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islam

  • Le voile des bonnes sœurs n'a rien à voir avec celui des islamistes

    Ça fait un petit moment déjà que je vois quelques esprits qui se croient brillants comparer les bonnes sœurs catholiques et les femmes voilées islamistes.

    La comparaison montre surtout l'inculture profonde (crasse ?) des amis des islamistes et des laïcards forcenés.

    C'est très simple : dans l'Islam, le voile est le signe de la soumission de la femme à l'homme qu'elle ne doit ni tenter ni séduire.

    Dans le catholicisme, rien à voir : le voile indique qu'une femme a décidé de renoncer au monde terrestre et à ses facilités pour se consacrer entièrement à Dieu. C'est une manière de se retirer de la matière et, en s'offrant à Dieu, une manière d'aimer tous les hommes comme Jésus de Nazareth l'a fait.

    Donc, ce parallèle est indigne, misérable, mensonger. C'est une falsification honteuse. A l'origine être bonne soeur, c'est avoir un statut approximatif de prêtre et signifie plutôt que la femme peut prier Dieu et le servir comme l'homme le fait. Cela va dans le sens de l'égalité entre hommes et femmes et aucunement dans celui de la soumission de la femme à l'homme.

    Que cela soit dit et compris une bonne fois pour toutes par les ignares.

  • Boycotter les marques qui proposent des vêtements "islamiques" ? Absurde.

    J'avoue avoir connu Élizabeth Badinter nettement mieux inspirée. Voyons : elle suggère de boycotter les marques de vêtements qui proposent des tenues islamiques, c'est à dire conformes aux canons des régimes intégristes et autoritaires. Je pense qu'Élizabeth Badinter fait une très grande erreur d'analyse.

    Si la mode s'en mêle, particulièrement les créateurs, je peux lui garantir que ce ne sera pas le rigorisme qui va gagner...

    Le principe moteur de la mode et des marques, c'est de toujours pousser à la singularité (en apparence, tout du moins) et pour cela, elles doivent tôt ou tard se démarquer. En réalité, si les religieux acceptent la venue des modes chez eux, en Iran, en Arabie Saoudite, ailleurs, ils creuseront leur tombe, et on ne peut que s'en réjouir.

    François Bayrou, et je salue sa grande sagacité, s'est fait manifestement la même réflexion que moi, bien qu'en termes moins directs.

    «Il y a des moments où j’ai l’impression qu'en Occident, nous ne regardons que nous-mêmes. Il y a des centaines de millions de femmes dans le monde qui vivent selon les coutumes qu’on appelle l'islam, ou islamique - je ne sais pas si les deux mots on le même sens. Elles vivent comme ça dans leurs sociétés à elles. Eh bien, que la mode s’y intéresse, comment voulez-vous que ça ne soit pas le cas ? Du fait que la mode s’y intéresse, peut-être y a-t-il une ouverture, une autre manière de voir les choses ? Quelque chose qui n’est plus seulement dans l’enfermement ? Moi, c’est une polémique que je ne comprends pas bien

    Franchement, on ne saurait mieux dire.

    Les marques ne sont pas irresponsables, elles sont futées et s'engouffrent dans le moindre espace de liberté pour faire leur commerce. Le mauvais signe, ce n'est pas quand la mode s'en mêle, c'est au contraire quand elle disparaît.

  • L'Arabie Saoudite et Daech

    Je lis souvent que l'Arabie Saoudite financerait Daech. J'ai pourtant l'impression que les rapports du royaume wahhabite avec l'Islam radical ne sont pas simples. Très certainement, il y a eu des financements saoudiens en faveur du radicalisme de longues années. Il y en a encore probablement. Mais lesquels ?

    J'ai souvent le sentiment que l'Arabie Saoudite n'est pas tout à fait un état unifié. Non pas qu'il soit menacé d'éclatement, mais plutôt que le pouvoir y soit bien plus diffus qu'il n'y paraît, morcelé entre les différents membres de la famille royale, les principaux chefs tribaux et une profusion de religieux.

    L'attitude de l'Arabie Saoudite en Égypte montre que ce pays n'a plus confiance dans la mouvance conservatrice des Frères Musulmans. Les dirigeants saoudiens, la partie dominante de la famille royale, disons, craignent de voir leur pouvoir et leur pays menacés par le prosélytisme des radicaux d'aujourd'hui. Dans le même temps, ils partagent nombre de valeurs avec eux. Ils ne peuvent donc s'empêcher de les nourrir, jusqu'à un certain point du moins.

    Quand on dit qu'il y a des financements occultes qui proviennent d'Arabie Saoudite en direction de Daech, je veux bien le croire, mais se font-ils avec l'aval du roi, j'ai déjà plus de doutes sur le sujet. 

