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Société - Page 64

  • Seule avec des enfants, une aube sans promesse

    Je repensais, tout récemment, à une lecture ancienne : la promesse de l'aube, de Romain Gary. Il s'agit d'une autobiographie. S'il y a bien une figure marquante, dans cet ouvrage, c'est celle de la mère de Romain Gary, qui, seule et sans mari, parvient à faire de son fils, à force d'énergie sans faille, un homme.

    J'ai le sentiment qu'aujourd'hui, ce ne serait plus possible. Plus possible, si l'on est seule, avec plusieurs enfants, de parvenir à s'en occuper suffisamment pour leur faire faire des études. Plus possible, surtout, si l'on est seule et sans diplômes, il est vrai.

    Le temps manque, les sources de loisir se multiplient, et, quand on est épuisée, il est difficile de résister à la tentation de laisser ses enfants devant un écran, plutôt que de lutter pour les mettre à leurs devoirs.

    Il y a comme un couperet inéluctable, dans nos sociétés, qui fait de la femme seule avec enfants la victime expiatoire du culte que nous vouons à la performance. Paradoxalement, jamais jusqu'ici notre pays n'a disposé d'une telle protection sociale, jamais l'assistance aux personnes en difficultés n'a atteint un tel niveau, et jamais, pour autant, elle n'a été aussi peu efficace, en proportion.

    Notre société de consommation est un Enfer parsemé de tentations multiples et irrésistibles. Tout le monde consomme, du plus modeste, du SDF, même, jusqu'au capitaine d'industrie ou au chef du service financier. Nous ne cherchons plus le mieux, mais le plus ; toujours plus. Aussi, dans un monde où c'est le plus que l'on recherche, et non le mieux, tout se jette et tout s'achète, rien ne se recycle.

    La force d'âme, finalement, se mesure à l'aune de la tentation et de la résistance que l'on y oppose. Facile à dire : quel plaisir que de se vautrer dans les délices du consumérisme à tout crin ! D'autant plus que ne pas consommer, dans une société de consommation, c'est forcément vivre en marge de la société, avec toutes les conséquences que cela implique en termes d'intégration. Ensuite, il s'opère une distinction entre consommer "bien" et consommer "mal", mais l'important, c'est de consommer.

    Alors, la femme seule, avec ses trois enfants, elle est un peu condamnée à consommer mal. Pas de la culture, mais du TF1 et du discount, de l'écran plat et du jeu vidéo pour ses enfants. Et si jamais elle a du mal à consommer, le crédit revolving est là pour lui offrir des solutions. Tiens, d'ailleurs, on en discute, à l'Assemblée nationale.

     

     

  • Ça vaut combien, un paysan ?

    Le monde rural est en ébullition. Les paysans ne parviennent plus à vivre de leur production. Hasard ou coïncidence, je lis actuellement les Paysans d'Honoré de Balzac. Et j'ai repensé au discours que tient Fourchon au Comte et à la Comtesse de Montcornet au chapitre V, les ennemis en présence :

    Les bourgeois volent au coin du feu, c'est plus profitant que de ramasser ce qui traîne au coin des bois. Il n'y a ni gardes-champêtres, ni garde à cheval pour m'sieur Gaubertin qu'est entré ici, nu comme eun var , et qu'a deux millions ! C'est bientôt dit : voleurs ! V'là quinze ans que le père Guerbet, el parcepteur de Soulanges s'en va e'd 'nos villages à la nuit avec sa recette, et qu'on ne lui a pas core demandé pas deux liards. Ce n'est pas le fait d'un pays e'd 'voleurs ? Le vol ne nous enrichit guère. Montrez-moi donc qui de nous ou de vous aut'bourgeois ont d'quoi viv 'à ne rien faire ? [...] eh ! bien, qué différence y a-t-il donc entre moi et ce brave, s't 'honnête père Niseron, un vigneron de soixante-dix ans, car il a mon âge, qui pendant soixante ans, a pioché la terre, qui s'est levé tous les matins avant le jour pour aller au labour, qui s'est fait un corps ed 'fer et eune belle âme ! Je le vois tout aussi pauvre que moi.

