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aristote

  • Réforme du lycée, mon conseil à Descoings

    Avec du retard, je reprends un billet entamé il y a quelque temps sur les réformes du sieur Descoings. Mathieu trouve que je l'ai tâclé injustement parce qu'il s'est rendu à la convocation du Sieur Descoings pour amuser la galerie. Il n'y a rien d'injuste dans ma remarque. Quand on s'imagine que le sieur Descoings est avenant et sympathique, c'est que l'on n'a strictement rien compris à la stratégie de manipulation dont on est la victime. Les réformes du Sieur Descoings masquent une idéologie perverse que ce bon technocrate n'est peut-être pas même conscient de véhiculer, encore que...

    Parce que ce que le Sieur Descoings attend des entrevues qu'il a avec des blogueurs z'influents, c'est justement que l'un d'entre eux titre sur la pertinence d'emmener 50% d'une classe d'âge à la licence et en conclue qu'il faudra forcément ouvrir les bacs généraux pour cela. Voilà ce qu'attend le Sieur Descoings, et voilà ce que lui sert sur un plat Mathieu. Ainsi, il pourra éradiquer la diversité des bacs généraux et aboutir enfin au bac uniformisé et insipide dont il rêve. Un bac pour tous, quoi... Et mon Mathieu de conclure : « le lycée doit-il rester un système élitiste de sélection (dit républicain, ce dont je doute chaque jour un peu plus) ou doit-il être plus ouvert ?». Ben avec une non-question comme celle-là, on n'a même pas besoin de douter de la réponse. On comprend avec le vocabulaire utilisé et ses connotations (élitiste, sélection contre ouvert) que la question est déjà tranchée. Faux questionnement qui élimine d'emblée une autre alternative à laquelle moi, je crois : celle d'un système qui mène de front excellence et remédiation, qui individualise les parcours et cherche l'optimum propre de chaque individu comme une cause finale aristotélicienne. Je lis trop Maria Montessori, moi...

    J'ai quelques idées de réforme tout à fait novatrices à proposer à Descoings et aux réformateurs patentés  :

    - f.... la paix aux profs une bonne fois pour toutes et les laisser s'organiser.

    - ne toucher à rien dans l'immédiat : il faut 15 à 20 ans minimum pour juger de l'efficacité d'une réforme.

    - corollairement, cesser de réformer dans l'urgence chaque fois que l'opinion se saisit d'un fait divers ou qu'une étude statistique est publiée.

    - proposer aux Co-psy d'être en contacts permanents avec les CCI (Chambres de commerce et d'industrie), ce qui serait autrement plus efficace que de les squizzer (moi aussi je peux parler globish...). Ainsi, ils seraient tenus au courant au jour le jour des besoins des bassins économiques et industriels. Ma réforme ne coûte pas un kopeck, ne touche pas au statut des conseillers d'orientation et ne vient pas les faire ch... dans leur pratique professionnelle.

    Au passage, je suggère à Descoings & cie la lecture des passionnants ouvrages de Maria Montessori. On pourrait envisager non un lycée pour tous, mais, au contraire un lycée pour chacun. Un lycée pour chacun, ce ne serait pas un système qui cherche à amener toute une génération à un socle quel qu'il soit, mais, au contraire, qui assure à chacun un développement optimal. Cela passe par une diversification des parcours et des méthodes et en aucun cas par les solutions simplificatrices de Descoings & cie. J'invite sur ce point fortement à lire le billet de Barre Jadis dont j'épouse pour l'essentiel les vues.

    Intéressant, d'ailleurs, d'observer combien l'aristotélisme imprègne à certains égards la pensée de Maria Montessori. J'avais lu l'enfant, j'entame de l'enfant à l'adolescent actuellement. Poursuivant son hypothèse de l'embryon spirituel menant son développement propre, elle étudie dans cet ouvrage trois nouvelles phases du développement de l'enfant. J'en rendrai compte dans un prochain billet. Mais, elle annonce d'emblée la couleur en évoquant le développement de l'individu plutôt que celui d'une masse sociale. Notamment, elle estime que chaque individu possède en soi sa fin propre. J'y vois pour ma part, la cause formelle de chaque individu, idée que l'on trouve énoncée et développée dans la Métaphysique d'Aristote. Maria Montessori y ajoute une dimension éthique et spirituelle.

    J'en finis avec cette disgression pour simplement conclure que l'un des premiers motifs de mon engagement aux côtés de François Bayrou, c'est de partager avec lui ma vision de l'école. Et l'une des raisons qui font que je ne peux plus voir en peinture les Socialistes, c'est ce qu'ils ont fait de l'école, et l'UMP, c'est ce qu'elle veut en faire...

