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L'Hérétique (Démocratie et hérésie économique) - Page 183

  • Bayrou et l'exégèse du Figaro

    Une exégèse est en principe une étude critique et approfondie d'un texte. Il se trouve que le Figaro a commandité un sondage à l'institut Opinion Way avec pour objectif de départager différentes candidatures centristes. D'après Ce sondage, Borloo l'emporterait de peu sur Bayrou comme bon candidat. Une petite remarque : juger qu'un individu  est un bon candidat n'infère pas automatiquement un vote en sa faveur, la réciproque étant vraie, au demeurant.

    Ce que je remarque, en réalité, c'est que Bayrou devance Borloo à gauche et, bien sûr, au MoDem. En revanche, Borloo l'emporte sur Bayrou au Nouveau Centre et à l'UMP. Ce qu'il y a, c'est que l'écart à droite entre les deux leaders est plus important que l'écart à gauche. Borloo gagne donc plus de points sur sa droite que Bayrou n'en gagne sur sa gauche. Ce n'est pas étonnant : Bayrou est au centre et Borloo à droite...

    On ne peut pas dire grand chose d'un tel sondage. Ce qui importe, c'est surtout de compter ses voix. On peut être très populaire mais ne pas emporter pour autant l'adhésion dans les urnes.

    Passer pour sympathique, c'est une chose, mais se constituer un capital électoral, c'est autrement plus difficile. Borloo peut bien être plus populaire que Bayrou, à l'heure actuelle, il est nettement derrière lui en intentions de vote. Conquérir les esprits, c'est un premier pas pour se lancer dans une élection majeure, mais ce n'est pas suffisant. Pendant longtemps, Bayrou a caracolé en tête des personnages les plus sympathiques, en 2006, alors qu'il était donné à 6%. Le meilleur sondage à une présidentielle le donnait à égalité avec Martine Aubry à l'automne 2008 à presque 19% alors qu'il était déjà bien plus controversé dans la sphère politique en raison de ses prises de position hostiles aux pratiques du pouvoir.

    Bref, le Figaro, par ailleurs quotidien de qualité, est allé un peu vite en besogne.  Marie-Anne Kraft a écrit un article à ce sujet. Je juge tout à fait abusif de qualifier Opinion Way d'officine de l'UMP. L'institut de sondages pose les questions qu'on lui demande de poser. Le reste, ce ne sont pas ses oignions. L'interprétation est celle du Figaro, pas de l'institut. Pourquoi l'accuser ?

    Le sondage me semble au contraire très clair et a l'honnêteté de donner des indications édifiantes (base très faible, par exemple, pour l'échantillon Nouveau Centre, ce qui en dit long sur le potentiel électoral de ce parti...)

    Au final, les deux tiers des Français valident la stratégie de Bayrou en s'accordant à penser qu'il faut un centre indépendant et autonome. Bon, au moins sur ce point, il est donc sur le bon chemin. Quand au Nouveau Centre, on affirme qu'un parti centriste est historiquement au centre-droit et n'a vocation qu'à appuyer une majorité de droite, on est donc dans l'erreur, a fortiori quand son propre camp dit l'inverse.

  • Platon s'est bien vengé des tyrans

    Je lis actuellement pour me distraire les Lettres de Platon. J'en suis précisément à l'introduction des traducteurs, Luc Brisson et Monique Canto. Platon, après la mort de Socrate, son maître, s'est rendu en Sicile à l'invitation du chef politique le plus puissant de ce pays à cette époque, Denys de Syracuse. Les régimes qui dominent en Sicile sont alors des tyrannies. Une tyrannie, un tyran, à cette époque de la Grèce sont des mots qui n'ont pas encore de connotation péjorative. Il s'agit juste de régime et de titre politiques.

    Platon croit voir en Denys l'image du philosophe-roi, mais il doit déchanter assez vite et doit repartir, devenu personna non grata.

    Je savais que c'était en Grèce que le mot tyran avait pris sa chargé négative, et précisément à cette époque ; mais je ne savais pas que c'était spécifiquement Platon qui la lui avait donnée.

    Ceci est un encouragement à bien des égards. On pourrait s'imaginer, finalement, que la philosophie, les idées, ne sont que de vains discours et des idées sans grande conséquence. Et pourtant, l'avis d'un seul philosophe a suffi à donner une charge négative à un mot pour plus de 2500 ans et à discréditer définitivement un régime politique.

