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sisyphe

  • Sisyphe heureux

    J'avoue avoir particulièrement goûté la dernière sortie de Bayrou dans Ouest-France. Il se représente en Sisyphe heureux. Sisyphe, c'est ce héros grec condamné à pousser éternellement un rocher jusqu'au sommet d'une colline, puisque le rocher en question la dévale une fois à son sommet. Dans la mythologie grecque, Sisyphe passe pour le plus astucieux des hommes et certains voient en lui le vrai père d'Ulysse.

    Sisyphe est une curiosité, à vrai dire, dans la mythologie : je n'ai jamais trouvé trace des causes exactes de sa punition dans le Tartare. Je sais qu'il s'est joué de la mort en parvenant, par un subterfuge, à tromper Hadès, si bien qu'il fallut envoyer l'artillerie lourde (Thanatos, la mort, en personne) pour lui faire réintégrer le royaume des morts. J'aime bien l'image, parce qu'on promet si souvent à Bayrou une mort politique que je trouve que le personnage de Sisyphe lui convient bien. Outre le fait de s'être payé la tête des divinités de la mort, il semble bien qu'il ait fait un sale coup à Zeus en fayottant auprès du père d'Égine, jeune fille que le dieu avait enlevée, parce qu'il avait détecté Zeus derrière la métamorphose en aigle du dieu.

    Cela dit, Bayrou pensait probablement au Sisyphe de Camus, pas au mien, car l'expression de Sisyphe heureux est celle de Camus. Ce qui compte, du point de vue de Camus, ce n'est pas la cause qui fait que l'on pousse le rocher, mais le fait de le pousser. En quelque sorte, ce n'est pas la cause de la révolte qui importe, mais de se révolter. De la part de Bayrou, je l'interprète plutôt ainsi : il aime l'adversité et n'est jamais si content que lorsqu'il y est confronté. L'adversité pour l'adversité. Un peu comme le héros absurde de Camus qui trouve dans la conscience de l'absurdité du monde et le fait de s'y confronter, sa raison d'être. Le héros absurde est, à mes yeux, un contre-point du héros stoïcien qui trouve le même bonheur à se trouver éprouvé par les méandres de l'existence.

  • Nous, MoDem, sommes le parti le plus impopulaire de France

    Le titre de mon billet exagère à peine. En fait, seul le FN est plus impopulaire que nous. Tous les autres partis sont devant, même le NPA et le PCF. C'est dire où nous en sommes. Quant à François Bayrou, il est désormais ordinaire parmi les personnalités politiques. C'est le résultat du tout dernier sondage TNS-Soffres. Bayrou peut rebondir dans l'avenir, même si son image a été entâchée (il a à cet égard très bien fait d'assumer ses erreur). Mais pour un parti, c'est beaucoup plus long et difficile. Nous étions devenus le second parti le plus populaire après les Verts, courant février-mars. Pour nous militants et adhérents actifs qui ramons en permanence contre le courant pour redorer le blason du MoDem, le coup est rude. J'ai parfois le sentiment qu'il faut recommencer après chaque élection ratée. Dans la Grèce antique, il y avait comme cela un individu (père d'Ulysse, selon certaines traditions), Sisyphe, dont la punition, pour avoir défié et trompé les dieux, était de devoir faire éternellement rouler une pierre jusqu'au sommet d'une colline. Une fois en haut, le rocher dévalait la pente, et il fallait tout recommencer.

    Eh bien, je me sens une humeur de Sisyphe tentant de porter l'honneur perdu du MoDem... C'est d'autant plus rageant pour le militant ordinaire que je suis, que l'on s'échine à convaincre, trouve les tours les plus astucieux pour circonvenir nos interlocuteurs, porte avec enthousiasme la bonne parole, pour  échouer à quelques encâblures de l'arrivée. Je ne connais pas l'impact de mon blog, mais si j'ai convaincu un seul lecteur, qui ne le faisait pas ou plus, de donner sa voix au MoDem, je suis content.

    Et dans ma vie privée, en dehors de la blogosphère, j'avais réussi à convaincre trois personnes de donner leur suffrage au MoDem, dimanche dernier, et tout cela a été anéanti (elles sont revenues sur leur décision). Et pour remonter la pente, ce sera long, très long. Un an, deux ans, ne seront sans doute pas suffisants.

    J'ajoute quelque chose, sur l'affaire Cohn-Bendit : Deux blogueurs s'étaient intéressés à son passé, pendant ces élections. Authueil et...moi-même ! Or, il se trouve qu'Authueil avait tenté d'utiliser cette vieille affaire avec l'intention de comparer le traitement médiatique réservé au Pape comparé aux écrits de Cohn-Bendit ;  et  je lui étais du coup, le 08 avril dernier, tombé dessus à bras raccourcis, jugeant le procédé indigne parce que je soupçonnais une arrière-pensée de sa part. Tout le monde peut imaginer à quel point j'ai du être content en entendant Bayrou verser dans cette facilité... On dit que ce sont deux militantes qui auraient transmis le livre de Cohn-Bendit à Bayrou. Il aurait mieux fait d'être abonné au flux rss de mon blog, au moins pour le temps des européennes...Concernant Authueil, on trouvera d'autant plus sans vergogne son billet je n'ai jamais pu supporter Bayrou...Après avoir été le premier à tenter d'utiliser l'histoire, je pense qu'il est très très mal placé pour donner la moindre leçon de morale dans cette histoire...

    Cela dit, j'entendais sur France Info, que le but de l'UMP et de Sarkozy était désormais d'achever Bayrou pour l'éliminer définitivement, notamment en tentant de débaucher son premier cercle. Il paraît même que Brice Hortefeux voudrait attirer Marielle de Sarnez au gouvernement. On te l'a déjà dit, Sarko, ce n'est même pas la peine d'y songer, même en rêve.

    Au moins avons-nous cette consolation qu'au MoDem, désormais, ceux qui sont encore là ne peuvent être que fiables et loyaux. On les voit mal, désormais, s'éloigner sous d'autres cieux.

    Je voudrais, malgré tout, terminer cette note sur une touche d'optimisme. J'ai une satisfaction qui reste, à la suite de ces européennes, c'est que nous avons aussi élu d'excellents euro-députés. Particulièrement, les présences, nouvelles, de Corine Lepage, de Sylvie Goulard ou encore de Robert Rochefort au Parlement européen sont une excellente chose pour la France. Espérons qu'ils sauront y faire entendre leurs voix particulières. Sylvie Goulard a décidé de mettre fin à ses Chroniques européennes du large. C'est bien dommage. J'escompte avoir des nouvelles d'elle de Bruxelles à intervalles réguliers, et que nous serons informés par nos euro-députés de ce qui se dit à Strasbourg.