ce sont ces critères qui sont détournés, dès l'instant que l'on ne choisit que les stock-options.

    C'est pourquoi je crois qu'il est bon que nous posions une question radicale : est-ce que le meilleur traitement pour les stock-options dans un pays comme la France, ce n'est pas purement et simplement de les supprimer pour les sociétés cotées en bourse ?

    Je vais m'expliquer sur ce point. Les stock-options ont été inventés pour des petites entreprises, pour celles que l'on appelle des « start-up ». Des sociétés qui croyaient ou qui croient qu'elles ont un potentiel de développement très important et qui veulent attirer chez elles des « managers » expérimentés en leur disant  « venez chez nous, on va vous donner un certain nombre d'actions de l'entreprise, afin que vous puissiez tirer bénéfice de ces actions, quand l'entreprise aura pris de la valeur ».

    C'est un système parfaitement judicieux pour ce type de sociétés-là, pour les petites entreprises. Mais ce n'est pas un système judicieux, comme Colette Neuville l'a expliqué ce matin, pour les sociétés installées du CAC 40, les principales sociétés en bourse, parce que là, on détourne l'attention des managers de la destinée de l'entreprise, pour une autre destinée, celle des possesseurs d'actions commercialisées en bourse.

    Il y a là quelque chose qui doit interpeller notre réflexion. Il y a beaucoup de pays où il n'y a pas de stock-options. Il me semble que nous aurions à gagner, dans la crise où nous sommes, à clarifier cette affaire. Le système des stock-options n'est pas un bon système pour les sociétés cotées en bourse et le monde économique français gagnerait beaucoup à trancher cette question en les supprimant !

    Toutefois, on pourrait lui donner la réplique sur un certain nombre de points : en principe, le cours de l'action reflète la bonne santé de l'entreprise, ou, tout du moins, la représentation que s'en fait le marché, ou encore les anticipations d'amélioration ou de détérioration de la santé de l'entreprise. C'est vrai que les managers ont intérêt à ce que le cours de l'action soit haut. Mais une entreprise en bonne santé a en principe un cours élevé. On n'est d'ailleurs pas gagnant à tous les coups, comme le dit par exemple wikipedia. Ceux qui possèdent aujourd'hui des stock-options qui vont arriver à terme vont perdre une sacrée somme d'argent, et c'est inéluctable. Personne n'est à l'abri d'un retournement du marché, la preuve. Ensuite, la plupart des plans d'épargne entreprise fonctionnent sur le modèle des stock-options, avec une valeur d'achat basse et la possibilité d'un déblocage à un cours en principe plus haut. Or, ces plans ne récompensent pas les "managers" mais la plupart du salariat des banques, ce qui comprend une large part de la classe moyenne française. Enfin, il faut bien trouver des récompenses pour attirer les meilleurs, traders y compris. On entend aujourd'hui que des primes sont distribuées par les banques : mais, par exemple, en dépit de leurs résultats, un certain nombre d'individus ont fait du bon boulot et même parfois fait gagner des sous ou réduit considérablement les pertes de ces mêmes banques grâce à leur travail : est-il juste de ne pas les récompenser ? Je ne le crois pas.

    J'ai entendu aussi qu'il n'y avait pas d'impôt sur les stock-otions (pas de Bayrou mais d'autres personnalités politiques y compris dans la majorité). C'est parfaitement faux ! Il y a un impôt sur le rabais accordé lors de l'acquisition qui est intégré dans l'impôt sur le revenu et un autre sur la plus-value le jour de la cession ! Au contraire, elles sont imposées deux fois ! Eh, bien entendu, un certain nombre de contributions sociales s'appliquent aux stock-options.

    Cela dit, Bayrou met tout de même le doigt judicieusement sur un aspect du problème : pour de jeunes et petites entreprises, la relation entre le cours de l'action et les efforts des managers paraît bien plus directe que pour des très grosses entreprises. De manière générale, au sein des grosses machines, plus les mouvements se démultiplient, plus ils dévient de leur direction d'origine.

    In fine, Bayrou a rappelé l'attachement des Français à l'économie de marché :

    «Jusqu'à maintenant, l'humanisme était considéré comme un sentiment. Il convient qu'il devienne un projet politique qui s'assume, parce que c'est le seul, en réalité, dont nos concitoyens, je crois, ont aujourd'hui le plus urgent besoin.
    Ils savent bien qu'il faut de l'économie. Ils acceptent comme nous l'acceptons, comme je le dis à cette tribune, que le meilleur moyen de faire de l'économie, c'est la libre entreprise. Je ne vais pas vous raconter qu'il faut que l'État se substitue aux décideurs économiques... Nous savons qu'il faut de l'économie et que la liberté en économie est, non seulement précieuse, mais qu'elle est également la condition de sa respiration

    J'attends de pied ferme, après une telle déclaration, ceux qui affirment que Bayrou fait du Besancenot. Ils n'ont qu'à lire le programme du NPA et ses expropriations d'entreprise pour mesurer tout le chemin qui sépare le MoDem du NPA, la démocratie de la dictature marxiste. Ses remarques sur les stock-options ne remettent donc pas en question la liberté d'entreprendre. Mais là encore, Après une telle déclaration, il me semble difficile d'interdire à une entreprise de choisir la manière dont elle escompte rémunérer ses collaborateurs.