    Quelques philosophes dont Voltaire se sont chargés, par la suite, d'enfoncer le clou.

    On appelle tyran le souverain qui ne connaît de lois que son caprice, qui prend le bien de ses sujets, et qui ensuite les enrôle pour aller prendre celui de ses voisins. Il n’y a point de ces tyrans-là en Europe.

    On distingue la tyrannie d’un seul et celle de plusieurs. Cette tyrannie de plusieurs serait celle d’un corps qui envahirait les droits des autres corps, et qui exercerait le despotisme à la faveur des lois corrompues par lui. Il n’y a pas non plus de cette espèce de tyrans en Europe.

    Sous quelle tyrannie aimeriez-vous mieux vivre? Sous aucune; mais s’il fallait choisir, je détesterais moins la tyrannie d’un seul que celle de plusieurs. Un despote a toujours quelques bons moments; une assemblée de despotes n’en a jamais. Si un tyran me fait une injustice, je peux le désarmer par sa maîtresse, par son confesseur, ou par son page; mais une compagnie de graves tyrans est inaccessible à toutes les séductions. Quand elle n’est pas injuste, elle est au moins dure, et jamais elle ne répand de grâces.

    Si je n’ai qu’un despote, j’en suis quitte pour me ranger contre un mur lorsque je le vois passer, ou pour me prosterner, ou pour frapper la terre de mon front, selon la coutume du pays; mais s’il y a une compagnie de cent despotes, je suis exposé à répéter cette cérémonie cent fois par jour, ce qui est très ennuyeux à la longue quand on n’a pas les jarrets souples. Si j ai une métairie dans le voisinage de l’un de nos seigneurs, je suis écrasé; si je plaide contre un parent des parents d’un de nos seigneurs, je suis ruiné. Comment faire? J’ai peur que dans ce monde on ne soit réduit à être enclume ou marteau; heureux qui échappe à cette alternative
    !

    Et vous ? Que préférez-vous ? la tyrannie de la majorité ou celle d'un seul ? une belle chaîne dont Voltaire et son dictionnaire philosophique seraient l'origine et qui mérite réflexion, à l'heure où l'on parle parfois de la dictature de l'opinion. A noter que les philosophes grecs du temps de Platon n'avaient pas une bonne opinion de la démocratie, qu'ils considéraient à peu près aussi mal que la tyrannie...

  • Humeurs noires...

    Melclalex m'invite à être optimiste ou pessimiste, à mon choix, en trois aphorismes. Bon, je vais lui répondre. Sans surprise, d'abord par le pessimisme.

    1.Je suis convaincu que la crise des États se rapproche à grand pas. J'ai la quasi-certitude que je vais y perdre en pouvoir d'achat : salaire bloqué, hausse d'impôt, hausse des cotisations, je n'échapperai pas aux trois. Et puis je sais que mon temps de cotisation pour la retraite sera plus long. J'ai la crainte de ne pouvoir cotiser jusqu'au bout et je devrais me barrer avant d'avoir fait toutes mes annuités. Du coup, ma retraite sera très en deçà de mes derniers revenus de travailleur.

    2. J'ai la sale sensation que le pouvoir politique qui se mettra en place en 2012 ne sera pas celui pour lequel j'aurai voté au premier tour.

    3. Je vois des pans entiers du monde que j'ai aimé s'écrouler. Ce gouvernement détruit l'école et la culture avec la complicité active de toutes les forces politiques françaises à la notable exception de quelques individus isolés (dont Bayrou). Il ne trouve de solutions et n'a d'idées ni pour l'emploi, ni pour l'industrie.

    1.En fait, je ne trouve pas de raison d'être optimiste. Je vieillis et j'ai de plus en plus de mal à me secouer. Le temps passe de plus en plus vite, les années se succèdent et j'ai de moins en moins d'énergie pour me changer moi-même.

    2. Enfer et damnation, avec les changements successifs d'algorythmes de wikio, je peux dire adieu à cette forfaiture que constitue le statut de blogueur z'influent.

    3. Pas envie de parler du reste...

    Reste plus qu'à taguer d'autres blogueurs, histoire d'éprouver leur sentiment sur leur avenir. Tiens, par exemple, Mirabelle, Didier Goux, Aymeric Pontier, le coucou et la gauche de combat, s'il me suit encore. Observez mon œcuménisme ! Il y a tout de même une vraie diversité politique dans mon choix, non ?