    Plus de 150 après, on en est toujours là ; j'exagère à peine : les paysans continuent à piocher la terre et gagnent toujours aussi peu...A témoin le discours que François Bayrou tenait le 17 mai dernier. 6 mois après, rien n'a changé et la colère explose...

    Les paysans, j'en parle, puisque personne n'en parle pour les raisons que vous savez. Les paysans se sentent aujourd'hui en situation d'abandon absolu, parce qu'ils ont naturellement des tracteurs et des champs qui représentent un capital, mais ce que l'on ne voit pas, c'est le revenu à la fin du mois.

    Il y a des centaines de milliers de paysans français qui vivent avec entre 700 et 800 € de revenu par mois et personne n'entend leur cri silencieux de détresse, notamment eu égard aux orientations qui sont en voie d'être prises et auxquelles je vous demande de réfléchir. Car ce sont à la fois des décisions européennes et des décisions de gouvernement.[...]...en défendant les exploitations familiales, nous ne défendons pas des intérêts, nous défendons l'intérêt général d'avoir une tradition agricole, un entretien des paysages, une culture de la transmission, des valeurs paysannes en France. Et nous considérons que c'est aussi important que de faire baisser le prix du lait de 4 ou 5 centimes.

    Nous acceptons de payer des produits à leur prix, à condition que nous sauvions la société à laquelle nous tenons.

  • Blogs et presse

    Tiens, je rebondis sur deux billets d'un coup : celui de Nemo, d'abord, qui exprime une position tranchée sur les blogs : un blog, ce n'est pas de la presse, c'est un blog, c'est à dire un exercice de style ou non à part entière. Et du coup, j'en viens à mon affreux capitaliste exploiteur du peuple préféré, Hasthable, qui lui, en revanche, estime que la presse a une valeur. Une valeur nulle, mais une valeur tout de même...

    Je m'inquiétais, encore hier, de la tenaille qui se referme peu à peu sur la presse, et notamment de la concurrence sauvage qu'inflige le journalisme dit "citoyen" à la presse traditionnelle.

    Finalement, si je croise ce que disent Nemo et Hashtable, les blogueurs seraient mûrs pour devenir des journalistes, tandis que les journalistes seraient eux à point pour devenir des blogueurs...

    Bon, allez, je suis fatigué, ce soir...

  • Bébé né sous X, est-ce encore son enfant ?

    Si le statut de l'embryon est complexe, celui de l'enfant ne l'est pas moins dès lors qu'on essaie d'établir sa filiation et les droits afférents. C'est en la circonstance une situation fort atypique qui a attiré mon attention : il s'agit d'un bébé né sous X dont les grand-parents ont réussi à retrouver la trace et qu'ils veulent adopter. L'enfant, une petite fille, est née au mois de juin 2009. Pour des motifs assez obscurs, la mère a décidé de l'abandonner. Or, ce qui m'étonne dans cette histoire, c'est que la mère parle de l'enfant en l'appelant "ma petite" et demande aux grand-parents de ne pas se mêler de l'avenir de "sa" fille. Il me semble, dès lors qu'on abandonne un enfant, qu'on abandonne avec tout droit de regard sur sa vie. Enfin, je m'exprime mal : on peut se soucier que l'enfant qu'on abandonne soit heureux, bien sûr, mais ce souci, c'est avant l'abandon qu'il doit se manifester. Après, ce n'est plus la mère (ou le père biologique) qui a dernier mot, mais les tuteurs et bien sûr l'État.

    Je ne sais pas pourquoi cette petite fille a été abandonnée, et je me garderais bien de condamner ni de juger sa génitrice. Il y peut-être (sans doute ?) derrière cet abandon, un drame cachée dont j'ignore tout.

    Ce n'est pas simple, à témoin, l'histoire du petit Constantin, pour lequel, entre le sang et le coeur, le tribunal a tranché en faveur du coeur. Nous sommes dans quelque chose de complexe, qui touche aussi au droit des grand-parents, quasiment méconnu en France. En France, depuis la Révolution, c'est la reconnaissance en droit qui fait loi, et non le sang. J'ai eu connaissance, récemment, d'un père qui avait appris après quelques années qu'il avait eu une fille, qui a cherché à la récupérer, mais qui n'a pu faire valoir son bon droit.

