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L'Hérétique (Démocratie et hérésie économique) - Page 330

  • La Gauche est puissante !

    Je me faisais la réflexion suivante : c'est incroyable de lire partout dans les médias que le PS se décomposent et que la gauche s'écroule en France. Est-ce que les commentateurs réalisent les faits suivants :

    - la gauche contrôle 20 régions sur 22

    - elle contrôle 57% des villes, et presque toutes les grandes villes françaises à l'exception de Marseille et de Bordeaux.

    - elle est, dans les sondages, populaire (les Verts sont le parti le plus populaire, vient ensuite le PS)

    - l'un de ses leaders est l'homme politique le plus populaire de France : Delanoë.

    - elle ne manque ni de cadres, ni de moyens, ni de personnalités

    - elle n'a certes pas gagné les dernières présidentielles, mais elle a accru son nombre de députés.

    elle va augmenter son nombre de sénateurs.

    - alors que la droite n'est pas complètement débarassée du FN, elle doit affronter, désormais, l'autonomie totale du centre avec l'émergence du MoDem (qui mord, toutefois, aussi sur la gauche).

    - le star-système et le landernau politico-médiatique lui est largement favorable.

    Bref, si jamais la gauche l'emporte aux prochaines élections, particulièrement présidentielles et législatives, elle pourrait alors cumuler TOUS les pouvoirs ! Je ne souhaite absolument pas cette évolution. Pas plus que celle qui a prévalu au milieu des années 90 avec une droite alors toute-puissante.

    Bref, ne nous fions pas aux bonnes paroles de toute sorte. La seule force nouvelle, dans le paysage politique français, c'est le MoDem. C'est aussi la plus résolue et la plus modérée. C'est la seule chance d'éviter de puissants mouvements de bascule d'un côté à l'autre. Et je crois bien qu'il s'en prépare un, l'un de ces brusques mouvements qui fait perdre à chaque fois un temps considérable à la France...

  • Mais vont-ils f... la paix à Jean Sarkozy ?

    Mais est-ce que la presse people va lui f... la paix à Jean Sarkozy ? Le malheureux croyait pouvoir se marier tranquille avec la belle Jessica, eh bien c'est raté.

    Les hyènes s'acharnent sur sa vie privée, y compris certains, avec l'oeil mauvais du charognard qui se venge sur le fils de ce qu'il ne peut atteindre le père. Je considère Jean et Nicolas Sarkozy comme des adversaires politiques, mais, j'ai en revanche le plus grand respect pour leurs vies privées rspectives. J'ai déjà invité à laisser Nicolas Sarkozy vivre son histoire d'amour avec Carla Bruni tranquillement, et je le dis maintenant pour son fils.

    J'en profite d'ailleurs pour relayer sa dernière déclaration : les images de mariage dans Paris-Match sont un faux, il s'agit d'un debriefing politique, et de rien d'autre. Y'en a qui n'ont vraiment pas de scrupules. J'ai trouvé que les intrusions dans sa vie perso et celle de sa jeune fiancée puaient à plein nez à plusieurs reprises : alter et fachos tout contents, entre autres, aux côtés des peoples et des connards de tout poil, de colporter une pseudo-histoire de conversion au judaïsme (il y a eu à ce sujet une double cérémonie religieuse pour ce mariage, l'une catholique, l'autre juive) ; tout comme puait la délectation avec laquelle les mêmes salopards avaient plaisir à mettre en évidence les origines religieuses de Jessica.

  • Tzipi Livni, l'espoir centriste !

    C'est aujourd'hui qu'ont lieu les primaires du parti Kadima en Israël. Un évènement que je vais suivre avec attention : Tzipi Livini, actuelle ministre des affaires étrangères, a de bonnes chances de pouvoir l'emporter. Or, ce que président les analystes, c'est qu'elle pourrait gagner lors des prochaines élections contre un candidat Likoud. Ceci me rappelle la configuration de nos présidentielles : Bayrou est arrivé troisième alors qu'il était le seul à pouvoir battre Sarkozy au second tour. J'espère que l'histoire ne se répètera pas en Israël, et que cette fois, les forces centristes se trouveront en position de dominer l'échiquier politique israélien.

    Ses positions modérées et sages dans le conflit israélo-palestinien en font une interlocutrice privilégiée pour tout accord de paix dans la région. Elle a été notamment le premier responsable politique israélien à faire une distinction nette entre les attaques qui visent des soldats et celles qui touchent des civils.