  • Mon libéralisme (Libertas Heretica)

    Je veux réagir dans ce billet aux feux croisés de plusieurs articles dont deux, venus de deux blogs différents, m'appellent à éclaircir mon positionnement politique. Skeptikos, tout d'abord, qui est l'initiateur, à ce qu'il m'a semblé, d'une chaîne sur le libéralisme, et puis également Criticus, lui-même tagué par le Chafouin.

    Je ne vais pas être original, parce qu'après avoir lu le billet Mon libéralisme de mon ami Claudio (Skeptikos), je pense pouvoir dire que je partage en grande partie son point de vue. J'aimerais toutefois ajouter que je suis plus attaché que lui aux libertés "négatives" au sens où Amartya Sen l'entend. Je n'aime pas que l'on m'empêche d'agir et je me défie des lois contraignantes, a fortiori des lois contraignantes pour l'initiative individuelle sous toutes ses formes. A cet égard, l'entrepreneuriat constitue l'une des formes actuelles de l'esprit d'entreprise. Favoriser l'esprit d'entreprise, c'est donner à chacun la possiblité d'exercer sa responsabilité individuelle, et peu importe, au fond, dans quel champ, économique ou non s'exerce cet esprit. J'aime profondément la liberté, et, en ce sens, je suis libéral. Pas libéral seulement parce que je ne veux pas d'entraves à ma volonté de puissance, mais parce que j'aime bien l'adage "aide-toi toi-même, le Ciel t'aidera"...

    Plus généralement, mon libéralisme a une source largement aristotélicienne : il m'a semblé, dans le livre III de son Éthique à Nicomaque, qu'Aristote définissait largement la liberté par rapport à la responsabilité. Contrairement à un Platon ou à un Sartre (horresco referens) la liberté aristotélicienne n'est pas un absolu. Il n'y a pas le "libre" et le "non-libre", mais des degrés de liberté et corollairement de responsabilité.

    A la base de toute action, Aristote identifie des actes volontaires et des actes non-volontaires :

    « On admet d’ordinaire qu’un acte est involontaire quand il est fait sous la contrainte, ou par ignorance. Est fait par contrainte tout ce qui a son principe a hors de nous, c’est-à-dire un principe dans lequel on ne relève aucun concours de l’agent ou du patient si, par exemple, on est emporté quelque part, soit par le vent, soit par des gens qui vous tiennent en leur pouvoir.»

    Mais il n'y a ni vide ni barrière infranchissable entre ces deux catégories d'actes, pour la bonne raison qu'il se trouve dans cet espace toute une gradation d'actes dits mixtes.

    Pour cette raison, je n'exonère jamais entièrement les individus de leurs responsabilités quand ils agissent, et pas seulement les individus mais les peuples également. Aristote, à ce sujet, fait une distinction très subtile entre l'action par ignorance et l'action dans l'ignorance. La voici :

    «Il y a aussi, semble-t-il bien, une différence entre agir par ignorance et accomplir un acte dans l’ignorance : ainsi, l’homme ivre ou l’homme en colère, pense-t-on, agit non par ignorance mais par l’une des causes que nous venons de mentionner bien qu’il ne sache pas ce qu’il fait mais se trouve en état d’ignorance. Ainsi donc, tout homme pervers ignore les choses qu’il doit faire et celles qu’il doit éviter, et c’est cette sorte d’erreur qui engendre chez l’homme l’injustice et le vice en général. Mais on a tort de vouloir appliquer l’expression involontaire à une action dont l’auteur est dans l’ignorance de ce qui lui est avantageux. En effet, ce n’est pas l’ignorance dans le choix délibéré qui est cause du caractère involontaire de l’acte (elle est seulement cause de sa perversité), et ce n’est pas non plus l’ignorance des règles générales de conduite (puisque une ignorance de ce genre attire le blâme) : (ce qui rend l’action involontaire,) c’est l’ignorance des particularités de l’acte, c’est-à-dire de ses circonstances et de son objet, car c’est dans ces cas-là que s’exercent la pitié et l’indulgence, parce que celui qui est dans l’ignorance de quelqu’un de ces facteurs agit involontairement.»

    Comprenons-nous : quand l'ivrogne agit, l'ignorance n'est pas la cause de son action mais son effet. Il est donc bien responsable de ses actes, au moins jusqu'à un certain degré. Je tends à penser qu'Aristote, via son Éthique, est l'un des pères fondateurs du libéralisme, en tout cas, aau moins du libéralisme "négatif".

