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Bayrou - Page 22

  • A mon avis, Borloo sera candidat

    C'est curieux, quand je discute avec des militants ou des cadres du MoDem, je les entends souvent dire que Jean-Louis Borloo ne sera pas candidat à l'élection présidentielle. C'est ce que pense aussi François Bayrou, estimant que les accords politiques qui lie le président du Parti Radical et Nicolas Sarkozy sont trop forts pour que le second ne dissuade pas le premier d'y aller.

    Je ne partage pas du tout cette analyse. Il y aura un deal entre Sarkozy et Borloo, mais après le premier tour, pas avant. Tant que Borloo sera dans les sondages entre 5-6% et 8%, il ne renoncera pas

    En revanche, si les intentions de vote en sa faveur s'effondraient il en irait autrement à l'évidence. La tactique de Borloo est très simple : il espère refaire le chemin de François Bayrou en 2007, mais, à l'inverse de ce dernier qui a préféré l'indépendance et la fermeté de ses convictions, négocier au prix fort son ralliement s'il récupère beaucoup d'électeurs.

    Ce n'est pas plus compliqué que cela. Pour que cette tactique soit vraiment couronnée de succès, il faudrait que Bayrou s'effondre ou se rallie à Borloo. 

    Mais ce que les alliés de Borloo ne comprennent pas, c'est que c'est parfaitement impossible. Jamais Bayrou ne se résoudra à hypothéquer l'avenir en se ralliant à une tendance politique.

    Il y a entre Borloo et Bayrou deux tactiqes irréconciliables. Le premier veut s'allier tout de suite, l'autre demeurer indépendant à tout prix. Bien sûr quand il s'agira de prendre des mesures pour la France, l'un et l'autre pourront se rejoindre, à condition que Borloo soit autrement plus honnête que ce qu'il n'a été jusque là : j'ai du mal à le voir faire valoir ses idées alors qu'il n'a rien dit (et fait !!!) pendant les quatre années qui viennent de s'écouler.

    Je l'ai déjà dit, en principe, les idées exprimées par l'un et par l'autre sont proches, mais le problème, c'est que je n'ai pas confiance en Borloo pour les faire appliquer un jour, alors que Bayrou a prouvé qu'il ne lâchait rien.

    Mon problème principal par rapport à Borloo, ce n'est pas celui des idées (encore que je trouve que Bayrou a tout de même autrement plus de fond) mais celui de la confiance...

  • 75 000 postes dans l'Éducation ? Mais pour quoi faire ?

    Les déclarations de Hollande, c'est symptomatiquement le genre de promesses qui éveillent en moi la plus grande méfiance.

    Déclarer qu'on va rétablir 75 000 postes dans l'Éducation Nationale, c'est aborder la problématique à l'envers en terme de projet politique.

    La question de fond, ce n'est pas de déterminer ab ante les effectifs dont a besoin notre école, mais d'avoir un projet et seulement ensuite de se demander combien il nécessite de postes.

    Par exemple, comparons avec Bayrou. Quelles seraient les mesures phare que Bayrou mettrait en place s'il accédait au pouvoir suprême ? Eh bien à mon avis, il ferait deux choses de bon sens : il accentuerait les moyens dans le primaire en ciblant le calcul et la lecture, et il créerait certainement des dispositifs de remédiation (probablement des classes) pour assurer des remises à niveau complète, sans limites dans le temps, au collège. La troisième chose, je pense qu'il ferait, ce serait de rétablir les enseignements rares, notamment les langues, y compris anciennes et régionales, là où ils ont été supprimés.

    Je ne crois pas qu'il chercherait à créer des divisions en créant artificiellement des classes sous prétexte qu'il est plus facile d'enseigner à 25 qu'à 29 (je ne crois guère à ces effets de seuil). En revanche, comme il l'a maintes fois fait valoir, il retirerait des établissements les adolescents qui en empêchent le fonctionnement.

    En somme, il y aurait en primaire sans doute une assistance individualisée pour les enfants en difficulté lourde, y compris auprès des parents, en collège, des classes de remise à niveau, et, hors les murs, des centres éducatifs pour adolescents pré-délinquants et/ou désocialisés.

    En lycée, je sais qu'il veut faire de la Terminale une préparation à l'Université, mais j'avoue que je ne vois pas clairement comment concrètement il compterait s'y prendre.

    Pour les facultés, il laisserait, je le pense, se poursuivre le processus d'autonomisation engagé à l'heure actuelle, mais ferait en sorte d'interdire la concentration des pouvoirs autour d'une seule personne dans les universités. Vraisemblablement, comme dans les universités anglo-saxonnes, il ferait en sorte de séparer la gestion financière et la gestion pédagogique et admnistrative et de faire du Conseil d'Administration un organe plus ouvert et décisionnaire. En ce qui concerne le mouvement vers l'autonomie, je crois que toutefois que Bayrou tient à ce qu'il demeure une unité finale au sein de l'Université française, qui fasse qu'un diplôme dans l'une soit valable dans une autre.

    Ce que je voulais simplement dire, c'est qu'avant de parler de chiffres sur les postes dans l'Éducation Nationale, il vaut mieux avoir un programme et le chiffrer. 