    «Quelqu'un qui se bat contre des soldats israéliens est un ennemi et nous nous battrons de retour, mais je crois que ce n'est pas dans le cadre de la définition du terrorisme, si la cible est un soldat.»

    Elle s'est montrée favorable à plusieurs reprises à l'amélioration des conditions de vie des Palestiniens, tout en prônant une lutte sans merci contre le Hamas.

    C'est une femme droite et intègre, courageuse, qui a accompli des missions particulièrement dangereuses pour son pays au sein des services secrets. Elle peut donc prendre la tête du parti centriste Kadima, qui, je le rappelle, membre observateur de l'Alliance Mondiale des Démocrates, rassemblement politique dont le MoDem est partie prenante. Kadima veut redéfinir l'Etat d'Israël non plus comme le foyer national des juifs, mais, comme le foyer national des juifs où la population juive doit être majoritaire.

    J'ai du mal à trouver le programme politique intérieur exact de Kadima, mais je sais qu'en 2006, ce parti n'avait pas été hostile à une relavorisation du Salaire Minimum. Ils avaient toutefois mis en garde les travaillistes (la gauche israélienne) contre le risque de mettre en danger des pans entiers de l'éonomie en décidant unilatéralement et arbitrairement une hausse du SMIG.

    Le prochain gouvernement devra faire face à de nombreux défis pour les années à venir : si Israël est le pays qui possède le plus grand nombre de start-up au monde, plus de 10% de sa population vit encore de rations alimentaires distribuées par l'Etat.

    Les seules mesures économiques que propose Kadima dont j'ai connaissance sont les suivantes, qui datent de 2006 :

    1. Un impôt négatif sur le revenu pour les salaires les plus bas et d’accorder des abattements fiscaux pour les aides à domicile, notamment pour les femmes qui travaillent.

    2. Renforcer la formation continue et accorder des prêts avantageux aux étudiants.

    3. Renforcement des aides sociales pour les personnes dans l’incapacité de travailler avec la hausse des allocations destinées aux personnes âgées et aux handicapés.

    4. Adoption d’une loi garantissant une retraite pour tous.

    Si un lecteur a des informations supplémentaires (avec les sources) je suis preneur...

  • Chantiers dans le16ème, vers des compromis ?

    C'est une élue du 16ème arrondissement qui me l'annonce en avant-première : la majorité sortante aurait, cette fois, pris des bonnes résolutions pour le 16ème arrondissement : au lieu d'imposer unilatéralement ses décisions et ses projets de construction et/ou rénovation, elle s'apprêterait à mettre en place une commission d'élus réunissant aussi bien des membres des majorité et opposition locales (peut-être Mano pour les Socialistes, Goasguen pour l'UMP) et des représentants de la ville. Où est l'élu MoDem, à ce sujet, dans cette configuration ? J'espère que Jean Peyrelevade se manifestera et viendra participer à cette commission si elle se met en place.

    Je ne sais pas s'il est prévu de consulter les riverains avant de prendre d'autres décisions. Je l'espère, tant il a été habituel, les six dernières années, de les mettre devant le fait accompli à Paris.

    Un certain nombre de dossiers sont en souffrance (enfin, souffrance pour les habitants du 16ème) : Rénovation du stade Jean Bouin, rénovation et concession de la piscine Molitor, construction de logements d'habitation au beau milieu du Parc Sainte-Perrine, absence de prolongement du tramway jusqu'aux portes du 16ème...etc...etc...

    J'ajoute qu'avec 49% de taux de participation aux dernières élections municipales, ni l'UMP dans le 16ème, ni le PS pour Paris, ne peuvent prétendre être suffisamment représentatifs pour prendre des décisions sans consulter les habitants.

    Quand je vois que le conseil de quartier d'Auteuil Sud n'a plus été réuni ni consulté sous quelques forme que ce soit depuis un an, je trouve que cela commence très mal. Instaurer la démocratie locale, cela ne s'improvise pas...

    Je suggère à tous ceux qui sont intéressés par l'avenir du 16ème de consulter également le blog d'Antoine Dufour, ainsi que les blogs actifs des élus du 16ème (c'est le cas, par exemple, de celui de Claude Goasguen , Valérie Sachs, du Nouveau Seize et, plus irrégulièrement, Thomas Lauret)

    Attendons donc de voir la suite des évènements...

