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Bayrou - Page 31

  • J'aime bien Bayrou en ce moment...

    Tiens, je voulais l'écrire depuis un moment sur ce blogue. J'aime bien Bayrou, en ce moment. Je retrouve l'homme modéré et humaniste, bien qu'intransigeant, qu'il avait longtemps été tout au long des années 2006 et 2007. Je déplorais, en mon for intérieur, qu'il fût devenu une tribun excessif qui ne se complaisait que dans la critique univoque du pouvoir en place.

    Je suis donc satisfait de le voir tenir à égale distance (enfin, à peu près...) la droite et la gauche. Mais surtout, j'apprécie des prises de position de bon sens. Ne pas condamner Woerth par avance, mais le système qui a rendu le soupçon possible. Faire preuve de responsabilité sur la question des retraites, envers et contre tout, tout en s'élevant contre les abus et l'injustice.

    Reculer de deux ans l'âge de la retraite était nécessaire. Tiens, d'ailleurs, les caisses de retraite complémentaires (AGIRC, ARRCO) devraient y retrouver la santé et devenir excédentaires, du coup. Pour la caisse simple, ça va prendre plus de temps, et nous ne sommes sans doute qu'à la moitié du chemin.

    J'espère que le peuple français rendra justice à Bayrou d'avoir toujours été clair depuis trois ans, sans jamais dévier de son chemin, tout en payant assez cher son indépendance.

    Tous ses thèmes de campagne de 2007 sont à l'ordre du jour.

  • Affaire Woerth-Bettencourt, quelle confusion des genres...

    J'aimerais bien faire entendre un autre son de coche sur l'affaire qui frappe Éric Woerth, mais franchement, c'est difficile, et ce n'est pas faute d'avoir épluché les informations à disposition sur la Toile.

    Comment Woerth peut-il s'étonner d'être l'objet de tous les soupçons alors qu'il dîne avec ceux que ses services sont chargés de contrôler et que son épouse travaille pour l'un d'entre eux ?

    Je n'ai pour l'argent la détestation de Bayrou (détestation qui m'agace, au demeurant) mais en revanche, je partage tout à fait son analyse sur la nécessité absolue d'une séparation claire entre intérêts privés et intérêt public.

    La République, c'est tenir le monde des intérêts privés, le monde de l'argent en lisière. Or, Nicolas Sarkozy a fait un projet politique qui consistait, pour faire comme les Américains et les Anglais, à marier le monde des intérêts privés et celui de la politique.

    Je n'aime pas que l'on qualifie de dégueulasserie le système américain. C'est un autre système que le nôtre, c'est tout. Je ne l'aime guère, mais, à défaut, là-bas, en Amérique, de telles collusions au plus haut niveau ne passerait pas.

    Bayrou n'en a pas moins raison, et l'on retrouve les accents fort justes de son Abus de pouvoir, de voir dans cette affaire non la malhonnêteté d'un homme mais la marque d'un système.

    La question n'est pas tant : est-ce-qu'il a fait quelque chose, mais, est-ce que le soupçon peut s'introduire dans cette affaire?

    C'est exactement la question que devrait se poser tout édile public. Tout comme Montesquieu, je considère que c'est la vertu qui fait la solidité de tout régime républicain. La moindre des choses seraient de ne pas lui donner à prêter le flanc.

  • Budgets et déficits, le temps d'avance de Bayrou et du MoDem

    J'ai lu que Guéant annonçait de nouvelles réductions de dépenses. Il envisage même de bloquer les salaires des fonctionnaires.

    Cela me frappe, quand je considère l'action de l'UMP ou les déclarations d'autres partis, de voir à quel point il manque une réflexion sur les missions de l'État. A ce jour, seul le MoDem a commencé à mener sérieusement cette réflexion, s'inspirant des travaux de l'UDF, des réflexions de ses commissions, et des thèses de François Bayrou.

    Du côté du gouvernement, on a l'impression d'une effervescence brouillonne. Il s'agit de réduire la dépense publique, et du coup, on gratte et tape là où on le peut. Pas de réflexion sur les missions de l'État, pas davantage sur la manière de dépenser.

    Tiens, un exemple : dans les Hauts de Seine, j'ai ouïe dire que le Conseil Général s'apprêtait à investir plusieurs dizaines de millions d'euros dans un groupe de collèges pour les doter d'un environnement numérique de qualité. Il fait pour cela appel à plusieurs prestataires qu'il va payer très cher. Or, de source bien informée, on trouve dans certains de ses établissements scolaires, des équipes qui obtiennent, en matière d'usage des nouvelles technologies des résultats similaires aux objectifs souhaités pour des coûts dix fois moins importants.

    Mais voilà, on est dans deux travers bien français : a) big is beautiful b) c'est mieux quand ça vient d'en haut.

    Dans ce cas précis, j'imagine très aisément que l'on pourrait faire aussi bien pour des coûts bien moindres. Mais ce n'est sans doute pas le seul exemple en France.

    La majorité n'est pas seule en cause : le PS demeure persuadé que l'État peut assurer toutes les missions et qu'il suffit donc de taxer à tire-larigot pour trouver les ressources nécessaires.

    Même du côté des formations centristes issues de l'UDF, Nouveau Centre, Alliance centriste, il y a bien une pensée sur les finances publiques, mais absolument aucune réflexion sur les arbitrages.

    Seul le MoDem a entamé une véritable réflexion sur les choix qu'il convient d'opérer, faute de pouvoir tout payer, à l'instar, d'ailleurs, de ce qu'ont fait les LibDems en Angleterre, qui eux, disposaient d'un document chiffré.

