Je me faisais la réflexion que sans Sarkozy, s'il ne se représente pas en 2012, une bonne partie de la blogosphère (du moins politique) va s'ennuyer...
Sacré Sarko, quand j'y réfléchis. C'est incroyable à quel point il déclenche un véritable phénomène d'hystérie collective... :-D Bien sûr, je juge pour ma part que beaucoup des orientations qu'il choisit pour la France ne me conviennent pas, mais de là à en faire le Malin lui-même et à voir sa main derrière tous les maux de la France...
Le problème de Sarko, c'est qu'il serait un excellent chef d'entreprise pour une PME, parce qu'il sait gérer de nombreux dossiers en même temps, et est très réactif, et globalement, sait donner des ordres vite. En revanche, il a du mal à déléguer, mais pour une PME, ce n'est pas un gros problème ; l'inconvénient, c'est que l'Etat, ce n'est pas une PME. On ne peut pas piloter un énorme tanker comme un hors-bord, et quand on fait une fausse manoeuvre, on passe un temps considérable à faire demi-tour ou simplement un virage. Autant que possible, il faut tenter de prendre la bonne direction dès le départ.
Il y a dans la République de Platon, au Livre VI, une analogie fameuse entre le pilote du navire et le dirigeant d'une cité : Socrate parle alors à Adimante, une jeune athénien épris de philosophie. Question de texte : qui est Sarko, et qui est Bayrou, dans l'extrait, puisqu'il est question de deux types de pilotes ?
Or donc, écoute (488) ma comparaison afin de mieux voir encore combien je suis attaché à ce procédé. Le traitement que les États font subir aux hommes les plus sages est si dur qu'il n'est personne au monde qui en subisse de semblable, et que, pour en composer une image, celui qui les veut défendre est obligé de réunir les traits de multiples objets, à la manière des peintres qui représentent des animaux moitié boucs et moitié cerfs, et d'autres assemblages du même genre. Imagine donc quelque chose comme ceci se passant à bord d'un ou de plusieurs vaisseaux. Le patron, en taille et en force, surpasse tous les membres (488b) de l'équipage, mais il est un peu sourd, un peu myope, et a, en matière de navigation, des connaissances aussi courtes que sa vue. Les matelots se disputent entre eux le gouvernail : chacun estime que c'est à lui de le tenir, quoiqu'il n'en connaisse point l'art, et qu'il ne puisse dire sous quel maître ni dans quel temps il l'a appris. Bien plus, ils prétendent que ce n'est point un art qui s'apprenne, et si quelqu'un ose dire le contraire, ils sont (488c) prêts à le mettre en pièces . Sans cesse autour du patron, ils l'obsèdent de leurs prières, et usent de tous les moyens pour qu'il leur confie le gouvernail; et s'il arrive qu'ils ne le puissent persuader, et que d'autres y réussissent, ils tuent ces derniers ou les jettent par-dessus bord. Ensuite ils s'assurent du brave patron, soit en l'endormant avec de la mandragore, soit en l'enivrant, soit de toute autre manière; maîtres du vaisseau, ils s'approprient alors tout ce qu'il renferme et, buvant et festoyant, naviguent comme peuvent naviguer de pareilles gens ; en outre, ils louent et appellent bon marin (488d), excellent pilote, maître en l'art nautique, celui qui sait les aider à prendre le commandement - en usant de persuasion ou de violence à l'égard du patron - et blâment comme inutile quiconque ne les aide point : d'ailleurs, pour ce qui est du vrai pilote, ils ne se doutent même pas qu'il doit étudier le temps, les saisons, le ciel, les astres, les vents, s'il veut réellement devenir capable de diriger un vaisseau ; quant à la manière de commander, avec ou sans l'assentiment de telle ou telle partie de 488e l'équipage, ils ne croient pas qu'il soit possible de l'apprendre, par l'étude ou par la pratique, et en même temps l'art du pilotage. Ne penses-tu pas que sur les vaisseaux où se produisent de pareilles scènes le vrai (489) pilote sera traité par les matelots de bayeur aux étoiles, de vain discoureur et de propre à rien?