J'ai la chance d'avoir des commentateurs de qualité ici, je l'ai souvent dit. A mon billet précédent sur l'image du MoDem, j'ai eu une réponse magistrale de Nicolas007bis dans laquelle je me reconnais à 100%. En voici la teneur :
Difficile en effet !
Pour plusieurs raisons à mon sens.
Tout d’abord, parce que cette manière de ne pas vouloir s’inféoder à un camp ou à un autre est considérée, par beaucoup, comme de l’indécision ou pire encore de l’opportunisme. On ne sort pas aussi facilement d’une ancestrale dichotomie Droite – Gauche qui t’oblige à choisir ton camp. A cela se rajoute le fait que malgré ce souci d’ouverture vers ce qu’il y a de mieux d’un coté comme de l’autre qui a été le fondement du discours de François Bayrou, celui-ci et le Modem en général ont paru être plus souvent sur la même ligne que les Socialistes que de l’UMP ce qui rajoute à la confusion.
Je crois que sur ce point, l‘aversion de François Bayrou pour Sarkozy, dessert plutôt l’image du Modem. Il serait souhaitable qu’il en prenne conscience.
Au Municipales, les alliances ici avec listes de Gauche et là avec des listes de Droite ont été qualifiées par les autres partis et plus grave encore par les medias comme étant à « géométrie variable ». Or, c’était pourtant en parfaite cohérence avec le positionnement du Modem !
Le travail d’explication déjà délicat a été rendu d’autant plus difficile que les Municipales ont laissé l’impression que le Modem n’était qu’un ensemble hétérogène d’individus aux motivations plus ou moins claires. Il aurait été préférable que le Modem en tant que tel, de manière « officielle », définisse plus précisément les conditions d’alliances avec une autre liste au lieu de laisser les candidats locaux faire leurs propres choix au prix de ce qui a pu apparaitre comme des petits arrangements au service d'ambitions personnelles.
L’autre raison pour laquelle il est difficile d’améliorer l’image du Modem, est que le Modem manque de têtes d’affiche. Elles ont toutes fuies vers des cieux plus prometteurs. Certaines par opportunisme pour garder leur siège qui de député, qui de sénateur mais d’autres probablement par réelle et sincère déception. Il serait certainement utile de s’interroger sereinement sur les causes de cette hémorragie.
Autre point étroitement lié avec le précédent, le Modem étant perçu comme le parti au service des ambitions d’un seul homme, il n’est guère entendu en tant que tel. Seul François Bayrou est écouté, le reste du Modem étant considéré comme l’intendance. Or tout le monde se fout de ce dit l’intendance d’autant plus que sa parole n’est portée que par des « anonymes » (ce qui n’a rien de péjoratif évidemment).
Si le Modem veut se doter d’une vraie personnalité, il lui faut une ligne directrice. Il manque un vrai cadre idéologique à partir duquel il pourrait structurer un discours et une attitude politique homogène et visible. Aussi populaire soit-il, un programme se limitant au slogan « Bayrou président » ne peut suffire.
Bon, j’ai conscience que tout cela ne répond pas vraiment à ta question mais il me semble que pour faire avancer le Modem, ou améliorer son image, il est nécessaire en préalable d'être d'accord sur ce que sont ses faiblesses.
J'ajoute que Benoît, dans le même fil de commentaires, fait observer que le MoDem ne dispose toujours pas de plate-forme programmatique. Après plus d'un an d'existence, il serait grand temps de s'en doter, en effet...
Commentaires
+1 et applaudissements... mais tout de même, n'oublions pas Corinne Lepage et Marielle de Sarnez qui sont médiatisées ; quant au cadre idéologique, ne poussons pas, il n'est tout de même pas inexistant... même si je vous accorde qu'il traîne un peu à émerger complètement...
Pour répondre à la question, il nous faudrait par exemple des argumentaires défensifs (réponses aux attaques, voire aux faits : cf. les absences de FB à l'assemblée nationale) et offensifs (réactions aux mesures gouvernementales et surtout propositions alternatives lorsque c'est nécessaire - càd souvent) pour les diffuser sur internet et physiquement dans les conversations.
