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Politique - Page 63

  • Les bonnes affaires du MoDem

    J'avoue avoir été scotché en visitant la boutique en ligne du MoDem : non qu'elle défraie la chronique par son originalité mais plutôt qu'en termes de prix, elle bat Tati sur le textile, et sans doute la plupart des marques et sous-marques dans les autres catégories !

    tee-shirt pour femme ou homme à 3 euros, coupe-vent à 7 euros, écharpe orange à 6 euros, voilà des prix qui défient largement la concurrence !

    Je me suis senti inspiré, du coup, et j'ai tenté de faire le tour des boutiques de quelques autres partis. A l'UMP, le boxer à 12 euros, ils poussent un tantinet ! Alors que le MoDem propose des sac à dis bio et écolo à 5 euros, là-bas, il faut débourser 8 euros ! le tee-shirt est à 4 euros, la casquette à 6 euros contre 5 pour le Mouvement Démocrate. Côté PS, la boutique sera bientôt disponible, d'après le site.

    Côté Verts, pas moyen d'associer les mots dans un moteur de recherche sans tomber sur celle de l'ASSE. M'enfin bon, j'ai réussi à trouver quelque chose dans la catégorie matériel de campagne : côté tee-shirt, les deux que j'ai trouvés vont de 10 à 18 euros. Pas vraiment concurrentiels, les écolos...

    Pas mieux au FN dont la boutique propose surtout des tee-shirt de 10 euros à l'exception d'un "les jeunes avec Le pen" à 4 euros et d'un tee-shirt clignotant à 5 euros.

    Au Parti de Gauche, mis à part des affiches, y'a rien. Ça doit être trop "Kapitalist" pour eux, je pense...

    Chez Villepin, bah, pour l'instant, ils en sont encore à l'étude de marché.

    Au Nouveau Centre, c'était écrit en tahitien, j'ai rien compris.

    Rien trouvé non plus au NPA, en revanche, je suis tombé sur un truc étonnant, en jetant un oeil sur le site de leur université d'été : ce sont les seuls à penser aux enfants ! Ils proposent une garderie de 1 an à 12 ans. Pas mal. Et du coup, ils ont des tarifs enfants...

    Mais pourquoi les autres partis ne sont pas foutus de penser à ce genre de choses qui devrait leur paraître évident, m... !

  • République Solidaire - MoDem, c'est soluble ?

    J'ai observé quelque chose en politique : dans une série de domaines autres, quand on additionne des choses on obtient au minimum le résultat arithmétique de l'addition, dans le meilleur des cas de belles synergies. Mais, en politique, quand on essaie d'additionner des voix, le compte n'y est pas au bout.

    Je me fais souvent la réflexion avec amertume que l'addition des électorats Bayrou-Villepin serait sinon la carte gagnante, au moins un atout majeur dans le jeu politique national. Un sacré coup de poker, in fine. L'inconvénient, c'est que les électeurs font bien ce qu'ils veulent, et que l'alliance des deux hommes n'entraînerait pas forcément une addition de leurs électorats, très loin de là, sans parler des militants des deux partis. Si les cadres et les militants du MoDem considèrent plutôt favorablement République Solidaire, pour les échos que je reçois, la réciproque n'y est pas.

    Le MoDem est un parti auquel on a trop demandé : trop et trop vite. On voulait, Bayrou en tête, que ce fût dès sa création la troisième force à toutes les élections, et non seulement la troisième force, mais de surcroît une force fleurant les 15% à chaque élection.

    Au lieu de cela, le MoDem n'a jamais dépassé 8.5%. L'espérance de vie d'un parti n'est pas celle d'un être humain dans notre beau pays. Ils sont nombreux à être atteints de rachitisme indécrottable. 

