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Bayrou - Page 32

  • Un répit pour l'Europe et ses États

    La Banque Centrale Européenne et la Commission ont donc pris la décision de proposer au reste du monde une action européenne commune. Faisant fi des traités, des garanties pour un montant de 750 milliards d'euros ont été prises par les pays de l'Union Européenne afin de pouvoir court-circuiter d'éventuelles spéculations et venir en aide à des pays en difficulté.

    Il ne faut pas pour autant compter échapper à nos charges, sauf à prendre le risque d'un tour de passe-passe que nos créanciers n'apprécieraient guère (voir l'analyse de Démocratie Sans Frontières à ce sujet...). Non, en réalité, les États européens n'ont fait que gagner le répit nécessaire pour assainir leurs finances publiques. Nous n'échapperons donc pas à une politique de rigueur ; l'enjeu, désormais, c'est d'avoir encore la possibilité de choisir entre une politique de rigueur que nous maîtriserons et une politique de rigueur qui nous serait imposée. C'est ce qu'évaluait avec beaucoup de justesse le blog Humeurs de vaches, avant-hier. Il ne suffira pas d'une seule révision générale des politiques publiques, en France, faute de montants significatifs. Comme l'observe Céline Alléaume sur le blog Politicia, c'est désormais d'une réforme de l'État dont nous avons besoin, avec une questionnement sur ses missions fondamentales :

    «La Réforme de l'État, elle, est empêtrée dans les contradictions de la politique du Président. L'opinion publique ne la soutient plus, ne la comprend plus. Les déficits publics s'accumulent, l'endettement de la France atteint des niveaux vertigineux. Plus que jamais une bonne gestion publique, à commencer par une gouvernance irréprochable, est nécessaire. François Bayrou, dans son dernier ouvrage Abus de Pouvoir rappelait que « pour le citoyen, les réformes ne valent que si elles sont progrès […] » et que seules « la discussion et la définition du but à atteindre permettent une méthode de la réforme, qui donne enfin sa place aux intéressés, aux bosseurs de terrain ». La nécessité de la Réforme de l’État reste entière.»

  • Dette, Bayrou, 1999,2001,2006,2007,2008,2009,2010 ...

    La dette commence à faire vraiment peur aux Français : ils sont 75%, désormais, à penser que ce qui se produit en Grèce pourrait bien nous arriver. Nous vivons une époque injuste : qui a mis en garde, dit et répété à maintes reprises combien les dettes des États représentaient un danger mortel pour ces derniers ? Bayrou. Je mets au défi n'importe qui de me trouver un responsable politique de cette envergure qui a averti et prévenu du danger avec autant de constance depuis de nombreuses années...

    Bayrou, février 2010

    «La Cours des Comptes est dans son rôle, et surtout les citoyens devraient être dans leur rôle en disant qu'on est devant une dérive impossible à maitriser à l'heure actuelle. On a choisi de ne plus maitriser la dérive. Comme vous le savez, cela fait des années que j'ai sur ce sujet averti, annoncé, alerté. C'est un sujet qui concerne tous les citoyens et pas uniquement les magistrats de la cour des comptes. Vous avez lu le rapport. Que dit-il ? Que le déficit est emballé parce que désormais l'intérêt de la dette va être si lourd qu'il va enfoncer toutes les digues. Aujourd'hui, l'intérêt de la dette représente 40 milliards d'euros environs, c'est-à-dire la totalité de l'impôt sur le revenu des Français. Tout l'impôt sur le revenu que chacun de nous assume correspond à la totalité de la dette. Il dit que dans les 2 ou 3 ans qui viennent cet intérêt va représenter 90 milliards. Il faudra plus de 2 fois plus que l'impôt sur le revenu des Français ce qui veut dire que la boule de neige est lancée et qu'on va se retrouver dans une situation critique. Il n'y a pas de différence de nature dans les problèmes qui se passent en Grèce, en Espagne ou dans des pays comme le nôtre

    Bayrou, mars 2009

    «Qu’est-ce que j’ai défendu tout au long de ma vie : j’ai dit ne faites pas de déficit quand tout va bien pour pouvoir agir quand ça va mal. L’affirmation selon laquelle il faut une politique des finances publiques sérieuse, quand on est en croissance, il ne faut pas faire de déficit, c’est comme je l’ai toujours dit et écrit, c’est le seul moyen d’agir puissamment quand on est en récession. Economisez la lumière quand il fait jour et vous pourrez utiliser cette lampe quand il fait nuit

    Bayrou, avril 2008 :

    «il suffirait que les agences de notation (financière, ndlr) internationale dégradent un peu la note de la France pour qu'on se retrouve dans une situation explosive» [...]  «la dette demeure "au-dessus de la tête du pays comme une épée de Damoclès».