    Même si le programme du MoDem n'en est encore qu'à ses balbutiements avant d'envisager pouvoir devenir un programme de gouvernement, au moins a-t-il le mérite d'avoir ouvert la voie.

    J'ai des divergences avec ce programme, sur un certain nombre de points, mais la méthode est la bonne, et on peut discuter. C'est une avancée décisive. Espérons que d'autres partis sauront emprunter le même chemin afin d'alimenter un débat nécessaire.

  • Bayrou et l'exégèse du Figaro

    Une exégèse est en principe une étude critique et approfondie d'un texte. Il se trouve que le Figaro a commandité un sondage à l'institut Opinion Way avec pour objectif de départager différentes candidatures centristes. D'après Ce sondage, Borloo l'emporterait de peu sur Bayrou comme bon candidat. Une petite remarque : juger qu'un individu  est un bon candidat n'infère pas automatiquement un vote en sa faveur, la réciproque étant vraie, au demeurant.

    Ce que je remarque, en réalité, c'est que Bayrou devance Borloo à gauche et, bien sûr, au MoDem. En revanche, Borloo l'emporte sur Bayrou au Nouveau Centre et à l'UMP. Ce qu'il y a, c'est que l'écart à droite entre les deux leaders est plus important que l'écart à gauche. Borloo gagne donc plus de points sur sa droite que Bayrou n'en gagne sur sa gauche. Ce n'est pas étonnant : Bayrou est au centre et Borloo à droite...

    On ne peut pas dire grand chose d'un tel sondage. Ce qui importe, c'est surtout de compter ses voix. On peut être très populaire mais ne pas emporter pour autant l'adhésion dans les urnes.

    Passer pour sympathique, c'est une chose, mais se constituer un capital électoral, c'est autrement plus difficile. Borloo peut bien être plus populaire que Bayrou, à l'heure actuelle, il est nettement derrière lui en intentions de vote. Conquérir les esprits, c'est un premier pas pour se lancer dans une élection majeure, mais ce n'est pas suffisant. Pendant longtemps, Bayrou a caracolé en tête des personnages les plus sympathiques, en 2006, alors qu'il était donné à 6%. Le meilleur sondage à une présidentielle le donnait à égalité avec Martine Aubry à l'automne 2008 à presque 19% alors qu'il était déjà bien plus controversé dans la sphère politique en raison de ses prises de position hostiles aux pratiques du pouvoir.

    Bref, le Figaro, par ailleurs quotidien de qualité, est allé un peu vite en besogne.  Marie-Anne Kraft a écrit un article à ce sujet. Je juge tout à fait abusif de qualifier Opinion Way d'officine de l'UMP. L'institut de sondages pose les questions qu'on lui demande de poser. Le reste, ce ne sont pas ses oignions. L'interprétation est celle du Figaro, pas de l'institut. Pourquoi l'accuser ?

    Le sondage me semble au contraire très clair et a l'honnêteté de donner des indications édifiantes (base très faible, par exemple, pour l'échantillon Nouveau Centre, ce qui en dit long sur le potentiel électoral de ce parti...)

    Au final, les deux tiers des Français valident la stratégie de Bayrou en s'accordant à penser qu'il faut un centre indépendant et autonome. Bon, au moins sur ce point, il est donc sur le bon chemin. Quand au Nouveau Centre, on affirme qu'un parti centriste est historiquement au centre-droit et n'a vocation qu'à appuyer une majorité de droite, on est donc dans l'erreur, a fortiori quand son propre camp dit l'inverse.

  • Désespérant...ils ne comprennent rien à Bayrou...

    Si j'avais pu encore douter un jour que Bayrou était définitivement un OVNI politique, ces derniers jours achèveraient de me convaincre. Je lis les nombreux articles de presse à propos de ses rencontres avec Nicolas Sarkozy, et les bras m'en tombent. Pourquoi faut-il que la presse, les blogueurs aussi (je ne parle même pas des hystériques...) s'échinent à chercher midi à 14 heures, supputent des plans, des accords tacites, pain dont Bayrou n'est pas soupçonnable de se nourrir.

    A quel état de déliquescence politique en sommes-nous dans les esprits tordus de nombre de journalistes pour qu'ils soient incapables de comprendre qu'un homme politique puisse se sentir honnêtement, en dépit de ses divergences, co-responsable d'une situation critique ?

    Que l'on se rende chez Hashtable, lui qui surveille avec l'attention d'Argos et ses cent yeux pour Io les signes les moins visibles du désastre imminent. Les Credit Swap dont l'objet est d'assurer un défaut de paiement de la France pour sa dette se vendent de plus en plus cher. Autrement dit, de nombreux acteurs financiers jugent que le placement devient plus risqué.

    Bayrou n'a cessé de mettre en garde contre le poids de la dette, et contre le risque d'une conflagration des générations en raison de l'évolution démographique ; c'est même sa marque de fabrique. Il est tout de même pertinent que le Président de la République consulte les acteurs majeurs de la sphère politique alors qu'une crise majeure se rapproche à grands pas si des mesures radicales ne sont pas prises.

    Il faut bien le comprendre, et Jean Arthuis, le disait avec beaucoup de perspicacité tout récemment, ce n'est pas seulement nos dépenses qu'il faut réduire en France, mais notre manière de dépenser qu'il faut changer. Il y a là un logiciel archaïque, vulnérable aux troyens les plus malveillants, désormais,  à modifier impérativement.