    L'Éducation, cela ne se réduit pas à une seule question de moyens : ce n'est pas parce que l'on arrosera notre école de fonds que l'on obtiendra des résultats meilleurs. Il faut bien considérer quels sont nos objectifs et ce que nous voulons, et seulement après, fixer quels moyens sont nécessaires et quels sont ceux qu'il est en notre pouvoir d'apporter.

  • Shah Massoud

    Un point commun avec l'ami Melclalex : moi aussi j'éprouve une très grande admiration pour feu Ahmed Shah Massoud. Melclalex escompte dresser un portrait de Massoud en 5 billets, deux d'entre eux ayant déjà été écrits. Je subodore que le dernier sera publié le 09 septembre, jour anniversaire de la mort du commandant Massoud.

    Je ne comprends pas comment les Socialistes et Chirac ont pu, par rapport à l'Afghanistan, se montrer aussi nuls dans les années 90. On avait avec le commandant Massoud un homme soucieux des vies humaines, respectueux des femmes, imprégné de culture française et persane, un chef de guerre talentueux et respecté, un homme brave, droit et fiable.

    C'est cet homme-là qui a été lâché par les Américains au profit des Pakistanais et leurs alliés de l'époque les Talibans. La France aurait pu se montrer un contre-poids à l'Amérique et développer une diplomatie originale en Afghanistan.

    Au lieu de cela, il a été traité comme un pestiféré par toute la classe politique française, à l'exception de François Bayrou, Marielle de Sarnez et du Général Morillon à l'UDF, et de Nicole Fontaine à l'UMP.

    Nous sommes quelques uns à ne pas avoir oublié Massoud. Melclalex, aujourd'hui, mais aussi Marielle de Sarnez dans son petit dictionnaire sur l'Europe qui a choisi en 2009 de parler de l'Afghanistan à la lettre "M comme Massoud".

    Mais l'initiative la plus notable pour ce mois de septembre 2011, c'est celui de la jeune chanteuse Yaëlle Cinkey et de ce journaliste, devenu l'ami de Massoud, Christophe de Pontilly. Ils ont écrit une chanson et tourné une brève vidéo en hommage au Commandant Massoud : www.amassoud.fr

    Requiesce in pace, Commandante...

    Reste l'Afghanistan. Je relaie simplement cette pétition de l'association Darah-Afghanistan qui demande un retrait raisonné de nos troupes là-bas, pas un départ précipité.

    Je voulais, au final, ajouter un mot à propos des positions exprimées à plusieurs reprises par François Bayrou sur l'Afghanistan. Certains l'ont vu en va-t-en-guerre parce qu'il a toujours approuvé le déploiement de nos troupes là-bas. Mais Bayrou est l'un des derniers dirigeants politiques européens à avoir rencontré Massoud. Ce qu'ils se sont dits l'a profondément marqué, et je crois vraiment qu'il a le souci de ne pas lâcher les Afghans, même s'il est tentant de décamper et de les laisser se débrouiller tout seul.

    Ainsi, si Sarkozy a surtout eu la volonté de ne pas déplaire à ses amis Américains, je crois que Bayrou, quant à lui, a comme moteur, les dernières paroles de Massoud, poète, stratège et homme de lettres. Ces deux-là étaient certainement faits pour s'entendre, hélas, le destin particulier du commandant Massoud, la surdité occidentale, en ont décidé autrement...

     

  • Délire souverainiste et questions de sécurité

    Sur la recommandation de Mirabelle, j'ai téléchargé une fiction parue chez Rue89 cet été et je l'ai lue. François Marty, son auteur, imagine les 18 prochains mois dans la sphère politique. Indéniablement, il écrit bien, et certaines de ses hypothèses me paraissent (hélas !) très vraisemblables : par exemple la probabilité qu'un incident grave impliquant des délinquants, de préférence issus de l'immigration ou immigrés, à quelques encâblures du premier tour de la présidentielle, ait lieu, c'est un scénario très concevable. La victoire imprévue de Martine Aubry sur François Hollande à la primaire socialiste, très pensable aussi. Les évènements ne suivent pas toujours exactement ce que sondages et médias disent ou veulent...

    La totalité de l'ouvrage est écrit sur un ton ironique et caustique et on rit aux éclats à plusieurs reprises à sa lecture.

    Toutefois, plusieurs ingrédients gâchent l'ensemble : 

    - les scores que prête l'auteur au premier tour de la présidentielle, car ils ne sont pas vraisemblables. On n'imagine pas Martine Aubry qualifiée pour un second tour avec 13% et Nicolas Sarkozy avec 12.5%, pendant que Marine Le Pen caracolerait en tête avec près de 25%. Admettons les score de la dernière mais pas celui des deux premiers.

    - les options politiques de fond de l'auteur qui rêve d'un coup d'état militaire, d'un gouvernement d'union nationale avec entre autres Marine Le pen et le NPA aux commandes au même titre que les autres forces politiques, mais qui en exclut le MoDem et Bayrou (!!!!!!), une sortie de l'euro et l'établissement de barrières protectionnistes.

    - la réduction de Bayrou à un vélléitaire prétentieux et "anxieux". Clairement, l'auteur en veut à François et finalement, son livre relève en fait de la satire plutôt que de la politique fiction. A sa lecture, moi, j'ai surtout vu ce que l'auteur SOUHAITAIT qu'il se produise...

