Tiens, le Front de Gauche, et notamment sa composante principale, le Front de Gauche, qui monte en puissance, attaque de front, c'est le cas de le dire, le MoDem. L'un des derniers carnets de campagne de Jean-Luc Mélenchon aborde la question. J'ai du respect pour Mélenchon. C'est un type honnête, et il a eu le courage de ses opinions en quittant le PS au moment du TCE et en poursuivant coûte que coûte la construction d'un parti autonome. Il n'a pas eu peur d'y aller seul. Chapeau. Je m'agace parfois de ses attaques contre l'école privée, mais je ne trouve, en revanche, pas grand chose à redire sur l'idée qu'il se fait de l'école. J'aime bien que le Parti de Gauche nous attaque, nous le MoDem, sur nos idées. Ça, au moins, c'est de la politique au sens noble, c'est du débat, du vrai. Je crois au choc et à la confrontation des idées. Au demeurant, Mélenchon a raison au moins sur un point : oui, le MoDem n'est pas un parti de gauche, et oui encore, forcément, si le PS cherchait à s'allier avec le MoDem, en effet, il glisserait certainement plus vers sa droite que vers sa gauche.
Je suis donc allé lire avec curiosité la brochure que Mélenchon réserve à Bayrou. Par exemple, Jean-Luc Mélenchon nous reproche de vouloir interdire constitutionnellement tout déficit budgétaire, sauf investissements exceptionnels. J'en déduis donc qu'il est partisan de le laisser filer. Mélenchon a-t-il bien considéré ce qui arrive aux pays qui font preuve d'un laxisme effréné dans ce domaine ? L'exemple de la Grèce n'est-il pas édifiant ? Nous filons à grand train vers les 100% du PIB de déficit, et nous risquons à tout moment de payer encore plus cher l'argent que nous empruntons quotidiennement. Comment le Parti de Gauche trouvera-t-il de l'argent, si nous ne trouvons plus de prêteurs ? En taxant les entreprises ? Mais elles produisent une bonne part de nos richesses ! Que se passera-t-il le jour où elles ne pourront plus payer ? La Révolution, alors, le Grand Soir ? L'Étatisation complète de l'économie ? Même en admettant que notre pays demeure une démocratie avec un tel système, l'exemple de l'Inde a montré à quel point l'omniprésence de l'État peut gangrener et paralyser complètement une économie. Il n'y a pas d'espoir ni de progrès sans liberté d'entreprendre, sans libération de la créativité.
Il faudra tôt ou tard rembourser nos dettes. Tout le monde devra payer. Non seulement il faudra en finir avec la plupart des niches fiscales, sauf celles qui profitent clairement et directement aux finances publiques, mais en plus, chaque citoyen devra payer, parce que cela ne sera toujours pas suffisant pour rembourser notre monstrueuse dette. On peut toujours faire miroiter au bon peuple une juteuse et inespérée chasse aux koulaks, il faut bien comprendre que cela ne marchera pas, que c'est un miroir aux alouettes, et que tous les pays qui s'y sont risqués en sont revenus.
Deux emplois sans charge, coûteux pour les finances publiques ? Toujours moins que les indemnités de chômage ! Que l'on fasse le calcul, et les 8 milliards de dépense calculés par Mélenchon sont absorbés par l'argent économisé en assurance-chômage.
Mélenchon nous accuse également de vouloir rétablir l'équilibre de la Sécurité Sociale : ben oui. Soit nous payons, soit elle implose, ce n'est pas plus compliqué que cela. Donc, en effet, on n'échappera pas à la question de savoir ce qui est dévolu à la complémentaire, et ce qui revient à la Sécu. Et moi, je préfère qu'on le dise ouvertement, plutôt qu'un jour, je me retrouve lourdement endetté pour des frais médicaux parce que le système public a volé en éclats sous le poids de ses déséquilibres. Que propose le Parti de Gauche, au fait, sur ce sujet ?
En ce qui concerne les retraites, le MoDem n'est pas favorable à une inscription dans le marbre d'un recul du droit à la retraite à 60 ans. Mais il ne voit pas pourquoi il interdirait à ceux qui veulent travailler plus, avec des aménagements ou non, de le faire. Sauver les retraites est une mission sacrée pour le MoDem. La question ne souffre pas la moindre démagogie : l'argent n'apparaît pas par l'opération du Saint-Esprit. La France vieillit, l'espérance de vie s'allonge...Nous avons le mérite d'appeler un chat un chat, et de dire que la retraite ne peut être que fonction du temps de cotisation.
Sur l'Éducation, je dois dire que je partage une partie des critiques de Mélenchon, et que je serais tenté d'en ajouter d'autres...Cela dit, à propos de la souplesse que le MoDem veut introduire, que Mélenchon comprenne bien que dans toute institution, entreprise ou administration, chaque espace de rigidité voit se produire un espace de flexibilité accru en regard. Ce n'est pas l'autonomie des établissements qui est le coeur de la politique actuelle, mais bien le souci de réduire les dépenses d'éducation. Ce n'est pas tout à fait la même chose. Concernant l'allongement du temps de travail des enseignants, c'est un mensonge éhonté de dire que l'idée est partagée par la droite. Non, Jean-Luc Mélenchon, c'est au contraire une idée agitée depuis un bon moment par vos amis socialistes, Peillon, Royal, Strauss-Kahn, Jospin et bien d'autres encore, notamment dans les commissions éducation du PS. Je n'ai jamais rien vu de tel figurer dans le programme de l'UDF en 2007, bien au contraire, et pas davantage dans celui de l'UMP...
Il faudra un second billet pour aborder la seconde partie du document de Jean-Luc Mélenchon. A très bientôt, donc.