Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Education : idées non plus explosives mais nucléaires...

Pour finaliser mes propositions de la veille, il me reste à porter le coup de grâce. Pour ma part, je ne cherche pas une école organisée autour des adminsitrations, mais autour des hommes, des femmes et des enfants.

Le recrutement et le système de rémunération actuel sont des archaïsmes. S'il me paraît nécessaire de conserver des grilles pour assurer une protection aux enseignants, chaque chef d'établissement devrait pouvoir disposer d'une enveloppe variable d'heures supplémentaires à distribuer. Et une enveloppe conséquente. 

Mais, pour éviter des effets d'aubaine et la constitution de chefferies, cette enveloppe ne devrait pas être discrétionnaire. Dans ma proposition, cette enveloppe serait assortie d'un contrôle sévère par les Conseils d'Administration, voire par les Conseils pédagogiques s'ils existent et la nature du travail que ces heures récompenseraient définie.

On devrait au sein des administrations, particulièrement des établissements scolaires, laisser davantage les individus se choisir les uns les autres. Partager des vues convergentes sur l'avenir des enfants que nous leur confions me paraît un atout au sein des équipes enseignantes. Les chefs d'établissement devraient donc pouvoir recruter jusqu'à 50% de leur équipe enseignante et administrative. Cela suppose également une certaine stabilité dans leur poste et donc qu'on cesse avec la noria des principaux et des proviseurs, puisqu'il paraît qu'on leur recommande de ne pas dépasser 6 années dans leur poste. Conseil particulièrement idiot. Si un établissement marche bien, il n'y a pas de raisons de changer une équipe gagnante. Un tel pouvoir devrait néanmoins être assorti de moyens d'en contrôler la pertinence, afin, là encore, d'éviter des effets de chefferie. Le Conseil d'Administration me paraît l' organisme décisionnaire ad hoc pour ce faire. 

Il ne me restera plus qu'à traiter la question des contenus et des méthodes dans un prochain billet et quelques questions annexes dans le suivant. 

Pour m'amuser, je comparerai ensuite mes propositions avec celles des partis qui ont annoncé les leur, histoire de voir ce que cela donne...A commencer par le MoDem...

Commentaires

  • "Les chefs d'établissement devraient donc pouvoir recruter jusqu'à 50% de leur équipe enseignante et administrative" - on peut interpréter votre proposition de deux manières radicalement différentes :

    1. Le proviseur recrute parmi les professeurs (qui restent constitués en corps d'état) ayant demandé une mutation sur l'établissement.

    2. Il recrute "n'importe qui" ayant un diplôme jugé suffisant (par exemple un master dans la discipline), et les profs deviennent des contractuels.

    De quelle option s'agit-il ? Si la première peut sembler raisonnable, la seconde me le paraît beaucoup moins, et je ne pense pas que ce soit ce que vous proposez, je peux développer si besoin.

    Je ne connais pas bien l'enseignement privé, mais j'ai l'impression que ce que vous proposez pour le recrutement est donc exactement ce qui s'y passe - il y a un corps de professeurs du privé et le chef d'établissement recrute dans ce corps en fonction de son projet d'établissement. Cela suppose que ce projet existe, et que le proviseur détermine et conduise la "politique" de l'établissement : c'est effectivement ce que font les proviseurs dans le privé. De manière générale, l'ensemble de vos propositions ressemble pas mal à introduire dans le public les éléments constitutifs du collège/lycée privé (à la question confessionnelle près, mais il faut bien avouer que ce n'est pas ce qui motive la majorité des parents). Liberté pédagogique, rôle du chef d'établissement, autonomie, ambiance de travail... Vous en reprenez les éléments qui marchent, et il est vrai que ce sont des éléments plus proches de ce qu'on peut attendre de l'éducation "normale", de ce dont un enfant paraît avoir besoin pour se construire, personne et savoirs.

    Est-ce qu'on veut ça pour le public ? C'est une question plus délicate qu'il n'y paraît,
    parce que s'il n'y a que la France pour produire pareil mammouth, c'est que ce mammouth traduit des tendances profondes dans la société française.