    Alors, oui, mon pote, en effet, ce n'est pas le dans code génétique d'un parti centriste et démocratique comme le nôtre que de rejoindre un gouvernement issu d'un coup d'état militaire, et contrairement à ce que tu écris, je n'imagine même pas Bayrou ou Marielle de Sarnez pouvoir penser y participer.

    Cela dit, François Marty met à mon sens le doigt sur l'un des thèmes de campagne qui risque fort de ressurgir : la sécurité. Son coup d'état militaire provient d'un embrasement des cités.

    Les partis ont tout intérêt à prévoir ce qu'ils vont proposer aux Français dans ce domaine. Actuellement, on trouve l'UMP et Sarkozy, pas crédibles et vélléitaires (concomittance de moulinets, baisses d'effectifs dans la police et hausse de la délinquance), le PS qui essaie de rattrapper le coup (promesses d'Aubry sur la sécurité) mais que leur idéologie laxiste disqualifie, les verts et l'extrême-gauche libertaires et ultra-laxistes et enfin le Front National favorable à une répression brutale.

    Il existe un créneau sur lequel aucun parti ne se positionne, c'est l'affirmation de l'efficacité de la répression, mais d'une répression intelligente.

    Je suis à peu près convaincu que ce concept (que je vais prochainement théoriser) pourrait faire mouche à condition de s'en emparer. Dès, aujourd'hui, que je parle de répression, on me répond prévention, réinsertion et cetera...C'est un peu comme le mot réforme dans l'éducation nationale, je ne supporte plus d'entendre parler de prévention. En résumé, pour moi, prévention a pris le sens de laxiste, et toutes les forces politiques qui mettent en avant la prévention s'apprêtent à mener une politique de sécurité laxiste, c'est évident.

    Cela ne sert à rien de participer à des marches silencieuses pour protester contre les actes odieux, inqualifiables, criminels et cetera...C'est du pipeau. Ce ne sont pas des marches ou des condamnations indignées qu'il faut aux Français, face à la racaille.

    Ce qu'il faut, ce sont des policiers et des gendarmes plus nombreux, mieux armés, et avec une lattitude d'intervention étendue : on leur tire dessus ? Il faut pouvoir répliquer à l'arme à feu et n'avoir aucune hésitation. La racaille n'en a pas. Le taser doit pouvoir être généralisé dans les affrontements de cité. Il faut coffrer tous ceux qui menacent les juges lors des procès et accueillent de justes verdicts par des beuglements et des promesses de revanche. Quand un délinquant a péri dans l'exercice de sa délinquance, il ne faut pas adopter une posture gênée face aux émeutes possibles de la racaille, mais bien au contraire les réprimer avec toute la brutalité nécessaire et ne pas craindre l'escalade. Viendra un moment où l'émeute cessera faute de combattants.

    Ensuite, au niveau de la justice, il faut se montrer expéditif, à l'image de ce qu'a parfaitement compris David Cameron en Angleterre. Pas de quartier pour tous les actes de délinquance. Ceci suppose évidemment de doter les prisons de moyens supplémentaires, de séparer une bonne fois pour toutes la délinquance ordinaire de la délinquance violente et de permettre à tous les prisonniers qui le souhaitent de disposer d'une cellule individuelle fût-elle très petite.

    Enfin, il ne faut surtout pas de laisser impressionner par les diverses ligues de "droits" de toutes sortes et pas davantage par les condamnations issues des commissions de technocrates boboisés de Bruxelles.

    Si le MoDem développait le concept de répression intelligente, bien sûr, les cadres sup bien à l'abri dans leur cottage douillet pourraient risquer de déserter notre parti, mais à côté de cela, toute la classe moyenne, qui elle n'a pas d'autres choix que de subir la délinquance, nous ferait un tout autre accueil.

    L'exercice difficile, c'est de bien se dissocier du Front National. Mais le principe semble clair : ne pas faire porter le chapeauà l'immigration comme s'entête à le faire le Front National, et surtout, donner à cette politique les moyens d'être réalisée. Jamais le FN n'affectera des fonds à la justice et aux prisons, parce que dans son idéologie, ce parti estime qu'il suffit d'entasser les délinquants dans des trous à rat et qu'on est encore trop bons envers eux en leur autorisant la télévision.

    Moi, je crois qu'il faut humaniser les prisons : humaniser les prisons, ce n'est pas se montrer laxiste, mais donner les moyens à ceux qui y sont de trouver le chemin de la rédemption. C'est aussi parier sur un programme de rééducation assez autoritaire des prisonniers, sur la base d'un accès "forcé" à la culture et à la réflexion. Mon sentiment est qu'il ne faut pas investir sur les délinquants les plus violents et pervers. Ceux-là, le gnouf à vie avec le nombre de coups de matraque nécessaires quand ils s'agitent me paraît bien suffisant. Mais pour les autres, notamment les non-violents, j'ai l'intime conviction qu'une rééducation est possible. 

    En somme, la volet d'une répression réussie, c'est la rééducation qui y est associée.

    Olivier Henno le monsieur Sécurité du MoDem entrevoit les réorganisations techniques nécessaires pour qu'une politique de sécurité fonctionne. Sa critique est juste quand il met en exergue que ce ne sont pas des "coups" qui définissent une politique de sécurité, mais un programme de long-terme.

