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Bayrou - Page 50

  • LHC, l'autre blogosphère

    J'ai eu le très grand plaisir, tout récemment, d'être accepté dans un nouveau réseau de blogs. Il s'agit du réseau LHC. Voici comment LHC définit sa charte éthique :

    • Liberté d’expression : Droit pour tout individu de communiquer une opinion.
    • Esprit Critique : Capacité de l’esprit à juger un être, une chose à sa juste valeur, après avoir discerné ses mérites et défauts, ses qualités et imperfections. − En partic. Esprit de libre examen qui, dans ses jugements, écarte, rejette l’autorité des dogmes, des conventions, des préjugés.
    • Humanisme : Attitude philosophique qui tient l’homme pour la valeur suprême et revendique pour chaque homme la possibilité d’épanouir librement son humanité, ses facultés proprement humaines.

    J'ai trouvé évidemment très à mon goût une telle charte, d'autant que je suivais déjà un certain nombre de blogs LHC. Globalement, les blogs LHC sont libéraux, et plutôt à droite. Pour moi, c'est un vrain régal que de découvrir une autre forme de pensée, différente de la sphère démocrate. Non pas que le réseau démocrate soit inintéressant (on y trouve en maints lieux des articles de grande qualité) mais, il se cantonne trop souvent au sociétal, à l'humanitaire, et à la critique systématique de l'action gouvernementale ou de la présidence.

    Découvrir LHC, c'est avoir l'opportunité de débats d'idées passionnants avec des gens qui ne pensent pas nécessairement comme vous. Trop souvent, la sphère démocrate apparaît comme une sorte de Left Blogs light. Elle gagnerait à se démarquer et à élaborer une démarche et une pensée originales, ces dernières ne s'esquissant, à l'heure actuelle, qu'à l'état d'ébauche. Notamment, soutenir François Bayrou, cela ne signifie pas être systématiquement à sa remorque sur sa critique sarkozyste. François Bayrou a bien des qualités, mais, sa contestation systématique de la Présidence devient parfois agaçante, et je préfère nettement la modération de Marielle de Sarnez sur le sujet.

    Je pense en particulier que le discours démocrate actuel face à la mondialisation et au libéralisme est à repenser. De ce point de vue, j'ai beaucoup apprécié la déclaration de candidature de Gilles Artigues. Voilà qui a remis les pendules à l'heure.

    Pour revenir à LHC, j'invite vraiment les démocrates à se rendre sur les blogs membres de ce réseau. Je tends à penser que nous avons des points communs avec les libéraux. Nous avons aussi des divergences. C'est donc une occasion de nous comparer, de nous mesurer, et de débattre avec des individus de qualité.

  • Image du MoDem (II)

    J'ai la chance d'avoir des commentateurs de qualité ici, je l'ai souvent dit. A mon billet précédent sur l'image du MoDem, j'ai eu une réponse magistrale de Nicolas007bis dans laquelle je me reconnais à 100%. En voici la teneur :

    Difficile en effet !
    Pour plusieurs raisons à mon sens.
    Tout d’abord, parce que cette manière de ne pas vouloir s’inféoder à un camp ou à un autre est considérée, par beaucoup, comme de l’indécision ou pire encore de l’opportunisme. On ne sort pas aussi facilement d’une ancestrale dichotomie Droite – Gauche qui t’oblige à choisir ton camp. A cela se rajoute le fait que malgré ce souci d’ouverture vers ce qu’il y a de mieux d’un coté comme de l’autre qui a été le fondement du discours de François Bayrou, celui-ci et le Modem en général ont paru être plus souvent sur la même ligne que les Socialistes que de l’UMP ce qui rajoute à la confusion.
    Je crois que sur ce point, l‘aversion de François Bayrou pour Sarkozy, dessert plutôt l’image du Modem. Il serait souhaitable qu’il en prenne conscience.