    Par ailleurs, l'Arabie Saoudite a une peur bleue de voir l'influence de l'Iran s'étendre dans la région et voit avec amertume les Chiites dominer l'Irak, longtemps entre les mains des Sunnites. Cette inquiétude permanente peut expliquer ses hésitations et ses ambivalences contre Daech.

    Je suis en tout cas à peu près certain d'une chose : réévaluer nos rapports avec l'Arabie Saoudite et le Qatar ne fera pas avancer d'un pouce notre lutte contre l'islamisme radical. Je pense d'ailleurs que l'islamisme radical n'est qu'un vecteur et que le djihadisme se nourrit bien plus du complotisme et malheureusement de la formidable caisse de résonance que lui donne internet que de l'influence des madrasas wahhabites. 

    A cet égard, fermer les mosquées salafistes en France est une erreur grossière. Mieux vaudrait donner à l'Islam français les moyens de contrôler qui vient dans les mosquées et l'aider à pouvoir distribuer des accréditations. La Mosquée de Paris assure qu'elle n'a pas les moyens de former les imams sur tout notre territoire, mais elle a peut-être suffisamment de présence pour pouvoir s'entretenir avec les imams étrangers qui viennent sur notre sol et leur donner ou leur refuser une attestation.

    Je regrette à cet égard que nous ne puissions profiter du statut particulier de l'Alsace (concordat) pour y implanter de véritables écoles coraniques françaises. Ce n'est qu'une question de volonté politique. Encore faudrait-il pour cela ne pas se tromper de cible et cesser de pointer à tout bout de champ l'Islam...

    A défaut, et je sens que les cheveux des nationalistes vont se hérisser, si nous ne pouvons ou ne savons construire un Islam français paisible et harmonieux, sous-traitons cette tache à un pays dont les moeurs sont compatibles avec les nôtres. Des accords pourraient être trouvés avec le Maroc, sous l'autorité du roi Mohamed V, pour former des imams avec lesquels il n'y aurait pas de conflits sur nos valeurs fondamentales.. Je crois savoir qu'il en existe déjà quelques uns, d'ailleurs.

  • Parlons des jeunes Musulmans.

    Ce qui semble difficile, quand on évoque la religiosité des individus, c'est de bien cerner à quel point elle est une construction au confluent de divers croisements.

    Personnellement, même si comme Philippe Bilger, je pense que le Président du CRIF est quelqu'un de bien, je juge sur sa formule sur les jeunes Musulmans et la délinquance plus que maladroite. Elle est le signe d'une absence de profondeur de sa part sur un sujet aussi sensible.

    L'Islam est certainement en crise (il n'y a qu'à voir dans quel état sont la plupart des pays musulmans !) mais son association avec le radicalisme ou la délinquance dans certains cas n'est vraiment pas intrinsèque. Je ne le crois en aucune manière. Je pense même que c'est un leurre qui occulte les véritables causes. Elles résident, à mon avis, dans l'addition de deux facteurs :

    - l'intense ghettoïsation qui caractérise les cités dans lesquelles l'Islam prend le visage le plus déplaisant

    - l'absence de perspectives "terrestres", si je puis me permettre ce qualificatif, d'Hugues Lagrange, pour le souvenir que j'en ai. En effet, quand on estime ne pas avoir d'avenir sur Terre, on le cherche au Ciel, avec tous risques de dérives qui sont associées à un tel pari.

    Je n'ai cessé de le clamer ici, les regroupements ethniques sont une catastrophe parce qu'ils empêchent les contacts entre immigrants et population de souche et freinent donc considérablement l'intégration. Faire du logement social à tour de bras dans ces conditions est une ineptie. I faut le disséminer, et comme je l'ai écrit plusieurs fois ici, pas par bloc, mais appartement par appartement, maison par maison. C'est un projet fin et de longue haleine, bien sûr incompatible avec une immigration de masse comme la nôtre. C'est bien pour cela qu'il faut avant tout fermer complètement le robinet car nous frisons l'indigestion, cela me paraît évident, désormais.

    Une fois cela fait, le second obstacle, et de taille, c'est de penser une politique de la ville réparatrice, c'est à dire qui corrige près de cinquante années de bêtise, de lâcheté, d'idéologie et de cupidité de courte vue, tout cela ensemble mêlé.

    Marseille, quelques villes du Nord, d'autres d'Alsace et le fameux 93 auraient vocation à être des territoires pilotes pour de nouveaux projets d'intégration. Pour cela, ils doivent cesser d'exister tels qu'ils sont aujourd'hui et leurs populations doivent être décomposées, disséminées et mélangées.

    Je dois réfléchir à la manière dont cela peut se faire, mais, très paradoxalement, la boboïsation d'anciens ghettos est un phénomène spontané intéressant : il se produit sans action coercitive de l'État et amène le nécessaire mélange, prélude à la pacification et à l'intégration, aussi imparfaite soit-elle. Il ne faut donc surtout pas lutter contre, même si elle chasse une partie des populations présentes mais laisser faire, bien au contraire. 