    Bayrou ne s'oppose pas à la rémunération des managers, soyons clairs sur ce sujet. En revanche, il souhaite que d'autres critères que la valeur d' l'action boursière soit juge du travail des managers (rappelons que l'action ne concerne pas que les managers).

    Il y a un autre critère qui devrait être la valeur de l'entreprise, qui devrait être les résultats de l'entreprise, qui devrait être la performance de l'entreprise. Mais ce sont ces critères qui sont détournés, dès l'instant que l'on ne choisit que les stock-options.

    Et là, je lui pose une question à François : François, qui va être juge de la valeur de l'action dont tu parles ? Qui va être juge de sa performance ? C'est le marché, en principe, qui sanctionne cette performance. Tu ne veux pas que l'État se substitue aux décideurs économiques. Je suis d'accord avec toi, d'ailleurs. Mais, si ce n'est ni l'État ni le marché, ce sera qui, dans ces conditions ? Je te laisse avec une colle, François. Si tu parviens à donner une réponse satisfaisante à cette question, je pense que tu pourras entraîner pas mal d'hésitants avec toi.

  • Juppé ou Fillon présidents de la commission européenne ?

    Je viens d'écouter l'interview de Jacques Delors sur France Inter via Marianne. Une petite remarque avant toutes choses : Marianne conlut un peu vite à une trahison de Jacques Delors parce qu'il cite les noms de Juppé ou de Fillon comme présidents possibles de la commission européenne. Il ajoute, ce que Marianne n'a pas relevé, "compte tenu du rapport de forces en Europe". C'est à dire, en gros, dans la mesure où le PPE serait majoritaire en Europe. Et il précise que si ce devait être les Socialistes (PSE) il aurait alors d'autres noms à proposer. Martine Aubry n'a donc pas de raisons de se plaindre de son père. Sur les propositions de Delors, je n'ai pas grand chose à redire, ce sont quasiment les mêmes que celles de Bayrou et du MoDem, particulièrement sur la solidarité européenne, une politique commune de l'énergie et la coopération entre États européens. Je déplore en revanche profondément qu'il demeure prisonnier de schémas politiques archaïques. Il ne cite pas même le nom de l'ADLE et encore moins du MoDem, qui manifestement n'existent pas pour lui. Consolation, en dehors de l'UMP et du PS, il n'y a pas d'autres forces politiques qui comptent de son point de vue. Bref, passons, on finit par s'y habituer, au MoDem (ou ailleurs). Espérons le détromper largement en juin...

    Concernant Fillon et Juppé, moi aussi, mais seulement si le rapport de forces s'y prêtait, je ne serais pas contre leur candidature à la présidence de la commission européenne. Ce sont deux hommes politiques honnêtes et qui maîtrisent leur sujet. J'aurais une préférence pour Juppé, mais je pense que Fillon, qui a de la poigne, ne serait pas mauvais comme commissaire européen (encore que parfois buté). Parce qu'il en faut de l'énergie, et de la volonté, pour lutter contre l'indivualisme des États-nations incapables de s'entendre, par les temps qui courent, alors que ce serait tellement nécessaire. Le concert des nations, comme dit Jacques Delors : voilà ce qu'est l'Europe. Un concert dans lequel chacun joue sa partition, mais pas une partition commune. Prenons l'industrie automobile : il n'y a que 5 ou 6 gros constructeurs en Europe, ce devrait donc être possible de s'entendre ! c'est à juste titre que Delors cite cet exemple. Et pourtant rien. Et là-dessus, on ne peut vraiment pas dire que Nicolas Sarkozy (mais Fillon aussi, il gouverne !) donne le bon exemple. Pourtant en Europe, l'ADLE, auquel le MoDem appartient, fait des propositions concrètes qui recoupent exactement ce que François Bayrou et Corine Lepage disaient en septembre 2008.

    On a dit que Sarkozy avait été un bon président de l'Europe. Je rectifie le tir : comme Delors, je pense qu'il a été un bon président du concert des nations européennes. Mais comme Président de l'Europe...il n'a rien fait évoluer. Je ne lui jette pas la pierre : pas plus lui qu'un autre. Le fait est qu'il nous manque des chefs d'état visionnaires et déterminés, par les temps qui courent, pour relancer l'Europe.