    Vos propositions sont séduisantes, mais j'espère que vous êtes conscient de ce qu'elles bousculent. Par ailleurs, elles découlent toutes du même principe (que vous appelez une école centrée sur les hommes, les femmes et les enfants) : par exemple, sans liberté pédagogique (que devient alors le bac ? Il faut le repenser), pas de parcours individualisé. Ces deux propositions sont, je crois, particulièrement indiquées au collège où se concentre le gros des futurs "illettrés" (les fameux 10%), le brevet testant justement de larges compétences de base. En revanche, si on veut garder le bac dans ses fondements actuels, le lycée resterait plus proche de sa forme présente, ça ne me paraît pas idiot si le collège change en profondeur. C'est vraiment là, au collège, qu'est le gros des soucis actuels : rapport au savoir, rapport à l'autorité, tout ça se construit aux âges collégiens, marche mal dans le collège unique, est extraordinairement difficile à cerner et je ne me risquerai pas à proposer quoi que ce soit de mon cru - il doit en falloir de l'expérience et du cran pour proposer une réforme du collège.

  • "Les chefs d'établissement devraient donc pouvoir recruter jusqu'à 50% de leur équipe enseignante et administrative" - on peut interpréter votre proposition de deux manières radicalement différentes :

    1. Le proviseur recrute parmi les professeurs (qui restent constitués en corps d'état) ayant demandé une mutation sur l'établissement.

    2. Il recrute "n'importe qui" ayant un diplôme jugé suffisant (par exemple un master dans la discipline), et les profs deviennent des contractuels.

    De quelle option s'agit-il ? Si la première peut sembler raisonnable, la seconde me le paraît beaucoup moins, et je ne pense pas que ce soit ce que vous proposez, je peux développer si besoin.

    Je ne connais pas bien l'enseignement privé, mais j'ai l'impression que ce que vous proposez pour le recrutement est donc exactement ce qui s'y passe - il y a un corps de professeurs du privé et le chef d'établissement recrute dans ce corps en fonction de son projet d'établissement. Cela suppose que ce projet existe, et que le proviseur détermine et conduise la "politique" de l'établissement : c'est effectivement ce que font les proviseurs dans le privé. De manière générale, l'ensemble de vos propositions ressemble pas mal à introduire dans le public les éléments constitutifs du collège/lycée privé (à la question confessionnelle près, mais il faut bien avouer que ce n'est pas ce qui motive la majorité des parents). Liberté pédagogique, rôle du chef d'établissement, autonomie, ambiance de travail... Vous en reprenez les éléments qui marchent, et il est vrai que ce sont des éléments plus proches de ce qu'on peut attendre de l'éducation "normale", de ce dont un enfant paraît avoir besoin pour se construire, personne et savoirs.

    Est-ce qu'on veut ça pour le public ? C'est une question plus délicate qu'il n'y paraît,
    parce que s'il n'y a que la France pour produire pareil mammouth, c'est que ce mammouth traduit des tendances profondes dans la société française.

    Vos propositions sont séduisantes, mais j'espère que vous êtes conscient de ce qu'elles bousculent. Par ailleurs, elles découlent toutes du même principe (que vous appelez une école centrée sur les hommes, les femmes et les enfants) : par exemple, sans liberté pédagogique (que devient alors le bac ? Il faut le repenser), pas de parcours individualisé. Ces deux propositions sont, je crois, particulièrement indiquées au collège où se concentre le gros des futurs "illettrés" (les fameux 10%), le brevet testant justement de larges compétences de base. En revanche, si on veut garder le bac dans ses fondements actuels, le lycée resterait plus proche de sa forme présente, ça ne me paraît pas idiot si le collège change en profondeur. C'est vraiment là, au collège, qu'est le gros des soucis actuels : rapport au savoir, rapport à l'autorité, tout ça se construit aux âges collégiens, marche mal dans le collège unique, est extraordinairement difficile à cerner et je ne me risquerai pas à proposer quoi que ce soit de mon cru - il doit en falloir de l'expérience et du cran pour proposer une réforme du collège.

  • Je m'y lance: clairement, je ne suis pas en phase avec tes propositions. Et je ne crois pas que tu trouveras beaucoup d'enseignants qui seront en phase avec elles.

