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lycée

  • Le lycée

    Le lycée est l'objet des attentions les plus néfastes des experts ès éducation et des comptables du gouvernement :  les premiers y voient un  nouveau et  magnifique terrain de jeu pour leurs expériences délirantes, les seconds un gisement d'économies intarissable.

    J'avais, en août dernier, cherché à montrer comment les pouvoirs publics actuels, au même titre que leurs prédécesseurs socialistes, détricotaient peu à peu l'école de Bayrou.

    Je me propose donc de soumettre ici quelques vues à la sagacité de mes lecteurs, particulièrement ceux qui travailleraient dans la commission éducation du MoDem. Ces vues complèteront celles que j'ai exprimées précédemment.

    La rationnalisation et l'utilitarisme ambiant, dont on trouve les pires laudateurs jusqu'aux sommets de nos plus belles institutions scolaires (songeons aux rêves de high-school du sieur Descoings et à son mépris pour la diversité des options au lycée) me paraissent les deux cancers qui rongent par excellence notre système scolaire.

    Il est possible de garantir dans les lycées une véritable diversité sans devoir mettre la main à la poche excessivement. Je suis convaincu que les nouvelles technologies permettent un enseignement mutualisé de qualité, à condition qu'il soit pour l'essentiel synchrone, c'est à dire en temps réel. Les conversations instantanées, la visio-conférence, les métavers me paraissent autant de plate-formes susceptibles de réunir des élèves de plusieurs lycées avec un enseignant quand ils sont en trop petit nombre pour maintenir ou créer une option ou un enseignement rare dans un lycée. Ceci suppose que les Proviseurs et les Rectorats traitent autrement que par le mépris ces solutions alternatives, en formant une escouade d'enseignants capables d'intervenir et de dispenser leur savoir sur ces plate-formes. Enseignants qu'il convient de payer en heures supplémentaires ou même en heures-poste pour ce travail ; quant aux élèves, évaluations et résultats devraient évidemment être intégrés dans les bulletins scolaires, dans un tel cas de figure.

    Dans la constitution des filières, il en manque une qui associe les humanités et les sciences. Le résultat idiot de la spécialisation excessive des filières, c'est que les élèves un tant soit peu lettrés désertent la filière littéraire et se dirigent vers la filière scientifique. On ne peut relever les lettres sans leur donner un label de qualité.

    De mon temps, il existait un bac rare mais très prisé : le bac E. Il associait à haut niveau la technologie et les sciences et a offert à la France des techniciens supérieurs de très grande qualité. 

    On pourrait envisager sa reconstitution, qui me semble pertinente, et un assemblage à peu près similaire pour la première L. Évidemment, on ne saurait se contenter d'un saupoudrage.

    Voici comment je conçois les horaires de cette première littéraire et scientifique :

    Lettres : 6 heures. Mathématiques : 6 heures. LV1 : 3 heures. Histoire : 3 heures.  LV2/Latin/Grec/Arts : 3 heures. Enseignement obligatoire :  3 heures à choisir dans LV2/LV3/Arts/Latin/Grec.

    Enfin, toutes les premières (et les terminales) devraient conserver la possibilité d'offrir deux disciplines optionnelles. Ceci peut se faire par des regroupements de classe optionnel/spécialité obligatoire et par l'enseignement à distance que j'évoquais (pour les langues vivantes, les labo de langues sont sous-utilisés, par exemple) ci-dessus.

    Enfin, il faudrait réintégrer le temps dévoué aux TPE dans les disciplines tout en conservant l'esprit du TPE, c'est à dire une recherche personnelle dans un domaine précis. Simplement, cette recherche se ferait dans un cadre disciplinaire.

  • Et s'ils se démerdaient avec le CNED ?

