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  • Lire, pas toujours facile...

    Je suis plongé à l'heure actuelle dans le dernier ouvrage de Maria Montessori, le Pouvoir absorbant. Passionnant ouvrage. Mais j'ai du mal à avancer dans ma lecture. En réalité, il est trois circonstances dans lesquelles je peine à finir un livre

    a) il y a des lourdeurs ou le livre m'ennuie, ou encore je suis perdu dans la fresque d'innombrables personnages que l'oeuvre met en scène : ainsi, à ma grande honte, je confesse que je n'ai toujours pas fini les Paysans de Balzac, même si j'en perçois tout de même les tenants et les aboutissants, et que j'ai bien compris que le Général Montcornet finira par devoir revendre le château des Aigues et pas via une transaction à son avantage.

    b) il est difficile à comprendre, comme par exemple la Métaphysique d'Aristote ou la Critique de la faculté de juger : après avoir lu et relu parfois des jours un passage difficile, je poursuis pour revenir à nouveau en arrière quand je réalise que ce que je viens de comprendre à grand peine m'a à nouveau échappé. A ce sujet, dans la Métaphysique, il n'y a que des passages difficiles...

    c) et puis il y a les livres dont la beauté, la puissance et la substance me scotchent sur place : je ne me lasse pas de lire et relire les lignes que je viens de lire quand je poursuis ma lecture du livre de Maria Montessori. c'est tellement juste, tellement finement observé, tellement vrai, criant de vérité et de subtilité qu'il y a comme une peur à quitter la lumière éclatante de ce qui m'éblouit. Du coup, j'avance à un train de sénateur, tant je suis subjugué à chaque mot qui s'énonce. Je ne manquerai d'ailleurs pas de rendre compte ici prochainement de cette lecture...

  • Il faut réhabiliter le travail des adolescents

    J'espère me faire traiter au moins une fois de sale capitaliste droitier, salaud d'exploiteur du peuple (je suis très sensible à la flatterie et rien ne me fait plus plaisir que l'on me dise que je suis un sale droitier réactionnaire) ou pire encore, de  néolibéral avec ce billet.

    Puisque l'on évoque la dérégulation du droit du travail,  il y a une dérégulation à laquelle je suis favorable : autoriser le travail des enfants (du moins, des adolescents). J'ai lu intégralement le deuxième livre de Maria Montessori, De l'enfant à l'adolescent, et elle l'envisage très sérieusement.

    Au début du chapitre Métamorphoses, elle écrit ceci à propos de l'enfant (07 à 12 ans) et l'argent : il faut, entre autres réalités, qu'il se rende compte de ce que doit représenter l'argent. Sans l'argent nous pourrions nous promener au milieu des choses les plus merveilleuses sans jamais pouvoir y toucher. Nous serions comme un oiseau dont le bec serait cassé, et qui mourrait de faim sur un tas de grains. L'argent est le moyen qu'a l'homme de se procurer les objets ; c'est pour cela qu'il emprunte un grand intérêt. Nous devons le considérer comme la «la clef de métal» qui ouvre la porte de la supernature. Il faut donc que les enfants acquièrent une expérience personnelle en achetant eux-mêmes des objets, et qu'ils se rendent compte de ce qu'ils peuvent acheter avec l'unité de monnaie de leur pays.

    Joli, non ? C'est par une critique en règle de l'école secondaire, dans le chapitre L'enfant à la terre, qu'elle introduit et réhabilite le travail, je cite le passage le plus enblématique, à mes yeux, de cette réhabilitation (ça va plaire à Hashtable, je le sens) :

    Le problème de la réforme de l'école secondaire ne sera résolu ni en supprimant la «culture», ni en perdant de vue la nécessité de préparer la jeunesse aux professions intellectuelles. Mais il est essentiel que cette préparation n'endorme pas les hommes dans un sentiment erroné de sécurité, et ne les rende pas incapables de faire face aux difficultés imprévues de la réalité, en les laissant ignorants du monde dans lequel ils sont destinés à vivre.

