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Education - Page 11

  • Education : idées non plus explosives mais nucléaires...

    Pour finaliser mes propositions de la veille, il me reste à porter le coup de grâce. Pour ma part, je ne cherche pas une école organisée autour des adminsitrations, mais autour des hommes, des femmes et des enfants.

    Le recrutement et le système de rémunération actuel sont des archaïsmes. S'il me paraît nécessaire de conserver des grilles pour assurer une protection aux enseignants, chaque chef d'établissement devrait pouvoir disposer d'une enveloppe variable d'heures supplémentaires à distribuer. Et une enveloppe conséquente. 

    Mais, pour éviter des effets d'aubaine et la constitution de chefferies, cette enveloppe ne devrait pas être discrétionnaire. Dans ma proposition, cette enveloppe serait assortie d'un contrôle sévère par les Conseils d'Administration, voire par les Conseils pédagogiques s'ils existent et la nature du travail que ces heures récompenseraient définie.

    On devrait au sein des administrations, particulièrement des établissements scolaires, laisser davantage les individus se choisir les uns les autres. Partager des vues convergentes sur l'avenir des enfants que nous leur confions me paraît un atout au sein des équipes enseignantes. Les chefs d'établissement devraient donc pouvoir recruter jusqu'à 50% de leur équipe enseignante et administrative. Cela suppose également une certaine stabilité dans leur poste et donc qu'on cesse avec la noria des principaux et des proviseurs, puisqu'il paraît qu'on leur recommande de ne pas dépasser 6 années dans leur poste. Conseil particulièrement idiot. Si un établissement marche bien, il n'y a pas de raisons de changer une équipe gagnante. Un tel pouvoir devrait néanmoins être assorti de moyens d'en contrôler la pertinence, afin, là encore, d'éviter des effets de chefferie. Le Conseil d'Administration me paraît l' organisme décisionnaire ad hoc pour ce faire. 

    Il ne me restera plus qu'à traiter la question des contenus et des méthodes dans un prochain billet et quelques questions annexes dans le suivant. 

    Pour m'amuser, je comparerai ensuite mes propositions avec celles des partis qui ont annoncé les leur, histoire de voir ce que cela donne...A commencer par le MoDem...

  • Education, quelques idées simples mais explosives...

    Puisqu'au MoDem on ne dépasse pas le niveau de la déclaration d'intention, je me suis remémoré ce vieil adage de Benjamin Franklin «aide-toi toi-même, le ciel t'aidera», et je me suis lancé. 

    Voici donc quelques propositions simples et CONCRÈTES, elles, au moins pour mon propre parti.

    Quand on parle d'éducation en France, on évoque toujours les moyens, comme s'ils étaient l'alpha et l'oméga de toute politique éducative. Bien sûr, les conditions d'enseignement sont l'une des clefs de la réussite scolaire, mais certainement pas la seule. 

    Les choix pédagogiques et didactiques, l'atmosphère dans les écoles, collèges et lycées, l'offre éducative, la part laissée aux initiatives individuelles et aux expérimentations (pas forcément innovantes) constituent à mon avis autant de facettes de la réussite.

    Dans les mesures les plus simples, il me semble qu'il faudrait avant toutes choses rétablir dans l'éducation la confiance dans la capacité des individus à prendre en mains leur destin.

    Liberté pédagogique pour les enseignants, avec quelques grandes lignes générales pour fixer les programmes, et un engagement à se fixer des objectifs cohérents (savoir lire un texte, maîtriser la numération et les opérations simples, pouvoir écrire un texte sous la dictée, rédiger un texte simple, disposer de tels ou tels éléments de culture et cetera...).

    Individualisation des parcours :  un collège plus proche du lycée que de l'école primaire. Temps d'enseignement à peu près équivalent pour tout le monde, hors options (classes européennes, classes bilangues, latin et grec, langues régionales), mais avec des répartitions à la carte. Un élève en difficulté dans les matières fondamentales pourrait par exemple sur 27 heures de cours, en concentrer près de 20 en français et mathématiques. Les classes pourraient alors être constituées selon ces besoins et permettre des remises à niveau efficaces. De tels choix supposent de faire voler en éclats l'actuel collège unique et toute son organisation.

    Autonomie des établissements scolaires. Autonomie, pas étranglement. S'il agit d'asphyxier financièrement chaque établissement scolaire en expliquant à son personnal qu'il a la choix d'organiser sa pénurie, évidemment, c'est se moquer foncièrement du monde.