    Bayrou a toujours été un homme droit, honnête, intègre. Je crois même qu'il envisage sérieusement une mise entre parenthèses de ses ambitions présidentielles dès lors que la situation du pays exige un effort et une attention soutenue de tous.

    Les médias dans leur ensemble, professionnels ou citoyens ne parviennent pas à le comprendre. Il faut forcément qu'il y ait un calcul, un intérêt. Plus personne n'envisage l'action désintéressée. Plus personne ne comprend que l'on puisse aimer son pays sincèrement.

    Parce que leurs cerveaux sont pourris, ils ne raisonnent plus qu'en termes d'intérêt personnel, à l'image, vraisemblablement, de ce qu'ils ont tous dans la tête. Voilà l'une des raisons pour lesquelles notre pays marche sur la tête : l'individualisme, le culte de l'intérêt égoïste, la faute des autres, jamais la sienne, y ont pris des dimensions démesurées au point de polluer tout le tissu social.

    C'est sordide : Bayrou vient parler des retraites, un sujet sur lequel il y a des désaccords entre leaders politiques ( Non, Nicolas, Bayrou n'est pas pour la retraite à 65 ans, il veut simplement que l'on ne touche pas à ce filet légal, c'est tout...), et partout on lit que Bayrou se recentre, qu'il y a un deal avec l'Élysée. Mais b.... de m...., l'important, ce sont les retraites, oui ou non ? Pas de petits calculs minables qui n'ont d'ailleurs aucun sens. S'il y a bien un électorat incontrôlable qui fait bien ce qu'il veut, c'est celui de Bayrou. Pas la peine de compter sur des reports, il se reporte tout seul sans aucune consigne à son bon gré...

  • Et le code génétique centriste ?

    Comme beaucoup d'internautes attirés par la théorie politique, j'ai pris connaissance de la passe d'armes qui a opposé Jean-François Kahn et François Bayrou quant à la définition d'un centre. Je pense que pour compléter le panorama, il faudrait aussi lire le billet de Laurent de Boissieu, journaliste à La Croix et expert ès centre et théories du centre. D'ailleurs, dès qu'il y a un grand rassemblement centriste, il couvre généralement l'évènement.

    En fait, je crois que je ne suis d'accord avec aucun des trois. Kahn voit le centre comme un milieu, un mi-chemin entre deux extrémités. Il appelle à inventer un ailleurs qui soit une alternative à la politique et au monde tels qu'on les connaît aujourd'hui. Bayrou lui réplique que l'ailleurs existe et qu'il rentre dans la définition du centre telle qu'il la propose. Les deux se retrouvent pour rejeter le "centrisme". Laurent de Boissieu, quant à lui, ne voit dans le centre qu'une localisation politique. Il est, paradoxalement, assez proche de Kahn sur ce point.

    Eh bien pour ma part, et je plussoie Jean Arthuis, je pense qu'il existe un code génétique du centre au même titre que ceux de droite et de gauche qu'évoque François Bayrou. Soyons plus précis : il existe un code génétique centriste. Centriste, et pas spécifiquement démocrate. Tout l'effort de Bayrou, est, je le crois, de tenter de fondre en une grande force centrisme et courant démocrate, sachant que les sociaux-démocrates couvrent en partie le spectre de ce dernier.

    Le centrisme a donc un code génétique, et c'est ce code qui se rebelle tant contre François Bayrou. Si le MoDem et Bayrou retrouvent largement la source démocrate-chrétienne quant au caractère programmatique de leur propos, les effluves mystico-révolutionnaire qui fleurent bon l'appareil militant du MoDem, et pendant les trois dernières années les interventions de François Bayrou, ne sont absolument pas dans son ADN.

    Le centrisme, ce sont ces cercles de la raison, cette pondération, ce goût pour les corps intermédiaires, cette soif de liberté, cette confiance en l'individu et ses initiatives, ce refus de l'autorité absolue tant de l'État que d'un seul individu, le choix de la rationalité et de l'effort vertueux et nécessaire. Le centrisme, c'est typiquement absolument une idée de la cité dont l'asymptote est clairement la république vertueuse et raisonnable de Montesquieu. Or, depuis Aristote et Platon, mysticisme et raison s'opposent, s'affrontent, même, radicalement. Rien de plus étranger à la tradition centriste, donc, que le culte du chef, la bayroumania, l'idéalisme absolu et  l'exaltation des masses militantes du MoDem.

    Kahn n'est pas un centriste, et c'est bien pour cela qu'il a très vite inventé le concept de centrisme révolutionnaire. C'est un mystique. Mystiques et idéalistes aussi, tous ces militants du MoDem qui ont rêvé d'une constitution idéale, leur constitution, comme on établit les lois d'une cité, à la création du MoDem avec tous leurs arguties sur les statuts du Paris.

    En Grèce, dans l'Antiquité, les citoyens des cités en création faisaient appel à des sages, des philosophes, des législateurs reconnus pour concevoir et fixer leurs lois. Voilà qui sied bien au centrisme, pas au mysticisme révolutionnaire, se parât-il de couleurs démocrates.

    Si le centrisme admet donc dans son ADN une fonction tribunicienne qu'incarna Jean Lecanuet en son temps, puis, aujourd'hui, François Bayrou, il ne saurait rêver de grand soir quelle que soit la couleur du ciel ce jour-là.

    En ce sens, Bayrou est à la croisée des chemins, parce qu'il marie ces deux tendances, pourtant étrangères l'une à l'autre. Et c'est en ce sens aussi qu'il sème tant de trouble : c'est une mutant. Un mutant qui est le fruit d'une mutation improbable. Pas grand chose de commun entre la ferveur presque religieuse des premiers militants démocrates et le réalisme pragmatique de l'UDF. Voilà pourquoi le mariage s'est si mal fait, bien que le ver fût déjà dans le fruit UDF bien avant le MoDem.