    Malheureusement, j'ai le sentiment que les élections européennes prennent le chemin de se jouer sur des enjeux nationaux ; c'est, tout du moins, ce que vise le PS qui s'efforce d'en faire un référendum contre Nicolas Sarkozy. Quelle erreur fatale ! C'est à une toute autre échelle que ces élections doivent être pensées. Le MoDem a le mérite de faire ses premières propostions dans cette optique. Tenez, par exemple, le MoDem est parvenu à faire adopter une mesure-clef, tout récemment, pour lutter contre le dumping social : il ne sera plus possible de se cacher derrière un sous-traitant pour sous-payer outrageusement un travailleur. Bien vu Jean-Marie Beaupuy (euro-député MoDem à l'origine de cet amendement). Voilà un embryon d'Europe sociale qui se met enfin en place.

  • Otan en emporte le vent et...le Bayrou !

    Bon, j'ai la flemme d'écrire longuement, alors je vais être succinct. La position de Bayrou n'est pas comprise, je le vois. Bayrou ne s'oppose pas à réintégration de la France l'OTAN parce qu'il serait devenu subitement gaullien au lieu d'être atlantiste, mais parce que cette réintégration se fait sans contrepartie et à l'avantage ni de l'Europe ni de la France.

    Ce que dit Bayrou, et je le répète, c'est que l'OTAN doit tenir sur deux jambes : 1ère jambe l'Amérique, 2nde jambe, l'Europe. Ce n'est pas facile à faire valoir parce que pas mal d'Européens rechignent à financer leur propre défense et d'autres font historiquement confiance quasi exclusivement aux USA.

    DONC : ce n'est pas un retour à la grandeur éternelle de la France, comme le voulait de Gaulle, qu'en appelle Bayrou, mais à celle de l'Europe, ce qu'il faudrait que ses détracteurs comprennent une bonne fois pour toutes.

    Ensuite, l'enjeu primordial que ferait bien de comprendre tous ceux qui sautent comme des cabris en clamant "OTAN, l'OTAN", c'est qu'actuellement, le but de l'Amérique, c'est d'élargir la sphère d'intervention de l'OTAN. L'OTAN avait été conçue pour protéger l'Europe, principalement contre une attaque soviétique.

    L'Amérique voudrait en faire le bras armé de SES intérêts au Moyen-Orient ou ailleurs. Z'avez envie d'aller vous battre en Irak ? en Afghanistan ? en Somalie ? Et sous commandement américain à chaque fois, avec des buts politiques, militaires, économiques et stratégiques exclusivement américains ? Très peu pour moi, non merci.

    L'Alliance Atlantique est une Alliance DÉFENSIVE, j'aimerais le rappeler une bonne fois pour toutes. Pas OFFENSIVE. ET de toutes façons, même dans le premier cas, il s'agit de mettre en place un dispositif équilibré et pas une machine destinée à étouffer dans l'oeuf toute tentative de mise en place d'une défense européenne. Car, évidemment, on s'en doute, une défense européenne et une défense américaine peuvent passer une alliance...atlantique, mais, chacune aura ses buts propres . Et l'Europe n'a pas vocation à servir de tiroir-caisse pour l'Amérique dans ses opérations de maintien de l'ordre. Oh, bien sûr l'Amérique aimerait bien être assistée d'un fidèle lieutenant...cela la soulagerait et la Grande-Bretagne n'y suffit plus...

    Mais moi, je fais partie de ceux qui espèrent que l'Europe puisse bâtir SA propre doctrine en matière de défense. Et la réintégration dans l'OTAN n'en prend absolument pas le chemin. Au mieux peut-on espérer peser un peu plus sur les décisions opérationelles. Merci, mais les miettes du repas, très peu pour moi.

    Bayrou est dans cette logique-là : il veut une Europe forte. Il est donc très éloigné de toute forme de souverainisme.

    Ah, et j'ajoute une dernière précision : ne confondons pas l'OTAN et l'Alliance Atlantique que personne n'a jamais remise en cause (même pas de Gaulle) en France, et a fortiori pas Bayrou.

    PS à Fred et Disparitus : je n'oublie pas vos billets, mais je n'ai pas encore eu le temps d'écrire ma réponse au tag et un avis sur l'évaluation des profs. ça vient bientôt :-)

  • François Bayrou érige wikipedia en modèle humaniste

    Bon, ben merci à Framablog qui a repéré ces moments (ceux dont je vais rendre compte) dans l'émission du 27 février dernier à laquelle François Bayrou a participé. Très intéressant. Et très juste. Je vois qu'il partage mon enthousiasme pour cette magnifique encyclopédie. Et tout à fait l'idée que je me fais de la culture. C'est bien en ce sens que je vois la culture, comme l'un des Biens supérieurs qu'évoque le groupe Identité et Valeurs de l'Europe du MoDem sur le blog leseuropeens.fr.

