Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

L'étrange destin de François Bayrou

Orange Sanguine a repris au début du mois un article de Sud-Ouest qui retraçait brièvement une part de l'enfance de François Bayrou.

La diversité des parcours est toujours étonnante au sein d'une même famille. J'ignorais totalement qu'un des oncles de Bayrou, un frère de son père, avait été polytechnicien, ou qu'une de ses tantes, jeune soeur de son père, avait été médecin. Un autre a été mécanicien, tandis que Calixte, le père de Bayrou est un autodidacte agriculteur.

Aujourd'hui, il n'y aurait pas photo : un père autodidacte, un oncle mécanicien, ce serait le déclassement social et l'éclatement de la famille, le polytechnicien ne supportant de cohabiter avec un mécanicien et un agriculteur, ce dernier fût-il lettré.

Mais j'imagine qu'il y a 50 ans, c'était quelque chose de possible. On a l'illusion que les barrière sociales ont sauté aujourd'hui, que tout un chacun devient accessible, et en fait, je crois, bien au contraire, qu'elles n'ont jamais été aussi fortes, parce qu'elles sont inconsciemment intériorisées. C'est même bien pire que cela : les classes sociales vivent dans des mondes séparés avec l'illusion d'évoluer dans le même monde, alors qu'il n'en est rien.

Quand je me représente les repas de famille des Bayrou avec chacun leur livre à table, je repense à ma propre grand-mère. Mes grands-parents, du côté de mon père, étaient de tout petits propriétaires. Pas d'élevage de chevaux, mais quelques vaches, des cochons, et tout de même un cheval de trait. Ma grand-mère et ma grande-tante avaient du toutes deux s'arrêter au certificat d'études. Elles réussissaient bien l'une et l'autre à l'école (elles ont d'ailleurs toujours eu un style et une orthographe impeccables), auraient voulu continuer, mais il n'y avait pas d'argent à la maison pour cela, et mon arrière grand-père ne voulait pas qu'une soeur ou qu'un frère fût plus favorisé qu'un ou qu'une autre. Personne n'alla donc au-delà du Certificat d'études primaires. Mais de ce regret amer, ma grand-mère et ma grande-tante conservèrent une admiration et un goût pour les livres et la culture qu'ils transmirent à une large partie de leur descendance.

Il y avait donc chez mes grands-parents et ma grande-tante des livres, achetés souvent à la sueur de leur front, et il en fallait pour ramasser les bottes de paille, les charger sur la charrue puis les hisser au grenier.

Dans mon enfance, au temps où je concevais sans la moindre hésitation l'existence éternelle de Jésus de Nazareth, j'étais absolument convaincu que ma grand-mère et ma grande-tante étaient nécessairement destinées à être sanctifiées. J'avais d'ailleurs naïvement demande à ma grande-tante un jour si elle était bien une sainte.

Mes grands-parents votaient pour l'UDF. Ma grande-tante, j'en suis moins sûr ; je pense qu'elle a voté à plusieurs reprises à gauche, mais je ne saurais dire quand exactement.

En lisant cette biographie courte et ciblée de François Bayrou, j'ai eu la sensation étrange de retrouver quelque secrète correspondance entre nos deux enfances.

Bon, il est devenu un acteur majeur de la sphère politique, et moi, euh...un illustre inconnu :-)

Mais bon, en dehors de ce léger détail, il y a des ponts :-)

 

Commentaires

  • Les livres sont essentiels dans une maison. Père italien, mère bretonne, nous avons vécu un temps à Luc de Béarn (je suis né à Orthez, un pont...?), nous avions peu de moyen mais il y a toujours eu des livres chez nous(de poche ou des prêts de la bibliothèque...) et je crois que cela nous a permis (aux 6 enfants) des parcours riches et différents. Pour la famille, voir la dernière synthèse du Crédoc, liberté individuelle et cohésion sociale.

  • Non l'Hérétique, tu n'es plus un illustre inconnu mais un illustre sous pseudo, connu sur le Web, publié par Marianne2, apprécié non seulement des internautes du MoDem mais aussi d'autres qui ne sont pas MoDem.
    Moi aussi je sens des correspondances. Ma mère était pauvre et orpheline, a une une enfance malheureuse, une véritable Cendrillon, mais adorait l'école et a été reçue 1ère au certificat d'étude dand le département (93), mais sa famille d'accueil l'a mise à l'usine à 14 ans ! Elle s'est enfuie à 16 ans, se trouvant un travail et sous protection d'une famille qui l'a hébergée. Elle a toujours eu une orthographe exemplaire, une soif de culture, des livres et de musique, et un grand coeur. Elle a épousé mon père ingénieur des mines, qu'elle a rencontré en chantant dans une chorale.

  • c'est drôle, mes parents ont une histoire très semblable: 1er du canton au certificat d'études, puis l'usine en apprentissage... la guerre, aussi. 10 ans.

    pas d'adolescence, mais ça faisait de vrais adultes: on ne les aurait pas imaginés avec un nounours ou une tétine accrochés au sac à dos! Ils travaillaient, nourrissaient leur famille, lisaient beaucoup, parlaient peu.

    sans être passéiste, la génération des bobos de 68 qui a balayé tout ça, pour assouvir leurs caprices d'adolescents gâtés, nous a transmis un pays massacré, un champ de ruines.

