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Bayrou - Page 30

  • Morin comme Aubry

    Damnation ! Après avoir défendu deux leaders socialistes, il faut en prime que j'assure la défense d'Hervé Morin, le Président du Nouveau Centre, pour les mêmes motifs que précédemment avec Martine Aubry.

    Cette fois, NovoPress, un organe de presse très proche des idées du Front National, se lâche contre Morin en accusant ce dernier d'hypocrisie parce qu'il a demandé l'expulsion d'un campement illégal de gens du voyage.

    Je recommande vivement à l'auteur de l'article l'audition attentive du dernier Talk Orange du Figaro avec Bayrou. Il est vraiment excellent, en ce moment, Bayrou.

    Ce n'est pas compliqué à comprendre : faire appliquer la loi sur sa commune, rien que de plus normal, et personne ne le conteste. Enfin...personne parmi les gens sensés et suffisamment fermes, je ne parle pas de la gauche gauchisante et dégoûlinante de bonne conscience.

    Simplement, il n'y a pas besoin de sonner le cor de chasse pour cela et d'appeler à la battue aux Roms. On applique la loi à tout le monde sans discriminations et c'est tout, point à la ligne.

    Bayrou jugeait par ailleurs qu'il était plus qu'inconvenant de comparer le sort des Juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale et celui des Roms aujourd'hui, les premiers finissant dans un camp d'extermination, les seconds revenant dans leur pays avec un petit pécule ! Comme quoi, il est bien loin de verser dans l'angélisme. Cela ne justifie pas pour autant les outrances, d'où qu'elles viennent. C'est une manie de juger les gens sur leurs origines, chez les Sarkozystes, ces derniers temps. Bayrou défend précisément le pape que cet abruti de Minc voudrait faire taire sous prétexte qu'il est d'origine allemande.

    C'est bon, l'Allemagne a fait plus que largement son devoir de mémoire, et il serait temps de la lâcher avec la Seconde Guerre Mondiale et les Nazis. Les Allemands d'aujourd'hui n'ont plus rien à voir avec ceux de cette époque en dehors des liens de filiation.

    J'ai l'air de m'égarer, puisque je voulais soutenir Morin, mais en fait, le problème de fond, c'est bien celui de confondre lutte contre l'insécurité, légitime, et stigmatisation débile ; je crois que là-dessus les deux leaders centristes sont d'accord.

  • Bayrou, le même et l'autre

    J'ai apprécié la belle réponse que Fred a faite à un sympathisant MoDem qui observait que plusieurs adhérents n'avaient pas renouvelé leur adhésion au MoDem, alléguant "le poids de leur conscience".

    Fred relève simplement une ancienne remarque d'un journaliste à propos du centriste : 

    François Bayrou est le seul homme politique qui soit le même avant et après que l'on ait allumé la caméra.

    C'est exactement ce que j'apprécie chez l'homme. Je sais que ce qu'il dit, il le fera. C'est pour cela que j'ai confiance en lui, et que, comme par hasard, il ne promet pas, lui, au moins, de raser gratis demain.

    Je songe souvent à ce général grec du sophiste Protagoras qui promet de ne pas raser une ville assiégée mais ne tient finalement pas sa promesse. Comme on le lui fait remarquer, il réplique qu'au jour de l'exécution de sa promesse, il n'est pas le même homme que la veille mais autre. Ainsi, il ne se trouve pas engagé par sa parole.

    Le même et l'autre : vieux serpent de mer de l'ontologie classique. C'est parce qu'il y a eu très tôt, en Grèce classique, des individus pour appliquer dans leur vie pratique le scepticisme absolu et cynique de plusieurs sophistes qu'un Socrate, ou d'autres philosophes comme les Éléates,  s'est levé pour les affronter.