  • Hachis parmentier bancaire

    Tiens, j'ai trouvé une excellente image dans 20 minutes à propos du secteur bancaire, venant de l'économiste Nicolas Bouzou : je parlais récemment des effets sectoriels, dans une note sur la BNP, et je déplorais le fait que des banques saines subissent le contre-coup d'un effet de secteur.

    Nicolas Bouzou illustre très bien ce phénomène avec l'image suivante : il compare la finance à un hachis-parmentier, et observe que lorqu'on mange un plat de ce type, si 10% du plat est périmé, on jette tout le plat généralement, on ne conserve pas les 90% sains...Tout amateur de hachis-parmentier comprendra aisément la métaphore...

     

  • Les banques n'ont plus de fric !

    Je viens de lire un excellent article sur le non moins excellent site Telos, de Marco Onado, professeur d'économie financière à l'université Bocconi de Milan. Il l'a intitulé Achille et la Tortue. Le titre n'est pas innocent pour qui connaît l'école philosophique grecque antique des Eléates, et l'un de ses deux maîtres à penser, Zénon d'Elée. Zénon essaie d'établir l'existence de l'Être mais veut montrer que nos sens ne peuvent en rendre compte car ils sont mouvants, et donc, par nature, reliés au non-Être. Il invente donc plusieurs paradoxes, dont celui d'Achille et la tortue pour montrer que les sens et la raison divergent, ce qui prouve bien que les sens ne sont pas fiables.

    Dans le paradoxe d'Achille et de la tortue, le héros grec Achille dispute une course de vitesse avec une tortue. Grand seigneur, il laisse 100 mètres d'avance à la brave bête. Mais, déclare Zénon, Achille , réputé pour sa vitesse (Homère lui accole l'épithète de "aux pieds rapides"), ne rejoint jamais la tortue. En effet, chaque fois qu'Achille a comblé son retard, la tortue a entre-temps avancé. Et chaque fois qu'il comble son retard encore, entre-temps, la tortue avance encore. Certes, Achille se rapproche à chaque fois, mais il ne rattrape jamais le brave bestiau à carapace. Quelques siècles plus tard, il y aura un lièvre qui se fera avoir aussi...

    Ce que Marco Onado explique, c'est que dans le temps où le crédit explosait, les fonds propres des banque diminuaient toujours plus. Rien de plus logique : plus le crédit augmente, plus les capitaux bancaires diminuent, puisqu'ils sont engagés.

    Pour faire face à la crise des liquidités sur le marché, en raison de la crise du crédit, les banques cherchent à se recapitaliser en vendant des actifs. Le problème, c'est qu'entre le fait qu'un certain nombre de ces actifs sont douteux (subprimes) et que toutes les banques poussent dans le même sens, du coup, les capitaux disponibles se font rares.

    Et comme les actifs que vendent les banques se déprécient toujours plus, les banques ne parviennent pas à se recapitaliser suffisamment pour redonner confiance au marché. Par suite, la valeur des actifs continue de se détériorer, et Achille court en vain derrière la tortue...

    En fait, la seule issue, c'est la vente simultanée des titres surnuméraires, et l'émission massive d'actions pour accroître d'un coup et significativement le capital de chaque banque. Il n'y a apparemment pas d'autre issue pour fluidifier le marché des capitaux et relancer, de ce fait, l'investissement.

    NDLR : au fait, chers lecteurs, j'ai la joie et la fierté de pouvoir vous annoncer que cette note est très exactement la 1000ème publiée sur ce blog depuis sa création, un jour de mai 2006 :-)

     

     

  • Situation économique de la France : ça va saigner pour les Français

    Je crains, hélas, que nous n'achevions un cycle. Le président Sarkozy s'obstine à persévérer dans une voie sans issue en essayant de trouver des astuces pour relancer le pouvoir d'achat. Pour améliorer le pouvoir d'achat, il n'y a pas 36 solutions : il faut produire plus en étant plus compétitif pour vendre plus. Cela suppose de restaurer notre industrie, mais aussi nos services par des investissements massifs. Nos entreprises doivent donc dégager des marges supplémentaires.

    Nicolas Sarkozy ayant grillé définitivement nos dernières cartouches budgétaires, il n'y a plus aucune autre issue. Les Français ne pourront éviter de payer plus s'ils veulent préserver leur protection sociale, ce qui suppose d'accroître les cotisations sociales.