  • J'ajouterais bien la même chose et en lisant ce texte, il y a quelque chose de mes grand-parents.

  • @ Do
    Ne pas jeter toute la génération de 68 ... nous avons eu une première enfance dans les ruines de la guerre et quand nous étions petits nos parents ont longtemps encore fait la queue pour avoir lait et pain avec des tickets (dans le Nord, plusieurs années après 45). Nous sommes allés à l'école toujours à pieds et n'allions pas en vacances sauf en colonies de vacances ce qui était marrant; Mais en 60 on s'est mis à écouter "Salut les copains" en rentrant du lycée. Heureux d'avoir un transistor car pas de télé et encore moins de téléphone portable ... Mais effectivement en 68 une race était née : les BOBO. (Il n'y en a jamais autant que maintenant et pour la politique ils sont où c'est la mode d'être)
    Je ne connais pas la suite ayant choisi de partir en Afrique en mai 68 et non d'aller élever des moutons sur un plateau.
    Vous savez tous les jeunes de 68 n'avaient pas la mentalité de "Dany le rouge";
    Ah... vous étiez sur que j'allais dire ça ? ;))))
    Sans rire, je comprends bien ce que vous voulez dire. Il faut aider notre jeunesse actuelle, absolument.

  • Coucou Dany,
    Voui faut aider la jeunesse, suis passée chez générations engagées ;)
    Pfiou...Impossible de poster^^^
    Alors pour Clément que je connais, ici un 'tit lien :)))
    http://www.youtube.com/watch?v=7z3x--Z5tBQ
    :pppppp

  • Jolie histoire. Mais je plussoie Marianne : tu n'es plus un "illustre inconnu".

  • Merci pour le lien. C'est fou ce que tu génères comme trafic !!!

  • Inconnu peut être, mais déjà pas mal illustré.

  • Bel article .Bayrou a eu la vie de milliers de jeunes .Ce qui a mon avis a beaucoup pesé sur le cours de sa vie, c'est le bégaiement contre le lequel la bataille a été sans doute la plus rude qu'il a eu à affronter .Son caractère, bien trempé, un peu rugueux d'après ce qui se dit, trouve sans doute ses racines dans cette enfance et cet environnement un peu austère.
    90% des enfants ont été élevés de la sorte et si certains garçons des milieux populaires ont faits des études , c'est qu'ils ont souvent été recrutés très jeunes par des congrégations religieuses .Dans mon village, cela s'est passé ainsi .Quasiment tous les instituteurs de l'après-guerre sont sortis de cette filière .
    En tout cas, vous , l'hérétique, vous ne pouvez pas prétendre être un inconnu . Ne faites pas le modeste .

  • Ben si, il a raison : être célèbre sous un pseudonyme opaque, c'est être, à la lettre, un illustre inconnu. ;-)

  • Fort juste, Christian !

  • je plussoie Christian aussi!

  • La question, L'Hérétique-César-Borgia, devient donc : ne serait-il pas plus judicieux de lever maintenant l'inconnu ?!

    Puisque la qualité d'illustre est déjà largement acquise (sans aucune contestation de la droite et de la gauche)... ;-)

    Pour ma part, depuis que je te lis, je n'ai jamais relevé un seul billet dont tu pourrais avoir honte ! Ce qui signifie que si tu te dévoilais, quelle que soit ta profession actuelle, tu pourrais continuer à écrire avec autant de liberté de parole.

    Tout le monde connait mes positions sur l'anonymat : personnellement j'ai pris comme modèle notre FrédéricLN "LN comme lumière nationale..." (si, si !) à qui absolument personne n'a jamais fait le reproche de parler de sa vie personnelle et professionnelle. Puisque sa transparence est la preuve de son honnêteté.

    Ave César !

  • Pour quoi faire?
    Pour quelle espèce d'utilité? Quelle différence cela ferait-il?
    Cela n'ajoutera rien à la qualité de ses billets, et puis son souhait d'anonymat m'émeut, il revet une grande importance à mes yeux.^^^
    @César, en ce qui me concerne vous pouvez lever le voile via mp, mieux...Quoique peut-etre sais-je déjà ? ;)

  • Non, non moi j'aime le mystère
    Et, de manière générale, l'auto-censure est moins importante avec l'anonymat pour des raisons tout à fait compréhensibles, telles que professionnelles par exemple.
    Donc je préfère l'hérétique brut de brut.

  • Naturellement, Isabelle, je connais parfaitement le problème de l'engagement dans les professions libérales.
    Ou même d'autres comme le journalisme. J'ai un ami travaillant à France Bleu qui m'a parlé de tout cela... Je l'admire beaucoup de tenir bon. C'est à rapprocher de certains syndicalistes dont on fait payer très cher leur engagement pourtant très honorable.

    Je me disais simplement que si j'habitais l'IDF, je serais fière d'avoir un élu de la trempe de l'Hérétique ! Voilà où je venais en venir... ;-)

  • ... où je "voulais" en arriver !

  • :-))

  • On ne juge jamais que d'après soi-meme, n'est-ce pas?
    J'ai beaucoup aimé le plaidoyer pour l'individu, pas vous? :))

  • Très joli billet.

Les commentaires sont fermés.