    Bayrou, juillet 2007 :

    «Le sujet est d'autant plus brûlant - M. le rapporteur général y fait allusion dans son rapport - que, derrière la dette financière, il en existe une autre, moins apparente, mais encore plus inéluctable : je veux parler de la dette démographique. L'augmentation du nombre des personnes âgées, des retraités, le fait que la génération du baby-boom va atteindre l'âge de la retraite dans les années à venir, tout cela constitue une menace de très grands déséquilibres pour la société française, y compris financier. »

    Bayrou, septembre 2006

    «Quatrième pilier : une politique intransigeante, sérieuse, avec un échéancier, de retour à l’équilibre de nos finances publiques. 

    Si l’on rapporte la dette de la nation à chaque foyer français, à une famille de cinq personnes, deux parents, deux enfants, une personne âgée, on voit que cette famille est endettée pour 100 000 € ! par l'Etat ! Chacune de vos familles va devoir assumer le remboursement de 100 000 € ! chaque famille qui travaille, quelque chose comme 150 000 € ! voilà ce que c'est, la dette de la France ! 

    Beaucoup de gens pensent que ça n'a pas beaucoup d'importance. C’est qu’ils sont les héritiers d’un système de pensée d’avant l’euro ! Autrefois, quand la dette pesait, on faisait deux, trois dévaluations… On effaçait la dette avec une gomme. Aujourd’hui, nous avons une monnaie sérieuse. Nous ne disposons plus de cette facilité. 

    Voilà pourquoi le laxisme en matière de finances publiques est la préparation méthodique de l’asphyxie de la société française dans cinq ans, dans dix ans… 

    Ce plan comporte un préalable. C’est de dire clairement qu’on ne peut pas continuer, dans cette période, à faire semblant de baisser les impôts, à multiplier les avantages fiscaux, de toute nature, avant qu'on ne baisse la dépense publique. »

    Bayrou 2001 dans "Relève" (2001), pp. 96-99.

    "La France est le plus mauvais élève de l'Europe pour la gestion de sa dépense publique. Sur les 15 pays européens, nous sommes les champions du déficit. …

    En 1981, lorsque Giscard et Barre quittent le pouvoir, la France a le plus faible déficit budgétaire de toute l'Europe …

    Aujourd'hui la dette publique de l'État représente … 730 milliards d'euros … Mais on doit ajouter à ce chiffre le montant des dettes des entreprises publiques (…), la charge déjà engagée des retraites du secteur public …, la dette véritable atteint la somme astronomique de … plus de 1200 milliards d'euros.

    … Non seulement astronomique mais aussi extrêmement malsaine … nous empruntons pour payer nos frais de fonctionnement courant ! Et nous sommes le seul pays à le faire, … La France est promise à une asphyxie budgétaire.

    Le poids de cette dette et les défauts de notre gestion vont coûter très cher aux plus jeunes d'entre nous. Les impôts de demain (seront) plus lourds que (chez) nos voisins à services publics équivalents, (ce qui) signifie que les entreprises et les emplois iront s'installer chez nos concurrents moins imposés !"

    P.S Bayrou, juin 1999

    Tout le monde dans cette affaire ment : quand Nicolas Sarkozy dit à nous les baisses d'impôts, tu parles : quand nous étions au pouvoir nous les avons augmenté de 120% [...] Ce jeu simpliste qui consiste à l'avance à faire de grandes promesses puis au bout du compte à trahir la confiance que les électeurs mettent, c'est de cela que les électeurs ne peuvent plus supporter l'idée : est-ce qu'on peut en sortir ?

  • Bayrou, le paradoxe de la Prophétie

    Le blog l'hérétique a connu deux habillages : dans sa première période, le programme de Bayrou a figuré en lien, sur la droite, sous la dénomination "propositions". Puis, le temps passant, et les avertissements de François Bayrou prenant de plus en plus de réalité, j'ai modifié l'habillage de mon blogue et j'ai intitulé le même lien "Prophéties".

    Le paradoxe, c'est qu'au moment même où le MoDem a sombré, que Bayrou a chuté dans l'opinion, les solutions aux maux dont souffre la France depuis plusieurs années sont récupérées et souvent souhaitées par les Français. Violence scolaire, retraites, déficits et dette, éducation, nous sommes en plein dans le programme de François Bayrou en 2007.

