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Bayrou évoque l'origine des stock-options

S'il y a une chose qui est agaçante, quand on lit les dépêches, c'est qu'elles tronquent souvent de l'information. Ainsi, quand j'ai appris par une dépêche que Bayrou suggérait de supprimer les stock-options, j'ai d'abord pensé qu'il disait n'importe quoi et n'avait pas réfléchi à la question. Jusqu'à ce que j'aille consulter le site du MoDem et que je prenne connaissance de ce qu'il avait dit exactement sur le sujet. Je ne suis pas certain d'être d'accord avec lui, et j'ai des objections à lui opposer, mais, je trouve son argumentation vraiment intéressante.

C’est la raison pour laquelle il n'est pas indifférent de poser, d’éclairer de cette manière la question des stock-options, des rémunérations excessives, cette question qui est à ce point aujourd'hui dans l'actualité. Ce n'est pas indifférent. C'est même une question centrale parce que qu'est-ce que c'est que les stock-options dont tout le monde parle, naturellement, avec ces scandales récurrents ?

Cela consiste à dire aux managers d'entreprise « vous serez payés, vous aurez des gratifications incommensurables sur un seul critère : la valeur de l'action de votre entreprise », autrement dit uniquement le cours de l'action de leur entreprise.

À ce moment-là, vers quoi conduisez-vous ces managers ? Vers quelque chose de très simple, à savoir que toute décision est bonne à prendre, si elle est bonne pour l’action boursière.

Donc, ne vous étonnez pas si les plans sociaux, les décisions de fermeture sont toujours inéluctablement interprétés comme étant bonnes pour l'action. Cela fait même souvent objet de scandales. Il devrait y avoir d'autres critères pour des compléments de rémunération aussi extraordinaires que la valeur de l'action.

Il y a un autre critère qui devrait être la valeur de l'entreprise, qui devrait être les résultats de l'entreprise, qui devrait être la performance de l'entreprise. Mais ce sont ces critères qui sont détournés, dès l'instant que l'on ne choisit que les stock-options.

C'est pourquoi je crois qu'il est bon que nous posions une question radicale : est-ce que le meilleur traitement pour les stock-options dans un pays comme la France, ce n'est pas purement et simplement de les supprimer pour les sociétés cotées en bourse ?

Je vais m'expliquer sur ce point. Les stock-options ont été inventés pour des petites entreprises, pour celles que l'on appelle des « start-up ». Des sociétés qui croyaient ou qui croient qu'elles ont un potentiel de développement très important et qui veulent attirer chez elles des « managers » expérimentés en leur disant  « venez chez nous, on va vous donner un certain nombre d'actions de l'entreprise, afin que vous puissiez tirer bénéfice de ces actions, quand l'entreprise aura pris de la valeur ».

C'est un système parfaitement judicieux pour ce type de sociétés-là, pour les petites entreprises. Mais ce n'est pas un système judicieux, comme Colette Neuville l'a expliqué ce matin, pour les sociétés installées du CAC 40, les principales sociétés en bourse, parce que là, on détourne l'attention des managers de la destinée de l'entreprise, pour une autre destinée, celle des possesseurs d'actions commercialisées en bourse.

Il y a là quelque chose qui doit interpeller notre réflexion. Il y a beaucoup de pays où il n'y a pas de stock-options. Il me semble que nous aurions à gagner, dans la crise où nous sommes, à clarifier cette affaire. Le système des stock-options n'est pas un bon système pour les sociétés cotées en bourse et le monde économique français gagnerait beaucoup à trancher cette question en les supprimant !

Toutefois, on pourrait lui donner la réplique sur un certain nombre de points : en principe, le cours de l'action reflète la bonne santé de l'entreprise, ou, tout du moins, la représentation que s'en fait le marché, ou encore les anticipations d'amélioration ou de détérioration de la santé de l'entreprise. C'est vrai que les managers ont intérêt à ce que le cours de l'action soit haut. Mais une entreprise en bonne santé a en principe un cours élevé. On n'est d'ailleurs pas gagnant à tous les coups, comme le dit par exemple wikipedia. Ceux qui possèdent aujourd'hui des stock-options qui vont arriver à terme vont perdre une sacrée somme d'argent, et c'est inéluctable. Personne n'est à l'abri d'un retournement du marché, la preuve. Ensuite, la plupart des plans d'épargne entreprise fonctionnent sur le modèle des stock-options, avec une valeur d'achat basse et la possibilité d'un déblocage à un cours en principe plus haut. Or, ces plans ne récompensent pas les "managers" mais la plupart du salariat des banques, ce qui comprend une large part de la classe moyenne française. Enfin, il faut bien trouver des récompenses pour attirer les meilleurs, traders y compris. On entend aujourd'hui que des primes sont distribuées par les banques : mais, par exemple, en dépit de leurs résultats, un certain nombre d'individus ont fait du bon boulot et même parfois fait gagner des sous ou réduit considérablement les pertes de ces mêmes banques grâce à leur travail : est-il juste de ne pas les récompenser ? Je ne le crois pas.