  • Le cas Boutin me laisse perplexe

    Le salaire que touchait Christine Boutin pour sa mission sur la mondialisation a fait grand bruit. Plus exactement, ce qui a buzzé, c'est le fait qu'elle cumule sa retraite de parlementaire et le dit salaire. Et puis on a jugé çà et là que le salaire était trop élevé. C'est bien possible, mais je ne comprends pas pourquoi la Toile est tombée à bras raccourcis sur Christine Boutin.

    Est-ce que cela signifie que l'on ne peut plus cumuler une retraite et un salaire ? Ce n'est pas un très bon signal : au contraire, il faut favoriser l'adjonction de l'un avec l'autre. Non, le seul angle d'attaque cohérent, me semble-t-il, c'est contre son employeur. En ces temps de disette budgétaire, alors que l'État regorge de hauts fonctionnaires compétents, quel besoin était-il d'engager de manière surnuméraire une parlementaire à la retraite ?

    Christine Boutin a tort de renoncer à son salaire tout en poursuivant sa mission. Cette mission est un travail, et tout travail mérite salaire. Il valait mieux, comme l'a souligné le Faucon, jeter l'éponge.

    En tout cas, j'espère bien que la jurisprudence va s'appliquer, au point où l'on en est : des missions, confiées à tous les échelons de la vie politique, elles sont légions en France. J'aimerais simplement que l'on s'appuie sur un argument de bon sens, du type Rasoir d'Ockam : supprimons tout ce qui n'est pas nécessaire. Ce serait un premier pas pour réapprendre à dépenser au sein des pouvoirs publics français.

    Évidemment, si l'on pense que ce sont des missions de complaisance, alors il faut aller jusqu'au bout et poursuivre en pénal, puisqu'il ne s'agit plus d'une dépense surnuméraire mais de trafic d'influence...

    Pour conclure, je plussoie la proposition de Valérie Pécresse. On devrait faire de même, d'ailleurs, dans les municipalités, les conseils généraux et les conseils régionaux...

  • Crise des États, on y est...

    Les crises qui secouent successivement notre vieux monde ont ceci de paradoxales qu'elles ne présentent aucun caractère imprévu. Le Japon fait savoir qu'il pourrait faire défaut de paiement sans une réduction drastique de ses déficits. Grèce, Espagne, Portugal, Irlande, Islande, Grande-Bretagne, la liste s'allonge au fil du temps. Et pourtant, la crise de la dette des États, elle a été évoquée dès les premiers plans d'aide et de relance de l'hiver 2009. En France, je le rappelle une fois de plus, Bayrou avait fait de la dette son cheval de bataille. Cameron, Clegg au Royaume-Uni présentaient des programmes chiffrés pour réduire la leur. Le FDP en Allemagne en faisait aussi l'un des axes majeurs de sa campagne électorale.

    Peut-on s'imaginer un seul instant qu'on nous refasse le coup du nuage radio-actif de Tchernobyl ? Les autorités françaises avaient assuré sans vergogne que tel Moïse écartant les eaux du cataclysme, la France s'était vue épargnée par le nuage éruptif provoqué par l'explosion de la centrale nucléaire ukrainienne.

    Nous n'échapperons pas à nos dettes. Nos déficits sont fantastiques. Je m'étonne qu'aucun parti ne fasse ce que les Lib-Dems ont fait en Angleterre, un programme complet qui précise où et comment vont être réalisées les économies.

  • Tournantes : la racaille n'a pas d'âge...

    Encore un crime commis par des mineurs dans une cité de l'Oise. Je me demande parfois jusqu'à quel point l'excuse de minorité doit être conservée quand le crime est ignoble. Sept racailles ont attendu et violé en groupe une collégienne dans une tour. Comme par hasard, encore un tour livrée au squat et à la racaille qui s'y pavane en maître. J'espère que les juges ne vont pas se prendre pour des assistantes sociales et se répandre sur l'enfance malheureuse de ces porcs. Je me contrefiche qu'ils n'aient que 15-16 ans. Il paraît qu'ils peuvent prendre jusqu'à dix années de prison. Il faut qu'ils les prennent toutes. Et surtout, ne pas s'arrêter là : vérifier, lors du procès, si leurs copains ne viennent pas menacer la victime, et coffrer et condamner en conséquence.

    Seule une police et une justice inflexibles, systématiques et immédiates viendront à bout de la criminalité grandissante. Je ne sais pas si cette tournante aurait été possible si la tour n'avait pas été livrée à l'impunité générale.

