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Bayrou - Page 45

  • Anticorps médiatiques, les blogs...

    François Bayrou réserve une place de choix à internet et particulièrement aux blogs dans son Abus de pouvoir. Il achève son chapitre après avoir observé que l'information est désormais verrouillée en France, tout du moins, dans les médias traditionnels. Il reste toutefois un espoir...

    Mais internet, par essais et par erreurs, constitue dès aujourd’hui un réseau d’informations, réactif, souple, non limité par la longueur des “papiers”, non domesticable, capable d’opposer à la prise de contrôle et au rideau de fumée une réponse appropriée. C’est naturel : toute agression inédite sur un corps vivant, fait naitre des anticorps, un système immunitaire, des résistances nouvelles.

    Bayrou compare souvent les peuples à des organismes complexes, dotés d'un psychisme propre, et disposant de défenses immunitaires quasi-calquées sur la biologie humaine. J'avais été intéressé, dans une première note, par l'application des avancées de la psychanalyse à l'inconscient collectif d'un peuple quand sa mémoire est blessée. Et je retrouve l'esprit de cette métaphore dans cette nouvelle comparaison. Plus encore, l'idée qu'internet est une réaction immunitaire à la désinformation et au conformisme médiatique ambiants me plaît bien.

    Bref, on le “tient” moins, et pas du tout s’agissant des blogs, des mille contributeurs qui relaient et relaient l’information non conforme ou dissidente.

    Il y a en effet, une spécificité des blogs, au milieu d'Internet, et une spécificité française, de surcroît, puisque la France est le pays d'Europe où est ouvert le plus grand nombre de blogs. La blogosphère est suffisamment organisée pour pouvoir communiquer, se constituant parfois en réseaux, certains très ouverts comme CoZop, d'autres plus politiques ou idéologogiques. Et en même temps, les liens sont suffisamment distendus entre eux pour en rendre impossible le moindre contrôle.

    asterix2.jpgQuand je me représente les blogs, j'ai deux références qui me viennent à l'esprit : en premier lieu, historiquement, le Saint-Empire Germanique, c'est à dire une myriade de principautés et de royaumes suffisamment liés entre eux pour élire un chef (classement wikio ?) et passer des traités défensifs, et en même temps, suffisamment rivaux pour être en conflits permanents les uns avec les autres. Mais je reprends simplement la tentative de définition de wikipedia ; remplacez Saint-Empire par Blogosphère, et vous allez bien rigoler...

    L'Empire ne peut être compris ni comme un État fédéral ni comme une confédération. Il n'est ni une simple aristocratie ni une oligarchie. Toutefois, l'Empire présente des caractéristiques de toutes ces formes étatiques. L'histoire du Saint-Empire est marquée par la lutte quant à sa nature. Tout comme il n'est jamais parvenu à briser les entêtements régionaux des territoires, l'Empire s'est morcelé dans une confédération informe...

    Et en second lieu, c'est à une bande dessinée que je pense : Astérix et les Goths de Gosciny et Uderzo. On a l'explication personnelle de Gosciny sur l'incapacité des Goths à se constituer en nation jusqu'à fort tard, après le passage d'Astérix et d'Obélix.

    Bref, tu m'étonnes, François, que la blogosphère, c'est pas demain la veille que quelqu'un va parvenir à la contrôler. J'ajoute que le MoDem en sait quelque chose avec ses propres réseaux, puisque c'est de l'intérieur du flux MoDem, informel, il est vrai,  d'Antonin Moulart (non d'un Bayrou, il a choisi le jour où je parle de lui pour flanquer Demos web en maintenance ....##$!!&) que les critiques les plus dures (parfois fort injustes, au demeurant) envers Bayrou et le MoDem sont venues.

  • Abus de pouvoir, le sens de l'histoire

    J'ai entamé la lecture du livre de François Bayrou, Abus de pouvoir. Une première remarque, tout d'abord : je le trouve bien mieux écrit que tous ses livres précédents, et de loin. Contrairement à Projet d'espoir qui avait été écrit dans l'urgence et en 2 mois (le style s'en était fortement ressenti) ce livre-là, François Bayrou le mûrit depuis des mois.

    Une seconde remarque, ensuite : comme d'habitude, la presse se jette sur quelques passages qu'elle défigure et qu'elle se renvoie en échos sans prendre la peine d'effectuer une lecture complète de l'ouvrage. Par exemple, le terme fameux d'enfant barbare dont il affuble Sarkozy, il s'en explique, mais qui a pris la peine d'en lire les précisions ? Barbare, chez Bayrou, ne renvoie pas à une acception morale du terme, comme on pet l'entendre quand on parle du Gang de Barbares et de son taré de chef, Youssouf Fofana, mais à l'acception qu'en font les Gréco-Romains. Nicolas Sarkozy est barbare non parce qu'il serait inhumain ou cruel, mais en ce qu'il méprise et ignore les fondations culturelles et morales de la France. En tentant de lui imposer un modèle qui lui est fondamentalement étranger, il fait oeuvre de barbarie civilisationnelle. Voilà ce qu'entend par là François Bayrou. Et rien d'autre. Ce n'est pas une insulte ni une attaque personnelle, comme l'ont voulu une large part des commentateurs.