J'ai entendu aussi qu'il n'y avait pas d'impôt sur les stock-otions (pas de Bayrou mais d'autres personnalités politiques y compris dans la majorité). C'est parfaitement faux ! Il y a un impôt sur le rabais accordé lors de l'acquisition qui est intégré dans l'impôt sur le revenu et un autre sur la plus-value le jour de la cession ! Au contraire, elles sont imposées deux fois ! Eh, bien entendu, un certain nombre de contributions sociales s'appliquent aux stock-options.

Cela dit, Bayrou met tout de même le doigt judicieusement sur un aspect du problème : pour de jeunes et petites entreprises, la relation entre le cours de l'action et les efforts des managers paraît bien plus directe que pour des très grosses entreprises. De manière générale, au sein des grosses machines, plus les mouvements se démultiplient, plus ils dévient de leur direction d'origine.

In fine, Bayrou a rappelé l'attachement des Français à l'économie de marché :

«Jusqu'à maintenant, l'humanisme était considéré comme un sentiment. Il convient qu'il devienne un projet politique qui s'assume, parce que c'est le seul, en réalité, dont nos concitoyens, je crois, ont aujourd'hui le plus urgent besoin.
Ils savent bien qu'il faut de l'économie. Ils acceptent comme nous l'acceptons, comme je le dis à cette tribune, que le meilleur moyen de faire de l'économie, c'est la libre entreprise. Je ne vais pas vous raconter qu'il faut que l'État se substitue aux décideurs économiques... Nous savons qu'il faut de l'économie et que la liberté en économie est, non seulement précieuse, mais qu'elle est également la condition de sa respiration

J'attends de pied ferme, après une telle déclaration, ceux qui affirment que Bayrou fait du Besancenot. Ils n'ont qu'à lire le programme du NPA et ses expropriations d'entreprise pour mesurer tout le chemin qui sépare le MoDem du NPA, la démocratie de la dictature marxiste. Ses remarques sur les stock-options ne remettent donc pas en question la liberté d'entreprendre. Mais là encore, Après une telle déclaration, il me semble difficile d'interdire à une entreprise de choisir la manière dont elle escompte rémunérer ses collaborateurs.

Bayrou ne s'oppose pas à la rémunération des managers, soyons clairs sur ce sujet. En revanche, il souhaite que d'autres critères que la valeur d' l'action boursière soit juge du travail des managers (rappelons que l'action ne concerne pas que les managers).

Il y a un autre critère qui devrait être la valeur de l'entreprise, qui devrait être les résultats de l'entreprise, qui devrait être la performance de l'entreprise. Mais ce sont ces critères qui sont détournés, dès l'instant que l'on ne choisit que les stock-options.

Et là, je lui pose une question à François : François, qui va être juge de la valeur de l'action dont tu parles ? Qui va être juge de sa performance ? C'est le marché, en principe, qui sanctionne cette performance. Tu ne veux pas que l'État se substitue aux décideurs économiques. Je suis d'accord avec toi, d'ailleurs. Mais, si ce n'est ni l'État ni le marché, ce sera qui, dans ces conditions ? Je te laisse avec une colle, François. Si tu parviens à donner une réponse satisfaisante à cette question, je pense que tu pourras entraîner pas mal d'hésitants avec toi.

Commentaires

  • Petite question pour vous, militants du MoDem, qui défendez farouchement le capitalisme et le libéralisme (version école autrichienne) : que pensez vous des récentes déclarations de Bayrou sur le capitalisme ou le libéralisme?

    Je le cite :
    * «on nous annonce que le capitalisme va être moral, il y a beaucoup de Français qui pensent comme moi que le capitalisme sera moral le jour où les poules auront des dents»
    * «Moi je ne crois pas une seconde que le capitalisme sera moral… Parce que ce n’est pas sa nature, la nature du capitalisme c’est de favoriser le capital, c'est-à-dire la loi du profit, c'est-à-dire le cours de bourse, et donc imaginer que le capitalisme puisse être moral, à mon avis, c’est une vue de l’esprit.»
    * à propos de Barroso : il «a été trop à la remorque des puissants gouvernants qui l'entouraient», et «son idéologie est trop ultra-libérale pour le monde dans lequel nous sommes entrés»

    Merci d'avance pour vos réponses! :)

  • "Mais une entreprise en bonne santé a en principe un cours élevé."

