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Bayrou - Page 53

  • Retraite à 70 ans, l'art de faire des économies...

    Dans la catégorie des réformes bidons particulièrement pourries qui cachent leurs véritables intentions, la retraite à 70 ans tient la corde pour obtenir la palme. Le plus drôle, c'est que tout le monde ne semble y voir que du feu !!!

    Voyons, le véritable objectif, ce n'est pas de rendre le travail possible jusqu'à 70 ans : le véritable objectif, évidemment, c'est de payer beaucoup moins les retraites par un effet tout à fait mécanique.

    Soyons sérieux : on sait très bien que passé 50-55 ans, les chercheurs d'emploi n'ont quasiment aucun espoir de trouver un emploi, et que dans pas mal d'entreprises on essaie de dégager les seniors.

    Donc, on se doute que les gens ne travailleront pas jusqu'à 70 ans. En revanche, pour le calcul des cotisations, ce ne sera plus 60 ans mais bientot 70 ans qui sera pris en compte.

    Cela permettra donc de baisser à bon compte le montant des retraites actuelles en arguant que les années de cotisation ne sont pas complètes. Ingénieux, non ?

    Conclusion, François Bayrou a bien eu raison de voler dans les plumes du gouvernement sur cette question.  Il a en effet très bien compris l'enjeu qu'il énonce nommément, et je le cite :

    «Un tel amendement ne peut avoir comme objectif que d'inscrire dans un texte que 70 ans est un âge normal pour la retraite", afin d'en faire "une référence».

    Il a très bien compris. Et devinez quoi ? Pas un média n'a repris son intervention. Pire, même sur Internet, je crois être le seul sur Google Actualités à avoir relayé ses déclarations. Même sur la blogosphère MoDem il n'y quasiment pas eu d'échos. Je me disais, il va y avoir une levée de boucliers sur ce coup-là...ben non, silence radio général...

    Au passage, il observe que pas mal d'emplois ne sont exerçables que dans la force de l'âge : en décrétant les 70 ans, on s'assure de payer moins la retraite des gens concernés parce qu'ils ne pourront pas aller jusqu'à 70 ans, sauf à crever à la tâche...

    J'imagine la tête de Zola qui a tant été frappé par la misère de la condition ouvrière s'il devait lire les projets gouvernementaux actuels...

     

  • Travail jusqu'à 70 ans : Bayrou dénonce "une régression sociale"

    epinal-061108-bleu-foret-4-300.JPEGEn déplacement dans la région est de la France, François Bayrou a qualifié de "régression sociale" le projet de report à 70 ans de l'âge limite de départ à la retraite, qui doit à son avis être "refusé par les Français"....

    "Une telle régression sociale, un tel bouleversement de la société doit être refusé par les Français. Le pouvoir n'a pas tous les droits", a déclaré François Bayrou à l'AFP, à l'issue d'un déplacement de deux jours à Epinal (Vosges) où il a visité des entreprises du textile et du bois.

    Sur la forme, il a dénoncé "la manoeuvre qui a consisté à faire passer subrepticement et nuitamment un "amendement" (NDLR: voté par les députés en fin de semaine dernière) pour porter l'âge de la retraite obligatoire à 70 ans"."L'idée qu'un sujet de cette gravité soit traité par surprise, en vérité avec la complicité active du gouvernement, si ce n'est à sa demande, sans aucune concertation, est intolérable", a jugé le président du Mouvement  Démocrate.

    Sur le fond, "si on commence à mettre le petit doigt dans ce mécanisme, le bras entier sera emporté", a-t-il estimé. "Un tel amendement ne peut avoir comme objectif que d'inscrire dans un texte que 70 ans est un âge normal pour la retraite", afin d'en faire "une référence".

    "En vérité, cela prive nombre de Français et leurs familles de la perspective d'une vie alerte et en forme, après la période de vie professionnelle", a estimé le député des Pyrénées-Atlantiques. "C'est même ingérable pour les entreprises", a-t-il également relevé, car "il y a des postes de travail très nombreux qui ne peuvent être assumés que dans la force de l'âge".

