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Bayrou - Page 26

  • Présidentielles, le jeu des prédictions

    Tiens, c'est chez Malakine que j'ai trouvé un jeu amusant qui consiste à essayer de prévoir la situation politique en vue des présidentielles à l'issue de l'année 2011.

    La prédiction brute, je trouve ça trop dur, mais des scénarii envisageables, en revanche, l'idée me plaît bien. Tiens, ça me permettra de répondre en partie au tag de Romain.

    A l'orée de l'année 2011, ce qui me frappe, ce sont les stratégies désastreuses des trois grands vainqueurs de 2007. 

    Ségolène Royal a essayé d'exister à n'importe quel prix, changeant de ligne, multipliant les provocations inutiles, s'éloignant de ses fondamentaux. Elle s'est laminée elle-même et a perdu tous ses alliés. Elle ne survit, désormais, que par son éventuel pouvoir de nuisance dans la sphère du PS face à ses rivaux et rivales. L'opinion a beau être exaspérée par Nicolas Sarkozy, ce serait, je le pense, la seule candidate du PS, parmi les majors, qui pourrait encore être battue par ce dernier.

    Nicolas Sarkozy, parlons-en : en voilà qui a grillé absolument toutes ses cartes. Grillé sur sa droite pour ses promesses non tenues : eût-il recruté des policiers, réprimé sans états d'âme les délinquants, réduit le flux migratoire à zéro ou presque, certes, il se serait coupé d'une partie de la droite modérée, mais il aurait dans la poche toute la droite de la droite et le FN ne serait plus que peau de chagrin. Au lieu de cela, il a fait fuir les centristes (je parle des électeurs) qui avaient pourtant largement participé à son élection. Sarkozy n'a aucune, absolument aucune réserve de voix pour un second tour en 2012. Le seul espoir, à droite, serait de profiler au plus vite une candidature de rechange qui pourrait éviter une défaite écrasante et humiliante à l'UMP en 2012. Fillon apparaît comme cette figure, mais il aura bien du mal à endosser le bilan des 5 années passées.

    François Bayrou. Aïe. Le problème de Bayrou, c'est que l'erreur stratégique, il l'a faite dès 2007, après la présidentielle. Il eût fallu se retirer, laisser l'UDF s'organiser elle-même, sans la dissoudre, et prendre de la distance, pour n'intervenir que sur les grandes causes. Il a voulu, lui aussi, comme Royal, exister à tout prix et s'est appuyé sur un parti qui a évolué vers le centre-gauche. Au centre-gauche, aujourd'hui, il y a DSK, Eva Joly, et des sociaux-démocrates comme Martine Aubry et François Hollande. Bref, c'est très encombré. Voilà Bayrou bien encombré avec son MoDem incapable de changer de logiciel.

    Quel espoir reste-t-il à mon leader politique favori, alors ? a) de s'appuyer sur le peuple, qu'il aime vraiment, et de mener une campagne politique en 2012 comme en 2007 très proche des gens et du terrain. b) de percer là où l'on ne l'attend pas, mais aussi là où il a une différence. La réindustrialisation, la relocalisation, ce sont des thèmes qui seront porteurs à condition d'avoir quelque chose à proposer, et quelque chose à répondre aux thèses protectionnistes que ne manqueront pas d'avancer des partis comme le Parti de Gauche et le Front National. Sur l'éducation, il devrait faire taire le MoDem, reprendre la main, et montrer ses différences avec le PS. En attaquant de front le programme de ce parti, ce qu'il ne fait pas. Sur la dette, les retraites,  il est resté crédible, mais il faut un programme chiffré, désormais. Ce sera peut-être l'un des seuls à défendre l'Europe et l'euro. Qu'il ose le faire, personne n'ose élever la voix dans le paysage français pour le dire. Ceux qui aiment l'Europe s'en souviendront.

    L'erreur de Bayrou serait de se contenter de l'argument désormais éculé du ni-droite ni-gauche. Il s'essoufflait déjà largement à la fin de la campagne de 2007. Inutile de proclamer sa différence : il faut la montrer, désormais.

    Faire des mamours à DSK le dessert, il doit s'en rendre compte. On se doute qu'à peu près tous les candidats de la gauche modérée sont préférables à Sarkozy. Pas la peine de dire ce qu'il fera au second tour. Finalement, la configuration d'un autre candidat de droite serait bien plus profitable à Bayrou qui pourrait alors plus aisément rééquilibrer son positionnement.