    L'Étranger d'Élée à Thééthète

    - Ce que j’ai déjà dit : laisser là ces arguties comme inutiles, et se montrer capable de suivre et de critiquer pied à pied les assertions de celui qui prétend qu’une chose autre est la même sous quelque rapport et que la même est autre, et de le faire suivant la manière et le point de vue de cet homme, quand il explique la nature de l’un ou de l’autre. Quant à montrer n’importe comment que le même est autre et l’autre le même, que le grand est petit et le semblable dissemblable, et prendre plaisir à mettre toujours en avant ces oppositions dans ses raisonnements, cela n’est pas de la vraie critique, c’est l’ouvrage d’un novice qui vient seulement de prendre contact avec les réalités...

    Le Sophiste, Platon

    Combien puis-je parier qu'un Sarkozy viendra nous expliquer qu'il a changé, par exemple, et qu'il n'est plus le même mais un autre ? Et quelqu'un aurait confiance en la parole d'un homme qui se vanterait d'une telle chose ? Oh, il n'est sans doute pas le seul : on sait déjà que les belles promesses de la gauche ne pourront être tenues. Ségolène Royal admettait déjà en 2007 qu'elle n'avait jamais eu foi dans le programme politique qu'elle soutenait. C'est vraisemblablement le cas de la plupart des sociaux-démocrates et sociaux-libéraux du PS, mais voilà : demain est un autre jour, et c'est bien plus commode de faire semblant de l'ignorer...

  • 22 avril 2012, au soir...

    Il y a un jeu amusant, au sein de la blogosphère politique, en ce moment, qui consiste à faire de premiers pronostics à l'issue du premier tour de l'élection présidentielle de 2012. Nicolas m'a lancé un gage, je vais évidemment le relever.

    Je pense sincèrement que Nicolas Sarkozy est grillé pour 2012. Il peut réaliser un score correct au soir du premier tour, mais il ne pourra mobiliser davantage car les cordes sur lesquelles il compte habituellement sont usées, notamment la sécurité. En 2007, il pouvait prétendre avoir renforcé les effectifs de police et avoir géré la révolte des cités, en 2012, ce ne sera nullement le cas, puisqu'il n'a cessé d'avaliser les réductions des effectifs des forces de l'ordre. A côté de cela, il aura eu à endosser des réformes devenues nécessaires et inévitables, les retraites n'étant que l'iceberg émergé de ce qui l'attend...

    Avec un bon candidat, le PS devrait pouvoir devancer l'UMP. Je ne suis pas convaincu que DSK soit le meilleur sur la durée, même s'il est le plus populaire pour l'instant. C'est un bon orateur, et il est malin, mais il va susciter des oppositions sur sa gauche, et je pense que la droite fourbit ses armes contre sa candidature. En outre, il portera la croix d'avoir été adoubé par Nicolas Sarkozy auquel il doit partiellement son poste. Martine Aubry est sans doute moins consensuelle, mais elle aura l'appui de toute la gauche et de l'appareil du parti dans son intégralité ; en outre, c'est une femme qui a la carrure d'une présidente, une femme d'État, et, si elle ne fait pas d'erreurs, elle restera plus populaire que Sarkozy.

    Je crains fort que le troisième homme soit une femme : Marine Le pen. Elle est moins bonne oratrice que son père et n'a pas comme lui l'art de l'outrance, mais elle pose des questions qui fâchent, et la diabolisation ne marchera pas contre elle. Plus présentable que Jean-Marie Le Pen, elle pourrait séduire une partie de l'électorat UMP.

    On surestime à mon avis Éva Joly. C'est une monomaniaque, et le jour où il va falloir évoquer la France et les Français dans toute leur amplitude, sa vacuité apparaîtra au grand jour et elle décevra les bobos et les cadres dont elle a pour l'instant les intentions de vote.

    Je ne sais quoi penser de Bayrou. C'est évidemment mon candidat préféré, et de loin, mais je crains qu'il ne soit au moins aussi grillé que Ségolène Royal, même s'il a mis un peu plus de temps qu'elle à l'être. C'est triste, car c'est le plus honnête, le plus indépendant et celui qui a le plus de fond. Le seul aussi à apporter de vraies réponses aux défis qui attendent la France. Hélas, ce n'est pas suffisant, et il paie très cher d'avoir voulu créer à tout prix un courant démocrate en France. Les socio-libéraux du PS n'étaient pas prêts à s'y joindre ; en revanche, en acceptant du bout des lèvres des accords électoraux avec l'UMP dont le seul gage aurait été le vote du budget annuel, il pouvait mener la vie dure à Nicolas Sarkozy et apparaître ensuite comme une alternative crédible au centre et à la droite.