    Tiens, j'ai trouvé une excellente idée chez le Privilégié. Tout comme moi, il pense que les rodomontades des Chatel, Sarko & cie sur la sécurité dans les établissements scolaires sont du flan. Il a donc évoqué son quotidien et celui du département où il enseigne pour mettre en évidence l'opposition radicale et flagrante entre les faits et les discours. Sa note met notamment l'accent sur la question des exclusions. Et là, il conclut par une idée pas idiote du tout : pourquoi ne pas se contenter de proposer les cours du CNED à ceux qui se sont fait dégager des lycées en raison de leur comportement ? Après tout, l'instruction est un droit dans notre pays, mais pas nécessairement l'accueil dans les établissements scolaires. 

    Celui qui a trop fait ch.. la communauté scolaire, eh bien il suffit de lui proposer les cours du CNED et que sa famille se débrouille avec cela ou qu'elle paie à prix d'or une inscription dans un établissement hors contrat, et basta...

  • Bien fait pour les petits c...

    Tiens, encore un fait divers :  trois merdeux s'en sont pris à une gamine dans un lycée de Marseille. Trois garçons contre une fille, courageux «jeunes déçus» (©h16) qu'ils sont, la gamine ne s'est pas laissée faire et s'est plainte à sa mère. Pas de pot pour les petits cons, la mère en question était officier de police. Moyennant quoi les pandores ont débarqué en uniforme dans le lycée et, au bout du compte, huit heures de garde à vue. Seulement, voilà, la presse hurle au scandale, et le ban et l'arrière-ban des fédérations de parents, d'élèves, et des syndicats enseignants hurlent à l'état fasciste. Et pendant ce temps, les agressions croîssent de mois en mois dans les établissements scolaires. On entend de ci de là que le proviseur aurait pu régler cela en interne. La vérité, c'est que si la gamine s'en était remise à l'administration, il ne se serait strictement rien passé, et elle aurait pu faire l'objet de brimades, voire de menaces par la suite.

    Moi, ce que je pense, c'est qu'à un moment donné, il va bien falloir commencer à les poser, les limites. C'est bien fait pour leurs gueules à ces petits cons*. Ça va leur apprendre la vie en société. Ce qui m'étonne, c'est de voir un journal de droite comme Le Figaro quasi-emboiter le pas à la presse de gauche sur un incident de ce type. Moi, en fait, le seul truc qui me choque vraiment, c'est que je me demande comment peuvent faire ceux dont les parents n'exercent pas une profession à responsabilité dans la police. C'est plutôt cela qui est troublant, que tout le monde ne soit pas protégé également. Mais que les petits cons en aient pris plein la gueule et aient peut-être chié dans leur froc en pleurnichant pour leur connerie et leur lâcheté, je m'en réjouis haut et fort. Il paraît que la gamine s'est prise un bouchon de champagne au visage. Ah bon ? Champagne pour vos gueules, les merdeux, j'ouvre la bouteille : le prochain coup, vous vous la péterez moins...

    *NDLR : je sais, je suis réac et alors ? J'assume.

  • Un lycée plus sûr ? et les collèges ?

     

    A la suite des dernières violences qui ont atteint les lycées, le Mouvement Démocrate a communiqué des propositions :

    Les derniers évènements survenus dans certains lycées ne sont que la forme la plus visible et la plus exacerbée d'une violence inacceptable qui détériore le climat de travail à l'intérieur des établissements et gangrène notre société en détériorant le fonctionnement de notre éducation nationale. 

    L'État, en charge de la sécurité aux abords et dans tous les établissements scolaires du pays, est le premier responsable de cette situation par sa politique de restriction des postes d'assistants d'éducation et de surveillants dans les établissements. 

    Les Régions qui gèrent les lycées ne peuvent pas cependant rester sans réagir face à cette dégradation de la situation et face à l'attentisme de l'Etat. L'heure est désormais à l'action.

    Les chefs de file des listes du Mouvement Démocrate pour les élections régionales proposent un «contrat lycées plus sûrs» pour financer 5 à 10 postes surveillants par lycée (selon la taille). 

    Ce plan qui représenterait un effort de 300 millions d’euros, soit 1 pour cent pour le budget des Régions est une priorité pour le Mouvement Démocrate. 

    L’État devrait, en contrepartie, transférer une part plus importante des produits de la Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers (TIPP) aux Régions
    .