    Mais ce qui m'a particulièrement intéressé, au point où j'en suis, du moins, c'est le savant mélange de religiosité, de science historique et de psychologie qui caractérise la pensée de Bayrou dès qu'il évoque la France. Il observe ainsi que la blessure ignorée d'une génération atteint méchamment les générations suivantes. Que le père ou la mère soient blessés d'un grand secret, et les enfants ou même les descendants, ne pourront se délivrer du mal qui les empoisonnent qu'en le dévoilant par leur propre analyse.

    J'aime beaucoup cette idée, parce que je crois profondément qu'elle est la pierre angulaire qui permet de comprendre les peuples. Comme le dit Bayrou citant dans la foulée de sa pensée le prophète Ézéchiel, les parents mangeront des raisins verts et les dents des enfants en seront agacés.

    Paradoxalement, la Bible dit par la suite exactement le contraire avec Jérémie citant Ézéchiel : les parents mangeront des raisins verts et les dents des enfants en seront agacés. Mais chacun paiera pour ses fautes. Tout homme qui mangera des raisins verts, ses dents, à lui, seront agacées. Et c'est sans doute l'erreur de ceux qui imaginent que Sarkozy n'est et ne sera jamais qu'un épiphénomène. Tout comme l'esprit d'un individu, la conscience d'un peuple se souvient, et de même que chez l'individu, le souvenir inconscient prend des formes étranges, parfois terribles, les méandres de l'inconscient collectif d'un peuple peuvent être parfois inquiétants.

    Je ne suis pas étonné que Bayrou ait été si sensible à la question de la dette pendant la campagne présidentielle. Son inquiétude principale, c'était de ne pas laisser aux générations futures un fardeau impossible à porter. On retrouve Ézéchiel. Et les apports de la psychanalyse. Que l'on ne s'y trompe pas : il y a là une véritable conception de l'histoire. Même si l'on s'abstient de dire ce que l'on fait, et c'est bien ce que Bayrou reproche à Sarkozy, les choses se perpétuent malgré tout via l'inconscient collectif.

    Plus simplement, c'est la méthode historique de Thucydide qui transparaît aussi en filigrane, derrière le propos de Bayrou : « Si l'on veut voir clair dans les événements passés et dans ceux qui, à l'avenir, en vertu du caractère humain qui est le leur, présenteront des similitudes ou des analogies, qu'alors, on les juge utiles, et cela suffira : ils constituent un trésor pour toujours (κτῆμα ἐς αἰει), plutôt qu'une production d'apparat pour un auditoire du moment » (I, XXII, 4).

    On comprend mieux l'indignation de Bayrou quand il évoque le projet de Sarkozy de créer un musée de l'Histoire de France. Pour Bayrou, l'histoire de France, c'est la France ! pas une chose que l'on peut muséifier ! pas, comme le dit Thucydide, en somme, une production d'apparat pour un auditoire du moment...

    Je pourrais développer longuement encore mon propos, mais, ce que je vise à conclure, et que la critique ne comprend pas, c'est que ce livre n'est pas un brûlot politique : il va bien au-delà.

     

  • Lis aussi juju41, Martine

    Tenez, une petite tribune pour juju41, lectrice occasionnelle de mon blog à propos des déclarations de Martine Aubry...Elle réagissait à ma mise au point.

    suite à l'article sur Marianne
    http://www.marianne2.fr/Partage-des-taches-Bayrou-denonce,-Aubry-propose_a178751.html
    voilà mon commentaire posté
    j'aimerais que Martine Aubry m'explique ceci:

    C’est un gouvernement socialiste qui, en 1989, a libéralisé les mouvements de capitaux en anticipant sur une décision européenne. C’est le gouvernement Jospin qui, en privatisant plus que les gouvernements Balladur et Juppé réunis, a rendu le capitalisme français accueillant aux fonds d’investissement spéculatifs. C’est un ministre socialiste des finances, Dominique Strauss-Kahn qui a proposé une forte défiscalisation des fameuses stock-options, et c’est un autre ministre socialiste des finances, Laurent Fabius, qui l’a réalisée. C’est un Conseil européen à majorité social-démocrate qui a décidé en 2002 à Barcelone de libéraliser le marché de l’énergie et l’ensemble des services publics, de repousser de cinq ans l’âge de la retraite, et de soutenir les fonds de pension. C’est la majorité du Parti socialiste qui a approuvé la sacralisation de la concurrence gravée dans le projet de Traité constitutionnel européen de 2005. C’est encore elle dont le vote a permis l’adoption du Traité de Lisbonne confirmant la logique libérale de la construction européenne

    il est facile de dénoncer, encore faudrait il balayer devant sa porte...Le PS et le PSE pratiquent au niveau de l'Europe une politique libérale, le PS a contribué largement dans le passé aux problèmes actuels de la Finance dérégulée., y compris en France.
    Madame Aubry devrait d'abord clarifier sa position , quel est son programme celui de Hamon ou celui de Strauss-Kahn? ensuite Le Modem répondra à sa question...
    l'hypocrisie du PS est particulièrement malvenue...

    Une petite observation de ma part, je ne suis absolument pas juju41 sur cet aspect-là (la concurrence, c'est une bonne chose, dès lors qu'elle est honnête et limitée à ce qui peut faire l'objet d'une concurrence. Et pour le Traité de Lisbonne, il valait mieux quelque chose que rien) :

    la sacralisation de la concurrence gravée dans le projet de Traité constitutionnel européen de 2005. C’est encore elle dont le vote a permis l’adoption du Traité de Lisbonne confirmant la logique libérale de la construction européenne

    Mais elle n'en a pas moins bien raison de mettre les Socialistes face à leurs contradictions.

