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L'absurde management de France Telecom

Je viens de prendre connaissance de la manière dont France Telecom gère la carrière de ses cadres grâce à un article du Parisien. Mutation forcée tous les trois ans. Je commence à comprendre pourquoi c'est le bordell, là-bas, quand on essaie de faire appel aux différents services.

Il y a un truc de base que France Telecom (mais ce n'est dans doute pas la seule entreprise dans ce cas) semble tout à fait ignorer : je n'en connais pas le terme technique, mais moi, je l'appelle "mémoire de l'entreprise". L'esprit d'une entreprise se constitue en partie par l'image qu'elle renvoie, en externe, mais aussi, par les souvenirs qu'en ont ceux qui y travaillent et par la somme d'information qu'ils détiennent. Une gestion intelligente de cette mémoire diverse et divisée, c'est de faire en sorte qu'elle soit efficiente là où est affectée. Ainsi, dans chaque service, quelques personnes établies peuvent apporter un soutien précieux aux débutants ou débloquer une situation grippée grâce à l'expérience et aux connaissances accumulées. C'est particulièrement le rôle des cadres. Ceci ne signifie pas qu'il faut les laisser à vie dans leur poste, car le danger qui guette, alors, c'est l'ennui (mais pas nécessairement la routine), mais qu'il faut au moins leur laisser le temps de constituer cette mémoire efficace et bien considérer l'impact d'un changement de poste, comparable à un effacement de données sur un disque dur, ou du moins, à une réallocation complètement ubuesque.

Et ce qui me frappe, dans tous les cas de suicide qui se sont produits à France Telecom, c'est justement l'écart grandissant entre  les compétences des cadres mutés et ce qui en était attendu dans un métier parfois complètement différent.

Pour finir, tout n'est pas non plus à jeter dans les méthodes de France Telecom : l'entreprise a parallèlement une gestion de l'intéressement plutôt généreuse, mais l'argent ne peut être le seul moteur d'une organisation efficace. Olivier Barberot, le Directeur des ressources humaines du groupe, a du pain sur la planche, je crois...Il veut former les 20 000 managers du groupe, paraît-il : et si France Telecom lui assignait un "objectif sur le plateau" ?

Cela dit, sans vouloir soulever à nouveau un lièvre, je me demande parfois dans quelle mesure l'application des 35 heures dans les entreprises n'a pas généré un surcroît de travail et surtout de demande de productivité. Je relisais le compte-rendu d'une table ronde à laquelle Olivier Barberot avait justement participé en 2001, alors qu'il était DRH de Thomson et voici ce qu'il disait :

Nous avons cinq centres de recherche dans le monde, les deux plus importants sont situés à Rennes, où les chercheurs sont aux 35 heures, et à Indianapolis, où l'on travaille 40 heures. Donc, un chercheur français doit produire plus et plus vite qu'un chercheur américain. Il y arrive souvent. C'est dire l'exigence posée par les 35 heures. Il en va de même dans nos usines, l'une étant située en Pologne et l'autre à Angers.

Je ne cherche pas à faire porter le chapeau aux 35 heures dans ces cas de suicide (le déplacement triennal est une aberration) mais je trouve ce propos, datant de 2001, symptômatique. On a pris alors l'habitude de pressuriser les cadres au-delà de ce que permettait le sens commun. Au passage, Barberot observait lors de cette même table ronde, contrairement à une idée reçue, que le dialogue social existait en France et que les conflits sociaux étaient bien plus durs aux USA.

 

 

Commentaires

  • Il serait très intéressant de comparer aussi le taux de suicide chez FT avec le taux de suicide chez Microsoft, BASF ou IBM (ou des boîtes de même taille, mais qui ne sont jamais passées par la case "Public").

    Là, on pourrait voir s'il s'agit purement d'un problème de management, ou d'un problème de mentalité, ou des deux. Et accessoirement, on pourrait aussi comparer avec les taux de suicide de la population en général.

    Mais en tout cas, je te remercie d'apporter quelques éléments de réflexion autres qu'une seule et même vision monochromatique (le management il est tout pourri à FT et c'est la fôtaLombard) qu'on peut lire ailleurs.

  • Remarques, l'Etat fait la même chose avec les préfets ...

  • @ h16
    Oui, il faudrait trouver des références.
    @ Claudio
    oui, la fameuse politique du chiffre. Enfin, ils n'ont pas l'air d'être trop stressés, j'ai l'impression...

  • @L' hérétique,
    J'ai beaucoup, beaucoup à dire à ce sujet...
    Mais pas sur le web, dsl.
    @+

  • On ne parle jamais de l'intérêt du travail.
    Je trouve que l'on a plus de mérite de travailler peu pour un travail pas intéressant que de travailler beaucoup pour un travail intéressant.

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