Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

catholicisme

  • Le voile des bonnes sœurs n'a rien à voir avec celui des islamistes

    Ça fait un petit moment déjà que je vois quelques esprits qui se croient brillants comparer les bonnes sœurs catholiques et les femmes voilées islamistes.

    La comparaison montre surtout l'inculture profonde (crasse ?) des amis des islamistes et des laïcards forcenés.

    C'est très simple : dans l'Islam, le voile est le signe de la soumission de la femme à l'homme qu'elle ne doit ni tenter ni séduire.

    Dans le catholicisme, rien à voir : le voile indique qu'une femme a décidé de renoncer au monde terrestre et à ses facilités pour se consacrer entièrement à Dieu. C'est une manière de se retirer de la matière et, en s'offrant à Dieu, une manière d'aimer tous les hommes comme Jésus de Nazareth l'a fait.

    Donc, ce parallèle est indigne, misérable, mensonger. C'est une falsification honteuse. A l'origine être bonne soeur, c'est avoir un statut approximatif de prêtre et signifie plutôt que la femme peut prier Dieu et le servir comme l'homme le fait. Cela va dans le sens de l'égalité entre hommes et femmes et aucunement dans celui de la soumission de la femme à l'homme.

    Que cela soit dit et compris une bonne fois pour toutes par les ignares.

  • Le latin, langue de l'Église ?

    J'avoue avoir été surpris par la charge d'Authueil contre le projet de Benoît XVI qui vient d'annoncer la création d'une académie pontificale pour le latin. Je suis également étonné par l'absence de réactions des blogs catholiques sur le sujet car Authueil n'y va pas de main morte sur la question. En réalité, le coeur de sa critique, ce n'est pas tant l'usage de la langue latine que l'existence d'un droit canon. Or comme ce dernier est entièrement rédigé en latin, Authueil (qui est protestant) condamne un acharnement qu'il juge thérapeutique sur une langue morte à ses yeux, d'une part, et sur la volonté de fixer la Parole au point d'en tirer un droit spécifiquement religieux.

    Authueil dresse un portrait d'un Jésus de Nazareth agitateur d'idées, récusant les dogmes et les lois de son temps et compare à cet effet l'Église catholique et le Vatican à ces confiscateurs de la Parole que l'on retrouve dans les Évangiles. Il s'aventure même dans une exégèse très discutable en affirmant que ce serait à dessein que Jésus de Nazareth n'aurait pas laissé de traces écrites, précisément pour laisser les individus à venir libres d'interpréter sa parole comme ils l'entendraient par la suite.

    Je ne sais pas quelles étaient les intentions du fils de Joseph et de Marie à ce sujet, et la prudence imposerait de ne pas  tirer des conclusions aussi hâtives. Les apôtres, eux, ont laissé des traces écrites. L'existence de Jésus Christ n'est pas un ouvrage de droit, mais elle a vocation à servir de modèle d'humanité universel. Sa vie miraculeuse pose évidemment problème pour la raison et ne peut que générer des débats théologiques : quel statut donner à Marie, par exemple ? Existe-t-il des figures christiques au point de pouvoir les qualifier de saintes après leur mort ?

    Dans le domaine moral, si l'on n'établit pas de règles, n'importe quel mouvement peut se réclamer d'une église, réformée ou non. Je crois d'ailleurs que la multiplication des sectes évangéliques est une caractéristique de l'église réformée, en Amérique tout du moins.

    Le site Gaudium et spes (Tiens, c'est du latin...) écrit ainsi à propos de l'infaillibilité de l'Église :

    L'Église est la gardienne du dépôt de la foi reçu du Christ et transmise par les apôtres. Avec l'aide du Saint-Esprit, elle a pour mission de garder saintement la vérité révélée, de la scruter plus profondément, de l'annoncer et de l'exposer. Elle a le droit inné et le devoir de prêcher l'Évangile à toutes les nations. Quand nous parlons ici de l'Église, il ne s'agit pas seulement des clercs, mais de tous les fidèles laïcs pris autant individuellement que collectivement (LG 12) (Dei Verbum 7-10) (DC. canons 211,747, 756-759; 763-766; 773-780; 782-785).