    Comme je l'ai dit, le logement social doit faire l'objet d'un saupoudrage, pas d'une nouvelle architecture soviétique à la mode socialiste, c'est l'action des collectivités que l'on peut espérer.

    L'option suivante mérite que l'on s'y arrête mais supposerait la participation des entreprises, peut-être par le biais de zones franches : il faudrait une sorte de nouveau fordisme, pour autant qu'il soit possible, où les travailleurs habiteraient près de leur lieu d'exercice. 

    Enfin, la sécurité est un préalable à toute pacification et, bien entendu, elle ne peut être assurée si elle ne s'appuie pas sur une justice exempte de laxisme et indéfectible.

    Vous allez me dire que je n'ai pas parlé des jeunes Musulmans, du coup ? Et pour cause, c'est bien ce que je reproche à Cukierman : je pense qu'il s'est vraiment trompé de sujet, et je le redis, tant qu'on se focalisera sur l'Islam, à mon avis, on fera une erreur. Et j'ajoute que l'émergence de l'Islam radical n'est pas la cause principale de l'antisémitisme même si elle lui fournit un terreau fertile. Les paroles du président du CRIF n'ont servi à rien. En fait, elles sont même contre-productives : elles avalisent la représentation haineuse d'une hostilité naturelle entre Islam et Judaïsme.

  • France-Islam, une longue histoire d'amitié...

    Oui ! Pas d'amalgame. C'est très tendance de moquer le hashtag du même nom sur twitter, et pourtant, s'il est un moment où nous devons tous nous serrer les coudes, c'est bien aux heures sombres que nous vivons. Pointer nos concitoyens en raison de leur confession ou de leurs origines serait d'une bêtise sans nom. L'Islam vit une crise très grave depuis une trentaine d'années. Une crise comme il n'en a jamais connu dans son histoire. Son épicentre n'est pas ici, en France, mais au Proche-Orient et au Maghreb. C'est là où il y tombe le plus de pauvres gens. Ce que nous subissons, nous, ce sont les répliques des déchirures. Plutôt que d'ajouter de l'huile sur le feu, nous avons tout intérêt à nous demander plutôt comment nous pouvons aider l'Islam.

    Il y a des imbéciles qui ont cru bon de profaner des mosquées, ou, pire encore, projeter des engins enflammés dans leur direction. Ceux-là ne valent pas mieux que ceux qui s'en prennent aux synagogues.

    L'amitié entre la France et les Musulmans est pourtant ancienne. Elle commence dès les premiers temps de l'Islam.

    A la fin du VIIIème siècle après Jésus Christ, Charlemagne prend contact avec le Calife abbaside Haroun al Rachid. Il lui demande de protéger les monastères d'Orient et les pélerins qui se rendent ent terre sainte. L'amitié est si forte entre les deux princes que le chroniqueur Eginhard souligne que rien n'importait plus à Charlemagne que l'amitié de ce prince. 

    Il y eut l'épisode malheureux des croisades, bien que des mouvements de sympathie réciproques se produisirent aussi parfois entre Croisés et Musulmans. Alors que la deuxième croisade vient de prendre fin 10 années auparavant, de brillants et enflammés échanges opposent Thomas d'Aquin et Averroès autour de l'interprétation qu'il convient de donner au Traité de l'âme d'Aristote.

    Mais, à la Renaissance, c'est vers la Sublime Porte que François 1er se tourne pour briser l'étau de Charles Quint et les deux souverains, celui de l'Empire Ottoman et de la France échangent des cadeaux somptueux.

    Les lettres connaissent alors un essor extraordinaire de l'orientalisme : Othello est le héros de la pièce du même nom de Shakespeare. On admire la sagesse perse et arabe : Zadig est un héros arabo-musulman, Montesquieu écrit les Lettres persanes et la mode s'empare des tenues venues d'Asie mineure.

    Victor Hugo écrit au beau milieu du XIXème siècle l'un des plus beaux hommages qui aient jamais été rendus au prophète Muhamad (Mahomet), l'An neuf de l'Hégire.

    En dépit des dégâts du colonialisme au XIXème siècle, la presse entière salue l'édification de la première mosquée en France à Paris au début du XXème siècle.

    Pendant longtemps, on loue la fierté arabe et Anglais et Français rivalisent d'études sur l'Islam tant sunnite que chiite au point que nombre de penseurs de l'Islam aujourd'hui considèrent encore ces savants occidentaux comme des références.

    L'Islam est en difficultés et des esprits pervertis le ternissent. Est-ce que cela signifie que nous devons l'abandonner en rase-campagne et le conspuer après plus de dix siècles d'amitié ininterrompue ?

