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italie

  • Italie : sacrée gaffe de Le Maire

    Je ne peux pas dire que je me réjouis du vote en Italie mais je sais une chose : rien n'exaspère autant un peuple qu'une leçon venue d'ailleurs. 

    On ne sait pas ce que va faire exactement l'Italie. Si elle ne respecte pas les traités qu'elle a signés, elle en paiera les conséquences, cela va de soi. Cela ne sert à rien d'aller pointer le nouveau gouvernement italien du doigt. C'est juste parfaitement contre-productif et cela donne du grain à moudre aux partis populistes en général. Il leur sera plus facile de dire : voyez comment l'Europe et ses séides cherchent à nous dicter ce que nous avons à faire ! Halte à l'État supra-national qui n'a aucune légitimité démocratique. Ce dernier point est un travers naturel de la construction bancale de notre Europe actuelle alors autant ne pas en rajouter.

    Pour l'instant, on se tait et on regarde ce que dont la Ligue du Nord et le Mouvement Cinq Étoiles.

    Accessoirement, quand je vois l'état de la France et l'attitude de tous les gouvernements ces 20 dernières années, je crois vraiment qu'on est très mal placés pour faire la leçon à quiconque.

    Très mauvaise sortie, occupons-nous déjà de nos propres déficits et faisons profil bas pour l'instant.

    En revanche, ce qui est scandaleux, c'est l'interdiction faite aux Francs-maçons d'entrer au gouvernement. Ça, ça sent le relent fasciste et totalitaire à plein nez. Cela revient ni plus ni moins à faire la chasse aux individus en fonction de leurs convictions personnelles. Cela pue l'extrême-droite de l'entre-deux guerres à plein nez. Là, en revanche, on peut émettre un peu plus qu'une protestation, non pour défendre les Francs-maçons pour ce qu'ils sont (une organisation devenue conservatrice, rigide et dépassée) mais pour leur droit à continuer à croire en ce qu'ils veulent.

  • L'Italie, sortir de l'euro ?

    Je lis souvent l'excellente revue de presse de Lupus, et tout dernièrement, je suis tombé sur une reprise d'article dans laquelle un certain Nouriel Roubini, sorte d'oracle de Delphes de la mauvaise nouvelle économique, annonce une possible sortie de l'euro de l'Italie.

    Des oiseaux de mauvais augure qui prédisent la damnation éternelle à l'Europe et la désintégration de l'euro, il y en a un bon nombre depuis que les choses vont mal. Mais jusqu'à aujourd'hui, aucun pays n'est sorti de la zone euro, en dépit de très fortes turbulences, pas même la Grèce...

    L'Italie a quelques arguments à faire valoir :

    - pas de déficit primaire. En somme, elle paie les errements du passé, mais pas ceux du présent.

    - elle vient de se débarasser du clown Berlusconi qu'elle a remplacé par un économiste sérieux, Mario Monti (dont le MoDem et le PDE voulaient soutenir une éventuelle candidature à la présidence de la commission européenne en mai 2009) .

    - l'Italie vient de voter avec une majorité écrasante tant au Sénat qu'à l'Assemblée les mesures économiques que lui réclame l'Europe.

    Preuves que quelque chose se passe, la bourse de Milan a bondi, et surtout, les taux d'intérêt auxquels emprunte l'Italie actuellement sur les marchés se sont repliés de 7 à 6.5%.

    Le gouvernement de Monti doit trouver une majorité stable, mais je crois que ni le centre-gauche ni la droite en Italie n'ont envie de mettre le feu aux poudres. Si Monti n'outrepasse pas son très technique mandat et se contente de mettre en oeuvre les desiderata de l'Union européenne, il ne devrait pas risquer grand chose.

    Nouriel Roubini a donc de bonnes chances d'en être pour ses frais : il juge que la crédibilité d'un pays met au moins deux années à se redresser sur les marchés. Nous n'en sommes pas encore là puisqu'il y a d'ores et déjà un rebond immédiat...

  • Le syndrome du car de Bergerac

    Il y a eu en Italie, non loin de Florence, un accident de car très grave, puisque le véhicule s'est retourné. Les premiers éléments de l'enquête semblent mettre en cause la fatigue du conducteur. Le car transportait des collégiens de Bergerac, revenus chez eux dans la nuit. J'ai eu l'occasion de discuter à plusieurs reprises des séjours scolaires en car avec des amis enseignants qui en ont organisé. Il existe une règlementation qui contraint un conducteur de car à s'arrêter toutes les deux heures puis à se reposer huit heures au bout d'un certain temps de conduite. Or, si en pratique le car s'arrête, ils m'ont à peu près tous confirmé que le conducteur, lui, la plupart du temps, ne dort pas mais fait autre chose. Sans parler de ceux qui absorbent alors bière sur bière. Résultats, ils repartent fatigués. Et je n'évoque pas ce qu'ils m'ont dit sur ceux qui tentent d'outrepasser le règlement pour tenter de rentrer chez eux. Sans contrôles nettement plus contraignants, il est à craindre que ce genre d'accidents dramatiques ne se reproduisent à échéances régulières...

