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sarkozy - Page 17

  • Grande Guerre et mutineries : alors là, bravo Sarko !

    J'écrivais hier même mon ras-le-bol du 11 novembre, exaspéré par la commémoration d'une France et d'une classe politico-militaire qui a envoyé à la boucherie nombre de jeunes Français, n'hésitant pas à tirer dans le tas quand le bétail ne marchait pas le pied ferme à la mort.

    Or, j'apprends aujourd'hui par le Parisien que Nicolas Sarkozy, l'actuel Président de la République, a rendu hommage aux mutins. J'ai beaucoup apprécié cette phrase qui est exactement celle que j'attends des pouvoirs publics depuis des années :

    «ces hommes dont on avait trop exigé, qu'on avait trop exposés, que parfois des fautes de commandement avaient envoyés au massacre, à ces hommes qui n'ont plus eu la force de se battre».

    Et  je trouve très juste sa conclusion :

    «Cette guerre totale excluait toute indulgence, toute faiblesse. Mais 90 ans après la fin de la guerre, je veux dire au nom de notre Nation que beaucoup de ceux qui furent exécutés alors ne s'étaient pas déshonorés, n'avaient pas été des lâches mais que, simplement, ils étaient allés jusqu'à l'extrême limite de leurs forces»

    Je n'aurai sans doute pas souvent l'occasion de le dire, mais là, je le dis, Sarko, bravo, je te tire mon chapeau. Un dernier petit effort, maintenant, pour demander aux historiens d'ouvrir le livre noir et de s'intéresser aux décisions du haut-commandement et de la classe politique d'alors...

  • Jean Lassalle et la politique de civilisation de Nicolas Sarkozy

    Lassalle.jpgEt paf, il ne l'a pas loupée la Christine, not' bon Jean : voyez donc plutôt sa question écrite au gouvernement sur la fameuse politique de civilisation de Nicolas Sarkozy...(question écrite 32005)

    M. Jean Lassalle attire l'attention de Mme la ministre de la culture et de la communication sur les éventuelles difficultés que celui-ci pourrait éventuellement connaître dans la mise en oeuvre de la "politique de civilisation" prônée par le Président de la République, au regard notamment de l'orientation qui semble être prise en matière de politique culturelle. Dans le domaine muséal, la suppression de la direction des musées de France va effectivement entraîner une autonomie administrative qui débouchera très certainement à plus ou moins long terme sur une autonomie financière. Il est à craindre que cette autonomie, conjuguée avec une éventuelle application du projet d'aliénabilité des collections de nos musées, ne les ramène à une situation dramatique de malthusianisme économique. Alors, condamnés à choisir entre le maintien, la survie de nos musées, chapelles intemporelles de notre patrimoine culturel, et la vente des oeuvres qui constituent ce même patrimoine, on peut redouter l'appauvrissement forcé de nos collections. Ainsi donc, l'État remplirait ses caisses en vidant sa vitrine. En conséquence, il lui demande de fournir les explications nécessaires à la compréhension de notre future politique de civilisation. (j'adore cette conclusion de Lassalle :-) Moi aussi je ne comprends pas la politique de civilisation du Président !!!)

    Juste une petite remarque, au fait ; le JO avait publié, le 15 janvier dernier, la question 14807 de Jean Lassalle sur l'inaliénabilité des collections publiques d'oeuvre d'art. Je crois même que j'avais fait une note à ce sujet (oui, ça me revient : c'était sur les musées et la Caverne d'Ali Baba. J'aurais du l'intituler Les musées, la Caverne d'Ali-Baba et les 40 voleurs, tiens...Je republie la question, toujours sans réponse à ce jour :