  • La baffe de Ségolène à Bertrand...et aux sondeurs !

    Il y a des matins, comme ça, allez savoir pourquoi, on se réveille de bonne humeur :-) Mercredi matin, je sifflotais sous ma douche en songeant que les Américains avaient bien voté, et ce matin, je fredonnais l'hymne à la joie en pensant qu'une part conséquente des militants socialistes avait bien voté, à Reims :-)

    Je fais partie de ceux, au MoDem, qui pensent que l'on peut travailler avec Ségolène Royal (mais pas avec Besancenot, il faudra choisir, charmante et belle Ségolène).

    C'est donc une bonne nouvelle de voir que Ségolène Royal peut encore, au sein de son parti, emporter beaucoup d'adhésions (29% des suffrages en vue du congrès de Reims). Evidemment, il est probable que Martine Aubry et Bertrand Delanoë s'allient d'ici jeudi prochain. Dommage. Je trouve Martine Aubry sympathique, mais je vois bien qu'entre elle et Ségolène, il y a comme une incompatibilité d'humeur, voire de tempérament...

    C'est une bonne baffe aussi aux sondeurs qui prédisaient l'oubli à Ségolène Royal. Il faut dire aussi que si 41% des socialistes jugent que l'alliance avec le MoDem doit être privilégiée, on comprenait mal comment ils pouvaient estimer que le sectaire Delanoë ait vocation à diriger un parti socialiste rénové. Il y avait là comme une contradiction qui a trouvé là son issue.

    Soit dit en passant, c'est plutôt un succès pour Martine Aubry, bien au-delà de ce que les sondages prévoyaient. A la décharge des sondeurs, il faut préciser qu'ils ont interrogé des sympathisants socialistes, et non des militants, ce qui fait une différence, le militant, quel que soit son parti, étant une espèce particulière assez peu sensible aux sirènes de l'opinion commune (il faut lui reconnaître cette qualité au milieu de tant de travers).

    Pour ma part, je trouve que ce résultat est une bonne nouvelle pour le MoDem et pour François Bayrou. Et puis ça a du leur faire plaisir chez Désirs d'Avenir des Yvelines...Au passage, j'ai lu sa motion. Je la commenterai dans un autre billet, il y a des choses pas mal, dedans.

  • Statut de Mayotte, Bayrou ne veut plus d'hésitation

    bayrou-media-petit.jpgFrançois Bayrou, en déplacement à Mayotte a participé aux célébrations du cinquantenaire du Congrès de Tsoundzou, au cours duquel les notables mahorais avaient pour la première fois, le 2 novembre 1958, émis le voeu d'obtenir pour Mayotte le statut de département français. François Bayrou a souhaité dimanche que le gouvernement "arrête d'hésiter" sur le statut de Mayotte. "Ca fait 50 ans que Mayotte a demandé la départementalisation. Si en 50 ans, la France n'est pas capable de répondre à un territoire après tout de dimension modeste comme Mayotte, alors c'est que La France manque à ses devoirs."

    "Je pense qu'il faut arrêter d'hésiter. Mayotte a choisi la France et a dit oui à la France et la France doit dire oui à Mayotte."
    Mayotte, une des îles de l'archipel des Comores, avait été la seule à décider de rester dans le giron français lors d'un référendum sur l'indépendance en 1974.
    Elle a le "statut de collectivité départementale d'outremer", mais son conseil général souhaite qu'elle devienne un département à part entière, ce qui permettrait notamment d'avoir le RMI et un SMIC équivalent à celui de la métropole. Le gouvernement a prévu d'organiser un référendum sur le statut de Mayotte au premier semestre de 2009.