    On ne peut pas en l'état, augmenter le pouvoir d'achat, et il va bien falloir avoir le courage de l'annoncer une bonne fois pour toutes aux Français. Les marges budgétaires que l'Etat peut dégager, il doit les affecter en priorité à la dette, et ensuite aux entreprises qui investissent. Il faut s'assurer, en revanche, que toute baisse de la pression fiscale des entreprises ne serve pas à accroître les gains des actionnaires, car ce n'est pas le but recherché.

    Toutefois, c'est peut-être un dommage collatéral de la nécessaire rénovation de notre appareil productif...

    Pour ma part, ce que j'écris ici, je le clame depuis longtemps, et je suis très aise de me trouver sur la même longueur d'onde que Jean Peyrelevade sur ce sujet.

  • Que veut dire hérésie ?

    Je vois tellement de refers (liens entrant sur mon site) qui recherchent "hérésie" sur google, parfois même avec les mots-clef "que veut dire hérésie", que je leur dois bien un petit laïus à ce sujet à tous ceux-là...

    A l'origine, il s'agit d'un mot grec, αἴρεσις (aïresis), qui signifie choix, préférence, inclination. Il est passé en latin où il est devenu haeresis, avec le sens de doctrine, système. Me demandez pas comment il est passé dans le champ du religieux avec le sens qu'il a aujourd'hui, c'est à dire de doctrine contraire aux dogmes, je me pose moi-même la question. Peut-être parce que des écoles philosophico-religieuses du catholocisme utilisaient ce terme. D'après ce que j'ai cru comprendre, l'historien juif romain Flavius Josèphe utilisait ce mot pour parler des différentes écoles religieuses et philosophiques.  On peut aussi définir l'hérésie comme une conception erronée, du moins, du point de vue du dogme.

    Notez qu'il y a une différence notable, du point de vue religieux, entre l'infidèle et l'hérétique. L'hérétique ne rejette pas forcément une religion mais tout ou partie de ses dogmes. En ancien français, évidemment, c'est de la sorcellerie ou encore une action criminelle. L'Eglise ne rigole pas avec l'hérésie qu'elle considère comme le crime des crimes : haeretica foeditas, hoeretica pestis, secta abominabilis, secta detestabilis, exsecrandi errores. Je ne vous traduis pas, la plupart des mots sont passés en français...ah, tout de même : foeditas signifie la saleté, la laideur, la difformité, la turpitude, l'infection, la malpropreté, et cetera et cetera...rien que ça, hein...

    Notez qu'il existe un proverbe à ce sujet : pour parler d'un homme de peu d'esprit, on dit de lui qu'il ne fera point d'hérésie...

    Pour ceux qui veulent approfondir, je recommande le bel article d'Imago Mundi à ce sujet. A voir aussi l'article de wikipedia sur ce thème.

     

  • Oui à la Turquie

    Attention, je n'ai pas exprimé là un avis personnel (bien que mes lecteurs connaissent mes préjugés plutôt favorables à ce pays en vue d'une adhésion  à l'Europe) : Oui à la Turquie est en réalité du blog de Michel Rocard, Ariane Bonzon et Joël Roman. Je viens d'y faire un tour. Première remarque : au niveau de la validation des messages, ils n'ont pas l'air d'être des rapides. S'ils veulent que le blog s'anime, il y a un effort à faire : rien de plus agaçant que d'attendre 3 à 4 jours la validation de son commentaire.

    J'ai lu tout dernier article de Michel Rocard , Quelle Europe : je partage certaines de ses observations. Michel Rocard fait partie de la petite minorité en France qui défend une intégration européenne à plusieurs niveaux, par groupes restreints si c'est nécessaire. En somme, une Europe évoluant par cercles concentriques.

    Je suis d'accord avec cette manière de voir, parce que c'est la seule viable à terme. Nous risquons autrement une paralysie des institutions, et, in fine, de devenir une simple zone de libre-échange. J'ajouterai toutefois une remarque à la position de Michel Rocard : il faut, si l'Europe avance par cercles concentriques, que l'Allemagne et la France fassent toujours partie du 1er cercle. Rocard n'est pas très optimiste sur une telle évolution. En fait, elle pose un problème : peut-elle être défendue par un parti pro-européen. Je pense qu'il ne faut pas mettre en avant le caractère restreint du groupe de pays, mais plutôt les points de convergence et ce sur quoi on peut organiser un pool. Le rejoint ensuite qui veut.

