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Politique - Page 64

  • 22 avril 2012, au soir...

    Il y a un jeu amusant, au sein de la blogosphère politique, en ce moment, qui consiste à faire de premiers pronostics à l'issue du premier tour de l'élection présidentielle de 2012. Nicolas m'a lancé un gage, je vais évidemment le relever.

    Je pense sincèrement que Nicolas Sarkozy est grillé pour 2012. Il peut réaliser un score correct au soir du premier tour, mais il ne pourra mobiliser davantage car les cordes sur lesquelles il compte habituellement sont usées, notamment la sécurité. En 2007, il pouvait prétendre avoir renforcé les effectifs de police et avoir géré la révolte des cités, en 2012, ce ne sera nullement le cas, puisqu'il n'a cessé d'avaliser les réductions des effectifs des forces de l'ordre. A côté de cela, il aura eu à endosser des réformes devenues nécessaires et inévitables, les retraites n'étant que l'iceberg émergé de ce qui l'attend...

    Avec un bon candidat, le PS devrait pouvoir devancer l'UMP. Je ne suis pas convaincu que DSK soit le meilleur sur la durée, même s'il est le plus populaire pour l'instant. C'est un bon orateur, et il est malin, mais il va susciter des oppositions sur sa gauche, et je pense que la droite fourbit ses armes contre sa candidature. En outre, il portera la croix d'avoir été adoubé par Nicolas Sarkozy auquel il doit partiellement son poste. Martine Aubry est sans doute moins consensuelle, mais elle aura l'appui de toute la gauche et de l'appareil du parti dans son intégralité ; en outre, c'est une femme qui a la carrure d'une présidente, une femme d'État, et, si elle ne fait pas d'erreurs, elle restera plus populaire que Sarkozy.

    Je crains fort que le troisième homme soit une femme : Marine Le pen. Elle est moins bonne oratrice que son père et n'a pas comme lui l'art de l'outrance, mais elle pose des questions qui fâchent, et la diabolisation ne marchera pas contre elle. Plus présentable que Jean-Marie Le Pen, elle pourrait séduire une partie de l'électorat UMP.

    On surestime à mon avis Éva Joly. C'est une monomaniaque, et le jour où il va falloir évoquer la France et les Français dans toute leur amplitude, sa vacuité apparaîtra au grand jour et elle décevra les bobos et les cadres dont elle a pour l'instant les intentions de vote.

    Je ne sais quoi penser de Bayrou. C'est évidemment mon candidat préféré, et de loin, mais je crains qu'il ne soit au moins aussi grillé que Ségolène Royal, même s'il a mis un peu plus de temps qu'elle à l'être. C'est triste, car c'est le plus honnête, le plus indépendant et celui qui a le plus de fond. Le seul aussi à apporter de vraies réponses aux défis qui attendent la France. Hélas, ce n'est pas suffisant, et il paie très cher d'avoir voulu créer à tout prix un courant démocrate en France. Les socio-libéraux du PS n'étaient pas prêts à s'y joindre ; en revanche, en acceptant du bout des lèvres des accords électoraux avec l'UMP dont le seul gage aurait été le vote du budget annuel, il pouvait mener la vie dure à Nicolas Sarkozy et apparaître ensuite comme une alternative crédible au centre et à la droite.

    Je me défie un peu de Villepin. Avant d'être piégé par Sarkozy, il était prêt au compromis avec lui. Accessoirement, sur l'affaire Clearstream, il a au minimum laissé faire, ce qui en dit long sur son éthique en politique. Rien ne dit qu'il n'y aura pas un revirement de sa part. Je crois que son but est de se faire une place au sein de l'UMP et d'y supplanter si possible Sarkozy. C'est ce que l'UMP pourrait espérer de mieux, car je pense que comme homme d'État, contrairement à Sarkozy, il a une vraie carrure.

    On a toujours surestimé la gauche de la gauche et notamment le facteur. Besancenot ne se présentera peut-être pas, et, sans lui, le NPA ne sera pas crédible. Je pense aussi que son électorat est facilement poreux avec celui du FN. Il est à mon avis largement surestimé. Heureux s'il obtient ne serait-ce que 5%.

    Mélenchon pourrait surprendre, et même faire un joli score, surtout si DSK représente le PS.