    Au Municipales, les alliances ici avec listes de Gauche et là avec des listes de Droite ont été qualifiées par les autres partis et plus grave encore par les medias comme étant à « géométrie variable ». Or, c’était pourtant en parfaite cohérence avec le positionnement du Modem !
    Le travail d’explication déjà délicat a été rendu d’autant plus difficile que les Municipales ont laissé l’impression que le Modem n’était qu’un ensemble hétérogène d’individus aux motivations plus ou moins claires. Il aurait été préférable que le Modem en tant que tel, de manière « officielle », définisse plus précisément les conditions d’alliances avec une autre liste au lieu de laisser les candidats locaux faire leurs propres choix au prix de ce qui a pu apparaitre comme des petits arrangements au service d'ambitions personnelles.

    L’autre raison pour laquelle il est difficile d’améliorer l’image du Modem, est que le Modem manque de têtes d’affiche. Elles ont toutes fuies vers des cieux plus prometteurs. Certaines par opportunisme pour garder leur siège qui de député, qui de sénateur mais d’autres probablement par réelle et sincère déception. Il serait certainement utile de s’interroger sereinement sur les causes de cette hémorragie.

    Autre point étroitement lié avec le précédent, le Modem étant perçu comme le parti au service des ambitions d’un seul homme, il n’est guère entendu en tant que tel. Seul François Bayrou est écouté, le reste du Modem étant considéré comme l’intendance. Or tout le monde se fout de ce dit l’intendance d’autant plus que sa parole n’est portée que par des « anonymes » (ce qui n’a rien de péjoratif évidemment).
    Si le Modem veut se doter d’une vraie personnalité, il lui faut une ligne directrice. Il manque un vrai cadre idéologique à partir duquel il pourrait structurer un discours et une attitude politique homogène et visible. Aussi populaire soit-il, un programme se limitant au slogan « Bayrou président » ne peut suffire.
    Bon, j’ai conscience que tout cela ne répond pas vraiment à ta question mais il me semble que pour faire avancer le Modem, ou améliorer son image, il est nécessaire en préalable d'être d'accord sur ce que sont ses faiblesses.

    J'ajoute que Benoît, dans le même fil de commentaires, fait observer que le MoDem ne dispose toujours pas de plate-forme programmatique. Après plus d'un an d'existence, il serait grand temps de s'en doter, en effet...

  • Comment améliorer l'image du MoDem ?

    S'il y a une question lancinante qui me trotte dans la tête, c'est bien celle-là : comment améliorer l'image du MoDem. Le Mouvement Démocrate a en effet, sur ce point, raté son entrée sur la scène politique. Parti le plus populaire des partis, il s'est peu à peu désagrégé dans l'opinion au point de figurer désormais derrière le PS et les Verts. Les derniers résultats aux législatives partielles, globalement très décevants (voir l'analyse de Bob à ce sujet), sont certainement une manifestation de cette dégradation.

    La seule consolation, c'est que le MoDem demeure solide sur sa base électorale et que de toutes façons, le Nouveau Centre est purement et simplement inexistant.

    Le MoDem souffre de deux gros handicaps par ailleurs : en dehors de François Bayrou et de quelques élus localement implantés, il ne dispose d'aucun représentant de grande notoriété. Ensuite, il est perçu davantage comme le parti d'un homme (François Bayrou) que comme un parti à part entière.

    Malheureusement, l'épisode des municipales a été très mal compris et très mal perçu, jusque dans son sein. Nous ne parvenons pas à remonter la pente depuis. Une forte côte de popularité n'est pas pour autant une garantie électorale : les Verts sont le parti le plus populaire de France, et cela ne les empêche pas d'encaisser de régulières baffes électorales. Leur problème n'est de toutes façons pas le même que le nôtre.

    Il nous faudra du temps pour nous faire connaître, et le volontarisme et la foi des militants ne seront pas nécessairement suffisants pour ce faire. La force de nos propositions est une incantation, mais elle ne suffit pas. Encore faut-il les faire connaître ! A cet égard, il n'est pas moins fâcheux pour nous de constater l'échec partiel d'Internet comme média alternatif pour l'information. Seuls 10% des Français vont y chercher de l'information, et, on peut supposer que ce sont les plus impliqués donc les plus marqués politiquement, et donc, in fine, les plus difficiles à convaincre...Or, l'Internet est au coeur de la stratégie de communication du MoDem.

    Je dois avouer que je n'ai pas de baguette magique. Je pense, en revanche, que pour nous qui prônons la solidarité comme valeur, nous avons tout intérêt à commencer par être solidaires entre nous, solidaires avec nos élus et nos candidats, et, enfin, solidaires avec notre mouvement. Ils en ont bien besoin.