    Plus loin, elle écrit :

    La réforme essentielle consiste donc à mettre l'adolescent en mesure d'acquérir son indépendance économique. Elle vante alors la valeur du travail pour l'édification sociale de l'adolescent et précise : le travail en soi a une bien plus grande importance que le genre de travail auquel on se livre. Tout travail est noble. La seule chose indigne est de vivre sans travailler.

    Nous y sommes donc. Elle fait alors l'éloge des petits boulots et engage les enfants, dès leur jeune âge, à monter de petites entreprises et à vendre le produit de leurs travaux.

    Chapeau ! Un des avantages du travail des jeunes adolescents est notamment de les occuper, d'éloigner d'eux l'oisiveté, dont on sait qu'elle est la mère de tous les vices. C'est ce que disaient nos anciens et industrieux Romains (le proverbe est d'origine latine) et ils avaient bien raison. Nul doute que les adolescents qui passent leur ennui en incendiant des véhicules ou en les caillassant eussent été bien mieux à pratiquer une activité artisanale ou commerçante. Et en effet, cela leur permettrait de rentrer de plein pied dans le monde social. Maria Montessori a raison.

    Le salaud d'exploiteur du peuple que je suis, suppôt du capitalisme pré-fasciste et de la finance internationale, pense donc qu'il serait bon de rouvrir juridiquement le dossier. Les stages en entreprise ont été une brèche dans le principe, mais bien petite, et largement insuffisante. En outre, compte-tenu des très nombreux loisirs des adolescents aujourd'hui, je ne suis pas convaincu qu'il soit bien utile de les faire travailler sur le temps d'école. Cela pourrait se faire soit dans via des classes aménagées avec des programmes aménagés, soit tout simplement sur le temps libre qu'ils ont en abondance et dont ils ne savent généralement pas quoi faire...

  • Réforme du lycée, mon conseil à Descoings

    Avec du retard, je reprends un billet entamé il y a quelque temps sur les réformes du sieur Descoings. Mathieu trouve que je l'ai tâclé injustement parce qu'il s'est rendu à la convocation du Sieur Descoings pour amuser la galerie. Il n'y a rien d'injuste dans ma remarque. Quand on s'imagine que le sieur Descoings est avenant et sympathique, c'est que l'on n'a strictement rien compris à la stratégie de manipulation dont on est la victime. Les réformes du Sieur Descoings masquent une idéologie perverse que ce bon technocrate n'est peut-être pas même conscient de véhiculer, encore que...

    Parce que ce que le Sieur Descoings attend des entrevues qu'il a avec des blogueurs z'influents, c'est justement que l'un d'entre eux titre sur la pertinence d'emmener 50% d'une classe d'âge à la licence et en conclue qu'il faudra forcément ouvrir les bacs généraux pour cela. Voilà ce qu'attend le Sieur Descoings, et voilà ce que lui sert sur un plat Mathieu. Ainsi, il pourra éradiquer la diversité des bacs généraux et aboutir enfin au bac uniformisé et insipide dont il rêve. Un bac pour tous, quoi... Et mon Mathieu de conclure : « le lycée doit-il rester un système élitiste de sélection (dit républicain, ce dont je doute chaque jour un peu plus) ou doit-il être plus ouvert ?». Ben avec une non-question comme celle-là, on n'a même pas besoin de douter de la réponse. On comprend avec le vocabulaire utilisé et ses connotations (élitiste, sélection contre ouvert) que la question est déjà tranchée. Faux questionnement qui élimine d'emblée une autre alternative à laquelle moi, je crois : celle d'un système qui mène de front excellence et remédiation, qui individualise les parcours et cherche l'optimum propre de chaque individu comme une cause finale aristotélicienne. Je lis trop Maria Montessori, moi...

    J'ai quelques idées de réforme tout à fait novatrices à proposer à Descoings et aux réformateurs patentés  :

    - f.... la paix aux profs une bonne fois pour toutes et les laisser s'organiser.

    - ne toucher à rien dans l'immédiat : il faut 15 à 20 ans minimum pour juger de l'efficacité d'une réforme.

    - corollairement, cesser de réformer dans l'urgence chaque fois que l'opinion se saisit d'un fait divers ou qu'une étude statistique est publiée.

