Je vous le donne en mille : après PISA 2009, il nous restait encore l'excellence, mais le choeur des pédagogols s'est récrié. Puisque l'école favorise les meilleurs, il faut bannir les meilleurs et l'excellence. Et de crier haro sur les enfants des profs, ah, les salauds, qui réussissent mieux que les autres.
Un fils, une fille de profs, aujourd'hui, qu'on se le dise bien, c'est un enfant de milieu pauvre ou modeste, comme je l'ai établi il y a peu. Au mieux, c'est la classe moyenne.
Alors il faudrait leur ôter le droit d'être studieux ? Vous avez entendu cette cohorte de connards démagogues qui ne savent plus quoi inventer pour couler notre école républicaine ?
J'avoue que mon exaspération grandit au fur et à mesure que je lis les réactions à l'enquête PISA. C'est la fuite en avant.
Sans dénier que les rythmes scolaires soient probablement fatigants, le rôle de bouc-émissaires qu'on veut leur faire jouer est ridicule. Ils étaient les mêmes il y a 40 ans et notre système éducatif dans un bien meilleur état. Les vacances d'été duraient plus longtemps, et celle de l'année moins longtemps. A rebours, donc, de ce que clament nos experts ès chronobiologie aujourd'hui. Je ne me prononce pas sur la fatigue engendrée, mais en ce qui concerne les résultats scolaires, c'était apparemment mieux avec des vacances plus longues l'été.
Il suffit de lire les rapports bidons des comités Théodule, qu'ils soient installés à l'Assemblée Nationale, au Sénat ou à l'Institut Montaigne, pour comprendre l'ampleur de l'inertie : ils passent tous à côté de la plaque.
Sérier les problèmes, ce n'est pourtant pas sorcier : Hashtable lève une partie du couvercle sur son blogue, et Paul Vilach l'autre sur AgoraVox.
Hashtable évoque l'alourdissement des disciplines : voyons, qui a ajouté la découverte professionnelle, la vie scolaire, l'histoire de l'art, le carnet de compétences, les plans Théodule à chaque fois qu'un incident se produisait quelque part depuis plusieurs années ?
En vérité, il existe un plan simple pour remettre l'Éducation Nationale sur les rails, même si cela doit prendre du temps :
a) réaffecter tous les moyens alloués à ce qui ne sert à rien : formation continue des enseignants, ni diplômante ni efficace, fausses disciplines surnuméraires telles que la découverte professionnelle, l'éducation civique ou encore l'EJCS au lycée, dépenses de fonctionnement idiotes en raison de la rigidité de la comptabilité publique (quasi-impossibilité de ré-allouer des postes budgétaires, minorité budgétaire des établissements auxquels on interdit de choisir eux-mêmes leurs prestataires) pour citer quelques exemples. En ce qui concerne la découverte professionnelle, il existe des troisièmes techniques et professionnelles de bon niveau, voire de très bon niveau, jusqu'à peu. Il suffit d'utiliser l'existant.
b) garantir à chaque établissement scolaire les moyens de mettre en place la remédiation pour les plus faibles (RASED et aide individualisée massive dans les écoles primaires), l'excellence pour les plus à l'aise (enseignement de l'allemand offert dès l'école primaire en alternative à l'anglais et garantie de sa poursuite au collège, langues anciennes partout, de l'établissement de centre-ville parisien à celui de la cité de Seine Saint-Denis).
c) Laisser une liberté totale d'utilisation de ses fonds et de sa dotation horaire à chaque établissement, en fixant toutefois quelques horaires plancher pour les disciplines fondamentales (français, mathématiques, histoire hors éducation civique, anglais). Faire de même pour l'organisation de ses enseignements et de ses classes, y compris en générant des groupes de niveau verticaux (ne tenant donc pas compte de la classe), par exemple en langues vivantes. Ces choix pourraient figurer dans un projet d'établissement pluri-annuel.
d) en finir avec les évaluations bidons. Il ne doit plus s'agir de déterminer la compétence d'un élève, mais son niveau d'entrée dans un établissement, et son niveau de sortie. On peut le faire avec des exercices simples : la dictée, l'expression écrite (la rédaction), le calcul mental, les repérages et la capacité à formaliser mathématiquement des problèmes, la connaissance de la géographie du monde, de notre histoire et de notre civilisation ainsi que les grandes dates de la France. Des choses simples. On pourrait même économiser le coût du brevet. C'est évidemment la progression des élèves entre l'entrée et la sortie qui pourrait permettre de décerner un vrai label de qualité à l'établissement.
Il y a quelques enseignants dans ma blogroll (le privilégié, Démocratix, Princesse Soso, Natacha Polony), j'aimerais savoir ce qu'ils pensent de ces propositions, de même que ceux qui s'intéressent particulièrement à l'éducation comme Mirabelle, Isabelle ou encore SOS-éducation. Tous les blogues de l'Échiquier sont évidemment appelés à contribuer aussi, et plus généralement tous ceux que la question intéresse.