    C'est également du domaine de la compétence de l'Église d'exposer les principes moraux de l'ordre social et de porter un jugement sur toute réalité humaine dans laquelle les droits fondamentaux sont impliqués et/ou le salut des âmes est compromis. (GS 76; DH 13). Ce droit de l'Église de garder la vérité révélée et le devoir de l’annoncer, a contrario, n'oblige personne à embrasser la foi catholique par contrainte, et a adhérer à cette foi contre sa conscience. (C. 748 § 2)

    Et l'auteur ajoute :

    Pour remplir sa mission, ce qui est absolument original parmi les sociétés humaines, l'Église a reçu la Révélation divine en dépôt et l'assistance indéfectible de l'Esprit de Vérité (DV 9). C'est sur ces deux prémisses que repose la responsabilité de l'Église de protéger la foi reçue du Christ et des apôtres, et de revendiquer son droit à la liberté de communiquer sa doctrine à tous les hommes. Ce dépôt unique et cette assistance assurée nous invite à croire au caractère infaillible de l'Église qui, comme collectivité, ayant reçu l'Onction du Saint Esprit, ne peut errer dans le contenu de la foi reçue et à transmettre.

    L'infaillibilité, c'est ce don particulier, ce charisme extraordinaire que l'Église a reçu du Christ et qu'elle exerce de différentes manières en son nom, de ne pas être sujette à l'erreur dans ce qu'elle croit et/ou enseigne concernant le Dépôt révélé, dans les domaines de la foi et des mœurs plus précisément. Il s'agit par conséquent d'un charisme de contenu négatif accordé à tout le peuple de Dieu et à ces dirigeants sur ces deux points particuliers de la vie chrétienne. Possédant ce charisme, L’Église toute entière participe à l'infaillibilité du Christ qui s'est déclaré être «Le chemin, la Vérité, et la Vie», et qui lui a fait le don de l'Esprit Saint, cet Esprit de Vérité, qui l’assistera, tel que promis, jusqu'à la fin des temps.

    Catéchisme de l'Église catholique 889. Pour maintenir l’Église dans la pureté de la foi transmise par les apôtres, le Christ a voulu conférer à son Église une participation à sa propre infaillibilité, Lui qui est la Vérité. Par le « sens surnaturel de la foi », le Peuple de Dieu « s’attache indéfectiblement à la foi », sous la conduite du Magistère vivant de l’Église (cf. LG 12 ; DV 10).

    Les pères de l'Église ont écrit en latin, les apôtres en Grec. En termes de témoignage, ils sont plus proches de Jésus de Nazareth que les modernes. Il n'est pas illogique de s'intéresser de très près à la langue qui la première a universellement propagé la parole du Christ. Il en va de même pour le grec : c'est parce que Gerald Messadié, un catholique réformiste, a pu avoir accès aux textes grecs relatant la vie de Jésus qu'il a pu proposer une autre version de la vie de Jésus Christ. En effet, pour ce dernier, Jésus ne serait pas mort sur la croix mais aurait survécu à son supplice et se serait rendu en Asie pour porter sa parole révolutionnaire sous le nom d'Emmanuel. Le mot grec qui désigne l'ascension, notamment, désigne aussi le fait de gravir une colline. Jésus pourrait avoir gravi une colline, trois jours après sa résurrection pour partir ailleurs.

    Aucune langue vernaculaire ne permettrait une interprétation aussi audacieuse.

    Un dernier argument enfin : Authueil dit que Jésus Christ n'a laissé aucune trace écrite afin que l'on ne déforme pas son propos. Il a pourtant réuni 12 apôtres autour de lui et les a chargés de propager sa parole. Ce sont eux que l'Église catholique considère comme les premiers évêques. Il y avait donc bien une intention d'évangélisation de la part de Jésus de Nazareth, ce que l'Église catholique essaie d'accomplir depuis lors.

    Un peu de mauvais esprit pour finir : dans sa Symphonie pastorale, André Gide met en scène un pasteur certes généreux mais bien présomptueux. Pensant donner une éducation morale à une jeune aveugle, Gertrude, il en tombe progressivement amoureux, s'aveuglant pour le compte sur la réalité de ses sentiments qu'il confond avec son devoir moral. C'est que le pasteur vit la religion comme un chemin à emprunter en dépit des avertissement de son fils Jacques, qui le met en garde contre le péché. Jacques se convertit finalement au catholicisme et devient moine tandis que Gertrude, réalisant que c'est Jacques et non son père qu'elle aime, que le pasteur lui a caché l'existence du péché et que de surcroît, son existence sème le malheur au sein du couple que formait le pasteur et sa femme, Amélie, finit par se suicider.