  • Européennes : le MoDem à 11%

    D'après un sondage IPSOS, le MoDem serait actuellement à 11% d'intentions de vote pour les Européennes de 2009. PS et UMP feraient 21.5 et 22.5, les Verts 10.5, le NPA 8.5, le MPF 8% et le FN 6%.

  • Mesures pour l'emploi : un sentiment de déjà vu pour Bayrou

    François Bayrou estime que les mesures sur l'emploi annoncées par Nicolas Sarkozy donnaient l'impression d'avoir été entendues 10 fois sous les gouvernements précédents et qu'on allait refaire ce qu'on avait défait. "Ce sont les mêmes recettes. Elles peuvent être, ici ou là, pas inutiles. Mais ce qui reste au bout du compte, c'est qu'on va refaire ce qu'on avait défait, en attendant j'imagine de défaire ce qu'on aura refait. C'est l'éternel retour des solutions classiques dont l'ampleur est d'ailleurs assez faible par rapport à la crise qui arrive. Car 100.000 emplois aidés, à supposer que ces chiffres soient réels, ça n'est pas davantage que l'augmentation des demandeurs d'emplois sur deux mois". Il a également relevé "le contraste entre les moyens que devrait exiger le suivi personnalisé des personnes qui cherchent un emploi, et la baisse annoncée des moyens" qui lui sera accordé. En revanche, François Bayrou porte un jugement plus favorable sur le contrat de transition professionnelle, qui peut, selon lui, "ne pas être inutile lorsqu'il sera généralisé", tout en demandant: "Dans combien de temps? On retombe sur la question des moyens".

  • Philosophie de la crise financière

    A nouveau une note plus que remarquable de Marie-Anne Kraft , militante MoDem, et vice-présidente de la Fédaration du Val-de-Marne sur la crise financière. Je la publie intégralement ici :

     

    Philosophie de la crise financière ... et question sur notre civilisation

    Après l’effondrement du système communiste dans les années 90, nous venons de constater la ruine et l’échec du modèle néocapitaliste anglo-saxon libéral, fondé sur la recherche du profit individuel et sur la loi du marché (et la loi du plus fort, quitte à laisser les faibles sur le carreau) supposée équilibrante et autorégulatrice, créatrice de richesses pour le bien-être de tous.

    La question essentielle qui se pose à nous est la suivante : allons-nous colmater les brèches de ce système et continuer à faire tourner le même moteur en le bridant, devons-nous "refonder le capitalisme", ou bien existe-t-il un modèle alternatif ?

     

    Les leçons de la crise sur le modèle néocapitaliste

    Après l’effondrement du modèle communiste au début des années 90, nous venons de constater la ruine et l’échec du modèle néocapitaliste anglo-saxon libéral, fondé sur la recherche du profit individuel et sur la loi du marché (et la loi du plus fort, quitte à laisser les faibles sur le carreau) supposée équilibrante et autorégulatrice, créatrice de richesses pour le bien-être de tous.

    Mais quand ce système crée de la richesse, il accroit en même temps les inégalités, que ce soit au sein des nations ou entre les nations (Nord/sud). Voir mon article en attestant. Ce système n’est pas juste et il n’est pas durable.

    De plus il est basé sur l’illusion. Illusion d’un marché parfait dans la transparence de l’information et la parfaite concurrence, l’équilibre des prix entre l’offre et la demande. Or le marché n’est pas parfait comme l’a démontré Joseph Stiglitz : l’accès à l’information n’est pas le même pour tous, certains étant privilégiés, la concurrence est faussée (effet des concentrations et des lobbyings), le prix de marché à un instant t reflète un prix marginal entre une offre et une demande marginale, le prix que les quelques acteurs en excédent de demande seront prêts à payer (le prix s’appliquant alors à tous), d’où les hausses fulgurantes vues cet été sur le pétrole et les matières premières ; de plus le prix de marché est plus basé sur la spéculation de la valeur future que sur la valeur réelle. Ce prix « marginal » s’appliquant à tout le stock, notamment pour la valorisation d’actifs dans les portefeuilles, dans les bilans (« fair value », « mark-to-market »), il donne l’illusion d’une valeur des biens, des entreprises, des banques, par la valeur de marché, qui en fait n’est pas forcément une valeur réelle représentative des biens.