    Garantir l'atmosphère de travail : Bayrou avait estimé en 2007 qu'il y avait une quarantaine d'individus par établissements scolaires qui en pourrissaient l'atmosphère. Il faut rétablir une vraie discipline, c'est à dire autoriser autant de conseils de discipline que nécessaires et ouvrir des établissements spécialisés pour corriger la trajectoire des élèves qui posent de vrais problèmes. De tels établissements doivent mettre en place de vrais dispositifs de fermeté, avec personnels à l'appui, et avoir les moyens médicaux de pouvoir suivre de jeunes personnes dans un état psychique parfois inquiétant (cela va de suicidaire au pervers...). Les doter d'un psychiatre et d'un psychologue au moins, grassement payés, serait évidemment un préalable.

    Accueillir la différence, à commencer par les enfants handicapés, en leur assurant bienveillance, assistance et protection. Une blogueuse centriste a écrit à ce sujet un projet aussi incisif que complet qu'elle a intitulé le projet Wolfgang. Le principe de base en est assez simple : il consiste à inclure dans une classe ordinaire des profils atypiques en dotant la classe d'un second enseignant spécialisé, présent en même temps que l'enseignant principal. Les écoles concernées se verraient en outre dotées d'un personnel médico-éducatif spécifique (orthophoniste, psychomotricien, psychologue). Isabelle qui n'oublie rien a aussi fait les comptes : une telle école coûte bien moins cher que les lourdes prises en charge en hôpital de jour comme cela se produit à maintes reprises actuellement en France.

    Le lycée de Bayrou marchait plutôt assez bien, en dépit de quelques travers. Sarkozy, Châtel, Descoings le foutent en l'air. 

    Rétablir les filières actuelles dans leurs droits, prévoir la possibilité d'ouvrir toutes les options et spécialités à chaque tronc, développer les lycées professionnels en les associant aux entreprises autant que faire se peut. Créer de véritables liens entre lycées professionnels et licences professionnelles en université en organisant des échanges, et, pourquoi pas, en offrant la possibilité de valider des certificats professionnels valables pour l'université dès le lycée, particulièrement quand ils sanctionnent un savoir-faire acquis en alternance. Bref, associer étroitement lycées professionnels, universités et entreprises.

    Repenser l'orientation et le lien entre filières générales au lycée et licences techniques et professionnelles en université ; l'Université souffre d'un trop plein d'étudiants généralistes. On pourrait allonger d'un an BTS et IUT pour les conformer au standard LMD et leur donner équivalence d'une licence pro ad hoc. Il faut prévoir de diriger bien plus de bacheliers issus des bacs généraux vers ces formations techniques, tout en prenant garde de ne pas marcher sur les pieds des lycées professionnels. On pourrait rétablir un distinguo subtil qui a existé longtemps dans l'enseignement français en différenciant des licences techniques et des licences professionnelles.

    Pour ce premier billet, j'ai fait dans la catégorie "mange pas de pain", mais j'ai quelques autres idées à faire valoir.

  • 60% de défection à un concours d'enseignant

    L'externalisation de l'école est proche : viendra bientôt le jour radieux où les cours de langue et de littérature globish seront externalisés dans un camp de déportés chinois, quelque par du côté de Shangaï. Pour le français langue vivante 2, on se contentera de mettre en place des cours de conversations téléphoniques avec le Sénégal ou le Maroc, sous le haut-patronnage de France Telecom.

    De fait, en France, il y aura eu comme un problème avec le recrutement des enseignants. Jugez donc : j'avais fait déjà remarquer, en décembre, que le nombre de candidats au concours du CAPES s'effondrait. Il y a encore mieux : du côté des instituteurs et institutrices (professeurs des écoles en nov'langue), c'est le début de la fin. Dans un département de l'Académie de Versailles, ce sont tout simplement 60% des concurrents qui ne se sont pas présentés aux épreuves du concours

    Ils ont fait défection.

    Autre information : souvenez-vous, on avait réformé à grands concours de sonnerie de trompettes la formation des jeunes enseignants. Tout frais émoulus du concours, et toc, dans le secondaire, lâché dans les jungles urbaines du 93 (et encore, dans la jungle, les animaux n'attaquent que lorsqu'ils ont faim) 18 heures par semaines.