    Bayrou a dit un jour à un journaliste qu'il espérait que son MoDem serait une dalle d'Épidaure au sein de la société française. Il y a à Épidaure en Grèce un théâtre fameux aux propriétés acoustiques extraordinaires : que l'on s'y place, sur scène, au bon endroit, et l'on peut se faire entendre jusqu'aux dernières extrémités des gradins. Le malheur de Bayrou, c'est que tous ceux qui l'ont rejoint sur scène n'ont pas voulu jouer la même pièce et que la comédie a viré à la farce. Il est vrai que le scénariste n'a pas non plus respecté la règle des trois unités chères à Aristote dans sa poétique : unité de lieu, unité de temps, unité d'action, rien de tout cela n'aura su éclairer la tragédie du MoDem.

    Le drame de cet homme et de son parti, c'est d'avoir voulu ressusciter à tout prix une famille politique disparue de France depuis la fin du MRP : la famille démocrate. Bien évidemment, ni la droite ni la gauche ne voulaient d'une telle résurrection, et on les comprend ; c'eût signifié la fin d'un règne sans partage depuis la fin de la IVème République.

    J'ai connu l'époque où quand je lisais ou publiais un article sur Bayrou sur la Toile, il y avait 75% de commentaires positifs et 25 de négatifs. Aujourd'hui, c'est l'inverse. Il faut progresser en milieu hostile ; cela met la patience et la ténacité à rude épreuve, le découragement guette, et en même temps, il ne faut rien lâcher. Je suis parfaitement conscient que le combat que je mène aux côtés de Bayrou peut bien être complètement vain. Bayrou est à l'heure actuelle, en effet, clairement carbonisé dans l'opinion publique.

    Cela me rappelle une nouvelle de Dino Buzatti, les Sept messagers : le fils d'un roi veut connaître les frontières du royaume de son père ; il envoie alors tour à tour sept messagers, mais ces derniers mettent toujours plus de temps à revenir, sans parvenir à trouver la limite du royaume. Le dernier messager tient un journal de bord dans lequel il décrit les sentiments qui le gagnent peu à peu.

    «Je le soupçonne, il n'existe pas de frontière, du moins dans le sens que nous entendons habituellement. Il n'existe pas de murailles de séparation, ni de vallées profondes, ni de montagnes fermant la route. Je franchirai probablement les confins sans même m'en apercevoir, et continuerai dans mon ignorance à aller de l'avant

    L'expérience de l'adversité est une expérience inédite : elle permet de savoir ce que l'on vaut. Les Épicuriens conseillaient de ne pas s'en soucier, parce que de toutes façons, il n'est pas dans le pouvoir des hommes de pouvoir y remédier quand elle s'acharne, et finalement, la meilleure des attitudes, c'est de lui ôter tout pouvoir sur les âmes en ne s'en souciant plus. Difficile à admettre pour un militant politique. Les Stoïciens, quant à eux, y voyait un présent des Dieux pour éprouver les vertus des hommes sages. Baudelaire a écrit dans ses Litanies de Satan que l'Espérance était une folle charmante. Mais moi, je préfère avancer au train du Septième Messager :

    Je remarque comment de jour en jour, à mesure que j'avance vers l'improbable fin de ce voyage, une lueur insolite brille dans le ciel, une lueur que je n'ai jamais vue, pas même en rêve ; et comment les ombres et les montagnes, les fleuves que nous traversons semblent devenir d'une essence toute diverse ; et l'air est tout chargé de présages d'un je ne sais quoi.
    Demain matin, une espérance nouvelle me portera encore plus avant, vers ces montagnes inexplorées que les ombres de la nuit cachent encore
    .

  • Une retraite par points ?

    Un système de retraite à points est la solution privilégiée par Bayrou puis le MoDem dans son programme.