    J'en viens maintenant à la Turquie : dès lors que l'Europe se décline en cercles, il devient moins problématique d'intégrer la Turquie. En fait, tout dépend de ce que l'on inscrit dans chaque cercle. Je ne suis pas sûr d'être d'accord avec Michel Rocard pour exactement les mêmes raisons que lui, et, très certainement, j'ai sans doute plus d'arrière-pensées que ce dernier. Si le premier cercle de l'Europe est juste une zone de libre-échange des marchandises, alors oui, on peut intégrer la Turquie.

    Mais moi, j'aimerais poser quelques questions qui fâchent : dans quels cercles plaçons-nous, par exemple, la libre-circulation des personnes ou encore la redistribution des fonds structurels européens ?

    L'Union européenne représente 495 millions d'individu. La Turquie en compte 70 millions. Intégrer la Turquie, ce serait accroître d'un coup de plus de 10% la population de l'UE.

    Rocard a mis en avant l'atout géo-stratégique que la Turquie représente pour l'Europe, en raison de sa proximité immédiate avec de nombreux pays, souvent instables et/ou despotiques, disposant de très grosses réserves de pétrole et de gaz. C'est un raisonnement à court-terme : primo, parce que je ne considère pas le gaz ni le pétrole comme des énergies d'avenir, et que l'on peut espérer que d'ici moins de 50 ans, l'Europe saura se passer de ces énergies. Secondo, la Turquie actuelle (du moins le pouvoir) me paraît surtout inféodé à l'Amérique, qui pousse de toutes ses forces (de longue date d'ailleurs) pour l'intégration de ce pays. Ensuite, il faudrait savoir ce qu'en pense la population turque, toute la population turque, et pas seulement les élites urbanisées. Se sentent-ils européens ? L'Europe ne peut être le fait de quelques décisions technocratiques entre gouvernements.

    Enfin, il est hors de question d'accepter une démocratie au rabais. François Bayrou, sur ce point, avait eu tout à fait raison de souligner le risque de dissolution du projet européen si l'on acceptait la Turquie en l'état.

    Pour ma part, je ne suis pas fermé à l'intégration de la Turquie, et je pense qu'invoquer les causes géographiques est un mauvais procès.

    Les relations avec l'Islam doivent par ailleurs être clarifiées. Rappelons que les autorités de la Mecque estiment qu'un musulman qui change de religion doit être puni de mort. La liberté religieuse, y compris de changer de religion, doit être très clairement établi dans la constitution turque, et dans les faits, en vue d'une adhésion. Les autorités islamiques en Turquie doivent aussi mettre au clair cet aspect par des fatwas appropriées.

    En dehors de cela, le fait est que la Turquie, comme le souligne Rocard, a fait, il est vrai, énormément de progrès, et que la plupart des réformes récentes vont toutes dans le bon sens. J'espère, que ce sur ce sujet, le MoDem saura aplanir les angles en adoptant une position modérée.

  • EDVIGE ne lutte pas contre la délinquance

    Je viens d'écouter Corine Lepage, vice-présidente du MoDem, sur France-Culture à propos d'EDVIGE, et je remercie les cieux de ce qu'ils aient donné au MoDem une avocate aussi talentueuse. C'est une vraie chance pour le MoDem, car elle maîtrise très bien ses dossiers. J'ai appris, notamment que trois fichiers existaient déjà : CRISTINA, JUDEX et STIC. Ils servent à ficher soit les délinquants, soit le terrorisme. Actuellement, 7.5 millions de personnes sont fichées en France, soit 15% de la population, sans que la CNIL puisse exercer un droit de réserve. Avec EDVIGE, Corine Lepage observe que :

    - des mamans qui luttent contre la fermeture d'une crèche, des parents contre la fermeture d'une école, des manifestants contre une visite, bref, tout individu susceptible de troubler l'ordre public... peuvent être fichés !

    C'est en effet la mention qui figure dans EDVIGE. Corine Lepage suggère de revoir complètement les pouvoirs de la CNIL, et même de renommer cette institution. La nouvelle CNIL devrait avoir à son avis la même solennité que le Conseil Constitutionnel, tant la défense des libertés publiques est un point essentiel dans une démocratie. Cela me rappelle d'ailleurs ce que Tocqueville écrit à propos de la tyrannie de la majorité et ce que moi-même j'écrivais à propos de la CNIL il y a peu.

    - si Mémoire Vive dit vrai, les apôtres du sarkozysme triomphant ne reculent devant rien pour justifier ce fichier scelerat, et Jouyet ne manque pas d'air. Se reporter à ma note sur la CNIL pour comprendre pourquoi Jouyet doit être très gêné aux entournures actuellement avec un tel argument...