    M. Jean Lassalle interroge Mme la ministre de la culture et de la communication sur l'inaliénabilité des collections détenues par les musées français. Dans la lettre de mission en date du 1er aout 2007 remise à Mme la ministre conjointement par le Président de la République et le Premier ministre, il lui a été demandé « d'engager une réflexion sur la possibilité pour les opérateurs publics d'aliéner des oeuvres de leur collection sans compromettre naturellement le patrimoine de la nation, mais au contraire dans le souci de le valoriser au mieux ». Sachant que la majorité des conservateurs se sont élevés contre cette idée, notamment par l'intermédiaire de M. Loyrette, président-directeur du Louvre, et Mme Francine Mariani-Ducray à la direction des musées de France, sachant que les risques de dérives mercantiles sont à craindre dans la perspective d'une aliénabilité des oeuvres, sachant que le mythe des cavernes d'Ali Baba enfouies sous nos musées a été démenti par les conservateurs eux-mêmes à plusieurs reprises, il est possible de se questionner sur la nécessité d'un tel projet. Par ailleurs, cette politique de commercialisation des collections, déjà pratiquée aux États-Unis, a prouvé sa dangerosité en rendant possibles les erreurs d'évaluation des oeuvres, qui ont entraîné des drames financiers pour les musées concernés. Il lui demande en conséquence de prendre en compte ces éléments afin de procéder en concertation avec les acteurs concernés à une réelle évaluation de cette problématique.

  • Mesures pour l'emploi : un sentiment de déjà vu pour Bayrou

    François Bayrou estime que les mesures sur l'emploi annoncées par Nicolas Sarkozy donnaient l'impression d'avoir été entendues 10 fois sous les gouvernements précédents et qu'on allait refaire ce qu'on avait défait. "Ce sont les mêmes recettes. Elles peuvent être, ici ou là, pas inutiles. Mais ce qui reste au bout du compte, c'est qu'on va refaire ce qu'on avait défait, en attendant j'imagine de défaire ce qu'on aura refait. C'est l'éternel retour des solutions classiques dont l'ampleur est d'ailleurs assez faible par rapport à la crise qui arrive. Car 100.000 emplois aidés, à supposer que ces chiffres soient réels, ça n'est pas davantage que l'augmentation des demandeurs d'emplois sur deux mois". Il a également relevé "le contraste entre les moyens que devrait exiger le suivi personnalisé des personnes qui cherchent un emploi, et la baisse annoncée des moyens" qui lui sera accordé. En revanche, François Bayrou porte un jugement plus favorable sur le contrat de transition professionnelle, qui peut, selon lui, "ne pas être inutile lorsqu'il sera généralisé", tout en demandant: "Dans combien de temps? On retombe sur la question des moyens".

  • Philosophie de la crise financière

    A nouveau une note plus que remarquable de Marie-Anne Kraft , militante MoDem, et vice-présidente de la Fédaration du Val-de-Marne sur la crise financière. Je la publie intégralement ici :

     

    Philosophie de la crise financière ... et question sur notre civilisation

    Après l’effondrement du système communiste dans les années 90, nous venons de constater la ruine et l’échec du modèle néocapitaliste anglo-saxon libéral, fondé sur la recherche du profit individuel et sur la loi du marché (et la loi du plus fort, quitte à laisser les faibles sur le carreau) supposée équilibrante et autorégulatrice, créatrice de richesses pour le bien-être de tous.

    La question essentielle qui se pose à nous est la suivante : allons-nous colmater les brèches de ce système et continuer à faire tourner le même moteur en le bridant, devons-nous "refonder le capitalisme", ou bien existe-t-il un modèle alternatif ?

     

    Les leçons de la crise sur le modèle néocapitaliste

    Après l’effondrement du modèle communiste au début des années 90, nous venons de constater la ruine et l’échec du modèle néocapitaliste anglo-saxon libéral, fondé sur la recherche du profit individuel et sur la loi du marché (et la loi du plus fort, quitte à laisser les faibles sur le carreau) supposée équilibrante et autorégulatrice, créatrice de richesses pour le bien-être de tous.

    Mais quand ce système crée de la richesse, il accroit en même temps les inégalités, que ce soit au sein des nations ou entre les nations (Nord/sud). Voir mon article en attestant. Ce système n’est pas juste et il n’est pas durable.