    Pronostiquer des scores, c'est très coton. Tellement de choses peuvent se passer...Je vois probablement Sarkozy et DSK aux alentours de 25% chacun. Marine Le pen pourrait atteindre les 15%.

    Après, c'est difficile : ils seront sans doute plusieurs à se côtoyer entre 5 et 7% : Villepin, Joly, Mélenchon et Bayrou, peut-être le facteur s'il est là.

    Le seul espoir que j'ai, c'est que les Français réalisent que Bayrou avait pressenti tous les problèmes qui se posent aujourd'hui à la France, pressenti également ce que serait les cinq années de pouvoir sarkozyste. Si une telle chose se produisait, alors, bien évidemment, Bayrou pourrait espérer rééditer une belle performance. En politique, tout peut se produire et il ne faut jamais vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué.

    Il ne me reste plus qu'à taguer quelques blogueurs. Rubin, s'il me lit encore, Hashtable, mon affreux libéral préféré, Rimbus qui me prend pour un sensible parce que je suis hostile à la mise à mort des taureaux dans les arènes, AsTeR dont le caractère sulfureux est savoureux, et puis Vincent qui se fait rare et Nicolas et son troupeau de vaches dont les qualités de prospection vont en la circonstance pouvoir faire fureur.

    Oh, là ! Que des hommes ? Que nenni ! Si le Merle Moqueur et Olympe me font l'honneur de relever le gant à leur tour...

     

  • La vieille éthique a encore frappé...

    C'est plus fort que moi : ce surnom venu directement du plus haut sommet des Verts m'amuse :-) Plus sérieusement, ce n'est pas mon habitude de soutenir Delanoë, mais, pour une fois, je suis d'accord avec sa manière de voir les choses. 

    Dans l'affaire des emplois fictifs de la ville de Paris et du RPR, il a cherché à récupérer les fonds engagés par la Ville de Paris, et il y est parvenu. Moi, je trouve que c'est bien joué de sa part, et très raisonnable. Delanoë cherche à obtenir réparation, Éva Joly la tête de Chirac. Je n'aime pas trop cette idée de la justice, même si elle a fait la force la Norvégienne dans sa lutte contre la corruption financière.

    Delanoë souligne justement que ce n'est pas son job d'endosser le rôle de l'Inquisiteur. Nous sommes encore en démocratie, dans notre pays, que je sache, et c'est encore le droit d'une partie, dans un procès, de renoncer à sa plainte quand un compromis satisfaisant est trouvé.

    J'ai toujours aimé dans la justice, l'idée qu'elle était autant corrective que répressive, et davantage au service des individus que des grands principes. Au chapitre 7 du cinquième livre de son Éthique à Nicomaque, Aristote développe une conception du juge qui en fait avant tout le tiers entre deux parties.

    Aller devant le juge c’est aller devant la justice, car le juge tend à être comme une justice vivante ; et on cherche dans un juge un moyen terme (dans certains pays on appelle les juges des médiateurs), dans la pensée qu’en obtenant ce qui est moyen on obtiendra ce qui est juste. Ainsi le juste est une sorte de moyen, s’il est vrai que le juge l’est aussi.

    Je suppose que je n'étonnerai pas mes lecteurs habituels en leur révélant que idée est reprise par de nombreux économistes libéraux...

    La volonté de purifier est une obsession chez Éva Joly. L'établissement de la loi devrait un objectif en soi et non une sorte de catharsis qui pourrait vite virer à la Terreur en version Robespierre. J'avoue que je fais partie des déçus du personnage. J'avais, comme tant d'autres, idéalisé le personnage.

    Éva Joly a pris la grosse tête : elle a trouvé très astucieux de se vanter d'avoir mis DSK en examen. Après avoir salué l'homme d'action qu'était Bayrou, elle a par la suite repris le leitmotiv de l'UMP et du PS lors de l'élection présidentielle pour expliquer qu'il n'avait pas de programme. Elle apprend sans doute vite en politique. Et désapprend non moins vite côté éthique...

  • Opinion Way et les Roms

    Amusant le sondage d'Opinion Way sur la politique de sécurité menée par le gouvernement, notamment vis-à-vis des Roms. Les questions posées sont les suivantes :

    êtes-vous favorable au démantèlement de certains camps de Roms ? Pour ce qui me concerne, certains, oui, quand ils posent de vrais problèmes.