    «Pour nous, la pérennité de notre système passe par la constitution d’un système par points. Chaque citoyen aura acquis au cours de sa vie un certain nombre de droits, différents selon les cas, selon la durée, la pénibilité du travail... A partir de ces droits, chacun décidera lui-même de l’âge de départ à la retraite et donc du montant de cette retraite. La gestion des emplois pénibles mérite une attention particulière. Nous ne pouvons, en tant que démocrates, nous satisfaire de départs prématurés à la retraite pour ceux qui exercent des métiers aboutissant à la réduction de leur espérance de vie. C’est en amont que l’on doit réformer les choses. Bien sûr, la priorité absolue est de réduire la pénibilité professionnelle. »

    Je me suis penché sur la question et j'ai tâché d'interroger les avantages et inconvénients de ce choix. Dans un système à points, les salariés achètent des points tout au long de leur carrière par leurs cotisations. La pension, à la retraite, correspond au nombre total de points accumulés multiplié par la valeur du point au jour de la retraite. A l'heure actuelle, la système de retraites est opaque et peu lisible, et les citoyens ne savent pas facilement où ils en sont ; avec un système par points, les choses auraient l'avantage d'être claires, et chaque citoyen pourrait à tout moment facilement savoir où il en est. C'est ce que fait valoir régulièrement François Bayrou, et je suppose qu'il va le redire à Éric Woerth, puisqu'il est le premier consulté sur la question. Il est également clair qu'un passage à la retraite par points entraînerait nécessairement une refonte complète du système et donc la fin de tous les régimes spéciaux. Là où le bât blesse, c'est que cela suppose fatalement d'aligner retraites du privé et du public et de mettre fin aux régimes spéciaux. Pour que les salariés du public s'y retrouvent, l'État sera contraint d'augmenter significativement le montant des cotisations, au moins pour le financement des retraites qui correspondent à ceux qui se sont engagés dans la fonction publique avec le mode de retraite qui est actuellement en vigueur. Dans le cas contraire, la baisse des pensions sera automatique. Dans tous les cas de figure, ce sera évidemment plus équitable pour les salariés du privé dont la pension est calculée sur les 25 meilleures années et non les six derniers mois.

    J'imagine que le coût du point variera selon les aléas de la conjoncture économique. Il me semble que pour que valeur de la pension ne dépende pas uniquement des cotisations, il faut que certains points soient attribués gratuitement en fonction de situations spécifiques personnelles : congés maternité, chômage de longue durée, longue maladie, réversion, épouses d'agriculteurs ou de commerçants, et cetera... Il resterait, bien sûr, à en fixer les pro rata, sachant que pour les congés maternités, il me semblerait logique que les femmes récupèrent 100% de leur points. Le reste doit être examiné au cas par cas.

    L'incertitude qui demeure, in fine, c'est la valeur finale du point : si elle sert à ajuster d'éventuels déséquilibres, elle pourrait avoir un fort impact sur le montant des pensions.

    Bayrou a ouvert la voie à une réforme des retraites, mais le MoDem demeure trop imprécis : il ne s'agit pas de se contenter de relayer l'adhésion du parti à ces propositions, mais de dire clairement quelle serait la politique suivie sur les retraites en cas d'accès au pouvoir. Or, pour l'instant, la manière dont ces points seraient attribués et dont la jonction se ferait avec ce qui est en vigueur actuellement n'est pas précisée par le programme du MoDem. Je rassure mes amis démocrates : chez les autres, c'est pire, on ne dit rien, on ment, ou l'on rase gratis...

  • Nick Clegg, le Bayrou anglais, met le feu aux sondages !

    On se console parfois de la morosité ambiante par des nouvelles venues de l'étranger. J'avais examiné de près, en juin et juillet 2008, le programme des Libéraux-Démocrates en Angleterre. Ce parti, qui se refuse à parler d'alliances avec le Labour ou les Tories a progressivement atteint les 20% de voix à chaque élection. Mais la dernière prestation de Nick Clegg, qui a écrasé Cameron et Brown, met le feu aux intentions de vote : les Lib-Dems feraient un bond de 14%, passant de 20 à 34%, tandis que Tories et Labour perdent des points, les premiers à 36% désormais, et les seconds, à 24%...Les Lib-Dems ont suivi la ligne politique que j'ai, pour ma part, toujours prônée : l'indépendance absolue. Risqué, mais là, je crois que cela paie...Puisse cet exemple inspirer le MoDem pour son avenir ! Les Lib-Dems sont proches de ma vision, c'est à dire des libéraux avec une très forte tendance sociale. Leur site est extrêmement bien fait : leur manifeste, par exemple, clair, simple d'utilisation, direct, précis, concis et en même temps substantiel. Une fiscalité juste et efficace, la priorité donnée à l'éducation sont les pierres angulaires de leur programme.

    En matière d'éducation, ce sont les seuls qui annoncent clairement leur intention de réduire les effectifs d'élèves par classe. Favorables à l'autonomie des établissements scolaires (et donc des choix pédagogiques), ils envisagent un investissement massif dans l'éducation.