    Bon, d'accord, soit. C'est toujours mieux que la gauche qui se contente de dire que la surveillance des lycées, c'est le rôle de l'État, pas de la Région, et donc, qui ne fait ni ne propose rien. Ne parlons même pas de l'UMP qui croit que ce sont des portiques ou de la vidéo qui vont rétablir la paix sociale...Quant à espérer que l'État va refiler du fric, ce n'est pas le genre de la gouvernance sarkozyste...

    Mais comme je l'ai dit il y a peu, il n'y a pas que les lycées : il y a aussi les collèges qui sont sous pression. Tôt ou tard, la Région récupérera les prérogatives des départements. Anticipons, au MoDem, et proposons de financer un centre éducatif fermé par département pour les jeunes  pré-délinquants ou élèves très perturbateurs qui paralysent l'action des collèges. Voilà une proposition qui serait en phase avec ce que veulent les Français et qui leur causent, au moins pour ceux qui ont des enfants, quotidiennement des soucis.

     

  • Sarkozy and Cie déterminés à flinguer le lycée !

    Je viens de lire une analyse édifiante d'Agnès Joste, une des têtes de file de l'association Sauver les lettres. Derrière les propos lénifiants des Sarkozy, Descoings, Châtel et compagnie, il n'y a qu'un et unique objectif : économiser le plus d'argent possible sur le dos du lycée. La réforme de Sarkozy va se traduire par un apauvrissement culturel et une raréfaction  de la diversité disciplinaire sans précédent. Toutes les options vont disparaître tandis que les horaires des matières principales seront réduits.

    Le privilégié s'étonnait, il y a peu, du silence assourdissant de le classe politique sur l'école. Le pauvre : il est professeur de lycée, il va en prendre plein la gueule. Voilà pourquoi je l'avais critiqué d'être allé discuter avec Descoings. Cela ne sert à rien de discuter avec quelqu'un dont les idées sont arrêtées, et qui n'a absolument aucune bienveillance à votre égard. Descoings est de la même veine que Sarkozy, et plus généralement, ceux que Natacha Polony, journaliste du Figaro, appelle les libéraux modernistes. Je ne sais pas s'ils sont vraiment libéraux ; en revanche, c'est une engeance pire encore que les pédagogols, bien qu'ils en soit l'aboutissement gestionnaire. A force d'évoquer la pédagogie par objectifs, le modèle managerial des compétences, les projets et compagnie, on a fini par attirer l'attention des plus crétins d'entre eux. Pour moi, je trouve que leurs discours lénifiants entâchés de pédagogolâtrie bêlante sont à rapprocher franchement du blairisme britannique. C'est peut-être du libéralisme, mais pas le mien, en tout cas.

    A vrai dire, lors de ces deux dernières années, j'ai eu le sentiment que seul le MoDem et Bayrou se préoccupaient encore de ce qu'il se passe dans les écoles, les collèges et les lycées. Il y avait bien une saillie à gauche de temps à autre, mais dont l'objectif était exclusivement politique afin de mettre la droite en difficulté. Quant à cette même droite, elle a confié les rênes de l'éducation à la technostructure, et, in fine, rien ne change si ce n'est qu'il faut faire avaler à l'opinion et surtout aux enseignants la cure d'austérité qu'elle compte administrer à l'Éducation Nationale.

    Vincent Peillon organisait une convention sur l'école, aujourd'hui : la presse qui est toujours prête à s'intéresser aux conneries plutôt qu'aux choses intéressantes a préféré titrer sur la venue de Ségolène Royal à Dijon plutôt que sur ce qui s'est dit pendant cette convention. Sur le site de France 3, on trouve bien trois vidéos, mais celle qui pourrait être intéressante, les réactions des représentants des autres partis est complètement faisandée et inaudible (problème de traitement de la bande son, apparemment).

    Coup de pot, au MoDem, au moins, on bosse et le boulot a été fait : toute l'intervention de Marielle de Sarnez est disponible en ligne ce soir-même !