  • On te dit qu'on n'est ni à gauche, ni à droite, Martine !

    Y'en a qui sont têtus. Martine Aubry (mais elle n'est pas la première) veut absolument que le MoDem et Bayrou se positionnent à gauche ou à droite. Mais non, Martine : ça ne marche pas comme ça. Aujourd'hui, il y a cinq forces politiques principales : Les Conservateurs (UMP et Souverainistes, Debout la République, MPF) les Socialistes (PS, MRC, PRG et Verts) les Démocrates (MoDem) les Marxistes (PC,NPA,LO et Verts) et  les Nationalistes (FN,MNR).

    De toutes ces forces, trois seulement sont réellement susceptibles d'exercer le pouvoir : Conservateurs, Socialistes et Démocrates. L'une en tient les rênes (Conservateurs) les deux autres sont dans l'opposition (Socialistes et Démocrates). Mais ce n'est pas parce qu'elles sont toutes les deux dans l'opposition qu'elles sont identiques. Loin de là. Notons qu'un schéma semblable existe en Angleterre avec les Tories (Conservateurs), le Labour (socialistes) et les LibDems (Démocrates). Dans plusieurs pays d'Europe, on trouve une configuration similaire. Il arrive toutefois que les Démocrates s'allient avec les Socialistes (Italie) ou avec les Conservateurs (Allemagne) ou demeurent indépendants (France, Angleterre).

    Bref, soyons pédagogiques et fermes. Non, non, et non, on n'est pas à gauche. On n'est pas à droite non plus. Nous sommes Démocrates. Cela dit, c'est assez comique de Voir Martine Aubry associer le NPA et le MoDem dans un même reproche : faut dire ce qui est, la réalité, c'est que ni l'un, ni l'autre ne souhaitent être confondus ou bâtir de programme commun avec les Socialistes. C'est ça qui la gêne, surtout.

    Ensuite, on voit que l'offensive anti-bayrou est lancé à droite et à gauche. La coalition droite-gauche qui s'était entendue pendant la présidentielle se reforme... Répondons tout de même : on ne vise pas à casser la santé, mais bien au contraire à ce que tout le monde puisse exercer son droit à être soigné en Europe où qu'il soit, sans tourisme ni dumping médical. Lis le dictionnaire de Marielle pour aimer l'Europe, Martine, et consulte ce que propose l'ADLE. Casser l'éducation nationale ? Quand j'entends ça, heureusement que je n'ai pas une tasse de café à la main, sinon tout serait répandu sur mon clavier à force de me rouler par terre de rire contre mon unité centrale. Les Socialistes qui ont placé Allègre à l'E.N sans l'avoir jamais désavoué, venir faire la leçon au MoDem et à Bayrou ? et aux Démocrates et Libéraux en Europe à ce sujet ?  En Italie, en Angleterre et en France au moins (jai bien regardé les programmes) l'Éducation est au centre des préoccupations des Démocrates. Pas comme les Travaillistes, copains anglais des Socialistes, qui rêvent de concurrence entre les établissements scolaires (Tony Blair l' a fait, rappelons-le, Ségolène Royal en rêvait, avec l'aval du PS).

    Enfin, concernant la concurrence, dès lors qu'elle est libre et on faussée, et tant qu'elle est honnête et ne viole pas allègrement des normes environnementales et sociales (voir page 26), effectivement les Démocrates et les Libéraux y sont favorables, à l'exception de biens qu'ils considèrent comme supérieurs  et qui ne doivent pas être exclusivement soumis aux lois du marché (position des Démocrates au sein de l'ADLE).

    Ça doit commencer à sentir le souffre chez les Socialistes et l'UMP, puisque je vois qu'on bat le rappelle des troupes anti-Bayrou...S'ils ont des sondages secrets qui nous donnent à 15% ou plus, il faut nous le dire, on est preneur :-) Sérieusement, si on fait 12%, personnellement, j'estime que nous aurons fait un bon score. Au-delà de 10% on est dans le correct, en-dessous, c'est un échec.

     

  • Massoud, Marielle et l'Afghanistan

    Tiens, nouveau scoop en lisant le petit dictionnaire pour aimer l'Europe de Marielle de Sarnez (euro-députée MoDem). Je savais déjà que Bayrou et le Général Morillon avaient rencontré Massoud, mais j'ignorais que Marielle était de la rencontre aussi. A une époque où toute la classe politique, à l'exception de Nicole Fontaine et de Brice Lalonde, refusaient de le rencontrer, rappelons-le.

    La mamière de Marielle de lui rendre hommage, du moins, je le suppose, c'est d'écrire tout un article sur l'Afghanistan non à la lettre A comme Afghanistan, mais à la lettre M comme Massoud, tant il a été emblématique de l'espoir de jours meilleurs pour ce pays si tourmenté. Marielle rapporte que Massoud était venu avertir l'Europe : il mettait en garde contre les Talibans, «un système politique qui, au nom d'un Islam dévoyé, nie les droits les plus élémentaires de la personne humaine». Il était également venu parler du Pakistan, qui constituait à ses yeux la base arrière des Talibans, et d'une organisation jusque là quasi inconnue du grand public : Al Qaeda. Comme le dit Marielle, les gouvernants tant français qu'européens restèrent sourds à ses avertissements. Le 09 septembre 2001, il était assassiné, et le 11 septembre, les Twin Towers s'effondraient...