    Pour que le lecteur comprenne bien les enjeux, je donne les définitions des libertés positive et négative telles que les a définies Isaiah Berlin, que Claudio cite, d'ailleurs :

    - la liberté négative, qui est la possibilité offerte à l'individu d'agir sans être gêné par d'autres. C'est un "espace de non-interférence", c'est une absence de coercition ;

    - la liberté positive, qui est la possibilité pour l'individu d'atteindre le but qu'il poursuit, d'aller jusqu'à la limite de ses satisfactions. L'individu veut être son propre maître, ne dépendre de personne. La liberté est la puissance, la puissance effective d'atteindre des objectifs spécifiques.

    Amartya Sen les lie l'une à l'autre, estimant que l'on ne peut pas penser l'une sans l'autre. Sur l'échelle de la liberté, je dirais que certains les coordonnent dans une parfaite égalité, et d'autres subordonneront davantage l'une à l'autre. Eh bien moi, sur cette échelle, dans cette gradation, je ne renie pas la liberté positive, mais je la subordonne plutôt à la liberté négative que l'inverse. Un tel choix aspire nécessairement la liberté vers le champ de la responsabilité pour une raison simple : si la liberté est l'absence de coercition, alors, une fois toute forme de coercition écartée, l'individu est entièrement responsable de ses actes, y compris de l'existence qu'il se construit. Dans ces conditions, ne pas jouir d'un certain nombre de biens supérieurs au sens où l'entend Sen, ne dépend que de sa volonté propre. Comme je ne suis pas un libéral radical, je ne fais pas porter sur les épaules de chacun la capacité ou l'incapacité à jouir de ces biens supérieurs, mais, dans la gradation qui relie la responsabilité à cette liberté-là, la responsabilité est pour moi première, même si c'est de peu.

    Et voilà pourquoi on me considère, à raison, plutôt comme de centre-droit que de centre-gauche ou même centriste pur et dur. Je pense que la distinction véritable entre le centre-gauche et le centre-droit passer par cette divergence, qui peut se muer, à l'occasion, en une véritable ligne de fracture.

    Je conclus en ajoutant que j'exclus radicalement tout le déterminisme rousseauiste en matière de liberté, et a fortiori les discours sur l'aliénation qui conduisent droit à la sociologie dégoûlinante de bourdieuseries...

    Il me faut trouver quelques individus à qui refiler la patate chaude : pour mémoire, il s'agit d'écrire un billet sur son positionnement politique. Je ne sais pas s'il lira ce billet, mais je serais curieux, par exemple, de connaître le positionnement politique exact d'Abadinte : Girondin ou Montagnard ?. J'ai lu souvent des choses de bon sens chez ce social-démocrate ouvert, entrecoupés d'inexplicables couplets dans la plus pure tradition pré-marxiste, particulièrement dès qu'il évoque la bourse et l'actionnariat.

    Il y en a un autre qui m'intrigue également, c'est Humeurs de Vaches, qui a le mérite de me faire rire, mais dont les billets sont trop peu fréquents à mon goût. L'habitude d'illustrer son propos par une photo de vache me fait bien rire à tous les coups. Politiquement, je pense qu'il n'y a pas beaucoup de différences entre lui et moi, mais cette chaîne pourrait être une occasion de le vérifier.

    Le point de vue de Laura Asma m'intéresse beaucoup également. Ouktiasma est un  blog pour le moins paradoxal : d'un côté, il prône un Islam très traditionnel, et de l'autre, propose une interprétation du Coran très humaniste, avec un positionnement politique d'une très grande modération. Bon, Laura ne doit pas me lire souvent et il faudra sans doute que j'aille sur son blog pour lui dire que je l'ai taguée, mais j'espère qu'elle acceptera de jouer le jeu.

    Alcibiade est un autre objet de perplexité. Si Humeurs de Vaches est à quelques encablures de moi sur ma droite, ce blog collectif est à la même quantité d'encablures mais sur ma gauche. J'entends par là que nous sommes sans doute proches. Je n'ai jamais compris sa participation à Construire en Mouvement qui me paraît clairement à la gauche du MoDem. En dehors de son positionnement sur les thèmes sociétaux, Alcibiade est plus près du centre-droit que du centre, et a fortiori du centre-gauche.