    Au PS, mon sentiment est que Martine Aubry sera finalement la candidate désignée. Populaire à gauche, elle ne s'est laissée dicter à aucun moment son calendrier. Elle a prouvé à Lille qu'elle pouvait s'associer aux centristes, et...les acouphènes de Bayrou à propos de son vote de premier tour en 2007 auront certainement porté leurs fruits dans l'électorat centriste. Pour être franc, je m'attends à ce qu'elle soit le prochain chef d'État de la France. Je pense qu'elle sera élue. Ce n'est pas le seul scénario possible au PS, mais cela me semble le plus probable. DSL traîne, et surtout, il n'est pas impliqué au coeur de la politique française. C'est un bon débatteur, mais une fois dans la campagne, il sera contraint d'exprimer des positions et sa cote pourrait alors sérieusement baisser.

    Le FN a opéré sa mue au bon moment : il va présenter une nouvelle candidate avec un logiciel idéologique et politique rénové, fort d'un appareil de presque 20 000 militants à jour de cotisation. Une vraie force de frappe. Hélas, les sondages qui évaluent le potentiel électoral de Marine Le pen à près de 20% ne se trompent pas. Il suffirait d'une nouvelle bévue de Sarkozy sur la sécurité et l'immigration pour qu'elle franchisse la barre, pour peu qu'une partie de l'électorat UMp s'avise de lui donner une leçon.

    Les Verts sont des bobos, l'écologie n'est pas un programme politique digne de ce nom. C'est une tendance. On peut surfer dessus dans les villes, dans les régions, même, en Europe, mais pas à une élection nationale. Eva Joly fera un flop parce qu'elle n'a aucun projet pour la France si ce n'est de coller en prison une partie de sa classe politique pour montrer qu'elle lutte contre la corruption. Les gens finiront par trouver cela un peu court. En outre, son parcours sinueux agace considérablement l'appareil des Verts, qui ne la soutiendra qu'à reculons. Dany l'a bien compris, lui qui préfère négocier avec le PS quand les Verts sont encore forts.

    Besancenot a toujours été sur-évalué : on a régulièrement prévu le NPA et son leader à 5-7%. Mais sil suffit simplement de mettre en exergue ses positions sur le multi-culturalisme, sur l'immigration, vis-à-vis des islamistes, sa proximité avec des régimes marxistes despotiques et son programme économique fait de spoliations, directement inspiré de celui des révolutionnaires d'Octobre 1917 pour mettre à plat l'un et l'autre. Ce parti n'a aucune assise ouvrière. Il s'appuie sur un mélange d'agents de la fonction publique et d'instituteurs engagés, d'un côté, et de l'autre du lumpen-prolétariat vaguement anarchisant. C'est tout. Il va faire flop.

    Mélenchon éructe ; il veut une part du gâteau avec le PS. Ses outrances vont finir par lasser, d'autant que les électeurs de gauche pourraient se resserrer autour d'une seule candidature s'ils ont le sentiment que la gauche risque un nouveau 21 avril.

    Borloo va essayer de faire le brave type, tenter de profiter de sa popularité, mais quelle indépendance pourra-t-il faire valoir, lui qui a été aux pieds de Sarkozy pendant trois longues années. Je n'exclus pas radicalement qu'il puisse percer, mais il faudra qu'il trouve quelque chose à dire, et pour l'instant, on est assez loin du compte.

    Les souverainistes ne parviendront pas à percer : NDA est totalement inaudible, ou presque, et la place est déjà prise par Mélenchon et Marine Le pen. Pas d'espoir pour lui de percer, même si on peut le regretter, puisqu'il est le seul à proposer un programme authentiquement gaulliste. Tiens, les gaullistes, parlons-en : faussaire, Dominique de Villepin, lorsqu'il s'en réclame. En réalité, comme son ancien maître Chirac, c'est avant tout un rad-soc IIIème république. Une espèce qui a disparu avec Chirac, mais dont le créneau existe encore, ce qui explique les intentions de vote dont dispose Villepin. C'est une niche, il ne peut pas aller au-delà, et il n'a à l'heure actuelle rien à proposer que ne proposent déjà le PS ou le MoDem.

    Le Nouveau Centre s'est torpillé de longue date. Morin ne peut rien faire valoir et son parti n'aura produit aucune idée en 5 ans. La seule chose qui lui restera c'est un tout petit pouvoir de nuisance là où il a des élus localement un peu connus. Mais dans un contexte de débandade généralisée de la droite, pas sûr que ce pouvoir lui serve à grand chose. Morin n'a rien à proposer et rien à faire valoir. Le Nouveau Centre est inexistant.

    Et maintenant ? L'épreuve redoutable des prédictions. Il me semble à peu près acté que le PS gagnera la prochaine élection présidentielle. Il faudrait un concours invraisemblable de maladresses pour qu'il en fût autrement. Je pense que la gauche de la gauche parviendra à totaliser autour de 10% environ. A mon avis, les Verts renonceront à présenter un ou une candidate quand ils verront sa cote graduellement baisser. Le PS ramassera donc des suffrages présidentiels supplémentaires. La cote du FN va continuer à monter, tandis que celle de Sarkozy poursuivra sa baisse. Il ne pourra même plus se permettre le luxe d'une candidature ramasse-voix de second tour, au risque de se faire doubler par Marine Le pen. Borloo ne sera pas candidat, et Morin se flinguera auprès de l'UMP s'il prend le risque d'éliminer le parti allié du second tour. Ils ne seront donc là ni l'un ni l'autre.