    êtes-vous favorables à l'expulsion de Roms sans papiers vers la Roumanie ? En fait, je m'en fous qu'ils soient Roms ou non. S'il ne s'agissait pas de citoyens européens, je dirais simplement que je suis favorable à l'expulsion de sans-papiers, sauf cas particuliers bien sûr,  mais en la circonstance, les dits Roms sont membres de l'Union européenne et leur expulsion est donc foncièrement illégale.

    Opinion way conclue que les Français soutiennent la politique de sécurité menée par Sarkozy. Ah ben non, pas du tout, pour ce qui me concerne. Et encore moins ses petits calculs indignes pour faire porter le chapeau de son inefficience aux Roms.

    Évidemment, si l'on me demande si des personnalités de gauche seraient plus efficaces, je ne le pense en aucune manière. Mais je concède qu'elles ne supprimeraient sans doute pas des postes de gendarmes et de policiers, elles, au moins. A vrai dire, je tends à penser que d'autres personnalités de droite seraient aussi sans doute plus efficaces que Sarkozy. Pour être clair, je crois la droite plus crédible que la gauche sur le sujet. Mais pas Sarkozy ni son gouvernement...

    Et pour conclure, c 'est en Bayrou que j'ai le plus confiance pour mener une politique de sécurité digne de ce nom, évidemment...

  • Plaidoyer pour l'individu

    Ce n'est pas en noyant dans l'uniformité tout ce qu'il y a d'individuel chez les hommes, mais en le cultivant et en le développant dans les limites imposées par les droits et les intérêts d'autrui, qu'ils deviennent un noble et bel objet de contemplation; et de même que l’œuvre prend le caractère de son auteur, de même la vie humaine devient riche, diversifiée, animée, apte à nourrir plus abondamment les nobles pen­sées et les sentiments élevés ; elle renforce le lien entre les individus et l'espèce, en accrois­sant infiniment la valeur de leur appartenance a celle-ci.

    À mesure que se développe son individualité, chacun acquiert plus de valeur à ses propres yeux et devient par conséquent mieux à même d'en acquérir davantage aux yeux des autres. On atteint alors à une plus grande plénitude dans son existence, et lorsqu'il y a davantage de vie dans les unités, il y en a également davantage dans la masse qu'elles composent.

    On ne peut pas se dispenser de comprimer les spécimens les plus vigou­reux de la nature humaine autant que nécessaire pour les empêcher d'empiéter sur les droits des autres ; mais a cela, on trouve ample compensation, même du point de vue du développement humain. Les moyens de développement que l'individu perd par l'interdiction de satisfaire des penchants nuisibles aux autres s'obtiennent surtout aux dépens du développement d'autrui. Et lui-même y trouve une compensation, car la contrainte imposée à son égoïsme autorise du même coup le meilleur développement possible de l'aspect social de sa nature. Être astreint pour le bien des autres aux strictes règles de la justice développe les sentiments et les facultés qui ont pour objet le bien des autres.

    Mais d'être ainsi contraint par le seul déplaisir des autres à ne pas commettre d'actions susceptibles de leur nuire ne développe par ailleurs rien de bon, sinon une force de caractère qui se manifestera peut-être par une résistance à la contrainte. Si l'on se soumet, c'est une contrainte qui émousse et ternit le caractère. Pour donner une chance équitable à la nature de chacun, il faut que différentes per­son­nes puissent mener différents genres de vie.

    Merci, JSM, pour ce magnifique témoignage, auquel je n'ai rien à redire... (Liberté, III)

  • L'étrange destin de François Bayrou

    Orange Sanguine a repris au début du mois un article de Sud-Ouest qui retraçait brièvement une part de l'enfance de François Bayrou.

    La diversité des parcours est toujours étonnante au sein d'une même famille. J'ignorais totalement qu'un des oncles de Bayrou, un frère de son père, avait été polytechnicien, ou qu'une de ses tantes, jeune soeur de son père, avait été médecin. Un autre a été mécanicien, tandis que Calixte, le père de Bayrou est un autodidacte agriculteur.