    Il ui reste à définir clairement ce qu'il appelle une action ferme en continu. Je suis par exemple plus que dubitatif quand Olivier Henno croit qu'on règlera les problèmes de sécurité uniquement avec une pilier éducatif. Comme beaucoup d'acteurs politiques, il semble ne pas avoir compris que ce n'est pas le volet éducatif qui pèche, mais bien le volet répressif. C'est ce dernier qui ne marche pas. Non parce que la répression porte en elle-même les germes de son propre échec, comme le pense toute la gauche libertaire entre autres, contaminant désormais toute la classe politique, mais parce qu'elle est tout simplement mal conçue, manque de moyens et n'est pas déterminée !

    Bref, j'aimerais ne plus entendre parler systématiquement d'éducation à chaque acte de délinquance et nettement plus de répression. Pas seulement entendre, mais voir, et constater ses effets.

  • Tu vas arrêter de fumer, Paillé ?

    Gentil toutou à son Sarko, allez, aux pieds, Paillé ! N'a pas eu son nonos et n'essaie de mordre ? Tsss, allez, va chercher la baballe !

    Finalement, la question, c'est de savoir si on a ou non les lieutenants qu'on mérite...Sarkozy a Lefebvre et Borloo...Paillé !

    Paillé (au fait lisez sa biographie édifiante sur wikipedia pour mieux vous faire une idée du personnage) ne sait plus quoi dire pour exister politiquement. Sans doute essaie-t-il de bien se faire voir de son nouveau maître Jean-Louis (va-s-y, Rex, mords, mords, mon bon toutou, mords-le, le François !).

    Donc, sa nouvelle psychose hallucinatoire, c'est le deal secret entre Sarkozy et Bayrou. Franchement, lecteur sain d''esprit, qui n'a fumé ni cable, ni haschich, ni consommé aucune forme de substance psychotrope, imagines-tu un seul instant que François Bayrou dont l'opposition constante au maître de l'Élysée est patente, puisse avoir passé un accord avec un homme auquel tout l'oppose ?

    Borloo ne parvient pas à percer dans les sondages en intentions de vote alors qu'il se voyait déjà négociant son entrée à Matignon en 2012 et du coup, ses potes tentent le tout pour le tout pour relancer la machine enrayée.

    Enfin : faut pas prendre les Français pour des andouilles ! Tenter de faire passer Borloo pour l'opposant et Bayrou pour le gentil collaborateur de Sarkozy, fallait oser. Mais bon, vous savez qui, pour paraphraser une formule fameuse d'un film d'Audiard, ça ose tout...

  • La meilleure éducation du monde ?

    Bien qu'ayant disposé très tôt du 2012, État d'urgence de François Bayrou, j'ai choisi de ne commenter, dans mon billet précédent, que les seules propositions économiques de l'auteur.

    A vrai dire, ce que j'ai retenu comme principale mesure, dans le livre, c'est celle de constituer des classes parallèlles à l'école primaire et peut-être au collège. Des classes de rattrappage en somme. Il existe à ma connaissance, un dispositif relativement proche en collège : on appelle cela des classe-relais. Je ne sais pas quelles sont exactement les intentions de Bayrou, mais j'ai pour ma part une certitude : ce ne sont que des dispositifs établis dans la durée qui peuvent fonctionner. Quand il s'agit de rescolariser et de remettre à niveau un jeune en difficulté, ce n'est pas en 3 mois qu'on le fait, mais minimum en deux ans. L'actuel dispositif ne prévoit pas plus de trois mois de présence continue. Comme tout ce qui est fait depuis près de 15 ans maintenant dans l'Éducation Nationale, c'est de la poudre aux yeux.

    François Bayrou se veut un pragmatique absolu en évacuant la querelle des méthodes pédagogiques, mais admet tout de même l'existence d'une indiscutable baisse du niveau d'exigence et d'un jargon toujours plus jargonnant dans l'élaboration des programmes scolaires. Il propose donc de promouvoir la détection des enseignants qui réussissent. Cela avait fait tiquer sérieusement mon amie Isabelle dans l'un de ses commentaires, et j'avoue moi aussi ma perplexité : QUI va décréter qu'un enseignant est bon ou non ? Et en vertu de quels critères ? Que sont des bons résultats ?

    Pour revenir aux pédagogies, je pense que la querelle n'est pas close. François Bayrou reproche à Gilles de Robien d'avoir aboli par décret l'usage de la méthode globale pour apprendre la lecture. Je ne le suis pas dans cette pensée. Je pense que parfois, pour initier un mouvement, il faut trancher dans le vif. La méthode globale à grande échelle était une projection idéologique. Gilles de Robien a bien fait d'ordonner sa fin, et encore a-t-il eu bien du mal à faire l'admettre tant la morgue et la vanité des mandarins du pédagogisme et de leurs alliés ne connaissent pas de limites.

    Même si Bayrou met en avant quelques principes simples et de bon sens (scolarités parallèles pour les décrocheurs) à mettre en place, il évacue à mon sens une bonne partie des querelles qui fâchent. 

    J'aurais pourtant aimé retrouver dans son projet éducatif la pertinence d'un propos comme celui de Natacha Polony, pour citer mon égérie favorite ou plus simplement le Bayrou de 2007 : exit l'exigence d'excellence ?