    Ce que me dit ma raison, c'est que dans de telles affaires, c'est la logique du droit et de la reconnaissance qui doivent primer, pas celle du sang. Mais si j'apprenais, par extraordinaire, que j'avais eu une fille ou un fils à mon insu, j'essaierais certainement de le récupérer par tous les moyens possibles et imaginables, fût-ce envers et contre la loi.

    Évidemment, sur un sujet aussi sensible, il convient aussi de se demander quel est l'intérêt de l'enfant. Il me semble toutefois, que le droit des grand-parents devrait être dissocié de celui des parents génétiques, et qu'il ne devrait pas être engagé par les décisions de ces derniers. Autrement dit, si je ne suis pas sûr qu'il convienne que ces grand-parents récupèrent l'enfant, en revanche, je suis certain qu'ils ont le droit de la voir et de l'accueillir comme des grands-parents habituels le feraient. Voilà mon sentiment, et voilà le modus vivendi minimal, en l'absence d'autres éléments, que je serais porté à proposer. D'ailleurs, depuis le 5 mars 2007, la loi dit clairement : « l’enfant a le droit d’entretenir des relations personnelles avec ses ascendants ».

  • Il faut cesser d'entretenir la confusion entre jeunesse et racaille

    J'en ai ras-le-bol de lire dans les journaux, chaque fois que la racaille se déchaîne, des titres du genre "dix jeunes ont été interpelés après un viol collectif".  Ceci entretient la confusion entre la jeunesse et la racaille. J'ai lu, à propos de cette affaire de viol collectif dans un train aux Mureaux le 18 avril dernier, que la racaille n'éprouvait en plus aucun remords. Aucun remord ? 20 ans de prison avec le nombre de coups de matraque suffisants pour leur faire rentrer les remords dans la gueule. Voilà ce qu'il faut à la racaille. Surtout, aucune faiblesse : ils ne doivent pas avoir de jeunesse. Ce n'est pas un écart, ce n'est pas une connerie, c'est un crime répugnant et lâche qu'il faut réprimer le plus brutalement possible.

    Et il faut cesser de parler de jeunes. On s'en fout qu'ils soient jeunes. On s'en tape. La seule chose qui m'importe, c'est qu'on les colle en prison, et pour longtemps. Qu'on ne leur fasse aucun cadeau. Je me fous de leur histoire et de leurs problèmes sociaux et familiaux, à ces ordures-là. Je m'en contre-fous. Je veux juste de la matraque et du gnouf, et des juges qui cessent de se prendre pour des assistantes sociales. Il ne doit pas y avoir de pitié pour le reste de la bande dont la complicité passive n'est pas moins grave à mes yeux. Dès lors qu'ils représentaient une menace, ils doivent être réprimés avec une sévérité exemplaire.

    Dans toutes les affaires de viol dont j'ai eu connaissance, ce qui me frappe, c'est la légèreté des peines. Parfois, trois années de prison à peine. C'est se moquer des victimes. Et je ne parle même pas des menaces qui pèsent sur ces mêmes victimes ensuite. Quand on a passé entre dix et vingt ans en prison, je crois qu'on a beaucoup moins envie de faire le malin, surtout si la moindre incartade vous renvoie à la case départ.

    Les agresseurs étaient des récidivistes : ils étaient connus pour de multiples agressions. Eussent-ils été punis comme ils le convenaient, peut-être se seraient-ils abstenus. Je n'imagine pas que la sécurité ne revienne pas, tôt ou tard, comme un boomerang à la tête des politiques, par les temps qui courent. Il sera alors inutile de faire de l'angélisme (gauche dans son ensemble) ni de se payer de mots (droite)...

    Ras-le-bol des paroles, on veut des actes.

  • Mitterrand, le boulet de la France, témoigne pour des violeurs !

    Mais c'est grave ! c'est pire qu'un boulet, ce type ! après avoir accouru au secours de Polanski, accusé de viol sur une jeune fille de 13 ans, j'apprends par Philippe Cohen de Marianne, qu'il s'est fait le témoin de moralité de deux violeurs à la Réunion (l'un des deux est son filleul !)