    Pour une raison toute simple: comme indiqué dans un précédent commentaire, le chef d'établissement n'est qu'un administratif aux ordres d'un rectorat. Tous comme les enseignants sont aux ordres du rectorat. Nous sommes dans le public, pas dans le privé! Et aucun enseignant ne voudra jamais être sous les ordres d'un "intermédiaire", bien souvent moins qualifié qu'eux, et qui aussi hélas bien souvent ne s'est jamais trouvé devant une classe de sa vie (BAC+5 aujourd'hui pour enseigner, c'est délirant, mais c'est ainsi). C'est presque aussi simple que cela...

    Presque aussi simple, mais pas si simple quand même. Car il y a deux types de chefs d'établissement. Il y a ceux qui pensent essentiellement à leurs ordres et à leur carrière, et ceux-là jamais aucun prof ne voudra dépendre d'eux. Et il y a aussi ceux qui avec courage luttent pour la survie et le bon fonctionnement de leur établissement, ceux qui ne sont pas de simples petits soldats à la solde de L. Chatel, mais des vrais chefs d'établissement.

    Bref, si l'enseignement doit être privatisé, qu'il le soit! Mais chercher des demi-mesures ne sert selon moi à rien. Au contraire, ce ne peut qu'être contre-productif.

    Pour ce qui concerne les Conseils d'Administration, là encore je suis en désaccord. Car leur composition ne rime à rien. On y trouve des représentants d'à peu près tout et n'importe quoi. Des représentants de parents d'élèves (c'est assez normal quelque part, quoique ça mériterait d'être discuté), mais aussi des délégués de classe, ... et pourquoi pas leur petite soeur ou petit frère tant qu'on y est!

    Idem pour les conseils de classe. Les enseignants n'ont plus le droit de s'exprimer en "huis clos", bref ils n'ont plus le droit de parler d'un élève, de ses résultats, de son comportement, sans que soient présents au moins un représentant de parents d'élèves et un ou deux délégués de classe... Ils ne peuvent plus parler entre adultes d'enfants qu'en salle des profs, et vu comment certains chefs d'établissement - simplement guidés par le souci de leur carrière - parlent des "ragots" de salle des profs...

    L'Education Nationale est un peu devenue le jeu de la patate chaude, ce qui est normal car les intérêts sont divergents. Le Chef d'Etablissement "moyen" ne songe qu'à progresser (tu l'as écrit 6 ans en moyenne par poste), et pendant ce temps là pas de vagues surtout: les enseignants sont responsables d'un peu tout, des comportements des élèves, que ce soit en salle de classe, ou en dehors lorsqu'il y a exclusion de cours par exemple. Pourtant je peux t'assurer que, sauf cas particulier, ils veulent juste faire leur cours sans que quelques-un perturbent le reste de la classe. Et à part au maximum deux heures de colle (ce qui est mal vu, une heure ça passe mieux...), ils ne peuvent décider d'aucune sanction disciplinaire à l'encontre de certains élèves. Car toutes les sanctions d'ordre supérieur sont réservés... au chef d'établissement (ce que bien entendu les élèves savent, ce qui ne gâche rien à la fête).

    Imagine une entreprise privée dirigée par un administratif qui concentrerait tous les pouvoirs entre ses mains. Cet administratif n'ayant pas (contrairement à un directeur d'entreprise dans le privé) vocation à développer son entreprise, à faire en sorte qu'elle fonctionne, mais simplement à ne pas faire de vagues... Pour sa propre progression et bien entendu sa carrière. Imagine un chef de projet qui n'aurait aucun moyen de décider quoique ce soit sans systématiquement faire un rapport écrit et demander l'aval de son directeur... Bonjour la réactivité. Tu imagines les coups de fil avec les clients: "Ben, euh, désolé, ..., mais je n'ai pas le droit de prendre cette décision mineure, car il faut d'abord que j'en parle à mon directeur". C'est tout le malaise dans l'EN aujourd'hui. Et je crois que c'est essentiellement pour ça que beaucoup ne veulent plus faire enseignants: plus aucune considération, lattés parfois par des parents d'élèves qui mériteraient des stages "psycho", à la solde de chefs d'établissements souvent arrivistes.

    On leur demande BAC+5 pour devenir simples masochistes. Le nombre de candidatures au CAPES n'est pas près de chuter...