    Côté fiscalité, ils ont quelques idées assez astucieuses : ils proposent, par exemple qu'aucun citoyen britannique ne paie d'impôts sur les 10  000 premières livres qu'il gagne par an, et cela, indistinctement, quels que soient les revenus. C'est juste, et en même temps, cela profitera aux foyers les plus modestes. Voilà une mesure fiscale bien plus intelligente que le discours qui consiste à dire taxons les riches pour donner aux pauvres. Fini le paradis fiscal pour les expatriés : les sept premières années, pas de taxes, mais passé ce délai, ils seront traités comme tous les Britanniques. Il souhaite également taxer annuellement les très grosses propriétés (de plus de 2 millions de livres) avec une sorte de taxe foncière de 1% (Mansion Tax : je pense que c'est une taxe foncière). A vrai dire, en décembre dernier, la direction des Lib-Dems pensait à une taxe de 0.5% pour les demeures de 1 million et plus, mais cela a commencé à râler très sérieusement dans leurs rangs (faut pas déconner, ce sont tout de même des libéraux), et du coup, le plafond a été nettement relevé. Mouais...J'aime déjà moins ce genre d'idées... 1% sur de l'immobilier immobilisé, qui ne peut donc pas rapporter grand chose, cela me fait penser à notre ISF français pour lequel je n'ai guère d'affection... Cela dit, j'ai cru comprendre que c'était une mesure temporaire avant un remplacement à venir par un impôt local.  Il n'en reste pas moins que c'est très à gauche, comme mesure, pour des libéraux...

    Ils ont bien évidemment un programme complet de retour à l'équilibre des comptes publics et annoncent d'ores et déjà ce sur quoi ils vont faire des économies.

    Il y avait une mesure prise en 2002 par Blair (Child Trust Funds) qui donnait à tout enfant britannique un dépôt de 250 livres pour ouvrir un compte bancaire. Cela coûte très cher à l'État ! Les Lib-Dems ont prévenu qu'ils mettraient fin à cette pratique. On ne peut pas faire n'importe quoi quand on a 11% de déficit. Les dépenses militaires vont morfler aussi : désengagement de l'euro-fighter, modernisation des Trident remises à plus tard. Comme les banques ont beaucoup reçu, les Lib-Dems proposent de leur faire financer elles-mêmes leur propre fond de secours, à l'avenir, par une taxe ad hoc qui l'alimentera, et puis de leur faire rembourser aussi l'aide reçue via une indemnité (deux milliards de livres la première année, presque trois au bout de quatre ans, tout de même !). Une idée de bon sens, en effet. Ils prévoient pour financer leurs propositions de taxer les vols aériens et davantage, également, si j'ai bien compris, les assurances.

    A la trappe les passeports biométriques et les cartes d'identité. Je ne pensais pas qu'on pouvait économiser 500 millions de livres, dès la deuxième année, sur un poste comme celui-là ! Apparemment, ils ont l'air de penser que les soins en psychiatrie génèrent des coûts très (trop ?) importants et envisagent des traitements améliorés et moins coûteux. Je ne sais pas exactement ce qu'ils ont en tête, mais en tout cas, ça doit rapporter 500 millions de livres dès la seconde année. Enfin, si, j'ai tout de même regardé page 40-41 de leur programme sur la santé, et apparemment, ils voudraient tailler dans le vif des fonds alloués à des organisme non gouvernementaux, les Quangos, ainsi que dans les salaires des managers de leur service de santé nationale dont certains gagnent des sommes supérieures à celles du premier ministre ! Je ne sais pas ce qu'ils ont contre le machin qui s'appelle Connecting for Health, mais apparemment, il rentre dans leur programme d'économies, et ils ne l'estiment pas nécessaire. Apparemment une grosse usine à gaz qui date de 2005 et aux objectifs aussi ronflants que dispendieux, puisqu'il s'agissait, si j'ai bien compris de se gorger de discours sur le bien-être des patients en leur délivrant des informations dont je n'ai guère compris l'utilité exacte. Je n'ai pas compris, entre autres, ce que l'informatisation apportait, en l'occurence, au bien-être des patients...

    Tiens un truc bien, compte-tenu de l'actuel système anglais, c'est qu'ils veulent que les Britanniques soient libres de choisir le généraliste auprès duquel ils s'enregistrent, indépendamment de leur lieu de résidence. Très bien, ça. En fait, il faudrait plusieurs billets pour parler de leur programme ; tiens, je trouve que Nemo devrait s'y coller, après tout, il est sur place, lui !