    Du coup, pas moyen de savoir si Brighelli était là ou non, et surtout, ce qu'il s'est dit pendant cette convention. Nada sur le blog de Vincent Peillon. Il y a quelqu'un qui a lu son livre d'entretiens avec Darcos. Je suis d'accord pour juger que tout n'est pas à jeter dans ce qu'a fait Darcos, mais que la logique qui a commandé les réformes en a anéanti la substance.

    Pour revenir à Marielle, il y a des choses que j'ai aimées, par exemple, celle-ci, qui porte clairement la marque du MoDem :

    Dans ce que la République doit à ses jeunes enfants pour qu’ils accèdent à l’autonomie, je veux insister devant vous sur la langue. La langue, c’est le pouvoir et c’est la vie. L’expression des émotions, la présentation de soi-même, l’empathie, l’autorité, la reconnaissance, le rire, l’analyse, tout cela, c’est la langue. La langue, c’est le nécessaire et presque le suffisant. Elle doit donc être au sens propre la priorité, puisqu’elle concentre en une seule démarche connaissance et création.

    Et il me semble que ceux qui exercent le pouvoir ne l’ont pas vraiment compris puisqu’ils nous expliquent que pour redorer la filière littéraire, on va en faire une filière internationale ! C’est-à-dire une filière qui vaudra non pas par la maîtrise de notre langue mais par la maîtrise des langues étrangères… Or le droit, la psychologie, la réflexion, la philosophie, tout cela est langue et devrait servir de facteur commun à toutes les formations.

    Ça, cela m'a beaucoup plu : cela correspond tout à fait à ce que je me dis. Les projets de Sarkozy vont très exactement à rebours. J'ai vu aussi que Marielle semblait en accord avec Peillon sur une réorganisation de l'année scolaire : des journées moins chargées, mais deux semaines de cours en plus. Personnellement, je ne suis pas contre, mais je demande à voir ce que donne une expérimentation avant d'en généraliser le principe. Marielle veut rejoindre la moyenne européenne : très bien, mais, à ce qu'il me semble, en Allemagne où l'on applique cette organisation dans le primaire et le secondaire, le niveau moyen est franchement faible... Cela peut néanmoins être intéressant de travailler avec des chronobiologistes (sérieux, pas militants) afin de savoir ce qu'ils en pensent.

    Sur les moyens, Marielle a exprimé sa position, qui est celle, traditionnelle, du MoDem : l'Éducation est le meilleur investissement.

    On me dira que je n’ai qu’effleuré la question des moyens.

    Je la traite devant vous. L’état des finances publiques est tel que quiconque vous promettra pléthore de moyens supplémentaires vous racontera des histoires. Et cependant je crois que le meilleur investissement pour la nation, c’est la sécurité morale et matérielle d’une école, d’un collège, d’un lycée général, technique ou professionnel. Je crois à l’amélioration, quand on le pourra de la situation des enseignants, à la création de parcours qui leur permettent de bouger, professionnellement, s’ils le souhaitent. Je crois qu’il faut leur faire confiance, les aider en leur fixant des objectifs clairs,en  mutualisant les bonnes pratiques, en donnant plus de liberté au terrain, en favorisant la créativité. Je crois à la place de musiciens, de plasticiens, de sportifs qui se joindront à eux. Je crois que ce fonctionnement, c’est le meilleur investissement. Il faut le protéger et résister à Bercy qui veut, toujours, couper dans l’éducation pour équilibrer ses comptes, comme on le voit depuis des années. Notre école a besoin de sérénité, de stabilité, et de la garantie qu’elle aura les moyens de sa mission. C’est  l’engagement que nous prenons aujourd’hui devant vous.

    J'ai trouvé forte sa conclusion, qui répond en écho aux Chatel & cie qui voudraient instrumentaliser l'école au profit de leur identité nationale :

    l’École c’est le visage de l’identité républicaine, qui est pour moi, et je crois pour nous, le vrai nom, non déformable, non instrumentalisable de l’identité nationale.

    Bien répliqué, Marielle.