    Le résultat est qu’on vient de tomber de haut. La bourse a chuté d’environ 50% depuis le 1er janvier 2008. Ce n’est pas une « destruction de valeur » réelle des actifs de l’économie (la capacité des entreprises à produire n’a pas été modifiée), mais c’est tout comme car c’est la prise de conscience que la valeur de patrimoine de l’économie est deux fois moindre que ce que l’on croyait. Sans doute cette chute est-elle d’ailleurs bien trop forte comparée à une valeur « réelle », car l’effet violent du marché est toujours exagéré et en l’occurrence on surestime sans doute trop les risques tant que la confiance est à ce point entamée.

    Illusion, bulle, ... puis désillusion, éclatement de la bulle. Perte potentielle pour les épargnants, les retraites capitalisées, les assurances vies (comparée à ce qu’ils croyaient détenir). Perte brutale pour les banques dans leurs comptes à cause du fameux « mark-to-market », les obligeant à aligner plus de fonds propres pour couvrir ces pertes et faire face au reste de leurs engagements, eux-mêmes devenus plus risqués dans un contexte de récession économique. Pertes induites pour l’Etat et in fine le contribuable (émission de dette d’Etat même si elle est temporaire en attendant des jours meilleurs, afin de renflouer les banques, augmentant ensuite la charge financière de la dette). Pertes induites pour tous lorsque la crise financière devient crise économique (baisse de pouvoir d’achat, chômage) puis crise sociale.

    La question de projet de société, voire de civilisation

    La question est donc finalement la suivante :

    • va-t-on se contenter d’éteindre l’incendie, de colmater les brèches par le plan de soutien aux banques et la mise en place de verrous supplémentaires, d’une régulation renforcée, d’encadrement des abus d’appropriation des profits (parachutes dorés, rémunération des grands patrons et des traders), d’ajustement de normes comptables bancaires, puis continuer à faire tourner cette machine infernale basée sur le même moteur de recherche effrénée du profit individuel ? Est-ce cela « refonder le capitalisme » comme le propose notre président de la république Nicolas Sarkozy ? Apparemment les vœux pieux et contraintes souhaitées de développement durable et de solidarité aux pays les moins avancés n’arrivent pas à s’imposer et devront peut-être s’imposer par d’autres électrochocs ...

    • ou bien réfléchit-on vraiment en profondeur à un autre modèle ?

    C’est la question essentielle, existentielle, de notre civilisation.

    Si le modèle économique actuel ne fonctionne pas, il nous faut réinventer un projet de société et je dirais même plus un projet de civilisation. C’est ce que j’expliquais dans un article paru le 22 décembre 2007, avant même que Nicolas Sarkozy reprenne ce terme sur les conseils de Henri Guaino, s’inspirant du « projet de civilisation » de Edgard Morin.

    Je disais dans cet article que la civilisation actuelle connaît les premiers signes de sa mortalité, notamment au travers du défi écologique. Mais bien au delà de cette mortalité physique, elle souffre également de signes de mortalité morale et spirituelle, de perte d’humanité. Je disais aussi, reprenant François Bayrou, qui à mon avis est l’homme politique en France et même en Europe qui a le mieux analysé notre monde, compris la société actuelle et pressenti tout ce qui allait se passer :

    Le modèle de civilisation dominant est celui du néocapitalisme basé essentiellement sur des valeurs matérialistes, la recherche du profit, la valeur de l’argent, et le règne de l’image, du paraître, au détriment des valeurs humaines et spirituelles. Dans ce modèle règne la loi du plus fort. Ce modèle fertilise son pouvoir sur le terrain de la mondialisation. Il génère des inégalités croissantes dans le monde et dans chacune des sociétés qui le composent. Il ne sait pas venir à bout de la pauvreté dans le monde ni du désastre écologique qui menace la planète, car les intérêts matériels et particuliers à court terme l’emportent toujours sur l’intérêt général à long terme. Il ne paraît pas non plus rendre les gens plus heureux, contribuer à augmenter le niveau de bonheur des populations, sinon par une éphémère impression de bonheur représentée par l’argent, un pouvoir d’achat. La domination du monde par ce modèle induit implicitement cette civilisation à sa propre destruction.