    Étrange naïveté d'un homme expert en choses religieuses et en morale comme devrait l'être un pasteur, incapable de reconnaître son inclinaison au péché. Mais peut-être aussi y-a-t-il là un manque d'expérience : celle qu'ont les prêtres habitués à le traquer, eux.

    Enfin, s'exclamer comme le fait le Pasteur en priant le Christ de reconnaître comme saint un amour déjà coupable aux yeux des hommes, voilà qui est fort : l'amour universel, celui de Dieu ne saurait se focaliser sur un seul individu. C'est bien pour cela que les prêtres, ses serviteurs directs, ne se marient pas afin de ne pas verser dans un amour exclusif, tout inverse de celui que voudrait délivrer le christianisme...A force de vouloir que le seul péché soit de contrarier son bonheur personnel ou celui d'autrui...

  • L'Église anglicane pourrait se disloquer...

    Henri VIII est bon pour se retourner dans sa tombe, et l'Archevêque de Canterbury pour aller bientôt pointer au Pôle emploi britannique. Depuis la visite de Benoît XVI en Angleterre, les défections se multiplient au sein de l'Église anglicane. Après une paroisse entière à la mi-octobre, ce sont cinq évêques qui refusent les prises de position progressistes de leur hiérarchie qui ont annoncé se rallier à l'église de Rome.

    La situation de l'église anglicane, au sein du christianisme est un peu particulière : elle se veut à la fois catholique et réformée (c'est à dire protestante).

    A vrai dire, ces départs révèlent un clivage plus profond qu'il n'y paraît de prime abord : l'ordination des femmes, des homosexuels, entre autres, divise profondément les fidèles de cette branche du Christianisme. Une minorité, mais non négligeable, refuse cette évolution et se retrouve davantage dans les positions conservatrices du Pape.

    L'Église anglicane avait comme particularité, jusqu'ici, d'accueillir un spectre plutôt élargi d'opinions sociales et sociétales. Mais les liens entre "libéraux" et "traditionalistes" se distendent fortement, sans qu'il n'existe entre eux une frange modérée capable de réaliser l'union entre les deux bords, comme en France.

    De de fait, une partie de l'Église anglicane pourrait rejoindre définitivement l'Église catholique, tandis que l'autre romprait les dernières attaches.

    Au Vatican, on a tout prévu pour accueillir les brebis égarées : une modification du droit canon, rien que cela ! Anglicanorum Coetibus (à des assemblées d'Anglais) permet aux Anglicans et notamment à ses ecclésiastiques de retrouver  dans l'église catholique un statut comparable au leur dans l'église anglicane. Benoît XVI est même allé très loin puisque le texte prévoit même d'autoriser, au cas par cas, des évêques mariés à le rester aux conférences épiscopales.

    Bon, à vrai dire, Ronan Williams, le chef de l'église anglicane est un sacré zozo : il a tout de même estimé que les terroristes fanatiques des avions du 11 septembre pouvaient avoir des objectifs moraux sérieux, a défendu l'introduction de la Charia dans certaines parties de la législation britannique, estimé qu'une partie de la critique de Karl Marx sur la capitalisme était fondé, tout en tolérant, à côté de ces positions controversées voire douteuses, l'ordination de femmes et d'hommes homosexuels (la totale, quoi).

    Bref, voilà un individu qui fait n'importe quoi et ne défend de surcroît même pas correctement sa communauté religieuse puisque c'est dans une conférence commune avec l'Archevêque catholique de Westminster qu'il a annoncé la création de l'Anglicanorum coetibus. Il me fait penser un peu à une sorte d'islamo-gauchiste mâtiné d'altermondialiste à la sauce théologie de la libération, ce gars-là...

    Il pourrait donc bien être le dernier des Archevêques de Canterbory avant une possible désagrégation des communautés anglicanes.

