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Rien à faire, je suis catholique

Rien à faire : c'est désespérant. Quelle que soit la direction dans laquelle je me tourne, je réalise que mes valeurs sont profondément catholiques. En fait, il ne me manque que la foi. Je sais, c'est ennuyeux de ne pas croire pour un catholique. En fait, je ne revendique pas le cahtolicisme, mais je le constate chaque fois que l'on m'interroge sur mes valeurs.

Jésus de Nazareth représente pour moi un idéal de perfection humaine. Interrogé sur l'existence du Bien et du Mal, je vois dans le Mal avant tout une perversion du Bien.

C'est toujours ainsi que j'ai compris la Morte Amoureuse de Théophile Gautier. Clarimonde est une tentation absolue pour Romuald : celle de remplacer l'amour universel, καθολικός, par un amour non moins absolu parce que passionnel, celui d'une femme. Une femme qui a besoin de sang pour survivre, et qui s'avère donc aux yeux de Séraphin, le conseiller spirituel de Romuald, une créature démoniaque aux ordres du Malin, venue pour faire chuter le jeune prêtre. Mais quelle ambiguïté terrible dans la relation qui unit le prêtre et cette femme-vampire : qui interdit que l'amour de la belle pour le jeune homme ne soit sincère ? Sincère ? Oui, mais véritable ou non, toute passion, éphémère qu'elle est, n'est-elle pas la trahison d'un idéal supérieur ? N'est-ce pas, finalement, un désir d'anéantissement plutôt qu'une élévation ? Et pourtant, comme il est tentant, presqu'irrésistible, ce désir ! j'ai beau revendiquer ma communauté de valeurs avec le catholicisme, j'aurais choisi Clarimonde.

Tous les prêtres devraient lire cette nouvelle de Théophile Gautier, le jour de leur ordination, pour éprouver leur foi.

Et si l'on me demande ce qu'est le Bien, à mes yeux, c'est l'amour inconditionnel de tous, sans préférences, sans condition, y compris du dernier des criminels fût-il le plus odieux et le plus sadique.

Ainsi, je comprends la chasteté du prêtre ou d'un chevalier en quête du Graal par la nécessité de ne pas donner son amour à un seul individu mais à tous. Tomber amoureux, fatalement, c'est verser dans un amour exclusif. Un prêtre ne peut donc vivre avec une femme sans entamer la substance de son action.

Comme beaucoup de catholiques de droite, je regarde d'un oeil fasciné et tenté le Mal. Non le démon odieux, la Bête, mais plutôt le mélange. La force du Diable, c'est la perversion, c'est de parvenir à mélanger Mal et Bien, puis, au fil du temps, progressivement modifier les proportions de l'un et de l'autre.

Non, une fois encore, ce qui cloche (sans jeu de mot), c'est qu'en dépit de la proximité des mes convictions avec les Catholiques (particulièrement les Catholiques de droite, les cathos de gauche m'énervent à vouloir faire des leçons au reste du monde), j'ai un gros problème : pas de foi. La conviction intime qu'il n'existe aucune forme d'être supérieur, ni paradis ni enfer ni même d'âme, mais de la matière et encore de la matière. Tout juste puis-je admettre des atomes subtils à la manière d'un Lucrèce pour expliquer les phénomènes psychiques. Et encore...

Bref, je suis à la croisée de chemins antinomiques : la matérialisme épicurien d'un côté, la spiritualité catholique de l'autre. Et j'essaie d'avancer en combinant ces tiraillements...

 

Commentaires

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    Tu es sur le chemin de la conversion, mon fils l'Hérétique...

    Je vais prier Saint Bayrou pour ton âme.
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  • Intéressant problème...Cela dit, contenant les mêmes valeurs et la même priorité au sujet de l'amour inconditionnel, il n'y a pas que les catholiques. Du coté du protestantisme, au sens large, il y a des options moins cléricales que dans le catholicisme, mais tout autant spirituelles...

  • Chrétienté tu aurais dû dire.

  • "Et si l'on me demande ce qu'est le Bien, à mes yeux, c'est l'amour inconditionnel de tous, sans préférences, sans condition, y compris du dernier des criminels fût-il le plus odieux et le plus sadique."

    Tu n'as plus qu'à hypostasier ce Bien, puis à le mettre en relation avec la personne du Christ, et tu y seras. En gros.

  • "aimer tout le monde", ça contredit vos propos sur le nationalisme et le protectionnisme dsl.

  • Les catholiques croient toujours qu'ils sont les seuls chrétiens ! (-;

  • @Sir
    quels propos ? Sinon, en effet, oui, je le sais, c'est pour cela que je suis plutôt catho de droite...

  • @Romain
    Ah ? Ce ne sont pas les seuls ? :-) le reste, ahem, c'est de l'hérésie, non ?

  • @Christian
    Oui, j'avais bien fait le lien, mais pour l'hypostasie, il me manque la dimension métaphysique et spirituelle...
    @Sir
    Non non. C'est bien du cahtolicisme que je parle. Il y a des nuances importantes dans la perception du mal chez les Protestants, a fortiori chez les Orthodoxes, dont le christianisme a une coloration plus "païenne"...

  • @joruri
    c'est vrai, mais le vision du mal côté protestantisme n'a que peu ou pas de dimension mystique.

  • A quete d'harmonie l' hérétique?
    Bah...Il eut mieux valu relire Diderot.
    Ses Lettres à Sophie Volland viennent d'etre ré-éditées, cela nous changera de la Princesse de Clèves^^^

  • @Martine
    Non, pas une quête d'harmonie. Un constat que je me fais souvent, tout simplement.