    Il existe une possibilité pour l'UMP de récupérer les rad-soc de Villepin : c'est de virer Sarkozy. Certes, un autre candidat de droite, comme Fillon, par exemple, partira d'un socle plus bas, mais il pourra se rallier Villepin, ce qui augmentera mécaniquement sa base électorale. C'est d'ailleurs la carte que devrait jouer l'UMP, d'autant plus que Fillon, en raison de sa rigueur, plaît à la base démocrate-chrétienne du MoDem et de Bayrou. Un autre candidat subira moins les effets d'un Tout Sauf Sarkozy désormais acté et entré dans les moeurs.

    J'aimerais qu'il en fût autrement, mais, si Bayrou franchit les 10% à la présidentielle, je serai très content. Soit il parvient à redresser la barre avec des thèmes et des positionnements originaux, soit il sombre davantage, franchissant peut-être avec peine la barre des 5%.

    Martine Aubry est donnée aux alentours de 22 à 25% au premier tour, mais je pense qu'elle a les moyens de faire plus avec une bonne stratégie du PS et si elle se force un peu.

    La véritable inconnue, in fine, c'est l'attitude de la droite. Va-t-elle foncer droit dans le mur avec une candidature Sarkozy, ou, au contraire, rectifier le tir et choisir un candidat relativement présentable. Imaginons qu'elle ne soit pas suicidaire, voilà comment on pourrait se représenter un premier tour en 2012 :

    Premier tour

    Aubry : 31% - Fillon : 27% - Marine Le pen : 19% - Bayrou : 9% - Mélenchon 4,5% - Besancenot 4,5% - ext-gauche (autres) 1% - NDA 3% - divers 2%

    Second tour

    Aubry 56% - Fillon 44%

    Voilà un scénario largement possible. Il est vrai que cela donne bien peu de candidats finaux. Mais dans "divers" et ex-gauche (autres), il peut y en avoir 5-6, soit un total de 14 candidats. 

    Après un billet comme celui-là, faut que je tague comme une brute. Tiens, le faucon d'abord, la rénovitude ensuite, l'Nicolas parce que comme moi, il adore les pronostics, Marc Vasseur qui sait qu'il est encore à gauche, mais qui ne sait plus où il en est pour le reste, Polluxe, que je n'avais plus taguée depuis un moment, Hervé qui est très bon historien et très mauvais pronostiqueur, et Toréador parce que je suis sûr qu'il aime bien les paris, comme moi. Tiens, puis Melclalex aussi, il adore faire des plans sur la comète, lui aussi. Oh, et puis tous ceux qui voudront participer au jeu. Je ne sais pas moi, Catherine et Dominique, par exemple ; zut, y'a plus de Crapaud du Marais. Bon, alors Laurent de Boissieu, que la politique passionne, expert en la chose, et dont les pronostics pourraient être plus pertinents que les nôtres.

  • Bayrou a bien sûr raison, y compris à 1,2 millions !

    Tiens, pan sur les naseaux de mon ruminant favori ! Il reproche à notre François (Bayrou) national une sortie inconsidérée à propos de la future taxe qui frappera résidences principales et résidences secondaires. Motif ? Les résidences principales ne seraient taxées qu'à partir de 1,200 000 d'euros. So, what ? et alors ? 1,200 000 euros c'est le Fouquet's ? Bon sang, il faudrait revenir un peu les pieds sur terre. En dix ans, l'immobilier français a littéralement explosé. Un appartement parisien qui valait 500 000 euros il y a 10 ans en vaut plus du double aujourd'hui. Rien que l'année passée (2010) la pierre a pris 20% dans la capitale. Et le mouvement d'augmentation a touché toutes les grandes villes à des degrés divers. Bien sûr, 1,2 millions, cela vous fait appartenir aux classes favorisées. Et alors ? Faut-il pour autant faire payer ces enc... de salauds de fils de p... (nique leur mère) de bourgeois ? Allez, on dékoulakise, comme en 1932 en Ukraine ? Compte-tenu des hausses vertigineuses, il faut concevoir qu'il n'est plus rare à Paris qu'une famille ne dispose que de son bien immobilier et d'un emprunt non moins vertigineux. La famille peut avoir un bon cash-flow, un très bon cash-flow, même, cela n'en fait pas pour autant une grande fortune.