     

  • Redoublement

    Le privilégié se demande ce que je pense du redoublement, après avoir lui-même fait un état des lieux issu de sa pratique professionnelle. Je suis, pour ma part, extrêmement dubitatif sur l'efficacité du redoublement : à mon avis, il ne peut produire des résultats qu'à l'unique condition d'obtenir l'adhésion de l'élève qui redouble. Or, pour ce que j'en connais, c'est assez rare d'obtenir cette adhésion. Je pense donc que cela ne sert à rien, et, en tout cas, que cela ne devrait jamais être présenté comme une sanction mais plutôt comme une possibilité de reprendre des fondamentaux.

    Non, sur ce point, je préfère la solution de Bayrou : il vaut mieux mettre en place des classes passerelle très tôt afin de pallier dès le plus jeune âge les carences scolaires des enfants en difficulté, quitte à s'assurer de l'existence d'une classe passerelle à chaque niveau. Évidemment, dans une classe passerelle, il s'agit d'un côté de se recentrer sur les savoirs fondamentaux (lire, écrire, compter) et d'assurer le suivi le plus individualisé possible.

    En ce qui concerne le lycée, je pense qu'il est trop tard pour ces dispositifs et également que cela ne sert à rien de permettre un passage dans la classe supérieure en voie générale si un élève n'a pas la motivation nécessaire pour y poursuivre ses études. Il faut à mon avis une large palette d'orientations, incluant toutes les voies techniques et professionnelles, de manière à ce qu'un élève puisse se réorienter, sauf s'il formule de lui-même le voeu express de tenter une redoublement.

  • Réforme du lycée, mon conseil à Descoings

    Avec du retard, je reprends un billet entamé il y a quelque temps sur les réformes du sieur Descoings. Mathieu trouve que je l'ai tâclé injustement parce qu'il s'est rendu à la convocation du Sieur Descoings pour amuser la galerie. Il n'y a rien d'injuste dans ma remarque. Quand on s'imagine que le sieur Descoings est avenant et sympathique, c'est que l'on n'a strictement rien compris à la stratégie de manipulation dont on est la victime. Les réformes du Sieur Descoings masquent une idéologie perverse que ce bon technocrate n'est peut-être pas même conscient de véhiculer, encore que...

    Parce que ce que le Sieur Descoings attend des entrevues qu'il a avec des blogueurs z'influents, c'est justement que l'un d'entre eux titre sur la pertinence d'emmener 50% d'une classe d'âge à la licence et en conclue qu'il faudra forcément ouvrir les bacs généraux pour cela. Voilà ce qu'attend le Sieur Descoings, et voilà ce que lui sert sur un plat Mathieu. Ainsi, il pourra éradiquer la diversité des bacs généraux et aboutir enfin au bac uniformisé et insipide dont il rêve. Un bac pour tous, quoi... Et mon Mathieu de conclure : « le lycée doit-il rester un système élitiste de sélection (dit républicain, ce dont je doute chaque jour un peu plus) ou doit-il être plus ouvert ?». Ben avec une non-question comme celle-là, on n'a même pas besoin de douter de la réponse. On comprend avec le vocabulaire utilisé et ses connotations (élitiste, sélection contre ouvert) que la question est déjà tranchée. Faux questionnement qui élimine d'emblée une autre alternative à laquelle moi, je crois : celle d'un système qui mène de front excellence et remédiation, qui individualise les parcours et cherche l'optimum propre de chaque individu comme une cause finale aristotélicienne. Je lis trop Maria Montessori, moi...

    J'ai quelques idées de réforme tout à fait novatrices à proposer à Descoings et aux réformateurs patentés  :

    - f.... la paix aux profs une bonne fois pour toutes et les laisser s'organiser.

    - ne toucher à rien dans l'immédiat : il faut 15 à 20 ans minimum pour juger de l'efficacité d'une réforme.

    - corollairement, cesser de réformer dans l'urgence chaque fois que l'opinion se saisit d'un fait divers ou qu'une étude statistique est publiée.