    Aujourd'hui, il n'y aurait pas photo : un père autodidacte, un oncle mécanicien, ce serait le déclassement social et l'éclatement de la famille, le polytechnicien ne supportant de cohabiter avec un mécanicien et un agriculteur, ce dernier fût-il lettré.

    Mais j'imagine qu'il y a 50 ans, c'était quelque chose de possible. On a l'illusion que les barrière sociales ont sauté aujourd'hui, que tout un chacun devient accessible, et en fait, je crois, bien au contraire, qu'elles n'ont jamais été aussi fortes, parce qu'elles sont inconsciemment intériorisées. C'est même bien pire que cela : les classes sociales vivent dans des mondes séparés avec l'illusion d'évoluer dans le même monde, alors qu'il n'en est rien.

    Quand je me représente les repas de famille des Bayrou avec chacun leur livre à table, je repense à ma propre grand-mère. Mes grands-parents, du côté de mon père, étaient de tout petits propriétaires. Pas d'élevage de chevaux, mais quelques vaches, des cochons, et tout de même un cheval de trait. Ma grand-mère et ma grande-tante avaient du toutes deux s'arrêter au certificat d'études. Elles réussissaient bien l'une et l'autre à l'école (elles ont d'ailleurs toujours eu un style et une orthographe impeccables), auraient voulu continuer, mais il n'y avait pas d'argent à la maison pour cela, et mon arrière grand-père ne voulait pas qu'une soeur ou qu'un frère fût plus favorisé qu'un ou qu'une autre. Personne n'alla donc au-delà du Certificat d'études primaires. Mais de ce regret amer, ma grand-mère et ma grande-tante conservèrent une admiration et un goût pour les livres et la culture qu'ils transmirent à une large partie de leur descendance.

    Il y avait donc chez mes grands-parents et ma grande-tante des livres, achetés souvent à la sueur de leur front, et il en fallait pour ramasser les bottes de paille, les charger sur la charrue puis les hisser au grenier.

    Dans mon enfance, au temps où je concevais sans la moindre hésitation l'existence éternelle de Jésus de Nazareth, j'étais absolument convaincu que ma grand-mère et ma grande-tante étaient nécessairement destinées à être sanctifiées. J'avais d'ailleurs naïvement demande à ma grande-tante un jour si elle était bien une sainte.

    Mes grands-parents votaient pour l'UDF. Ma grande-tante, j'en suis moins sûr ; je pense qu'elle a voté à plusieurs reprises à gauche, mais je ne saurais dire quand exactement.

    En lisant cette biographie courte et ciblée de François Bayrou, j'ai eu la sensation étrange de retrouver quelque secrète correspondance entre nos deux enfances.

    Bon, il est devenu un acteur majeur de la sphère politique, et moi, euh...un illustre inconnu :-)

    Mais bon, en dehors de ce léger détail, il y a des ponts :-)

     

  • Les flics ? Une bande comme une autre...

    Il est intéressant, l'article de Laurent Chabrun, de l'Express sur la situation à Grenoble. J'en ai retenu quelques fortes saillies.

    En somme, et je pense que ce n'est pas seulement le fait du quartier de la Villeneuve à Grenoble, la police, dans une zone dominée par les trafiquants devient une bande comme les autres, dont on abat les membres à la kalachnikov ou au fusil de chasse.

    J'observe aussi qu'il existe un lien invisible mais solidaire de fait entre le lumpen et la jeunesse bourgeoise : c'est parce qu'il y a plein de petits cons pétés de fric qui viennent dans les stations huppées l'hiver et achètent canabis et drogues diverses que le trafic de drogue est aussi rentable localement.

    La moitié des 18-25 ans ont expérimenté le cannabis au moins une fois, plus d'un cinquième des 15-16 ans en consomment au moins une fois par mois (chiffres du Ministère de l'Intérieur).

    Je ne m'étonne pas que nos Anciens, ceux de la Torah aient lu dans les cieux le principe d'une justice immanente : on est toujours puni, finalement, par là où l'on a péché. Peut-être y-a-t-il un simple effet de causalité : action, réaction...

    Les jeunes bourgeois fument des substances illicites, des trafics se développent, puis des zones de non-droit se développent dans lesquelles les jeunes bourgeois viennent chercher leur came...