    Ce n'est pas possible ! Ce mec ne peut pas rester le Ministre de la Culture de la France. Passe qu'il ait eu une mauvaise vie, mais là, ça fait vraiment trop. Merde, Démission ! Démission, bon sang, on n'en peut plus, là. Offrir un stage de réinsertion à la Villa Médicis parce qu'il s'agit de son filleul et d'un de ses amis alors qu'ils sont impliqués dans un viol collectif avec un couteau. C'est insupportable. Insupportable.  En plus, comme l'observe très justement Philippe Cohen, il n' a absolument pas le droit d'impliquer un établissement d'état, la Maison Médicis, pour réinsérer deux petits salopards que je verrais bien mieux à casser des cailloux dans un bagne à Cayenne. Ça suffit, Frédéric Mitterrand, vous déshonorez la France et la fonction de ministre. Partez, nom de D...

  • Privatiser les jeux de hasard ? Quelle erreur !

    Il se discute à l'assemblée nationale actuellement quelque chose de très grave. Le gouvernement veut privatiser les jeux en ligne. Privatiser des jeux qui dépendaient, comme l'observe François Bayrou, sous le contrôle de l'État depuis 150 ans. Mais qu'est-ce qu'il leur passe par la tête ?!!! ça va pas, non ? C'est délirant. Je lis l'exposé des motifs par Woerth, le ministre du budget. Il fait un rappel historique très juste :

    Depuis la fin du XIXe siècle, le système français d’encadrement des jeux s’inscrit dans une double logique de protection de l’ordre public et de l’ordre social. Il repose sur la recherche d’un équilibre entre, d’une part, la nécessité de canaliser la demande de jeu à travers un circuit contrôlé d’offre de jeu, et d’autre part la volonté de limiter le volume global d’offre de jeu dispensée sur le territoire à ce qui est nécessaire à la canalisation de cette demande. C’est la raison pour laquelle la France s’est progressivement dotée des moyens lui permettant d’exercer un contrôle portant sur le volume et la nature des jeux proposés.

    On est bien d'accord. Et qu'est-ce que je lis plus loin ?

    Aujourd’hui, le fort développement du marché des jeux sur Internet en provenance d’opérateurs non autorisés par l’État fragilise l’organisation traditionnelle du secteur des jeux d’argent et de hasard et ce d’autant plus qu’il ignore les frontières nationales et sectorielles. Afin de canaliser la demande de jeux sur Internet, qui se développe actuellement dans un cadre non autorisé et non contrôlé par les pouvoirs publics, le Gouvernement a décidé, lors du conseil des ministres du 11 juin 2008, de procéder à une ouverture à la concurrence maîtrisée de certains secteurs du marché des jeux en ligne.

    Mais ce n'est même pas la peine de lire la suite ! C'est non, non et non. 1. on perd une manne financière considérable 2. l'État ne va rien contrôler du tout et les jeux vont se disperser partout, favorisant escroquerie et addiction sous toutes leurs formes.

    Ce qui m'a énervé, c'est que le gouvernement a encore tenté de faire passer la chose sur le dos de l'Europe. Heureusement, Bayrou l'a renvoyé dans les cordes, comme toute la suite de l'argumentation, d'ailleurs.

    1. L'Europe n'y est pour rien, c'est un mensonge du gouvernement.

    2. s'il y a accroissement de la demande, l'État dispose de tous les leviers nécessaires pour y répondre.

    3. Il s'agissait de faire reculer l'illégalité : c'est du foutage de gueule ou quoi ? ça va être l'anarchie, oui, avec un ouverture même partielle aux marchés de toute sorte. Cela sera, au mieux, cent fois plus difficileà réguler !!!

    4. Il faut trouver de nouveaux financements pour la filière sportive: foutage de gueule ! ça m'étonnerait qu'elle ne soit pas rentable, et si elle n'est pas rentable, à la limite, il suffit de l'abandonner. Au pire, l'État dispose des outils pour redresser les comptes là-dedans.

    Mais le comble, c'est ce que relève Bayrou !!!

    On annonce que 200 millions d’euros de publicité vont être dégagés pour assurer la promotion de cette filière des jeux en ligne. Il faudrait être bien naïf pour croire que l’on va dépenser 200 millions d’euros uniquement pour sauver la santé psychologique des joueurs, et notamment des jeunes , et que cette publicité n’aura pas pour effet d’accroître le nombre de joueurs, voire leur addiction.