    De plus il est basé sur l’illusion. Illusion d’un marché parfait dans la transparence de l’information et la parfaite concurrence, l’équilibre des prix entre l’offre et la demande. Or le marché n’est pas parfait comme l’a démontré Joseph Stiglitz : l’accès à l’information n’est pas le même pour tous, certains étant privilégiés, la concurrence est faussée (effet des concentrations et des lobbyings), le prix de marché à un instant t reflète un prix marginal entre une offre et une demande marginale, le prix que les quelques acteurs en excédent de demande seront prêts à payer (le prix s’appliquant alors à tous), d’où les hausses fulgurantes vues cet été sur le pétrole et les matières premières ; de plus le prix de marché est plus basé sur la spéculation de la valeur future que sur la valeur réelle. Ce prix « marginal » s’appliquant à tout le stock, notamment pour la valorisation d’actifs dans les portefeuilles, dans les bilans (« fair value », « mark-to-market »), il donne l’illusion d’une valeur des biens, des entreprises, des banques, par la valeur de marché, qui en fait n’est pas forcément une valeur réelle représentative des biens.

    Le résultat est qu’on vient de tomber de haut. La bourse a chuté d’environ 50% depuis le 1er janvier 2008. Ce n’est pas une « destruction de valeur » réelle des actifs de l’économie (la capacité des entreprises à produire n’a pas été modifiée), mais c’est tout comme car c’est la prise de conscience que la valeur de patrimoine de l’économie est deux fois moindre que ce que l’on croyait. Sans doute cette chute est-elle d’ailleurs bien trop forte comparée à une valeur « réelle », car l’effet violent du marché est toujours exagéré et en l’occurrence on surestime sans doute trop les risques tant que la confiance est à ce point entamée.

    Illusion, bulle, ... puis désillusion, éclatement de la bulle. Perte potentielle pour les épargnants, les retraites capitalisées, les assurances vies (comparée à ce qu’ils croyaient détenir). Perte brutale pour les banques dans leurs comptes à cause du fameux « mark-to-market », les obligeant à aligner plus de fonds propres pour couvrir ces pertes et faire face au reste de leurs engagements, eux-mêmes devenus plus risqués dans un contexte de récession économique. Pertes induites pour l’Etat et in fine le contribuable (émission de dette d’Etat même si elle est temporaire en attendant des jours meilleurs, afin de renflouer les banques, augmentant ensuite la charge financière de la dette). Pertes induites pour tous lorsque la crise financière devient crise économique (baisse de pouvoir d’achat, chômage) puis crise sociale.

    La question de projet de société, voire de civilisation

    La question est donc finalement la suivante :

    • va-t-on se contenter d’éteindre l’incendie, de colmater les brèches par le plan de soutien aux banques et la mise en place de verrous supplémentaires, d’une régulation renforcée, d’encadrement des abus d’appropriation des profits (parachutes dorés, rémunération des grands patrons et des traders), d’ajustement de normes comptables bancaires, puis continuer à faire tourner cette machine infernale basée sur le même moteur de recherche effrénée du profit individuel ? Est-ce cela « refonder le capitalisme » comme le propose notre président de la république Nicolas Sarkozy ? Apparemment les vœux pieux et contraintes souhaitées de développement durable et de solidarité aux pays les moins avancés n’arrivent pas à s’imposer et devront peut-être s’imposer par d’autres électrochocs ...

    • ou bien réfléchit-on vraiment en profondeur à un autre modèle ?

    C’est la question essentielle, existentielle, de notre civilisation.

    Si le modèle économique actuel ne fonctionne pas, il nous faut réinventer un projet de société et je dirais même plus un projet de civilisation. C’est ce que j’expliquais dans un article paru le 22 décembre 2007, avant même que Nicolas Sarkozy reprenne ce terme sur les conseils de Henri Guaino, s’inspirant du « projet de civilisation » de Edgard Morin.