  • A l'aube de la république romaine, la dette, déjà...

    J'ai retrouvé sur le journal Le Post, grâce à un diligent auditeur de l'émission A vous de juger, le script de l'entretien d'Arlette Chabot avec Bayrou, Copé et Montebourg. Il y a une petite phrase de François Bayrou qui a attiré mon attention : il répond à Copé sur ce qu'il estime être le rôle du Président en France. Pour lui, un président doit défendre avant tout les plus faibles, et il ajoute, à Rome, il y avait un tribun de la plèbe. Cela me fait fortement penser à ce que j'ai écrit au mois d'août sur les tribuns et le centrisme tribunicien (ce qui m'avait valu tout de même, en plein mois d'août, 241 commentaires pour le second billet, et ce en deux à trois jours !!!).

    Du coup, j'ai repensé à la naissance de cette fonction politique à Rome, et notamment à ce qu'en avait dit Tite-Live, et je me suis souvenu des circonstances : on était en pleine crise du crédit ! Mais oui, tout à fait ! A cause des guerres, pas mal de citoyens romains s'étaient retrouvés endettés parce qu'ils avaient du laisser leurs champs, et que parfois, leurs domaines avaient été pillés par les troupes adverses. Du coup, ils avaient du emprunter et chemin-faisant, l'usure les avait réduits à un quasi-esclavage. Tite-Live évoque cela avec une technique très forte : il fait parler un ancien centurion romain. L'homme est couvert de plaies et se jette aux pieds des citoyens assemblés sur le forum. Le récit de ses mésaventures enflamme littéralement le peuple, et, comme le dit Tite-Live, «non iam foro se tumultus continet, sed passim totam urbem peruadit» (le tumulte ne se limite plus au forum, mais se répand de toutes parts dans toute la ville). C'est intéressant, comme formulation, et l'on n'en saisit pas toute la portée si l'on ignore ce que représente le forum pour les Romains. Le forum, c'est l'endroit où l'on traite des affaires économiques et politiques. Que Tite-Live dise texto que le tumulte ne se contient plus dans le forum, c'est qu'il y a un embrasement généralisé. Dans nos sociétés modernes, si les conflits débordent le champ politique, ils envahissent toute la société. On peut voir là une image ancienne applicable à notre monde moderne : forum pour le champ politique, urbs pour la société dans son ensemble. Or, Tite-Live insiste en précisant passim (çà et là) et totam (toute) : c'est un véritable quadrillage ! la colère qui enfle déborde et envahit les moindres recoins de la cité. C'est exactement ce qu'il pourrait se produire pour notre société mondiale si la crise tourne mal. Mais, revenons aux dettes.

    Ces pauvres gens qui sont endettés jusqu'au cou, Tite-Live les appelle des nexi. Nexus, en latin, cela veut dire lié, enchaîné. Liés, parce qu'ils ne sont pas encore esclaves, mais, sur le bon vouloir de leur prêteur, ils peuvent le devenir du jour au lendemain. Tout comme les États endettés aujourd'hui, tout comme les individus à la merci d'une créance.

    Et je trouve que Bayrou est bien dans le rôle d'un tribun, parce que justement, cette fonction-là n'est pas (plus ?) représentée en France. Ce sont des corps, et pas intermédiaires pour le compte, contrairement aux propositions de Marielle de Sarnez (elle en a encore reparlé dans le Talk du Figaro de cette semaine) qui dominent les strates du pouvoir en France, et, nulle part, le Tiers-État, pour reprendre le titre de l'ouvrage fameux de François Bayrou, ne peut s'y exprimer.

    Mais pour revenir au crédit et aux dettes, je m'aperçois que l'histoire se répète, jamais sous la même forme, mais toujours avec la même trame. Rome s'en est finalement sortie, tout du moins, de cette crise-là, mais, les luttes sociales ont fini par l'abattre 450 ans plus tard. La différence, c'est qu'en 494 av J-C, Rome avait su innover en créant une nouvelle fonction politique et de nouvelles dispositions juridiques. Mais, à la veille de son effondrement politique sous les coups de boutoir assénés par des ambitieux de tout poil, à commencer par Jules César qui cherchait à cumuler tous les pouvoirs (tiens tiens...) c'est peut-être l'absence d'issue et d'innovations politiques qui ont finalement mis à bas la République.