    - proposer aux Co-psy d'être en contacts permanents avec les CCI (Chambres de commerce et d'industrie), ce qui serait autrement plus efficace que de les squizzer (moi aussi je peux parler globish...). Ainsi, ils seraient tenus au courant au jour le jour des besoins des bassins économiques et industriels. Ma réforme ne coûte pas un kopeck, ne touche pas au statut des conseillers d'orientation et ne vient pas les faire ch... dans leur pratique professionnelle.

    Au passage, je suggère à Descoings & cie la lecture des passionnants ouvrages de Maria Montessori. On pourrait envisager non un lycée pour tous, mais, au contraire un lycée pour chacun. Un lycée pour chacun, ce ne serait pas un système qui cherche à amener toute une génération à un socle quel qu'il soit, mais, au contraire, qui assure à chacun un développement optimal. Cela passe par une diversification des parcours et des méthodes et en aucun cas par les solutions simplificatrices de Descoings & cie. J'invite sur ce point fortement à lire le billet de Barre Jadis dont j'épouse pour l'essentiel les vues.

    Intéressant, d'ailleurs, d'observer combien l'aristotélisme imprègne à certains égards la pensée de Maria Montessori. J'avais lu l'enfant, j'entame de l'enfant à l'adolescent actuellement. Poursuivant son hypothèse de l'embryon spirituel menant son développement propre, elle étudie dans cet ouvrage trois nouvelles phases du développement de l'enfant. J'en rendrai compte dans un prochain billet. Mais, elle annonce d'emblée la couleur en évoquant le développement de l'individu plutôt que celui d'une masse sociale. Notamment, elle estime que chaque individu possède en soi sa fin propre. J'y vois pour ma part, la cause formelle de chaque individu, idée que l'on trouve énoncée et développée dans la Métaphysique d'Aristote. Maria Montessori y ajoute une dimension éthique et spirituelle.

    J'en finis avec cette disgression pour simplement conclure que l'un des premiers motifs de mon engagement aux côtés de François Bayrou, c'est de partager avec lui ma vision de l'école. Et l'une des raisons qui font que je ne peux plus voir en peinture les Socialistes, c'est ce qu'ils ont fait de l'école, et l'UMP, c'est ce qu'elle veut en faire...

  • J'ai lu l'enfant de Maria Montessori (I)

    Je n'ai pas immédiatement trouvé le Pouvoir Absorbant dont j'avais promis récemment la synthèse dans une note évoquant Maria Montessori et les pédagogies nouvelles. Du coup, je me suis rabattu sur l'Enfant, et je n'ai pas été déçu. Le livre date de 1936 mais il demeure tout à fait sans équivalent depuis. En fait, je suis bien content d'avoir lu l'enfant avant le pouvoir absorbant, car je pense que la lecture du premier éclaire celle du second.

    La pensée de Maria Montessori s'ouvre sur un étrange paradoxe : le monde dans lequel arrive l'enfant à sa naissance lui  est destiné, il doit même le prolonger, et pourtant, ce monde ne le reçoit pas. En réalité, rien n'est conçu pour accueillir l'enfant. Considérant le traitement réservé à l'enfant dans les premiers jours  qui suivent sa venue au monde, Maria Montessori écrit : «il y a dans l'histoire de la civilisation une lacune. Il existe, à la première époque de la vie, une page blanche sur laquelle personne n'a encore rien écrit parce que personne n'a scruté les premiers besoins de l'homme

    Maria Montessori superpose à la réalité de l'embryon physique une hypothèse psychique, l'existence d'un embryon spirituel. Or, elle souligne que très tôt, parce que le corps de l'enfant était inerte à la naissance, les adultes se sont imaginés qu'il en allait autant de l'esprit et que c'étaient leurs soins qui donneraient une vie psychique à l'enfant. Or, tout comme l'embryon physique a besoin d'une ambiance spécifique pour se développer, l'embryon sprituel a également besoin d'un environnement adapté à sa nature propre.