    - proposer aux Co-psy d'être en contacts permanents avec les CCI (Chambres de commerce et d'industrie), ce qui serait autrement plus efficace que de les squizzer (moi aussi je peux parler globish...). Ainsi, ils seraient tenus au courant au jour le jour des besoins des bassins économiques et industriels. Ma réforme ne coûte pas un kopeck, ne touche pas au statut des conseillers d'orientation et ne vient pas les faire ch... dans leur pratique professionnelle.

    Au passage, je suggère à Descoings & cie la lecture des passionnants ouvrages de Maria Montessori. On pourrait envisager non un lycée pour tous, mais, au contraire un lycée pour chacun. Un lycée pour chacun, ce ne serait pas un système qui cherche à amener toute une génération à un socle quel qu'il soit, mais, au contraire, qui assure à chacun un développement optimal. Cela passe par une diversification des parcours et des méthodes et en aucun cas par les solutions simplificatrices de Descoings & cie. J'invite sur ce point fortement à lire le billet de Barre Jadis dont j'épouse pour l'essentiel les vues.

    Intéressant, d'ailleurs, d'observer combien l'aristotélisme imprègne à certains égards la pensée de Maria Montessori. J'avais lu l'enfant, j'entame de l'enfant à l'adolescent actuellement. Poursuivant son hypothèse de l'embryon spirituel menant son développement propre, elle étudie dans cet ouvrage trois nouvelles phases du développement de l'enfant. J'en rendrai compte dans un prochain billet. Mais, elle annonce d'emblée la couleur en évoquant le développement de l'individu plutôt que celui d'une masse sociale. Notamment, elle estime que chaque individu possède en soi sa fin propre. J'y vois pour ma part, la cause formelle de chaque individu, idée que l'on trouve énoncée et développée dans la Métaphysique d'Aristote. Maria Montessori y ajoute une dimension éthique et spirituelle.

    J'en finis avec cette disgression pour simplement conclure que l'un des premiers motifs de mon engagement aux côtés de François Bayrou, c'est de partager avec lui ma vision de l'école. Et l'une des raisons qui font que je ne peux plus voir en peinture les Socialistes, c'est ce qu'ils ont fait de l'école, et l'UMP, c'est ce qu'elle veut en faire...

  • Journalistes, laissez en paix la mère de Kévani Wansale

    Plus je lis la presse à propos du procès de Kévani Wansale, l'auteur d'une tentative de meurtre caractérisée sur Karen Montet-Toutain, une enseignante d'arts plastiques, plus la moutarde me monte sérieusement au nez.

    L'avez-vous lu et remarqué ? Dans tous les résumés de presse, on trouve le passage suivant :

    «La mère, décrite comme autoritaire et envahissante, avait menacé son fils de le renvoyer du domicile familial.»

    Quelle bande de connards ! C'est déjà difficile d'élever un garçon pour une femme seule, et en voilà une qui avait de la poigne. Elle n'a simplement pas eu de chance avec son fils. Et la presse voudrait insidieusement lui faire porter le chapeau ? ça veut dire quoi "envahissante et autoritaire" ...? C'est quoi le message subliminal ?

    Cette femme a fait ce qu'elle devait faire en avertissant son fils qu'elle ne voulait pas le voir se comporter en voyou. Mais les bobos mâtinés de pédagogolâtrie qui ont écrit l'article initial aurait sans doute préféré une mère démissionnaire, je présume...

    Quelle bande de cons ! Ils ont trouvé leur victime expiatoire à peu de frais, d'autant que je l'imagine, elle n'est pas en état de pouvoir se "justifier". En revanche, sur les responsabilités écrasantes des supérieurs hiérarchiques de Karen Montet-Toutain, c'est le silence-radio ou presque. Les hyènes et les vautours qui se nourrissent de charognes sont plus estimables.

    Nos médias sont vraiment à gerber, et toujours à l'affût de toutes les bassesses. Voilà qui s'inscrit dans la droite ligne de mon billet précédent, où je constatais que le fait que cette jeune enseignante avait été menacée de viol était manifestement occulté par la justice.