  • Rien à faire, je suis catholique

    Rien à faire : c'est désespérant. Quelle que soit la direction dans laquelle je me tourne, je réalise que mes valeurs sont profondément catholiques. En fait, il ne me manque que la foi. Je sais, c'est ennuyeux de ne pas croire pour un catholique. En fait, je ne revendique pas le cahtolicisme, mais je le constate chaque fois que l'on m'interroge sur mes valeurs.

    Jésus de Nazareth représente pour moi un idéal de perfection humaine. Interrogé sur l'existence du Bien et du Mal, je vois dans le Mal avant tout une perversion du Bien.

    C'est toujours ainsi que j'ai compris la Morte Amoureuse de Théophile Gautier. Clarimonde est une tentation absolue pour Romuald : celle de remplacer l'amour universel, καθολικός, par un amour non moins absolu parce que passionnel, celui d'une femme. Une femme qui a besoin de sang pour survivre, et qui s'avère donc aux yeux de Séraphin, le conseiller spirituel de Romuald, une créature démoniaque aux ordres du Malin, venue pour faire chuter le jeune prêtre. Mais quelle ambiguïté terrible dans la relation qui unit le prêtre et cette femme-vampire : qui interdit que l'amour de la belle pour le jeune homme ne soit sincère ? Sincère ? Oui, mais véritable ou non, toute passion, éphémère qu'elle est, n'est-elle pas la trahison d'un idéal supérieur ? N'est-ce pas, finalement, un désir d'anéantissement plutôt qu'une élévation ? Et pourtant, comme il est tentant, presqu'irrésistible, ce désir ! j'ai beau revendiquer ma communauté de valeurs avec le catholicisme, j'aurais choisi Clarimonde.

    Tous les prêtres devraient lire cette nouvelle de Théophile Gautier, le jour de leur ordination, pour éprouver leur foi.

    Et si l'on me demande ce qu'est le Bien, à mes yeux, c'est l'amour inconditionnel de tous, sans préférences, sans condition, y compris du dernier des criminels fût-il le plus odieux et le plus sadique.

    Ainsi, je comprends la chasteté du prêtre ou d'un chevalier en quête du Graal par la nécessité de ne pas donner son amour à un seul individu mais à tous. Tomber amoureux, fatalement, c'est verser dans un amour exclusif. Un prêtre ne peut donc vivre avec une femme sans entamer la substance de son action.

    Comme beaucoup de catholiques de droite, je regarde d'un oeil fasciné et tenté le Mal. Non le démon odieux, la Bête, mais plutôt le mélange. La force du Diable, c'est la perversion, c'est de parvenir à mélanger Mal et Bien, puis, au fil du temps, progressivement modifier les proportions de l'un et de l'autre.

    Non, une fois encore, ce qui cloche (sans jeu de mot), c'est qu'en dépit de la proximité des mes convictions avec les Catholiques (particulièrement les Catholiques de droite, les cathos de gauche m'énervent à vouloir faire des leçons au reste du monde), j'ai un gros problème : pas de foi. La conviction intime qu'il n'existe aucune forme d'être supérieur, ni paradis ni enfer ni même d'âme, mais de la matière et encore de la matière. Tout juste puis-je admettre des atomes subtils à la manière d'un Lucrèce pour expliquer les phénomènes psychiques. Et encore...

    Bref, je suis à la croisée de chemins antinomiques : la matérialisme épicurien d'un côté, la spiritualité catholique de l'autre. Et j'essaie d'avancer en combinant ces tiraillements...

     

  • Jésus de Nazareth, l'essence de l'âme

    Unhuman a lancé une chaîne dont je n'ai pas clairement compris le tenant et l'aboutissant, mais à laquelle je vais tout de même répondre. J'avoue que je suis toujours dans une situation particulière vis-à-vis de l'Église et de Jésus de Nazareth. J'ai en fait globalement, plutôt une bonne opinion de l'Église catholique (alors que le protestantisme et l'orthodoxie m'indiffèrent au mieux) et une estime incommensurable pour Jésus de Nazareth. Et pourtant, je ne suis pas croyant. Je ne parviens pas à m'imaginer un seul instant qu'il existe une entité supérieure ni un autre monde, quelqu'ils fussent. J'admets en revanche que tout ne soit pas expliqué, dans le domaine de la psyché humaine, et je n'exclus pas une solution du type des atomes subtils chère à Lucrèce.