    Mais la prescience de Massoud se sera exercée jusqu'au bout : j'écrivais il y a 3 jours que la bombe nucléaire ne devait pas tomber entre les mains des Talibans. On mesure aux inquiétudes grandissantes de la communauté internationale, et à l'impéritie du pouvoir pakistanais combien Massoud avait vu juste en faisant du Pakistan la base de repli des Talibans.

    Marielle dresse dans son article un portrait très sombre de l'Afghanistan : pouvoir sans légitimité, forces de la coalition considérées comme une armée d'occupation, explosion de la culture du pavot, pauvreté grandissante de la population, corruption omniprésente.

    Tout comme François Bayrou, elle juge que le futur de l'Afghanistan est un enjeu fondamental . Pour la lutte contre le terrorisme, mais aussi pour la stabilité de la région. Prémonition...Depuis la rédaction de cet article, les Talibans, après avoir mis à feu et à sang l'Afghanistan, rongent désormais comme un cancer le Pakistan et sont aux portes d'Islamabad...

  • MoDem-LibDems, rencontre au sommet en Angleterre !

    En direct de notre envoyé spécial, Arnaud Hoyois (Quindi),  à Londres (photos très sympa sur le site du MoDem UK) :

    Elections Européennes : Rencontre au sommet MoDem - LibDems ou la Convergence Franco-Britannique

    François Bayrou rencontrait Nick Clegg, président des Libéraux Démocrates (LibDems), hier à Londres lors d'une réunion avec les français de l'étranger dans un Collège Britannique (Goodenaugh College - London House) à l'initiative du MoDem UK et Irlande1, et son président Guilhem Nègre. Cette rencontre avec les français de l'étranger complétait une visite à Londres où il aura aussi pu discuter avec les étudiants de la London School of Economics and Political Science (LSE) et visiter, en compagnie de Nick Clegg, le quartier écologique de Bed Zed à Hackbridge dans la banlieue sud de la ville2. Pendant les échanges avec la salle à London House, François Bayrou et Nick Clegg auront signalé tout le respect qu'ils avaient l'un pour l'autre, et démontré la convergence de vues entre les deux membres de l'Alliance des Démocrates et Libéraux pour l'Europe (ADLE3), ainsi que leur divergences sur des éléments de politique nationale, qu'ils indiquent être une composante fondamentale de l'UE, sa diversité. Etaient aussi présents plusieurs têtes de liste MoDem aux élections européennes dont Marielle de Sarnez, Nathalie Griesbeck, Jean-Marie Beaupuy , et leurs homologues britanniques des LibDems, dont la Baronne Sarah Ludford4, seule élue LibDem à Londres du parlement sortant.

    Lors de sa présentation en début de réunion, François Bayrou aura insisté sur les atouts considérables de son homologue britannique, « jeune, charismatique et responsable, devant lui permettre de changer le profil de la politique britannique ». Tout comme en France, le Royaume-Uni souffre d'une bipolarisation excessive de sa politique nationale, (même si cela est moins marqué qu'en France au vu du dernier scrutin municipal5), ce que François Bayrou résume, non sans humour, au « choix entre deux erreurs ». Il poursuit en précisant qu'il existe une convergence de vues importante entre les deux partis sur les points essentiels, notamment ceux concernant les liens entre les hommes et leurs systèmes économiques et politiques, tout en notant que des divergences existent aussi, pour l'essentiel liées à des visions politiques nationales (libertés, OTAN, adhésions à l'UE), « ce qui est légitime ».

    Nick Clegg poursuivra la partie présentation dans un français impeccable. Il se dit « grand fan de François Bayrou », ce qui est « a given » (donnée factuelle). Même s'il y a toujours des nuances entre deux pays et deux cultures politiques différentes, plusieurs grands thèmes les unissent : toute réforme économique liée à la crise actuelle, doit aussi s'accompagner d'une réforme politique ; le manque de transparence du système économique est lié au manque de transparence du système politique ; « les risques liés à un monde globalisé (économiques, écologiques, diverses formes de criminalités sans frontières) doivent nous mener à trouver des solutions ensemble, y compris au niveau supranational ». Dans ce dernier domaine il rappelle le principe « there is safety in numbers » (plus on est nombreux, moins on court de risques), du choix simple entre ceux qui souhaitent une réponse européenne aux défis du monde globalisé, et ceux qui ne comprennent pas cela, dont les conservateurs britanniques.

    Les deux têtes de listes pour Paris et Londres, Marielle de Sarnez et Sarah Ludford, poursuivront, l'une insistant sur l'importance de ce type de réunion consacrée aux questions européennes à l'heure où les crises se succèdent, de l'importance de la solidarité européenne avec les pays en développement, et la nécessaire promotion d'un monde multipolaire où l'UE aurait toute sa place, l'autre sur le besoin de combattre le protectionnisme, qui aura fait des ravages lors des crises précédentes, et du besoin de parler d'une même voix auprès des institutions financières internationales.

    La réunion se transforme alors en une série de questions-réponses avec les français de l'étranger et les britanniques présents à London House :

    • L'adhésion de la Turquie : François Bayrou insiste tout d'abord sur la définition nécessaire de la nature de l'UE, une vision continentale faite d'une structure devant servir à promouvoir nos intérêts et nos valeurs, ou la vision plus britannique qui correspond uniquement à un marché commun et une zone de droit européenne. Par ailleurs, la période probatoire actuelle, où la Turquie ne répond pas aux critères d'adhésion, demeure, et la question de sa pleine adhésion reste donc encore ouverte. Il avoue sa préférence pour un partenariat entre l'UE et la Turquie, mais reconnait que c'est une des nuances entre la vision européenne française et britannique. Il suggère de continuer à y réfléchir, sans en faire un sujet de querelles, en respectant tous les acteurs du processus d'adhésion. Il rappelle une anecdote où Jean-Claude Casanova, directeur de la revue Commentaires, rencontrait l'ancien Secrétaire d'Etat américain, Henry Kissinger, qui lui fera ce commentaire au sujet de l'adhésion de la Turquie à l'UE: « si j'étais européen, je serai contre, mais je suis américain, donc je suis pour ».

