Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Aide toi toi-même, tu aideras la Grèce...

Je n'ai pas d'objections à faire aux déclarations du Président Sarkozy à propos de la Grèce : je crois qu'il a bien compris que lâcher la maillon faible est l'assurance de briser, à terme, toute la chaîne. Les pays européens sont tous endettés, et certains sont d'autant moins crédibles qu'ils ont laissé courir leurs déficits. Même si la France est encore notée AAA par les agences sur les marchés financiers quand elle emprunte, elle sera sans doute la première cible après les pays les plus fragiles (Espagne, Irlande, Italie, Portugal). Une nouvelle fois, Bayrou a tout à fait raison de penser que demain, la France pourrait être à la place de la Grèce. Déclarer être prêts à se montrer solidaires de la Grèce, c'est bien, mais pour que cette solidarité ait une crédibilité, elle doit s'appuyer sur du solide. Autrement dit, il faut montrer que nous avons les reins solides. Et pour montrer que nous avons les reins solides, il faut prendre des mesures pour limiter nos déficits.

Aymeric Pontier, sur son blogue, rend compte de l'évolution des effectifs de la fonction publique depuis 1980 : alors que la population croissait d'un peu plus de 18%, dans le même temps, ces effectifs augmentaient d'un peu plus de 36% ! le double ! Si la fonction publique d'État suit une pente qui correspond à l'accroissement du solde démographique, en revanche, la fonction publique territoriale explose ; on pourrait rétorquer que c'est lié aux différents transferts de compétences et à la décentralisation ; si c'est le cas, c'est inquiétant et grave. Cela signifie que la décentralisation est complètement ratée, puisque non seulement les transferts ne s'accompagnent pas de baisses d'effectifs dans la fonction nationale, mais de surcroît, il faut plus de fonctionnaires dans la territoriale pour faire le même boulot.

Il faut être pragmatique : si on en est là en France, je crois qu'il vaut mieux, à ce compte-là, recentraliser à grande vitesse... Je ne comprends pas comment on en arrive à de tels gaspillages. De ce que j'ai cru comprendre de la troisième partie du rapport, le recours massif à des opérateurs externes pèse pour beaucoup dans l'explosion de ces chiffres. A lire les conclusions du rapport, j'ai parfois le sentiment que la décentralisation est le lieu privilégié des querelles entre les différents pouvoirs désormais disséminés çà et là. L'analyse du MoDem sur les rapports Régions-État n'en prend que plus de pertinence : bien loin d'une coopération harmonieuse, c'est une cohabitation acrimonieuse qui dessert le pays qui caractérise leurs rapports.

Il est donc bien long, et fort tortueux,  le chemin qui mène à Athènes : pas de crédibilité sans assainissement de nos comptes publics. Et pas d'assainissement sans une réflexion approfondie sur les causes de nos dérapages. J'ai parfois le sentiment que Nicolas Sarkozy s'imagine qu'il suffit de réduire les effectifs dans tel ou tel secteur de la fonction publique pour réduire nos frais. Je crains hélas que les logiques ubuesques qui sont à l'oeuvre soient autrement plus complexes qu'il ne l'imagine. La France est un pays traditionnellement fortement centralisateur. Elle s'est construite, depuis les Capétiens ainsi. Le mouvement vers la décentralisation est engagé depuis 30 ans environ, à peine. Comment effacer plus de 1000 ans d'histoire en si peu de temps ?

Commentaires

  • En effet, la décentralisation est ratée. Car les régions (souvent) n'ont fait que dupliquer le modèle centralisateur de l'Etat.

    Une décentralisation réussie nécessite une implication pleine des territoires mais aussi de leur laisser une réelle marge de manœuvre. De ce point de vue, la relative faillite des "territoires de projet" qui devaient être (et parfois sont, ex Pays de Brest) les Pays institués par les lois Pasqua-Voynet, est un indicateur préoccupant.

  • L'analyse du billet (doublons dûs à une décentralisation mal gérée et à un recours au privé mal géré) est tout à fait exacte bien que partielle. Si les collectivités locales recrutent tant, ce n'est pas seulement la faute de l'Etat, c'est surtout un mécanisme de clientélisme local - les habitants sont nombreux à demander des emplois, et peu nombreux à se soucier des impôts locaux - sauf augmentation massive de chez massive (cas d'Argenteuil).

    C'est tout de même aussi la faute de l'Etat et du millefeuilles qu'il a instauré. Les territoires de projet, qui ne marchent guère qu'en Bretagne (Claudio !), ne sont qu'un aveu d'incapacité des autres territoires. Plus on doit "coordonner, faire du partenariat, faire converger les acteurs", plus ça veut dire qu'on perd du temps et de l'argent (coûts de transaction, en langage chic).

    La solution "recentralisation" ne marche hélas pas, car elle créerait des triplons à la place des doublons...

  • Ah ! Je suis content que ce rapport ait été lu par quelqu'un d'autre que moi ! Il est très instructif, mais il ne semble intéresser personne...

  • @Aymeric Pontier
    IL est très intéressant. En revanche, je ne vois pas d'issues claires dans les propositions du rapport.
    @Fred
    alors il faudrait faire quoi, à ton avis ?
    @Claudio
    c'est un aspect du problème sans doute, mais il n'explique pas tout

  • D'après ce que je crois savoir, la Cour des Comptes n'a pas à faire de propositions ou de recommandations, elle a surtout pour rôle de faire des diagnostics, non ?

Les commentaires sont fermés.