    Il faut se coller dans la tête, Nom de Zeus, qu'on n'est pas dans un marché de l'immobilier spéculatif, à l'heure actuelle. Les gens cherchent simplement à se loger, et ils n'ont guère le choix de faire autrement que de payer très cher, qu'ils achètent ou qu'ils louent ! Taxer le logement dans les circonstances actuelles, c'est particulièrement inadmissible alors que la pression est déjà très forte.

    Une telle taxe qui s'ajouterait aux droits de mutation va évidemment contribuer à glacer la mobilité, Bayrou a parfaitement raison, et pas qu'à Paris, d'autant que le seuil de 1,2 millions sera vite explosé dans les années à venir. Sans parler des hausses de prix, le seul jeu de l'inflation mettra à portée de taxes une foultitude de propriétaires supplémentaires d'ici 10 années. On sait le sort des nouvelles taxes : conçues et prétextées pour de courtes durées, elles s'installent ensuite dans le paysage.

    Nicolas a en outre complètement occulté la seconde partie du projet, à laquelle s'applique évidemment le fond du raisonnement de Bayrou. L'UMp veut fortement relever les taxes foncières sur les résidences secondaires. Ce sont ces maisons que l'on retape, dont parle Bayrou. A Paris, je connais plusieurs gardiens d'immeubles qui disposent de leur loge, comme résidence principale, et, qui ont acheté à la sueur de leur front, et c'est vraiment le cas de le dire, une petite résidence secondaire en banlieue ou au bord de la mer. Ils vont être les premiers frappés, et ce ne seront pas les seuls. Des Parisiens qui n'ont pas de principale (trop cher !), même aisés, et qui ont une secondaire, j'en connais plein.

    Bayrou, je le rappelle à Nicolas, n'est pas pour la suppression de l'ISF, il est pour sa transformation avec une taxation douce, dans le cadre d'une grande réforme de la fiscalité du patrimoine. Toutefois, en l'état actuel de nos finances, il s'oppose à un projet qui mettrait à mal encore davantage nos finances publiques. Et il s'oppose encore davantage à un projet de suppression qui avaliserait en douce des inégalités croissantes.

    Plus généralement, je suis radicalement opposé à la croissance des taxes sur la résidence principale. Elle est déjà incluse dans l'ISF, ce que j'estime scandaleux et spoliatoire, je l'ai écrit à de nombreuses reprises ici. Attention au discours qui se généralise au sein de toute la classe politique, y compris au MoDem, sur les "riches". Moi, je me souviens encore du "Moi, j'aime pas les riches" de Hollande. On est toujours le riche de quelqu'un, il faut bien se le dire. 

    La résidence principale, c'est la construction d'une vie, c'est ce qu'on laisse à ses enfants. Ce n'est pas spéculatif, Christian Jacob, le patron des députés UMP a raison de la souligner (et j'espère donc qu'il votera en conséquence...). Bref, Bayrou a promis qu'il combattrait le principe même de telles taxes, et je l'en remercie. Je compte sur lui, et j'espère que sa position fera son chemin au sein des troupes centristes et démocrates.

  • Nom de Zeus ! La concurrence au wikio devient sans pitié !

    Tiens, voilà un sujet qui va intéresser l'Nicolas, et, qui sait, peut-être le grand sorcier de l'algorithme wikiesque, Jean Véronis. Tenir son rang devient une gageure au top wikio des blogues politiques. Je jetais un oeil sur les wikioscores (eh oui, chers lecteurs, songez que je suis aussi consultant politique pour l'wikio) et observais alors avec mélancolie que dans les 20 premiers, y'a plus rien en-dessous de 85 de wikioscore ! et attendez, on n'est qu'à la moitié du mois !!! Ça devient impitoyable. Même dans le top 30, faut encore être à plus de 60 ! Comment voulez-vous qu'un petit blogue résiste à une pareille concurrence ? Pire encore : sur les 30 premiers blogues, y'a un libéral (l'affreux hashtable), un réaco-nationaliste et un centriste (votre serviteur). Le reste, c'est que du gaucho pur porc (c'est affectueux, hein, pas d'embrouille). Allez, si on monte à 40 dans le top, on trouve un UMP (enfin de la droite, quoi), Authueil, et une autre centriste, Polluxe. Le reste, que du gaucho, du gaucho et encore du gaucho. Il ne reste rien de la MoDemo-sphère qui a volé en éclats depuis belle lurette, et le seul autre réseau qui faisait contre-poids autrefois aux Left-Blogs, LHC, n'a même plus de blog dédié. 

    Il y a bien Barbier qui flotte en apesanteur dans ce top40, le directeur de l'Express. Assurément, c'est un blogue qui parle de politique. Est-ce pour autant un blogue politique ? On ne sait jamais trop quoi penser ni quoi faire, au demeurant, de ces blogues de journalistes, pas plus mêlés au petit peuple de la blogosphère que les politiques.