    Les partisans de ce modèle, au travers de partis politiques, ne clament pas bien sûr qu’ils recherchent les inégalités croissantes et la loi du plus fort, qui en fait sont implicites des valeurs matérialistes qu’ils érigent comme prioritaires. Ils aiment se proclamer tenants de la Démocratie et de la République, bien qu’ils n’en respectent pas des principes fondamentaux, galvaudant ces nobles termes pour épicer leurs discours ou les rendre convenables. Leur stratégie politique est basée sur la séduction, le pouvoir des médias, la soumission aux sondages, une forme de populisme, la conservation du pouvoir par les puissants tout en entretenant une volontaire léthargie, passivité des masses, en les divertissant par les jeux, les programmes télévisés, en les faisant rêver par l’entretien d’événements people, le star system, l’espérance de gains où chacun a sa chance (loterie et loto), … et l’illusion que le salut est dans l’action effrénée, quel que soit son aboutissement, du moment que « ça bouge ». C’est la société du « zapping » perpétuel.

    Un autre modèle de civilisation a tenté de s’imposer au XXème siècle avec l’échec que l’on connaît matérialisé par la chute du mur de Berlin en 1989 et la période de la Perestroïka en URSS : le modèle socialiste communiste, très dirigiste, prônant l’appropriation des terres et bien de production par l’Etat, avec une centralisation extrême du pouvoir et de la redistribution des revenus. Ce modèle aboutit à un appauvrissement de la population, une déresponsabilisation des citoyens, à la prise de pouvoir par une oligarchie représentant l’Etat et s’octroyant des privilèges, à la dictature.

     

    Il y a donc bien à présent deux modèles de civilisation qui s’affrontent aujourd’hui sur notre planète, dont la concurrence alimentera le combat politique des prochaines décennies, pas seulement en France mais également chez nos voisins européens comme aux Etats-Unis et même dans le reste du monde, remplaçant le traditionnel clivage « Gauche-droite » en France, aujourd’hui dépassé :
    -d’un côté
    le modèle néocapitaliste basé sur des valeurs matérialistes, la loi du plus fort, qui génère des inégalités croissantes,
    -de l’autre
    le modèle démocrate et humaniste, priorisant les valeurs humaines et spirituelles, visant une justice croissante et un développement humain. Sans cependant nier la réalité économique et le contexte de la mondialisation.

     

    Quel moteur pour un modèle alternatif humaniste ?

    On connait le moteur du modèle néocapitaliste : c’est celui de la recherche et de l’accumulation du profit individuel même s’il s’exerce au détriment de l’intérêt général, celui de la loi du plus fort.

    En son temps, comme nous le rappelle Roger-Pol Droit dans un article du Monde d’hier, Aristote nous avait averti sur les dangers de l’Hybris et de la chrématistique.

    Je reprends les définitions (merci Wikipedia) :

    L’
    hybris (aussi écrit ubris, du grec ancien ϐρις / húbris) est une notion grecque que l'on peut traduire par « démesure ». C'est un sentiment violent inspiré par les passions et plus particulièrement, par l’orgueil. Les Grecs lui opposaient la tempérance ou modération (sophrosune).

    La chrématistique (de khréma, la richesse, la possession) est une notion créée par Aristote pour décrire l'état d'esprit de celui qui accumule le capital pour son plaisir. Aristote condamne cette attitude.