    Il eût fallu se contenter de scores finalement honorables, à l'échelle de l'échiquier politique national. L'aventure ne fait que commencer, et petit MoDem a bien le temps de devenir grand un jour. Un jour, peut-être, certains d'entre nous, qui continuons de croire en l'émergence d'une troisième force entre socialistes et conservateurs, pourrons-nous dire, j'en ai été, et quand le navire a tangué, je suis resté. Et aujourd'hui, je suis là. Peut-être.

    République Solidaire n'existe que par Villepin et pour faire face à Nicolas Sarkozy. Sur la page d'accueil, on lit d'ailleurs en sous-titre, le mouvement politique de Dominique de Villepin. On a du mal à le voir se constituer en parti. Qu'en pense Disp, au fait, lui qui aura testé les deux partis ?

    Bayrou connaîtra le destin qui devra être le sien ou non, mais, je tends à le penser, le MoDem pourra lui survivre. A condition de se doter d'un corpus idéologique qui lui fait encore défaut à l'heure actuelle, le livret orange demeurant indigent à plus d'un égard.

  • Ouf, une sarkonnerie de moins...

    Ah ! Je lis chez Fred que le gouvernement renoncerait à empêcher la télévision publique de se financer grâce à la publicité. Pas trop tôt : dans la catégorie décisions particulièrement ineptes, celle-là décrochait le pompon. Tout ce battage pour faire plaisir à quelques intellectuels de gauche de salon, était-ce bien nécessaire ? J'ai le souvenir que Copé a été Ministre du Budget de 2004 à 2005. Il avait eu à l'époque une idée assez rigolote : une sorte de simulateur de jeu à destination des Français avec lequel il s'agissait d'établir le budget de l'État français.

    Ouf, d'ailleurs, je l'ai retrouvé : le jeu s'appelle cyber-budget. Il devrait y jouer plus souvent, Sarko. Je parle de Copé, parce qu'au sein de la majorité, c'est lui et quelques uns de ses proches qui ont suggéré qu'en période d'économies budgétaires, on pouvait repousser la mesure. Bon...au MoDem, on l'avait dit dès le début...

  • Militant...

    Authueil n'y va pas avec le dos de la cuillère à pot, dans l'un de ses derniers billets : un militant ? Forcément un semi-débile tendance groupie ou au contraire un ambitieux interchangeable et préoccupé de son sort avant tout.

    Un parti ? Une machine à conquérir le pouvoir et rien d'autre. Vision un tantinet pessimiste du militantisme en politique, d'autant que les think tank à ses yeux ne sont guère autre chose que des lobbies qui s'y entendent à faire valoir leurs intérêts...

    Sa réflexion n'en aboutit pas moins à une distinction intéressante entre l'influence et le pouvoir. 

    Côté militant, Authueil a oublié une catégorie : le militant déçu et aigri. Rien de pire que ce militant-là, car il ressasse sa haine de ce qu'il a adoré sans relâche. On peut haïr son parti pour plein de raisons, mais c'est souvent le décalage entre les aspirations du militant, l'image qu'il se fait de lui-même, et ce que lui renvoient le parti et ses cadres, qui font les haines grandes et inexpiables.

     

  • Bayrou et DSK

    Un blogueur de Mediapart s'imagine que DSK pourrait rendre une candidature de Bayrou caduque à la prochaine élection présidentielle. Marie-Anne qui est habituellement plus perspicace ne semble pas avoir réalisé, dans son commentaire, que l'auteur est très loin d'être un centriste ; son hypothèse n'est qu'une hypothèse d'école qui repose sur des équivalences fallacieuses.

    Il faut, je le crois, mettre fin à des spéculations aussi hasardeuses que trompeuses. Bayrou peut bien préférer DSK à Sarkozy, ce qui se conçoit aisément, ils n'en sont pas moins aux antipodes à plein d'égards.