    Le problème il est bien là: qu'est ce qu'une entreprise en bonne santé ? Une entreprise qui privilégie toujours plus les activités rentables et dont la politique se résume à réduire les coûts pour avoir la rentabilité maximum sur les marchés afin d'attirer les investisseurs et faire grimper le cours de l'action pour assurer des très bons revenus à ses dirigeants en stock-options.

    Ou est-ce une entreprise qui a gardé une masse salariale correcte en rapport avec ses activités car elle a conscience que ses salariés sont aussi les consommateurs finaux et qui privilégie l'investissement et l'innovation afin de proposer des produits toujours meilleurs ?

    Tout dépend du point de vue: du point de vue de l'actionnaire la seconde entreprise peut paraître en mauvaise santé, et du point de vue du salarié/client (car c'est les même au final) c'est la première qui sera à éviter.

    IL faut ajouter que les stocks-options ont surtout permis une chose: elle ont mis définitivement les patrons du côté des actionnaires laissant les salariés plus faible que jamais. C'est pas demain la veille qu'on verra des patrons comme le fut Godin (http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_Andr%C3%A9_Godin).
    Frédéric Lordon, dans un article de son blog, La pompe à Phynance (la part salariale), l'explique bien mieux que moi.

    Mais je suis d'accord sur la conclusion: la proposition de Bayrou semble manquer de souffle dite comme ça et je pense que son approche est encore trop superficielle, les stocks-options ne sont pas la racine du mal. Il faudrait sûrement aller voir du côté de l'avidité des marchés qui se jettent sur les entreprises les plus performantes (qui n'investissent pas pour être "performantes" et qui ne savent donc que faire de leur liquidités) en délaissant toutes les autres, les obligeant à faire pareil...

  • @ toto
    L'école autrichienne m'intéresse mais je ne défends pas sa conception du capitalisme. Je suis souvent en désaccord avec certaines de ses conclusions. En revanche, je me retrouve pas mal dans ce que dit Schumpeter (qui est un hérétique, pas un autrichien).

    Bayrou observe simplement que le capitalisme est un système économique, pas éthique. Donc parler de moraliser le capitalisme est en effet ridicule. Le capitalisme n'a pas à être moral ou pas moral.
    Perso, je le trouve parfois excessif sur le capitalisme. Mais bon, l'important, de mon point de vue, c'est plus l'économie de marché que le capitalisme.
    Et pour le reste, je ne me retrouve pas plus que lui dans l'ultra-libéralisme avec lequel je ne m'accorde pas.

  • toto, tu nous a déjà posé cette question sournoise sur l'autre fil ("Les chaos socialiste version NPA") - c'est ce que j'appelle du spam. Nous ne défendons pas le capitalisme mais une version humaniste du libéralisme. Tandisque que le NPA est tout autant anticapitaliste que liberticide.

  • @L'Hérétique : je me doute bien que vous n'êtes pas des intégristes de l'école autrichienne, sinon vous seriez plutôt chez Sabine Herold qu'au Modem.

    Mais j'ai l'impression que ces déclarations de Bayrou sont effectivement assez décalées par rapport à sa base...

  • @ toto

    Non, pas trop décalées. Bon, c'est vrai que de temps en temps, il y a un glissement sur la gauche, et qu'il est clairement plus à gauche que moi, mais bon, sur l'économie de marché et la liberté d'entreprendre, il n'y a pas photo, il y a une réelle proximité avec les libéraux. Et à la limite, comme il n'est pas bonapartiste, finalement, les vrais libéraux le préfèrent à Sarko.

  • Oui effectivement, je pense qu'en terme de libéralisme, Bayrou arrive avant Sarkozy, qui donne plutôt dans le conservatisme et le copinage (avec une part de bonapartisme c'est vrai, mais les bonapartistes revendiqués sont plutôt avec Dupont-Aignan quand-même).
    J'ai l'impression que Bayrou drague ouvertement l'électorat PS par moment, alors qu'il n'en a pas pour autant les idées.
    Ça donne quand-même des grands écarts bizarres. Je suis plutôt perplexe sur le résultat de ce genre de stratégie de communication...

  • @ toto
    Pas l'électorat du PS : les sociaux-démocrates qui globalement, sont favorables à l'économie de marché.
    Je pense qu'il essaie de créer une voie nouvelle sur le modèle des différents partis démocrates qui existent à travers le monde.
    Mais en fait il ne parviendra pas à dynamiter le système politique français sans être élu président. Il le sait bien, c'est pour cela qu'il l'évoque.