  • "Les chefs d'établissement devraient pouvoir recruter jusqu'à 50%..."

    Cela me semble très dangereux! J'ai connu une époque où, dans la grande ville que j'habitais, le plus grand lycée, celui qui avait des classes prépa (à l'époque, il n'y en avait qu'un) était un repère de membres du Parti communiste. Tous les membres de ce parti l'inscrivaient dans leurs voeux, c'était connu! Et pourtant, me direz-vous, à l'époque, les chefs d'établissement n'étaient pas censés choisir leur personnel. Eh bien, justement, qu'est-ce que cela aurait été s'ils avaient pu le choisir! Et qu'est-ce que cela aurait été aussi s'il s'était agi d'une petite ville, et non d'une grande? Car dans une grande ville, les parents peuvent toujours choisir un autre établissement pour leurs enfants. Je parle du Parti communiste, parce qu'à l'époque c'était de lui qu'il s'agissait. Demain ce sera peut-être le FN, ou alors il s'agira de partisans d'un courant pédagogique particulier, que sais-je... Croyez-moi, c'est la diversité (à l'intérieur de certaines normes, bien sûr) qui favorise la liberté.
    Sans doute se trouvera-t-il des personnes pour me dire que dans l'industrie le patron choisit son personnel et que ça marche bien. Je leur répondrai que le domaine de la production matérielle n'est pas celui de la formation humaine. Il est d'ailleurs sans doute beaucoup moins difficile d'apprécier la qualité d'un produit que de juger de la valeur d'un enseignement, la réussite aux examens n'étant pas un critère suffisant.

  • "Les chefs d'établissement devraient pouvoir recruter jusqu'à 50%..."

    Cela me semble très dangereux! J'ai connu une époque où, dans la grande ville que j'habitais, le plus grand lycée, celui qui avait des classes prépa (à l'époque, il n'y en avait qu'un) était un repère de membres du Parti communiste. Tous les membres de ce parti l'inscrivaient dans leurs voeux, c'était connu! Et pourtant, me direz-vous, à l'époque, les chefs d'établissement n'étaient pas censés choisir leur personnel. Eh bien, justement, qu'est-ce que cela aurait été s'ils avaient pu le choisir! Et qu'est-ce que cela aurait été aussi s'il s'était agi d'une petite ville, et non d'une grande? Car dans une grande ville, les parents peuvent toujours choisir un autre établissement pour leurs enfants. Je parle du Parti communiste, parce qu'à l'époque c'était de lui qu'il s'agissait. Demain ce sera peut-être le FN, ou alors il s'agira de partisans d'un courant pédagogique particulier, que sais-je... Croyez-moi, c'est la diversité (à l'intérieur de certaines normes, bien sûr) qui favorise la liberté.
    Sans doute se trouvera-t-il des personnes pour me dire que dans l'industrie le patron choisit son personnel et que ça marche bien. Je leur répondrai que le domaine de la production matérielle n'est pas celui de la formation humaine. Il est d'ailleurs sans doute beaucoup moins difficile d'apprécier la qualité d'un produit que de juger de la valeur d'un enseignement, la réussite aux examens n'étant pas un critère suffisant.

  • @ Monique
    Il ne s'agit pas je pense dans ce cas de faire de la politique, même si vos remarques me semblent justes quant à l'orientation politique du Chef d'Etablissement.

    Il s'agit je crois surtout de ne pas lui octroyer un rôle qui n'est pas le sien - qui ne devrait pas être le sien - dans le Public, sauf à admettre qu'on privatise l'Education Nationale. Auquel cas, le Chef d'Etablissement sera obligé de rendre des comptes régulièrement auprès de ses actionnaires... Ce qui n'existe pas dans le public, hors statistiques maniées et remaniées à volonté.

  • http://www.education.gouv.fr/cid1133/personnels-direction.html

    Contrairement aux idées recues, les chefs d'établissements privés sous contrat ne choisissent pas leurs enseignants, ces enseignants ont une formation similaire à celle du public dispensée dans les memes lieux, mais avec à l'issue un concours nommé différemment afin de constituer un vivier alimentant ces établissements. Les enseignants sont envoyés par le rectorat.
    en fait, ces directeurs d'établissements ne choisissent que leurs personnels administratifs et surveillants.