    Il est possible d'y aller au kärcher et de donner un grand coup de pied dans la fourmilière. Il faut le faire et se montrer sans faille ni compassion pour les coupables. Dans une affaire précédente, à Dammarie les Lys, l'un des auteurs de la tournante était un mineur déjà condamné pour viol. Les juges se foutent-ils de la gueule de leurs concitoyens ? Cela signifie qu'il avait passé au mieux 3 ans derrière les barreaux. J'imagine qu'avec les diverses mesures d'assistance "éducative", il a du sortir au bout de quelques mois...

    Putain, c'est pas compliqué, 10 années de prison sèches, point à la ligne, et une nouvelle fois, si des juges veulent faire les assistantes sociales, ils n'ont qu'à changer de métier. 10 années de prison, et une surveillance après coup. 10 années de prison, mais une aggravation de la peine s'ils sont impliqués d'une manière ou d'une autre dans des menaces sur la victime pendant le procès ou les dix années.

    Surtout, surtout, aucune, absolument aucune compassion pour les violeurs, et ce quel que soit leur âge, c'est tout.

  • Désespérant...ils ne comprennent rien à Bayrou...

    Si j'avais pu encore douter un jour que Bayrou était définitivement un OVNI politique, ces derniers jours achèveraient de me convaincre. Je lis les nombreux articles de presse à propos de ses rencontres avec Nicolas Sarkozy, et les bras m'en tombent. Pourquoi faut-il que la presse, les blogueurs aussi (je ne parle même pas des hystériques...) s'échinent à chercher midi à 14 heures, supputent des plans, des accords tacites, pain dont Bayrou n'est pas soupçonnable de se nourrir.

    A quel état de déliquescence politique en sommes-nous dans les esprits tordus de nombre de journalistes pour qu'ils soient incapables de comprendre qu'un homme politique puisse se sentir honnêtement, en dépit de ses divergences, co-responsable d'une situation critique ?

    Que l'on se rende chez Hashtable, lui qui surveille avec l'attention d'Argos et ses cent yeux pour Io les signes les moins visibles du désastre imminent. Les Credit Swap dont l'objet est d'assurer un défaut de paiement de la France pour sa dette se vendent de plus en plus cher. Autrement dit, de nombreux acteurs financiers jugent que le placement devient plus risqué.

    Bayrou n'a cessé de mettre en garde contre le poids de la dette, et contre le risque d'une conflagration des générations en raison de l'évolution démographique ; c'est même sa marque de fabrique. Il est tout de même pertinent que le Président de la République consulte les acteurs majeurs de la sphère politique alors qu'une crise majeure se rapproche à grands pas si des mesures radicales ne sont pas prises.

    Il faut bien le comprendre, et Jean Arthuis, le disait avec beaucoup de perspicacité tout récemment, ce n'est pas seulement nos dépenses qu'il faut réduire en France, mais notre manière de dépenser qu'il faut changer. Il y a là un logiciel archaïque, vulnérable aux troyens les plus malveillants, désormais,  à modifier impérativement.

    Bayrou a toujours été un homme droit, honnête, intègre. Je crois même qu'il envisage sérieusement une mise entre parenthèses de ses ambitions présidentielles dès lors que la situation du pays exige un effort et une attention soutenue de tous.

    Les médias dans leur ensemble, professionnels ou citoyens ne parviennent pas à le comprendre. Il faut forcément qu'il y ait un calcul, un intérêt. Plus personne n'envisage l'action désintéressée. Plus personne ne comprend que l'on puisse aimer son pays sincèrement.

    Parce que leurs cerveaux sont pourris, ils ne raisonnent plus qu'en termes d'intérêt personnel, à l'image, vraisemblablement, de ce qu'ils ont tous dans la tête. Voilà l'une des raisons pour lesquelles notre pays marche sur la tête : l'individualisme, le culte de l'intérêt égoïste, la faute des autres, jamais la sienne, y ont pris des dimensions démesurées au point de polluer tout le tissu social.