     

    Nick Clegg préfèrera lui une réponse empreinte du « pragmatisme anglo-saxon ». La grande question pour l'UE ne doit pas être sa définition, mais plutôt la démonstration de ses aspects bénéfiques concrets pour les citoyens européens. Elle doit encore gagner « la bataille des cœurs » et démontrer qu'elle un facteur considérable de prospérité et stabilité. Elle représente pourtant aujourd'hui « une des réponses les plus sophistiquées aux défis de la mondialisation ».* Plus spécifiquement sur la Turquie, les LibDems ont l'ambition de faire entrer la Turquie dans l'UE compte tenu des valeurs communes de tolérance, justice et stabilité, mais cela n'est pas d'actualité. Il précise qu'il s'agit avant tout d'un refus de créer de nouvelles barrières culturelles en EUrope, et du constat que la dernière vague d'adhésions aura permis d'étendre la culture de la démocratie, des droits de l'homme et du pluralisme à l'est du continent, l'UE est ainsi un fantastique catalyseur de valeurs démocratiques.

     

    • L'Euro : les LibDems pensent toujours que l'adhésion du Royaume-Uni sera nécessaire après consultation populaire par voie de référendum, même si le contexte politique britannique ne s'y prête pas compte tenu des instabilités liées à la crise économique et financière. Les autres partis politiques britanniques considèrent que la question a été tranchée, mais Nick Clegg pense que la question reviendra au devant de la scène.

     

    • La Crise Financière : François Bayrou précise que le MoDem et les LibDems sont les deux mouvements les plus européens de leurs systèmes politiques nationaux respectifs. Les questions universelles liées à la crise économique et financière exigent des réponses communes. Deux assurances doivent être données aux électeurs européens : d'une part la protection de leur identité par l'Union, réitérant la devise et la nature de l'UE, qui mettent la diversité et le pluralisme au centre de notre action, d'autre part la transparence nécessaire, la démocratisation inévitable d'une Union qui serait amenée à peser dans les affaires du monde. Dans le premier cas, François Bayrou illustre son propos sur la diversité en précisant avec humour «Je suis très anglophile, je trouve les anglais totalement fous, et c'est délicieux », « je suis un amoureux de Kipling, probablement un des plus grands romanciers de ce siècle » (il profite du lieu pour citer le livre Stalky & Co.6 sur la vie de jeunes garçons dans un collège britannique). Dans le deuxième cas, celui de la transparence, François Bayrou rappelle deux des préconisations du MoDem pour la campagne européenne : toute décision par des institutions européennes doit être précédée d'une période de trois mois pendant laquelle une information doit être mise à disposition des citoyens européens, toutes les délibérations du Conseil Européen doivent être rendues publiques afin d'éviter le double langage entre Bruxelles et les capitales nationales ( « c'est la faute à Bruxelles »).

     

    Marielle de Sarnez complètera le propos sur la crise en soulignant le manque de réponse commune de l'UE, le plan de relance européen n'étant qu'une addition de plans nationaux qui manquent d'ambition.  Les conséquences de ce manque d'ambition se font déjà ressentir avec des millions d'européens qui se retrouvent au chômage, un manque de concertation sur les aides nécessaires pour les PME, aux secteurs les plus touchés comme l'automobile, les grands travaux que pourrait lancer l'Union, ainsi que le principe d'une relance centrée sur le développement durable, et les requêtes d'aides de certains pays de l'Union qui sont traitées par le FMI plutôt que l'UE. Elle considère que le président de la Commission Européenne, José Manuel Durão Barroso, n'est pas à la hauteur des enjeux actuels.

    • La Réforme Politique de l'Europe : François Bayrou précise qu'il n'est pas un fan des traités de 450 pages qui ne sont ni lus ni compris par la majorité des citoyens, et qu'il n'est « pas ému » par le Traité de Lisbonne, contrairement à de nombreux pro-européens convaincus qu'il s'agit d'un grand pas pour l'UE. Plus qu'une réforme des textes, il prône une « réforme des têtes » qui devrait permettre de débattre des questions essentielles et universelles à l'échelon européen (il donne l'exemple de la Guerre d'Irak qui aurait pu être l'occasion d'un grand débat européen mettant en avant les convergences de vues transnationales), plutôt que de détails techniques (la fabrication du vin Rosé, l'extension des paris en ligne, etc.).

    Nick Clegg insiste pour sa part sur le rôle historique de l'Union, une des plus grandes réussites politiques de la deuxième moitié du XXème siècle et de ce début de XXIème siècle. Cependant, les leçons des crises économiques précédentes doivent être prises en compte : la xénophobie, le populisme, le protectionnisme, l'insularité ont tous régulièrement suivi ces crises. Une des clés de cette élection au Royaume-Uni pour les pro-européens, doit être la mise en avant des valeurs d'ouverture, d'optimisme et d'interdépendance pour contrer ces tentations historiques.