    Compléments d'infos ici:
    http://www.iufm.education.fr/applis/faq/faq.php

  • Il n'y a pas d'idées reçues Martine. Tout le monde sait très bien que les chefs d'établissement, publics ou sous contrat avec l'Etat, ne choisissent pas leurs enseignants qui sont affectés par le Rectorat.

    L'enseignement secondaire "privé" n'est pas un vrai "privé" au sens tel, dans la mesure où il reste sous contrôle de l'Etat, et ou surtout il reste tributaire des subventions de l'Etat, sans quoi il ne pourrait pas fonctionner.

    Quand je parle de "privatisation" de l'EN, ce n'est bien évidemment pas pour prendre modèle sur ces collèges ou lycées privés qui sont justes un peu moins demandeurs au niveau des finances publiques: parce que certaines familles, pas toutes d'ailleurs, payent pour que leurs enfants ne se retrouvent pas mêlés à la racaille... Autant dire les choses telles qu'elles sont.

    Maintenant, si tout devenait vraiment privé, les familles auraient à payer X fois plus cher...

  • @A.A
    Cas n°1, bien entendu, pour les enseignants.
    @JF et A.A
    Comprenons-nous bien : je veux surtout éviter que le directeur/principal/proviseur pilote à lui tout seul la politique de l'établissement, justement pour éviter l'arbitraire des chefferies.
    Il faut donc une instance, et une instance représentative pour former un contre-pouvoir. Le CA me paraît cette instance, à défaut le Conseil pédagogique, mais l'inconvénient, c'est qu'il est nommé par le chef d'établissement...
    @Monique
    C'est en effet l'un des risques de dérapage. C'est pour cela que le CA pourrait être chargé d'en contrôler la pertinence, comme je le propose dans mon billet.
    @tous
    les chefs d'établissement qui ont été profs sont souvent les pires. Si l'homme est un loup pour l'homme, le prof est un loup pour le prof aussi. Je ne crois pas que cela importe.
    @JF
    Il faudrait sans doute revoir la composition des CA. En effet, je trouve que les élèves n'ont rien à y faire. Surtout dans le cas de figure que j'expose, où on lui donne des pouvoirs de recrutement...

  • Bonjour Martine. Petite précision quant aux "idées reçues" : je faisais justement la différence entre deux façons pour un chef d'établissement de choisir ses enseignants : le recrutement brut et le recrutement sur liste d'agréés par le ministère - je pense que c'est à la seconde option que tout le monde pense ici. Et je crois que c'est ça qui est appliqué : sur le lien IUFM que vous donnez, je trouve :

    "Les CAFEP sont des concours d’accès à des listes d’aptitude aux fonctions d'enseignants dans les établissements privés sous contrat. Les organismes d’enseignement privés recrutent leurs enseignants parmi les candidats figurant sur ces listes. "

    ---

    Je crois que la polarisation du débat qui a lieu dans les commentaires, et à laquelle j'ai participé, montre bien ce qui cloche dans la façon dont on aborde la question quand, comme moi, on n'y a pas réflechi en profondeur : on se polarise immédiatement sur le recrutement des enseignants, et c'est le genre de choses qui a un certain pourcentage de chances de marcher, un autre pourcentage de chances de déclencher des polémiques et des manifs.

    Pour rendre justice aux propositions de l'hérétique, certains des problèmes qu'ils posent peuvent cibler les endroits où se nouent les problèmes. Les "quarante individus", c'est une vraie question à laquelle les réponses possibles sont essentielles, mais très sensibles, parce que l'école est comme un miroir de la société, qui a une profonde influence sur les futurs adultes - les centres spécialisés que vous proposez, cher hérétique, peuvent être une solution, mais ça impose de créer des structures très fines pour que le rapport de l'école à ces individus soit différent du traitement pénal de la délinquance. On a tous connu des cas d'élèves faisant un an dans chaque collège de la ville parce qu'ils étaient renvoyés, d'ailleurs plus souvent "en douce" (on fait mine d'accepter le passage dans la classe supérieure, "mais pas ici") que franchement (par le conseil de discipline) : cette situation d'enlisement atteint parfois des proportions terrifiantes et les "centres" de l'hérétique peuvent apporter de l'air, mais encore une fois, tant de pincettes sont nécessaires...