    C'est sordide : Bayrou vient parler des retraites, un sujet sur lequel il y a des désaccords entre leaders politiques ( Non, Nicolas, Bayrou n'est pas pour la retraite à 65 ans, il veut simplement que l'on ne touche pas à ce filet légal, c'est tout...), et partout on lit que Bayrou se recentre, qu'il y a un deal avec l'Élysée. Mais b.... de m...., l'important, ce sont les retraites, oui ou non ? Pas de petits calculs minables qui n'ont d'ailleurs aucun sens. S'il y a bien un électorat incontrôlable qui fait bien ce qu'il veut, c'est celui de Bayrou. Pas la peine de compter sur des reports, il se reporte tout seul sans aucune consigne à son bon gré...

  • Et le code génétique centriste ?

    Comme beaucoup d'internautes attirés par la théorie politique, j'ai pris connaissance de la passe d'armes qui a opposé Jean-François Kahn et François Bayrou quant à la définition d'un centre. Je pense que pour compléter le panorama, il faudrait aussi lire le billet de Laurent de Boissieu, journaliste à La Croix et expert ès centre et théories du centre. D'ailleurs, dès qu'il y a un grand rassemblement centriste, il couvre généralement l'évènement.

    En fait, je crois que je ne suis d'accord avec aucun des trois. Kahn voit le centre comme un milieu, un mi-chemin entre deux extrémités. Il appelle à inventer un ailleurs qui soit une alternative à la politique et au monde tels qu'on les connaît aujourd'hui. Bayrou lui réplique que l'ailleurs existe et qu'il rentre dans la définition du centre telle qu'il la propose. Les deux se retrouvent pour rejeter le "centrisme". Laurent de Boissieu, quant à lui, ne voit dans le centre qu'une localisation politique. Il est, paradoxalement, assez proche de Kahn sur ce point.

    Eh bien pour ma part, et je plussoie Jean Arthuis, je pense qu'il existe un code génétique du centre au même titre que ceux de droite et de gauche qu'évoque François Bayrou. Soyons plus précis : il existe un code génétique centriste. Centriste, et pas spécifiquement démocrate. Tout l'effort de Bayrou, est, je le crois, de tenter de fondre en une grande force centrisme et courant démocrate, sachant que les sociaux-démocrates couvrent en partie le spectre de ce dernier.

    Le centrisme a donc un code génétique, et c'est ce code qui se rebelle tant contre François Bayrou. Si le MoDem et Bayrou retrouvent largement la source démocrate-chrétienne quant au caractère programmatique de leur propos, les effluves mystico-révolutionnaire qui fleurent bon l'appareil militant du MoDem, et pendant les trois dernières années les interventions de François Bayrou, ne sont absolument pas dans son ADN.

    Le centrisme, ce sont ces cercles de la raison, cette pondération, ce goût pour les corps intermédiaires, cette soif de liberté, cette confiance en l'individu et ses initiatives, ce refus de l'autorité absolue tant de l'État que d'un seul individu, le choix de la rationalité et de l'effort vertueux et nécessaire. Le centrisme, c'est typiquement absolument une idée de la cité dont l'asymptote est clairement la république vertueuse et raisonnable de Montesquieu. Or, depuis Aristote et Platon, mysticisme et raison s'opposent, s'affrontent, même, radicalement. Rien de plus étranger à la tradition centriste, donc, que le culte du chef, la bayroumania, l'idéalisme absolu et  l'exaltation des masses militantes du MoDem.

    Kahn n'est pas un centriste, et c'est bien pour cela qu'il a très vite inventé le concept de centrisme révolutionnaire. C'est un mystique. Mystiques et idéalistes aussi, tous ces militants du MoDem qui ont rêvé d'une constitution idéale, leur constitution, comme on établit les lois d'une cité, à la création du MoDem avec tous leurs arguties sur les statuts du Paris.

    En Grèce, dans l'Antiquité, les citoyens des cités en création faisaient appel à des sages, des philosophes, des législateurs reconnus pour concevoir et fixer leurs lois. Voilà qui sied bien au centrisme, pas au mysticisme révolutionnaire, se parât-il de couleurs démocrates.

    Si le centrisme admet donc dans son ADN une fonction tribunicienne qu'incarna Jean Lecanuet en son temps, puis, aujourd'hui, François Bayrou, il ne saurait rêver de grand soir quelle que soit la couleur du ciel ce jour-là.

    En ce sens, Bayrou est à la croisée des chemins, parce qu'il marie ces deux tendances, pourtant étrangères l'une à l'autre. Et c'est en ce sens aussi qu'il sème tant de trouble : c'est une mutant. Un mutant qui est le fruit d'une mutation improbable. Pas grand chose de commun entre la ferveur presque religieuse des premiers militants démocrates et le réalisme pragmatique de l'UDF. Voilà pourquoi le mariage s'est si mal fait, bien que le ver fût déjà dans le fruit UDF bien avant le MoDem.