    Chicago sur Isère. Bien trouvé pour Grenoble. Il faut dire qu'avec Carignon, il n'y a pas eu que du petit gibier...

  • John Stuart Mill, ancêtre spirituel du MoDem ?

    D'une culture insuffisante en théories économiques et politiques, je m'applique, dans la mesure de mes moyens et de mon temps disponible à combler peu à peu mes lacunes. Je viens de découvrir John Stuart Mill. Bien sûr, j'en avais entendu parler, je savais qu'on le classait parmi les libéraux mais qu'il était apprécié au centre-gauche ; en revanche, j'ignorais en quoi consistent ses thèses.

    Il fait partie du courant réformiste : le progrès, de son point de vue, ne peut se réduire à la croissance économique. Il passe par une meilleure distribution des richesses, et le progrès social implique des changements profonds dans les rapports sociaux :

    - pas de liens de dépendance, au moins dans une société avancée. Y compris entre hommes et femmes. Mill est un féministe de la première heure qui condamne l'aberration économique et éthique que consitue la mise sous tutelle et en minorité des femmes. Il ne cessera de vanter les mérites de la sienne à laquelle il attribue une large part dans on oeuvre.

    - pas de lutte des classes mais recherche du consensus et de l'intérêt commun entre les groupes sociaux.

    Il imagine une société où dans la seconde partie de leur carrière, les ouvriers deviennent à leur tour des patrons afin d'éviter une césure peu souhaitable entre deux catégories de population. L'instruction est au coeur de cet objectif.

    Partisan d'une participation des ouvriers aux résultats de l'entreprise, il juge qu'une association entre ouvriers et entrepreneurs conduirait plus sûrement vers une convergence d'intérêts.

    Mill est évidemment favorable à l'économie de marché mais ne récuse pas une intervention de l'État en cas de nécessité. Il n'en est pas moins convaincu que le laisser-faire doit être la règle générale et l'intervention étatique l'exception : à l'action de l'État il préfère de loin celle, collective, des citoyens auxquels il faut donner l'habitude de procéder ainsi.

    La libre concurrence, en dépit de quelques inconvénients, lui paraît une excellente chose, principalement parce qu'elle casse les monopoles. Toutefois, conscient que l'individu n'est pas toujours éclairé dans ses choix, il conseille de limiter les actes contractuels dans le temps. Il est en faveur d'une instruction publique de la qualité, observant que l'individu ne se montre pas nécessairement un consommateur éclairé, conscient de son intérêt.

    Il se défie presqu'autant des grosses sociétés commerciales que l'État, car elles se caractérisent par des lourdeurs similaires. En certaines circonstances, il estime nécessaire l'intervention de l'État pour rétablir l'intérêt général (distribution d'eau, éclairage public, chemins de fer, services d'hygiène, par exemple).

    Dans le domaine fiscal, il propose de limiter donations et successions afin de ne pouvoir garantir mieux qu'une indépendance modérée aux héritiers et donataires. La richesse doit être le fruit du travail personnel.

    Comme il considère que la concurrence ne peut résoudre le problème de la pauvreté, il juge que l'État doit intervenir, tout en mettant en garde contre le risque de dévier vers l'assistanat.

    Sur le fond, Mill estime que le progrès économique doit être au service du mieux être et non s'y substituer.

    J'ai retrouve dans cette présentation de Mill à peu près tous les fondamentaux du MoDem, et, plus généralement, du social-libéralisme. Je me sens très proche de Mill sauf sur les aspects fiscaux où j'ai des convergences bien plus fortes avec les libéraux classiques. J'estime en effet que chacun doit pouvoir jouir de ses biens comme il l'entend. Y compris les donner s'il le désire. Toutefois, j'entends approfondir ma connaissance de l'auteur en entrant dans ses oeuvres. Je commenterai ici "Sur la liberté" et "Principes d'économie politique" puisque je compte entreprendre la lecture de ces oeuvres.

  • Descoings nul en arithmétique ?