    A côté de cela, Bayrou fait aussi preuve d'un courage certain au moment où il est de bon ton de tirer sur l'ambulance. On le sait, l'UMP et le PS (à mots couverts pour ce dernier) crèvent d'envie de revoir le statut des enseignants datant de 1950 et tout particulièrement leur temps de service ! De ce point de vue, Bayrou ne cède pas à la doxa commune et prend vigoureusement la défense des enseignants en mettant en avant tout ce que peuvent constituer comme somme de travail la préparation des cours, la correction des évaluations et plus généralement les divers à-côtés qui constituent le quotidien de l'enseignant ordinaire.

    In fine, à la lecture de la 2ème partie du livre, mon sentiment est mitigé. Si Bayrou veut redevenir aussi convaincant qu'il a pu l'être en 2007 dans son domaine, m'est avis qu'il va lui falloir sérieusement étoffer ses propositions, et puis, parce que je le crois nécessaire, prendre parti sur des terrains certes glissants mais inévitables.

  • Borloo et Bayrou pourraient s'allier, mais...

    Laureline Dupont de Marianne a constaté à peu près les mêmes choses que moi : il y a une comptabilité presque parfaite entre les propositions de Bayrou et celles de Borloo. En fait, elle va même plus loin que moi : elle pense que Borloo a lu Bayrou. Les centristes sont généralement gens pragmatiques, et cela ne m'étonne guère qu'ils se rejoignent dans nombre de domaine. En ce qui concerne le transfert de la protection sociale sur la TVA, je rappelle même que Borloo avait fait la proposition en juin 2007 ce qui avait eu le don de provoquer l'ire de l'UMP et de Nicolas Sarkozy. On y arrive pourtant.

    Je l'ai déjà dit ici, s'il n'y avait François Bayrou, je voterais sans doute pour Jean-Louis Borloo. 

    Non, ce qui me gêne avec Borloo, ce ne sont pas les idées. C'est la crédibilité. Il avait l'occasion, en 2007, de soutenir le programme de l'UDF et de Bayrou qui était peu ou prou ce qu'il défend à l'heure actuelle. Il avait même reçu une lettre de supplication de la plus grande partie des cadres du Parti Radical ainsi que des jeunes radicaux. Il n'en a rien fait. Je le redis, son rôle dans l'affaire Tapie et ses relations avec l'individu m'inspirent la plus grande méfiance. Je n'ai pas observé d'impact significatif de sa part dans le gouvernement Fillon depuis 2007. En revanche, j'ai bien pris note que c'est son recalement qui sa sonné pour lui l'heure de la charge contre son ami Nicolas.

    Plus fâcheux : Jean-Louis Borloo, à l'inverse de François Bayrou, annonce par avance son ralliement non à une majorité d'idées, mais à une majorité politique, puisque d'ores et déjà, c'est l'UMP qui bénéficiera de son appel à report au second tour.

    C'est triste. Borloo et Bayrou se barrent la route l'un à l'autre. Hélas, les centristes authentiques le savent, et Arthuis l'a finement observé : sans indépendance, pas de crédibilité. Je connais Bayrou. Il est sincère. Tout son livre est orienté vers la volonté de créer un arc politique central. C'est cette majorité d'idées qui l'intéresse et non sa personne comme sont toujours pressés de le déclarer les zélotes qui font profession de l'enfoncer. Si Borloo faisait le choix de l'indépendance (mais il en est incapable) je pense que Bayrou serait prêt à s'effacer pour laisser au meilleur centriste et à la démocratie sociale les chances de réaliser le score le meilleur.

    En tout cas, je me réjouis de ce que les idées de Bayrou fassent leur chemin. Sur la dette, par exemple et la nécessaire réduction des déficits. Il fait le bon choix en décidant de soutenir la Règle d'or. 60% des Français en approuvent d'ailleurs le principe.

    Aussi bien Borloo que Bayrou ont raison en admettant de longue date le principe de se ranger à une TVA (Borloo) ou une CSG (Bayrou) sociale pour financer notre protection. A gauche, on se couvre de ridicule en jurant que les riches paieront. C'est en dizaines voire en centaines de milliards que se chiffrent nos besoins de financement pour notre protection sociale. Taxer les 80 000 Français les plus riches ne rapporte pas même 1/2 milliard de dollars. On peut bien sûr (il le faut) réduire le train de vie de l'État, mais il va falloir trouver autre chose que le seul non-remplacement des départs à la retraite. Comme l'observe François Bayrou, dans son 2012 État d'urgence, dans l'Éducation Nationale ils n'ont pas même rapporte le demi-milliard.

    La réalité est en fait la suivante : pour combler nos déficits, soit il faut sabrer très sérieusement nos dépenses, c'est à dire appliquer des recettes néo-libérales dans toute leur rigueur, soit taxer la richesse comme des brutes, comme le prône la gauche de la gauche. Dans les deux cas, on obtiendrait des résultats catastrophiques, soit dans le domaine social soit dans le domaine économique.