    Je me suis glissé (enfin j'ai essayé), hier, dans la peau de la haine et j'ai évoqué les blessures associées à l'identité. Dans cette histoire, ceux qui vont avoir le plus mal à leur identité, ce sont nos concitoyens musulmans, eux qui n'osent plus nous regarder alors qu'ils ne sont en aucun cas comptables des actes de déséquilibrés. Je pense sincèrement que ce n'est pas le moment de les regarder de travers ni d'exiger des actes spécifiques de contrition de leur part alors qu'ils n'avaient rien demandé à personne. 

  • Charlie Hebdo : dans la peau de l'Ennemi

    J'ai entendu et lu la condamnation de nombreux collectifs musulmans ainsi que des principales autorités de l'Islam en France et dans plusieurs pays étrangers. Mais j'ai lu aussi, sur les réseaux sociaux, des soutiens s'exprimer assez nettement envers les assassins de la rédaction de Charlie Hebdo. Du coup, je me suis mis à suivre plusieurs profils et j'ai même parfois engagé la conversation pour essayer de comprendre leur fonctionnement. J'ai parfois essayé de me glisser dans leur peau en me fabriquant de toutes pièces un miroir utile pour comprendre une haine que je pourrais partager dans d'autres circonstances.

    Ce qui me frappe, tout d'abord, c'est que les Musulmans éduqués condamnent globalement sans ambages les faits atroces qui se sont produits. Là où j'ai vu chez des soutiens, c'est chez des individus faiblement cultivés (souvent pas du tout, en fait) et particulièrement chez les jeunes des quartiers dits sensibles, lycéens ou non.

    Leur rapport au fondamentalisme est assez étrange : on trouve des gamines, jeunes filles souvent jolies, habillées à l'occidental, tenant des propos dans un langage fort peu châtié de nature à faire rougir une tomate, se référant constamment à des séries et à des modes américaines. Du côté des garçons, ce peut être des hommes d'un certain âge, souvent obsessionnels et maniaques, adeptes de théories complotistes de toutes sortes, mais surtout des jeunes baignant dans la culture "rap" (et assimilée), le mépris de l'État, de la France, de ses représentants de l'ordre et très communautaristes. Les Babtous, ce sont les blancs, les Européens, les occidentaux  (ça vient de toubab). Mais en réalité, ces jeunes-là se chamaillent aussi selon leurs origines, Tunisiens, Algériens et Marocains se moquant les uns des autres. D'un côté ils adoptent des tenues et des discours sexuellement explicites très provocants, de quoi donner une crise cardiaque à l'intégrisme traditionnel, et de l'autre, par un étrange retournement scizophrénique, ils défendent dur comme fer toute mention de l'Islam ou du Coran, considérant l'un et l'autre comme un marqueur d'identité absolu.

    Pour essayer de comprendre cela, j'ai essayé de me glisser dans deux peaux différentes. J'ai d'abord lu le dernier billet de Koz, être ou pas être. Le Catholique et homme de foi qu'il est évoquait l'une des dernières Unes de Charlie Hebdo, partagé entre deux émotions : d'un côté, défendre le droit à s'exprimer, de l'autre l'absence de sympathie pour une revue qui a si souvent bafoué l'Église. L'issue de son billet ne comporte aucune ambiguïté, l'horreur l'a submergé plus que tout.

    Pourquoi aussi peu d'empathie chez les jeunes des cités, dans ces conditions ? Pour essayer de comprendre leur cheminement, je me suis demandé comment j'aurais réagi si j'avais appris ce jour-là que deux furieux s'étaient rendus dans un spectacle de Dieudonné auquel assistait Alain Soral, les avaient cartonnés l'un et l'autre et tiré dans le public provoquant vingt morts.

    Mes lecteurs vont certainement être épouvantés de ce que je vais écrire. J'aurais été partagé. D'un côté, j'aurais été furieux que deux abrutis donnent une légitimé à Dieudonné et Soral en faisant des martyrs de ces derniers, mais de l'autre, je n'aurais eu aucune empathie pour eux ni pour leur public que je considère comme complice. Une part de moi-même aurait certainement pensé " bien fait pour leur gueule" et je ne me serais associé à aucune action de commémoration ni de condoléances (de même d'ailleurs que Dieudonné et Soral n'ont pas réagi au drame de Charlie Hebdo et pour cause, ils sont des partisans de la grande alliance entre l'extrême-droite et l'islamisme !).

    Je me suis dit que s'il y avait en France des Musulmans pour considérer les dessinateurs de Charlie Hebdo de la même manière que moi je puis considérer Dieudonné ou Soral, alors, je pouvais les comprendre.