    Tout le livre s'articule à partir de ces observations de départ. Maria Montessori remarque ensuite l'existence de périodes sensibles dans la vie de l'enfant. Pendant ces périodes, l'enfant est animée par de puissantes formes motrices qui contribuent à constituer son "moi" spirituel". Contrarier l'enfant dans ces périodes revient à faire obstruction à sa croissance, de même que l'on empêcherait une plante de croître par des procédés coercitifs. Il faut donc être très attentif à ces périodes et se garder, par exemple, de conclure hâtivement à l'existence de caprices de la part de l'enfant. Maria Montessori voit dans ces derniers souvent une manifestation de ces périodes. Bloquer l'une de ces périodes sensibles, c'est risquer d'en perdre le fruit à jamais.

    Maria Montessori a constaté que les très jeunes enfants se montraient souvent très sensibles à l'ordonnancement des choses, et en particulier au respect exact d'un ordonnancement (le même) répété. Elle établit des corrélations très fortes entre ordre extérieur et ordre intérieur de l'enfant, au risque de voir le désordre de l'extérieur se répercuter sur l'intérieur jusque dans des manifestations physiologiques. Il lui est patent que l'enfant aime donc naturellement l'ordre.

    L'un des torts les plus néfastes qu'un adulte puisse porter à l'enfant, ce n'est pas seulement d'agir à sa place, mais de substituer sa volonté à la sienne jusque dans ses actions, y compris quand elles se déroulent à distance. On parlerait de conditionnement, en psychologie moderne. Maria Montessori considère manifestement un tel procédé comme une calamité, une catastrophe spirituel pour le développement de l'esprit de l'enfant.

    Les écueils sont donc nombreux, et il n'est pas étonnant, dans ces conditions, qu'une préparation spirituelle soit nécessaire pour les adultes, s'ils veulent générer l'ambiance la plus favorable possible à l'éveil de l'enfant.

    Il serait trop sommaire et trop lapidaire de résumer un ouvrage d'une telle portée et d'une telle importance en un seul billet. C'est pour cette raison que j'en prévois quelques autres.

    Ce que j'ai passé sous silence, c'est la métaphore filée quasi-continue dont use Maria Montessori dans tout son ouvrage. Lorsqu'elle évoque le développement de l'embryon spirituel dans le corps de l'enfant, elle utilise tout de même le mot incarnation. La pensée de Montessori est fortement imprégnée de christianisme (et très précisément de catholicisme) sans qu'il ne soit une seule fois question de religion dans son livre, au point que les mots chrétien, christ, catholicisme n'y sont pas une seule fois écrits ! L'ouvrage a donc clairement et sans contestation aucune une vocation scientifique, et non religieuse ni même métaphysique. Je pense que Maria Montessori a été littéralement fascinée par la découverte du développement propre de l'enfant. Personnellement, son enthousiasme, au sens étymologique du mot (dieu en soi, le divin en soi) dans l'observation de ce qu'elle assimile parfois à un mystère (au sens catholique du mot) m'a fait penser à l'évocation de Galahad contemplant l'intérieur du Graal dans les légendes des chevaliers de la Table Ronde. Pour ma part, je n'ai lu que la compilation de Jacques Boulenger sur le sujet, mais je sais que Malory, dans "Le Morte d'Arthur" de Sir Thomas Malory, précise dans quelles conditions Galahad regarde ce que contient le Graal. Je n'ai plus les mots exacts en tête, mais je me souviens que Galahad se met à trembler et qu'il est près d'expirer à la vision de ce qu'il a si longtemps recherché et que Joseph d'Arimathie lui permet de tenir entre ses mains.

    Alors j'y vais un peu fort sur la comparaison, mais je vous assure que lorsque Maria Montessori parle de la naissance de l'enfant, on a l'impression que c'est de celle de Jésus Christ dont elle parle, et d'ailleurs, le mot "miracle" revient très régulièrement dans ses textes !

    «Il vint au monde

    El le monde fut fait pour lui.

    Mais le monde ne le reconnut pas.

    Il vint à sa propre maison

    Et les siens ne le reçurent pas...»

    C'est ainsi qu'elle achève le chapitre le nouveau-né...

     

  • Comment les pédagogistes ont flingué la pédagogie...

    Dans le domaine de l'éducation, j'ai une rancune, et j'ai souvent l'occasion de l'exprimer ici. Je parle souvent des pédagogolâtres et leurs expériences tordues comme l'une des causes de l'affaiblissement de l'école.