     

  • Réforme du lycée : classe de seconde

    La réforme de Xavier Darcos fait beaucoup de bruit, mais le fait est qu'il est difficile de trouver des explications claires sur les changements qui vont s'opérer en seconde. J'ai trouvé une page du Ministère de l'Éducation qui présente plutôt clairement les choses avec couleurs et organigrammes.

    Moi, la question que je me pose, c'est quasiment la même que celle de lods-lenczer sur le forum ministériel consacré à la réforme de la classe de seconde : quid des options facultatives ? et par ailleurs, il n'y a pas moyen de savoir s'il est possible ou non de poursuivre le même module d'un semestre sur l'autre. Par exemple, imaginons que le russe et le grec ancien m'intéresse : est-ce que je peux faire deux semestres de russe et deux semestres de grec ancien ? Peut-on aussi choisir deux enseignements dans le même module à chaque semestre ? Dans la négative, cela signifie que l'on ne peut plus du tout, par exemple, suivre simultanément un enseignement de grec et de latin.

    Il y a tout de même un point qui m'a fait percuter : si l'on veut prendre un module renforcé pour le tronc commun, fatalement, tous les autres modules se retrouveront en concurrence, et, par exemple, il ne sera plus possible de cumuler sciences et humanités. De mon point de vue, c'est tout l'inverse de l'idéal d'homme universel auquel j'aspire et qui me vient de la Renaissance.

    J'ai trouvé une autre explication de la réforme, beaucoup plus claire, celle du Recteur de Gaudemar, de l'Académie d'Aix-Marseille : un routier des cabinets ministériels, puisqu'il a été présent au plus haut niveau aussi bien sous Lang que Ferry. Son explication m'a plutôt l'air convaincante, mais je me méfie de la duplicité inhérente, voir même consubstantielle à la technostructure de l'Éducation Nationale, ministres inclus.

    J'avoue que je suis dans l'expectative. Comme souvent dans l'Éducation Nationale, tout dépend de la manière dont se met en place cette réforme, à la base pas idiote, et des circulaires secrètes que les pauvres abrutis que nous sommes ne verrons sans doute jamais, qui circulent entre le Ministère et les Rectorats, masquant souvent les véritables objectifs des réformes.

    Les Proviseurs des lycées sont souvent avant tout des gestionnaires, et je suis très méfiant sur leurs choix finaux. Est-ce que véritablement, les élèves de seconde pourront choisir les modules qui les intéressent et les poursuivre d'un trimestre sur l'autre, associer deux modules de sciences ou deux modules d'humanités ou encore de technologie s'ils le veulent ? J'attends de le voir pour le croire. Ce n'est pas en tout cas ce que semble penser cette association ainsi que le SNES.

  • Requiem pour le lycée et le bac !

    Je crois que le rapport que je viens de lire est le pire de tous ceux que j'ai lus sur le baccalauréat.

    Je résume : le sénateur Legendre propose en fait de donner le baccalauréat au maximum de personnes possibles et d'anéantir les filières. On va enfin avoir la médiocrité pour tous, et surtout, un bac et un lycée qui ne coûtent pas cher, avec quelques matières principales et une ou deux spécialités.

    Mais il se f... de notre g.... ou quoi ?

    La seule proposition qui me paraît acceptable, c'est d'étaler le bac sur deux ans. Le reste n'a pour objectif que de créer un bac light, qui n'aura évidemment, à terme, plus aucune valeur pour rentrer dans les universités.

    Au passage, je suis plus que déçu de constater que Madame Morin-Desailly, que je croyais une femme de culture, co-signe une telle foutaise.

    Donc, le rapport reprend l'objectif démagogique de 80% d'une classe d'âge au bac. C'est ça qui est "bien", pour l'Education aujourd'hui, c'est que l'on n'arrive plus à distinguer la gauche de la droite...Mêmes slogans, même blabla infâme, mêmes hypocrisies.

    Dans les propositions à la c..., il y a la 9, par exemple :

    - Supprimer les coefficients pour les épreuves de tronc commun et les options facultatives.