    Je me défie un peu de Villepin. Avant d'être piégé par Sarkozy, il était prêt au compromis avec lui. Accessoirement, sur l'affaire Clearstream, il a au minimum laissé faire, ce qui en dit long sur son éthique en politique. Rien ne dit qu'il n'y aura pas un revirement de sa part. Je crois que son but est de se faire une place au sein de l'UMP et d'y supplanter si possible Sarkozy. C'est ce que l'UMP pourrait espérer de mieux, car je pense que comme homme d'État, contrairement à Sarkozy, il a une vraie carrure.

    On a toujours surestimé la gauche de la gauche et notamment le facteur. Besancenot ne se présentera peut-être pas, et, sans lui, le NPA ne sera pas crédible. Je pense aussi que son électorat est facilement poreux avec celui du FN. Il est à mon avis largement surestimé. Heureux s'il obtient ne serait-ce que 5%.

    Mélenchon pourrait surprendre, et même faire un joli score, surtout si DSK représente le PS.

    Pronostiquer des scores, c'est très coton. Tellement de choses peuvent se passer...Je vois probablement Sarkozy et DSK aux alentours de 25% chacun. Marine Le pen pourrait atteindre les 15%.

    Après, c'est difficile : ils seront sans doute plusieurs à se côtoyer entre 5 et 7% : Villepin, Joly, Mélenchon et Bayrou, peut-être le facteur s'il est là.

    Le seul espoir que j'ai, c'est que les Français réalisent que Bayrou avait pressenti tous les problèmes qui se posent aujourd'hui à la France, pressenti également ce que serait les cinq années de pouvoir sarkozyste. Si une telle chose se produisait, alors, bien évidemment, Bayrou pourrait espérer rééditer une belle performance. En politique, tout peut se produire et il ne faut jamais vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué.

    Il ne me reste plus qu'à taguer quelques blogueurs. Rubin, s'il me lit encore, Hashtable, mon affreux libéral préféré, Rimbus qui me prend pour un sensible parce que je suis hostile à la mise à mort des taureaux dans les arènes, AsTeR dont le caractère sulfureux est savoureux, et puis Vincent qui se fait rare et Nicolas et son troupeau de vaches dont les qualités de prospection vont en la circonstance pouvoir faire fureur.

    Oh, là ! Que des hommes ? Que nenni ! Si le Merle Moqueur et Olympe me font l'honneur de relever le gant à leur tour...

     

  • insécurité : le double-jeu de Luc Châtel

    S'il y en a bien un qui exsude l'hypocrisie, c'est bien Luc Châtel. On l'entend fanfaronner comme porte-parole du gouvernement à propos de la lutte contre l'insécurité, mais à porter deux casquettes, super-menteur oublie que comme Ministre de l'Éducation Nationale, il a donné consigne aux recteurs et aux chefs d'établissement de rendre les exclusions quasiment impossibles.

    En somme, les délinquants qui polluent les établissements scolaires vont pouvoir prendre pension à demeure et faire tache d'huile sans plus avoir à craindre la moindre sanction.

    Il est toujours davantage interdit d'interdire dans l'école sarkozyste de Luc Châtel. Trop drôle la scène de la levée d'élèves à l'entrée de l'enseignant rejouée pourtant tant de fois sous les ministères successifs.

    S'il y a bien quelque chose qui m'horripile, c'est quand j'ai l'impression qu'un ministre prend le citoyen ordinaire que je suis pour un débile. Je ne vous raconte pas comment je suis horripilé depuis trois ans...

    Comme d'habitude, du bla-bla, des moulinets de bras et rien derrière.

    Moi, j'en reviens encore et toujours à l'excellent programme de Bayrou en 2007. Pourquoi y renoncerais-je alors que tout y demeure plus que jamais valable ? Sur l'éducation, il a tout compris.