    Ce type de billet sur wikio n'intéresse typiquement que quelques initiés : c'est l'archétype de l'anti-billet populaire par excellence. Il ne va guère m'amener de lecteurs, mais cela permet de taper la discut' avec quelques blogueurs intéressés.

    C'est amusant, finalement, d'avoir pu s'imaginer que des réseaux comme facebook ou twitter pourraient entraîner l’amuïssement progressif des blogues ; considérez le contenu, dans sa substance, qu'offrent facebook et twitter : ce sont des relais. Rien d'autre. Ou quasiment rien d'autre. Bons relais, mais en aucun cas magma d'idées et d'analyses turgescents comme le sont les blogues. C'est cela la valeur ajoutée, des blogues, finalement : le bouillonnement intellectuel.

    Tiens, allez, un petit scoop : je sais, de source bien informée, que Bayrou a longuement parcouru la blogosphère (toutes tendances), l'auscultant comme un haruspice étrusque qui farfouille désespérément les entrailles encore fumantes de sa victime sacrifricielle pour trouver ne serait-ce que les prémices d'un signe des dieux. Il fait partie, je le pense, à l'heure actuelle tout du moins, de ces très rares hommes politiques, à penser que la blogosphère politique était un lieu propice au surgissement d'idées. Je sais qu'il continue à lire des blogues, mais je ne sais pas exactement lesquels. Je ne connais aucun autre homme politique de cette envergure qui en fasse autant.

    Parmi les journalistes, ils sont rares, même très rares à scruter la blogosphère. Il y a évidemment Guy Birenbaum, connu chez les z'influents pour cette pratique, le discret Laurent de Boissieu, expert politique du Journal La Croix, quelques journalistes qui suivent au moins ce qui se dit sur Marianne2, et je crois que c'est à peu près tout.

  • Finalement, Sarkozy est plutôt libéral avec la presse...

    Tiens, en parlant de Hongrie, j'ai songé, en relayant l'appel de Marielle de Sarnez et de Nathalie Griesbeck à corriger le tir dans ce pays en matière de liberté de presse, à notre propre situation en France. C'est en fait la réaction d'Erasmus Tharnaby, (excellent dès qu'il parle des verts et de l'écologie), dans le fil du billet,  qui m'a en fait amené à me pencher sur le sujet.

    Réponse du Hongrois à la bergère : la France est un pays où le PDG des chaînes de télévision est nommé par le Président de la République (ou présumé tel), en l'occurence un président qui se conduit en chef de parti, l'UMP, l'Union pour la Majorité PRESIDENTIELLE. Il est toujours temps de déménager en Hongrie pour retrouver un peu de liberté...

    D'une certaine manière, c'est un peu un paradoxe de la part de Sarkozy : d'un côté, comme l'a écrit Bayrou, c'est en effet l'homme d'un clan, de l'autre, rarement un président français en a pris à ce point plein dans la gueule. Chirac, peut-être, parfois, et encore. Quand je parcours la Toile, il n'y a pas un blogue pour prendre sa défense sauf ceux des députés et des sénateurs UMP, et encore. Côté presse, seul le Figaro lui passe la brosse à reluire. Tous les autres journaux de droite ne lui font pas de quartier : ni le Point, ni Valeurs Actuelles, qui n'hésitent pas à le plomber quand ils ne sont pas contents. 

    La presse électronique, à 100% de gauche, a largement mordu la main qui lui a donné à manger : c'est Sarkozy qui a fait voter le principe d'aides financières à la presse électronique au titre des nouvelles technologies : Slate, Rue89, Backchich, Mediapart, ils en ont tous profité, et ils ne se sont pourtant pas privés de laminer le Sarko autant qu'ils l'ont pu. 

    Dans les émissions télévisées (même si je ne regarde pas souvent la télévision) j'observe qu'il s'est régulièrement fait allumer, y compris sur les chaînes détenues par ses potes. 

    Alors après, on peut toujours pleurnicher sur les lois Hadopi, Loppsi et consorts, en matière de liberté de la presse, franchement, dans ce pays, on peut dire à peu près ce que l'on veut. En fait, pas tout à fait : on en devient empêche quand on dérange un réseau de pouvoir. Mais cela, on ne peut en tenir Sarkozy pour le seul comptable, et certains de ces réseaux lui sont étrangers, même si, in fine, je suis à peu près convaincu que les différents réseaux savent composer quand il s'agit de défendre des intérêts communs bien compris.

