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Une retraite par points ?

Un système de retraite à points est la solution privilégiée par Bayrou puis le MoDem dans son programme.

«Pour nous, la pérennité de notre système passe par la constitution d’un système par points. Chaque citoyen aura acquis au cours de sa vie un certain nombre de droits, différents selon les cas, selon la durée, la pénibilité du travail... A partir de ces droits, chacun décidera lui-même de l’âge de départ à la retraite et donc du montant de cette retraite. La gestion des emplois pénibles mérite une attention particulière. Nous ne pouvons, en tant que démocrates, nous satisfaire de départs prématurés à la retraite pour ceux qui exercent des métiers aboutissant à la réduction de leur espérance de vie. C’est en amont que l’on doit réformer les choses. Bien sûr, la priorité absolue est de réduire la pénibilité professionnelle. »

Je me suis penché sur la question et j'ai tâché d'interroger les avantages et inconvénients de ce choix. Dans un système à points, les salariés achètent des points tout au long de leur carrière par leurs cotisations. La pension, à la retraite, correspond au nombre total de points accumulés multiplié par la valeur du point au jour de la retraite. A l'heure actuelle, la système de retraites est opaque et peu lisible, et les citoyens ne savent pas facilement où ils en sont ; avec un système par points, les choses auraient l'avantage d'être claires, et chaque citoyen pourrait à tout moment facilement savoir où il en est. C'est ce que fait valoir régulièrement François Bayrou, et je suppose qu'il va le redire à Éric Woerth, puisqu'il est le premier consulté sur la question. Il est également clair qu'un passage à la retraite par points entraînerait nécessairement une refonte complète du système et donc la fin de tous les régimes spéciaux. Là où le bât blesse, c'est que cela suppose fatalement d'aligner retraites du privé et du public et de mettre fin aux régimes spéciaux. Pour que les salariés du public s'y retrouvent, l'État sera contraint d'augmenter significativement le montant des cotisations, au moins pour le financement des retraites qui correspondent à ceux qui se sont engagés dans la fonction publique avec le mode de retraite qui est actuellement en vigueur. Dans le cas contraire, la baisse des pensions sera automatique. Dans tous les cas de figure, ce sera évidemment plus équitable pour les salariés du privé dont la pension est calculée sur les 25 meilleures années et non les six derniers mois.

J'imagine que le coût du point variera selon les aléas de la conjoncture économique. Il me semble que pour que valeur de la pension ne dépende pas uniquement des cotisations, il faut que certains points soient attribués gratuitement en fonction de situations spécifiques personnelles : congés maternité, chômage de longue durée, longue maladie, réversion, épouses d'agriculteurs ou de commerçants, et cetera... Il resterait, bien sûr, à en fixer les pro rata, sachant que pour les congés maternités, il me semblerait logique que les femmes récupèrent 100% de leur points. Le reste doit être examiné au cas par cas.

L'incertitude qui demeure, in fine, c'est la valeur finale du point : si elle sert à ajuster d'éventuels déséquilibres, elle pourrait avoir un fort impact sur le montant des pensions.

Bayrou a ouvert la voie à une réforme des retraites, mais le MoDem demeure trop imprécis : il ne s'agit pas de se contenter de relayer l'adhésion du parti à ces propositions, mais de dire clairement quelle serait la politique suivie sur les retraites en cas d'accès au pouvoir. Or, pour l'instant, la manière dont ces points seraient attribués et dont la jonction se ferait avec ce qui est en vigueur actuellement n'est pas précisée par le programme du MoDem. Je rassure mes amis démocrates : chez les autres, c'est pire, on ne dit rien, on ment, ou l'on rase gratis...

Commentaires

  • En effet il faudrait voir comment gérer la transition avec le système actuel.

  • Il est très simple d'opérer une conversion de la sorte, puisqu'elle est faite avant le passage à la retraite sous forme d'un "relevé de carrière" qui établit les mensualités de la retraite ainsi que l'acquittement des quelques 160 trimestres.

    Seulement là ou le bât blesse vraiment, c'est qu'il faudrait sortir les points des actifs actuels, à savoir sortir des fonds d'une caisse actuellement déficitaire, puisque les gouvernements successifs se sont amusés à hypothéquer (voire piocher puisque la gestion n'est pas claire) pour subvenir aux pensions des retraités.