    J'ai déjà montré comment Châtel & cie détricotent l'école de Bayrou avec leurs réformes successives.

    Bref, on le sait : par collège et/ou lycée , il y a entre 20 et 40 individus qui créent de vrais problèmes et concentrent à eux seuls entre 50 et 75% de tous les problèmes de discipline, d'incivilités et de délinquance. Il suffirait de les placer dans des centres adaptés pour que les établissements scolaires retrouvent la sérénité nécessaire à leur bonne marche. C'est ce que proposait entre autres Bayrou et que gauche et droite se gardent bien de reprendre alors que c'est l'évidence même.

    Châtel & co nous bourrent le mou avec leurs réformes à la noix. En réglant les dysfonctionnements générés par les perturbateurs récidivistes, souvent violents, on résoudrait une bonne part des insolubles équations dont les pontes tentent de trouver l'inconnue depuis un moment.

    Un exemple simple : comment un enseignant pourrait-il s'occuper en particulier d'un élève en difficulté s'il doit conserver un angle de vue lui garantissant de pouvoir se mettre à l'abri d'un jet de projectile ? S'il doit garder un oeil de lynx rivé sur deux ou trois pré-délinquants déterminés à lui pourrir l'existence (ainsi que celle' de leurs camarades) ?

    On commencerait par cette simple mesure de bon sens que l'on aurait franchi déjà un pas important voire déterminant...

  • La vieille éthique a encore frappé...

    C'est plus fort que moi : ce surnom venu directement du plus haut sommet des Verts m'amuse :-) Plus sérieusement, ce n'est pas mon habitude de soutenir Delanoë, mais, pour une fois, je suis d'accord avec sa manière de voir les choses. 

    Dans l'affaire des emplois fictifs de la ville de Paris et du RPR, il a cherché à récupérer les fonds engagés par la Ville de Paris, et il y est parvenu. Moi, je trouve que c'est bien joué de sa part, et très raisonnable. Delanoë cherche à obtenir réparation, Éva Joly la tête de Chirac. Je n'aime pas trop cette idée de la justice, même si elle a fait la force la Norvégienne dans sa lutte contre la corruption financière.

    Delanoë souligne justement que ce n'est pas son job d'endosser le rôle de l'Inquisiteur. Nous sommes encore en démocratie, dans notre pays, que je sache, et c'est encore le droit d'une partie, dans un procès, de renoncer à sa plainte quand un compromis satisfaisant est trouvé.

    J'ai toujours aimé dans la justice, l'idée qu'elle était autant corrective que répressive, et davantage au service des individus que des grands principes. Au chapitre 7 du cinquième livre de son Éthique à Nicomaque, Aristote développe une conception du juge qui en fait avant tout le tiers entre deux parties.

    Aller devant le juge c’est aller devant la justice, car le juge tend à être comme une justice vivante ; et on cherche dans un juge un moyen terme (dans certains pays on appelle les juges des médiateurs), dans la pensée qu’en obtenant ce qui est moyen on obtiendra ce qui est juste. Ainsi le juste est une sorte de moyen, s’il est vrai que le juge l’est aussi.

    Je suppose que je n'étonnerai pas mes lecteurs habituels en leur révélant que idée est reprise par de nombreux économistes libéraux...

    La volonté de purifier est une obsession chez Éva Joly. L'établissement de la loi devrait un objectif en soi et non une sorte de catharsis qui pourrait vite virer à la Terreur en version Robespierre. J'avoue que je fais partie des déçus du personnage. J'avais, comme tant d'autres, idéalisé le personnage.

    Éva Joly a pris la grosse tête : elle a trouvé très astucieux de se vanter d'avoir mis DSK en examen. Après avoir salué l'homme d'action qu'était Bayrou, elle a par la suite repris le leitmotiv de l'UMP et du PS lors de l'élection présidentielle pour expliquer qu'il n'avait pas de programme. Elle apprend sans doute vite en politique. Et désapprend non moins vite côté éthique...