    Pourquoi est-ce que je suis intéressé par l’univers des logiciels libres ? Pourquoi est-ce que je suis intéressé par l’univers wiki ? Parce que ce sont des modèles de société non marchands. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas des gens qui à partir du logiciel libre ne font pas du marchand, ne créent pas des activités économiques, mais Wikipédia, pour prendre un exemple, c’est tout de même impressionnant qu’il y ait une encyclopédie de centaines de milliers de pages sur tout sujet, sans que personne n’ait été là pour des raisons marchandes.

    (…)

    Mais pour l’essentiel, ne prenez le petit défaut ou la petite faille, prenez le fait massif. Il y a là une encyclopédie, free, libre d’accès, à disposition de tout le monde, qui a été développée par des esprits généreux qui ont simplement voulu faire partager à d’autres ce qu’ils savaient. Vous ne trouvez pas que c’est intéressant. Vous ne trouvez pas que c’est intéressant que on ait des logiciels, des systèmes d’exploitation, qui soient constamment enrichis, bénévolement ou gratuitement. Et donc pour moi il y a là un projet de société qui est intéressant au moins à regarder et à réfléchir parce qu’il veut dire que la loi du profit ne commande pas tout. Qu’elle n’est pas totalement absente, on n’est pas naïf, bien sûr que les raisons économiques sont à prendre en compte. Mais elles ne doivent pas prendre la place de toutes les autres raisons de vivre : raison de chercher, raison d’enseigner, raison de transmettre, raison de s’élever, raison de créer, etc.

    (…)

    C’est important pour beaucoup de ceux qui vous écoutent sur le Net en particulier. Il y a là quelque chose qui donne de l’espoir dans la nature humaine. Alors comme tout, pas que de l’espoir. Mais il y a là quelque chose qui permet d’avoir une autre vision de l’avenir de l’humanité que cet avenir écrasé qu’on nous promet par ailleurs. Parce que si vraiment, ce que je crains, on est en train en France de mettre en place un réseau d’influence et de pouvoir sur des secteurs entiers de la société, où est la capacité de résistance ? Si vous êtes un citoyen moyen, un jeune garçon, une jeune fille ? Qu’est-ce que vous pouvez faire ? Vous défilez une fois, et après il n’y a plus de défilés comme vous le savez. Bon et bien il y a là, dans cette culture civique, quelque chose qui donne de l’espoir, qui en tout cas à moi me donne de l’espoir.

  • Européennes, le MoDem à 10% !

    Je viens de prendre connaissance, sur le site d'IPSOS d'un sondage inquiétant (mais pas désespéré) pour les prochaines européennes. Ipsos ne nous donne qu'à 10% mais...il y a un mais : 10% chez ceux qui sont certains d'aller voter. En fait, ce que souligne IPSOS, c'est que le MoDem n'est qu'à 10% en raison de la faible mobilisation de son électorat.

    Il faut donc à tout prix que nous le mobilisions ! Et pour cela, il faut coller au terrain des préoccupations des Français, et surtout, bien leur montrer à quel point c'est par l'Europe que nous pouvons sortir de la crise, c'est à dire redresser les chiffres du chômage et du pouvoir d'achat.

    Rappelons-le, Français Bayrou a réussi à faire passer au Parlement européen grâce aux euro-députés MoDem (c'est Bernard Lehideux qui l'a présenté) le principe d'un emprunt européen solidaire de 3% du PIB de l'Europe. C'est un signe très fort, et s'il se concrétise, il se traduira par des emplois et de la stabilité économique.

    Je crois aussi que la blogosphère MoDem sur la Toile doit vraiment se bouger sérieusement. J'ai l'impression qu'en dehors de Ma vie en Narcisse (qui tente désespérément de lancer le buzz) et l'hérétique, les blogs MoDem ne s'intéressent que peu ou pas à l'Europe. Luc Mandret avait flairé à juste titre un risque d'abstention massive, c'est en effet ce que conclue l'étude d'IPSOS...

    leseuropeens.fr le blog Europe du MoDem peine également à démarrer, bien qu'alimenté par un nombre assez conséquent de documents et de contributions. Bref, il est grand temps de se remuer...