    Il paraît qu'il y a eu tellement de démissions et de dépressions avec arrêts de travail que les ânes bâtés qui s'étaient vantés et réjouis de leur réforme imbécile vont se trouver contraints de revenir en arrière. Désormais, les jeunes profs ne seraient plus lâché que toutes les deux semaines face à leurs ouailles. Ils suivraient en alternance une formation théorique (aïe, alerte au retour des pédagogols qui vont certainement tenter de truster le créneau !).

    Bon, je pose une question aussi innocente que bête : qui va s'occuper des élèves pendant les périodes de deux semaines où ils seront en formation théorique ?

    Et ce pauvre privilégié qui me demande de préparer 2012 en déterminant l'objectif principal du système éducatif français...

    Réponse en quelques mots : primaire et secondaire, défaire toutes les connereries qui ont été faites depuis près de 40 ans. Rien que ça, déjà, y'a du boulot.

    Univsersité : concilier la professionnnalistation des études et la culture. Laisser très ouverte et large l'offre de formation, mais l'assortir systématiquement de modules professionnels pour assurer de vrais débouchés en termes d'emplois, développer l'alternance. 

    En dehors de formations vraiment très spécialisées, je pense que de nombreuses filières de faculté et de grandes écoles permettent d'assurer une grande part des emplois dans la plupart des domaines. Édouard Leclerc a suivi des études littéraires, et le voilà pourtant à la tête d'une des plus puissantes chaînes de distribution de France, voire d'Europe.

  • Éducation : parti socialiste/MoDem, comparez...

    Tiens, j'ai fait un truc rigolo et pas long : je me suis rendu sur la page de garde du parti socialiste histoire de voir la place que les Socialistes consacrent à l'éducation dans leur une. Bilan ? Zéro, les copains gauchistes...Même la grève des enseignants d'aujourd'hui n 'est pas signalée. Vous connaissez le proverbe ? Qui ne dit mot consent...

    Côté MoDem, on trouve en haut de page une intervention de Jacqueline Gourault.

    Bon, j'ai consulté la page des communiqués, alors : allons voir le PS. Zéro pointé pour les dix derniers communiqués. Voyons les dix suivants, alors : Nada, toujours rien sur les réductions drastiques de moyens...

    Bon, allons voir les propositions du PS, à défaut : pensez-vous, Madame Michu ! Ils proposent d'adapter les rythmes scolaires ! du Châtel dans le texte, quoi...

    Les vidéos du PS, alors ? Page 1 ? rien. Page 2 ? toujours rien. Cherchez pas aux pages suivantes : que des interventions d'élus plus ou moins inconnus, nada sur l'éducation. Caramba : raté !

    Une intervention d'un responsable politique majeur sur l'éducation ? Allez cherche, rex, cherche mon bon toutou, cherche. Bon allez, Rex, reviens quoi, il fait nuit maintenant, t'as bien cherché, t'as pas trouvé, c'était une blague mon bon toutou : y'en avait pas de responsables socialistes qui parlaient d'éducation...

    Pendant ce temps-là, Yahn Werhling dénonce les écrans de fumée, François Bayrou plaide pour la meilleure éducation du monde, éducation dont il fait le labourage et le pâturage de notre XXIème siècle dans ses voeux...bon, ça suffit ou je continue ?

  • Trop de profs, vraiment ?

    Bah signale une grève dans l'Éducation Nationale, ce jeudi. Le genre d'évènements qui passe inaperçu dans la sphère médiatique. L'école est méthodiquement démantelée depuis des années, dans un grand silence sinon un grand soupir de satisfaction repue de la France toute entière...

    Grâce à Fabrice qui l'a signalé sur twitter, je suis tombé sur un article de 20 minutes qui vaut son pesant de pépètes. Puisqu'il est de bon ton de dénoncer régulièrement le poids des fonctionnaires dans la dépense publique, le journal a enquêté et comparé avec d'autres pays de développement économique comparable. La France est en fait dans la moyenne.

    Non, là où ça se gâte sérieusement, et j'espère que l'information va être relayée, c'est que la France a le taux d'encadrement le plus bas de tout l'OCDE pour les élèves ! Particulièrement dans le primaire et le supérieur, mais toutes les strates de son système éducatif sont touchées, évidemment.