@Florent
+1
+1 et beaucoup d'autres
Concernant les municipales, au delà de la confusion, il me semble qu'elles ont permis de faire entrer dans la tête des gens que le MoDem n'était pas un supplétif de l'UMP (comme l'était étiqueté l'UDF), sans pour autant devenir un supplétif de la gauche. C'est un point souvent sous-estimé mais qui me parait très positif et essentiel pour le devenir du mouvement.
Concernant les têtes d'affiche, l'UMP et le PS en ont plus que le MoDem, c'est clair, mais qu'est-ce qu'ils en font ? Des deux côtés on a abondance de discours contradictoires. C'est pratique si on veut se trouver une caution, soit à gauche soit à droite, il se trouvera bien un orateur qui aura dit quelque chose avec laquelle on peut être d'accord. Mais en terme de politique effective, seule la parole de Sarkozy importe en fin de compte.
Un angle d'attaque facile consiste à relever ces contradictions. C'est même trop facile avec le PS, st si on ne veut pas tirer sur l'ambulance il suffit de pointer celles de l'UMP.
@ Daryn
Oui, et sur l'Europe, les contradictions, elles sont patentes.
Voilà une réflexion de qualité qui pourrait incontestablement nous permettre de reprendre un nouvel élan . Beaucoup de choses ont été gâchées ...
La stratégie de base des municipales était excellente - alliance aussi bien à gauche qu'à droite ; mais elle aurait du s'accompagner d'un cadrage national, une sorte de cahier des charges, tel que le réclame ou le suggère Benoit . Voilà qui aurait permis une meilleure visibilité et une meilleure compréhension, communication aux yeux de l'opinion publique . Ainsi nous aurions pu être moins facilement taxés de girouettes ou d'opportunistes à raison et plus souvent à tort , tout en valorisant nos propositions.
Nous avions construit de superbes références au travers de notre charte éthique et celle des valeurs, décidément l'"enfer" peut être pavé de bonnes intentions ! Les règles éthiques et de respects élémentaires
sont trop souvent ignorés étrangement entre nous . Comment les faire valoir à l'extérieur après ? Je garde encore à l'esprit l'absence de simples remerciements pour les militants ou de pot de fin de campagne, de certains nos candidats marseillais aux législatives et aux municipales ... L'un d'entre eux , est vice président du Modem .
Simple anecdote bien entendu, je la trouve significative .
Concernant nos têtes d'affiche et nos ressources humaines . Le point faible du Modem comme il est dit souvent par les médias . Je trouve désolent à ce titre qu'on ne valorise pas plus le ralliement à nos cotés de Jean Francois Kahn !
C'est un type d'une grande qualité morale et intellectuelle et de surcroît très populaire . Marianne dont il est le fondateur et encore aujourd'hui la figure emblématique, est le news français le plus lu et le plus vendu !
Autre remarque dans ce fil, les départs de certaines personnalités ( pas toujours loyales ... ) ont eu comme corollaires parfois de créer des fenêtres d'opportunités ( la création d'un nouveau parti en est dèjà une ) à des opportunistes de premières qui n'ont pas manqué de venir occuper le terrain au Modem, après avoir été chassé ailleurs . Le sujet est sensible et tabou, on peut le comprendre, mais il nous mine de l'intérieur . Alors que faire ? Une chose est sur, nous ne pourrons vivre longtemps de faux semblants . La grande force d'attraction de Bayrou puis du Modem, a été son parlé vrai . Le divorce trop prononcé entre le dire et l'agir n'a pas plus sa place, sauf à cultiver délibérément le mensonge et la perversion du langage . Cette option ne relève pas de la simple spéculation gratuite, certains y songent ; car la crise actuelle est le terreau propice à toutes sortes d'aventures politiques , sans rapport avec le projet politique initial qui nous a réuni ...
La force du Modem ce sont ses militants, nous devons la faire prospérer, je crains que nous fassions le contraire à l'heure actuelle .
@ Patrice
L'idée du cahier des charges est très bonne. Pour ma part, j'ai regretté que le MoDem n'ait pas défini un programme en matière de politique de la ville. Voilà qui nous aurait permis de nous appuyer sur quelque chose de tangible. C'était imprudent de vouloir réduire entièrement les municipales à des enjeux exclusivement locaux. C'était le pari de Bayrou, mais, à mon avis, sur ce point, il a fait erreur.