     

  • MoDem, Bayrou et fiscalité

    Bon, comme je commence à lire des allégations totalement fausses à propos de Bayrou et du Bouclier fiscal, on va replacer les choses à leur vraie place. Primo, le bouclier fiscal est une authentique connerie parce qu'il protège certains individus (les très très très riches) et pas d'autres. Ensuite, c'est Méhaignerie ( et même Novelli, apparemment, un ancien de Démocratie Libérale, pourtant !) et pas Bayrou qui a proposé une taxation exceptionnelle des très très riches. Et Bayrou a approuvé. Pourquoi il a approuvé ? Il a approuvé en l'état actuel de la fiscalité, tout simplement.

    Maintenant, si Sarkozy et Fillon au lieu de faire pour l'un du copinage et pour l'autre de l'idéologie, avaient eu le courage ou l'intelligence d'appliquer les idées de Bayrou sur l'ISF, on n'en serait pas là.

    Secondo que disait Bayrou ? Il faisait exactement le raisonnement inverse de Sarkozy : au lieu de continuer à créer des niches fiscales (et le Bouclier fiscal en est un évidemment une) il vaut mieux réformer l'ISF avec une taxation très légère, mais touchant toutes les grandes fortunes.

    L'idée est SIMPLE : une taxe universelle touchant tous les patrimoines. Y compris pour la détention d'actions. Le montant proposé est en effet très faible : 1 pour mille, voilà le taux proposé par Bayrou. S'il y en a un pour venir m'expliquer que 1 pour mille, c'est trop, c'est un cas désespéré, je ne peux plus rien pour lui. Même si 75% du patrimoine est immobilisé, avec le quart restant, c'est largement suffisant pour au pire maintenir le patrimoine, au mieux le faire prospérer, contrairement à l'ISF actuel qui frise la spoliation et provoque certainement d'importantes fuites de capitaux.

    Bayrou et Courson avaient calculé ça ensemble pendant les présidentielles, et ils s'étaient rendus compte que de surcroît, l'État ne perdait pas un kopeck en rentrées fiscales. Bon, en revanche, un certain nombre d'individus auraient peut-être perdu quelques copains très haut-placés et à très hauts revenus, ça, c'est possible. Mais la France s'y retrouvait, et les petites et moyennes fortunes n'étaient plus spoliées. Je ne vous parle même pas de la hausse de l'immobilier, parce qu'on a compté là-dedans des gens qui s'étaient acheté à crédit un bien dont la valeur a ensuite augmenté et qui se sont alors retrouvés à payer des impôts monumentaux.

    Je ne raconte pas d'histoire pour la proposition de Bayrou (qui est toujours valide) tout est ici. Alors il faut arrêter de dire que Bayrou pète les plombs... Au passage, on se demande bien à quoi sert le Nouveau Centre : on aurait pu espérer qu'il porte le programme de l'UDF et il n'en a rien, mais alors strictement rien été. Il y a bien eu quelques protestations de Charles de Courson, mais manifestement, isolées.

    Vraisemblablement, le MoDem a à peu près repris les idées de l'UDF sur les grandes fortunes et sur la fiscalité.

     

  • Antigone/Nicolas Sarkozy, le quiproquo

    Je voudrais revenir sur l'une des principales références littéraires de Nicolas Sarkozy, à savoir la labdacide Antigone, fille du héros mythique célèbre et malheureux, Oedipe.

    Je me suis demandé pourquoi Nicolas Sarkozy éprouvait une telle affection pour le personnage d'Antigone, affection, que je partage au demeurant. La pièce de Sophocle est à mes yeux la plus aboutie de toutes les tragédies connues. Car il s'agit bien de celle de Sophocle, et non d'une autre Antigone, la citation de Nicolas Sarkozy, ne laisse pas de place à l'équivoque quand il reprend la réplique fameuse d'Antigone à Créon, je ne suis pas née pour haïr mais pour aimer.

    Il y a eu beaucoup de commentaires sur cette référence, et beaucoup de réactions d'individus indignés qu'on leur "vole" leur symbole. Je voudrais tout d'abord leur dire qu'Antigone est universelle. Elle n'appartient à aucune coterie.

    En revanche, il est intéressant d'examiner les raisons pour lesquelles on la brandit comme un étendard.

    A gauche, particulièrement à la gauche et de la gauche, on voit en Antigone le symbole d'une révolte, et très précisément, d'une révolte contre le pouvoir établi. A la limite, peu importent, finalement, les motivations profondes d'Antigone, l'important est qu'elle représente la minorité faible se révoltant contre l'oppression. Bien évidemment, la gauche de la gauche, et même parfois la gauche tout court, ont surréagi à la référence de Nicolas Sarkozy, estimant qu'il avait tout intérêt à relire Antigone.