    Le classement de RSF positionnait la France à la 44ème place en raison de propos prétendument menaçants de Nicolas Sarkozy. Il faut arrêter un peu : dès qu'il l'ouvre un peu fort, tout le monde rigole ! Et puis franchement, j'ai un peu de mal à prendre au sérieux un classement qui place le Mali à la 26ème place. Ou encore l'Afrique du Sud devant l'Espagne. Il faut être un peu sérieux si l'on veut être crédible. J'ai regardé en fait les barèmes de RSF : torturer ou emprisonner un journaliste, ça coûte deux points à un pays. Censurer trois journaux dans tout le pays, 6 points. Les pressions pour ne pas couvrir tel ou tel évènement coûtent aussi beaucoup de points, sans distinction du sujet et des causes. En tout cas, bien plus que le fait de torturer, kidnapper, détenir illégalement des journalistes (2 points chaque). Il faut être un minimum sérieux...

    Bref, Sarkozy a bien des travers, mais il ne me paraît pas avoir contrôlé la presse plus que ces prédécesseurs : plutôt moins, au final, que certains d'entre eux que l'on célèbre aujourd'hui, qui plaçaient sur écoute un certain nombre de journalistes...

    Globalement, le classement de RSF me paraît correct, mais, concernant les démocraties, je me demande parfois s'il ne cède pas à certains partis pris un tantinet convenus...

     

  • Valls à côté de la plaque

    Quand j'ai vu l'ampleur que prenaient les propos de Valls sur les 35 heures, et notamment l'indignation généralisée dans la blogoboule de gauche (Rimbus, l'Nicolas, l'Intoxitude entre autres), ça a été vachement tentant d'aller leur porter la contradiction, juste pour le plaisir, quoi.

    Mais bon, faut être honnête, et pour une fois la left blogoboulle a réagi avec des chiffres. En France, les 35 heures n'ont plus aucune signification, et depuis longtemps. Les Français travaillent 38 heures en moyenne, comme l'a relevé l'Rimbus ; par ailleurs le Français est particulièrement productif. 

    Les divers dispositifs ont vidé depuis longtemps les 35 heures de leur essence (il n'y a plus que dans les hôpitaux où ils foutent la grouille).

    Balle au centre voudrait voir dans le programme de Bayrou pour 2012 la suppression des 35 heures. Pas moi. Franchement, dès lors que les 35 heures n'empêchent plus les Français de travailler plus s'ils en ont envie, on s'en tape. Je me vois mal demander à ces malheureux cadres déjà au forfait d'en plus renoncer à leurs RTT. Faut pas déconner non plus. Par ailleurs, gain économique de la mesure ? Nada. Bref, on use de la salive pour rien en en parlant.

    Meilcour (ex-Versac) qui s'informe généralement toujours au plus près des choses dont il parle, a lu le dernier livre de Valls et pris connaissance de ses propositions économiques. Franchement, pas mieux que lui : nihil novi sub sole. Pas une idée neuve là-dedans. Ce n'est pas avec ça qu'on va redresser la barre. 

    J'aime bien Valls, généralement, sur plein de sujets, il a raison de l'ouvrir, mais sur l'économie, pour l'instant, on ne peut pas dire qu'il soit fameux. J'invite à lire complètement le billet de Meilcour pour savoir ce que j'en pense sur le fond (tiens, particulièrement la décentralisation : moi aussi je pense qu'elle s'est mal faite, et que ses coûts astronomiques et incontrôlés mériteraient une re-centralisation finalement plus efficace jusqu'à nouvel ordre...).

    Pour répondre à Balle au Centre, on ferait mieux, au MoDem, de se concentrer sur l'emploi et l'industrie. Moi, je suis toujours à la recherche d'une idée géniale sur la relocalisation. J'en étais resté au recyclage, mais bon, modeste blogueur, je suis tout sauf expert dans le domaine industriel, alors il ne faut pas trop compter sur moi pour faire avancer le schmilblick...

    Pour en rajouter une louche (pauvre Balle au Centre) ses oreilles électroniques vont siffler, je trouveque ses deux mesures combinent le pire de la gauche et de la droite : suppression des 35 heures = mesure de droite qui n'apporte rien, limitation des salaires = mesure gauchiste qui décourage l'initiative privée. Je lui donne juste quitus sur la suppression conjointe du Bouclier fiscal et de l'ISF à condition que nos finances publiques puissent le supporter. Bayrou a longtemps été favorable à la suppression de l'ISF, mais s'il s'est montré bien plus timoré ces derniers temps sur le sujet, c'est qu'il a bien vu que cela ne tenait plus la route avec nos déficits. Arthuis lui-même, y a temporairement renoncé. La seule solution, ce serait ce que proposait Bayrou en 2007, qui reste actuel, un impôt sur le patrimoine avec des taux très doux, mais sans niches fiscales et touchant une base bien plus large.

     

  • Bayrou appelle à la solidarité envers les Chrétiens d'Orient

    François Bayrou, appelle, en ce premier jour de l'année 2011 à  "manifester concrètement la solidarité des démocraties" avec les chrétiens d'Orient, à la suite de"l'épouvantable attentat"  survenu devant une église copte d'Alexandrie (Egypte), qui a provoqué 21 morts et des dizaines de blessés.