    Quand aux solutions souverainiste et nationaliste, elles explosent le connomètre : se retirer de l'euro et laisser galoper l'inflation ou créer de la monnaie à tire-larigot c'est un billet aller sans retour vers la ruine de notre pays à commencer par les petits épargnants qui par sécurité ont pris des bons du trésor et autres obligations d'État. Il ne suffit pas de faire des dessins sur un joli morceau de papier pour régler une dépense : il faut que le morceau de papier soit assis sur une crédibilité (industrielle, économique, financière, budgétaire) mais ce léger détail ne semble pas avoir frappé plus que cela nos souverainistes.

    Bref, Bayrou a inventé un concept politique intéressant, il y a un an : l'espoir crédible. Je pense que c'est le créneau naturel du centrisme et de la démocratie sociale, dont il est lui-même le réprésentant le plus crédible, n'en déplaise à Borloo et ses partisans. C'est dans cette niche (pas fiscale) qu'il faut s'engouffrer et tenter de l'élargir. Enfin, je ne crois pas qu'il faille compter sur l'UMP (comme le fait Borloo) ou le PS (comme le pensent certains militants du MoDem) pour mener cette politique. *

    Il n'y a d'espoir qu'au centre de l'Échiquier politique et c'est ici que se joueront exclusivement les coups gagnants...

  • Règle d'or : la voter ou non ?

    Romain, comme un certain nombre de socialistes l'a mauvaise : le gouvernement demande à l'opposition de voter la fameuse règle d'or. C'est quoi au fait ? Dans le domaine budgétaire, il s'agit simplement d'inscrire dans la Constitution l'objectif de retour à l'équilibre des finances publiques.

    Rendons à César ce qui est à César : la couverture médiatique a tout de même (soigneusement ?) omis de préciser que le Nouveau Centre la demande depuis trois années cette règle d'or budgétaire. J'avais été invité à leur congrès en mai 2008 et je me souviens très bien d'avoir entendu Charles de Courson l'évoquer longuement. L'idée allait dans le droit fil des projets de réduction des déficits qui figuraient dans le programme de Bayrou et de l'UDF en 2007. Côté MoDem, Robert Rochefort soulève un lièvre intéressant : il propose d'en adopter le principe à l'échelle européenne. Une idée qui séduirait certainement nos amis Allemands, à n'en pas douter.

    Le grand argument des Socialistes, en fait, pour voter contre la règle d'or du gouvernement, c'est de dire qu'ils ne vont pas jouer les pompiers alors que l'Incendiaire fait joujou avec des mèches depuis quatre ans. C'est vrai. Mais les Socialistes oublient juste qu'ils ont largement étalé la poudre et l'amadou quand ils étaient au pouvoir. Comme tout le monde depuis 35 ans. 

    De la même manière, le gouvernement aurait le plus grand intérêt à adopter un profil bas. Il ne faudrait pas non plus que cette Règle d'or devienne un prétexte pour valider des budgets iniques. 

    Pour ma part, j' y vois un intérêt certain : elle contraindra opposition et pouvoir à dialoguer. Trop de déductions fiscales à sens unique ? On peut en appeler aux Sages pour décréter le budget inconstitutionnel. Des recettes supplémentaires allouées au train de vie plutôt qu'au désendettement ? Même chose. Dès lors que le projet de loi précise clairement qu'il écarte les dépenses d'investissement de cette obligation budgétaire automatique, il me semble que c'est une loi qui va dans le bon sens.

    Je pense que les Socialistes ne devraient pas repousser si prématurément un vote positif. D'une part, ils ne donneraient pas une image de grande responsabilité ainsi, et d'autre part, ils se priveraient certainement d'une arme qui peut se retourner en leur faveur.

    De toutes façons, il faut bien se le dire : ce que la Règle d'Or ne fera pas, les marchés le feront pour nous. Ils ne continueront pas à admettre indéfiniment nos déficits structurels. Mieux vaut prendre les devants. Et pour les contempteurs des marchés et de la finance, qu'ils sachent que la meilleure manière de leur clouer le bec, c'est d'être vertueux, d'autant que ne plus dépendre de bailleurs étrangers est un avantage géostratégique qui concerne également notre diplomatie et notre défense...

    En ce sens Bayrou fait bien d'approuver ce projet. J'espère que les Socialistes sauront bien peser le pour et le contre. Il n'y a pas que des désavantages pour eux, dans cette loi.

  • Minc doit apprendre à lire

    Bayrou fixe comme priorité dans son 2012 État d'urgence 100% de jeunes enfants maîtrisant la lecture à l'issue du CM2. Je propose un avenant pour les intellectuels grisonnants et pétris de morgue. J'ai lu la critique de Minc dans le dernier numéro du Point. Quel âne ! Le voilà à se lancer dans une diatribe contre Bayrou faisant valoir que ce dernier promeut un protectionnisme à l'échelle européenne.

    Quand on critique un livre, on est prié de le lire. Dans le chapitre "démondialisation", Bayrou dit très exactement l'inverse. Il dénonce l'illusion dangereuse du protectionnisme, y compris à l'échelle européenne. 

    Il y a même mieux en fait : page 40, un sous-titre intitulé "le mirage du protectionnisme européen"

    Il n'y aura pas de protectionnisme français [...]. Encore moins y-aura-t-il une protectinnisme européen.[...].Ils sentent bien que le protectionnisme national n'est pas défendable et plus de saison. Y ajouter l'adjectif «européen» c'est éluder l'accusation de connivence avec le Front National.