    Et devinez quel est l'âne qui veut augmenter le nombre d'élèves par classe dans le primaire ? A cela s'ajoute les rapports d'imbéciles patentés proclamés experts assurant avec autant de morgue que d'ignorance, sur la foi d'échantillons tronqués, que la baisse des effectifs dans les classes n'a pas d'impact sur les résultats scolaires...A se tordre de rire par terre si ces abrutis ne tenaient pas hélas le haut du pavé à l'heure actuelle. Quelques témoignages édifiants, comme celui qui figure sur le blogue de Yves Delahaie, élu démocrate lillois, achève de dresser le portrait d'une institution en perdition. Tiens, une démission de plus...

    Et pendant ce temps, nonos Châtel (tiens, viens mon bon toutou, mords le bon nonos à son gentil maître de Nicolas...) nous abreuve de propositions à la noix : calcul mental, anglais à 3 ans, rythmes scolaires, autant de faux débats qui masquent l'anorexie forcée que Sarkozy, Châtel et consorts imposent à notre école. Et ça marche plutôt bien puisque même des blogueurs démocrates généralement pertinents, pourtant, tombent dans le panneau...

    Un vieux proverbe français dit que «qui veut noyer son chien l'accuse d'avoir la rage»...

    Bref, il ne faut peut-être pas s'étonner de voir une profession faire grève à intervalles réguliers depuis 3-4 ans. Je n'y vois pas le mécontentement d'une caste de privilégiés, mais plutôt une alerte de gros temps sans précédent sur notre école : tous les voyants sont au rouge, et personne ne semble en avoir pour autant pris la mesure...

    Je ne puis que renvoyer aux propositions du MoDem et de François Bayrou, seuls à l'ouvrir à l'heure actuelle, pour défendre l'école : il faut sanctuariser les moyens alloués à l'école.

  • Générations futures (MoDem)

    J'aime beaucoup le message que Bayrou et le MoDem adressent à la jeunesse de notre pays. J'y retrouve tous les thèmes qui me sont chers, ou presque.

    - le remboursement de la dette , 1er budget de l'État, et croix des générations futures

    - sanctuarisation des moyens de l'Éducation Nationale

    - écologie positive et réaliste, compatible avec l'économie (c'est le rôle des les politiques que de les rendre compatibles)

    - relocalisation des productions industrielles, artisanales, agricoles et de service, fers de lance d'une nouvelle politique de l'emploi



    CLIP EXPRESSION DIRECTE - GENERATIONS FUTURES
    envoyé par mouvementdemocrate. - L'info internationale vidéo.

  • L'homme, l'enfant, le frigidaire et la télévision

    Un commentaire récent de Christian Romain, visiteur occasionnel de mon blogue, sur les rapports de l'enfant et de la télévision me paraît si pertinent que j'ai décidé de le publier. Le voici :

    Votre article me rappelle un texte de Cavanna dans "Charlie Hebdo", fin des années 70. Il écrivait (je cite de mémoire) : "L'Homme est la plus noble conquête du Con. Regardez la télé. Il en faut, de l'intelligence, pour inventer la télé ! Eh bien, l'Homme invente la télé et le Con l'utilise pour les émissions de Guy Lux. Et au final, c'est toujours le Con qui gagne." Le même raisonnement vaut peu ou prou pour la voiture, l'ordinateur (ah, les jeux vidéo "Shoot 'em all" !) et Internet...

    Pour les rapports TV/enfants : personnellement, j'ai éduqué mes mômes sur ce principe "On ne regarde pas la télé, mais quelque chose à la télé". Et je leur expliquait qu'on emploie la télé un peu comme le réfrigérateur, qu'on ouvre pour y prendre quelque chose et dans lequel on ne se rue pas a priori pour voir si par hasard il n'y aurait pas quelque chose dedans qui nous ferait envie. Bon, je ne dis pas que ça a marché à 100%, mais ils ont tout de même développé un rapport un peu distancié vis à vis de la TV. Et quand je vois qu'un nombre croissant de parents installent un poste dans la chambre de leurs mômes dès l'âge de 10 ou 11 ans (plus de 12% en 2006 !), voire avant, je frémis.

  • Le Diable se planque dans la télévision ?

    Je suis assez impatient de lire le livre de Michel Desmurget, TV Lobotomie. Je l'écoutais vendredi midi sur France info, à l'en croire, la télévision est le cinquième cavalier de l'Apocalypse, ou presque...

    Un livre à peu près similaire était paru en juin dernier, le Téléviathan. A vrai dire, les intérêts économiques qui se trouvent derrière la télévision sont tellement puissants que j'imagine bien qu'ils n'ont aucun intérêt à voir les effets de la télévision remis en question.