    Je me heurte évidemment à une objection de taille : sans partager leurs idées, en étant souvent choqué par leurs attaques (souvent imbéciles) contre les religions, je n'en ai pas moins trouvé toujours sympathiques et humains tous les dessinateurs de Charlie Hebdo qui me faisaient souvent rire malgré tout (même quand la caricature me semblait idiote et inutilement provocatrice). Oui, je les aimais bien et je pense que c'étaient des êtres de valeur, en dépit de leurs travers.

    Seulement, voilà, ça, c'est mon sentiment à moi. Je considère qu'il n'y a pas plus nocif que le relativisme des valeurs. Charb, Cabu, c'est autre chose que Dieudonné. Mais dans ce domaine, l'argumentation est souvent difficile. Nous sommes dans l'affect à plein d'égards. En termes de droit et même de morale, je sais très bien qu'on m'aurait objecté que l'assassinat était ignoble quelles que soient les cibles. Et sans doute que la part de rationalité aurait en son for intérieur approuvé le raisonnement, mais l'émotion l'aurait emporté en surface et rien n'aurait pu m'amener à condamner très explicitement un tel crime.

    Si les attaques contre le Coran et l'Islam ont heurté aussi profondément certains Musulmans que le font ces pourritures de Dieudonné et Soral, je peux concevoir aisément leur haine. Bien sûr, je ne la trouve pas juste, je pense qu'il y a du fanatisme derrière cela, et en valeur absolue, Cabu, Charb et les autres portaient au fond un idéal d'une très grande humanité même s'ils se plaisaient à moquer sans pitié leurs adversaires.

    Au sein de cet islam de banlieue, avec toutes les contradictions que ceux qui le vivent portent, on a du mal à ne pas penser que les dessinateurs ont eu ce qu'ils méritaient. Plusieurs de ceux avec lesquels j'ai discuté l'ont dit ou explicitement, ou à demi-mot. J'ai noté aussi que chaque fois qu'on les renvoyait à l'horreur du geste, ils parlaient de la Palestine. Ils ne parlent, d'ailleurs QUE de la Palestine et Israël. Jamais du reste. Pas un mot pour les populations civiles syriennes ou irakiennes, yézidis, chrétiennes, chiites, kurdes ou sunnite rebelles à l'hégémonie de Daech. Ils s'en foutent, hurlent au complot ou ignorent simplement tout par inculture. C'est pour cela que je dis que ce sont des maniaques. Je ne parle même pas, évidemment, de la minute de silence dans les quartiers difficiles...

    S'il y a pourtant des peuples qui peuvent nous comprendre, c'est bien les Syriens, les Irakiens ou, plus proches de nous, les Algériens. Une connaissance qui a connu les années de plomb de la période 1990-2000 et son cortège de 200 000 morts (elle est Algérienne) m'a confié qu'elle ne parvenait plus à dormir de nouveau. Cela avait éveillé en elle le souvenir de ces commandos du GIA qui pouvaient surgir à tout moment dans une salle de rédaction ou dans une simple maison de particuliers et liquider tout le monde à coups de kalachnikov.

    Nous ne sommes pas sur des problématiques simples. Sarkozy a certainement très mal amené son débat sur l'identité nationale, mais c'est pourtant une question centrale. Disons, plus justement, que l'identité tout court est une question centrale. De plusieurs points de vue, ces jeunes se comportent comme bien des Français, mais ils ne se sentent pas Français. Et pourtant, ailleurs, ils seraient à la ramasse. Leurs identités de substitution ne se nourrissent que de rancoeur et de dépit, qu'ils alimentent aussi en restant entre eux. Comme quoi, le communautarisme, ce n'est vraiment pas une bonne idée, surtout s'il s'associe à la pauvreté.

    Je n'ai pas de conclusion à apporter à ce billet. J'en reste là dans l'immédiat. Je ne retire rien à ce que j'ai écrit le jour même du crime mais d'autres questionnements me taraudent depuis un long moment déjà. L'un des djihadistes était magasinier dans une grande surface. J'en ai croisé souvent, des immigrés ou fils d'immigrés arabes dans des grandes surfaces. Souvent des gens sympas, conviviaux, accueillants. Pas qu'on imaginerait lâcher une rafale de kalachnikov ou devenir de la vraie racaille de retour à domicile. Alors quoi ? Docteur Jekyl de jour et Mister Hyde la nuit ? Allez savoir... Comme moi, peut-être quand l'émotion prend le dessus...

  • Attentat à Charlie-Hebdo : le problème n'est pas l'Islam mais les cités

    Je pense qu'on va encore se tromper de cible après l'affreux massacre qui a visé Charlie Hebdo. L'Islam va être pointé du doigt et on va demander des comptes aux Musulmans dans leur ensemble. On sait, maintenant, que le crime a été accompli par deux racailles des cités revenus de Syrie pour commettre leur forfait.

