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La vieille éthique a encore frappé...

C'est plus fort que moi : ce surnom venu directement du plus haut sommet des Verts m'amuse :-) Plus sérieusement, ce n'est pas mon habitude de soutenir Delanoë, mais, pour une fois, je suis d'accord avec sa manière de voir les choses. 

Dans l'affaire des emplois fictifs de la ville de Paris et du RPR, il a cherché à récupérer les fonds engagés par la Ville de Paris, et il y est parvenu. Moi, je trouve que c'est bien joué de sa part, et très raisonnable. Delanoë cherche à obtenir réparation, Éva Joly la tête de Chirac. Je n'aime pas trop cette idée de la justice, même si elle a fait la force la Norvégienne dans sa lutte contre la corruption financière.

Delanoë souligne justement que ce n'est pas son job d'endosser le rôle de l'Inquisiteur. Nous sommes encore en démocratie, dans notre pays, que je sache, et c'est encore le droit d'une partie, dans un procès, de renoncer à sa plainte quand un compromis satisfaisant est trouvé.

J'ai toujours aimé dans la justice, l'idée qu'elle était autant corrective que répressive, et davantage au service des individus que des grands principes. Au chapitre 7 du cinquième livre de son Éthique à Nicomaque, Aristote développe une conception du juge qui en fait avant tout le tiers entre deux parties.

Aller devant le juge c’est aller devant la justice, car le juge tend à être comme une justice vivante ; et on cherche dans un juge un moyen terme (dans certains pays on appelle les juges des médiateurs), dans la pensée qu’en obtenant ce qui est moyen on obtiendra ce qui est juste. Ainsi le juste est une sorte de moyen, s’il est vrai que le juge l’est aussi.

Je suppose que je n'étonnerai pas mes lecteurs habituels en leur révélant que idée est reprise par de nombreux économistes libéraux...

La volonté de purifier est une obsession chez Éva Joly. L'établissement de la loi devrait un objectif en soi et non une sorte de catharsis qui pourrait vite virer à la Terreur en version Robespierre. J'avoue que je fais partie des déçus du personnage. J'avais, comme tant d'autres, idéalisé le personnage.

Éva Joly a pris la grosse tête : elle a trouvé très astucieux de se vanter d'avoir mis DSK en examen. Après avoir salué l'homme d'action qu'était Bayrou, elle a par la suite repris le leitmotiv de l'UMP et du PS lors de l'élection présidentielle pour expliquer qu'il n'avait pas de programme. Elle apprend sans doute vite en politique. Et désapprend non moins vite côté éthique...

Commentaires

  • j'aime beaucoup europe ecologie mais je suis d'accord avec toi:Joly fait dans le populisme antipolitique. Dommage, il va falloir qu'elle se mette aussi à parler social et environnement.

  • Tout à votre défense pragmatique de Delanoe (il récupère le pognon et c'est l'essentiel, dites-vous), vous semblez oublier un pan de l'affaire qui peut aussi expliquer la position du maire de Paris ;http://www.bakchich.info/Chirac-UMP-Delanoe-on-efface-tout,11702.html

  • D'accord avec toi pour dire que le boulot de Delanoë est en l'occurrence de récupérer l'argent dont la Mairie de Paris aurait été indûment délestée dans cette histoire d'emplois fictifs. Mais cela ne doit pas arrêter le cours de la justice. En effet, cette affaire comporte un volet civil (délit commis au préjudice de la Ville de Paris) et un volet pénal (délit commis, prévu et sanctionné par le code pénal). Un arrangement avec la partie civile ne suffit pas, en principe, à mettre fin au procès pénal ni à éviter la sanction pénale si la culpabilité se trouve avérée à la fin du procès. Si l'arrangement avec Delanoë devait mettre fin à la procédure, il y aurait là une démarche exorbitante du droit commun.

  • @Christian
    Certes, mais cela ne relève pas de la ville de paris.
    @flotdechambe
    intéressant. J'aurais du lire backchich...Mais sur le fond, cela n'enlève rien au fond du raisonnement.

  • Ah ben on est d'accord.

    Si je ne m'en foutais pas, ça aurait été le sujet de mon billet de ce matin. Peut-être que ton billet va m'influence pour un nouveau...

  • Quant à Eva Joly, je suis persuadé qu'elle va se casser la gueule en plein vol...

  • "il a cherché à récupérer les fonds engagés par la Ville de Paris, et il y est parvenu. Moi, je trouve que c'est bien joué de sa part, et très raisonnable."

    Est-ce sérieux ?

    Les sommes que la Ville va récupérer sont minuscules par rapport à son budget.