    Le MoDem n'est donc pas l'héritier de l'UDF. Le Nouveau Centre non plus, d'ailleurs, car à s'accommoder de toutes les lubies sarkozystes, il a fini par altérer également son ADN dans une sorte de blougui-blouga méconnaissable.

    S'il fallait être honnête jusqu'au bout, force serait de reconnaître que la vraie héritière de l'UDF et du centrisme, c'est effectivement l'Alliance centriste telle qu'elle existe. Au demeurant, attention, à vouloir recruter des déçus du MoDem, elle pourrait avoir quelques mauvaises surprises : les mystiques déçus font encore moins bon ménage avec la raison que les mystiques encore emplis d'espoir...

    Les centristes sont des hommes de dossier, de compromis, de raison et de modération et en même temps indépendants et forts en caractère. Des Delors, des Bourlanges, des Rocard, des Arthuis, et, in fine, qu'il le veuille ou non, le têtu Béarnais qu'est François Bayrou, quand bien même serait-il désormais une sorte d'alien...

  • MoDem infiltré en terre centriste...

    Jean-Pierre Bozzonne et Jean Arthuis m'avaient invité à une réunion organisée par Jean Arthuis, au Sénat, dont l'objet principal devait être le rassemblement des différentes chapelles centristes. J'y ai croisé entre autres Charles de Courson, Jean-Louis Bourlanges, François Sauvadet, Hervé Morin, Jean-Christophe Lagarde, Serge Peltier, Pierre Méhaignerie, Michel Mercier, Thierry Benoît, Denis Badré et Jacquelin Gourault et puis Jean Arthuis lui-même, bien sûr, pour citer quelques têtes politiques. Bref, toutes les obédiences avaient là au moins un ou plusieurs représentants.

    Pour rassembler, il faut éviter en priorité les sujets qui fâchent ; alors Jean Arthuis a programmé des débats là où il y avait à peu près consensus chez les centristes : les retraites, la réforme des collectivités territoriales, l'Europe. Pour les premières, tous les centristes sont favorables à un système à points un un compte notionnel, pour la seconde, à l'introduction d'une part de scrutin proportionnel, et pour la troisième, à un fédéralisme et une Europe à plusieurs cercles.

    J'ai goûté la conclusion de Jean Arthuis, persiflant l'appétit français immodéré pour le normatif (une norme pondue pour chaque fait divers, entraînant toujours plus de frais pour les collectivités) pour l'inflation législative, bref pour l'agitation quand il faudrait désormais tenir le langage de la raison, c'est à dire une maîtrise systémique des dépenses. J'ai apprécié également son rappel d'une nécessaire indépendance du centre (il suffisait de voir la tête des parlementaires néo-centristes à ce moment-là pour en savourer l'effet...).

    De Bayrou, sans lequel aucune refondation du centre n'est possible, il n'en a jamais été question. Oh, bien sûr, les journalistes ont bien tenté d'alpaguer Jacqueline Gourault pour lui faire dire que sa venue était un signe, mais, encerclée par quatre journalistes déterminés, dont Laurent de Boissieu, elle s'est avérée fine bretteuse ; rappelant que les relations entre sénateurs démocrates et sénateurs de l'Alliance centriste avaient toujours été bonnes, que de manière générale, les deux partis entretenaient de bonnes relations, c'est à titre amical qu'elle a déclaré être venue.

    Il est vrai que le discours de Jean Arthuis présente certaines similitudes tactiques avec celui du MoDem. J'ai pu échanger quelques mots avec Jean Arthuis, et lui ai demandé comment il escomptait parvenir à rassembler tout le monde, lui faisant valoir le rôle incontournable de Bayrou. Je ne sais pas s'il mesure les travaux d'Hercule auxquels il s'attelle tant le fossé qui s'est creusé entre le Nouveau Centre et le Modem est grand, désormais. Même au niveau de l'Europe, ils ne sont pas dans le même groupe...

    Nous avons aussi parlé économie. Il est favorable à une TVA sociale, estimant que de toutes façons, les cotisations patronales se répercutent, au final, sur les prix. Ouch ! il estime qu'il faudrait passer à un taux de 25% partout contre 19.6 actuellement !!! Cela fait un moment que je ne parviens pas à trancher sur la pertinence de cette mesure.

