En ces temps de tennis, s'il est bien une polémique qui fait couler de l'encre, c'est de déterminer ce qu'il va advenir de Roland Garros. Le président de la Fédération Française de Tennis, qui dispose d'une concession auprès de la ville de Paris pour 1.9 millions d'euros par an, estime que Roland Garros est trop petit et que faute de pouvoir l'étendre, il faut envisager un déménagement. Versailles, Marne la Vallée ont été évoqués. Pendant longtemps inconsciente du danger, la mairie de Paris a réagi in extremis en avril dernier en proposant un plan d'extension des cours de tennis. Problème : le projet mord sur les Serres d'Auteuil et réquisitionne un stade, Georges Hébert, normalement dévolu aux scolaires. J'ai pu avoir la réaction de Béatrice Lecouturier, élue MoDem du 16ème arrondissement de Paris, aux propositions de la mairie.
Le MoDem du 16ème arrondissement a pris connaissance du projet d'aménagement de Roland Garros présenté par Monsieur Delanoë. Si les élus démocrates partagent avec d'autres élus la volonté de maintenir Roland Garros à Paris, ils ne peuvent admettre que cela soit au détriment des Serres d'Auteuil. Ils n'appuieront un aménagement du stade Georges Hébert que s'ils reçoivent la garantie que ce dernier continuera d'accueillir des scolaires.
L'agrandissement indéfini de l'espace de Roland Garros n'est pas une fatalité pour en faire un grand tournoi. Sa dimension humaine et familiale pourrait être à l'avenir sa marque de fabrique. Raphaël Nadal déclarait récemment : « Roland-Garros a son histoire et cette histoire est ici et pas ailleurs. C’est pour ça que je voudrais que le tournoi reste ici » et encore « Ici, ça respire l’histoire du tennis. Bien sûr, le tournoi restera grand s’il va ailleurs, mais il y perdra un peu de son essence ».
Le MoDem 16 ne peut qu'approuver ces paroles empreintes de vérité. Le «Big is beautiful» ne devrait pas être l'alpha et l'oméga des aménagements urbains. Il appelle donc la majorité de la ville de Paris, et celle (UMP) du 16ème arrondissement à s'accorder pour valoriser Roland Garros autrement que par sa seule extension.
Le Big is beautiful, tiens, ça me rappelle quelque chose : n'est-ce pas Bayrou qui jugeait, récemment, que c'était le «Small», qui était «beautiful» ? En effet, il rappelait que la constitution des métropoles telles que voulues par le gouvernement allait déposséder nombre de communes limitrophes de tout droit de regard sur l'aménagement de leur territoire.
Je suis content que nous partagions, au MoDem, la même vision que Nadal. J'ai cru comprendre que Federer était moins clair, estimant aussi que s'il y avait de gros intérêts pour le déménagement, cela pouvait se comprendre. Bon, c'est Nadal qui a gagné le dernier tournoi. Tant mieux... Bref, c'est tout de même fort que plus aucun maire, et particulièrement Delanoë, ne puisse désormais envisager le développement de leur ville sans être frappé de gigantisme. Au fait, pourquoi cette question n'est-elle pas à l'ordre du jour du Conseil de Paris ? Il avait lieu hier et continue aujourd'hui...?
En la circonstance, ce n'est pas Delanoë, le principal coupable, même, si comme d'habitude, il va essayer de s'asseoir sur revendications des riverains ; le coupable, c'est un modèle de développement qui vise le "toujours plus", plus loin, plus grand, plus de spectateurs, plus de publicité, plus d'argent et...moins d'humanité...
Je suis satisfait de voir le MoDem entrer en résistance contre ce modèle sportif-là. Roland Garos peut et doit rester à la Porte d'Auteuil, parce que c'est une part de l'histoire du tennis et même bien plus. Nadal a raison.