    En fait, le mieux, c'est de se reporter aux pages 96,97,98,99,100 et 101 de leur programme, où ils expliquent les économies qu'ils envisagent avec calculs à l'appui (qu'est-ce que c'est casse-pied d'être limité en anglais, j'ai toujours la crainte, et cela se produit parfois, d'ailleurs, de faire un contre-sens).

  • Mais quelle poule mouillée, ce Borloo !

    Pas mieux que le Faucon ce matin. Tout comme lui, j'ai pris connaissance de l'article du Figaro sur une possible candidature de Borloo aux prochaines présidentielles. Et là, j'ai halluciné...J'aime bien Borloo, personnage sympathique et humain, mais quelle serpillière ce sera face aux puissants de ce monde s'il en est à attendre l'aval de Nicolas Sarkozy et de l'UMP pour se présenter ? On pense ce qu'on veut de Bayrou, mais lui, au moins, c'est clair qu'il ne demandera d'autorisation à personne, comme l'observe très justement le Faucon. Non, mais vraiment, je te jure...L'autre chose qui m'embête avec Borloo, même si j'aime bien l'homme, c'est tout de même son amitié avec Nanard. Vous imaginez Tapie en Ministre des Finances ? Ou pire : en Garde des Sceaux ! Non, soyons sérieux...faut pas tenter le Diable non plus ! Une éventuelle candidature néocentriste souffre à mes yeux des mêmes tares que celle de Borloo : comment voulez-vous vous présenter comme un candidat de rupture, avec un projet alternatif, si vous avalisez tout ce qui a été fait pendant cinq ans et annoncez d'ores et déjà votre ralliement au second tour. Tiens, Nick Clegg, en Angleterre, le chef de file des Lib-Dems, vous croyez qu'il va demander aux Tories et au Labour si les Libéraux-Démocrates doivent présenter des candidats ou non aux législatives ? Ben non. Ils ont un programme, et n'annoncent aucune couleur en vue d'un éventuel ralliement ! leur priorité, c'est leur projet, et on les comprend ! Tiens, d'ailleurs, quand j'observe le classement du Top des blogues européens de Wikio, je me dis que les partis britanniques ont tout de même autrement mieux compris le parti que l'on peut tirer des blogues que nos propres mouvances politiques : Libéraux, Conservateurs, Travaillistes, ils y sont tous dans ce top 50, à commencer par les Lib-Dems, et pas aux dernières loges !

    Bref, pour en revenir à mon Jean-Louis, je l'aime bien, mais je ne le vois vraiment pas président...Enfin, je dis ça...évidemment, face à un socialiste ou à Sarkozy, a priori, il aurait mes suffrages, à condition d'en savoir plus sur les idées qu'il défend et son programme, évidemment. Mais je préfère tout de même de loin Bayrou, plus clair et plus net sur ses positions politiques.

  • Violence scolaire, 75% des Français adhèrent à la proposition de François Bayrou !

    Il y a quelque chose qui m'échappe. Partout on parle de violence scolaire, à juste titre, d'ailleurs, car elle s'accroît. Luc Châtel convoque des états généraux. Le gouvernement envisage d'augmenter le nombre de patrouilles mobiles de sécurité, tandis que la gauche appelle à accroître les moyens (parfois à raison, au demeurant) ou au moins à revenir sur ceux qui ont été supprimés.

    Ce qui m'étonne, c'est que dans toutes les solutions évoquées pour parer à la violence, jamais ne vient sur le tapis celle que François Bayrou a proposé de longue date. Elle dérange ou quoi ? Le climat de violence, c'est le fait de 20 à 40 individus par établissement, c'est nettement établi. François Bayrou propose (d'ailleurs, qu'est-ce qu'il attend pour communiquer, puisqu'on en parle ?) depuis longtemps de retirer les élèves à problèmes des établissements scolaires et de les placer dans des structures à moyens éducatifs spécifiques. C'est pourtant très simple à faire ! Et en plus un sondage tout récent montre que 75% des Français sont favorables à la proposition de François Bayrou ! Ils sont même 78% à gauche et 90% à droite à penser que le fonctionnement des collèges et lycées s'en trouverait grandement amélioré. Mieux, ils sont encore 80% à droite et plus des deux tiers à gauche à juger que le placement en établissement adapté profiterait à son public spécifique.