    Je disais dans cet article que la civilisation actuelle connaît les premiers signes de sa mortalité, notamment au travers du défi écologique. Mais bien au delà de cette mortalité physique, elle souffre également de signes de mortalité morale et spirituelle, de perte d’humanité. Je disais aussi, reprenant François Bayrou, qui à mon avis est l’homme politique en France et même en Europe qui a le mieux analysé notre monde, compris la société actuelle et pressenti tout ce qui allait se passer :

    Le modèle de civilisation dominant est celui du néocapitalisme basé essentiellement sur des valeurs matérialistes, la recherche du profit, la valeur de l’argent, et le règne de l’image, du paraître, au détriment des valeurs humaines et spirituelles. Dans ce modèle règne la loi du plus fort. Ce modèle fertilise son pouvoir sur le terrain de la mondialisation. Il génère des inégalités croissantes dans le monde et dans chacune des sociétés qui le composent. Il ne sait pas venir à bout de la pauvreté dans le monde ni du désastre écologique qui menace la planète, car les intérêts matériels et particuliers à court terme l’emportent toujours sur l’intérêt général à long terme. Il ne paraît pas non plus rendre les gens plus heureux, contribuer à augmenter le niveau de bonheur des populations, sinon par une éphémère impression de bonheur représentée par l’argent, un pouvoir d’achat. La domination du monde par ce modèle induit implicitement cette civilisation à sa propre destruction.

    Les partisans de ce modèle, au travers de partis politiques, ne clament pas bien sûr qu’ils recherchent les inégalités croissantes et la loi du plus fort, qui en fait sont implicites des valeurs matérialistes qu’ils érigent comme prioritaires. Ils aiment se proclamer tenants de la Démocratie et de la République, bien qu’ils n’en respectent pas des principes fondamentaux, galvaudant ces nobles termes pour épicer leurs discours ou les rendre convenables. Leur stratégie politique est basée sur la séduction, le pouvoir des médias, la soumission aux sondages, une forme de populisme, la conservation du pouvoir par les puissants tout en entretenant une volontaire léthargie, passivité des masses, en les divertissant par les jeux, les programmes télévisés, en les faisant rêver par l’entretien d’événements people, le star system, l’espérance de gains où chacun a sa chance (loterie et loto), … et l’illusion que le salut est dans l’action effrénée, quel que soit son aboutissement, du moment que « ça bouge ». C’est la société du « zapping » perpétuel.

    Un autre modèle de civilisation a tenté de s’imposer au XXème siècle avec l’échec que l’on connaît matérialisé par la chute du mur de Berlin en 1989 et la période de la Perestroïka en URSS : le modèle socialiste communiste, très dirigiste, prônant l’appropriation des terres et bien de production par l’Etat, avec une centralisation extrême du pouvoir et de la redistribution des revenus. Ce modèle aboutit à un appauvrissement de la population, une déresponsabilisation des citoyens, à la prise de pouvoir par une oligarchie représentant l’Etat et s’octroyant des privilèges, à la dictature.

     

    Il y a donc bien à présent deux modèles de civilisation qui s’affrontent aujourd’hui sur notre planète, dont la concurrence alimentera le combat politique des prochaines décennies, pas seulement en France mais également chez nos voisins européens comme aux Etats-Unis et même dans le reste du monde, remplaçant le traditionnel clivage « Gauche-droite » en France, aujourd’hui dépassé :
    -d’un côté
    le modèle néocapitaliste basé sur des valeurs matérialistes, la loi du plus fort, qui génère des inégalités croissantes,
    -de l’autre
    le modèle démocrate et humaniste, priorisant les valeurs humaines et spirituelles, visant une justice croissante et un développement humain. Sans cependant nier la réalité économique et le contexte de la mondialisation.

     

    Quel moteur pour un modèle alternatif humaniste ?

    On connait le moteur du modèle néocapitaliste : c’est celui de la recherche et de l’accumulation du profit individuel même s’il s’exerce au détriment de l’intérêt général, celui de la loi du plus fort.

    En son temps, comme nous le rappelle Roger-Pol Droit dans un article du Monde d’hier, Aristote nous avait averti sur les dangers de l’Hybris et de la chrématistique.

    Je reprends les définitions (merci Wikipedia) :

    L’
    hybris (aussi écrit ubris, du grec ancien ϐρις / húbris) est une notion grecque que l'on peut traduire par « démesure ». C'est un sentiment violent inspiré par les passions et plus particulièrement, par l’orgueil. Les Grecs lui opposaient la tempérance ou modération (sophrosune).