     

    • Les Partis Politiques Européens, est-ce une bonne idée ? est-ce faisable: Pour François Bayrou, la constitution de familles politiques à l'échelle continentale est forcément une bonne chose, mais cela doit passer par l'émergence de plusieurs familles (et pas uniquement deux qui se partagent les postes et placent des apparatchiks à la tête du parlement européen), plus fédératrices et plus nuancées. Pour Marielle de Sarnez, ces familles politiques européennes créent une vie politique européenne. Elle propose que lors de futurs scrutins, 10% des députés européens soient élus dans une grande circonscription continentale unique, rendant ainsi plus visibles les grands courants politiques transeuropéens.

     

    • Politique Agricole Commune  (PAC): Plutôt qu'une plus grande concurrence et une organisation des quotas, François Bayrou prône une plus grande organisation des marchés. Ce qui était impossible hier (lois de la nature sur le ratio production / vente) l'est devenu aujourd'hui (diversification des consommations de produits agricoles vers les secteurs industriels ou énergétiques sous forme de biomasse). Les subventions auront aussi créé une culture de dépendance et des problèmes de développement avec les subventions aux exportations. Il s'agit donc de passer vers une « organisation raisonnable des marchés » répondant aux possibilités nouvelles de cette diversification et au x besoins de préservation du tissu agricole européen.

     

    Sur la part considérable du budget européen consacrée à la PAC, Marielle de Sarnez précisera que cela demeure dérisoire au vu du montant global de ce budget, comparable au déficit budgétaire français. Cependant, elle souhaite voir une augmentation de ce budget qui améliorerait la PAC en insistant sur le développement durable, et en limitant les subventions aux exportations (de même que cela serait nécessaire aux Etats-Unis), mais aussi qui consacrerait plus de fonds à la recherche européenne, au développement énergétique, etc .

     

    Jean-Marie Beaupuy, spécialiste de ces questions au Parlement Européen et candidat MoDem dans la région Massif Central - Centre7, précisera qu'au-delà des marchés et de l'environnement, le point central de cette question ce sont les agriculteurs eux-mêmes. François Bayrou complètera le propos en spécifiant que lorsqu'une agriculture disparaît, elle ne se recompose pas, c'est une donnée culturelle qu'il ne faut pas négliger.

     

    • Politique de Santé : Sur la plus grande convergence des systèmes de santé européens, François Bayrou signalera que chaque pays a sa propre logique historique. Il peut ainsi être très dangereux de changer de logique sans réflexion préalable sur les conséquences potentielles. Cela ne doit cependant pas empêcher de voir les problèmes croissants du système de santé français, avec des listes d'attentes devenues considérables pour consulter certains spécialistes.

     

    • Les Organisations Supranationales : Plutôt que le mot supranational, qui peut sous-entendre que cela se fait en dehors des communautés établies de citoyens, et en évitant le mot fédéral qui a des connotations d'autorité suprême dans certains cercles (l'inverse de l'origine du mot qui exprimait une communauté citoyenne), François Bayrou reformulera le concept sous la forme de « démarche coopérative », en insistant sur la transparence nécessaire de cette coopération pour les citoyens.

     

    • Les positions de l'ADLE sur la crise climatique  et Copenhague : Marielle de Sarnez note que les positions de l'ADLE et des Verts sont les plus en pointe sur les questions environnementales, notamment grâce aux LibDems au sein de l'ADLE. Même si l'UE a donné son accord sur le principe des trois fois 20%, Marielle de Sarnez considère que cela est insuffisant, surtout pour ce qui est de la réduction des Gaz à Effet de Serre qui peuvent s'effectuer par échange de quotas.

     

    • L'aide au développement : Marielle de Sarnez précise que même si l'UE est le premier contributeur à l'aide au développement cela est insuffisant au vu des objectifs du millénaire et de la pauvreté croissante dans certains pays en développement. Elle insiste sur le nécessaire regard des effets de cette aide pour réduire la pauvreté, en toute vraisemblance, cette aide ne va pas suffisamment dans les bonne poches. Ces politiques doivent aussi être repensées en intégrant le pillage des ressources naturelles par les européens, les américains et les chinois, qui empêchent un développement structuré de ces pays.

     

    • La Présidence de la Commission Européenne : selon François Bayrou et Marielle de Sarnez, José Manuel Durão Barroso ne peut être le candidat unique à ce poste, cela doit faire l'objet d'un débat. Jean-Marie Beaupuy précisera que Barroso est trop à la remorque des Etats, sans dynamique propre fixant des orientations communautaires. François Bayrou propose deux candidats pour ce poste, deux hommes qui « pourraient faire d'excellents présidents de la Commission », « un jeune ancien » qui aura eu le mérite de tenir le gouvernement belge pendant huit ans, Guy Verhofstadt, et un « vieux sage », l'italien Mario Monti, commissaire européen entre 1994 et 2004, président de l'Université Bocconi, et responsable du Think Tank Bruegel8.

     

    L'impression de l'auteur : c'est la première fois que j'ai l'occasion de voir personnellement François Bayrou à l'extérieur de l'hexagone. L'impression persistante que m'aura laissé cette soirée à Londres, aura été de voir un homme heureux de vivre la diversité européenne, que ce soit avec les français de l'étranger, les britanniques venus l'entendre, les étudiants d'une des écoles les plus prestigieuses du pays, les habitants des quartiers périphériques de la ville. Aussi à l'aise avec les citoyens européens, qu'il l'est avec les citoyens français et ceux des Pyrénées Atlantiques, aussi à l'aise parmi ses homologues européens, qu'il peut l'être avec les hommes et femmes politiques français. L'homme a décidément le gravitas, le charisme, et la disponibilité des grands Hommes d'Etat, à l'échelle française et européenne.