  • Ben quand il fait des déclaration contre le capitalisme ou le libéralisme, j'ai plutôt l'impression que c'est l'ensemble de l'électorat PS qu'il vise.
    Je pense honnêtement qu'il y a une bonne part de démagogie et de surf sur la crise quand-même.
    Mais je pense qu'au final, c'est surtout à nous que ça profite, même si ce n'est probablement pas vraiment l'objectif qu'il recherche...

  • J'ai préféré quelques coups de projecteur sur les invités de cette convention nationale européenne : Colette Neuville, Philippe Dessertine, Jean-Baptiste de Foucault, Maria Novak, Sylvie Goulard, JFK, Corinne Lepage... C'est ici :
    http://exigencedemocratique.blogspot.com/2009/03/convention-europe-morceaux-choisis-la.html

  • @toto,
    Non je ne crois pas au "surf". F. Bayrou n'a jamais été contre l'intervention de l'état dans l'économie suivant les secteurs et pour des raisons précises. Dans le même ordre d'idée il était pour des changements "qui remuent" dans le secteur public, plutôt que pour une diminution trop à marche forcée du nombre des fonctionnaires.

  • "Mais, si ce n'est ni l'État ni le marché, ce sera qui, dans ces conditions ? Je te laisse avec une colle, François. Si tu parviens à donner une réponse satisfaisante à cette question, je pense que tu pourras entraîner pas mal d'hésitants avec toi."
    Allez je tente : les salariés ?
    Je suis assez ignare sur le sujet, mais ne serait-il pas intéressant de développer, d'inciter à l'actionnariat salarié ?
    Les actionnaires et les managers visent le court terme, et le jeu de la bourse pour faire fortune. On ne peut pas leur en vouloir, c'est pour les premiers leur gagne-pain, pour les seconds ce qu'on leur demande. Mais avec l'actionnariat salarié, les salariés ont intérêt à viser le long terme, et donc de changer la carotte des managers.
    Qu'en pensez-vous ?

  • @Chui Kalm : dans les phrases que j'ai cité, il ne s'agissait nulle part de la place de l'État, mais bien de déclarations contre le capitalisme, et contre l'ultra-libéralisme.

    Bayrou qui s'enflamme contre le capitalisme, je ne peux m'empêcher de trouver ça particulièrement conjoncturel. Tout le monde sait que le Modem défend le capitalisme et le libéralisme.

    Après sur la place qu'il donne à l'État dans son système idéal, je n'en sais rien.

  • @toto : F. Bayrou qui s'enflamme contre l'ultra libéralisme ce n'est pas nouveau me semble-t-il.
    Et dire que le Capitalisme est Amoral c'est une question de rigueur du sens des mots.

    De toute façon, soit on est ultra-libéral,
    soit on ne défend pas me semble-t-il le "libéralisme pur", car on sait bien qu'il a un cadre, simplement il peut y avoir divergence que ce cadre soit léger ou non, contraignant en certains endroits et non d'autres.

    Le débat entre F.Bayrou et Ségolène avant le 2ème tour (soit dit en passant infiniment plus intéressant que le débat Sarko Ségolène ensuite) avait fixé à ce moment là des différences très nettes avec un cadre beaucoup moins contraignant et surtout plus précis pour F. Bayrou.

    Pour tout dire, on sait bien que pas mal au Modem ont de la sympathie pour la Gauche disons Modérée.

    Pour tout dire encore plus nettement, on sait bien que beaucoup de sympathisants de Ségolène ont de la sympathie pour F.Bayrou et ce n'est pas le plus ou moins de libéralisme qui leur importe et les détournerait mais les liens même indirects qu'ont encore quelques personnalités du Modem avec le Sarkozysme.

    D'ailleurs je crois que raisonner par l'affaiblissement des voisins pour qui il y a quelques approches communes et par raccolage est la stupidité suprême.

    F. Bayrou sait très bien que c'est en arrivant à exprimer ses vues et celles du Modem très clairement indépendamment des autres et sans aucune concession ni aversion pour eux que les choses iront le mieux.

  • @ Rangueil
    On ne peut pas être juge et partie. Comment les salariés pourraient-ils être juges de la performance de leur entreprise ?

  • @Chui Kalm : sur la proximité Royal-Bayrou, je n'en doute pas. Je ne considère pas vraiment Royal comme étant de gauche de toute façon.
    Maintenant je pense que Bayrou fait de la com quand il fustige le capitalisme, mais que ce qu'il propose n'a rien de foncièrement différent de Sarkozy ou Royal : réguler le capitalisme pour en limiter les dégâts (avec leurs nuances respectives).

    @Rangueil : l'actionnariat salarié, ça peut paraître alléchant comme ça, mais à mon avis c'est un piège.