    Sans être outre-mesure alarmiste, j'aperçois tout de même chez nous les prémisses inquiétants des ingréidents qui ont fait chuter la République romaine.

    Tite-Live n'a pas toujours donné des informations exactes (il faut imaginer qu'il décrit les premières révoltes à Rome presque 500 ans après les faits) mais ce qu'il rapporte, il le rapporte avec beaucoup de finesse. Et puis il un autre avantage conséquent : il a vécu l'effondrement de la République ! Il a vu donc jaucher le cycle de vie de la République Romaine et la répétition fatale des mêmes causes dans le temps. Ils pouvaient donc comparer les évènements. Certes, il s'en garde, et c'est tout à son honneur, on devine le souci d'objectivité qui est le sien, mais cela devait être certainement présent à son esprit, lui qui venait de vivre une très violente guerre civile...

  • Les finances des États au bord du gouffre ?

    Je prie pour que le scénario catastrophe ne se produise pas, et je songe en mon for intérieur que jamais encore l'avertissement de François Bayrou sur notre dette n'avait pris tant de force qu'aujourd'hui. Bien sûr, Pébereau ou Christian Blanc avaient fait ce même constat dès 2005, mais seul Bayrou a osé en faire un thème de campagne, et quel thème !

    Je me demandais hier si la France allait trouver des prêteurs pour son plan de relance, constatant les difficultés des pays voisins. Or, je viens de lire dans Le Monde d'aujourd'hui que les USA ont peiné à trouver des acheteurs pour 28 milliards de dette à échéance de trois années. Jusqu'à il y a peu, les dettes des États étaient jugées par les marchés comme les investissements les plus sûrs. Mais ils commencent peut-être à les bouder. Or, si les acheteurs font la fine bouche devant les émissions américaines ou allemandes, que croyez-vous qu'ils vont faire avec les émissions françaises ? Accessoirement, s'il y a aujourd'hui une crise de liquidités, en croyant bien faire, les États pourraient assécher littéralement le marché des crédits, et faire grimper les taux sérieusement. Pour trouver preneurs les États vont devoir hausser leurs taux d'intérêt. Ce qui veut dire, pour la France, que nous allons payer encore plus cher et notre plan de relance, et nos déficits ordinaires. En fait, cela signifie tout simplement que nous ne pouvons plus nous permettre de déficits ordinaires.

    Je n'ose même pas imaginer ce qu'il va se produire dans un état comme la Grèce. Le laxisme budgétaire (mais pas seulement, on peut lire à cet effet l'excellent entretien du Figaro avec Takis Théodoropoulos) y a été tel que ce ne sera plus une explosion sociale, mais un basculement de grande ampleur que l'on peut craindre là-bas.

    Le mélange explosif du crédit facile et de l'endettement des États risque de mettre le feu pas seulement au système financier international mais à l'économie mondiale. Et personne ne devrait s'en réjouir ou le souhaiter : ils seront les premiers à payer cash une telle explosion.

  • Le PDE veut une voix européenne unique

    Je continue à diffuser en exclusivité la feuille de route du Parti Démocrate Européen, à la suite de son congrès des 4 et 5 décembre derniers. Je rappelle que le MoDem est membre fondateur du PDE et que sa création s'est faite à l'initiative, principalement, de François Bayrou, Francesco Rutelli (Margarita) et Marielle de Sarnez.


    Une nouvelle gouvernance mondiale

    La crise financière a condamné l'organisation du monde issue de la fin de la guerre froide et définitivement mis en évidence la nécessité d’un plus d’Europe et d’une véritable gouvernance démocratique et sociale de la mondialisation.

    Nouvel ordre mondial, nouveau leadership.

    Nous devrons donc proposer un nouveau leadership entre partenaires égaux, grâce à une approche internationale plus ouverte de la part des Etats-Unis sous la présidence de Barack Obama, et tenant aussi compte du fait que de nouveaux acteurs mondiaux sont déjà apparus, comme la Chine, l’Inde ou le Brésil, et que de nouvelles intégrations régionales se profilent en Asie, en Afrique et en Amérique Latine.