  • catho de droite, c'est-à-dire ?

    pour les propos, ben quand vous encouragez le protectionnismes, les taxes sur les produits importés,etc... et quand vous dites que les pratiques de wikio sont justifiables parce qu'elles profitent à une entreprise française.

  • "Ainsi, je comprends la chasteté du prêtre ou d'un chevalier en quête du Graal par la nécessité de ne pas donner son amour à un seul individu mais à tous. Tomber amoureux, fatalement, c'est verser dans un amour exclusif. Un prêtre ne peut donc vivre avec une femme sans entamer la substance de son action."

    J'ai jamais compris comment on pouvait dire cela. Il existe plusieurs formes d'amour. Tomber amoureux de quelqu'un ce n'est pas en donner moins aux autres. Et au contraire je connais des centaines de personnes qui sont mariés et qui sont capables de donner bien plus qu'un certains nombre de prêtres catholiques

  • Mais qu'y a-t-il de plus démuni qu'un peintre sans pinceau, un maçon sans truelle, un poète sans mots, un catholique sans Dieu ? hmmm?

  • AH! mais j'avais toujours cru que vous étiez catholique!

    "Oui, mais véritable ou non, toute passion, éphémère qu'elle est, n'est-elle pas la trahison d'un idéal supérieur ?" ben oui, c'est là tout le problème: sachant l'intensité de l'idéal inférieur, garder son énergie pour atteindre l'idéal supérieur! Pour celui qui a la foi, celui qui a goûté une seule fois à une seule miette de l'idéal supérieur, franchement, l'idéal inférieur ne fait plus débat: si merveilleux soit-il, le seul fait qu'il éloigne de l'idéal supérieur fait de lui un idéal démoniaque.

  • pour avoir la foi, il faut recevoir l'Esprit Saint. (enfin, pour avoir la foi catholique).
    Et pour le recevoir, il faut et il suffit de le demander. (c'est dans l'Evangile: Luc 11,9-13).
    J'en ai fait l'expérience au moment où je devenais athée: j'ai demandé, et j'ai reçu exactement ce que j'avais demandé! (bon, 4 ans plus tard, ...et je parle pas des conditions).
    Avec sincérité. Librement, aussi.

  • @Suzanne et @do
    Oui, je le sais bien. Mais justement, avoir la foi est une grâce au sens théologique du terme. La foi est à la fois une certitude de l'existence de Dieu et une confiance inébranlable en son amitié.
    Il me faudrait au moins la première pour être assuré de la seconde.
    @Hermès
    Oui, il existe plusieurs formes d'amour. Mais la passion va à l'encontre de l'amour universel.
    @Sir
    Je me demande si vous savez vraiment ce qu'on appelle le protectionnisme en économie...

  • "Mais la passion va à l'encontre de l'amour universel."

    peut tu définir le mot passion, car j'y vois plusieurs sens

  • @Hermès
    Eh bien je dirais que c'est une émotion envahissante et très puissante.

  • Eh bien l'hérétique, tout va bien pour vous ! Continuez à être ce que vous êtes dans ce que vous faites. Cordialement,

  • Bonjour,
    l'hérétique croit qu'il ne croit pas, ou ne croit pas qu'il croit, c'est selon.
    Juste un petit résume de mes pensées que j'avais écrit après avoir lu plusieurs livres scientifiques sur les origines de l'univers et de la vie, si cela peut faire avancer votre réflexion.
    Pour que les choses soient claires, je ne suis pas catholique, je dirais que je suis agnostique à tendance théiste. Bon voilà pour moi l'état des lieux sur la question:

    1) Tout au long de la chaîne d'évolution de l'univers, à chaque étape, et il y en a eu des milliards,les propriétés émergentes de chaque nouveau niveau, ont permis une complexification organisationnelle, permettant, à son tour, l'apparition de nouvelles propriétés émergentes, et ce, jusqu'à aujourd'hui, jusqu'à l'être humain. Aucun de ces milliards de niveaux n'a été une fin. On pourrait logiquement se dire que sur ces milliards d'étapes, au moins l'une d'elle aurait du être une fin, un niveau qui ne crée pas de propriétés émergentes permettant de continuer l'évolution. Et bien non, ce n'est pas ce qui s'est passé. A chaque fois, le dosage des paramètres a été assez précis, car il a du l'être à de nombreux niveaux, pour que les propriétés émergentes soient un nouveau départ vers le niveau suivant.

    En final, d'un point de vu purement rationnel, croire comme certains que tout cela relève du pur est simple hasard est totalement inconcevable. On peut aller jusqu'à dire que croire que tous ces paramètres ont été définis par hasard, que toutes ces étapes ont été franchies par hasard relève de l'irrationalisme le plus pur.

    D'un point de vu purement scientifique, même si de nombreux faits vont à l'encontre d'un univers dirigé par le seul hasard, on ne peux pas dire que notre monde n'est pas du au simple hasard, puisqu'on ne peut pas le prouver. Par contre, tenir pour certain que l'univers est dirigé par le seul hasard est illogique et totalement irrationnel.
    Et pourtant, c'est ce que profèrent des esprits qui se disent hautement rationalistes.

    2) Paradoxe de l'apparition de la vie sur terre et de son évolution.
    La vie ne peut se concevoir qu'au travers de l'évolution, hors, l'évolution ne peut se concevoir que par une transmission à la génération suivante des caractéristiques des parents, évolution et hérédité sont deux concepts étroitement liés. Autrement dit, la vie n'a pu émerger et évoluer que grâce à la transmission héréditaire de la complexification des molécules biologiques. Hors, ce processus de transmission s'appuie sur la molécule biologique la plus complexe, l'ADN. Sans ADN, pas de transmission de caractères hérités, donc, pas d'évolution, donc, pas de vie.

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