    Or, c'est en cela que réside le quiproquo : ce que Nicolas Sarkozy apprécie, chez Antigone, très vraisemblablement, et cela colle bien avec son tempérament et ses décisions, c'est sa capacité à transgresser, parce qu'en réalité, ce qu'aime Nicolas Sarkozy, c'est la transgression : inaugurer un nouveau style de présidence, faire bouger les lignes politiques apparentes, semer la confusion entre gauche et droite, gouverner au moins autant que présider, répliquer par un "sale con" à un spectateur qui refuse de lui serrer la main et cetera...toutes choses dont la presse et les médias sont très friands, au demeurant. Et, il se trouve que justement, c'est un aspect de la geste d'Antigone : car enfin, quelle est cette petite fille (c'est presqu'une fillette chez Sophocle !!!), de sang royal de surcroît, qui se mêle de politique et veut, en dépit d'un interdit admis depuis la nuit de temps (la loi de la cité prime sur toute autre considération) rendre les honneurs funèbres à son frère ? Des révoltes, il y en a toujours eu, mais ce qui indigne Créon par-dessus tout, c'est que la révolte vienne de sa propre famille, de sa propre nièce, alors que la famille royale incarne la cité de Thèbes par dessus tout ! Pour bien comprendre le geste d'Antigone, il ne faut pas considérer Polynice comme un gentil révolté : c'est quelqu'un qui attaque sa propre cité ! C'est un collabo ! en 1945, une femme qui aurait agi comme Antigone aurait été tondue. Il faut bien comprendre cet aspect pour saisir les enjeux véritables de cette tragédie. Il y a donc un interdit très profond que transgresse Antigone, à tort ou à raison, le débat demeure ouvert. Je pense que c'est cette capacité à transgresser qui plaît à Nicolas Sarkozy.

    Une fois dit cela, on peut faire valoir un autre point de vue : certes, il y a transgression de la part d'Antigone, mais ce n'est pas une transgression pour de la transgression, et, sur ce second point, je suis très loin d'être convaincu qu'Antigone soit bien Sarkozyste...Pas plus qu'Antigone ne résiste pour résister ou ne se révolte pour se révolter (un peu comme l'Antigone d'Anouilh, par exemple). Antigone est surtout l'initiatrice d'un monde nouveau qui émerge sur les décombres de l'ancien. En temps de crise, il me semble que cet aspect donne à penser. Je ne cherche pas à récupérer Antigone au profit du MoDem (elle appartient au patrimoine de l'humanité, désormais, donc à tous et à toutes) mais, j'ai tout de même le sentiment qu'il y a une démarche commune entre ce qu'Antigone veut faire et la construction humaniste envisagée par François Bayrou et le MoDem.

    Antigone n'est pas une révolutionnaire : elle ne cherche pas à renverser le pouvoir de Créon, elle veut juste verser de la terre sur le corps décomposé de son frère et n'hésite pas, en dépit de son jeune âge, à sortir en pleine nuit, alors que le vent siffle, et que peut-être les esprits errent, à venir près du corps de Polynice qui pue tellement que même des soldats chevronnés ne s'en approchent pas. Voilà ce qui est surhumain et nouveau de la part d'Antigone, c'est cette abnégation, et dans la foulée, la volonté de replacer l'individu, l'être humain, au centre de son action. Alors, fatalement, ce geste ne peut qu'entraîner une refondation des lois qui assuraient la bonne marche de la cité. Mais le projet d'Antigone n'est pas de nature politique, tout particulièrement au sens où l'entendaient justement les Grecs. C'est bien cela qui est novateur.

    Finalement, Antigone accomplit un acte politiquement et religieusement inutile (rien ne peut plus empêcher la souillure de la cité) mais humainement nécessaire. C'est cette gratuité que moi, à titre personnel, j'ai aimé. Il ne s'agit pas non plus d'une lutte contre l'utilitarisme, comme certains ont pu le dire, mais tout simplement du refus d'en appliquer les principes dans les circonstances présentes.

    Subir la mort, pour moi n'a rien d'intolérable. L'intolérable c'est de laisser pourrir sans tombeau le corps de mon propre frère, oui, c'est cela pour moi, l'intolérable. Mais maintenant ma conscience est en paix. Tu penses que je suis folle, mais le vrai fou, en vérité, c'est celui qui me traite de folle.

     

  • Le plan de relance de Bayrou fait son chemin en Europe !

    Je commentais hier les explications de Marielle de Sarnez sur le plan de relance européen proposé par François Bayrou. L'idée a fait son chemin encore plus rapidement que je le pensais, et...grâce aux euro-députés MoDem ! C'est Bernard Lehideux qui l'a déposé au nom du MoDem et de l'ADLE. Pour ceux qui doutaient encore de la capacité du MoDem à influer sur le cours des choses et à faire valoir ses idées, voilà une démonstration éclatante.