    Bayrou fait alors observer que c'est une duperie que de proposer un programme auquel plus d'un de nos voisins ne saurait donner son assentiment : imagine-t-on l'Allemagne, pays exportateur s'il en est, se ranger à une telle idée ? Ou encore la Grande-Bretagne, patire d'origine du libre-échangisme ? Bref, ceux qui défendent cette thèse savent qu'ils mentent et racontent n'importe quoi, à commencer par le Front National. C'est en substance ce que Bayrou relève dans le paragraphe que je cite. On ne saurait être plus explicite.

    Minc est vraiment nul. Peut-être malhonnête, même. Allez savoir pourquoi, mais j'ai la forte intuition qu'il n'a pas lu l'ouvrage. Il a du se contenter d'organes et d'articles de presse. Or, de tous les articles parus, y compris sur la Toile, je suis le seul à avoir relevé la charge de Bayrou contre le protectionnisme. Conclusion collatérale, Minc ne lit pas mon blogue...

    En tout cas, on ne pouvait pas rater ce point de vue sur lequel Bayrou insiste. Alors, Alain Minc : analphabète ou malhonnête ?

  • Etat d'urgence, la dernière séance !

    Nous vivons un thriller planétaire dont nous ne cessons de mesurer chaque jour l’ampleur. Il y pleut des cadavres. Si la première victime a été grecque, il semble bien que le peuple hellène n’aura pas le monopole de la tragédie. Ibères, Lusitaniens, habitants de la verte Erin jusqu’à ceux du Nouveau Monde, tous tombent comme les épis qui ploient sous le poids d’une faux au temps des moissons. De Trieste jusqu’aux confins de la botte, c’est l’Italie qui gémit à son tour sous le regard inquiet du génie français. Ah, la France ! Parlons en ! C’est elle, sans doute, la prochaine victime en dépit des mantras savants que se complaisent à réciter ses dirigeants.

    Il y a état d’urgence et cette cause-là vaut bien d’y consacrer un livre. François Bayrou vient de le faire.

    J’ai disposé en avant-première de l’ouvrage (privilège de blogueur centriste...).

    Nous vivons à l’heure actuelle la crise qui a été annoncée au lendemain même de celle des banques : la crise des dettes publiques. La France, avec ses records enfoncés ces dernières années y est aux premières loges.

    La dette, Bayrou en a longuement parlé en 2007. Le danger mortel qu’il annonçait s’est répandu sur les économies occidentales. Pour moi dont l’inquiétude grandit à proportion de la gangrène qui gagne notre économie, toutes les solutions viables sont bonnes à prendre. C’est donc avec le plus vif intérêt que j’ai pris connaissance des propositions du Président du MoDem.

    Plus que jamais François Bayrou ne voit d’autres solutions que d’équilibrer nos budgets pour sortir de la nasse. Notre déficit primaire (hors charge de la dette) s’établit à 5,5% de notre PIB. En somme si nous ne pouvions plus emprunter, nous ne pourrions plus payer nos fonctionnaires.
    Pour retrouver l’équilibre il faut que l’addition de nos économies et de nos ressources dégage 100 milliards d’euros. Bayrou établit ses comptes de la manière suivante :
    - récupération d’un quart des niches fiscales (Bayrou juge démagogique la proposition socialiste qui table sur sur 50 des des 80 milliards des niches : elles recouvrent des réalités très (trop!) diverses ! Certes le bouclier fiscal mais aussi le crédit impôt-recherche, l’avantage fiscal pour aide à personne et tant d’autres encore). 20 milliards, donc.
    - 2 points de TVA supplémentaires doivent pouvoir fournir les 20 milliards suivants. 40 milliards.
    - En augmentant l’Impôt sur le Revenu (Tranches supplémentaires) et en revoyant la taxation des successions, on peut espérer 5 milliards. 45 milliards.
    - Assurances-maladie, retraites et plus généralement budgets sociaux doivent être optimisés afin de dégager les 15 milliards suivants. 60 milliards.
    - L’Etat doit continuer à diminuer ses interventions et baisser son train de vie. Les collectivités locales doivent être responsabilisées et gérer plus directement leur fiscalité afin de limiter les transferts avec l’Etat. 20 milliards à trouver dans tout cela, cela donne 80 milliards. Il en manque encore 20...

    Bayrou estime que ce sont là les maxima que l’on puisse puiser. Promettre la lune comme on le fait à gauche (taxer les riches) ou à droite (dégraisser l’Etat) ne correspond à rien de sérieux. Les vingt milliards manquant ne peuvent être trouvés que dans un accroissement de la richesse nationale. C’est cet accroissement-là qui est l’objet principal du livre de Bayrou (l’éducation ne vient qu’en second), ce que Bayrou appelle le “produire en France”.

    Très pédagogiquement, il débarrasse ses lecteurs d’une illusion dangereuse : la démondialisation.