    De même, avoir l'occasion de voir les candidats MoDem aux européennes dans leur environnement de travail naturel, celui de la discussion et du partage d'analyses entre députés de nationalités différentes, sur des sujets de la plus haute importance, en maximisant la transparence, dans leurs échanges et leurs préconisations, m'a convaincu qu'une campagne européenne, traitant du fond et non uniquement de la forme,  est bien en cours grâce aux efforts considérables des candidats de l'ADLE. Les médias traditionnels ne le reflètent pas, et c'est bien dommage.

    Dernière réflexion : les députés MoDem et LibDems auront démontré tout au long de la soirée la convergence de vues franco-britannique, là où aucune autre famille politique pouvant exercer des responsabilités gouvernementales dans ces deux pays (PS-New Labour / UMP - Conservatives) n'aurait réussi à le faire.

    Comme promis à l'Hérétique, ceci est un compte-rendu non officiel de la réunion de Londres (seul le prononcé fait foi).

    Arnaud Hoyois (devenu récemment résident au Royaume-Uni)

    www.quindiblog.eu

     

    * Si Claudio Pirrone (Skeptikos9) me lit, qu'il sache que malgré ses racines italiennes, il a une convergence de vues totale avec les LibDems en termes de stratégie électorale (le pragmatisme commun entre son lieu de résidence en Bretagne et la Grande-Bretagne ?)

    1 http://www.mouvementdemocrate.org.uk/

    2 http://www.lefigaro.fr/politique/2009/04/28/01002-20090428ARTFIG00013-quand-bayrou-savoure-ses-bons-sondages-.php

    3 http://www.alde.eu/fr/

    4 http://www.sarahludfordmep.org.uk/

    5 http://www.quindiblog.eu/log/2008/05/quindi-la-triad.html

    6 http://en.wikipedia.org/wiki/Stalky_%26_Co.

    7 http://europe.lesdemocrates.fr/jean-marie-beaupuy/

    8 http://www.bruegel.org/

    9 http://skeptikos.dremm.net/

     

  • Bayrou et le co-développement, niger, cas d'école...

    Je suis pour que l'on protège les régions les plus fragiles du monde, pour qu'on les rende autonomes en matière de production agricole et de production industrielle. Ce que nous avons fait après la guerre pour les pays européens, je considère que c'est un devoir que nous le fassions pour eux et pas que nous continuions ce qu'il faut bien appeler des politiques colonialistes, qui consistent à aller leur piquer leurs matières premières, en particulier l'uranium, à les transformer chez nous en produits finis et à leur renvoyer chez eux, faisant que ces pays sont absolument exploités et ruinés. J'ai vu des choses dans les déplacements récents du président de la République à ce sujet qui doivent nous donner à penser. Ceci est impossible, surtout dans la période de crise que nous sommes en train de vivre. On a fait une politique agricole commune dont le but était de réserver aux producteurs européens au marché européen. On doit faire la même chose pour les producteurs africains. Voilà des idées simples qui vont nous servir de marques de fabrique, d'identité, dans le grand débat européen.

    Bon, il y a été fort le père Bayrou, mais, sur le fond économique de la chose, il a raison. Il faut absolument créer les conditions d'un éco-système de la richesse dans les pays les plus fragiles. Cela dit, cela ne suffira pas. La misère prospère aussi sur la corruption endémique qui caractérise ces pays, et, sur ce point, c'est un lieu commun qui m'agace que d'en accuser les gouvernements occidentaux ou les multi-nationales. Non que ces derniers soient blancs comme neige, mais simplement parce que les responsabilités sont largement partagées par les pouvoirs en place.

    Cette réflexion me semble correspondre, à certains égards, à celle de Prahalad et son Bottom of Pyramid. J'en développerai bientôt les différents aspects. J'aurais pu penser qu'il y avait de la part de Bayrou un discours convenu sur la ruine de ces pays , mais, objectivement, pour le Niger, tout au moins, on ne peut pas dire que nos entreprises aient contribué au développement. AREVA (autrefois COGEMA) exploite les mines d'uranium du Niger depuis près de 50 ans et que l'on ne peut pas dire que cela ait apporté grand chose à ce pays, classé comme l'un des plus pauvres de la planète.

    Et puis, AREVA agit avec une totale absence de scrupules là-bas : l'exploitation génère des déchets radio-actifs qui ne sont pas traités, au mieux, recouverts de remblais de terre, l'eau est contaminée et on utilise même des matériaux radio-actifs eux aussi pour construire des écoles ou des dispensaires. AREVA transmet des informations erronnées et de surcroît, quand il y a réaménagement, c'est par le biais de fonds européens. Des villages entier ont été délogés de force, et AREVA compte utiliser de l'eau fossile qui serait pourtant bien utile aux habitants assoiffés.

    Une députée verte européenne, un tantinet agacée, a d'ailleurs posé une question orale à la Commission européenne et au Conseil Européen, jeudi dernier. On attend la réponse. Corinne Lepage, vice-présidente du MoDem, suit également avec attention l'évolution de la situation. Elle observe, tout comme François Bayrou, avec justesse, que cette exploitation ne mène par ailleurs nullement à l'indépendance énergétique de la France, bien au contraire.