    Le MoDem n'est donc pas l'héritier de l'UDF. Le Nouveau Centre non plus, d'ailleurs, car à s'accommoder de toutes les lubies sarkozystes, il a fini par altérer également son ADN dans une sorte de blougui-blouga méconnaissable.

    S'il fallait être honnête jusqu'au bout, force serait de reconnaître que la vraie héritière de l'UDF et du centrisme, c'est effectivement l'Alliance centriste telle qu'elle existe. Au demeurant, attention, à vouloir recruter des déçus du MoDem, elle pourrait avoir quelques mauvaises surprises : les mystiques déçus font encore moins bon ménage avec la raison que les mystiques encore emplis d'espoir...

    Les centristes sont des hommes de dossier, de compromis, de raison et de modération et en même temps indépendants et forts en caractère. Des Delors, des Bourlanges, des Rocard, des Arthuis, et, in fine, qu'il le veuille ou non, le têtu Béarnais qu'est François Bayrou, quand bien même serait-il désormais une sorte d'alien...

  • MoDem infiltré en terre centriste...

    Jean-Pierre Bozzonne et Jean Arthuis m'avaient invité à une réunion organisée par Jean Arthuis, au Sénat, dont l'objet principal devait être le rassemblement des différentes chapelles centristes. J'y ai croisé entre autres Charles de Courson, Jean-Louis Bourlanges, François Sauvadet, Hervé Morin, Jean-Christophe Lagarde, Serge Peltier, Pierre Méhaignerie, Michel Mercier, Thierry Benoît, Denis Badré et Jacquelin Gourault et puis Jean Arthuis lui-même, bien sûr, pour citer quelques têtes politiques. Bref, toutes les obédiences avaient là au moins un ou plusieurs représentants.

    Pour rassembler, il faut éviter en priorité les sujets qui fâchent ; alors Jean Arthuis a programmé des débats là où il y avait à peu près consensus chez les centristes : les retraites, la réforme des collectivités territoriales, l'Europe. Pour les premières, tous les centristes sont favorables à un système à points un un compte notionnel, pour la seconde, à l'introduction d'une part de scrutin proportionnel, et pour la troisième, à un fédéralisme et une Europe à plusieurs cercles.

    J'ai goûté la conclusion de Jean Arthuis, persiflant l'appétit français immodéré pour le normatif (une norme pondue pour chaque fait divers, entraînant toujours plus de frais pour les collectivités) pour l'inflation législative, bref pour l'agitation quand il faudrait désormais tenir le langage de la raison, c'est à dire une maîtrise systémique des dépenses. J'ai apprécié également son rappel d'une nécessaire indépendance du centre (il suffisait de voir la tête des parlementaires néo-centristes à ce moment-là pour en savourer l'effet...).

    De Bayrou, sans lequel aucune refondation du centre n'est possible, il n'en a jamais été question. Oh, bien sûr, les journalistes ont bien tenté d'alpaguer Jacqueline Gourault pour lui faire dire que sa venue était un signe, mais, encerclée par quatre journalistes déterminés, dont Laurent de Boissieu, elle s'est avérée fine bretteuse ; rappelant que les relations entre sénateurs démocrates et sénateurs de l'Alliance centriste avaient toujours été bonnes, que de manière générale, les deux partis entretenaient de bonnes relations, c'est à titre amical qu'elle a déclaré être venue.

    Il est vrai que le discours de Jean Arthuis présente certaines similitudes tactiques avec celui du MoDem. J'ai pu échanger quelques mots avec Jean Arthuis, et lui ai demandé comment il escomptait parvenir à rassembler tout le monde, lui faisant valoir le rôle incontournable de Bayrou. Je ne sais pas s'il mesure les travaux d'Hercule auxquels il s'attelle tant le fossé qui s'est creusé entre le Nouveau Centre et le Modem est grand, désormais. Même au niveau de l'Europe, ils ne sont pas dans le même groupe...

    Nous avons aussi parlé économie. Il est favorable à une TVA sociale, estimant que de toutes façons, les cotisations patronales se répercutent, au final, sur les prix. Ouch ! il estime qu'il faudrait passer à un taux de 25% partout contre 19.6 actuellement !!! Cela fait un moment que je ne parviens pas à trancher sur la pertinence de cette mesure.

    Il y a tout de même quelques avantages : cela rééquilibre les coûts des produits et services concurrents importés car nous contraignons ainsi les entreprises et sociétés concernées à intégrer dans leurs coûts finaux notre protection sociale. Comme le tourisme est un secteur important en France, cela assure aussi que les 80 millions d'étrangers qui viennent en France contribueront également à notre modèle.

    De ce côté-là, c'est bien. Mais alors de l'autre, ça fait tout de même une authentique baisse de pouvoir d'achat. Est-ce bien prudent de risquer de casser la consommation ? Il faut à mon avis doser toute hausse avec une très grande prudence.

    J'ai croisé à ce congrès quelques blogueurs ex-MoDem ou futurs ex-MoDem plus ou moins en déshérence. Il y avait là le Vénitien Fabio, Benjamin, Serge, qui ne sait plus où il en est entre le MoDem, Cap21 et l'Alliance Centriste (au fait, c'est vraiment un jeunot !!!), et quelques autres ex-MoDem, MoDem ou futurs ex-MoDems non blogueurs.