    Il y a 200 millions à foutre en l'air pour promouvoir cette connerie ? Non mais ça pas ? Si vraiment l'État veut dépenser 200 millions qu'il les utilise pour soigner l'addiction aux jeux, au moins, ce sera utile.

    N'importe quoi ! On est vraiment gouverné par des charlots !

  • ça chauffe en Égypte pour le voile intégral !

    J'ai bien l'impression que le voile intégral, le fameux niqab, commence à énerver même les musulmans les plus traditionnalistes. Je viens de trouver l'info (explosive !) sur le blog du journaliste Patrice de Plunkett et j'ai vu en effet la dépêche afp. Je cite un extrait des plus significatifs :

    Le cheikh Mohammed Sayyed Tantaoui effectuait samedi une tournée dans des lycées dépendant d'Al-Azhar, pour s'assurer de l'application des mesures anti-grippe H1N1. Dans un lycée pour jeunes filles de Madinet Nasr, en banlieue du Caire, le cheikh "a été surpris (...) de voir l'une des collégiennes en niqab alors qu'elle était en cours", selon le journal. Il s'est alors "emporté" et lui a demandé d'enlever son voile, affirmant: "le niqab n'est qu'une tradition, il n'a pas de lien avec la religion ni de près ni de loin". L'adolescente a dû ôter le voile cachant son visage, même si l'une des enseignantes présentes a pris sa défense en affirmant que la jeune fille enlevait d'ordinaire son voile au sein de cet établissement non mixte et ne l'avait remis qu'en voyant arriver le cheikh. L'imam a réagi en demandant à la collégienne de ne plus jamais porter le niqab, affirmant en outre être déterminé à interdire officiellement à toute personne portant le niqab d'entrer dans les lycées dépendant d'Al-Azhar, d'après Al-Masri Al-Yom. Par ailleurs, toujours selon le journal, le ministre de l'Enseignement supérieur Hani Helal a décidé d'interdire l'accès des cités universitaires aux étudiantes portant le niqab.

    Il faut bien comprendre que l'Université Al-Azhar, c'est le Vatican pour l'Islam sunnite, ou, au moins, l'équivalent de la Sorbonne en théologie au Moyen-âge ! L'information est énorme ! C'est une institution hyper-traditionnaliste, en principe. Franchement, je n'en reviens pas. En tout cas, c'est une bonne nouvelle pour l'Islam modéré en France, car il pourra désormais s'appuyer sur un édit d'une autorité religieuse reconnue en terre d'Islam. Bien sûr, là-bas, les fondamentalistes ont beuglé, mais ils ne peuvent pas l'ouvrir trop fort, vu l'origine de l'interdiction. Al-Azhar a été construite un peu avant l'an mil, c'est vraiment la plus prestigieuse. Et le Cheikh qui s'est énervé, ce n'est pas n'importe qui : c'est le Recteur de l'Université en personne, Mohamed Tantawi.

    L'ouverture de l'individu a ses limites assez vite trouvées : il a édicté une fatwa de mort contre un Égyptien musulman qui avait eu le tort à ses yeux de se convertir au christianisme. Ne soyons ni dupes et ne bêlons pas en coeur. Ce n'est qu'un petit pas, au regard des défaillances du droit en Égypte...

     

  • Loi contre les violeurs, ok, mais...

    Personnellement, je suis tout à fait favorable à l'utilisation de la castration chimique pour les violeurs, mais, à mon avis, surtout pour les récidivistes. Je me suis rendu sur le site d'une association qui étudie l'incarcération, et, d'après les chiffres qu'ils fournissent, le taux de récidive pour les viols seraient de 1.8%. J'ai des chiffres similaires ici ainsi que sur le site du Ministère de la Justice.

    Je voudrais apporter toutefois un correctif à ces 1.8% N'oublions pas que beaucoup de viols ne sont pas déclarés et une quantité non négligeable pas élucidée. Il se pourrait qu'un certain nombre d'individus que l'on croit tranquilles soient en fait actifs. C'est par exemple le cas de l'assassin de Marie-Christine Hodeau à Milly la Forêt. Un élément était inquiétant, et cela a été dit brièvement sur France Info : les psychiatres, lors de son premier procès, avaient observé que cet individu n'avait pas exprimé de regrets et ne semblait pas avoir pris conscience de son crime. Les Juges auraient du donc consulter le dossier jusqu'au bout et faire preuve de plus de jugeotte. Je trouve également incroyable d'autoriser un criminel sexuel à s'installer à moins d'une centaine de mètres de son ancienne victime. Hallucinant.