    D'abord parce que dans le monde capitaliste, les salariés n'ont absolument pas les moyens d'être les actionnaires de leur entreprise, ils ne peuvent être que très minoritaires dans son capital (donc ce ne serait qu'une part purement symbolique).

    Ensuite parce que ça crée du coup un conflit d'intérêt (je rejoins L'hérétique mais pas pour les mêmes raisons), en faisant croire aux salariés que leurs intérêts pourraient être du côté du patronat. Naturellement antagonistes avec les leurs.
    Que se passe-t-il le jour où il faut licencier pour améliorer la "performance" de l'entreprise et faire monter le cours de l'action? Ils deviennent leur propre licencieur? De même pour augmenter les salaires? Il y a de quoi devenir schizophrène...

    La solution ne passe pas par l'actionnariat salarié mais par la propriété sociale des moyens de production, c'est-à-dire leur contrôle démocratique dans les choix de production, la manière de produire, la répartition des fruits de la production...

  • toto,

    non, non, je comprend mal que vous soyez aussi shématique

    "Réguler le Capitalisme (seulement) pour en limiter les dégâts"

    Une phrase qui convient bien certes à Sarkosy, mais pas du tout à F. Bayrou, ni à Ségolène d'ailleurs.

    Pour tenter encore des comparaisons sur ce sujet si général, je tenterai

    Pour Sarkosy Le Capitalisme est une lumière qui attire, occupe et laisse le reste (qui ne l'intéresse pas viscéralement) dans l'ombre.

    Pour F. Bayrou c'est un environnement pour les entreprises qui permet la compétition et qui ne doit pas être prédominant pour d'autres domaines qui sont aussi très intéressants (culture, éducation par exemple).

    Pour Ségolène, qui ne renie pas son Socialisme, le côté envie de compétition est moins évident et le côté urgences sociales l'est plus.

    C'est parfaitement différent et par exemple les chemins de N. Sarkosy et F. Bayrou ne pourront jamais plus se rejoindre.

    Votre "panache" contre le capitalisme vous ferait-t-il méconnaitre les lignes de partage des aspirations des gens ?

    Doivent-ils voir forcément dans sa disparition le commencement de la résolution de tous les problèmes, pour trouver grâce à vos yeux ?

    Ah oui, ceux qui ne sont pas anti-capitaliste, juste une grosse peuplade aux peintures différentes mais où tout le monde est pareil ?

  • Ne soyons pas caricatural, je ne dis pas que Royal = Bayrou = Sarkozy, mais que leur traitement de la crise ne serait pas foncièrement différent, car tous trois sont favorable au système capitaliste et à l'économie de marché et à sa sauvegarde.

    Pour prendre un exemple tout con : face aux vagues de licenciements, je ne crois pas qu'aucun d'entre eux prendrait des mesures d'urgence pour interdire les licenciements et maintenir les emplois.
    Face à la situation des banques, aucun n'aurait imposé la levée du secret bancaire, ni cherché à socialiser les banques au sein d'un service public bancaire.

    En gros, par rapport à nos propositions, je pense que les solutions préconisées par le PS, le Modem ou l'UMP sont très proches les unes des autres.

  • Faisons exit Sarko et Ségo, meme schéma médiatique etc...
    Ne fonctionne pas à la mode CK!!
    Exemple concret, les Antilles, croyez-vous avoir vraiment aidé ?

  • Martine,

    Et à la mode de chez vous ?

    Sarko à la mer, Ségo dans l'eau, Aubry non épris, Besancenot c'est pas beau.
    Qui est-ce qui reste ? F. Bayrou, oh non
    il en a encore moins fait pour la guadeloupe
    que ségo !!

    pinçe mi, pinçe moi, mais je rêve !!..

  • toto (encore et toujours - il doit s'agir d'un collectif ; lol) "En gros, par rapport à nos propositions, je pense que les solutions préconisées par le PS, le Modem ou l'UMP sont très proches les unes des autres."

    Là, je suis plutôt d'accord dans la mesure où effectivement ils défendent l'économie de marché et que vous vous en êtes encore à des concepts de type soviétique.
    Quant au secret bancaire, avez-vous entendu parler du sommet du G20, cloche?

  • Chui Kalm,
    Suis autant là-bas chez moi que Ségo, nous avons toutes les deux un passé commun, sur cette ile, voyez-vous!!

  • "Le socialisme n'a évidemment rien à voir avec les politiques capitalistes des formations social-libérales telles que, en France, le parti dit “ socialiste ”. De même, il s'oppose radicalement aux dictatures bureaucratiques qui, de l'ex-URSS à la Chine, en ont usurpé le nom, alors même qu'elles reproduisaient des mécanismes d'exploitation et d'oppression qu'elles prétendaient combattre et favorisaient les pires travers productivistes." (extrait des principes fondateurs du NPA)

  • No comment hein CK? Monsieur JE SAIS TOUT !! Le roi du dialogue, joli dans votre dernier commentaire...Si révélateur!
    Bonne soirée

  • @Toto,
    Merci de votre précision, mais j'aime aussi le concret, donnez nous quelques exemples basiques de vos projets hors idéologie pour aider sur le terrain, car tel est mon souci.