    Pour ce qui est de la scène internationale, à commencer par le  G8, il faudra  résoudre le problème de la fragmentation européenne. Aujourd’hui les Européens préfèrent le nombre : des quotas séparés au Fonds monétaire international pour les différents membres de la zone euro, quatre gouvernements plus la Commission Européenne au G8, et maintenant au G20, avec comme résultat visible l'étalage de leur division au lieu d'exploiter pleinement le potentiel de l’intégration pourtant déjà engagée.  Il faut au contraire se donner les moyens de  l’influence, par une représentation unifiée de la zone euro au sein du Fonds monétaire international et allant rapidement vers une voix européenne unique au  G8, comme dans les autres forums et organisations internationales.

    Une voix européenne unique sera davantage écoutée au moment où seront jetées les bases d’une nouvelle gouvernance financière mondiale.

    Ainsi croîtra notre influence, et nous porterons la preuve de notre authentique volonté à inclure pleinement les nouvelles puissances, aujourd’hui insuffisamment représentées et fort méfiantes envers le système de Bretton Woods devenu vétuste.

    Il nous faudra aussi entreprendre des efforts démultipliés pour défendre nos valeurs, nos principes et notre modèle dans un monde où il n’y a plus de connexions, ni d'automatisme entre croissance économique et démocratie libérale, où de nouveaux États ayant des modèles politiques très différents et bien moins démocratiques que nous, comme la Chine ou la Russie se sont affirmés comme nouveaux acteurs économiques mondiaux.

    Il nous faut enfin offrir des garanties adéquates à la dimension sociale ; une nouvelle stratégie s’impose, qui assure la compatibilité entre la promotion de normes de protection des travailleurs, la gouvernance sociale et les exigences de croissance des pays en développement.

    L’Union Européenne dans son ensemble a construit un modèle de règles et de participation des partenaires sociaux qui dans ses principes de base représente un modèle valable pour commencer à rééquilibrer le décalage qui persiste entre la mondialisation économique et l’affirmation des droits sociaux fondamentaux.

  • Relance : la France va-t-elle trouver des prêteurs ?

    Je reviens du blog Objectif liberté avec une grande inquiétude. A vrai dire, je me pose la même question que l'auteur du blog : tous ces plans de relance sont bien gentils, mais comment les gouvernements européens, dont la France à la situation financière dégradée vont-ils trouver de l'argent sur des marchés rendus très méfiants par la crise du crédit ? Or, j'apprends par Objectif Liberté que l'Allemagne, pays pourtant de bonne réputation, a eu toutes les peines du monde à lever un emprunt de 7 milliards d'euros ! Or d'après Objectif Liberté, les Allemands ne sont pas seuls à éprouver des difficultés. Les Hollandais aussi ! Et comme l'Amérique va également lancer son plan de relance, elle va à tous les coups chercher des capitaux. Je crains un encombrement fatal, et un service de la dette qui explosera littéralement, contraignant la France à des réductions budgétaires sans précédent.

    Tout ceci va mal finir. Les différents gouvernements s'obstient à creuser les déficits depuis deux décennies. Seul Bayrou lors des présidentielles avait fait de la dette un objectif majeur. Nicolas Sarkozy s'est contenté d'en récupérer la thématique pour finalement continuer à creuser les déficits. Nous n'avons actuellement ni les moyens de faire des dépenses nouvelles ni ceux de consentir des crédits d'impôts supplémentaires. En réalité, comme le prône Jean Peyrelevade dans son livre Nicolas Sarkozy, l'erreur historique, pour retrouver des marges, il faudrait à la fois alourdir la fiscalité et réduire les dépenses. Comme je le disais hier, nous avons raté une occasion historique avec le pétrole.

    On est mal...La France va finir comme l'Argentine il y a une dizaine d'années. Personne ne veut y croire parce que la France se prend pour un grand pays et se voit indéfiniment solvable, mais le marché des capitaux, faute de liquidités, pourrait bien finir par considérer les choses d'un tout autre oeil...