    DSK appartient à cette bourgeoisie internationale et pragmatique qui n'a que faire des spécificités françaises, considérées comme autant de lourdeurs désagréables. C'est un de ces europhiles fanatiques prêts à imposer par la voie technocratique l'univers bien-pensant conçu par la gauche moderne, européenne et bien-pensante, convertie à l'économie de marché et aux modes venues d'outre-Atlantique sans le dire à voix haute. Pour ces gens-là, parce que le compromis et l'Europe importent plus que tout, la revendication, particulièrement nationale, parce qu'elle s'oppose à tout lissage de l'opinion est forcément néfaste. Ces gens-là construisent l'Europe contre les nations, au lieu de la construire avec elles. Ils rêvent d'une société mondialisée, sans aspérités, où les business-school européennes rivaliseraient avec les MBA américaines (un condensé de Descoings, en somme...).

    Ils méprisent particulièrement la terre, le sol et tout ce qui renvoie à une quelconque forme de différence nationale. Ils brandissent la tolérance comme un étendard mais récusent les différences entre cultures, sauf s'il s'agit de soigner le decorum. On accepte la réserve d'Indiens, en somme, mais pas que l'Indien puisse faire tache d'huile.

    Il n'y a rien de plus opposé à cela que la vision terrienne d'un Bayrou, fondamentalement attaché à la culture et à la civilisation française. Ils peuvent bien s'accorder sur les institutions, mais tout les sépare pour le reste : il y a chez Bayrou l'idée qu'il y a des choses qui ne sont pas sacrifiables. Le MoDem pour son programme européen évoquait des biens premiers, mais je pense que la représentation de Bayrou est bien plus enracinée encore dans notre culture. Ce que Bayrou refuse de négocier, et c'est pour cette raison qu'il s'est opposé avec tant de virulence à Nicolas Sarkozy, c'est le modèle français, modèle qui doit être préservé comme un joyau précieux.

    Pour DSK et plus généralement les sociaux-libéraux et sociaux-démocrates du PS, ce modèle-là, comme tout le reste, est un vulgaire objet de négociation. Une marchandise que l'on fait peser dans la balance comme tant d'autres marchandises. Tous ceux qui défendent cette idée très particulière de la France, en somme, qui s'attachent à la francophonie et à ce qu'elle véhicule, sont avant tout des empêcheurs de tourner en rond. Le peuple, la nation puent, à leurs narines, et il faut faire leur bien sans les en aviser, parce que mineurs par essence, ils sont bien incapables de comprendre où se trouvent le Bien supérieur.

    Au nom d'une certaine idée de la paix et du bien-être, cette gauche-là est prête à gommer toutes nos aspérités, à ne plus communiquer qu'en anglais, à se coucher lorsque notre essence est menacée parce que pour eux, il n'y a pas d'essence : c'est là sans doute l'ultime avatar du matérialisme socialiste, une forme de constructivisme appliqué à la politique. Il n'y a que des émotions, des fantasmes et des peurs à la base des identités nationales, de leur point de vue, et l'idée que l'on puisse hypostasier une substance derrière ces dernières heurtent frontalement leur rationalité petite-bourgeoise, bien-pensante et socialiste. S'ils en acceptent le folklore, c'est de la même manière qu'ils se plaisent à acheter un petit objet d'art chez les Artisans du Monde.

    C'est toujours plaisant et satisfaisant moralement de faire son bwana avec les indigènes de toute sorte, y compris sur notre propre sol avec nos agriculteurs, par exemple : une forme d'aumône moderne, dépouillée de toute métaphysique, l'assurance de gagner une seconde vie au paradis socialiste décomplexé.

    Et puis ils sont tellement sûrs d'être les détenteurs de la vérité, les garants de la morale, sous couvert de mielleuses invitations au débat et au dialogue.

    Cette gauche-là, arrogante et sûre de ses bons sentiments, je la vomis depuis des années. Je ne lui souhaite pas plus de succès qu'au bling-blinguisme sarkozyste.