    La chrématistique (de khréma, la richesse, la possession) est une notion créée par Aristote pour décrire l'état d'esprit de celui qui accumule le capital pour son plaisir. Aristote condamne cette attitude.

    Selon Aristote, l'accumulation de la monnaie pour la monnaie (la "chrématistique" dite "commerciale") est une activité contre nature et qui déshumanise ceux qui s'y livrent : suivant l’exemple de Platon, il condamne ainsi le goût du profit et l'accumulation de richesses. Le commerce substitue l’argent aux biens ; l’usure crée de l’argent à partir de l’argent ; le marchand ne produit rien : tous sont condamnables d'un point de vue philosophique.

    Bien qu'Aristote traite la chrématistique comme un ensemble de ruses et de stratégies d’acquisition des richesses pour permettre un accroissement du pouvoir politique, il la condamnera toujours en tant que telle et donnera une place beaucoup plus importante à l’économie. Sa théorie fut reprise par plusieurs religions et idéologies :

    • L’Eglise catholique tout au long du Moyen-Âge reprend la critique aristotélicienne contre cette conduite économique et la déclare contraire à la religion. De nombreux auteurs estiment que la mise en œuvre de cette doctrine fut un obstacle au développement économique.

    • L’Islam également. On parle même aujourd’hui d’une « finance islamique » (voir mon article sur le sujet) !

    • Karl Marx dans des pages du Capital reprend l'analyse des conséquences sur les personnes de ce qu'il nomme auris sacra fames (maudite soif de l’or) du nom latin donné à cette passion dévorante de l'argent pour l'argent.

    Le moteur de l’autre modèle humaniste doit être un autre moteur que celui du profit, valorisant l'homme au lieu du profit individuel et des valeurs matérielles. C’est facile à dire, moins à réaliser ! Il ne peut se décréter simplement au nom des valeurs morales. Il nécessite de passer par une prise de conscience des citoyens et une compassion naturelle pour l'autre, retrouver un sentiment de fraternité qui prime sur l'égoïsme. C'est très profond. Pour que l'ensemble des citoyens se comportent chacun en privilégiant ces valeurs et votent pour des gouvernants, pour un modèle de société, qui fonctionnera selon la primauté de ces valeurs.

    En attendant, il va falloir composer avec un modèle capitaliste toujours basé sur le profit individuel mais mieux encadré et régulé, et sous contraintes coercitives de respect de la durabilité (de l'environnement notamment), d'une plus grande justice sociale Nord/Sud et entre classes de populations, de principes moraux interdisant au niveau international des excès (rémunérations abusives) et des évictions à la loi (paradis fiscaux).

    Il va falloir contenir l’Hybris en attendant que s’instaure une sophrosune naturelle !

    A méditer ...

     

  • Justice et sécurité, la faute de Sarkozy et de Dati

    Je suis vraiment en colère contre le Président et la Garde des Sceaux. Je fais partie des Français qui sont favorables à une politique répressive en matière de délinquance. La répression, c'est bien. J'aime la répression. Vive la répression. Épelons le mot répression : r-é-p-r-e-s-s-i-o-n. Avec un début de billet comme celui-là, j'ai de bonnes chances de rameuter la gôche bien-pensante et assimilés dans un retentissant concert de bêlements outragés.

    Cela dit, j'en veux beaucoup à Sarkozy et Dati parce que leur politique complètement incohérente va discréditer durablement toute forme de politique répressive en France et redonner des couleurs à la gôôôche et à l'idéologie du laisser-faire, laisser-aller et cetera...

    Quand on  mène une politique répressive, on s'en donne les moyens. On ne fait pas l'apologie de l'incarcération sans augmenter considérablement les places en prison, les surveillants et les personnels de justice. On ne se défausse pas sur les juges de ses propres errements en proposant de condamner ceux-ci quand un prévenu mineur s'est suicidé en prison. Le problème n'étant bien sûr pas le jugement, mais l'état de la prison elle-même.

    Paradoxalement, tout en étant favorable à la répression, je fais mienne l'idée de Montesquieu qu'elle n'a pas besoin d'être brutale dès lors qu'elle est systématique. Ce qui fait la force de la justice, c'est la certitude de la sanction, non l'alourdissement des peines.