    Dans une affaire comme celle-là, impliquant un très grand nombre de personnes, l'instruction est contrainte de focaliser son travail sur un petit nombre de cas seulement - ceux pour lesquels l'illégalité est la plus patente, la plus facile à prouver. Et à laisser de côté un grand nombre d'autres cas (par exemple des personnes qui peuvent prouver qu'elles ont participé de temps à autre à des activités pour leur employeur ... même si ces activités reconstituées ne couvrent que 5 ou 10% de leur temps de travail).

    Si le jugement prouve effectivement la culpabilité des accusés sur ces cas précis, les parties lésées seront fondées à penser que les pratiques établies par la justice s'appliquaient également à nombre de cas intermédiaires et non jugés.

    L'impression que cela me donne est que la Ville de Paris a offert à Jacques Chirac et à l'UMP la possibilité de l'indemniser au plus petit des montants possibles. Si, bien sûr, la Ville de Paris a effectivement été lésée ; mais à entendre François Fillon ce matin sur Inter, il semblait évident que la transaction vaut reconnaissance de culpabilité (même si le Premier Ministre a répondu en langue de bois à cette question).

    Le choix de la Ville est donc, amha, la pire façon de procéder s'il s'agissait de "récupérer les fonds engagés" ; en revanche, c'est la façon qui protège le mieux la Ville contre d'éventuelles tentatives de rétorsions venant du camp Chirac ou de l'UMP.

  • @Fred
    Je ne suis pas du tout d'accord avec toi. On n'est pas dans une guerre civile : il s'agit simplement de récupérer une mise. Ce n'est pas le but d'une collectivité d'envoyer un ex-président au trou, que cela soit fondé ou non. S'il y a un problème pénal, c'est à la justice de trancher, pas à la ville.
    @Nicolas
    Pas impossible. En fait, je pense qu'elle risque d'en décevoir plus d'un quand on va commencer à l'interroger sur ses idées à propos de la France, notamment l'emploi, la protection sociale, l'économie, la finance, la culture, l'éducation, et cetera...
    A mon sens, elle n'a absolument pas la carrure pour devenir une femme d'État. Et puis de voir ses revirements et sa grosse tête, cela ne m'a pas vraiment donné confiance...

  • @Nicolas et César :
    En effet, Eva va se faire "manger" en direct sur un plateau télé quand un adversaire lui demandera ce qu'elle pense des autres sujets que la corruption...
    Parce qu'elle n'a jamais parlé que de ça, donc elle n'a rien sur les autres sujets.

    Pour en revenir au thème de ce billet, c'est au pénal de trancher mais le parquet a déjà fait savoir qu'il demanderait la relaxe :
    http://www.rfi.fr/france/20100827-emplois-fictifs-jacques-chirac-pret-rembourser.

    Cependant, si la mairie donc les contribuables sont remboursés, autant leur épargner des frais de procédures ultérieures possibles.

    Car le consentement à un accord financier ressemblant fort à un aveu de J. Chirac et de l'UMP de l'époque, à savoir le RPR, il restera toujours une sanction simple, facile et gratuite à appliquer, et elle se fera dans les urnes.

    @César : rentré de vacances ?

  • @luciole
    Oui, je suis revenu hier soir.

  • L'affaire des emplois de la ville de Paris pourrait devenir exemplaire et servir de paradigme à un véritable problème d'éthique. Entre deux biens, quel est celui qu'il faut choisir et avec quels arguments? Il y a un plaisir, sinon une jouissance à faire triompher la justice ce qui semble être le cas pour les Saint Just et Robespierre de la nouvelle génération, hommes et femmes indifféremment. Si l'on s'en tient strictement à la position utilitariste, ce que l'on cherche dans cette affaire c'est moins de condamner un éventuel coupable que de rendre service à la société, c'est à dire au plus grand nombre pour qu'il puisse bénéficier de la réparation du délit plus que de jeter l'opprobre sur un "vieil homme" qui s'est bien débrouillé pour rester au pouvoir très longtemps et pour profiter de ses largesses. Il est rare que des problèmes d'éthique soient posés d'une façon aussi pédagogique. Raison de plus pour en profiter au service de l'enseignement de cette partie de la philosophie dont on parle si souvent et en termes insuffisamment développés et clairs. Autre raison de continuer à en approfondir le thème pour le plus grand profit de l'éducation en général et de celui des politiques, des responsables et des plus jeunes en particulier.

  • @Herbert
    Je ne peux qu'applaudir des deux mains à votre commentaire. Vous avez bien posé les données de la question.

  • Il y a tout de même un problème de fond : si l'UMP rembourse, c'est bien qu'il y a eu préjudice. S'il y a eu préjudice, c'est bien qu'il y a eu emplois fictifs. S'il y a eu emplois fictifs, c'est bien qu'un délit pénal a été commis. Et si un délit pénal a été commis, comment le parquet peut-il prévoir de demander la relaxe ? Cela revient à dire que Chirac n'est pas coupable de ce délit, donc qu'il n'était pas responsable des agissements du RPR à l'époque où il en était président. Franchement, qui va avaler ça ?