    Plutôt que d’espérer pouvoir s’enfermer dans nos frontières, Bayrou préfère voir la France se battre pour ériger des règles justes, une mondialisation loyale. Le protectionnisme, s’accrût-il jusqu’aux contours de l’Europe, est un leurre dangereux.  Même si notre balance commerciale est mise à mal nous demeurons un pays exportateur. Le doter de barrières douanières unilatérales aurait un effet dévastateur sur notre économie car  nos partenaires commerciaux ne manqueraient pas d’agir de même. Ni l’URSS n’a gagné la guerre froide ni la Corée du Nord n’est un état riche ou puissant (NDLR : témoignage édifiant à lire dans le Géo de ce mois d’août 2011 sur ce dernier pays) et pourtant, voilà des états qui ont été ou sont encore protectionnistes à l’excès. Le problème n’est pas la concurrence mais la concurrence déloyale.
    Par exemple, les  normes européennes ne doivent pas valoir pour les producteurs européens mais pour tous les produits vendus sur le marché européen. Voilà qui empêcherait de très grosses entreprises de contourner contraintes environnementales ou sociales en produisant dans des pays où elles n’existent pas puis en revendant après coup sur le territoire européen.
    De même, un pays ne devrait pas pouvoir décréter unilatéralement la valeur relative de sa monnaie dès lors qu’il utilise les règles du commerce international pour vendre ses productions.
    C’est au niveau de grandes organisations internationales comme l’OMC qu’il faut lutter pour promouvoir une concurrence juste (NDLR : comme le fait Marielle de Sarnez au Parlement européen, par exemple).

    Depuis une dizaine d’années nos déficits commerciaux suivent le chemin de nos déficits budgétaires : ils dérapent toujours plus, privant notre pays de précieuses ressources. C’est donc sur notre sol qu’il s’agit de relancer nos productions. Il n’existe certes pas de solutions miracle mais il nous reste des leviers qu’il demeure possible d’activer.

    a) L’automatisation des productions permet ainsi  de contourner les écarts de coûts salariaux comme critères déterminants de rentabilité. Elle facilite donc l’implantation de la production sur le sol français.

    b) C’est l’offre plutôt que la demande qu’il faut soutenir à l’heure actuelle : dans une économie ouverte comme la nôtre, et en l’état de notre appareil productif, une relance par la demande reviendrait à stimuler les productions allemande ou chinoise, tant nos importations en biens de consommation sont importantes.
    Une économie administrée n’est pas la solution pour Bayrou : ce n’est  ni le rôle ni la compétence d’un Etat de ses mêler des grands équilibres de la production. Il se défie du dirigisme mais croit l’Etat dans son rôle quand il incite ou facilite.
    c) Sans définir une stratégie nationale l’Etat pourrait permettre aux différents acteurs économiques d’en dresser les contours ; une sorte de Commissariat au Plan qui les réunirait et les informerait (sur certaines OPA hostiles dont le seul but est de capter le carnet de commandes d’un concurrent puis de l’éliminer une fois la prédation accomplie, par exemple).
    Le fonds stratégique mis en place par Sarkozy et le gouvernement Fillon va à cet égard dans le bon sens mais doit être élargi et servir à bon escient : pas à soutenir les copains ou les très grosses entreprises mais être orienté vers les PME, particulièrement les jeunes pousses.

    d) Appeler les consommateurs à la rescousse
    Un véritable effort implique la nation toute entière. Convenablement informés, les Français consommateurs peuvent devenir les soutiens actifs des Français producteurs. Mais pour cela, il faut créer un label “Produit en France” indiquant précisément en pourcentage la production issue de notre sol. Aux associations de consommateurs, professionnels et salariés d’en contrôler la fiabilité. Il ne s’agit pas pour autant de mener le combat contre les composants importés : ils sont une chance pour les pays qui les produisent et une opportunité de baisses de coûts pour nos entreprises. Il en va tout autrement de la délocalisation d’un produit.

    e) Simplification fiscale et juridique
    Les cadres juridiques qui régissent l’activité entrepreneuriale sont d’authentiques labyrhintes : Thésée y perdrait son fil d’Ariane. Niches fiscales et sociales, normes complexes et changeantes, tout contribue à favoriser les très grosses entreprises disposant de cabinets juridiques tandis que les PME sont conduites à errer dans leur dédale. Une iniquité de plus qu’il convient de corriger par une nuit du 4 août des privilèges indus et des formulaires surnuméraires.

    f) Basculement des charges sociales
    Il y a une injustice dans notre pays : tous les Français bénéficient de la même protection mais seuls les salariés et les entreprises la paient. Si l’avantage profite à toute la nation, c’est également à elle de le financer. Tous les revenus sans exception doivent contribuer : salaires, entreprises, revenus du capital, assurances, retraites... Un impôt comme la CSG qui touche tout le monde et tous les revenus pourrait pourvoir à ce financement. De ce fait, les marges plus importantes, particulièrement dans l’industrie, favoriseraient l’investissement dans la recherche et le développement (NDLR : Jean Peyrelevade observait dans son livre l’erreur historique de Nicolas Sarkozy que l’industrie française avait les marges les plus faibles d’Europe).

    In fine toutes ces idées ne prétendent pas à la vérité universelle, et à vrai dire, ma relation est loin d’être exhaustive (il faut lire le livre de Bayrou en entier), mais elles méritent une discussion et des débats et ouvrent la voie à une politique de reconquête. En France l’on s’accorde aisément sur l’abstraction mais dès qu’il s’agit de la réalité, de la matière qui fait la vie, il n’y a plus personne.

    Pourtant, l’important, c’est de vouloir...