    La proposition sur les enfants handicapés repose cette question du rapport de la société à ces jeunes, mais là, je crois qu'il n'y a que les spécialistes qui peuvent vraiment se jeter à l'eau, il y a tant de handicaps différents...

    ---

    Cela ayant été dit, une dernière remarque pour céder à ce penchant polarisateur. Le métier d'enseignant est effectivement en train de devenir incroyablement compliqué, et j'aimerais que des gens avec de l'expérience aient des propositions percutantes, réflechies, raisonnables, pour l'accueil dans l'établissement des enseignants.

    La situation actuelle du CAPES et de l'agrégation est dramatique. En maths, on estime actuellement que le gros des recrutés au CAPES de cette année sera fait de recalés des années précédentes, et c'est un secret de polichinelle que jusqu'à un tiers des 300 reçus à l'agreg (souvent le mieux classé) n'enseignera pas aux niveaux pré-bac. Ceux qui le feront seront lâchés sans aucune expérience là où personne ne veut aller et, je parle de mon propre cas, cette situation décourage facilement beaucoup de jeunes qui ont toujours voulu enseigner de tenter même l'expérience. Pour améliorer les choses, il y a deux pistes : changer le système de recrutement et de formation, ce qui est nécessaire, mais aussi voir comment les enseignants fonctionnent dans l'établissement. Comment un jeune de 22-23 ans qui n'aurait pas un caractère en acier fait-il pour être écouté de ses élèves quand les moyens coercitifs (retenue, convocation des parents) sont ignorés de tous ?

    Ce que vous proposez, cher hérétique, pour rétablir l'ambiance de travail, c'est une autorité accrue pour l'établissement. Je crois, mais je n'ai pas non plus de proposition là-dessus (quel brasseur de vent !), que tout ça n'a de sens que si tous les enseignants, et pas seulement ceux qui ont une autorité "naturelle", se voient fournir les moyens d'être respectés écoutés par tous, même si ça ennuie au-delà du premier rang. Ca, ça ne touche pas les cas lourds, ça doit cibler les parents et les enfants.

    Concrètement, par exemple, je n'ai jamais compris pourquoi on niait la légitimité des profs au point d'accepter ce charabia autour des commissions d'appel en fin d'année. Ces pauvres commissions voient défiler parfois tard le soir des hordes de parents convaincus que leur gamin est un génie, alors que le chef d'établissement a déjà confirmé la décision du conseil de classe, et ont quelques minutes pour décider qui des parents ou de l'équipe enseignante a raison sur des questions pédagogiques. En cinquième, pour ne pas surcharger les commissions, c'est même les parents qui ont officiellement le dernier mot ! (en tout cas c'était comme ça il y a une dizaine d'années). Je veux bien qu'il y ait des cas authentiquement litigieux, mais enfin, quand il y a entre cinq et dix appels sur une classe de 25 (cas vécu), l'autorité du prof qui retrouvera ces élèves-là l'année suivante en prend un sacré coup.

  • Bonjour AA,
    Pas de souci, j'avais entendu souhaitais en etre certaine.
    En ce qui concerne la filière privée sous contrat, des changements devraient avoir lieu cette année, ainsi les chefs d'établissements devraient etre amenés à participer, me semble-t-il, au processus de sélection des futurs enseignants lors des examens d'obtention du diplome.

  • @martine
    vous avez des sources précises sur ce changement ?
    @A.A
    La solution, elle est très simple : identifier la source du problème et la neutraliser. On récupère ceux qui pourrissent l'atmosphère des établissements scolaires, on confisque les allocations de rentrée scolaire et on les reverse aux institutions qui seront chargées de gérer ces cas difficiles.

  • @L' hérétique,
    Via un chef d'établissement...Sinon là aussi:
    http://www.cndp.fr/savoirscdi/metier/le-professeur-documentaliste-textes-reglementaires/le-recrutement-du-professeur-documentaliste/modalites-dorganisation-des-epreuves.html
    @+

  • Au cas ou, vous ne cliqueriez pas sur le lien du lien, le dépose
    http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=?cidTexte=JORFTEXT000021625818&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id

Les commentaires sont fermés.