    Le crime est épouvantable, mais le pire n'est pas là. Le pire, ce sont les réactions sur twitter ou sur facebook des jeunes des cités, originaires d'Afrique sub-saharienne ou du Maghreb. En fait, un nombre conséquent d'entre eux approuvent ou trouvent des circonstances atténuantes au crime. 

    Le djihadisme se nourrit de la rencontre des facteurs suivants :

    a) concentrations ethniques et sociales dans des zones d'habitation de type cités

    b) impunité à peu près totale pour la racaille, et ce, jusque dans les prisons (il n'y a qu'à voir aux Baumettes). Merci le laxisme inouï de de la justice et des médias depuis plus de trente ans.

    c) talibanisation des banlieues depuis 15 ans qui vise particulièrement les filles. La racaille se convertit à l'Islam pour redorer son blason, et entraîne dans son sillage tout son environnement, y compris des Catholiques ou laïcs, Africains ou Européens, qui finissent par adopter le discours et les opinions de la racaille. L'Islam sert de véhicule à cette talibanisation parce que de nombreux pays musulmans ont adopté une interprétation du Coran hystérique et intégriste. Mais cela aurait tout aussi bien pu être une autre religion si les circonstances avaient été différentes.

    Les djihadistes viennent donc de notre pays et pas d'ailleurs. On peut souligner si l'on veut le rôle déstabilisateur du Qatar ou de l'Arabie Saoudite au sein de l'Islam, mais l'honnêteté commanderait de reconnaître que nous payons surtout nos errements depuis 40 ans : immigration incontrôlée, regroupements ethniques et sociaux, laxisme, absence de fermeté.

    Les attentats en France ne sont pas une fatalité. En rétablissant la loi, la justice, en protégeant très fermement les filles dans les banlieues (et je ne parle pas de déclarations d'indignation sur les réseaux), en réformant les prisons (il faut les doter de moyens considérables), en réformant la justice tant du point de vue des lois (refondation du code pénal en associant les plus fortes peines aux crimes) que des magistrats (il faut peut-être affecter à la "circulation" les juges gauchistes qui se permettent des murs des cons où ils épinglent les pères de jeunes filles violées et tuées), on peut renverser la vapeur. Et, pour que toutes ces réformes aient un sens auprès de ceux qui les vivent, il faut aussi leur donner des perspectives.

    C'est une politique de longue haleine, très éloignée de ce qu'ont fait droite et gauche, la première surfant sur les événements, la seconde bêlant à perdre haleine, depuis de nombreuses années.

    On va me dire que j'instrumentalise ce qu'il vient de se produire. Eh bien non ! Ce que je dis, je le dis depuis longtemps. Je suis convaincu que le sort affreux de nos journalistes n'est pas un accident. C'est un enchaînement dont on aurait pu stopper la logique avec une véritable volonté. Aujourd'hui, tout le monde va s'indigner, mais qui va s'attaquer aux racines du mal ?

  • Djihadisme et Islam

    J'ai lu deux articles de presse que j'ai trouvés très bons et très éclairants sur les récents événements survenus en Kabylie. Il y a d'abord celui de Christophe Rauzy sur francetvinfo.fr et celui de Peter Harling sur Le Point. On peut s'étonner de voir un peuple si épris de liberté comme les Kabyles demeurer passif alors que les djihadistes viennent occuper leurs montagnes mais, Christophe Rauzy le souligne bien, qui protégerait de manière durable les Kabyles si les djihadistes commençaient à enlever des locaux et massacraient des villages. Il fut un temps, me semble-t-il, où ce peuple aurait pu imposer par la force de demeurer maître de son territoire mais il est hélas révolu. Cela fait évidemment mal au coeur de se dire que c'est sur les terres du FFS, le parti le plus authentiquement démocrate d'Algérie, que se cachent les individus les plus exécrables. 

     J'ai trouvé très maladroite la sphère médiatique après l'assassinat horrible d'Hervé Gourdel. A quoi bon demander des comptes aux Musulmans de France en général. Et quitte à le faire, quelle utilité d'aller voir ceux dont on sait qu'ils condamnent sans ambages tous les extrémismes ? La Mosquée de Paris pratique un Islam éclairé, on le sait. L'imam de Drancy est un libéral, sorte d'OVNI dans le paysage musulman. Je ne connaissais en revanche pas l'imam de Bordeaux, Tareq Oubrou, et j'ai trouvé très intéressante son analyse. Il faisait en outre ailleurs observer que ce n'est pas tant l'Islam ou le Coran qui est en question mais le fait que des jeunes gens issus de notre société préfèrent une interprétation dévoyée des textes les plus sacrés à celles qui sont habituellement en vigueur. C'est un double échec : celui de la République, et celui de l'Islam en France.