    Enfin, c'est un blog local mais fort fréquenté, très féru de démocratie locale, qui fera l'objet de ma dernière requête : Paris16.info. En espérant obtenir une réponse du maître des lieux, car il n'est pas évident d'obtenir une réponse politique d'un blog dont le positionnement n'est pas d'abord politique. Il n'en reste pas moins que j'y ai lu parfois des prises de positions bien politiques, elles. Voilà qui va nous changer de la blogosphère politique traditionnelle.

    Je ne sais pas ce que mes lecteurs en pensent, mais je trouve mon choix à la fois sympa et atypique, non ?

     

  • Dossier Aristote du magazine littéraire

    Tiens, pour changer un peu de l'atmosphère des municipales, je donne mon avis sur le dossier du magazine littéraire de février 2008 : il porte sur Aristote, et j'avoue, qu'après sa lecture, je suis assez déçu. Il se trouve qu'Aristote n'est pas un philosophe toujours aisé d'accès et que certains aspects de sa pensée nécessitent des éclairages importants.

    Il y avait pourtant une introduction intéressante, de Michel Crubelier, professeur de philosophie ancienne à l'Université de Lille, Si j'entends à peu près clairement le travail de définition donné sur la θεωρία (théoria, contemplation) qui est l'objet de la science pure, et la distinction avec les sciences productrices médecine, technologies diverses) ou encore les sciences pratiques (éthique et politique) toute la partie  politique m'a laissé vraiment sur ma faim.

    et zut, je ne vais pas pouvoir vous dire ce que je pense du reste, parce que mon plus petit a fait pipi par mégarde sur le reste du dossier, et il est donc devenu illisible... :-(

  • François Bayrou expose son modèle de société

    François Bayrou a exposé, jeudi 11 octobre 2007, sa vision du modèle français, un modèle profondément différent du modèle dominant, celui des inégalités croissantes. «Ce dont nous avons besoin, c'est de bâtir à l'intérieur de la globalisation un modèle de justice croissante.» a-t-il affirmé.


    Quel modèle de société?
    François Bayrou 2007

    La Justice universelle ou légale, Ethique à Nicomaque, Livre V, chapitre 3 d'Aristote

    «Nous appelons actions justes toutes celles qui tendent à produire ou à conserver le bonheur avec les éléments qui le composent, pour la communauté politique.»

    Aristote écrit ensuite, dans le même chapitre

    Et c'est pourquoi souvent  on considère la justice comme la plus parfaite des vertus, et ni l'étoile du soir, ni l'étoile du matin ne sont ainsi admirables

    Puis, plus loin, il ajoute : 

    [...] Et elle est vertu complète parce que l'homme en possession de cette vertu est capable d'en user aussi à l'égard des autres et non seulement pour lui-même. [...] 

     

  • Socialisme et liberté pédagogique

    Pierre Frackowiak, est l'un des principaux théoriciens de l'Education au sein du Parti Socialiste.

    Le lire est édifiant...ma réponse aussi !

     

    Même le rapport THELOT, dont certains prétendent qu'il présente des propositions innovantes que les progressistes pourraient soutenir, prône démagogiquement la reconnaissance de cette liberté en l'habillant de quelques oripeaux de l'ordre de la séduction, "le charisme et le rayonnement" qui tiendraient apparemment lieu de compétences professionnelles. On aurait pu espérer que ces notions soient au moins juxtaposées à des compétences professionnelles, à la nécessité d'un minimum de connaissances sur les apprentissages (comment un élève apprend?), sur les capacités intellectuelles nécessaires pour construire des savoirs et des compétences, sur les rapports entre la construction des concepts et le langage, sur la pédagogie… Foin de tout cela. Comme le disait  Luc FERRY avant François FILLON, pour enseigner, il faut des savoirs, du talent pour les transmettre, et, bien évidemment, la liberté.

     Source : http://www.unsa-education.org/sien/sections/lille/libpedPF.htm

    Décidément, pour certains, il leur est impossible de se départir de la sacro-sainte compétence. Non, monsieur Frackowiak, vos  instituteurs idéaux fussent-ils bardés des Mille et une compétences d'Ali Baba et des Quarante pédagogues, rien ne garantira pour autant la qualité de leur enseignement. Quand au questionnement sur la manière dont l'élève apprend, il rentre bien évidemment dans une réflexion plus large de nature philosophique et psychologique. Plus généralement, comment l'individu connaît, voilà la question qu'il faudrait se poser. Et sur ce point, nos vieux philosophes, à commencer par Platon et Aristote, ont raisonné très tôt.

    Vos indignations trahissent bien évidemment vos parti-pris. Par exemple, qui vous dit que l'enfant construit ses concepts ? Chez certains philosophes, on trouve au contraire l'idée qu'il existe des pré-concepts. 