    J'admire profondément Jésus, mais en tant qu'homme. Son caractère surhumain transparaît, pour moi, dans ses faits et gestes extraordinaires, dans sa mansuétude et son immense amour de tous les humains. J'aime me dire agnostique par goût de l'élégance, et à tout hasard, parce que je suis certainement capable de superstition, mais, sur le fond, je crains bien que je ne sois athée...

    J'en viens donc au questionnaire d'Unhuman :

    1. Voteriez vous pour Dieu s'il se présentait à la présidentielle ?

    Difficile de répondre à une telle question. Être un bon politique suppose une certaine capacité à admettre le compromis, et donc le mélange. Si philosophiquement, l'essence de Dieu est 100% pure, cela me paraît non-compatible avec l'esprit de la politique. Et puis je tiens à mes vices...

    2. Jésus se présente à votre porte, il est

    a. Avec des chaussures de ville b. une paire de All Stars c. Pieds Nus d. Autre, Précisez.

    L'aspect importe peu ; il serait avec des chaussures de ville, car il ne chercherait pas à attirer le chaland par des subterfuges.

    3. Comment éviter que l'église catholique ne se radicalise devant tant d'attaques ?

    Lui foutre la paix ?

    4. Si Lucifer était une personne, à qui ressemblerait-il ?

    A tous ceux que nous croisons chaque jour, il serait capable de prendre autant de visages qu'il existe d'être humains. Mais, au fait...Lucifer, à l'origine, ce n'était pas un démon, mais le second nom d'Apollon ; Apollon qui porte la lumière. Maintenant, si j'en crois le livre d'Hénoch, c'est bien un archange déchu.

    J'aimerais bien savoir ce qu'en pensent Nemo et Christelle que je sais croyants, le crapouillot (puisse-t-il périr noyé dans son marais), à l'Orange Sanguine qui se demande où sont les paradis oranges, et à l'Orange Pressé(e) dont la mauvaise foi devrait éclairer de délicat cas de conscience. Ah, et si Christine et Criticus acceptent de donner leur avis, de même que Chriz de Bondieuseries, cela m'intéresse aussi.

  • L'Église catholique survivra-t-elle ?

    Au fur et à mesure que se dévoile le passé trouble de l'Église catholique des cinquante dernières années, je ne puis m'empêcher de penser qu'elle ne finisse pas par en subir le contre-coup. La multiplication de cas de pédophilie dans un grand nombre de pays interpelle tout de même. Pour avoir une idée précise du fait, il conviendrait de rapporter le nombre de cas de pédophilie au nombre de prêtres, afin de vérifier si la proportion est supérieure nettement ou non à celle du reste de la population. Wikipedia rend compte de quelques statistiques sans qu'il soit aisé de conclure de manière précise. Je crois comprendre, toutefois, que les prêtres ne représentent pas une spécificité. La vigilance des autorités ecclésiastiques joue également un rôle évident : ainsi, en France, les évêques, au moins depuis le début des années 2000, ont veillé à ne jamais passer l'éponge et à signaler aux autorités judiciaires tous les cas dont ils avaient connaissance.

    Le fait est que l'Église revendique une autorité morale qui génère, de ce fait un effet lourdement démultiplicateur dès qu'elle se montre faillible. En réagissant avec énergie et fermeté, l'Église peut espérer limiter la casse, mais elle va devoir revoir son fonctionnement à plus d'un égard : il était déjà difficile de recruter des prêtres ; cela va devenir impossible. L'Église devra donc de plus en plus souvent faire appel à des diacres, et je vois bien cette fonction reprendre son lustre d'antan, puisqu'un homme marié peut l'exercer. Notons, d'ailleurs, que François d'Assise, qui a été canonisé par l'Église, était un diacre.

    Difficile d'évaluer l'onde de choc de ces scandales à l'heure de l'hyper-médiatisation ; cette dernière a une caractéristique : si l'information se répand très vite, elle est également encore plus vite chassée par une autre information.

    Les indulgences ont précipité le schisme de l'Église Catholique à la Renaissance ; si ce risque me semble être écarté, à notre époque moderne, on ne peut exclure l'avènement de dissidences qu'il sera au fil du temps de plus en plus difficile de ramener dans le bercail.