    Je devrais être plus précis, car en réalité, je n'en veux absolument pas à la pédagogie et pas davantage aux recherches en pédagogie. Les travaux d'individus peu communs (bien que très différents) comme Freinet ou Maria Montessori m'intéressent. Je pense même qu'ils ont fait des découvertes très importantes. Ce contre quoi je m'érige, c'est contre la prétention idéologique à faire un modèle pédagogique unique. Si les freinétistes frénétiques m'exaspèrent, c'est en raison de leur idéologisme (pardon pour le néologisme), non en raison des thèses qu'ils défendent. En fait, je rêve d'une école à pédagogies multiples capable d'adapter non pas une pédagogie mais des pédagogies aux personnalités diverses des enfants. Voilà ce dont je rêve, et voilà pourquoi, in fine, je renvoie dos-à-dos Républicains et Pédagogistes. Les premiers ne rêvent que d'autorité du maître et de transmission, les seconds que "d'apprenants" et de "compétences".

    J'aime beaucoup Maria Montessori et la méthode Montessori pour l'humanisme professé. En même temps, je ne voudrais pas que cela soit le modèle dominant de l'Éducation Nationale, mais je m'étonne tout de même de ce que pas une école publique n'ait adopté cette méthode autrement qu'à doses homéopathiques. Résultats, les écoles Montessori sont toutes hors contrat, parce qu'elles bâtissent des progressions très différentes des écoles publiques habituelles, et donc très chères. Parce que l'Éducation Nationale n'aime pas la diversité, elle est infoutue de sortir des sentiers battues pour tenter une expérience originale et, pour les résultats qui s'en dégagent dans le privé, globalement salutaire.

    Peut-être est-ce le fait que la méthode soit issue d'une sensibilité catholique relativement traditionnelle qui gêne certains de nos beaux esprits "laïcs" et autres catho de gauche reconvertis à l'idéologie laïcarde...

    Peut-être est-ce aussi que ces méthodes concurrencent les méthodes préférées de nos pédagogistes patentés...une concurrence de plus à laquelle il convient de ne pas faire de place. Il me semble pourtant qu'aucune autre pédagogie que la pédagogie Montessori n'a à ce point tâché de placer l'être humain, l'enfant, au coeur même de l'éducation, en faisant de ce dernier son acteur principal. Je me suis promis d'acheter et de lire le Pouvoir absorbant. Dès que cela sera fait, j'en ferai un compte-rendu sur ce blog. Ou plutôt, j'écrirai des billets au fil de ma lecture.

    J'ajoute qu'il ne faut pas succomber au leurre de la participation des "Montessori" au mouvement "Éducation Nouvelle" et notamment de leur implication dans les méthodes actives. Les pré-supposés idéologiques et/ou philosophiques sont très différents d'une mouvance à l'autre. J'y reviendrai dans un autre billet dans quelques temps.

  • Pédagogies alternatives

    Je réfléchissais récemment sur les pédagogies alternatives, du type Freinet ou Montessori, et à leur application à l'école. Ces pédagogies font l'objet d'attaques féroces du courant dit "républicain" (comprendre la tendance Jules Ferry) au sein de l'école. Pourtant, elles ne sont pas inintéressantes. le problème, c'est l'application bureaucratique, le fanatisme forcené des pédagogistes et l'instrumentalisation de ces pédagogies par des gestionnaires soucieux non d'avancées pédagogiques mais d'économies qui ont finalement plombé ce qu'elles auraient pu apporter.

    En outre, ces pédagogies sont certainement adéquates pour des publics restreints, mais ne peuvent s'applquer à toute une génération. Il eût fallu des projets pilotes avec des enseignants volontaires et spécifiquement formés, afin de déterminer l'efficience réelle de ces pédagogies.

    En outre, elles sont intéressantes non pour les élèves qui s'adaptent à l'école telle qu'elle est, mais pour ceux qui ne s'y adaptent pas parce qu'ils ne rentrent pas dans le moule. 