  • L'étrange destin de François Bayrou

    Orange Sanguine a repris au début du mois un article de Sud-Ouest qui retraçait brièvement une part de l'enfance de François Bayrou.

    La diversité des parcours est toujours étonnante au sein d'une même famille. J'ignorais totalement qu'un des oncles de Bayrou, un frère de son père, avait été polytechnicien, ou qu'une de ses tantes, jeune soeur de son père, avait été médecin. Un autre a été mécanicien, tandis que Calixte, le père de Bayrou est un autodidacte agriculteur.

    Aujourd'hui, il n'y aurait pas photo : un père autodidacte, un oncle mécanicien, ce serait le déclassement social et l'éclatement de la famille, le polytechnicien ne supportant de cohabiter avec un mécanicien et un agriculteur, ce dernier fût-il lettré.

    Mais j'imagine qu'il y a 50 ans, c'était quelque chose de possible. On a l'illusion que les barrière sociales ont sauté aujourd'hui, que tout un chacun devient accessible, et en fait, je crois, bien au contraire, qu'elles n'ont jamais été aussi fortes, parce qu'elles sont inconsciemment intériorisées. C'est même bien pire que cela : les classes sociales vivent dans des mondes séparés avec l'illusion d'évoluer dans le même monde, alors qu'il n'en est rien.

    Quand je me représente les repas de famille des Bayrou avec chacun leur livre à table, je repense à ma propre grand-mère. Mes grands-parents, du côté de mon père, étaient de tout petits propriétaires. Pas d'élevage de chevaux, mais quelques vaches, des cochons, et tout de même un cheval de trait. Ma grand-mère et ma grande-tante avaient du toutes deux s'arrêter au certificat d'études. Elles réussissaient bien l'une et l'autre à l'école (elles ont d'ailleurs toujours eu un style et une orthographe impeccables), auraient voulu continuer, mais il n'y avait pas d'argent à la maison pour cela, et mon arrière grand-père ne voulait pas qu'une soeur ou qu'un frère fût plus favorisé qu'un ou qu'une autre. Personne n'alla donc au-delà du Certificat d'études primaires. Mais de ce regret amer, ma grand-mère et ma grande-tante conservèrent une admiration et un goût pour les livres et la culture qu'ils transmirent à une large partie de leur descendance.

    Il y avait donc chez mes grands-parents et ma grande-tante des livres, achetés souvent à la sueur de leur front, et il en fallait pour ramasser les bottes de paille, les charger sur la charrue puis les hisser au grenier.

    Dans mon enfance, au temps où je concevais sans la moindre hésitation l'existence éternelle de Jésus de Nazareth, j'étais absolument convaincu que ma grand-mère et ma grande-tante étaient nécessairement destinées à être sanctifiées. J'avais d'ailleurs naïvement demande à ma grande-tante un jour si elle était bien une sainte.

    Mes grands-parents votaient pour l'UDF. Ma grande-tante, j'en suis moins sûr ; je pense qu'elle a voté à plusieurs reprises à gauche, mais je ne saurais dire quand exactement.

    En lisant cette biographie courte et ciblée de François Bayrou, j'ai eu la sensation étrange de retrouver quelque secrète correspondance entre nos deux enfances.

    Bon, il est devenu un acteur majeur de la sphère politique, et moi, euh...un illustre inconnu :-)

    Mais bon, en dehors de ce léger détail, il y a des ponts :-)

     

  • Sécurité, l'Esprit des lois...

    Nicolas Sarkozy s'est montré fort disert quant aux mesures qu'il escomptait prendre pour juguler la délinquance. A vrai dire, de nombreux aspects de ses déclarations m'ont laissé perplexe. J'ai du mal à imaginer que l'on revienne sur une nationalité une fois acquise. J'avais proposé ici-même une phase transitoire (nationalité à points), mais, une fois cette dernière obtenue, elle devrait être irrévocable quel que soit le délit ou le crime commis si crime ou délit il doit y avoir. D'ailleurs, aucun pays n'accepterait ensuite de récupérer des criminels ou des délinquants qu'on aurait déchu de leur nationalité. Une fois devenu français, l'individu délinquant devient notre problème à nous, Français.