  • Orelsan, Bayrou s'est vraiment planté en beauté !

    C'est rare, mais là, je suis vraiment furieux envers François Bayrou. Comment peut-on donner la caution d'écrivains comme Lautréamont ou Sade à ce bouffon de rapeur homophobe et sexiste ? Comment peut-on donner sa propre caution d'homme politique respectable et cultivé à ce crétin ?

    Il s'est exprimé au sujet de la polémique autour du rapeur Orelsan : "Je suis toujours mal à l'aise quand les pouvoirs publics disent: S'il est là, je ne paie pas".

    François Bayrou a déclaré "il est vrai que les paroles de cette chanson sont choquantes. Mais je ne l'ai pas ressentie comme une apologie de la violence, plutôt comme une dérive passionnelle. Des dérives, dans la littérature, il y en a beaucoup, par exemple chez Sade, Lautréamont ou Céline. Cela ne veut pas nécessairement dire qu'il y ait une apologie des actes décrits".

    C'est tout de même incroyable de ne pas être fichu de comprendre à qui il a affaire. Ah bon, tu ne ressens pas ces paroles comme une apologie de la violence faite aux femmes ? Tu l'as lu, ce texte, au moins, François ? Et les autres d'Orelsan ? Ensuite, il est plus que maladroit de donner en exemple Céline alors que les dérives de l'individu ont bien fini par cautionner  Vichy, l'anti-sémitisme et toutes ses horreurs.

    Quant à Lautréamont, il y a en effet dans un chant, un passage de tortures assez épouvantable sur une fillette avec l'ancêtre de l'opinel d'Orelsan et des actes de zoophilie par un chien (qui viole la fillette). Mais ce n'est pas le fait d'un humain, mais celui d'un démon, c'est à dire Maldoror lui-même. Ensuite, l'ouvrage est clairement onirique et surnaturel, écrit de surcroît à une autre époque et répond à un projet littéraire et psychologique tout entier dans la transgression et l'apologie de la haine en soi. In fine, c'est un choix esthétique privilégiant le mal et le satanisme comme vecteur du beau  plutôt qu'un appel à la violence

    Quant à Sade...Cet auteur m'a toujours agacé et la reconnaissance dont il fait continuellement l'objet m'énerve. Il a d'ailleurs fait de la prison pour ses écrits. Étant donné les moeurs débridés et les débauches hypocrites de l'Ancien Régime finissant, je ne le perçois pas comme le novateur que les beaux esprits ont voulu en faire. Bref, il ne m'intéresse pas.

    Dans tous les cas, donner une telle reconnaissance à cet abruti de rappeur avec sa "culture" de taliban de banlieue de merde, j'en suis vert de rage. Bayrou aurait mieux fait de se taire, ce jour-là.

  • TF1 censure Bayrou...

    Tiens, Bayrou devait intervenir au JT de 20 heures sur TF1 et le voilà étrangement déprogrammé. Il est gonflé, le père Dassier, de dire qu'il ne veut pas que des politiques viennent "vendre" leur livre sous prétexte que Bayrou publie un brûlot intitulé Abus de pouvoir le 30 avril prochain. Je trouve cette décision très louche, d'autant que TF1 ne me paraît pas exactement un exemple d'objectivité dans le traitement de l'information.

    Il y a autre chose qui m'intrigue : j'ai fait une petite revue du web via google actualités, et oh, surprise, pas un grand média n'en parlait en dehors de l'Express. Et pour le reste, quelques magazines TV, c'est à dire Tv-magazine et TV loisirs et c'est tout ! silence-radio ailleurs...étonnant, non ? Je n'aime pas les théories du complot, elles m'agacent, et d'ailleurs, franchement, je ne crois pas qu'il y ait complot en la matière, mais je m'étonne du silence généralisé dans la presse sur cet incident. A vrai dire, j'ai en mémoire le dernier ou avant-dernier numéro du Canard Enchaîné précisant que Sarkozy avait décidé de s'occuper de Bayrou, désormais. Coïncidence ? J'ai un peu de mal à la le croire.

  • Ségolène de Villepin ?

    Tiens, ça faisait longtemps que radio-ragots n'avait pas émis sur le blog de l'hérétique. Il se trouve qu'une information de première qualité vient à point nommé. Dans une émission récente Dominique de Villepin a laissé entendre que Ségolène Royal et lui avait flirté du temps de leurs études communes à l'ENA. A vrai dire, il a toujours dit lors d'autres entretiens avoir entretenu les relations les plus cordiales avec elle.

    Compte-tenu de sa réponse, on peut voir qu'elle est toujours à son goût, au demeurant. L'intuition de Radio-ragots lui dit que Ségolène Royal est le fantasme de beaucoup d'hommes de droite. Tenez, même Sarko, lors du débat de la présidentielle 2007, dans l'entre-deux tours, on voyait bien à son oeil brillant qu'il aurait bien été intéressé si les circonstances avaient été autres. La manière dont il lui a dit qu'elle était une femme de qualité sentait, l'air de rien, autre chose que le seul calcul politique.

    Cela dit, pour revenir au très gentleman Galouzeau, on attend la réaction de Ségolène Royal...Tiens tiens...Et Bayrou qui voulait supprimer l'ENA...Il faut dire que le Galouzeau, en ce moment, il cherche des noises à la Sarkozie : en effet, par les temps qui courent, rien de tel qu'une  déclaration de ce type pour prendre à contre-pied la furia UMP.