     

  • J'ai lu l'enfant de Maria Montessori (I)

    Je n'ai pas immédiatement trouvé le Pouvoir Absorbant dont j'avais promis récemment la synthèse dans une note évoquant Maria Montessori et les pédagogies nouvelles. Du coup, je me suis rabattu sur l'Enfant, et je n'ai pas été déçu. Le livre date de 1936 mais il demeure tout à fait sans équivalent depuis. En fait, je suis bien content d'avoir lu l'enfant avant le pouvoir absorbant, car je pense que la lecture du premier éclaire celle du second.

    La pensée de Maria Montessori s'ouvre sur un étrange paradoxe : le monde dans lequel arrive l'enfant à sa naissance lui  est destiné, il doit même le prolonger, et pourtant, ce monde ne le reçoit pas. En réalité, rien n'est conçu pour accueillir l'enfant. Considérant le traitement réservé à l'enfant dans les premiers jours  qui suivent sa venue au monde, Maria Montessori écrit : «il y a dans l'histoire de la civilisation une lacune. Il existe, à la première époque de la vie, une page blanche sur laquelle personne n'a encore rien écrit parce que personne n'a scruté les premiers besoins de l'homme

    Maria Montessori superpose à la réalité de l'embryon physique une hypothèse psychique, l'existence d'un embryon spirituel. Or, elle souligne que très tôt, parce que le corps de l'enfant était inerte à la naissance, les adultes se sont imaginés qu'il en allait autant de l'esprit et que c'étaient leurs soins qui donneraient une vie psychique à l'enfant. Or, tout comme l'embryon physique a besoin d'une ambiance spécifique pour se développer, l'embryon sprituel a également besoin d'un environnement adapté à sa nature propre.

    Tout le livre s'articule à partir de ces observations de départ. Maria Montessori remarque ensuite l'existence de périodes sensibles dans la vie de l'enfant. Pendant ces périodes, l'enfant est animée par de puissantes formes motrices qui contribuent à constituer son "moi" spirituel". Contrarier l'enfant dans ces périodes revient à faire obstruction à sa croissance, de même que l'on empêcherait une plante de croître par des procédés coercitifs. Il faut donc être très attentif à ces périodes et se garder, par exemple, de conclure hâtivement à l'existence de caprices de la part de l'enfant. Maria Montessori voit dans ces derniers souvent une manifestation de ces périodes. Bloquer l'une de ces périodes sensibles, c'est risquer d'en perdre le fruit à jamais.

    Maria Montessori a constaté que les très jeunes enfants se montraient souvent très sensibles à l'ordonnancement des choses, et en particulier au respect exact d'un ordonnancement (le même) répété. Elle établit des corrélations très fortes entre ordre extérieur et ordre intérieur de l'enfant, au risque de voir le désordre de l'extérieur se répercuter sur l'intérieur jusque dans des manifestations physiologiques. Il lui est patent que l'enfant aime donc naturellement l'ordre.

    L'un des torts les plus néfastes qu'un adulte puisse porter à l'enfant, ce n'est pas seulement d'agir à sa place, mais de substituer sa volonté à la sienne jusque dans ses actions, y compris quand elles se déroulent à distance. On parlerait de conditionnement, en psychologie moderne. Maria Montessori considère manifestement un tel procédé comme une calamité, une catastrophe spirituel pour le développement de l'esprit de l'enfant.

    Les écueils sont donc nombreux, et il n'est pas étonnant, dans ces conditions, qu'une préparation spirituelle soit nécessaire pour les adultes, s'ils veulent générer l'ambiance la plus favorable possible à l'éveil de l'enfant.

    Il serait trop sommaire et trop lapidaire de résumer un ouvrage d'une telle portée et d'une telle importance en un seul billet. C'est pour cette raison que j'en prévois quelques autres.