    Tout ce bignz ne va pas arranger le rapport entre citoyens et hommes politiques... Le grand gagnant de l'affaire, ce sera encore le FN. A 20 mois des présidentielles, on n'avait pas vraiment besoin de ça.

  • Bien qu'il me semble que Ch. Romain a raison, et j'ai exprimé le même sentiment précédemment, je rappelle que parfois, un mauvais arrangement vaut mieux qu'un bon procès. On n'est pas sûr de gagner même en étant innocent.

    Pour illustrer d'un exemple, la prétendue victime de Mickael Jackson a avoué à la mort de la star que la plainte avait été montée de toutes pièces afin de lui extorquer des fonds.
    Cependant, cela ne prouve pas qu'il était blanc comme neige dans son comportement en général (pardon pour le jeu de mots facile en l'occurence) mais apparemment, il a payé une indemnisation alors qu'il était innocent pour un fait précis, vu qu'il n'était pas sûr de l'issue du procès.

    Ceci juste pour apporter une nuance (bien que la possibilité qu'il en soit de même dans les affaires de Paris me semble assez réduite).

    Très bonne morale (à appliquer, où faut-il voter des deux mains ?) d'Herbert.

    @Ch. Romain : si le FN s'engouffre ainsi, c'est que les partis politiques traditionnels lui ont laissé, voire créé, un boulevard, complices d'un système car bénéficiaires. Qu'ils redressent la barre, avant que cela ne leur revienne pleine figure, et dans celle des Français.

  • @ Luciole

    Le système juridique américain n'est pas (pas encore...) le système français. En France, civil et pénal sont séparés. Pour prendre un exemple extrême : un meurtrier ne peut pas éviter un procès pénal ni une condamnation pénale en dédommageant la famille de sa victime. En revanche, sur constitution de partie civile par ladite famille, il sera condamné EN PLUS DE LA SANCTION PENALE à payer des dommages et intérêts à cette famille.

    Là, ça devrait être pareil : il y a D'UNE PART le préjudice financier subi par la Ville de Paris, qui peut éventuellement se résoudre de gré à gré pour éviter que la ville ne se constitue partie civile, et D'AUTRE PART le volet pénal de l'affaire. C'est l'éventuel abandon de ce volet pénal qui me semblerait choquant, d'autant plus choquant que l'existence d'un accord entre Paris et l'ex-RPR vient précisément démontrer la matérialité des faits.

  • Je ne disais pas que les systèmes judiciaires français et américain étaient identiques.
    C'était un exemple pour expliquer le choix de la partie mise en cause, le parquet ayant déjà fait savoir à la fin de l'instruction qu'il allait requérir la relaxe.

    Il ne restait donc plus que la partie civile pour faire aboutir à une condamnation, et c'est la mairie de Paris. Et en la dédommageant, le poursuivi se mettait à l'abri.

    Oui la véritable question est :
    Pourquoi le parquet va requérir la relaxe ?
    Ben parce que le parquet est aux ordres du château, bien sûr. Et que le soutien de Chirac à la campagne de 2012 est précieux à son hôte.

    Je dis : la seule sanction possible est dans les urnes, et oui, cela va faire le jeu de Marine, puisqu'aucun parti traditionnel ne proposera de solution pour changer cela. Et pour cause. Aucun ne le veut.

  • Je vois que le lien qui expliquait cela dans mon premier commentaire est erroné, il y a un point de trop, ce qui fait que mon 2e commentaire n'était pas très compréhensible :

    http://www.rfi.fr/france/20100827-emplois-fictifs-jacques-chirac-pret-rembourser

    à voir, le passage ou l'on explique que le parquet va requérir la relaxe.

  • @Ch.Romain
    Je peux vous dire que plusieurs cadres du MoDem partagent votre analyse. Ce n'est pas la mienne, mais il y aura sans doute un communiqué officiel qui ira dans le même sens que vous.

  • @ L'Hérétique

    Comme quoi il arrive à certains cadres haut placés du MoDem d'être visités par le bon sens. ;-)

  • @Ch.Romain
    Vous en doutiez ? :-)

  • Eva Joly est juge à la base --> son objectif est et doit être la Justice et le Droit. Pour un juge, une décision de justice ne doit pas s'embarasser de considération politique.
    Bertrand Delanoë est un homme politique. Le bien public est (ou plutôt devrait-être...) sa seule considération.

    Maintenant, si Eva Joly veut entrer en politique, elle va devoir reconsidérer ses positions sur pas mal de sujets.

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