    De plus, je tends à penser qu'humanité et efficacité tendent à se conjuguer. Non le dévoiement de l'humanité qui se décline sous la forme inadmissible du laxisme généralisé, mais simplement l'humanité efficace qui consiste simplement à donner à chaque condamné une pièce où il sera seul, fût-elle très petite.

    J'ai été très choqué et exaspéré par un jugement récent dont j'ai été témoin : quelqu'un que je connais bien a reçu un coup de couteau dans l" ventre pour avoir cherché à protéger une jeune femme d'une agression. Le croirez-vous ? L'agresseur n'a pris que 18 mois avec sursis ! Dans un premier temps, je suis tenté de cracher sur le juge qui prononce une sentence aussi inadmissible, mais dans un second temps, je me dis que c'est peut-être en désespoir de cause et en raison des consignes qu'il reçoit pour vider les prisons qu'il renonce à enfermer un criminel...

  • Des fonds souverains nationaux pour l'Europe ?

    Nicolas Sarkozy vient de proposer la création de fonds souverains nationaux  en Europe, afin de se prémunir contre les crises graves telles que celle que nous venons de connaître, entres autres, mais aussi de l'acquisition nde nos fleurons industriels par des puissances étrangères profitant de cours indus. Je trouve l'idée intéressante : en effet, cela donnerait à l'Europe une force de réaction économique rapide en cas d'emballement des marchés et permettrait à chaque pays de se protéger plus efficacement.

    « Ces fonds permettraient de profiter d'un argent qui n'est pas cher pour acquérir des actifs stratégiques dépréciés, le temps que la crise passe, avant de les remettre sur le marché ». Oui, pour ma part, je trouve que c'est plutôt bien pensé.

    Il y a cependant un certain nombre d'écueils auxquels il faut prendre garde : tout d'abord, ne pas fausser la concurrence excessivement. Par exemple, lorsque le Gouvernement a annoncé la mise à disposition d'un très importante fonds de garantie pour sauver des banques éventuellement en danger, il a aussi créé un déséquilibre sur le marché. La preuve en a été que les cours des banques susceptibles d'être aidés ont flambé, alors que les banques autonomes ont au contraire perdu (la BNP par exemple). Temporairement, toutefois.

    Ensuite, créer un fond souverain, je veux bien, mais avec quel argent ?  Beaucoup d'Etats Européens sont largement endettés, à commencer par la France. Peut-être faudrait-il commencer par cela...Cela dit, sur les aspects stratégiques, Nicolas Sarkozy a parfaitement raison. Il ne faut pas oublier qu'actuellement, de gros pays producteurs de pétrole en disposent, et pas un d'entre eux ne fonctionne avec une démocratie digne de ce nom. Nous sommes à leur merci. Se donner la possibilité de se protéger est un impératif catégorique. Il doit en revanche être entendu qu'un tel fond ne doit pas être une cagnotte ou un fond de secours pour combler un déficit. Avec la France, je me méfie...

    Notons que l'Italie a choisi une autre option : elle souhaite plafonner la présence des fonds souverains dans son économie à 5% du capital des entreprises. Choix risqué qui pourrait à mon avis conduire l'Italie devant un tribunal de l'OMC.

    Et puis toute la difficulté, évidemment, cela va être de convaincre nos partenaires en bonne santé de la pertinence d'un tel projet. Or cela commence déjà mal puisque l'Allemagne vient de faire savoir qu'elle n'était pas du tout favorable à cette initiative.

  • Europe-Amérique, la pression doit monter

    Je constate avec satisfaction que l'Europe fait enfin pression sur les USA pour  réformer la finance mondiale. La vérité, et il faut le dire une bonne fois pour toutes, c'est que rien de toute la crise financière ne se serait produit si les USA n'avait pas inondé le monde entier de leurs crédits pourris. Le comble, c'est que bon nombre d'économistes, à commencer par ceux de BNP Paribas (mais pas forcément écoutés au sein même de leur établissement bancaire, d'ailleurs), étaient extrêmement pessimistes sur la situation américaine.