    Je le tiens d'une source en principe bien informée, il semble que le sieur Descoings, l'égérie de tous les ânes qui se prennent pour de grands réformateurs de notre école s'apprête à déclarer la chose suivante :

    «Les lycéens qui réussissent, ceux qui, par exemple, sont en S et ont choisi allemand et grec ancien, se battent pour conserver ce qu’ils ont. C’est légitime. Mais du point de vue de l’intérêt général, et alors que les moyens ne sont pas illimités, il est temps de se demander s’il est plus utile que, dans un lycée donné, cinq élèves puissent faire du grec ou que des centaines puissent bénéficier d’une aide pour faire leurs devoirs

    La méthode Descoings est assez symptomatique du sarkozisme triomphant, et on comprend que ces deux-là s'entendent bien, elle consiste à opposer les gens entre eux.

    Il n'y a rien de pire qu'un système éducatif, du moins dans un régime de type républicain comme le nôtre, qui détruit ses voies d'excellence et s'attaque à la culture.

    Ce qui m'inquiète davantage, c'est l'état de la fibre arithmétique du sieur Descoings, s'il confirme bien ces propos, cela va de soi.

    Cinq élèves qui étudient le grec ancien dans un lycée, cela doit donner approximativement entre 70 et 100 heures sur une année.

    Le sieur Descoings qui ne sait décidément pas compter a un problème avec le programme de primaire où l'on apprend la division. Ah, pardon : peut-être escompte-t-il offrir quelques minutes de soutien par an à ses centaines d'élèves...Inquiétant quand on songe que l'individu avait été chargé de mission auprès de Jack Lang, en 1992 et 1993, des questions budgétaires de l'Éducation Nationale. C'est resté, chez lui, une obsession.

    Il n'en est pas à son coup d'essai le sieur Descoings : j'ai un autre scoop relatant ses difficultés avec les divisions. Été 1992, les étudiants du prestigieux IEP sont partis en vacances l'esprit tranquille : la règle en vigueur pour décrocher le diplôme de l'IEP est alors d'obtenir la moyenne sur la deuxième et la troisième année d'études cumulées. Peu importent les résultats sur une année ou l'autre (enfin, pas tout à fait, n'exagérons pas, il y avait tout de même des notes éliminatoires), ce qu'il faut, c'est trouver le compte à l'issue des deux années.

    Mais voilà que notre directeur-adjoint de l'IEP de l'époque, un certain Richard Descoings, se pique de numération, de diviseurs et de dividendes, et décrète unilatéralement que désormais, il faudra la moyenne à chaque année. Le problème, c'est qu'il prend cette décision au beau milieu de l'été et l'applique rétro-activement à tous les étudiants qui ont obtenu ou non la moyenne à la deuxième ou la troisième année.

    Il y a eu comme un surplus de redoublements imprévus, cette année-là...Le sieur Descoings aime bien les divisions, mais les divisions ne l'aiment pas. J'ai compris, en fait, en cherchant sur son blogue des éléments puisqu'il reconnaît lui-même ses carences dans ce domaine :

    Un premier couac retentissant : j’ai été viré de Louis-le-Grand, ma professeure principale, en mathématiques, estimant que j’étais « totalement dépourvu d’esprit de synthèse et incapable de suivre la classe supérieure ». Ce fut un soulagement ; j’étais non seulement nul en math-physique-chimie, mais j’étais aussi malheureux comme les pierres.

    Bon, en physique, je n'ai pas d'éléments pour juger, mais en mathématiques, je confirme : il est vraiment mauvais.

    Reste à savoir pourquoi il professe une telle haine pour l'humanisme classique. Je crois que l'on trouve des éléments de réponse avec cette remarquable enquête réalisée par Mediapart à l'automne 2009 sur le système science-po. Le commenter dépasse l'objet de cet article, mais, à l'évidence, il y a chez Descoings, une véritable fascination  pour la modèle universitaire américain. Plus encore, c'est toute la logique en vigueur outre Atlantique qui séduit, comme tant d'autres intellectuels et hauts technocrates français, le directeur de l'IEP. Le vieil humanisme européen, n'a plus place dans le monde parfait et managerial de Descoings. America is beautiful and that's all folks...

  • On est vraiment dans un pays de veaux...

    Quand je pense qu'il y a près de 90% de Français pour accepter le principe d'une déchéance de nationalité, je me dis que ce pays est vraiment foutu. Bon sang, ce n'est tout de même pas compliqué de comprendre que c'est en amont qu'il faut agir. Que l'on pose des conditions strictes pour devenir Français, ça, je suis pour. Mais après, il faut assumer les décisions prises. Une fois qu'un individu est devenu Français, il est Français et point à la ligne. Cela n'empêche pas de le punir très sévèrement s'il commet des crimes très graves, mais qu'il soit puni comme un Français.