  • @toto,

    Je parlais de différences très marquées des "libéralismes" pour gouverner. Seul Sarko Gouverne, les autres ne peuvent que proposer des solutions ponctuelles.
    On peut quand même voir que pour la crise F. Bayrou est plus tourné vers les solutions Européennes.

    La vie actuelle avec son libéralisme et toute sa politique ne me convient pas du tout et je crois dur comme fer qu'elle ne pourrait que s'améliorer et devenir extrêmement différente à moyen long terme avec un autre libéralisme et une autre politique notamment moins égoiste même si elle est moins radicale.

    Ainsi quand vous dites que tout revient au même si on n'arrête pas le capitalisme cela revient à dire qu'il n'y a plus d'espoir ... hors le NPA.

  • @Martine,C'est incroyable, vous ironisez et je la prends et je devrais tendre l'autre joue !!
    Je n'ai pas cru de juger le libéralisme de Ségo sur la Guadeloupe. Je ne demande qu'à parler sérieusement de ces choses politiques où je suis plutôt un amateur.
    Bonne soirée.

  • Chui Kalm,
    excellente soirée.

  • @toto "Petite question pour vous, militants du MoDem, qui défendez farouchement le capitalisme et le libéralisme" : pour ma part, je ne défends ni le capitalisme, que j'ai toujours trouvé injuste, ni le libéralisme, et encore moins l'ultra-libéralisme. Ma doctrine, c'est le personnalisme.



    @ l'hérétique "une entreprise en bonne santé a en principe un cours élevé" : Mais l'inverse n'est pas vrai. Et je dirais même que le cours de l'action est plus élevé quand l'entreprise est gérée à court terme que quand l'entreprise vise le développement à long terme. De surcroît, c'est précisément dans les moments où ça va moins bien qu'on devrait se serrer les coudes, or la logique boursière pousse à faire exactement le contraire.

    Le comportement des actionnaires et des managers est bien malheureusement souvent celui-ci aujourd'hui : on arrive dans une entreprise, on presse le citron au maximum, et puis quand on ne peut plus rien en tirer, on s'en va sucer le sang d'une autre victime. L'intérêt de l'entreprise est purement et simplement sacrifié, on se fiche totalement de ce projet porté par des hommes à la sueur de leur front, on n'a aucune considération pour eux et pour leur travail. Seule compte la valeur marchande de l'entreprise.

    Le cas de Yahoo! est à cet égard frappant : les actionnaires se fichaient pas mal de leur entreprise, de son avenir et du travail investi par toute l'équipe qui s'est battue pendant dix ou vingt ans pour faire de Yahoo! ce qu'il est aujourd'hui. Tout ce qu'ils voulaient, les actionnaires, c'était revendre au plus offrant, et qu'importe ce que ce prédateur allait faire de l'entreprise, qu'importe si toute la culture d'entreprise et toute la cohésion de Yahoo! s'en trouvait réduite à néant par cette fusion imposée par l'actionnaire. Ce type de comportement est l'exemple type d'un cas où l'intérêt de l'actionnaire (vente et démantèlement) est exactement opposé à l'intérêt de l'entreprise (survie, lutte et développement à long terme). Le capitalisme ne sert pas l'entreprise, il sert l'argent.

    N'oublions jamais que si le capital est nécessaire à l'entreprise, il devrait être à son service, et pas l'entreprise être au service du capital. Voilà pourquoi je me défie de la logique boursière et que j'estime que, une entreprise étant l'alliance du capital et du travail, les deux éléments devraient avoir voix au chapitre au sujet de la gouvernance de l'entreprise. En ce sens, je suis anti-capitaliste. C'est également exactement pour cette raison que je suis attaché aux formes d'entreprise du secteur tiers, telles que les coopératives, les mutuelles et les associations. Ce sont des formes d'entreprise qui par essence sont portées à favoriser l'action utile de l'entreprise, sans négliger la rentabilité évidemment, mais en la mettant au service de l'activité, et non le contraire.

    Remettons l'argent à sa place : c'est un bon serviteur, mais un très mauvais maître.

    Alors si la suppression des stock-options pour les entreprises cotées en bourse peut permettre d'aller dans cette direction, je m'en félicite et je le soutiens.