    On peut en revanche éviter d'en arriver là en conditionnant l'obtention de la nationalité française. Elle ne devrait en effet plus être automatique à la majorité, c'est mon avis depuis longtemps.

    Plusieurs rapports concordent pour observer la part prépondérante d'individus d'origine immigrée (mais de nationalité française) dans les phénomènes de délinquance. Rien qu'en Isère, un rapport de 2004 établissait que deux tiers des mineurs délinquants étaient d'origine étrangère alors même que la proportion d'immigrés n'était en 2004 que de 6.1% dans le département. Toutefois, même ainsi, et sans verser dans l'angélisme anti-stigmatisation des diverses organisations des droits de l'homme (largement discréditées, par ailleurs), ne pas oublier que la délinquance demeure le fait d'une petite minorité, y compris au sein de la population immigrée. Il ne faudrait pas faire payer aux gens tranquilles les exactions de la racaille.

    Nicolas Sarkozy ne semble avoir de yeux que pour les seuls dépositaires de la force publique, puisqu'il ne réagit qu'aux seules agressions contre ces derniers. Et les autres Français ?

    Je pense, comme Bayrou, que l'on pourrait obtenir des résultats satisfaisants simplement en appliquant les lois existantes. Bayrou soulève par ailleurs des objections pertinentes :

    On n'a pas besoin de lois nouvelles chaque semaine, ou de propos guerriers non suivis d'effet, on a besoin de faire appliquer les lois qui existent déjà et qui sont bafouées tous les jours. Les Français savent bien que la délinquance qui progresse, les agressions, les incivilités, les vols, les voitures brûlées, ne relèvent pas de lois d'exception. Elles relèvent d'un État présent, proche, qui se fait respecter, d'un retour du sens civique, d'une prévention efficace, de sanctions rapides, dissuasives, éducatives quand on le peut encore, d'un retour de l'État partout où s'installent des zones de non-droit, d'une police, d'une gendarmerie et d'une justice qui aient sur le long terme les moyens de leur action.

    [...]En focalisant sur la seule immigration le discours sur l’insécurité, on cherche à introduire un signe « égale » entre l’une et l’autre. Au risque de bien des dérives : qu’est-ce qu’un Français d’origine étrangère ? À partir de quelle génération ? Que fait-on de ceux qui sont nés en France ? Pour nous, la loi et la sanction, même rigoureuses, doivent être les mêmes pour tout le monde, sans distinction d’origine, ou de situation sociale.

    Le Président du MoDem me paraît parler le langage de la raison et du bon sens, celui-là même qui émane également de l'ouvrage majeur de Montesquieu, l'Esprit des lois. Plus que d'une justice à deux vitesses, c'est d'une justice efficace dont la France a besoin.

  • Bayrou, mieux que Paul le Poulpe...

    Tout de même quand j'y pense et que je passe en revue tout ce que Bayrou disait en 2007, y'a pas photo : c'est Paul le Poulpe catégorie politique/État de la France...

    Dette, bombe démographique et retraites, séparation des pouvoirs et abus de pouvoir, réindustrialisation/relocalisation, gouvernement économique de l'Europe, capitalisme entrepreneurial versus capitalisme financier, tout y est ou presque. Dans le mille, le Béarnais...Si gouverner c'est prévoir, alors c'est dommage qu'il n'ait pas été à la tête du gouvernement pendant les trois années écoulées...

  • La lente remontée de Bayrou

    Le dernier sondage CSA donne François Bayrou à 9% en cas d'élection présidentielle. 1% de mieux qu'au mois précédent, 2% de mieux qu'il y a deux mois. Petit à petit, Bayrou retrouve des couleurs. S'il semble désormais que le troisième homme de la présidentielle sera une femme (Marine Le pen), Bayrou peut encore espérer jouer un rôle.