    Ce que j'ai passé sous silence, c'est la métaphore filée quasi-continue dont use Maria Montessori dans tout son ouvrage. Lorsqu'elle évoque le développement de l'embryon spirituel dans le corps de l'enfant, elle utilise tout de même le mot incarnation. La pensée de Montessori est fortement imprégnée de christianisme (et très précisément de catholicisme) sans qu'il ne soit une seule fois question de religion dans son livre, au point que les mots chrétien, christ, catholicisme n'y sont pas une seule fois écrits ! L'ouvrage a donc clairement et sans contestation aucune une vocation scientifique, et non religieuse ni même métaphysique. Je pense que Maria Montessori a été littéralement fascinée par la découverte du développement propre de l'enfant. Personnellement, son enthousiasme, au sens étymologique du mot (dieu en soi, le divin en soi) dans l'observation de ce qu'elle assimile parfois à un mystère (au sens catholique du mot) m'a fait penser à l'évocation de Galahad contemplant l'intérieur du Graal dans les légendes des chevaliers de la Table Ronde. Pour ma part, je n'ai lu que la compilation de Jacques Boulenger sur le sujet, mais je sais que Malory, dans "Le Morte d'Arthur" de Sir Thomas Malory, précise dans quelles conditions Galahad regarde ce que contient le Graal. Je n'ai plus les mots exacts en tête, mais je me souviens que Galahad se met à trembler et qu'il est près d'expirer à la vision de ce qu'il a si longtemps recherché et que Joseph d'Arimathie lui permet de tenir entre ses mains.

    Alors j'y vais un peu fort sur la comparaison, mais je vous assure que lorsque Maria Montessori parle de la naissance de l'enfant, on a l'impression que c'est de celle de Jésus Christ dont elle parle, et d'ailleurs, le mot "miracle" revient très régulièrement dans ses textes !

    «Il vint au monde

    El le monde fut fait pour lui.

    Mais le monde ne le reconnut pas.

    Il vint à sa propre maison

    Et les siens ne le reçurent pas...»

    C'est ainsi qu'elle achève le chapitre le nouveau-né...

     

  • Église américaine : pédophilie au nord, viols au sud, ma lettre au Pape

    Ça commence à être de moins en moins brillant, l'Église catholique, en Amérique. Au nord, des prêtres pédophiles, au sud, on défend la cause du viol. Ben oui : à 9 ans, être violée, c'est normal. D'ailleurs, si on avorte parce qu'on a été violée et parce qu'on va mourir si on accouche, on est excommuniée. Mais si on viole une petite fille depuis l'âge de 6 ans, on est la bienvenue dans la grande communauté chrétienne de l'église catholique. A ce compte-là, mieux valait laisser les théologiens de la libération. Je les préfère aux porcs réactionnaires et hypocrites qui légitiment le viol.

    Bon, je crois que je vais devoir adapter ma dernière lettre au Pape. Elle va resservir sans grands changements sur le fond. Dom José Cardoso Sobrinho ne perd rien pour attendre.

    Caesar Borgia, hereticus dictus, Maximo Pontifici salutem dat,

    Quod erat optandum maxime, Sanctissime Pater, et quod unum ad invidiam tuae Curiae infamiamque uni cardinalis sedandam maxime pertinebat, id  humano consilio oblatum tibi summo Ecclesiae tempore videtur.Inveteravit enim iam opinio perniciosa Ecclesiae, tibique periculosa, quae non modo apud cahtolicas gentes, sed etiam apud exteras nationes, omnium sermone percrepuit:

    his iudiciis quae nunc sunt, perniciosum cardinalem, quamvis sit nocens, neminem posse damnari. Nunc, in ipso discrimine tuae auctoritatis justitiaeque, [reus] in iudicium adductus est Dom Josephus Cardosus Sobrinhus, homo sermonibus de puellis omnium iam opinione damnandus ! Huic ego causae, Maxime Pontifex, actor accessi, non ut augerem invidiam Ecclesiae, sed ut infamiae succurrerem. Adduxi enim hominem in quo reconciliare existimationem cardinalorum amissam, redire in gratiam cum genere humano, satis facere exteris nationibus, posses; adduxi labem atque perniciem Brasiliae. De quo si tu vere ac religiose iudicaveris, auctoritas ea, quae in tibi remanere debet, haerebit; sin istius ingens pernicies et infamia religionem veritatemque perfregerint, ego hoc tam adsequar, ut iudicium potius Ecclesiae, quam aut reus iudice, aut accusator reo, defuisse videatur.