  • @Chui Kalm : je suis d'accord sur LES libéralismes et qu'ils ne reviennent pas tous au même dans l'absolu.
    En revanche face à la crise, je ne crois pas que les réponses apportées soient foncièrement différentes, car elles ont toutes pour objectif de sauver le capitalisme.

    Personnellement, je pense qu'il faudrait au contraire défendre en priorité les populations et les travailleurs, et rompre avec le capitalisme, qui est par sa nature même source d'exploitation, d'oppression... et de crises!

    @Martine : je ne connais pas ta situation donc je ne sais pas concrètement ce qui te concerne personnellement, mais interdire les licenciements et augmenter les revenus de 300 euros, ce sont déjà des mesures globales.
    Après on est très actif sur plein de terrains : contre le racisme et pour les droits des sans papiers, pour les droits des femmes, contre la casse de l'éducation, pour le maintien et le développement des services publics et pour leur gratuité (notamment pour la santé), etc.
    Lire notamment notre résolution politique générale : http://www.npa2009.org/content/r%C3%A9solution-g%C3%A9n%C3%A9rale-situation-politique-et-sociale

    @KPM : le "personalisme" je connais pas, de quoi s'agit-il?
    Pour le reste, je suis plutôt d'accord avec l'analyse que tu développes en réponse à l'hérétique.

  • Personnalisme :

    Pour les personnalistes, le but de la société est l'épanouissement moral et intellectuel de la personne humaine. Ils s'opposent tout autant à l'individualisme matérialiste qu'à l'étatisme marxiste ou fasciste. Ils défendent une conception des rapports sociaux fondé sur la dignité humaine, la responsabilité individuelle et la solidarité. Ces exigences les conduisent à développer les idées de participation sociale, de subsidiarité et d'éducation.

    Pour plus de détails :

    http://www.facebook.com/group.php?gid=9078468931

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Personnalisme

    http://www.taurillon.org/Ecrits-sur-le-personnalisme

    http://www.philagora.net/personnalisme/index.htm

    http://classiques.uqac.ca/classiques/Mounier_Emmanuel/manifeste_service_pers/manifeste.html

  • Merci KPM pour cette définition du personnalisme. Je trouve cela très intéressant. Cela se rapproche de l'individualisme (dans sa globalité) et de l'humanisme. Mais je vais lire cela plus en détail.

    Pour revenir à l'actionnariat salarié et répondre à l'hérétique, l'article démontre pourtant que les managers et actionnaires sont également juges et parties.
    Ils ont un objectif à long-terme de pérennité et à court-terme de rentabilité.

    Pour faire simple, je vois l'actionnariat salarié comme la transformation de l'ensemble de l'entreprise en une unique entité. Tout comme nous sommes chacun mettre de nos actions et de nos décisions, l'entreprise saura faire les choix nécessaires à sa survie et à son évolution, ou mourra.

    Concernant les remarques de toto, je ne pourrais que le conseiller de sortir du schéma ultra-libéral dans lequel sa réflexion évolue.

  • y'en a qui m'inquiètent sérieusement au MoDem : plus de dividendes ? vous voulez couler l'investissement ou quoi ? Faut être sérieux, on n'est pas au NPA !

  • Si ce commentaire s'adresse à moi, je suis pour les dividendes, et pour l'actionnariat ! Ce dont je me méfie, c'est de la bourse : faire de l'entreprise une valeur marchande, ça peut avoir une légitimité, mais il faut être très vigilant car cela comporte en germe nombre de dérives qui sont celles que j'ai dénoncées dans mon intervention, et celles que Bayrou dénonce à travers le système des stock options.

    Une autre chose que j'ai dite, c'est que l'entreprise ne devrait pas être gouvernée uniquement par les détenteurs de son capital. Parce qu'une entreprise ce n'est pas seulement du capital, c'est aussi le travail, et c'est d'abord des hommes, des projets personnels, des ambitions collectives.

    Une entreprise sans capital ne va pas aller très loin, mais une entreprise sans hommes n'ira réellement nulle part.

  • @toto,

    Oui je comprends mieux, en se "sourcant" dans le peuple (dont c'est bien que vous soyez proches), La priorité est l'abandon du Capitalisme.

    Oui mais n'est-ce pas un peu dangereux de baser sa morale politique sur un si beau terreau et un bel idéal ?

    L'on risque qu'entre les deux de ne plus discerner les notions de "bien et de mal" et qu'il n'y ait que du professionnalisme.

  • @ KPM
    Ben non, en fait, je me suis trompé de billet : c'était dans Vivent les paradis fiscaux que je voulais publier.
    @ Chui Kalm
    Toi, tu m'inquiètes. Tu trouves que c'est un beau terreau , prospérer sur le mensonge et sur les contre-vérités ?