    Le Parlement européen, réuni en session plénière à Strasbourg, a donc adopté  un amendement au plan de relance de l'UE, déposé au nom des députés européens MoDem, qui "invite les Etats membres, notamment ceux faisant partie de la zone euro, à étudier la possibilité d'un grand emprunt européen, garanti solidairement par les États membres". Cet amendement a été déposé au rapport Ferreira sur le plan de relance.

    lehideux.jpgPour Bernard Lehideux (eurodéputé d'Ile de France), signataire de l'amendement, "un emprunt public au niveau européen enverrait le signal d'une réponse européenne commune et forte à la crise. Elle serait un garant contre les risques d'éclatement de la zone euro, et aiderait considérablement des pays comme la Grèce et l'Irlande à bénéficier des meilleurs taux d'intérêt alors qu'ils sont aujourd'hui contraints d'emprunter à des taux très élevés en raison de la défiance des investisseurs".

    Le MoDem a également demandé une série de réformes urgentes pour combattre les graves dysfonctionnements qui ont conduit à la crise dont :
    - une réforme des "mécanismes de rémunération qui sont des causes possibles d'instabilité financière"
    - des mesures effectives contre les paradis fiscaux et l'adoption "d'un cadre législatif pour limiter les transactions avec les pays non coopératifs" dans ce domaine.

  • François Bayrou, une nouvelle percée dans l'opinion ?

    Je viens de lire avec la plus grande attention le dernier sondage politique d'Opinion Way. François Bayrou est redevenu le leader politique le plus populaire (44% devant Martine Aubry à 43%), le seul à disposer d'un solde positif. Plus intéressant encore, son socle électoral (individus prêts à voter pour lui au premier tour) est désormais supérieur à ceux de Martine Aubry et Ségolène Royal ! Et inversement, c'est aussi celui qui fédère le moins contre lui (14% de très mauvaises opinions seulement contre 17% pour Martine Aubry qui vient juste après lui) , c'est à dire celui pour lequel le moins de sondés sont absolument sûrs de ne pas voter.

    Il réalise également une percé spectaculaire chez les abstentionnistes (mais Martine Aubry aussi) de la dernière élection présidentielle (35% des sondés abstentionnistes prêts à voter pour lui) et conserve globalement son électorat (87%), plus que tous les autres leaders politiques, Nicolas Sarkozy y compris.

    Ce sont de bonnes nouvelles, mais, j'observe que sa côte de popularité est faible à droite (bien que supérieure à celle des leaders de gauche). Il y a donc un travail à réaliser pour démontrer à cet électorat que les propositions du MoDem vont dans le bon sens et que celles de Nicolas Bayrou sont toujours valides. Un effort aussi pour montrer que Bayrou ne cible pas Sarkozy en tant qu'individu mais bien la société qu'il instaure et sa dispersion qui n'aboutit à rien de construit ou presque.

  • Désengagement militaire, Bayrou l'avait dit...

    Je viens de lire à quelques heures d'intervalle l'entretien d'Hervé Morin (Ministre de la Défense) dans l'Itinérant n°472. Il y annonce clairement l'objectif de passer de 13 000 hommes à 10 000 hommes en opérations extérieures et d'économiser ainsi jusqu'à 150 millions d'euros. Tiens, amusant, cela me rappelle exactement ce que Bayrou a dit en avril 2008. Je le cite :

    «Dans les circonstances budgétaires que l’on nous annonce, et auxquelles les décisions de gestion du gouvernement prises dès le début de son mandat, nous contraignent plus que jamais, il ne sera pas possible de maintenir des hommes sur des théâtres d’opération aussi divers que le Kosovo (2000 femmes et hommes), la Côte d’Ivoire (2400), le Liban (1500), le Tchad (1100), bientôt le Darfour (2000), le détroit d’Ormuz (au moins 500), et l’Afghanistan (2900) ! Un homme sur le terrain en raison de la règle des trois tiers, service, préparation, repos, oblige à la mobilisation de trois hommes. Ce sont donc si je compte bien presque 40 000 personnels de nos armées qui sont ainsi requis, avec les questions de logistique, d’équipement, d’armement qui se posent et qui suscitent vous le savez, dans leurs rangs, bien des débats. La multiplication de ces interventions n’a jamais été à portée des armes de la France, et en tout cas ne le sera pas dans l’avenir. Il y a comme un divorce entre ces interventions tous azimuts et les moyens qui sont ceux de notre armée. Ce divorce posera des problèmes considérables.»

    Il y eu un débat à l'Assemblée Nationale le 28 janvier dernier, à propos des Opex. Or, j'y ai lu avec attention l'intervention de Philippe Folliot au nom du Nouveau Centre. Il conclut en annonçant le soutien du Nouveau Centre à «la prolongation de l’intervention des forces armées en Côte d’Ivoire, au Liban, au Tchad et en République centrafricaine». Il a précisé qu'il était favorable aux réductions d'effectifs là-bas.