    Sarkozy est vraiment un sale type. Il n'hésite pas à utiliser les moyens les plus bas pour se remettre en selle. Ce type mérite vraiment que tout soit fait pour qu'il ne soit pas une fois de plus à la tête de mon pays.

    Tiens, je regrette d'avoir écrit qu'il était "mon président"...

  • Cette droite-là m'écoeure...

    Décidément, l'actualité est chaude, je suis obligé de pondre des billets à la chaîne. La gauche s'est encore faite avoir par Sarkozy sur la sécurité. L'habile démagogue qu'il est est parvenu une fois de plus à l'entraîner sur un terrain où elle est particulièrement nulle. Le centre n'a pas réussi à se démarquer par un discours original, bien que Bayrou soit autrement moins angélique que la gauche.

    Lefebvre a voulu faire le malin et en rajouter en précisant que les étrangers étaient un problème du point de vue de la sécurité. Il s'appuie sur un document datant de 2006 de l'observatoire national de la délinquance.

    Le problème, avec Frédéric Lefebvre, c'est qu'il ne sait pas lire. J'ai parcouru le document avec intérêt (j'aimerais d'ailleurs bénéficier de la suite, c'est à dire 2007-2010, Présidence de Sarkozy...).

    Je me suis intéressé à la délinquance la plus grave à mes yeux, c'est à dire les violences volontaires. Voilà ce que je trouve :

    Entre 1996 et 2005, le nombre d’étrangers mis en cause pour atteintes volontaires à l’intégrité physique (hors vols avec violences) s’est accru de 75 %, passant de 16 000 à 28 000. L’augmentation du nombre de mis en cause français a été grossièrement du même ordre au cours de cette période, se situant à + 83 %. La part des étrangers, qui était de 14,8 % en 1996, a dépassé 15 % de 1997 à 1999. Depuis 2000, elle est voisine de 14 %.

    J'y lis que les violences ont augmenté. Je me fais suffisamment l'apôtre d'une véritable répression ici pour ne pas en être surpris. En revanche, dire que les étrangers, aujourd'hui, seraient plus que par le passé la cause de ces violences, c'est un mensonge éhonté. Elle a en réalité davantage augmenté chez les Français que chez les individus de nationalité étrangère.

    Il y a certes une sur-représentation des étrangers et des Français d'origine étrangère dans les prisons, mais cela je justifie en aucun cas de faire porter le chapeau à tous les immigrés. En tout cas, l'augmentation en proportion, de la délinquance, ces dernières années, touche tout le monde indistinctement.

    Accessoirement, cela me fait doucement rigoler de voir l'UMP faire de l'esbroufe là-dessus alors qu'elle a bien plus naturalisé d'étrangers depuis 2002 que le gouvernement Jospin !!!

    Fondamentalement, j'en ai ras la casquette des Sarkozy, des Woerth, des Lefebvre, des Châtel et compagnie. Assez de voir ce gouvernement spécialiste de l'agit-prop se payer de mots et ne rien faire. Oh, soyons justes : quand ils font quelque chose, c'est toujours mal, de toutes façons, alors je préfère encore quand ils ne font rien. Ils me gonflent tous ces guignols qui ne me font même pas rire.

    Une droite qui stigmatise les minorités, fait n'importe quoi dans le domaine économique, manque de courage dans le domaine fiscal, restreint les libertés, détruit la culture (il paraît que Châtel veut en finir avec le latin et le grec, sans doute sur les bons conseils du sieur Descoings), tape sur les plus faibles (les handicapés, par exemple), sape notre système de santé, casse notre école et je passe mille autres raisons que je pourrais citer, ras-le-bol.

    Pour moi, en 2012, je crois que c'est dit, cette fois : ce sera le centre au premier tour, et, s'il n'est pas au second tour, la gauche, peu importe le candidat, Aubry, Royal ou DSK. Tout, mais hors de question de reconduire cette équipe. Terminé. Et c'est un électeur de centre-droit qui le dit à la droite : les gars, vous avez perdu 2012.