  • @KPM : la description que tu fais du personnalisme ne s'éloigne pas fondamentalement de ce que l'on défend.
    D'ailleurs, on remarque qu'il s'est surtout développé à l'époque stalinienne autour d'une perception stalinienne ou social-démocrate du marxisme (alors que celui-ci est au contraire opposé à l'étatisme)

    Par contre en regardant les courants "personnalistes", je remarque que ça a donné de tout, y compris des courants d'extrême droite. Je ne suis donc pas sûr que se définir comme "personnaliste" est suffisant pour se définir politiquement.
    (un peu comme pour la décroissance où il y a de toute sorte de courants allant de l'extrême gauche à l'extrême droite).

    Par contre, pas du tout d'accord avec toi sur l'actionnariat et les idées favorables au capitalisme que tu développes dans ton dernier message.

    @Chui Kalm : je n'ai pas bien compris ta dernière phrase (sur les notions de "bien et de mal" et le professionnalisme).
    Je pense que notre engagement peut naître d'une révolte face aux injustices, donc une certaine "morale", mais je ne crois pas que nous agissions par "morale" politique. Mais pour un idéal, certainement.

    Concernant le "danger", je pense que le pluralisme et le débat permanent sont des éléments centraux et indiscutables, que ce soit à l'intérieur du parti ou dans la société en général.
    Il ne doit y avoir aucune entrave au libertés individuelles et collectives.

    @Rangueil : dans ton raisonnement, il faut savoir si les salariés deviennent actionnaires exclusifs de leur entreprise. Ou bien majoritaires. Et dans ces deux cas, comment?

    Ou sinon, dans l'hypothèse réaliste où ils deviennent actionnaires en fonction de leurs moyens, donc très minoritaires (et sans poids sur les décisions), voir quel serait le gain pour eux?

    Et seraient-ils tous actionnaires à égalité ou à inégalité en fonction des moyens de chacun?

    En clair, parles-tu d'un actionnariat dans le cadre du système capitaliste et libéral dans lequel nous vivons, ou dans le cadre d'une autre société?

  • Si certains comparent Bayrou à Besancenot c'est à cause de son anti-Etablishment et son manque de projet politique surtout pas autre chose. Il est certes qu'il y a un grand écart idéologique entre Bayrou et Besancenot .

  • @toto,

    oui, je parlais du bien et du mal en politique.

    Le NPA se sentant "Fraternel" avec le peuple et espérant les jardins sans capitalisme, sent son âme plus belle à l'aider dans ses "misères" et à envisager avec lui cet univers sans Capitalisme.

    Pour les siens là est leur partage et leur enthousiasme profond, là est même leur amour. Le Bien, c'est pour eux de subvenir aux ouailles les plus souffrantes et de phosphorer pour le voyage vers les contrées sans capitalisme, en même temps que d'y imaginer et préciser les beaux aménagements.

    Il y a ceux qui, plus simplement, trouvent que la France est tout bêtement tirée anormalement très vers le bas (et que l'Europe se fait trop pingrement) et voudraient changer en puisant dans des valeurs autres que celles du pouvoir, mais précisées, référencées somme toute.

    Comme ils sont directement (pour un but précis proche) "au charbon politique", le Bien politique pour eux c'est d'être précis et travailleurs pour leurs visées politiques et surtout de garder le Cap, de ne pas être opportuniste

    (de ne pas céder à la tentation des offres du pouvoir qui amènent à des constructions de faux changement).

    Hors dans la morale NPA cela semble complètement anecdotique.

    Le "bien politique" qui demande courage qui consiste à rester sur sa ligne pour amener des changements certe
    moins radicaux que la mort du capitalisme,
    mais fondamentaux leur passent complètement au dessus de leur tête, tournée vers des horizons oh combien plus étoilés et lointains.

    Cela relèvent pour eux d'essoufflements de petits saints besogneux ou de madones lyriques et dérangées.

    Pour parler plus concrètement et un peu vulgairement, ils se désintéressent ou leur importe peu que le Danger numéro 1 pour être sûr de ne franchir aucune étape c'est le SarkAubrysme.

    C'est même à se demander s'ils ne le souhaite pas pour que dans cet imbroglio
    où les valeurs n'ont plus aucun sens ils aient plus de chance d'amener l'abandon du capitalisme.

    Autrement dit le NPA prêche le Mieux (qui est l'ennemi du Bien) et prétend lui faire ce Mieux sans passer par le Bien

    Qui plus est il fait moult bisous à ceux qui prêchent le mieux et trouvent toujours prétexte à remontrance à ceux qui se contente du Bien mais qui en même temps essaient de le réaliser, même si c'est malhabilement.

    Voilà dis-je par cette diatribe !!

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