    Je vois en Bayrou, au sein de la classe politique, le dernier défenseur, à n'en pas douter, d'une idée certaine de la France, appuyée toute entière sur sa culture et ses traditions. La gauche ne porte rien de tout cela, et tout ce qu'elle promeut est soluble indifféremment dans une sorte de gloubi-glouba-globish européaniste internationalisé.

    La gauche cherche à instaurer une civilisation universelle (ce dont on pourrait la louer) mais nullement à promouvoir l'esprit français comme moteur de cette civilisation, esprit qu'elle renvoie à de l'archaïsme quand elle ne tente pas de disqualifier purement et simplement ses défenseurs en les renvoyant au conservatisme.

    Eh bien on se battra, et on ne se laissera pas faire, en portant à bout de bras les couleurs de la France, qu'elles soient bleu blanc rouge ou de lys sur fond azur, car ce sont là celles qui ont fait notre histoire et ce que nous sommes aujourd'hui.

     

     

  • Comment juger le présumé braqueur de Grenoble ?

    La libération de Monsif Ghabbour a provoqué un tollé dans la police et au sein du gouvernement : cet homme est soupçonné d'avoir braqué un casino et tiré sur les forces de l'ordre.

    Chaque fois que le plat est fumant, il est très difficile de se faire un avis faute d'éléments. Le procureur assure que de très lourdes charges pèsent sur l'homme mais la magistrature répond qu'elle ne dispose pas d'éléments suffisamment probants pour trancher.

    Il faudrait en savoir plus sur les éléments qui pèsent à charge. Une analyse d'odeurs, d'après le Nouvel Obs et des témoignages, mais, en face, l'homme a un alibi et des témoins également.

    Une chose est certaine, c'est que Hortefeux et Sarkozy se moquent des Français, comme d'habitude. Pour vider les prisons, ce sont eux qui ont fait recommander que des peines de substitution soient trouvées de préférence à l'incarcération pour les peines inférieures à deux ans. Ceci explique par exemple que les auteurs d'agressions contre les policiers soient la plupart du temps libérés. A cela s'ajoutent les juges de gauche qui se prennent pour des assistantes sociales.

    Ils ont également limité sévèrement la détention provisoire.

    Ce gouvernement est comme d'habitude hypocrite : il roule des mécaniques mais organise partout l'impunité et vient en accuser les magistrats ensuite. Il réalise des économies sur le dos de la sécurité des Français, en réduisant également le nombre de fonctionnaires de police.

    L'impudence de son maître ne connaît décidément plus de limites...

  • L'appel à la grève des syndicats enseignants : pourquoi ?

    Par curiosité, je me suis demandé pourquoi les syndicats enseignants appelaient à la grève à la fois les 6 et 7 septembre. Le 7, c'est clair, c'est pour protester contre la réforme des retraites. Inutile et démagogique, à mon sens : seul le travail doit payer les retraites, la durée de vie s'allonge, la durée de travail doit s'allonger. Les syndicats font une énorme erreur de se battre là-dessus. Ils feraient bien mieux de se battre sur les conditions de travail, en fin de carrière, et, autant que possible, l'emploi des seniors : voilà les vrais enjeux. Mais bon, dans syndicat de gauche, il y a gauche, alors...

    Mais pour le 6, c'est manifestement d'autres motivations qui ont poussé les syndicats enseignants. Pour être précis, j'ai cru comprendre qu'il s'agit en fait d'un appel exclusif de la FSU, la principale fédération de syndicats enseignants, et, plus particulièrement un appel du SNES. Du coup, je me suis rendu sur leur site, histoire de voir de quoi il retournait, et j'ai trouvé ce tract.

    Le SNES dénonce les suppressions massives d'emploi, la mise à mal de la formation professionnelle, la réduction des horaires d'enseignement, la suppression du service d'orientation scolaire, la mise en place du socle de compétences (une c....erie pédagogolâtre qui n'a pas fini de faire parler d'elle).