    Par ailleurs, j'aimerais que l'on cesse de légiférer toujours dans l'agitation et sous le coup d'un fait divers. On peut sérieusement réfléchir aux peines qu'il incombe d'infliger aux violeurs récidivistes, mais de grâce, cessons de n'y réfléchir que lorsqu'un crime atroce se commet. c'est sur la durée et dans la réflexion que l'on élabore une loi de ce genre.

  • L'absurde management de France Telecom

    Je viens de prendre connaissance de la manière dont France Telecom gère la carrière de ses cadres grâce à un article du Parisien. Mutation forcée tous les trois ans. Je commence à comprendre pourquoi c'est le bordell, là-bas, quand on essaie de faire appel aux différents services.

    Il y a un truc de base que France Telecom (mais ce n'est dans doute pas la seule entreprise dans ce cas) semble tout à fait ignorer : je n'en connais pas le terme technique, mais moi, je l'appelle "mémoire de l'entreprise". L'esprit d'une entreprise se constitue en partie par l'image qu'elle renvoie, en externe, mais aussi, par les souvenirs qu'en ont ceux qui y travaillent et par la somme d'information qu'ils détiennent. Une gestion intelligente de cette mémoire diverse et divisée, c'est de faire en sorte qu'elle soit efficiente là où est affectée. Ainsi, dans chaque service, quelques personnes établies peuvent apporter un soutien précieux aux débutants ou débloquer une situation grippée grâce à l'expérience et aux connaissances accumulées. C'est particulièrement le rôle des cadres. Ceci ne signifie pas qu'il faut les laisser à vie dans leur poste, car le danger qui guette, alors, c'est l'ennui (mais pas nécessairement la routine), mais qu'il faut au moins leur laisser le temps de constituer cette mémoire efficace et bien considérer l'impact d'un changement de poste, comparable à un effacement de données sur un disque dur, ou du moins, à une réallocation complètement ubuesque.

    Et ce qui me frappe, dans tous les cas de suicide qui se sont produits à France Telecom, c'est justement l'écart grandissant entre  les compétences des cadres mutés et ce qui en était attendu dans un métier parfois complètement différent.

    Pour finir, tout n'est pas non plus à jeter dans les méthodes de France Telecom : l'entreprise a parallèlement une gestion de l'intéressement plutôt généreuse, mais l'argent ne peut être le seul moteur d'une organisation efficace. Olivier Barberot, le Directeur des ressources humaines du groupe, a du pain sur la planche, je crois...Il veut former les 20 000 managers du groupe, paraît-il : et si France Telecom lui assignait un "objectif sur le plateau" ?

    Cela dit, sans vouloir soulever à nouveau un lièvre, je me demande parfois dans quelle mesure l'application des 35 heures dans les entreprises n'a pas généré un surcroît de travail et surtout de demande de productivité. Je relisais le compte-rendu d'une table ronde à laquelle Olivier Barberot avait justement participé en 2001, alors qu'il était DRH de Thomson et voici ce qu'il disait :

    Nous avons cinq centres de recherche dans le monde, les deux plus importants sont situés à Rennes, où les chercheurs sont aux 35 heures, et à Indianapolis, où l'on travaille 40 heures. Donc, un chercheur français doit produire plus et plus vite qu'un chercheur américain. Il y arrive souvent. C'est dire l'exigence posée par les 35 heures. Il en va de même dans nos usines, l'une étant située en Pologne et l'autre à Angers.

    Je ne cherche pas à faire porter le chapeau aux 35 heures dans ces cas de suicide (le déplacement triennal est une aberration) mais je trouve ce propos, datant de 2001, symptômatique. On a pris alors l'habitude de pressuriser les cadres au-delà de ce que permettait le sens commun. Au passage, Barberot observait lors de cette même table ronde, contrairement à une idée reçue, que le dialogue social existait en France et que les conflits sociaux étaient bien plus durs aux USA.