    C'est tout de même très étonnant, alors que la violence scolaire fait l'actualité, que quasiment personne, ni média ni politique, n'ait commenté ce sondage qui date pourtant du 02 avril dernier, donc tout récent. C'est parce que l'idée qui recueille le plus d'assentiment est une idée de Bayrou et que cela dérange ? Bref, quand une idée est bonne, j'aimerais bien qu'elle soit un minimum considérée ! Bon, je me répète, mais ce n'est pas grave, martelons, martelons, il finira bien par en rester quelque chose...

    La violence s’aggrave à l’école comme dans l’ensemble de la société. Je pense qu’il faut dire des choses simples. Les élèves violents n’ont pas leur place dans les établissements scolaires. On ne peut pas se contenter, comme c’est le cas actuellement, de les réinscrire dans d’autres établissements. Toute violence doit être fermement sanctionnée par une exclusion. Il faut mettre en place une scolarisation particulière pour les élèves violents, qui représentent à peine entre 1 et 3 % des effectifs. Une scolarisation qui implique non seulement des enseignants, mais aussi des éducateurs. J’ai toujours plaidé pour une sanctuarisation de l’école. Cela passe par des décisions qui protègent les élèves contre toute forme de violence et qui les protège parfois contre eux-mêmes. Je souhaite que l’on cesse de faire tourner les élèves les plus déstabilisés de collège en collège comme si cela résolvait le problème.

    François Bayrou, le 04 février 2010

    Pas mieux...

  • Bayrou le franc-tireur

    Qu'est-ce qu'il peut en prendre pour son grade, ce pauvre François Bayrou, tout de même, depuis l'échec des Régionales...On le voit comme mort, de même que son parti. L'une des critiques les plus récurrentes, c'est son incapacité à gérer un parti.

    Soyons honnête : ce n'est pas tout à fait faux. Mais cela a aussi une explication assez simple : François Bayrou n'est pas un homme de parti. En politique, c'est un OVNI. Il a essayé de ressusciter une famille politique qui avait disparu de la vie politique française : la famille démocrate, dont le MRP a été le plus illustre représentant en son temps. A côté de cela, l'individu est incapable de se plier à une discipline et une logique de parti, parce qu'il est bien trop épris de liberté pour cela. D'ailleurs, seul le MoDem a inscrit dans ses statuts la liberté de vote de ses élus. De la même manière, du temps de l'UDF, le groupe, vers la fin de la précédente législature, a pris l'habitude de voter parfois en ordre dispersé.

    Je suis souvent étonné que l'on considère Marielle comme son conseiller occulte. En réalité, au niveau des idées, ils ont au contraire des vues différentes, voire même éloignées, parfois. En revanche, ils ont exactement le même tempérament, très indépendant et n'aiment pas plus l'un que l'autre se sentir liés par une consigne partisane.

    C'est à mes yeux la marque d'hommes et de femmes d'État. Mauvais politicards, grandes figures politiques au sens noble. L'inconvénient, c'est que des individus de ce calibre, finalement bien moins calculateurs que l'homme politique ordinaire, ont quelques difficultés à percer : il suffit de considérer les destins des Mendès-France, Seguin ou Rocard pour s'en rendre compte.

    La presse lui tombe dessus à bras raccourcis, et les sondages ne le créditent pas d'une grande côte d'amour ni d'espoir à l'heure actuelle. Pourtant, à mes yeux, et à ceux d'autres sans doute, Bayrou a les qualités indispensables pour sortir notre pays de la nasse. Il ne doit rien à personne et ne dépend d'aucun réseau. S'il arrive aux plus hautes responsabilités, il n'aura aucun compte à rendre aux lobbies de toute obédience qui font le jour et la nuit à l'heure actuelle en France.

    Je ne dirais pas qu'il y a un complot contre Bayrou, je ne suis pas un adepte des théories du complot et autre bilevisées. En revanche, je pense que Bayrou est victime d'une logique de réseaux qui est contre lui. Il ne figure pas dans les clubs très select des élites, n'a pas d'accointances avec des banquiers, des imprimeurs, des journalistes, des stars et plus généralement tous ceux qui font l'opinion. S'il a bénéficié un temps de nombreux soutiens sur la Toile, cette époque est révolue, parce que fondamentalement, la Toile qui aspire à devenir une alternative au tout médiatique, ne fonctionne pas autrement. La Toile n'est pas une autre voie, quelle que soit la confiance que Bayrou ait pu lui accorder, au demeurant, mais une voie parallèle. Il ne faut donc pas s'attendre à des miracles de ce côté-là.