    Nous avons évoqué évidemment la politique, en compagnie de Jean-Pierre, le passé, le présent et le futur. Discussions intéressantes...Jean-Pierre est demeuré encore tout imprégné du programme du MoDem, particulièrement europén. J'ai retrouvé dans les avis qu'il a exprimés, les Biens premiers que le Mouvement Démocrate voulait défendre au niveau européen. C'étaient à peu près les mêmes, avec quelques ajustements toutefois : Éducation, Santé, Défense pour Jean-Pierre. Nous nous sommes opposés sur les franchises médicales, pour lesquelles il s'avère plus proche du MoDem que moi : il est résolument opposé aux franchises, arguant que des individus au RMI qui doivent par exemple payer un traitement contre le sida se retrouvent ainsi avec 200 à 300 euros de frais mensuels.

    J'estime pour ma part qu'aucune fraction de la population ne devrait échapper à la franchise, même si, en revanche, on peut la moduler considérablement selon les revenus et les pathologies. Si la santé est un bien premier, elle doit figurer avant les loisirs dans nos paniers.

    L'objet de cette réunion était de rassembler les centristes, je l'ai dit. Très franchement, je suis plus que pessimiste sur l'issue de cette entreprise. Quand j'écoute, notamment, ces anciens militants du MoDem, encore très remontés contre Bayrou ou le MoDem en tant qu'appareil, je n'imagine pas qu'un compagnonnage politique soit un jour possible. On peut bien sûr débattre, se tendre la main, mais se rejoindre ?...Pour moi, le centre, c'est très clair : jamais sans Bayrou. Or, il y a chez les ex-MoDem une rancoeur envers le personnage qui rend toute coopération très difficile. On peut toujours me dire que ce sont les idées qui comptent, pour ma part, les hommes qui les portent comptent au moins autant, même si Jean-Pierre observe à juste titre que ce n'est pas la tradition centriste que d'avoir un leader fort.

    Et puis ces ex-MoDem demeurent à mon sens bien trop polarisés sur le fonctionnement de l'appareil partisan. Serge vient à peine de rejoindre l'Alliance centriste (ou il envisage de le faire) que le voilà déjà à chercher les statuts des jeunes de ce mouvement et à s'inquiéter de la validité de leur élection ou non. J'ai eu également un vif débat avec Fabio à ce sujet, et un très clair désaccord. Les questions d'appareil sont et demeurent à mes yeux tout à fait secondaires. Et je persiste à penser que dès lors qu'on ne se sent plus assez en phase avec son parti et son leader, le plus sage est de les quitter tous deux, pas de faire de l'agit-prop façon trottskiste...

    Je suis pessimiste également en considérant les réactions néo-centristes envers Bayrou. Pas un jour sans qu'une figure du Nouveau Centre le dénonce comme l'ennemi principal. Est-ce cela, la tradition centriste ? démolir celui qui porte le plus de valeurs communes avec vous ?

    Pour conclure, avis au Crapouillot, il intéresse l'Alliance centriste. Cela ne m'étonne guère, à vrai dire. Nous partageons nombre de vues, lui et moi, et je l'ai déjà dit, on peut dire que je me retrouve dans 90% du programme politique actuelle de l'Alliance Centriste, ce qui est loin d'être le cas de celui actuel (projet humaniste) du MoDem. Je pense que le Crapaud est à peu près dans la même situation.

    Il y aura d'autres réunions. Je souhaite bonne chance à Arthuis, c'est un homme droit, intègre et de valeur. Je pense que des ponts avec Bayrou sont plus que possibles. Les deux hommes se connaissent, s'apprécient, partagent la même intransigeance et portent les mêmes valeurs. Mais rassembler TOUS les centristes, c'est une autre histoire. Seul le temps nous dira s'il y parviendra...

  • Mise au point de François Bayrou

    Reçu dans ma boîte électronique, comme tous les militants du MoDem, il y a un peu moins d'heure. Que cela fasse taire une bonne fois pour toutes les langues fourchues, et je ne parle pas de l'UMP en disant cela. Bravo François. Ce qui est remarquable, c'est que tous ces abrutis qui accusent Bayrou de virer sa cuti sont incapables d'imaginer un seul instant qu'un homme politique ait en vue, en priorité, l'intérêt supérieur du pays. Ils n'imaginent pas plus qu'un homme politique accorde de l'importance avant tout aux idées et aux convictions qu'il a toujours défendues plutôt qu'à la politique politicienne. Chapeau bas, François Bayrou, vous donnez une sacrée leçon d'éthique et de courage à toute la classe politique.

    "Chers amis,

    Depuis quelques jours, on entend un certain nombre de commentaires sûrement très bien intentionnés prétendant que nous préparerions un "changement de ligne", un infléchissement de notre action en direction de l’actuelle majorité, en forme de "retour". Cela mérite une mise au point claire et nette pour éviter rumeurs et intoxications.

    Nicolas Sarkozy m’a invité à le rencontrer en privé au mois d’avril. Lorsque le Président de la République m’invite, hier François Mitterrand ou Jacques Chirac, aujourd’hui Nicolas Sarkozy, je considère comme normal d’accepter cette rencontre. Je fais de même lorsqu’il s’agit du premier ministre ou des leaders de l’opposition de gauche. La situation de notre pays est suffisamment grave pour que les responsables conscients des difficultés (ils ne sont pas si nombreux) acceptent d’échanger leurs points de vue, y compris de manière informelle et en toute liberté.