    On savait. On le savait. On savait que les subprimes étaient nocives, et on a quand même continué. "on", c'est un pronom indéfini en français. Eh bien il va bien falloir finir par réfléchir sur ce "on". Non pas pour chercher des coupables ponctuels, mais pour contraindre l'Amérique à édicter des règles de crédit qui ne mettent pas en danger l'économie mondiale.

    Toutes proportions gardées, c'est comme une centrale nucléaire vieillie et inadaptée. On ne continue pas à la faire fonctionner sans une sérieuse rénovation quand on sait qu'elle est susceptible de vous balancer un nuage radio-actif (qui ne connaît pas les frontières, lui) à tout moment sur la tronche.

    Sur cette crise, je trouve que le Premier Ministre anglais, Gordon Brown, a été exemplaire et s'est montré un grand homme d'Etat. C'est lui qui a inventé le plan que les Européens ont ensuite massivement appliqué. Aujourd'hui, il désigne clairement les Etats-Unis : «l'important est de s'assurer que les problèmes qui sont apparus dans le système financier - problèmes qui, nous le savons, ont débuté aux Etats-Unis - ne se produisent plus» a-t-il récemment déclaré.

    Nicolas Sarkozy ne vient que se joindre à un mouvement qu'il n'avait nullement initié, puisqu'il voyait au contraire dans le système américain dérégulé un modèle pour la France. Ce n'est pas faute pour François Bayrou d'avoir pourtant joué - en vain - les Cassandre.

    Les Européens accusent Washington d'avoir des années durant refusé, au nom du libéralisme économique, de réguler les marchés, fermant les yeux sur les investissements de plus en plus risqués et opaques qu'ils réalisaient. Et ils ont bien raison.

    Nicolas Sarkozy et Gordon Brown suggèrent également d'encadrer beaucoup plus étroitement les activités des agences de notation, qui clairement, n'ont pas fait du bon travail. Elles portent également une lourde responsabilité. Ceci risque d'ailleurs, de provoquer un fort effet second sur le crédit. Si les Agences resserrent considérablement leurs critères, bon nombre d'établissements, mais peut-être bien aussi de pays (or la France emprunte massivement sur les marchés internationaux) pourraient voir leurs notes dégringoler, et se retrouver donc contraints d'emprunter à des taux bien plus hauts que ceux qui sont pratiqués actuellement. Pour des pays endettés, il y a certitude de voir le service de la dette augmenter considérablement dans le budget...

    Il reste, désormais, à donner un vrai rôle au FMI. Bien que l'on ne l'ait que fort tardivement entendu (Il était en poste depuis un an et je n'ai pas le souvenir de l'avoir entendu s'exprimer sur les dangers que comportent des crédits pourris...) on peut espérer que Dominique Strauss-Khan joue enfin un rôle à cet effet dans cette institution, puisqu'il en est en principe le président...

  • Fallait-il extrader Marina Petrella ?

    Voilà une affaire dans laquelle il est très difficile d'édicter un point de vue ferme et définitif tant des logiques différentes se téléscopent. Marina Petrella a assurément commis des crimes très graves, entre 1977 et 1982, et je me mets à la place des femmes ou des enfants qui termineront ou ont terminé leur existence sans père ni mari (ou compagnon). Comment faire un deuil si justice ne leur est pas rendue ? Je conçoisn très bien que ces familles considèrent la décision finale de Nicolas Sarkozy comme un déni de justice.

    Ensuite, l'Italie est un pays ami et démocratique. Nous savons très bien que Marina Petrella ne sera pas malmenée, et que les Italiens prendront soin de sa santé. De plus, toute la classe politique sans exception aucune réclame son extradition.

    Songeons, en France, aux crimes de Carlos pour bien comprendre comment l'Italie considère les Brigades Rouges.

    Mais, d'un autre côté, Marina Petrella s'est tenue à carreau depuis plus de 25 ans. Elle a refait son existence, et a montré une volonté claire de rompre avec les racines du terrorisme. Miterrand avait fait preuve d'un certain pragmatisme en échangeant l'asile politique contre la reconciation au terrorisme, excluant toutefois les crimes de sang du champ d'application de sa proposition.

