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Sisyphe heureux

J'avoue avoir particulièrement goûté la dernière sortie de Bayrou dans Ouest-France. Il se représente en Sisyphe heureux. Sisyphe, c'est ce héros grec condamné à pousser éternellement un rocher jusqu'au sommet d'une colline, puisque le rocher en question la dévale une fois à son sommet. Dans la mythologie grecque, Sisyphe passe pour le plus astucieux des hommes et certains voient en lui le vrai père d'Ulysse.

Sisyphe est une curiosité, à vrai dire, dans la mythologie : je n'ai jamais trouvé trace des causes exactes de sa punition dans le Tartare. Je sais qu'il s'est joué de la mort en parvenant, par un subterfuge, à tromper Hadès, si bien qu'il fallut envoyer l'artillerie lourde (Thanatos, la mort, en personne) pour lui faire réintégrer le royaume des morts. J'aime bien l'image, parce qu'on promet si souvent à Bayrou une mort politique que je trouve que le personnage de Sisyphe lui convient bien. Outre le fait de s'être payé la tête des divinités de la mort, il semble bien qu'il ait fait un sale coup à Zeus en fayottant auprès du père d'Égine, jeune fille que le dieu avait enlevée, parce qu'il avait détecté Zeus derrière la métamorphose en aigle du dieu.

Cela dit, Bayrou pensait probablement au Sisyphe de Camus, pas au mien, car l'expression de Sisyphe heureux est celle de Camus. Ce qui compte, du point de vue de Camus, ce n'est pas la cause qui fait que l'on pousse le rocher, mais le fait de le pousser. En quelque sorte, ce n'est pas la cause de la révolte qui importe, mais de se révolter. De la part de Bayrou, je l'interprète plutôt ainsi : il aime l'adversité et n'est jamais si content que lorsqu'il y est confronté. L'adversité pour l'adversité. Un peu comme le héros absurde de Camus qui trouve dans la conscience de l'absurdité du monde et le fait de s'y confronter, sa raison d'être. Le héros absurde est, à mes yeux, un contre-point du héros stoïcien qui trouve le même bonheur à se trouver éprouvé par les méandres de l'existence.

Commentaires

  • « L’une des seules positions philosophiques cohérentes, c’est la révolte ; un confrontement perpétuel de l’homme et de sa propre obscurité. » Camus dans le mythe de Sisyphe

    La faculté de se révolter, c’est peut-être la dernière chose qui lui reste à F.Bayrou. En tout cas je ne l'imagine plus heureux.

    Beau parallèle en tout cas ;-)

  • Magnifique comparaison mais convenons que pousser un rocher toute sa vie n'est pas une perspective très enthousiasmante surtout qu'il y a de moins en moins de monde pour l'aider à pousser!
    Il faudrait peut-être suggérer à Bayrou d'installer des cales au sommet de la montagne pour éviter que le rocher ne redégringole... mais probablement qu'il n'est pas bricoleur ou alors qu'il est trop buté pour accepter d'utiliser un tel subterfuge ...trop facile :)

  • @Reversus
    Ben le parallèle n'est pas de moi mais de lui. Je n'ai pas osé faire référence au Sisyphe de Critias, ça ferait carrément tâche par rapport à mon propos...
    Il m'a fait rire, avec son rocher. Je me suis figuré une sorte de Diogène dans son tonneau, à certains égards. Je crois qu'il est surtout soulagé d'arriver en fin de cycle d'élections. Elles n'ont pas été de tout repos, et il a appris à ses dépens la bipolarité...Ajoute à cela quelques erreurs tactiques (il s'est beaucoup trop mis en avant, s'est trop rapproché de la gauche) et la boucle est bouclée.
    Là, on va enfin pouvoir bosser le programme de 2012 en étant un peu tranquille. J'attends avec impatience l'après-régionales pour commencer à proposer de sérieuses rectifications au livret orange...
    @Nicolas
    Chez Camus, si, c'est une perspective réjouissante :-)

  • J'espère que notre cause et nos actions sont un peu moins vaines...

    PS/ bizarre, j'ai tjrs écrit "Thanatos"

    PS'/ pour le PLO : de tout, franches rectifications comme simples compléments...

  • @florent
    Merci, pardon, je n'avais pas fait attention. J'ai corrigé.
    je n'ai pas compris à quoi renvoie le PS 2...

  • Parfois le contenu est indigent non pour ce qu'il y a, mais pour ce qu'il y manque...

  • Sisyphe : ça tombe bien, parce que pour arrêter la dégringolade vers la faillite, il faut plus qu'un grain de sable.

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