    Cela s’impose d’autant plus dans les jours de crise que nous traversons. Devant ces difficultés, que j’avais prédites depuis longtemps, personne ne peut affirmer qu’il a la solution. Tout le monde cherche, tout le monde sait (ou devrait savoir) que nous allons vers des temps difficiles, et dans les temps difficiles il n’est pas inutile de réfléchir ensemble. Nous sommes en désaccord, parfois violents, c’est normal, c’est la démocratie, mais nous ne sommes pas en guerre civile. C’est le point de vue que j’ai toujours défendu et que je défends d’autant plus aujourd’hui.

    Parler entre responsables, sans concessions et sans compromissions, pour moi, pour nous, c’est le b-a ba d’une démocratie de citoyens adultes. Je vous le dis clairement, je continuerai de le proposer, et de le mettre en pratique. À ce titre, je revendique avec fierté que nous ayons ces derniers mois tendu la main à une partie de la gauche, social-démocrate, en espérant qu’elle oserait un jour affirmer son identité. Pour l’instant, cela n’a pas été le cas, mais nous avons eu raison de tendre la main et nous devons continuer à le faire!

    Il n’y a pas de démocratie sans confrontation des idées et sans dialogue. Et la crise fait du dialogue une obligation. Cette rencontre avec le président de la république a eu lieu au moment où trois dossiers étaient ouverts par le gouvernement: la burqa, les retraites, et les collectivités territoriales.

    Sur la burqa, sujet épineux, mis en scène d’abord (ne soyons pas dupes) pour des raisons électorales, mais qui trouble beaucoup de Français, particulièrement de femmes, j’ai indiqué que le texte du gouvernement qui dit seulement qu’en France « nul ne doit dissimuler son visage dans l’espace public » me paraissait raisonnable. Si ce texte ne change pas, je le voterai : c’est aussi le sentiment de notre ami Abdoulatifou Aly, député de Mayotte, seul député musulman de notre Assemblée nationale. Nous sommes ainsi fidèles à notre ligne de conduite : quand une décision nous paraît acceptable, nous votons oui ; si elle ne l’est pas, nous votons non.

    Sur les retraites, question très lourde, (trente milliards d’euros de déficit cette année) j’ai indiqué qu’une réforme était indispensable. Certains disent que la réforme peut être évitée! Pour moi, cette position est irresponsable. Donc, si la réforme proposée est raisonnable, je la soutiendrai. Dans le cas contraire, je ne l’approuverai pas.

    Des financements nouveaux doivent être trouvés et mettre à contribution des revenus, notamment du capital, qui jusqu’à maintenant échappaient à la solidarité. Il faut augmenter le nombre d’actifs par rapport au nombre des retraités pour que la charge soit supportable. Cela ne pourra se faire que par une politique qui permette de créer davantage d’emplois en France, par une reconquête de productions nouvelles ou de productions que nous avons laissé s’en aller. Personne n’en parle et c’est pourtant là la clé, la seule clé, du problème des retraites, comme c’est la seule clé du pouvoir d’achat, ou de l’intégration par exemple. Il demeure qu’il faudra travailler plus longtemps! C’est le courage de le dire.

    Comment y parvenir? Faut-il faire glisser l’âge légal, progressivement, au-delà de 60 ans? Pour moi, comme pour Dominique Strauss-Kahn, cet âge n’est pas tabou. À condition que soit traitée la question de la pénibilité de certains métiers, ce qui pour l’instant n’est pas fait.

    Faut-il augmenter le nombre d’années de cotisations? Cette solution qui a la faveur du PS et de certains syndicats n’est pas interdite non plus. Mais cela signifie que pour tous ceux qui ont fait ou feront des études, la retraite serait reportée bien au-delà de 65 ans. Les deux solutions ont leurs inconvénients : peut-être faut-il combiner les deux? Nous en débattrons d’ici au 26 juin, date à laquelle le Conseil national arrêtera nos propositions. En attendant le débat dans nos rangs est ouvert à partir d’une note d’orientation que vous avez reçue il y a quelques semaines.

    En tout cas, je suis décidé à défendre le seuil (aujourd’hui fixé à 65 ans) où on peut faire valoir ses droits à la retraite sans décote même si l’on n’a pas le nombre de trimestres exigé. Ce "filet de sécurité" est très important, par exemple pour les femmes qui ont repris le travail après avoir élevé des enfants, ou pour ceux qui ont connu la "galère" du chômage, ou pour ceux qui ont travaillé à l’étranger, par exemple.

    Il faudra enfin penser la vraie réforme, je devrais dire la vraie refondation des retraites, celle qui assurera l’équilibre sur le long terme et permettra à chacun d’adapter librement sa retraite aux conditions particulières de chaque vie professionnelle ou familiale. Pour nous, nous plaidons depuis dix ans pour un système de retraite à points, ou de comptes personnels, où chacun sait, à tout moment, où il en est. C’est le seul moyen, sur le long terme, d’assurer l’avenir de la retraite par répartition. J’ai été heureux de noter sur ce sujet des prises de position nouvelles, par exemple les déclarations de la CFDT. J’ai demandé au gouvernement de faire de cette réflexion sur une réforme à long terme, par exemple à l’horizon 2020 ou 2025, un chapitre important de sa proposition.

    En tout cas, il n’existe pour moi aucune possibilité responsable et juste de ne pas faire de réforme. Il suffit, dans les rues de nos villes ou villages, de compter les retraités, de plus en plus nombreux, et les actifs, de plus en plus rares, pour voir que nous allons dans le mur. Et aller dans le mur, cela signifie, comme en Grèce, en Espagne ou au Portugal baisser brutalement les retraites de 10 % ou de 15 %. Cela, je ne l’accepte pas et je ne serai pas complice d’une telle lâcheté.