    Merci qui?

  • Ils veulent remplacer des sous par des points ! C'est aussi grossier que la monnaie des clubs de vacances. On est pas au Club Med, là.

  • très bonne remarque polluxe.

    Non, il ne faudrait pas que cette histoire de points viennent cacher la réalité des choses: il n'y a pas dans ce domaine de pillule miracle. Il faudra travailler plus si l'on veut conserver le montant actuel des cotisations. Il faudra aussi mettre fin aux régimes spéciaux: il est absolument scandaleux que les fonctionnaires qui représentent 12% des fonctionnaires touchent 31% des pensions.

    Bref, il faudra sortir de la langue de bois. L'Allemagne a pris le problème à bras le corps et a réglé le problème par des mesures courageuses. La France saura-t-elle se montrer à la hauteur?

  • Je ne vois pas en quoi, le système par points occulte quoi que ce soit, ensuite l'allemagne dans certains cas n'est pas obligatoirement un exemple à suivre, il y a eu de nombreuses grèves passées sous silence chez nous, si ma mémoire ne me trahit pas.

  • L'Hérétique, tu dis une chose qui m'intrigue beaucoup dans ton billet.

    Comme tu le sais sans doute, les salariés du privé quittent en moyenne l'emploi à 58 ans en France. Or, ils liquident leurs retraites à 61,5 ans en moyenne.

    Donc, si on mettait le privé aux six derniers mois, ce serait une catastrophe pour les salariés de ce secteur.

    Vu le déroulement des carrières, si on veut obtenir un résultat équivalent, on ne peut pas raisonner de la même manière entre privé et public. De fait, dans le public, les "meilleures années" seront toujours les dernières, si les salaires restent fixés par grilles aux progressions cadrées, ce qui sera très peu le cas dans le privé, où les meilleures années se situent entre 35 et 45 ans.

  • @Mathieu
    Tiens, j'ignorais ce fait. Pour le privé, il y a des situations très diverses, parce que certaines entreprises ont aussi des grilles de salaires.

  • Je ne nie pas du tout cette diversité. Et c'est bien pour cela qu'on ne peut se contenter de la simplicité du "tous au même tarif" dans cette réforme.

  • @Mathieu,
    Le système de points peut très bien préserver cette diversité.

  • Le principe du "point" dans un système de "répartition" est absolument clair (amha) : on regarde combien d'argent on a à répartir (collecte) et on le répartit entre les retraités au prorata des points dont ils disposent. C'est un système auto-équilibré - une véritable répartition, en fait.

    Dans la réalité, c'est un peu plus compliqué. Par exemple, 1) le concours de l'Etat est nécessaire pour abonder le minimum-vieillesse à ceux qui n'ont pas assez de points, 2) le calcul de la valeur de point n'est pas révisé à chaque seconde, il doit être garanti sur un certain temps, par exemple annoncé 12 mois à l'avance, les retraités ont besoin de visibilité sur leurs ressources.

  • Sur la retraite par point, je ne suis pas encore assez au point là-dessus. J'ai les écrits de Piketty sous le coude, faut que je m'y mette.

  • Le seul système qui pourrait encore être juste serait de faire cotiser tout le monde de façon identique (genre 500 euros par mois), et que tout le monde touche la même retraite de base (genre 1000 euros par mois).
    Pour tout le reste : liberté.

  • @Fred
    ce que tu décris, là, ce sont les comptes notionnels, le système qui a cours en Suède, non ?

  • Il paraît qu'il y a une différence subtile entre "par points" et "notionnel", mais il faudrait que je révise. Il me semblait qu'en gros c'était le même principe en effet...

  • @Fred
    ah non, dans un compte notionnel, tu cotises pour un capital, mais la pension est aussi fonction de l'espérance de vie.

  • Le plus effrayant dans l'affaire des retraites, c'est qu'elle montre, s'il le fallait encore, la puissance de notre égoïsme, notre courageuse attitude collective et l'incapacité des politiques et de ceux qui les élisent à guider le pays vers la saine anticipation...
    Cette grande et formidable irresponsabilité qui nous conduira sans doute au sort que nous prédit ci dessus Marc, comment sera t'-elle jugée par nos enfants ?
    Et comme il faudra trouver une explication au désastre, on finira par désigner les plus con-citoyens d'entre nous: ceux qui savaient...

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