  • Vie de Néron et de Berlusconi

    Je viens de relire, pour le plaisir, tout récemment, la Vie de Néron vue par Suétone, le Radio-Ragots de la dynastie julio-claudienne. C'est marrant les similitudes entre Néron et Berlusconi.

    Comme Néron, Berlusconi adore se donner en public : ne poussa-t-il pas la chansonnette en février 2006 pour Miss Italie ? Il raffole des jeux dans les stades et en donne même toutes les semaines, comme Néron : ne possède-t-il pas le Milan AC ? Il est libidineux au possible, comme Néron, et nomme ses favori(tes)s à des postes clef au point de prendre les Italiens vraiment pour des c...

    Il a nommé ministre de la condition féminine une ancienne Miss Italie (encore une autre), une sorte de Sarah Pallin à la sauce bolognese, certes jolie mais dont le QI laisse le quidam interrogatif. Néron, je crois, avait quelque chose de similaire avec une affranchie du nom d'Actè dont il voulait faire son épouse officielle. Maria Carfagna a le droit d'être belle, ce n'est pas cela que je lui reproche, mais ses premières déclarations donnent le ton du personnage : elle juge les "gays constitutionnellement stériles".

    En pleine disette, à Rome, Néron entretenait des athlètes ; l'Italie croule sous sa dette, ses déficits et la baisse continuelle de son pouvoir d'achat, ce qui n'empêche nullement son clown présidentiel de festoyer (tiens, ça rappelle quelqu'un d'autre, ça, à ce sujet...).

    Et pour le caractère, que le lecteur juge lui-même. Ça, par exemple, je trouve que c'est parlant :

    «Désireux  surtout de plaire au peuple, il était le rival de quiconque agissait sur la multitude par quelque moyen que ce fût.»

    A sa décharge, tout comme Néron, c'est un amoureux des lettres et des arts : il a remis à l'honneur de grands auteurs tels que Pic de la Mirandole, Machiavel, Érasme ou encore Giordanno Bruno, s'occupant personnellement de l'édition de leurs oeuvres. On sait qu'il collectionne aussi des tableaux et voue en particulier un culte au Tintoret. Il est par ailleurs francophile (tout comme Néron était hellénophile : contrairement aux Romains, il a laissé d'excellents souvenirs à la Grèce de l'époque) et maîtrise parfaitement la langue française.

    Il faudrait, un jour, prendre le sujet à bras le corps, et faire comme Plutarque, écrire des Vies parallèles. J'avais évoqué Obama et Périclès, je verrais bien Cléon d'Athènes et Daboliou (mais je ne suis pas le seul, apparemment), et, en la circonstance, Néron et Berlusconi...

    Faudrait que je m'y colle, mais j'ai un peu la flemme...

  • Fallait-il extrader Marina Petrella ?

    Voilà une affaire dans laquelle il est très difficile d'édicter un point de vue ferme et définitif tant des logiques différentes se téléscopent. Marina Petrella a assurément commis des crimes très graves, entre 1977 et 1982, et je me mets à la place des femmes ou des enfants qui termineront ou ont terminé leur existence sans père ni mari (ou compagnon). Comment faire un deuil si justice ne leur est pas rendue ? Je conçoisn très bien que ces familles considèrent la décision finale de Nicolas Sarkozy comme un déni de justice.

    Ensuite, l'Italie est un pays ami et démocratique. Nous savons très bien que Marina Petrella ne sera pas malmenée, et que les Italiens prendront soin de sa santé. De plus, toute la classe politique sans exception aucune réclame son extradition.

    Songeons, en France, aux crimes de Carlos pour bien comprendre comment l'Italie considère les Brigades Rouges.

    Mais, d'un autre côté, Marina Petrella s'est tenue à carreau depuis plus de 25 ans. Elle a refait son existence, et a montré une volonté claire de rompre avec les racines du terrorisme. Miterrand avait fait preuve d'un certain pragmatisme en échangeant l'asile politique contre la reconciation au terrorisme, excluant toutefois les crimes de sang du champ d'application de sa proposition.

    Je pense que Marina Petrella devrait au minimum présenter ses excuses aux familles de ses victimes, et leur parler pour leur expliquer la mécanique infernale qui l'a entraînée dans le terrorisme le plus meurtrier et sanglant.

    Maintenant, est-ce que le fait qu'elle finisse son existence en croupissant dans un cachot, en proie à un cancer qui la ronge, apporte un plus à la justice, je n'en suis pas convaincu.

    Je pense que Nicolas Sarkozy a longuement réfléchi pour prendre sa décision. Ce qui est regrettable, ce sont les tergiversations : il eût fallu éviter de prendre une décision trop tôt pour en changer ensuite. Mais, on ne peut tenir rigueur de ce changement à un homme qui prend le temps de la réflexion. J'avoue que je ne sais vraiment pas ce que j'aurais fait à sa place.