    Chapeau : cela signifie que l'on envoie ch.. tous les candidats qui ont fait l'effort de poursuivre une option pendant des années et qu'en même temps, on ne fait plus de différences entre les mathématiques et la natation pour quelqu'un qui aspire  à poursuivre des études d'ingénieur. Question pour un champion : et comment les Universités , et a fortiori les classes préparatoires vont recruter leurs étudiants ?  On aura un système encore plus hypocrite, soit d'accès sur concours (et je peux vous garantir qu'il sera coefficienté, celui-là) soit de sélection sur dossier avec des disciplines qui se verront à nouveau attribuer des coefficients. 

    Du flan, une fois de plus. J'ai dit que l'on se payait de mots en France. On comprend donc très bien que les voeux pieux resteront pieux, et que, ce qui compte, c'est la modification de la structure du bac, donc du lycée, qui permettra de faire des économies massives sur le dos de l'Education Nationale. Ben oui : moins d'options, moins de matières, moins de postes d'enseignants. Et ce n'est pas grave si l'on forme des boeufs et des ânes, au point où l'on en est...

    Et l'idée de créer une seconde de détermination, c'est un tour de passe-passe pour faire passer de 3 ans d'études à une séquence trimestrielle, comme le dit le rapport, les matières qui auront été supprimées.

    Tenez, je vous le donne dans le mille, l'étape suivante, ce sera le rétablissement de concours d'entrée dans les Universités. Et là, il vaudra mieux être passé par de coûteuses écoles préparatoires que par la m...e que sera devenu le lycée public.

    Ce rapport est un torchon, et il faut lutter contre de toutes nos forces de démocrates. Je dénonce ce miroir  aux alouettes et invite tous ceux qui sont attachés à la culture et à l'Education à ne pas se laisser avoir par les bonimenteurs.

    Ce rapport devrait renommé et intitulé beaucoup plus exactement : entreprise de destruction du lycée et du bac.

    Ce n'est pas demain la veille que l'on va la voir partout, la filière d'excellence dont nous avions rêvé avec Bayrou...je rappelle ses propos lors du colloque de l'UDF du 11 mars 2006 sur l'éducation (c'est ce colloque-là qui m'a fait adhérer à l'UDF !!!)

    Notre vision, la même que celle qui est défendue par Patrick Weil, est toute différente. Si sélection il doit y avoir, vers des filières d’excellence, assumons la. Et donnons égal accès à tous les établissements à ces filières d’excellence. Si par hypothèse, ce sont dix pour cent des élèves que l’on accepte de sélectionner, alors offrons dix pour cent du nombre de ses élèves à chaque établissement. Et si l’on veut être tout à fait juste, conservons un volant de places offertes à un concours national ou académique pour ne pas pénaliser à rebours les bons élèves concentrés.

    Et quand je pense que Bayrou, dans le même colloque, voulait faire de la Terminale la classe d'entrée à l'Université :

    Et je voudrais rapprocher la réflexion sur la terminale de la réflexion sur l’entrée à l’université et les quelque quarante pour cent d’échecs très lourds que cette entrée à l’université comporte.

    Vous vous souviendrez sans doute que la réforme de l’université intervenue en 1996 créait un semestre d’orientation à l’entrée de l’université.

    Je pense qu’il faut aller au-delà et penser la terminale non pas comme la fin des études secondaires, mais comme le début des études supérieures, comme une propédeutique, une classe préparatoire à l’enseignement supérieur.

     Pauvre Bayrou ! et pauvres de nous ! Heureusement qu'il a refusé toutes les offres de Sarkozy et de l'UMP, parce qu'on n'aurait pas assez de vinaigrette pour accompagner tous les chapeaux qu'il faudrait manger, à l'heure actuelle...

    Post Sciptum (comprendra-t-on encore un jour cette locution latine, le jour où le bac light sera en place ?) : les syndicats sont manifestement tout prêts à se faire entuber, si l'on en juge le texte commun qu'ils ont signé avec Xavier Darcos...

     Il vont y parvenir, Sarkozy et Fillon : oui, ils vont réussir à dégommer notre système éducatif, et notamment le bac, que Fillon voulait déjà suppruimer quand il était Minsitre de l'Education Nationale...