  • Essence du libéralisme et clivages

    L'étiquette libérale, dans notre pays, donne souvent lieu à des quiproquos fameux, plusieurs tendances politiques se réclamant du libéralisme. La droite se réclame, dans l'ensemble du libéralisme, mais, la gauche rétorque qu'elle ne reçoit que le libéralisme politique. La cause en est que jusqu'à fort tard au XIXème siècle, il n'y a pas d'oppositions notables entre les libéraux de gauche et les libéraux de droite. Encore aujourd'hui, on cite volontiers tant à gauche qu'à droite Tocqueville et Montesquieu. Les choses vont sérieusement se gâter avec l'apparition du positivisme. Le rationnalisme intrinsèque du positivisme et la conviction qu'il puisse s'appliquer intégralement aux choses humaines, va générer un clivage notable entre libéraux de gauche et de droite. En effet, dès lors que la raison est applicable à toutes les choses humaines, rien n'empêche de faire de ces dernières l'objet d'expérimentations, et , par suite, d'expérimentations reproductibles. Sur cette base, on peut donc établir des sciences humaines. On peut dire qu'elles sont apparues avec le positivisme.

    Je poursuis (très lentement...mais sûrement !) ma lecture de la synthèse de Thierry Aimar sur l'école autrichienne d'économie. Cette école est majeure dans notre début de siècle, parce qu'elle a largement inspiré les politiques économiques de plusieurs grands pays, dont les USA, pendant les 40 dernières années, et parce que les recherches et thèses de ses plus grands représentants représentent un tournant sans précédent dans le libéralisme. En particulier, les deux grands Anciens que sont Mises et Menger récusent catégoriquement toute forme de physiologisme social. Ils utilisent certes l'outil logique, mais uniquement pour étudier l'entendement humain et ses catégories logiques. Ainsi, si des individus comme Mises et Menger en viennent à l'économie, c'est pour avoir d'abord étudié les sciences sociales. D'une certaine manière, on peut même dire que l'économie est une science sociale de droite. Tout comme la sociologie, toute empreinte de positivisme, est une science sociale de gauche.

    L'objectif d'un Menger, c'est de reconstituer le processus par lequel des comportements et des stratégies individuels aboutissent à des phénomènes collectifs complexes. La sociologie moderne commence très exactement aux antipodes de cette approche, puisqu'elle considère en premier les comportements collectifs.

    Il y a donc là une vision de l'être humain qui sépare radicalement la droite et la gauche. Et, c'est l'individu qui est au centre de ce clivage. La droite tend à faire confiance naturellement aux forces vives de l'individu, alors que la gauche, sans nécessairement s'en défier, ne le croit pas capable d'affronter le monde sans assistance. Les deux points de vue peuvent bien sûr se défendre, et, aujourd'hui, les idées de gauche et de droite se sont suffisamment inter-pénétrées pour être intégrées dans le positionnement politique et des partis de droite, et des partis de gauche. Il n'en reste pas moins que la nuance persiste.

    Mon cheminement personnel est assez significatif de ce clivage et de ce mélange. Je suis parti à gauche, et aujourd'hui, je me retrouve au centre-droit. Toutefois, au plus fort de mon engagement à gauche, j'ai toujours ressenti une gêne, comme si je ne parvenais pas à me convaincre du dogme socialiste pourtant maintes fois récité. Il tient à très peu de choses que je n'ai pas rejoint les JDS (Jeunesses Démocrates Sociales) à 20 ans : personne à l'autre bout du fil, tout simplement.

    La conscience est étrange : elle réagit d'autant plus fortement qu'elle pressent que l'esprit est altéré. Je n'ai jamais eu autant de "mauvaises pensées" qu'au tant où je mettais le cap à gauche. Les pensées droitières émergaient avec d'autant plus de force à la surface que je ne parvenais plus à les contrôler au point de choquer la "gauchitude" qui se trouvait à mon contact immédiat.

    Toutefois, mon obédience libérale demeure modérée. A cet égard, la Nouvelle UDF, métamorpjosée par la suite en MoDem,  et Bayrou ont été un cas d'école assez intéressant. L'UDF était un parti libéral. Le MoDem, sur le fond, est aussi un parti libéral. Sauf que l'UDF était un parti libéral de droite, alors que le MoDem est plutôt un parti libéral de gauche. De centre-gauche, certes, mais plutôt à gauche, quoi qu'on en dise. Mais vraiment libéral aussi. Je veux dire par là que le libéralisme du Mouvement Démocrate n'est pas un libéralisme de pacotille comme celui de Delanoë.