    Cet "épouvantable attentat" est "un drame de plus dans la guerre de religion sans fin que subissent les communautés chrétiennes d'Orient".[...] "Le fanatisme qui prend pour cible la religion des autres avec pour but avoué de mettre un terme au pluralisme religieux est une barbarie qui doit être dénoncée et combattue comme telle. Tous les défenseurs de la tolérance et de la compréhension des hommes entre eux doivent se réunir pour lutter contre horreur"[...] "Il est du devoir de toutes les autorités, politiques, diplomatiques et morales, d'être solidaires des chrétiens d'Orient, persécutés comme en Egypte par des extrémistes ou ailleurs parfois même par des Etats" [...]"il faut être solidaire des pays qui luttent contre ces organisations et il faut manifester concrètement la solidarité des démocraties avec les communautés pacifiques persécutées pour leur foi et qui luttent pour leur survie"."La défense du pluralisme religieux, la tolérance et la compréhension mutuelle ne se divisent pas. Etre solidaire des chrétiens d'Orient, c'est défendre nos valeurs, c'est défendre le pluralisme partout dans le monde, y compris chez nous" a-t-il déclaré.

     

  • Bayrou et le petit journal de Canal + : tout s'explique

    Je ne voulais pas revenir sur le clash entre Yan Barthès et François Bayrou, mais, étant donné l'information que l'hôpital du Val de Grâce a communiquée au Président du MoDem, je crois nécessaire d'en faire état : 

    Les médecins ont mis un mot sur le malaise qu'il a subi: il s'agit d'un léger ictus transitoire, dont la cause probable est le surmenage, et qui s'accompagne d'une perte momentanée de l'attention et d'une partie de la mémoire.

    Voilà pourquoi François Bayrou a nié avoir prononcé les phrases qu'avait retenu Yan Barthès. Et s'il les a associées à des discours anciens, c'est parce qu'il en avait déjà prononcé certaines par le passé.

    François Bayrou a confirmé avoir été pris d'inattention et de troubles pendant l'émission et avoir cherché à le cacher.

    Voilà qui met par terre une partie de mon raisonnement sur son comportement ce soir-là. Mais cela anéantit corollairement complètement toutes les analyses à charge portées contre lui par les parties adverses

    Je crois que ce chapitre est clos, il n'est guère utile d'y revenir. Pour ma part, je préfère me consacrer à mon dada, la réindustrialisation et la relocalisation en France. Je suis sur une série de billets à ce sujet avec des échanges intéressants avec des décroissants dans les commentaires, et je prépare un autre billet, justement, d'ici demain, sur les marges de manoeuvre locales, nationales, européennes et internationales...

  • Économise-toi, François !

    Il y a peu, je songeais, en mon for intérieur, au tableau politique de mon pays, et je me faisais la réflexion que je n'y trouvais nul autre individu que François Bayrou pour incarner les idées auxquelles je crois.

    Le malaise dont il a été victime lundi m'a rappelé à propos que pour moi, et sans doute pour beaucoup d'autres, ce serait une catastrophe s'il disparaissait.

    Que deviendrions-nous ? Je n'imagine pas qui que ce soit en France prendre la relève tant sa parole est originale et particulière dans notre paysage politico-médiatique. Le désarroi des militants démocrates et centristes serait terrible.

    Conclusion, ne déconne pas François, ne nous fais pas faux bond, svp, et repose-toi pour être en forme, non seulement pour 2012 mais aussi après, tant ta présence demeure essentielle pour ceux qui croient en ce que tu incarnes.

  • Acheter français, acheter ebay, la rédemption...

    Produire en France, a conclu François Bayrou à l'issue du Congrès du MoDem. D'accord. J'ajoute même mon grain de sel : acheter en France, acheter à des Français.

    C'est un peu l'une de nos contradictions, à nous autres Français : nous vouons aux gémonies la libre concurrence, pestons contre le dumping social, mais nous nous empressons d'acheter une quantité de produits made in China ou importés à grands renforts de kérosène et d'énergies diverses d'outre-Océan. Et nous coulons ainsi nos productions indigènes...

    Je me suis fait donc les raisonnement et promesses suivants :

    a) J'achète français tant que je le peux, notamment pour les produits frais, et particulièrement les légumes et fruits, à la notable exception des produits équitables et si possible issus de l'agriculture biologique. En achetant français, je nourris le pouvoir d'achat français qui alimente à son tour la consommation sur notre propre territoire.

    b) J'ai parlé de recyclage hier : à l'action. Au lieu d'acheter une foultitude de jouets neufs, nourrissant ainsi la surconsommation, je récupère et recycle en participant aux enchères sur ebay. De cette manière, je n'alimente pas un cycle de production à 5000 kilomètres de chez moi, et l'argent que je paie va intégralement implémenter le pouvoir d'achats de Français qui cherchent eux aussi à recycler. Vertueux, non ?

    c) Notable exception à ce principe : les jouets fabriqués en France en priorité et par défaut, en Europe.