    Quand je lis l'exposé de la méthode Montessori, il est vrai que c'est enthousiasmant :

    Le Dr. Maria Montessori pensait qu’aucun être humain ne pouvait être éduqué par une autre personne. L’individu doit agir lui-même ou il ne le fera jamais. Un individu vraiment éduqué continue à apprendre longtemps après les heures et les années qu’il a passées dans une classe parce qu’il est motivé par une curiosité naturelle et l’amour de la connaissance. C’est ainsi que le Dr. Montessori sentit, que le but d’une éducation de la prime enfance n’était pas d’emplir l’enfant de faits tirés d’études préétablies mais plutôt de cultiver son propre désir d’apprendre.

    L'esprit absorbant, magnifiquement bien vu aussi :

    Le Dr. Montessori identifie l’enfant comme "l’esprit absorbant". Dans ses livres elle compare fréquemment le jeune esprit à une éponge. Il absorbe complètement l’information de l’environnement. Le procédé est particulièrement évident dans la façon dont un jeune enfant de deux ans apprend sa langue maternelle, sans instruction formelle et sans l’effort conscient et fastidieux dont fait preuve un adulte pour maîtriser une langue étrangère.

    http://www.montessori.fr/article.php3?id_article=29 

    Moi j'aime, mais le problème, c'est l'adaptabilité de notre école à cette méthode. Et le passage en force, comme le fait le courant pédagogiste au sein de l'Education Nationale, ne peut que nuire à la qualité et à l'humanisme profond de la démarche Montessori.

     

    Je suis en revanche bien plus réservé sur la pédagogie Freinet. Je cite un extrait de sa grammaire française en quatre pages.

     « Devoirs et leçons sont aussi à la base de tout le système de coercition imaginé par les règlements ou les pédagogues. Il est impossible de travailler avec les enfants dans l'atmosphère de confiance et de collaboration indispensable à toute œuvre d'éducation quand tout au long du jour le maître, livre en mains (car il n'a pas besoin, lui, de savoir par cœur, et ce n'est pas là la moins criante des injustices), contrôle leçons et devoirs. Les punitions sont le complément nécessaire de cette méthode de travail. Ah ! si nous pouvions supprimer dans nos classes toutes les leçons faites ex-cathédra par l'éducateur ; si nous pouvions supprimer toutes les leçons à apprendre, tous les devoirs à faire ! Comme l'école paraîtrait alors, aux enfants et aux adultes, lumineuse et claire ; comme on y travaillerait avec joie, sans aucune hypocrisie, comme la collaboration y serait agréable et combien changerait le rôle de l'éducateur qui vivrait enfin, au milieu d'enfants vivants, au sein de la vraie vie !

    [...] Notre technique est justement le triomphe de l'activité libre de l'enfant, mais d'une activité à laquelle on a donné un aliment et des possibilités d'expression avec un matériel nouveau, par des formules de travail mieux adaptées aux nécessités de l'heure. »

    Ce sont les errements issus de la doctrine Freinet qui ont fait penser à certains que c'était l'enfant qui construisait son savoir ex cathedra pour paraphraser à ma manière Freinet. Freinet jette l'anathème sur les apprentissages au lieu de se demander comment l'enfant peut lesintégrer au mieux. Quelle différence d'approche avec Montessori, en dépit d'apparentes similitudes ! Bien sûr, Freinet était de bonne foi, et l'école de son époque était autrement plus rigide que la nôtre. Mais, son raisonnement est historiquement daté et ne s'appuie pas sur une réflexion sur la nature de la connaissance et de la relation que nous établissons avec elle. C'est là toute la différence avec la pédagogie de Montessori.

    En outre, il suffit de considérer le passé politique de Freinet, pour comprendre que ses motivations sont d'abord idéologiques : c'est la vision libertaire et sa haine de l'autorité qui le motivent avant l'intérêt pour l'enfant. 

    En tout cas, je trouve que la méthode Montessori s'accorde bien avec la vision humaniste de l'UDF-MoDem. 

    Pour info, quelques adresses d'école sur les sites suivants :

    http://www.montessori-france.asso.fr/amf_ecoles_adresses.htm 

    Au fait, c'est en 1907 que Maria Montessori a fondé sa première Casa di Bambini à Rome. Aujourd'hui même, un colloque à propos de la méthode Montessori a eu lieu à la Sorbonne.