    Quo usque tandem Josephus Cardosus Sobrinhus abuterit patienta nostra ? quam diu etiam furor iste suus puellas eludet? quem ad finem sese effrenata iactabit audacia? O tempora, o mores! Curia haec intellegit. Summus Pontifex videt; hic tamen discurrit. Immo vero etiam in Vaticano venit,  notat et designat oculis ad caedem unum quamque  puellarum ! Quomodo ? Nunc iam aperte feminarum generem universam petit solas et innocentes puellas [denique] ad exitium et vastitatem vocat : eas quae  contumeliam iniuriamque  acceperunt ex Ecclesia expellendas dixit !

    Jesum Christum testor in Evangelio secundo Lucam, XVIII, 15-17 :

    «Προσέφερον δὲ αὐτῷ παιδία ἵνα αὐτῶν  ἅπτηται: ἰδόντες δὲ οἱ μαθηταὶ  ἐπετίμων αὐτοῖς. ὁ δὲ Ἰης  προσεκαλεῖτο αὐτὰ λέγων, Ἄφετε  τὰ παιδία ἔρχεσθαι πρός με  καὶ μὴ κωλύσητε αὐτά, τῶν γὰρ  τοιούτων ἐστὶν ἡ βασιλεία τοῦ θεοῦ.  ἀμὴν γὰρ λέγω ὑμῖν, ὃς ἂν μὴ δέξηται τὴν βασιλείαν τοῦ Θῦ ὡς  παιδίον, οὐ μὴ εἰσέλθῃ εἰς αὐτήν.»

    Caesar Borgia, hereticus dictus, scribebat a.d. VII Idus Martias MMIX

    César Borgia dit l'hérétique te salue, ô Souverain Pontife,

    Ce qu'il y a de plus souhaitable, Très Saint Père, et qui seul peut faire cesser l'indignation envers ta Curie et le déshonneur d'un unique cardinal, cela t'est offert par une résolution humaine, dans une circonstance critique pour l'Église.

    En effet, une opinion négative de l'Église s'est enracinée, Très Saint Père, néfaste pour toi, et elle retentit dans les discours de tous, non seulement auprès des Catholiques mais aussi auprès des autres peuples : on dit que dans les jugements, aujourd'hui, aucun cardinal ne peut être condamné, quand bien même il serait coupable. Dans ce moment même qui est critique pour ton autorité et pour la justice, Dom José Cardoso Sobrinho est mis en accusation, un homme condamnable, de l'avis de tous, pour ses propos sur les jeunes filles.

    Dans cette histoire, Souverain Pontife, je suis l'accusateur, non pour accroître la haine envers l'Église mais pour la défendre d'une infâmie.

    Je t'amène en effet un homme contre lequel tu peux recouvrer l'honneur perdu des cardinaux, revenir en grâce auprès du genre humain et donner satisfaction aux nations étrangères. Je t'ai amené la souillure et la ruine du Brésil.

    Dans cette affaire, si tu rends un jugement juste et pieux,  cette autorité qui doit rester en toi, sera affermie ; si au contraire, l'immense perversité et l'infâmie de ce triste sire viennent à bout de la vérité et de la foi, j'aurai au moins montré que c'est le jugement qui a manqué à l'Église plutôt qu'un accusé  au juge ou un accusateur à l'accusé.

    Jusques à quand, enfin, Dom José Cardoso Sobrinho abusera-t-il de notre patience ? Combien de temps encore sa rage se jouera-t-elle des femmes ? Jusqu'où s'emportera son audace effrénée ? ô temps, ô moeurs ! La Curie comprend ces choses. Le Souverain Pontife les voit. Et pourtant, celui-là discourt...Et il vient même au Vatican, observe et désigne des yeux celles des fillettes dont il veut la perte ! Comment ? Il s'en prend désormais ouvertement à tout le genre féminin et  appelle au malheur et à la mort d'innocentes jeunes filles : il a dit que celles qui avaient subi les pires outrages devaient être bannies de l'Église catholique !

    J'en prends à témoin Jésus de Nazareth, dans l'Évangile selon Luc,  XVIII, 15-17

    «Or on portait vers lui des enfants, afin qu'il les touche; or (ce que) voyant les disciples les intimidaient. Or Jésus les appelait à lui disant: " laissez les petits enfants venir à moi et ne les empêchez pas; en effet, (à) de tels, est la royauté de Dieu!Amen, en effet je vous dis que quiconque n'accueillerait pas la royauté de Dieu comme un enfant, n'entrerait pas en elle.»

    César Borgia, dit l'hérétique, le 09 mars 2009