    Par pitié, épargnez-nous vos "compétences" : peu m'importent, moi, vos compétences. Ce qui m'intéresse, c'est le savoir-faire de l'enseignant, généralement acquis après de nombreuses années d'expérience, ainsi que son savoir tout court, afin qu'il n'enseigne pas d'âneries à mes enfants. Au lieu de rêver de rééducation pour enseignants trop portés sur leur liberté pédagogique, vous seriez bien inspiré de confronter les expériences issues du terrain, et non de théoriciens fumeux habitués à justifier leurs émoluments en faisant mentir les chiffres.

    D'autres questions de fond ne sont pas non plus vraiment traitées à gauche : le problème du collège qui souffre toujours de l'erreur historique d'en avoir fait le «petit lycée» plutôt qu'une partie de l'école fondamentale de 3 à 16 ans ; le problème des pratiques pédagogiques toujours occulté par le développement du cercle macabre «évaluation ­remédiation», qui ne remet jamais en cause ce qui se passe réellement dans la classe en amont ; le problème des contenus et du sens des programmes scolaires toujours massivement orientés par la sédimentation de connaissances sans se préoccuper du développement de l'intelligence, de l'esprit d'initiative, de la stratégie, de l'apprentissage de la responsabilité et du vivre ensemble ; le problème des missions des profs, avant celle de leurs horaires, de la continuité et de la transversalité des enseignements...

    Source : http://www.liberation.fr/rebonds/222856.FR.php 

    Cercle macabre ? Voulez-vous dire que les évaluations actuelles ne veulent pas s'adapter à vos théories ? Nous serions nombreux à applaudir à vos idées et à vos théories si elles produisaient quelque chose. Malheureusement, elles sont guidées non par le pragmatisme mais par l'idéologie et font figure de doxa sociologique pour le Parti Socialiste. La seule chose qui me paraît macabre, moi, c'est la dégringolade du niveau de langue dans la population estudiantine au point que les Grandes Ecoles prévoient désormais des cours d'orthographe. Peut-être est-ce bien sûr que l'orthographe est la discipline des imbéciles ? de la sédimentation des connaissances ? peut-être n'a-t-elle pas de «contenu» ? On comprend à votre discours que vous dissociez connaissance et intelligence, et que votre préoccupation première c'est de faire de l'école un lieu de vie de «vivre ensemble» comme vous dites.

    Pour moi qui suis un vieux débris conservateur réactionnaire et rétrograde, j'attends de l'école qu'elle instruise, cultive et intéresse l'enfant. Mais comme je ne crois pas aux choses transcendantes, j'ose imaginer que tout cela ne se produit pas par l'opération du Saint-Esprit. L'intérêt d'un enfant est, et je le concède à Monsieur Frackowiak, certainement natif chez l'enfant, mais il l'est en puissance, et non en acte, pour reprendre une terminologie aristotélicienne. Tout l'effort du maître (et l'on parle bien du magister et pas du dominus, contrairement à ce que tendent à faire accroire les pédagogistes de tout poil) c'est justement de faire passer la curiosité intellectuelle de la puissance à l'acte.

    Le citoyen cultivé, c'est au final l'entéléchie de l'enfant : l'entéléchie est le processus qui mène de la puissance à l'acte et de l'acte à son plus haut degré d'achèvement. En somme l'entéléchie c'est l'acte accompli par opposition à l'acte en train de se faire. Or, vous faites de l'acte en train de se faire une finalité en soi, avec vos compétences, votre continuité et votre transversalité, Monsieur Frackowiak.

    En somme finissez-en avec ce désir irrépressible de vouloir donner des leçons à tous et spécialement aux enseignants qui savent ce qu'ils ont à faire. Epargnez-leur le mépris avec lequel vous les considérez en supposant a priori que tout enseignant méconnaît les finalités de ce qu'il enseigne et de toute façon n'éprouve nullement l'envie d'y réfléchir.

    Il est vrai que le raisonnement inductif relève du TOC (Trouble Obsessionnel du Comportement) chez vos semblables. Tout existe a priori, et donc nul besoin d'énoncer le général puisqu'on y remontera toujours à partir du particulier...

    Ainsi s'il s'avérait qu'un enseignant devait être incompétent, nul doute que tous les enseignants seraient fatalement des incompétents. Nos Euthydème nos Dionysodore , tout persuadés que tout est en dans tout, se complaisent dans une éristique moderne de mauvais aloi qui leur permet toutes les audaces...