    Il y a tout de même quelques avantages : cela rééquilibre les coûts des produits et services concurrents importés car nous contraignons ainsi les entreprises et sociétés concernées à intégrer dans leurs coûts finaux notre protection sociale. Comme le tourisme est un secteur important en France, cela assure aussi que les 80 millions d'étrangers qui viennent en France contribueront également à notre modèle.

    De ce côté-là, c'est bien. Mais alors de l'autre, ça fait tout de même une authentique baisse de pouvoir d'achat. Est-ce bien prudent de risquer de casser la consommation ? Il faut à mon avis doser toute hausse avec une très grande prudence.

    J'ai croisé à ce congrès quelques blogueurs ex-MoDem ou futurs ex-MoDem plus ou moins en déshérence. Il y avait là le Vénitien Fabio, Benjamin, Serge, qui ne sait plus où il en est entre le MoDem, Cap21 et l'Alliance Centriste (au fait, c'est vraiment un jeunot !!!), et quelques autres ex-MoDem, MoDem ou futurs ex-MoDems non blogueurs.

    Nous avons évoqué évidemment la politique, en compagnie de Jean-Pierre, le passé, le présent et le futur. Discussions intéressantes...Jean-Pierre est demeuré encore tout imprégné du programme du MoDem, particulièrement europén. J'ai retrouvé dans les avis qu'il a exprimés, les Biens premiers que le Mouvement Démocrate voulait défendre au niveau européen. C'étaient à peu près les mêmes, avec quelques ajustements toutefois : Éducation, Santé, Défense pour Jean-Pierre. Nous nous sommes opposés sur les franchises médicales, pour lesquelles il s'avère plus proche du MoDem que moi : il est résolument opposé aux franchises, arguant que des individus au RMI qui doivent par exemple payer un traitement contre le sida se retrouvent ainsi avec 200 à 300 euros de frais mensuels.

    J'estime pour ma part qu'aucune fraction de la population ne devrait échapper à la franchise, même si, en revanche, on peut la moduler considérablement selon les revenus et les pathologies. Si la santé est un bien premier, elle doit figurer avant les loisirs dans nos paniers.

    L'objet de cette réunion était de rassembler les centristes, je l'ai dit. Très franchement, je suis plus que pessimiste sur l'issue de cette entreprise. Quand j'écoute, notamment, ces anciens militants du MoDem, encore très remontés contre Bayrou ou le MoDem en tant qu'appareil, je n'imagine pas qu'un compagnonnage politique soit un jour possible. On peut bien sûr débattre, se tendre la main, mais se rejoindre ?...Pour moi, le centre, c'est très clair : jamais sans Bayrou. Or, il y a chez les ex-MoDem une rancoeur envers le personnage qui rend toute coopération très difficile. On peut toujours me dire que ce sont les idées qui comptent, pour ma part, les hommes qui les portent comptent au moins autant, même si Jean-Pierre observe à juste titre que ce n'est pas la tradition centriste que d'avoir un leader fort.

    Et puis ces ex-MoDem demeurent à mon sens bien trop polarisés sur le fonctionnement de l'appareil partisan. Serge vient à peine de rejoindre l'Alliance centriste (ou il envisage de le faire) que le voilà déjà à chercher les statuts des jeunes de ce mouvement et à s'inquiéter de la validité de leur élection ou non. J'ai eu également un vif débat avec Fabio à ce sujet, et un très clair désaccord. Les questions d'appareil sont et demeurent à mes yeux tout à fait secondaires. Et je persiste à penser que dès lors qu'on ne se sent plus assez en phase avec son parti et son leader, le plus sage est de les quitter tous deux, pas de faire de l'agit-prop façon trottskiste...

    Je suis pessimiste également en considérant les réactions néo-centristes envers Bayrou. Pas un jour sans qu'une figure du Nouveau Centre le dénonce comme l'ennemi principal. Est-ce cela, la tradition centriste ? démolir celui qui porte le plus de valeurs communes avec vous ?

    Pour conclure, avis au Crapouillot, il intéresse l'Alliance centriste. Cela ne m'étonne guère, à vrai dire. Nous partageons nombre de vues, lui et moi, et je l'ai déjà dit, on peut dire que je me retrouve dans 90% du programme politique actuelle de l'Alliance Centriste, ce qui est loin d'être le cas de celui actuel (projet humaniste) du MoDem. Je pense que le Crapaud est à peu près dans la même situation.