    Selon Aristote, l'accumulation de la monnaie pour la monnaie (la "chrématistique" dite "commerciale") est une activité contre nature et qui déshumanise ceux qui s'y livrent : suivant l’exemple de Platon, il condamne ainsi le goût du profit et l'accumulation de richesses. Le commerce substitue l’argent aux biens ; l’usure crée de l’argent à partir de l’argent ; le marchand ne produit rien : tous sont condamnables d'un point de vue philosophique.

    Bien qu'Aristote traite la chrématistique comme un ensemble de ruses et de stratégies d’acquisition des richesses pour permettre un accroissement du pouvoir politique, il la condamnera toujours en tant que telle et donnera une place beaucoup plus importante à l’économie. Sa théorie fut reprise par plusieurs religions et idéologies :

    • L’Eglise catholique tout au long du Moyen-Âge reprend la critique aristotélicienne contre cette conduite économique et la déclare contraire à la religion. De nombreux auteurs estiment que la mise en œuvre de cette doctrine fut un obstacle au développement économique.

    • L’Islam également. On parle même aujourd’hui d’une « finance islamique » (voir mon article sur le sujet) !

    • Karl Marx dans des pages du Capital reprend l'analyse des conséquences sur les personnes de ce qu'il nomme auris sacra fames (maudite soif de l’or) du nom latin donné à cette passion dévorante de l'argent pour l'argent.

    Le moteur de l’autre modèle humaniste doit être un autre moteur que celui du profit, valorisant l'homme au lieu du profit individuel et des valeurs matérielles. C’est facile à dire, moins à réaliser ! Il ne peut se décréter simplement au nom des valeurs morales. Il nécessite de passer par une prise de conscience des citoyens et une compassion naturelle pour l'autre, retrouver un sentiment de fraternité qui prime sur l'égoïsme. C'est très profond. Pour que l'ensemble des citoyens se comportent chacun en privilégiant ces valeurs et votent pour des gouvernants, pour un modèle de société, qui fonctionnera selon la primauté de ces valeurs.

    En attendant, il va falloir composer avec un modèle capitaliste toujours basé sur le profit individuel mais mieux encadré et régulé, et sous contraintes coercitives de respect de la durabilité (de l'environnement notamment), d'une plus grande justice sociale Nord/Sud et entre classes de populations, de principes moraux interdisant au niveau international des excès (rémunérations abusives) et des évictions à la loi (paradis fiscaux).

    Il va falloir contenir l’Hybris en attendant que s’instaure une sophrosune naturelle !

    A méditer ...

     

  • Les journalistes parlementaires invitent Bayrou

    bayrou-media-petit.jpgInvité par l'Association des journalistes parlementaires, François Bayrou a dénoncé "une régression sans précédent" à propos de la réforme de l'audiovisuel.
    Abordant ensuite le thème de l'éducation, il s'est dit "en désaccord fondamental avec la réforme de la classe de seconde" dénonçant une "logique du zapping".
    A propos de la gestion de la crise financière, François Bayrou a jugé que Nicolas Sarkozy "avait été assez juste dans la manière dont il a conduit les débats européens".. (Lire la suite)

    Réforme de l'audiovisuel: "une régression sans précédent"

    Répondant aux questions des journalistes parlementaires, ce mercredi 22 octobre 2008, sur  le projet de loi sur la réforme de l'audiovisuel, qui entérine notamment la suppression de la publicité à France Télévisions et qui devrait être voté en novembre, François Bayrou a estimé que la réforme de l'audiovisuel constituait une "régression sans précédent" et dénoncé "le cadeau aux chaînes privées" avec l'interdiction de la publicité sur les chaînes publiques. Il a déclaré : "La séparation des pouvoirs est durement atteinte par la réforme de l'audiovisuel" car "il n'est pas acceptable que le pouvoir considère qu'il a le droit de nommer le président de l'audiovisuel". "C'est une régression sans précédent, non seulement la nomination mais, pire la révocation" du président de France-Télévision", a-t-il ajouté. "Dans toutes les démocraties, le pouvoir appartient aux citoyens qui payent la redevance. Dans toutes les démocraties du monde, il existe un sas entre le pouvoir et l'audiovisuel public", a-t-il insisté. "Cette régression incroyable est accentuée par la décision" d'interdire la publicité sur les chaînes publiques, a-t-il dit. Cette décision est "un cadeau pour les chaînes privées" et met "les chaînes publiques sous la menace d'un garrot".