    Ce sondage confirme ce que j'avais déjà constaté précédemment : Bayrou reste vraiment populaire chez les jeunes (les moins de trente ans pour lesquels il est à 19%). Chez les 25-19 ans, il devance même Nicolas Sarkozy et arrive en seconde position, assez loin, il est vrai, derrière Martine Aubry.

    S'il a retrouvé des couleurs du côté des CSP+ (13%) il est en revanche toujours aussi peu en odeur de sainteté du côté du troisième âge (64-75 ans) où il est donné à 1% (3% chez les plus de 75 ans). Bayrou et le MoDem doivent muscler leur discours à destination de ces citoyens, et comprendre que le discours en question ne doit pas se résumer à la seule défense du pouvoir d'achat des retraités.

    C'est dans ces catégories que Nicolas Sarkozy, même encore aujourd'hui, recrute le gros de ses électeurs (48% d'intentions de vote !!!).

    Si François veut continuer à convaincre, il doit continuer sur la voie qu'il a choisi d'adopter et qu'il n'aurait jamais du quitter : celle de la raison et de la modération. Et ce en toutes choses. Qu'il parle avec la voix de la raison, et les gens raisonnables le suivront. C'est parce qu'il a largement tempéré son discours, fait preuve de bon sens et de retenue qu'il remonte chez les cadres supérieurs (16%, désormais !) bien qu'il demeure plus populaire dans les professions intermédiaires.

    C'est parce qu'il n'a pas cherché à copier le PS ni les Verts qu'il retrouve des couleurs : par exemple, je pense que ses prises de position sur les retraites ont été appréciées de cet électorat-là.

    Mais parce qu'il continue aussi de prêter beaucoup d'attention aux Français modestes, les ouvriers sont 14% à envisager de glisser un bulletin en sa faveur. Les retraités, eux, ne sont que 3%...

    Enfin le sondage indique que les électeurs de Bayrou de 2012 se partageront à peu près équitablement entre Nicolas Sarkozy et Martine Aubry si ces derniers accèdent au second tour.

    En termes d'alliance, le MoDem ou Bayrou n'ont rien à faire valoir ni offrir : son électorat est indépendant et fait bien ce qu'il =veut. Il est donc bien inutile de penser en termes de tactique, cela ne sert à rien. C'est sur le terrain des idées et des solutions pratiques qu'il faut faire entendre sa voix et uniquement sur ce terrain. C'est ce que semble avoir choisi François Bayrou. C'est bien. Il faut continuer en ce sens.

  • L'argent de poche des Bettencourt

    La comptable des époux Bettencourt déclare avoir eu une accréditation pour pouvoir retirer 50 000 euros par semaine à l'agence de la BNP Saint-James, à Neuilly sur Seine. D'après elle, ces sommes servaient à payer des dépenses courantes ! Sans doute parce que je ne suis pas milliardaire, j'ai du mal à imaginer comment on peut réaliser 50 000 euros de dépenses courantes par semaine (Bien plus que ce que je gagne en une année...). En tout cas, il me semble que l'enquête fiscale devrait se diriger de ce côté-là en commençant par vérifier auprès de la banque les sommes effectivement retirées. 2007, en principe, cela doit figurer encore dans l'historique de la banque. Il s'agira ensuite de comparer les retraits de cette période avec les précédents et les suivants. S'il y a dépense anormale, il devrait être possible d'en trouver la trace... Dédé arrosait large, d'après Claire, la comptable des Bettencourt licenciée en 2008 (pourquoi, au fait ?). Certains hommes politiques touchaient 100 000, 200 000 euros...

    Je voudrais féliciter Mediapart pour l'enquête extraordinaire que ce magazine électronique réalise. Chapeau. Mais je voudrais dire aussi que cette affaire qui prend l'allure d'un WoerthGate en grandeur nature me rappelle profondément un livre récent : Abus de pouvoir d'un certain François Bayrou. Une lecture vraiment prémonitoire...

    Et dire que certains l'ont taxé de populisme lorsqu'il a dénoncé les collusions entre les puissances de l'argent et une certaine sphère politique...Je crois que Disparitus est en deçà des faits : c'est bien plus qu'un awoerthissement pour le pouvoir.