    Quitte à demander des comptes aux Musulmans, la sphère médiatique aurait dû opérer une sélection : c'était aux imams des caves, aux habitants des cités, à la rigueur à Tariq Ramadan qu'il fallait demander ce qu'ils pensaient du crime atroce survenu en Kabylie. Comme d'habitude, les bien-pensants préfèrent entendre ce qui sonne agréablement à leurs oreilles s'imaginant que les plus médiatiques sont forcément les plus représentatifs de l'opinion commune. Erreur qu'ils font d'ailleurs souvent dans la sphère politique...

     Bref, s'il y avait des condamnations à aller chercher, c'était sur les terres-même du recrutement, pas chez ceux dont on connaît la solidité des valeurs.

    Cela dit, il ne faut pas oublier que les faits se sont produits en Algérie, pas en France. Des Français sont-ils comptables de ce qu'il se produit en Algérie ? Je ne le crois pas. Il en irait autrement s'il s'avérait que les djihadistes implantés dans les montagnes de Kabylie ne sont pas exclusivement des Algériens mais aussi des Français, ce que je n'exclus pas...

  • Pauvres Musulmans, victimes de la racaille

    Quand j'y pense, je ne puis m'empêcher de plaindre les Musulmans de France. Sur le fond, le mode de vie préconisé par l'Islam est assez tranquille. La principale difficulté à laquelle est confronté l'Islam, en France, c'est sa récupération par la racaille qui essaie de se refaire une virginité à bon compte, et, ce-faisant, salit constamment cette religion au grand dam de ses pratiquants.

    Cela dit, il faut être honnête : nombre de délinquants embrassent l'Islam parce que rien d'autre ne semble pouvoir les doter d'un honneur et d'une reconnaissance sociale à laquelle ils aspirent fondamentalement.

    On sait que dans les prisons, se déclarer musulman et se montrer extérieurement très pieux protègent. En arriver là montre la faillite absolue de l'intégration à la française.

    Le Front National,  Sarkozy en son temps, abordent le problème à l'envers. Les Français de souche n'ont pas de problèmes d'identité. C'est une partie de ceux qui ont rejoint notre pays qui sont en souffrance depuis fort longtemps dans ce domaine.

    L'Islam ne devrait pas être autre chose qu'une histoire de foi, comme l'est globalement le christianisme en France. Or, il est fortement instrumentalisé et se substitue bon gré mal gré aux autres mécanismes d'assimilation.

    Je vais être direct : je ne pense guère plus de bien de l'UOIF que du FN. Mais l'un et l'autre ont choisi le légalisme et le jeu républicain pour faire valoir leurs idéaux politiques et religieux. Ce sont donc des interlocuteurs valables, quoi qu'on en pense.

    L'extrémisme religieux est finalement autant l'échec de l'Islam de France que de la République. Ni l'un ni l'autre ne parviennent à s'introduire au coeur des cités et des prisons ou encore sur Internet, là où se développent les pratiques les plus radicales. Y compris quand ils travaillent de concert, comme l'a imaginé un temps Nicolas Sarkozy.

    Il y a donc une longue réflexion à mener des deux côtés sur les remèdes qu'il convient d'apporter, même si certains me paraissent évidents à titre personnel. J'y reviendrai dans un billet futur.

  • Les sources amères du djihadisme en France

    Le Nouvel Obs fait sa une sur la jeunesse djihadiste ce jeudi. Je suis parfois surpris par la naïveté des journalistes, tout à leur étonnement d'un phénomène pourtant très prévisible.

    A Qaeda et les organisations terroristes n'ont pas besoin de réseaux. C'est l'absence d'identification positive, d'une alternative, qui rend possible des initiatives personnelles. Oh, bien sûr, il y a quelques recruteurs, mais ils n'ont pas à forcer leur talent : les fruits sont mûrs, il n'y a qu'à se baisser pour les cueillir.

    Le djihadisme renvoie un reflet conforme aux représentations d'idéal masculin telles que se les figure la jeunesse d'origine immigrée. La question de fond est donc bien celle de l'image. Et elle naît de deux défaillances : d'une part un référent qui puisse être idéalisé, d'autre part une vision sexuée très patriarcale de ce que doit être un homme.

    Cette vision est à la source de tous les maux de cette jeunesse, ce qui explique d'ailleurs que les filles immigrées s'en sortent bien mieux que les garçons. Elle s'alimente du communautarisme, de la concentration ethnique, de la délinquance et du phénomène des bandes.

    On est toujours tenté de trouver des coupables idéaux et on pointe du doigt des mosquées sauvages, illégales, qui fanatiseraient les banlieues. Dans la réalité, quand elles existent, elles ne sont qu'un symptôme, pas une cause.

    Les parents de ces jeunes gens qui ont bien compris le risque ne sont pas fous : s'ils le peuvent, ils envoient leurs enfants chez les "Catholiques", comme ils le disent à mi-voix entre eux. C'est dire l'échec total de l'école publique avec tout son laïus laïc et son béni-oui-ouisme républicain.