    En Côte d'Ivoire, Hervé Morin, dans son entretien avec l'Itinérant déclare qu'il ne juge pas utile de «maintenir un tel niveau». Au Tchad, il annonce un toilettage des effectifs.

    Ce que je retiens des débats, finalement, c'est que sur le fond, la France n'a plus les moyens de se maintenir en Afrique, mais qu'elle le fait tout de même pour sécuriser les zones du continent, du moins, là où elle est présente. Ce qui est fâcheux, c'est que sa présence ne se fait presque jamais avec l'aval des institutions internationales. Pour certains députés (essentiellement ceux de la majorité) la lenteur de l'ONU dans les situations d'urgence en est la cause.

    Pour ma part, je pense qu'il faut en finir avec la Françafrique, que rien n'a remplacé actuellement, faute de mieux, mais qu'il ne faut pas prendre le risque de laisser un vide à la place. C'est d'ailleurs sans doute ce qu'ont craint non seulement les Français mais plusieurs autres États Africains jusqu'ici.

    J'ai noté dans ce débat parlementaire deux observations qui me paraissent essentielles. La première d'Axel Poniatowski qui s'interroge sur l'implication des États Européens dans leur défense :

    «La France, la Grèce, la Pologne et le Royaume-Uni consacrent chaque année environ 2 % de leur PIB à la défense, alors que les autres pays de l’Union européenne restent tous en dessous de la barre de 1 %. Il faudra engager tous nos partenaires européens dans une réflexion approfondie, sans tabou, pour examiner quelles ressources supplémentaires ils sont prêts à accorder à la défense des intérêts européens, qui sont les leurs

    Et puis celle de Jacques Myard, bien que je ne partage pas ses conclusions :

    «Pour paraphraser Churchill, l’Afrique est malheureusement devenu le « ventre mou » de l’Europe et de la France, qui subiraient directement les conséquences d’une déstabilisation de ce continent. En effet, comment maîtriser les flux migratoires si les pays d’émigration connaissent des troubles incessants ?»

    Je ne suis pas du tout convaincu que la France prenne un grand plaisir à être présente en Afrique. Je pense que c'est une charge à tous points de vue pour elle. Il est grand temps que l'Europe s'empare de la question et remplace la France. Nous ne pouvons plus, surtout avec la crise, supporter indéfiniment de tels coûts  seuls. Et puis cela ne peut plus être de la responsabilité exclusive de la France, a fortiori quand c'est à demi-décidé par la seule présidence de la République (il y avait certes un débat en assemblée, mais avec bien trop peu d'éléments et dans la hâte, et puis il ne s'agit que de débattre de la prolongation d'opérations militaires déjà en cours).

    Il y a un pas qui n'est pas facile à franchir et que j'aurais aimé voir abordé lors de la présidence de l'Europe par la France, c'est la passation de pouvoirs entre la France et l'Europe. Et il faudra bien un jour parler également du siège français au Conseil de sécurité et de la dissuasion nucléaire. Il faut tenir le temps que l'Europe soit prête à les récupérer, mais je crois qu'à terme, nous n'avons plus la puissance nécessaire pour tout cela. Nous avons trop de  problèmes, trop de difficultés à régler dans notre propre pays.

    Il me semble qu'il faudrait se concentrer sur les points les plus chauds et les plus importants pour la sécurité du monde : frontière Pakistan-Afghanistan en priorité et Darfour où personne ne fait rien et où les morts s'accumulent par centaines de milliers. Je ne dis pas, bien sûr, que le reste n'est pas important, mais soyons réalistes : le matériel militaire est en mauvais état, nos dettes s'accroissent, notre industrie est en plein marasme. Nous n'avons plus les moyens d'être présents partout. Pas à ce coût-là, en tout cas.

    J'ajoute une dernière chose à propos de l'OTAN : ce n'est pas la France qui doit la réintégrer, quand bien même les Russes considéreraient la France comme un contre-poids à l'Amérique, mais l'Europe comme bloc cohérent. L'OTAN ne devrait pas être une alliance des USA et de divers pays Européens, mais une alliance à deux têtes, l'une Américaine, l'autre Européenne. Une telle alliance n'est pas possible tant qu'une défense européenne n'est pas construite. Le chemin sera long...beaucoup de pays européens se satisfont très bien de la situation et regardent d'un sale oeil un éventuel accroissement de leurs dépenses militaires pour assurer leur sécurité. Et même quand ce n'est pas le cas, un certain nombre d'entre eux ne croient qu'au leadership américain, tout simplement parce qu'il s'est montré efficace pendant un demi-siècle en Europe...

    La quasi-invisibilité européenne en Bosnie dans les années 90 n'a pas amélioré les choses...