    Tout ce que je dis n'est évidemment pas suffisant pour fonder un programme économique, tant ces principes sont tributaires de la sphère privée ; mais, ils peuvent au moins asseoir un code de conduite personnel.

    C'est mon commerce équitable made in France à moi...et...j'y trouve les chemins de ma propre rédemption d'affreux libéral capitaliste surconsumériste et excroissant*... :-)

    * par opposition à décroissant...

  • Barthès est un rigolo, mais aussi un sacré faux-derche...

    Bon, pas de pot pour le Petit Journal, j'y étais, moi, hier au Congrès du MoDem. Il faut admettre que le Petit Journal est généralement rigolo, et quand il se paie la tête du Shadow Cabinet, je suis généralement mort de rire.

    En revanche, ce que je déteste, c'est qu'un journaliste affirme avec aplomb des choses qui sont fausses. Ils ont voulu faire les malins à Canal Plus, en reprenant des propos de Bayrou tenus lors du Congrès et en les illustrant par des ombres chinoises assez rigolotes. Ok,  amusant, j'ai bien ri.

    Mais voilà, une partie des propos en question était un authentique montage. On a le droit de le faire, mais il faut avoir l'honnêteté de l'avouer.

    Bayrou n'a jamais parlé de libéraux sociaux. Il a parlé de libéraux de progrès, et croyez-moi, je sais ce que je dis puisque j'attendais, justement qu'il évoque les libéraux.

    Que Barthès essaie de faire passer Bayrou pour un menteur m'a passablement énervé. On a le droit de se moquer, c'est une chose, et, généralement, quand c'est amusant, j'en ris à m'en battre le ventre.

    Mais je n'aime pas le procédé sournois qui essaie de faire passer pour menteur, vaniteux et mesquin, mine de rien, un homme politique. Pourquoi Barthès n'a pas voulu avouer que c'était un montage ? A mon avis, ils ont peut-être bien repris des mots de Bayrou prononcés ce jour-là, mais en modifiant leur ordonnancement. De là, c'était facile de déclarer avec assurance : Monsieur Bayrou c'est bien votre discours de ce week-end.

    C'est là où je commence à me poser des questions. C'est quoi les intentions de ce type ? Il cherche à démolir Bayrou en douce, ce salaud. Voilà ce que je pense en mon for intérieur. Et regardez comment la technique est rôdée et insidieuse. Ce n'est pas sur la petite animation elle-même qu'on essaie d'enfoncer l'homme, mais sur le reste quand il apporte des dénégations. Bref, l'affaire ne mériterait pas qu'on en parle si elle ne dissimulait pas quelque chose de suspect.

    Balle au Centre a été horriblement déçu par la réaction de Bayrou. Je lui demande de bien prendre le temps d'y réfléchir. Dans ce genre de cas, il faut être très précis et rechercher les intentions. Une fois qu'on les tient, on considère les choses d'un autre oeil. Vous voyez, Camarade Démocrate, dans tous propos, il convient de bien considérer l'explicite et l'implicite. C'est toujours l'implicite le plus intéressant. Et l'implicite, ici, vous l'avez compris, ce n'est pas la moquerie. 

    Quand Bayrou a senti qu'il y avait anguille sous roche, il a tout nié en bloc. Mais on le comprend. Comment faire confiance à son interlocuteur quand on a compris qu'au moins une des phrases citées a été intervertie et ses mots mélangés ? Libéraux-sociaux, c'est un terme que jamais Bayrou n'a utilisé. En tout cas, pas dans le discours de clôture. Et d'ailleurs, il ne renvoie pas à la même réalité politique que libéraux. Moi, c'est vraiment ça qui m'a mis la puce à l'oreille. Alors, certes, certaines phrases figuraient bien dans le discours de clôture du Congrès, mais Bayrou ne pouvait avoir la certitude absolue qu'elles n'avaient pas été falsifiées. On ne va pas non plus lui demander de retenir tous ses discours par coeur !!! Il a donc logiquement tout nié dès lors qu'il a senti que son interlocuteur était malhonnête et cherchait de surcroît à lui nuire sciemment...

    J'ai le souci du détail, je crois l'avoir prouvé à plusieurs reprises ici sur des sujets divers, et, ce détail-là, qui renvoie à une éthique toute personnelle, chez certains journalistes, il ne m'a pas échappé...

    Mon blogue n'est que mon blogue, mais comme l'information va faire le tour de la Toile, j'aimerais bien avoir un droit de réponse quelque part au nom de Bayrou...