    Il reste à espérer que des esprits forts se lèveront pour soutenir et aider un homme aux défauts bien utiles à notre pays en temps de crise. Ceci suppose une certaine abnégation, d'une part, et une vraie souplesse d'autre part. L'homme a ses travers. Il est fait ainsi et on ne peut le changer. On peut en revanche l'infléchir en lui parlant. Il faut, désormais, le remettre en selle, c'est l'une des dernières voix libres et indépendantes dans un paysage politique de plus en plus terne.

  • Arthuis exclut Morin et...Borloo !

    Très instructif l'entretien de Ouest-France avec Jean Arthuis. Globalement, je m'accorde avec les priorités du Sénateur de la Mayenne, cela n'est pas nouveau, ainsi qu'avec sa dénonciation des lois de circonstances entièrement tournées vers la sphère médiatique. Je me suis entre autres arrêté en particulier sur l'une des questions posées par Ouest-France au président de l'Alliance Centriste :

    Question : Les centristes présenteront-ils un candidat à l'élection présidentielle de 2012 ? Hervé Morin sera-t-il ce candidat ?

    Réponse : Dès que nous aurons bouclé nos propositions, nous devrons choisir un candidat apte à porter notre projet devant les Français. Il sera désigné à l'occasion de primaires. Il n'est pas imaginable que notre candidat soit membre du gouvernement.

    Bon, cela a le mérite d'être clair : exit le père Morin, mais...également Borloo puisque ce dernier est membre du gouvernement. Il reste à trouver un candidat centriste, et cela ne va pas être commode, parce qu'en dehors de Bayrou, je n'en vois pas qui puisse rassembler sur son nom un nombre important de suffrages. André, un des rares libéraux du MoDem, corrobore cette analyse, en posant la question qui taraude vraisemblablement Arthuis, celle de la crédibilité...Et il n'est pas le seul, c'est aussi l'avis du blogueur Reversus... D'autres peinent à se représenter ce qu'il pourra bien émerger de ce grand désordre...

    Paradoxalement, c'est la mort politique qui pourrait permettre à François Bayrou de se recentrer. Comme je l'ai déjà écrit, c'est la dérive bonapartiste sarkozyste qui a poussé François Bayrou à se déporter, par réaction, sur sa gauche. Si la droite revenait à une candidature plus traditionnelle et plus sérieuse, il deviendrait possible à François Bayrou de reprendre sa place naturelle au centre de l'Échiquier politique.

    La droite a reproché à François Bayrou une prétendue obsession anti-sarkozyste, mais voilà, désormais, qu'elle fait le même constat que l'homme du Béarn. Il était temps...

  • Fiscalité, enfin une convergence politique !

    Content. Oui, je suis plutôt content : il y a enfin une convergence politique pour sucrer l'ISF tout en remettant à plat les niches fiscales. On savait que c'était la position de François Bayrou depuis longtemps, le temps de l'UDF pour être précis, que certains élus Nouveau Centre avaient un avis similaire, que certains radicaux de gauche partageaient ces propositions, mais aujourd'hui, outre la position officielle du MoDem, c'est celle désormais du Nouveau Centre, de plusieurs élus socialistes, Peillon et Valls entre autres, et d'élus centristes comme Luca, Le fur ou Méhaignerie. J'ajoute à ces voix celle de Jean Arthuis qui en réclame le principe depuis aussi longtemps que Bayrou.

    Apparemment, MoDem, Nouveau Centre et  Alliance centriste sont sur la même longueur d'ondes, de même que plusieurs élus UMP et Socialistes, donc. En revanche, sur l'opportunité de créer une nouvelle tranche d'imposition sur les hauts revenus, il y a des disparités.

    Si on pouvait réunir une majorité transpartisane sur un compromis intelligent, je pense que notre pays ferait un grand pas en avant. Comme je l'ai dit récemment, il me semble que ce sont les niches qui pervertissent le bouclier fiscal, mais cela ne me gêne pas pas de le voir supprimer si on arrive à des résultats justes et pas spoliatrices par un autre biais.

    Des majorités de projet à géométrie variable, voilà comment devrait être gouverné notre pays, à l'instar de ce qui se fait au Parlement européen. Espérons que les débats vont aboutir à quelque chose et que le gouvernement et Nicolas Sarkozy ne chercheront pas à maintenir une mesure minoritaire et rejetée.