    Eh bien, pourtant de centre-droit, je suis en accord à 100% avec ces dénonciations. Par ailleurs, le SNES demande la fin de la réforme Châtel sur le lycée (en gros de l'éradication de la carte de formation, pour appeler un chat un chat).

    Bayrou a raison de saquer Châtel. Bravo. Il défend bien l'école. Et, je pense qu'en effet, comme lui, la multiplicité des grèves finit par rendre illisibles les revendications des syndicats enseignants.

    Cela dit, quand j'observe les mots d'ordre du SNES, difficile de ne pas donner raison à ce syndicat. Il y a, je trouve, dans la presse et la classe politique, une sorte de lieu commun qui consiste à ne voir dans les syndicats enseignants que le lieu du corporatisme le plus forcené. C'est un tantinet limité...

    Plusieurs syndicats enseignants ont de vraies propositions pédagogiques, mais personne n'en fait état alors qu'elles existent et présentent de l'intérêt. On ne retient que les grèves.

    Oh, le SNES récolte certainement à certains égards ce qu'il a semé à une époque, mais aujourd'hui, force est de constater qu'il est du bon côté de la barre et défend un modèle d'école dans lequel je me reconnais à peu près. 

    Non, très franchement, je peux tout à fait comprendre que des enseignants soient en grève le 06 septembre...

  • Morin comme Aubry

    Damnation ! Après avoir défendu deux leaders socialistes, il faut en prime que j'assure la défense d'Hervé Morin, le Président du Nouveau Centre, pour les mêmes motifs que précédemment avec Martine Aubry.

    Cette fois, NovoPress, un organe de presse très proche des idées du Front National, se lâche contre Morin en accusant ce dernier d'hypocrisie parce qu'il a demandé l'expulsion d'un campement illégal de gens du voyage.

    Je recommande vivement à l'auteur de l'article l'audition attentive du dernier Talk Orange du Figaro avec Bayrou. Il est vraiment excellent, en ce moment, Bayrou.

    Ce n'est pas compliqué à comprendre : faire appliquer la loi sur sa commune, rien que de plus normal, et personne ne le conteste. Enfin...personne parmi les gens sensés et suffisamment fermes, je ne parle pas de la gauche gauchisante et dégoûlinante de bonne conscience.

    Simplement, il n'y a pas besoin de sonner le cor de chasse pour cela et d'appeler à la battue aux Roms. On applique la loi à tout le monde sans discriminations et c'est tout, point à la ligne.

    Bayrou jugeait par ailleurs qu'il était plus qu'inconvenant de comparer le sort des Juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale et celui des Roms aujourd'hui, les premiers finissant dans un camp d'extermination, les seconds revenant dans leur pays avec un petit pécule ! Comme quoi, il est bien loin de verser dans l'angélisme. Cela ne justifie pas pour autant les outrances, d'où qu'elles viennent. C'est une manie de juger les gens sur leurs origines, chez les Sarkozystes, ces derniers temps. Bayrou défend précisément le pape que cet abruti de Minc voudrait faire taire sous prétexte qu'il est d'origine allemande.

    C'est bon, l'Allemagne a fait plus que largement son devoir de mémoire, et il serait temps de la lâcher avec la Seconde Guerre Mondiale et les Nazis. Les Allemands d'aujourd'hui n'ont plus rien à voir avec ceux de cette époque en dehors des liens de filiation.

    J'ai l'air de m'égarer, puisque je voulais soutenir Morin, mais en fait, le problème de fond, c'est bien celui de confondre lutte contre l'insécurité, légitime, et stigmatisation débile ; je crois que là-dessus les deux leaders centristes sont d'accord.

  • Évacuation n'est pas expulsion

    Je suis malade ou quoi, moi ? Cela va faire la deuxième fois depuis le début de la semaine que je prends la défense d'un leader socialiste !