    Interrogé sur la déclaration du porte-parole de l'UMP Frédéric Lefevbre, selon lequel il est "évidemment nécessaire qu'il y ait un certain nombre de gens qui partent" de France Télévisions après la réforme, François Bayrou a répondu: "Il y a des gens de pouvoir qui ont choisi de démolir l'audiovisuel public" mais "ce n'est pas au parti au pouvoir de décider d'un plan social".

    Réforme de la classe de seconde : contre "la logique du zapping"

    Au cours de cette interview, François Bayrou, s'est dit  "en désaccord fondamental avec la réforme de la classe de seconde" dénonçant une "logique du zapping".
    "Transformer en modules et semestrialiser la classe de seconde au lieu d'avoir une construction du savoir dans le long terme, couper le savoir en tranches et le faire selon la logique du zapping, c'est une catastrophe", a-t-il déclaré devant la presse parlementaire.
    "Cette logique du zapping, qui est une logique consumériste, paraît séduisante, mais est anti-pédagogique", a poursuivi François Bayrou, à propos de la réforme de Xavier Darcos, qui fut son directeur de cabinet quand lui-même était ministre de l'éducation.

    Crise financière : Sarkozy "assez juste" dans sa conduite des débats européens

    François Bayrou a jugé enfin que Nicolas Sarkozy "avait été assez juste dans la manière dont il a conduit les débats européens", sur la crise financière.
    "Je lui ai donné acte d'avoir été présent et actif", a-t-il indiqué. "Dans la période récente, il a été assez juste dans la manière dont il a conduit les débats européens, mais il y a des tas de choses qu'il n'a pas faites", a-t-il dit en citant la régulation, les paradis fiscaux et une "action concertée et commune sur les secteurs pouvant être l'objet d'un soutien public".
    François Bayrou a par ailleurs répété que dans un contexte de crise financière, "le budget 2009 ne sera pas respecté" et que le "déficit filerait parce que les choix du gouvernement sont des choix qui nourrissent le déficit et ne le corrigent pas". "Il y a autant de chance d'avoir un déficit zéro en 2012 que de me voir entrer au couvent en 2012", a-t-il ironisé.

  • Soeur Emmanuelle : des trois ordres de Pascal à Epicure

    Soeur Emmmanuelle et François Bayrou sont deux individus pour lesquels j'ai beaucoup d'affection, pour des raisons d'ailleurs très différentes. Le décès de Soeur Emmmanuelle m'a donc personnellement beaucoup remué. Je l'écoutais sur France Info hier, et, à un moment, elle a exprimé lumineusement comment seul l'amour restait, in fine, parce que la matière était périssable. Et elle a évoqué les trois ordres de Pascal. Or, François Bayrou les avait lui aussi évoqués en décembre dernier.

    Dans les trois ordres de Pascal, corps, esprit et coeur (charité) il ne fait nul doute que c'est le troisième et le plus haut que Soeur Emmanuelle a choisi de mettre en avant dans son existence.

    « L’ordre des corps, l’ordre des esprits, l’ordre de la charité
    La distance infinie des corps aux esprits figure la distance infiniment plus infinie des esprits à la charité ; car elle est surnaturelle.
    Tout l'éclat des grandeurs n'a point de lustre pour les gens qui sont dans les recherches de l'esprit.
    La grandeur des gens d'esprit est invisible aux rois, aux riches, aux capitaines, à tous ces grands de chair.
    La grandeur de la sagesse, qui n’est nulle sinon de Dieu, est invisible aux charnels et aux gens d'esprit.