    Il faut évoquer aussi une politique de la ville déficiente, mais à la vérité, il aurait déjà fallu ne pas laisser de telles concentrations ethniques se créer dans les banlieues. Il était parfaitement évident qu'elles tourneraient au communautarisme. Cela supposait évidemment une immigration bien moins massive et sa dispersion sur tout le territoire français.

    Refaire l'Histoire ne fera pas avancer notre problème. Il faut maintenant réfléchir à des solutions avec la situation actuelle.

    Je sais que la France déteste les statistiques ethniques et religieuses, mais il va bien falloir s'y faire car il ne sera pas possible de travailler sans ces dernières.

    Clairement, le problème touche les jeunes de confession musulmane, même s'il y a un fort effet d'aspiration sur les autres. Il ne suffira donc pas d'évoquer la diversité, comme le font nos responsables politiques en la brandissant à titre de joujou électoral.

    La discrimination positive à l'aveuglette ne débouchera pas sur grand chose, à mon avis. Ces programmes-là ne marchent jamais. 

    Il y a en revanche un véritable travail de repérage des talents. Comme beaucoup de libéraux, je tends à penser que le commerce apporte la paix et la démocratie. Il y a quelques idées apparues sous des gouvernements précédents que l'on pourrait reprendre : 

    - la création de zones fiscalement franches dans les quartiers les plus déshérités

    - le tutorat de chefs d'entreprise renommés auprès des jeunes de ces quartiers. Il ne faut d'ailleurs pas se limiter au commerce : la science, l'ingénierie, la littérature, la sphère médicale mais aussi les métiers de l'artisanat. A mon avis, ce système peut suppléer avantageusement à la perte de repères et au manque de référents. Il doit bien sûr être pensé sur la durée car il s'agira de valoriser les premières réussites.

    Il ne faudra évidemment pas hésiter à s'associer à d'autres acteurs : les établissements scolaires privés (puisque les établissements publics semblent incapables de s'extraire de leur gangue idéologique) et les associations actives qui ont choisi d'agir au lieu de pleurnicher. Nos quartiers ont du talent ou encore l'Échelle humaine d'Alain Dolium montrent la voie qu'il est souhaitable d'emprunter.

    Il me paraît tomber sous le sens que les entrepreneurs-tuteurs qui auront vu leurs pupilles gravir les échelons ou les engageront directement ou sauront les recommander. Un avantage appréciable quand il faut trouver un premier emploi.

    J'ai enfin une autre proposition en tête pour faire face aux dérives qui menacent la jeunesse de nos cités.

    - la prise de contact avec des partenaires religieux acceptables : j'ai en tête la lecture des Mémoires de guerre du Général de Gaule, période 1944-1946. Il y évoque la collaboration qu'il perçoit comme un immense gâchis. De son point de vue les jeunes gens qui se sont engagés sur le front russe auraient tout aussi bien pu rejoindre la Résistance. C'est parce que leur ardeur a été pervertie qu'ils ont fait ce choix. D'une certaine manière, on peut se dire que les jeunes djihadistes qui se rendent en Syrie font aussi partie des jeunes les plus entreprenants, en dépit de leur inconscience. Il y a donc là des talents qui ont été pervertis mais que l'on pourrait réorienter vers quelque chose de plus positif. Si, par exemple, la foi est leur moteur, un partenariat avec le Croissant Rouge, un organisme confessionnel humanitaire, neutre et pacifique. On pourrait penser à des actions de ce genre, même si j'imagine mal la forme qu'elles pourraient prendre exactement.

    A côté de cela, la volonté déterminée de ne plus alimenter la concentration ethnique doit être un moteur de la politique de la ville. La dissémination des logements sociaux et la maîtrise totale de l'immigration en sont deux moteurs majeurs. 

     Je n'ai pas trop évoqué l'éducation des garçons, mais elle est en filigrane dans mes propositions. Je renvoie sur ce point à une excellente tribune de Brighelli dans Le Point en citant un passage de son entretien qui pourra nourrir notre réflexion.

    L'absence de "rites de passage" pèse plus sur les garçons que sur les filles et ce, à divers moments. L'élève, notamment le garçon, était le "patron" de la cour et des divers espaces de l'école primaire qu'il maîtrisait bien. Il se retrouve au collège dans un espace dont il ne possède pas toutes les clés, et apparaît comme le "petit" de l'établissement, ce qui peut générer une certaine angoisse. Dans la construction de sa personnalité, le garçon vit moins dans son corps la sortie de l'enfance que les filles qui lorsqu'elles sont réglées savent qu'elles peuvent potentiellement être mères. Il a donc toujours eu besoin de rites d'initiation, de transmission et d'intégration.