    Enfin sur les collectivités locales, j’ai combattu à la tribune de l’Assemblée nationale, et je continuerai à combattre le projet du gouvernement de faire élire les futurs conseillers territoriaux à l’actuel scrutin cantonal, ce qui serait la consécration du bipartisme, un recul de l’idée régionale, une renoncement insupportable à la parité et au pluralisme. Selon moi une telle loi serait inconstitutionnelle et définitivement inopportune.

    Savoir approuver quand une décision va dans le bon sens, combattre les décisions injustes, cela a toujours été notre ligne de conduite. J’en suis fier et je le revendique. Cela signifie-t-il une quelconque connivence avec le pouvoir actuel? Je vois bien la manœuvre qui tente de le faire croire. Mais ceux qui conduisent cette intoxication se mettent le doigt dans l’oeil et il convient, charitablement, de les détromper…

    J’ai, depuis le premier jour, mis en garde contre les risques que faisaient courir la politique de Nicolas Sarkozy. Cela n’a rien à voir avec une mésentente personnelle. Je ne dis pas qu’il n’a aucune qualité, d’énergie par exemple. Je ne lui fais pas porter des responsabilités qui ne sont pas les siennes : je sais bien qu’il n’est pas directement responsable de la crise, même si cette crise est celle du capitalisme qu’il défendait.

    Mais mon jugement n’a pas changé: les orientations de Nicolas Sarkozy ont porté atteinte à des principes pour nous essentiels. La justice fiscale a été niée par le "bouclier fiscal". Les déficits ont explosé, et pas seulement à cause de la relance. L’éducation est maltraitée, sans vision, et dans une approche uniquement comptable. L’indépendance des médias est mise à mal par la nomination directe des responsables de l’audiovisuel public. Le mélange des affaires privées et des affaires publiques a été une réalité de tous les jours. La séparation des pouvoirs est malmenée. Le président porte atteinte à la fonction qu’il exerce en se présentant constamment comme chef de parti.

    Tout cela, je l’ai dit, directement, à Nicolas Sarkozy chaque fois que je l’ai rencontré. Et pour que nul n’ignore quel est mon jugement sur ces graves erreurs, j’ai écrit un livre Abus de pouvoirqui n’était ni un pamphlet, ni un mouvement d’humeur, mais un diagnostic et une défense des principes démocratiques et du modèle républicain français.

    Nous avons combattu sans relâche ces choix qui ont aggravé la situation de notre pays ou l’ont empêché d’avancer. Ce combat, pour moi, n’a pas cessé et ne cessera pas. J’observe d’ailleurs que ce diagnostic, que nous avons formulé depuis trois années, et souvent seuls, est aujourd’hui largement partagé.

    Tout cela peut-il être corrigé? Si c’était le cas, tant mieux. Mais cela me paraît, à tout le moins, résolument improbable. Restent les débats sur le "centre", auquel désormais on semble trouver tant de charmes et de vertus.

    Pour moi, les choses sont limpides: un centre indépendant est vital pour la démocratie française. Ce courant politique est un des piliers de la vie publique. Il est le garant du pluralisme nécessaire puisqu’il empêche le simplisme de la bipolarisation droite/gauche. Il conjugue la démocratie avec la République. Il refuse que la guerre des deux camps soit le seul horizon de notre vie publique. Il se bat contre le monopole du pouvoir attribué à qui que ce soit. Il veut à la fois la justice sociale et une économie inventive et créative, c’est-à-dire libre. Il considère que l’éducation est la pierre de fondation de tout progrès humain. Il défend notre patrimoine naturel comme un bien commun et prend au plein sens du terme l’association des deux mots "développement" "durable". Il pose comme principe que l’économie financière ne doit pas gouverner le monde et doit être régulée. Et il sait qu’un tel projet de société ne se défend pas si l’Europe n’est pas forte, unie et libre. Ce projet politique est en confrontation, et souvent en opposition avec les idéologies portées aujourd’hui par l’UMP et par le PS. Il ne peut donc accepter de se laisser satelliser par aucun des deux partis actuellement dominants.

    Il peut chercher et trouver des compromis, mais il refuse les compromissions. Il est ouvert, mais il est intègre. Et il ne doit accepter aucune concession, ni sur l’ouverture, ni sur l’intégrité. C’est pourquoi l’article premier de tout acte d’existence du centre, c’est l’indépendance. Je ne ferai sur ce point central aucune concession à qui que ce soit.

    La faiblesse actuelle de ce courant politique vient de sa division et, pour certains, de sa soumission. Division et soumission, ce sont les deux causes de sa faiblesse électorale actuelle. Je ne ménagerai pas mes forces pour qu’il se rassemble, et pour qu’il se redresse.

    En tout cas, sa mission est de préparer et d’offrir une alternative réaliste, crédible à la politique qui a été suivie depuis trois ans. C’est parce que je crois à la force et à l’avenir de cette famille politique que j’ai été, je suis, et je serai intransigeant sur le respect de ses principes. Cela demande courage et caractère? Tant mieux ! C’est ainsi que se forgent et s’éprouvent les vraies aventures humaines.

    Je vous prie de croire à mon amitié."

  • Bayrou juge les Métropoles : small is beautiful...

    Intéressantes réflexions de Bayrou sur les métropoles prévues par le projet de loi de l'actuel gouvernement...