    Je pense que Marina Petrella devrait au minimum présenter ses excuses aux familles de ses victimes, et leur parler pour leur expliquer la mécanique infernale qui l'a entraînée dans le terrorisme le plus meurtrier et sanglant.

    Maintenant, est-ce que le fait qu'elle finisse son existence en croupissant dans un cachot, en proie à un cancer qui la ronge, apporte un plus à la justice, je n'en suis pas convaincu.

    Je pense que Nicolas Sarkozy a longuement réfléchi pour prendre sa décision. Ce qui est regrettable, ce sont les tergiversations : il eût fallu éviter de prendre une décision trop tôt pour en changer ensuite. Mais, on ne peut tenir rigueur de ce changement à un homme qui prend le temps de la réflexion. J'avoue que je ne sais vraiment pas ce que j'aurais fait à sa place.

     

     

  • Nicolas Sarkozy : l'erreur historique (1)

    J'ai lu entièrement l'ouvrage de Jean Peyrelevade, Sarkozy, l'erreur historique.

    La ligne directrice en est claire : nous vivons au-dessus de nos moyens. Il nous faut assainir les comptes de la nation, favoriser les PME qui contribuent à la production de richesses, particulièrement l'industrie et les PME exportatrices.

    Notre appareil productif est vieilli : il faut le rénover et accroître pour cela les marges des entreprises afin qu'elles puissent réaliser des investissements, car elles sont actuellement les plus faibles d'Europe. Le poids de l'industrie dans le PIB doit être rééquilibré par rapport aux services de plus en plus hypertrophiés. En effet, l'industrie apporte bien plus de valeur ajoutée, donc de richesses, que les services.

    In fine, les perspectives ne sont pas réjouissantes, car seuls les ménages peuvent apurer les comptes de la nation (en tout cas, ceux qui les concernent directement, c'est à dire la protection sociale).

    Il est donc inutile, mensonger et démagogique de parler de hausse du pouvoir d'achat par les temps qui courent, tant il n'y a aucun espoir d'amélioration à court-terme. Nous ne pouvons consommer plus que nous produisons et créons de richesse, or, actuellement, la Demande est bien supérieure à l'Offre en France, ce qui explique, au passage, nos déficits commerciaux records.

    Je développerai plusieurs aspects du livre dans d'autres billets ; celui-ci n'a pour objet que d'en fixer les cadres généraux.

  • RASED : Darcos en rajoute une couche !

    Dans la France de Nicolas Sarkozy et de son ministre de l'Education Nationale, j'ai remarqué que plus l'on est petit et faible, plus on trinque, au moins à l'école, en tout cas. Le non-regretté ex-ministre de l'Education Nationale, sarkozyste de choc aujourd'hui l'avait annoncé le 02 septembre, sans que l'on n'y prenne garde, si ce n'est quelques syndicats enseignants : le RASED, un réseau de soutien aux enfants en difficulté allait disparaître. Ben oui, avec les deux heures de soutien des enseignants, pourquoi les conserver.

    Parce que bien sûr, l'équation, c'est qu'un instituteur avec deux heures de soutien en petits groupes peut faire le même travail que deux éducateurs et un psychologue avec un jeune enfant en souffrance.

    Darcos vient d'annoncer qu'un quart des RASED seraient supprimés en France cette année.

    Ce qui m'exaspère dans la France de Sarkozy, c'est qu'on s'en prend toujours, et encore aux plus faibles. Qui se soucient de petits qui peinent ? Bah, tant qu'on économise des postes pour payer leurs coûteuses et inefficaces réformes économiques et fiscales...

    J'avais déjà écrit que Darcos en tenait une couche, mais il remet ça. Cette suppression est aussi sans doute le fruit de l'opinion qu'il se fait de la vie intérieure et sociale des jeunes enfants. Pauvre Olivier qui scolarise sa petite Cassandre (un signe du destin ?) : comme il le note à juste titre, les petites sections sont de moins en moins considérées...