     

  • Pétrole, l'occasion manquée

    Le baril de pétrole a vu son prix chuter lourdement depuis quelques mois. Quand j'y réfléchis, je me dis que notre gouvernement, mais il n'est pas le seul, les autres gouvernements européens aussi, a raté une occasion historique. Puisque les Français, et plus généralement les Européens, avaient pris acte du prix du pétrole, il eût été intelligent d'augmenter les taxes à proportion de ce que le prix des carburants redescendaient. De cette manière, les États auraient pu constituer rapidement et à peu de frais une cagnotte de bonne taille.

    Avec cette cagnotte, on pouvait alors investir pour sauter le pas décisif qui nous permettrait de basculer d'une énergie fossile à une énergie verte, en tout cas, moins polluant. C'est d'ailleurs ce que François Bayrou proposait dans sa conférence de presse samedi dernier. Étant donné les montants importants des factures énergétiques, on pouvait espérer ainsi collecter plusieurs milliards d'euros en très peu de temps. En effet, entre un baril de pétrole à 200 dollars, et un baril à 60 dollars, il y a une marge phénoménale qu'il eût convenu d'exploiter.

    Dommage...

  • Relance : Bayrou propose des euro-obligations

    C'est marrant, ça : Bayrou a fait une proposition qui me paraît très intelligente pour sortir de la crise et pas un seul mot dans les médias, pas même sur Internet...Heureusement que j'ai pu visionner sa conférence de presse sur le site du Mouvement Démocrate, sinon, je n'en aurais jamais eu vent ! De manière générale, aucune reprise ou presque des remarques les plus fortes contre le projet de relance de Sarkozy.

    Bayrou réagissait au plan de relance de Nicolas Sarkozy, et voici ce qu'il proposait (12mn45s sur la vidéo) : il note que le plan ne permettra pas de changer la face de la crise. La réalité comptable du plan est falsifiée puisqu'il faut enlever des sommes annoncées celles qui sont déjà prévues. La question n'est pas d'investir plus mais de déjà sauvegarder les investissements qui ont déjà été faits. 4 milliards, c'est 0.25% du PIB du pays, c'est à dire insignifiant. On ne peut arrêter la crise ainsi. La France n'a plus de marges de manoeuvre d'où la faiblesse de ce plan. L'endettement et les déficits de la France sont tels qu'on ne peut plus intervenir. Aucune mesure contracyclique à l'échelle nationale n'est envisageable à cause de cette faiblesse.

    Bayrou propose un grand emprunt européen mutualisé de 3% du PIB, mutualisé du point de vue des taux envisagés pour ces taux, et dans lequel chaque état aurait été libre de puiser pour conduire cette politique de relance. Mutualisation du risque, réflexion en commun sur les meilleures méthodes pour relancer l'activité et une démarche européenne, voilà ce que l'on aurait pu attendre d'une telle initiative. Les opinions ont actuellement le sentiment que c'est du "chacun pour soi" actuellement. Bayrou déplore donc cette absence de solidarité. Rappelons, d'ailleurs, que la solidarité est au coeur du projet du MoDem et du PDE.

    Pour revenir sur le plan, les mesures choisies ne peuvent pas être efficientes : par exemple, 1000 euros de prime à la casse, cela ne fera pas repartir  l'industrie automobile. Cela aurait été au contraire le moment d'accélérer le passage à des motorisations propres, par exemple les véhicules électriques puisqu'il semble qu'on soit très proche de les mettre en circulation. Quelle occasion ratée !

    Au passage, concernant l'exonération de charges, Bayrou avait proposé une toute autre idée que Sarkozy. Bayrou avait proposé tout type d'emploi, pas seulement SMIC (car la mesurer actuelle va surtout virer à la trappe à salaire), pour tout type d'entreprise et pour 5 ans.

    Ce qui est bien avec les impasses médiatiques, c'est que nous, adhérents et militants du MoDem, rien que pour rétablir la vérité, nous avons du boulot...