    L’introduction des métropoles va créer un désordre gravement dommageable à l’organisation des collectivités locales en France. Combien seront-elles, ces métropoles ? Peut-être une quinzaine, car je ne crois pas une seconde que le seuil des 450 000 habitants ne résistera. Vous êtes partis de 700 000, puis on est passé à 600 000, nous en sommes à 450 000… Expliquez-moi la différence qu’il y a entre Strasbourg et Montpellier en terme de rôle, de place ! 

    Pourquoi ne pas descendre jusqu’à Belfort, dans le du Territoire du même nom, si vous me permettez cette parenthèse souriante ? 

    Pour commencer, vous donnez aux métropoles toutes les compétences des communes qui les forment. Il n’est jusqu’aux cimetières et aux abattoirs que vous ne leur ayez confiés…Qui plus est, vous transférez aux métropoles la totalité – ce sera possible – des compétences des départements et des régions. 

    Monsieur le secrétaire d’État, nous ne sommes pas seulement des législateurs pour 2010 ; nous sommes les héritiers d’un très long temps, deux cents ans. Expliquez-moi ce qu’il restera du département de la Gironde ou du département de la Haute-Garonne lorsque vous leur aurez enlevé Bordeaux ou Toulouse ? Que reste-t-il de l’Alsace sans Strasbourg ? 

    Que restera-t-il de la réalité du département, et même de la réalité des régions, lorsque vous aurez transféré la totalité des compétences touchant à l’économie, au social, aux lycées et aux collèges, y compris en termes de communication autour de l’image de la collectivité, de la région à l’extérieur et à l’étranger ? Que restera-t-il ? 

    En vérité, c’est à la démolition du département et d’un bon nombre de régions françaises que vous êtes en train de procéder. C’est regrettable et cela va semer un grand désordre, d’autant que personne ne vous le demandait – si ce n’est les maires de grandes villes de tous bords, de droite comme de gauche, tous unis pour prendre les compétences des départements et des régions. 

    À cette exception près, bien aisée à comprendre, je suis persuadé que personne dans l’opinion publique française n’était disposé à ce que l’on aille dans ce sens. Je crois que l’on se trompe, je crois que c’est une erreur. 

    Dernière observation, qui n’a pas été faite jusqu’à présent. Vous allez vous trouver dans la situation où les métropoles ayant extrait leurs compétences des départements et des régions, ces départements et ces régions n’en seront pas moins gérés par les élus de ces métropoles… Leur poids sera déterminant. Je m’interroge sur la constitutionnalité de la situation dans laquelle des élus très nombreux pèsent un poids déterminant sur le conseil d’une assemblée sans que cette assemblée n’ait la moindre compétence réelle sur le territoire qu’ils représentent ! Il y a là quelque chose d’extrêmement curieux, et à mes yeux très déstabilisant au regard de l’idée que les citoyens devraient avoir de la simplicité et de la lisibilité de leurs collectivités locales. 

    Pour conclure, bon nombre de dispositions dans ce texte me semblent procéder d’une idéologie que je crois fausse, celle du big is beautiful. Je sais que la pensée technocratique va souvent dans ce sens : plus c’est gros, mieux c’est ; plus c’est fusionné, plus c’est rapproché, plus on donne la compétence à des fonctionnaires plutôt qu’à des élus de terrain, mieux c’est. Je crois le contraire : l’histoire de la France montre aussi que small is beautiful. Il y a dans la proximité, dans les territoires, fussent-ils exigus, dans les élus réputés petits et que je crois pour ma part tout à fait essentiels, quelque chose d’intime dans l’histoire de notre pays. On a tort de choisir l’idéologie qui consiste à constamment les effacer : c’est une partie de notre histoire que l’on effacerait.

  • Bayrou demeure plébiscité au MoDem

    Le tableau de bord des personnalités du mois de mai de l'IFOP est d'ores et déjà en ligne. J'y ai examiné avec intérêt la position de François Bayrou. Il y a des points noirs, notamment, une forte impopularité globale. Mais à côté de cela, au sein de son électorat, il demeure extrêmement populaire puisqu'il dispose d'une cote de confiance de 94% dans l'électorat du MoDem. Évidemment, toute la difficulté est de déterminer ce qu'est l'électorat du MoDem puisqu'il est très mouvant... Il demeure également populaire auprès de son électorat de la présidentielle de 2007 puisque 78% de ses anciens électeurs ont une bonne opinion de lui. Seuls Jacques Chirac et DSK font mieux avec respectivement 79% et 82%. Par rapport au mois de mars 2010, je constate qu'il remonte nettement sur ses bases (son électorat présidentiel de 2007 et celui du MoDem).

    En revanche, ce sondage confirme ce que j'avais constaté dans le précédent : il y a vraiment un problème avec les retraités et, désormais, les diplômés du supérieur, dernière catégorie qui lui a longtemps été très favorable. Deux catégories qui ne s'abstiennent pas ! Pour les seconds, à mon avis, l'algarade avec Cohn-Bendit a été désastreuse, mais, ce n'est sans doute pas la seule cause : je pense que la posture tribunicienne adoptée pendant trois années par Bayrou a aussi contribué à faire des dégâts dans cette catégorie. Il eût fallu qu'elle soit tempérée par des propositions dites aussi fortes que les critiques. J'ai le sentiment que François Bayrou s'est modéré, sur ce point, à la suite des Européennes.

    J'ai notamment apprécié ses positions responsables et modérées sur la burqa, les retraites et le plan européen ; à vrai dire, sur ce dernier point, on a eu là la traduction en fait de ce que proposait en gros et en gras le Mouvement Démocrate dans son programme pour les Européennes...