    Il y aura d'autres réunions. Je souhaite bonne chance à Arthuis, c'est un homme droit, intègre et de valeur. Je pense que des ponts avec Bayrou sont plus que possibles. Les deux hommes se connaissent, s'apprécient, partagent la même intransigeance et portent les mêmes valeurs. Mais rassembler TOUS les centristes, c'est une autre histoire. Seul le temps nous dira s'il y parviendra...

  • Le MoDem16 pour le maintien de Roland Garros à Paris

    En ces temps de tennis, s'il est bien une polémique qui fait couler de l'encre, c'est de déterminer ce qu'il va advenir de Roland Garros. Le président de la Fédération Française de Tennis, qui dispose d'une concession auprès de la ville de Paris pour 1.9 millions d'euros par an, estime que Roland Garros est trop petit et que faute de pouvoir l'étendre, il faut envisager un déménagement. Versailles, Marne la Vallée ont été évoqués. Pendant longtemps inconsciente du danger, la mairie de Paris a réagi in extremis en avril dernier en proposant un plan d'extension des cours de tennis. Problème : le projet mord sur les Serres d'Auteuil et réquisitionne un stade, Georges Hébert, normalement dévolu aux scolaires. J'ai pu avoir la réaction de Béatrice Lecouturier, élue MoDem du 16ème arrondissement de Paris, aux propositions de la mairie.

    document?id=13935&id_attribute=120Le MoDem du 16ème arrondissement a pris connaissance du projet d'aménagement de Roland Garros présenté par Monsieur Delanoë. Si les élus démocrates partagent avec d'autres élus la volonté de maintenir Roland Garros à Paris, ils ne peuvent admettre que cela soit au détriment des Serres d'Auteuil. Ils n'appuieront un aménagement du stade Georges Hébert que s'ils reçoivent la garantie que ce dernier continuera d'accueillir des scolaires.

    L'agrandissement indéfini de l'espace de Roland Garros n'est pas une fatalité pour en faire un grand tournoi. Sa dimension humaine et familiale pourrait être à l'avenir sa marque de fabrique. Raphaël Nadal déclarait récemment : « Roland-Garros a son histoire et cette histoire est ici et pas ailleurs. C’est pour ça que je voudrais que le tournoi reste ici » et encore « Ici, ça respire l’histoire du tennis. Bien sûr, le tournoi restera grand s’il va ailleurs, mais il y perdra un peu de son essence ».

    Le MoDem 16 ne peut qu'approuver ces paroles empreintes de vérité. Le «Big is beautiful» ne devrait pas être l'alpha et l'oméga des aménagements urbains. Il appelle donc la majorité de la ville de Paris, et celle (UMP) du 16ème arrondissement à s'accorder pour valoriser Roland Garros autrement que par sa seule extension.

    Le Big is beautiful, tiens, ça me rappelle quelque chose : n'est-ce pas Bayrou qui jugeait, récemment, que c'était le «Small», qui était «beautiful» ? En effet, il rappelait que la constitution des métropoles telles que voulues par le gouvernement allait déposséder nombre de communes limitrophes de tout droit de regard sur l'aménagement de leur territoire.

    Je suis content que nous partagions, au MoDem, la même vision que Nadal. J'ai cru comprendre que Federer était moins clair, estimant aussi que s'il y avait de gros intérêts pour le déménagement, cela pouvait se comprendre. Bon, c'est Nadal qui a gagné le dernier tournoi. Tant mieux... Bref, c'est tout de même fort que plus aucun maire, et particulièrement Delanoë, ne puisse désormais envisager le développement de leur ville sans être frappé de gigantisme. Au fait, pourquoi cette question n'est-elle pas à l'ordre du jour du Conseil de Paris ? Il avait lieu hier et continue aujourd'hui...?

    En la circonstance, ce n'est pas Delanoë, le principal coupable, même, si comme d'habitude, il va essayer de s'asseoir sur revendications des riverains ; le coupable, c'est un modèle de développement qui vise le "toujours plus", plus loin, plus grand, plus de spectateurs, plus de publicité, plus d'argent et...moins d'humanité...

    Je suis satisfait de voir le MoDem entrer en résistance contre ce modèle sportif-là. Roland Garos peut et doit rester à la Porte d'Auteuil, parce que c'est une part de l'histoire du tennis et même bien plus. Nadal a raison.