    Bon, cette fois, il s'agit de Martine Aubry, et je ne suis pas d'accord avec mon râleur favori. Je crois qu'il faut bien distinguer des choses nettement différentes. Ce qui a été choquant de la part de Sarkozy, ce n'est pas de faire évacuer des campements de Roms en tant que tel, mais de les stigmatiser et d'en ordonner l'expulsion hors de France. C'est ce qui a choqué quelques individus en France, dont certains leaders de gauche, Martine Aubry en tête.

    Martine Aubry, dans le document que le Figaro rend public n'a pas demandé de renvoyer des Roms en Roumanie et Bulgarie mais simplement de faire évacuer un terrain occupé indûment, entre autres en raison de risques de sécurité. Bref, elle a fait son boulot de maire, même si, à mon avis, elle devrait prévoir une bonne fois pour toutes des aires d'accueil pour les gens du voyage à Lille. Accessoirement, ce n'est même pas elle qui a fait directement la demande, mais un maire de la communauté urbaine et elle n'a fait que relayer la demande.

    Bref, on peut être exaspéré par les manières de Sarkozy sans pour autant sombrer dans un angélisme aussi délétère que crétin. Bref, évacuer un campement et expulser du territoire national, c'est deux choses de nature différente.

  • Bayrou, le même et l'autre

    J'ai apprécié la belle réponse que Fred a faite à un sympathisant MoDem qui observait que plusieurs adhérents n'avaient pas renouvelé leur adhésion au MoDem, alléguant "le poids de leur conscience".

    Fred relève simplement une ancienne remarque d'un journaliste à propos du centriste : 

    François Bayrou est le seul homme politique qui soit le même avant et après que l'on ait allumé la caméra.

    C'est exactement ce que j'apprécie chez l'homme. Je sais que ce qu'il dit, il le fera. C'est pour cela que j'ai confiance en lui, et que, comme par hasard, il ne promet pas, lui, au moins, de raser gratis demain.

    Je songe souvent à ce général grec du sophiste Protagoras qui promet de ne pas raser une ville assiégée mais ne tient finalement pas sa promesse. Comme on le lui fait remarquer, il réplique qu'au jour de l'exécution de sa promesse, il n'est pas le même homme que la veille mais autre. Ainsi, il ne se trouve pas engagé par sa parole.

    Le même et l'autre : vieux serpent de mer de l'ontologie classique. C'est parce qu'il y a eu très tôt, en Grèce classique, des individus pour appliquer dans leur vie pratique le scepticisme absolu et cynique de plusieurs sophistes qu'un Socrate, ou d'autres philosophes comme les Éléates,  s'est levé pour les affronter.

    L'Étranger d'Élée à Thééthète

    - Ce que j’ai déjà dit : laisser là ces arguties comme inutiles, et se montrer capable de suivre et de critiquer pied à pied les assertions de celui qui prétend qu’une chose autre est la même sous quelque rapport et que la même est autre, et de le faire suivant la manière et le point de vue de cet homme, quand il explique la nature de l’un ou de l’autre. Quant à montrer n’importe comment que le même est autre et l’autre le même, que le grand est petit et le semblable dissemblable, et prendre plaisir à mettre toujours en avant ces oppositions dans ses raisonnements, cela n’est pas de la vraie critique, c’est l’ouvrage d’un novice qui vient seulement de prendre contact avec les réalités...

    Le Sophiste, Platon

    Combien puis-je parier qu'un Sarkozy viendra nous expliquer qu'il a changé, par exemple, et qu'il n'est plus le même mais un autre ? Et quelqu'un aurait confiance en la parole d'un homme qui se vanterait d'une telle chose ? Oh, il n'est sans doute pas le seul : on sait déjà que les belles promesses de la gauche ne pourront être tenues. Ségolène Royal admettait déjà en 2007 qu'elle n'avait jamais eu foi dans le programme politique qu'elle soutenait. C'est vraisemblablement le cas de la plupart des sociaux-démocrates et sociaux-libéraux du PS, mais voilà : demain est un autre jour, et c'est bien plus commode de faire semblant de l'ignorer...