    Ce sont trois ordres différents de genre.»

    Dans ses derniers jours, Soeur Emmanuelle qui était sous assistance respiratoire consolait son entourage par ces paroles :

    «Bien sûr, je ne peux plus voyager comme avant, je suis forcée de rester dans ma chambre. Maintenant, j'ai beaucoup de temps pour prier». Ce dernier trait extraordinaire n'est pas sans me rappeler la très grande force d'âme d'Epicure dans ses derniers instants.

    Epicure, sur son lit de mort, se réjouissait de ce que ses amis étaient présents, et des moments heureux passés avec eux. Soeur Emmanuelle a confié à plusieurs reprises qu'elle jugeait sa vie passionnante. Je trouve qu'il y a une très grande similitude entre ces deux êtres exceptionnels.

  • Mondialisation et Europe

    Cela faisait partie des propositions de François Bayrou pendant l'élection présidentielle : il est patent que Bayrou a été plus que prémonitoire, au regard des derniers évènement, mais, comme d'habitude, on croit Cassandre quand il est un peu tard...Ecoutons-le, c'est extraordinaire : tout du plan européen y est...

    « Le cadre européen nous rendra la souveraineté que nous avons perdue. »

    « La question du modèle économique de la planète est probablement l’une des plus brûlantes que nous aurons à traiter dans les décennies qui viennent. Les pays à haut niveau de protection sociale sont menacés par le vaste mouvement de délocalisations et de concurrence sans règle sociale ou écologique. Et des pays les plus pauvres de la planète, on s’en va, je pense évidemment au continent africain. Que voit-on aujourd’hui ? Des délocalisations d’entreprises qui vont chercher en Europe l’endroit où le social coûte le moins cher. Pour que le dumping social et les délocalisations ne soient pas demain la réalité dominante, il faut une harmonisation de nos règles sociales en Europe. Les marchés financiers sont volatils : on peut donner à l’Europe la capacité d’une réglementation plus serrée, de dire aux marchés financiers : ‘il y a une limite’. En face du crime organisé, des trafics internationaux, des mafias, nous organisons notre impuissance. Les Etats européens avec leurs frontières, leur droit pénal toujours différent de celui du voisin, leur police séparée, c’est une aubaine formidable pour les organisations criminelles. Songez que nous sommes incapables d’aller voir ce qui se passe dans un compte en banque dans un autre pays ! C’est de l’assistance organisée aux mafias. Seule l’échelle européenne permet de résoudre ces questions des migrations économiques, des stratégies monétaires, des régulations du capitalisme financier, de la défense de notre modèle de société ; de traiter les grandes questions du développement durable, du climat, du dumping écologique et du modèle économique de la planète. C’est la vraie vocation de l’Europe : nous rendre la souveraineté que nous avons perdue, que l’échelon national ne peut plus garantir. L’Europe s’affaiblit à voir ses membres jouer les uns contre les autres, par exemple par le dumping fiscal. Je prends l’engagement de tout faire pour changer cette situation. »

    J'inivte mes lecteurs à aller jeter un oeil sur le dernier article de Fred (Démocratie sans frontières) sur la crise : d'une part c'est grâce à cet article que j'ai retrouve ce discours de Bayrou (mais j'ai souvenir de l'avoir déjà cité ici, toutefois) d'autre part, Fred rappelle quelle était et est encore l'essence du projet démocrate : il mettait en avant la responsabilité individuelle dans l'économique et le social. L'UDF, qui a précédé le MoDem, proposait déjà dans ses commissions, des solutions jugées bisounourses par la gauche (préférant l'Etat) et la droite (faisant confiance à la main invisible du marché) et pourtant, les heures de crise que nous connaissons nous donnent raison, puisque les Etats appliquent ce que nous avions proposé...