    Un étude constatait récemment que les adolescents désertaient les écrans de télévision ... pour mieux se retrouver derrière ceux des ordinateurs, sur des jeux ou sur Internet.

    A titre personnel, je n'ai pas une très bonne opinion de la télévision, particulièrement des séries qui y sont programmées et des animateurs plus vulgaires, grossiers et orduriers les uns que les autres.

    Fondamentalement, le problème n'est pas tant la télévision que le contenu qu'on y met, et force est de constater qu'à l'heure actuelle, c'est la déchetterie à ciel ouvert.

    L'inconvénient, c'est que l'intérêt bien compris a horreur du vide : admettons que l'on légifère pour interdire les débordements télévisuels incessants, on peut être à peu près certain que la m... que l'on nous sert trouvera un débouché ailleurs : sur internet, par exemple.

    La seule issue, c'est la responsabilité des parents, mais elle est un peu illusoire. Et puis on se doute bien que les chaînes télévisées se garderont bien de faire de la publicité à ceux qui dénoncent leurs méfaits. 

    Pourtant, des chaînes de qualité, c'est possible : la Cinquième, Arte, entre autres, le prouvent largement, et à plus d'un égard.

    Mais la télévision, au final, ne fait jamais que refléter l'état de notre société : un univers en apparence doucereux, en réalité impitoyable. Jusque dans les émissions de variétés, la Télévision sanctifie l'apparence, la force, la loi de la jungle, les apitoiements compassionnels en lieu et place de la pensée, bref, toute la saloperie qui déferle sur notre conscience collective.

  • Châtel organise la guerre civile à l'école

    Je voulais revenir une fois encore sur la manière de procéder de Luc Châtel (celui-là, je l'ai dans le pif). Elle est symptomatique du sarkozysme en action.

    Châtel, je l'ai dit à plusieurs reprises, démolit consciencieusement notre école républicaine en l'étouffant par compression. Empêcher les collèges et lycées de fonctionner est une garantie d'organiser une fuite vers l'école privée, guère mieux lotie, au demeurant. En France, l'école privée est quasi-publique, sauf quand elle est hors-contrat. Ah, le hors-contrat, le rêve américain de Châtel et Sarkozy...

    Mais revenons à nos moutons. Question : pourquoi Luc Châtel vient-il d'annoncer que les chefs d'établissement méritants recevraient des primes ? Réponse : parce qu'il les a chargés d'organiser la pénurie. En réalité, les chefs d'établissement ne sont nullement responsables de cette pénurie. Ils ne font que redistribuer, intelligemment ou non, les moyens dont ils disposent. En faisant son annonce, Châtel est assuré de détourner l'ire des enseignants contre leurs principaux et proviseurs. Bien joué, Tullius Castelus Detritus (voir la Zizanie de Gosciny pour comprendre l'allusion) ! 

    Ah, Châtel et les calculs. Tiens, c'est une section académique du SNES, un syndicat enseignant, qui illustre assez bien les connaissances mathématiques de Châtel : il ne connaît que la soustraction. Chez eux, par exemple, cela donne : 

    Rentrée Versailles 2011 : le théorème de Chatel => Élèves plus 1159 = Emplois moins 493

    Ça, c'est du calcul mental, hein, mon Luc ? Tiens, un nonos, allez, allez, attrape, mon bon toutou à son Nicolas ! 

    Méthode sarkozyste en action  : on dresse les citoyens les uns contre les autres. Ça marche à tous les coups, ou presque. Roms, juges, étrangers, chefs d'établissement, on trouve toujours un coupable en sarkozie. C'est cette manière de faire insupportable que n'a cessé de dénoncer, en vain, Bayrou pendant toute la campagne présidentielle de 2007. C'est là le danger qu'il avait perçu pour la France. Un Président devrait être un pont entre les hommes, Sarkozy est une frontière barbelée. Et ses sbires aussi.

    L'école ne semble guère faire recette dans l'opposition. Le Front National s'en moque comme de la dernière guigne, et à vrai dire, lisez son programme (Le FN juge l'école dépensière, ce qui en dit long sur l'attention qu'il compte porter à l'éducation ; son programme annonce d'ailleurs clairement des réductions d'effectifs !), en fait, ce qu'il pourrait reprocher à Sarkozy, ce n'est de ne pas aller encore plus loin dans la casse de l'Éducation Nationale. Au PS, on demeure sans voix. Seul le MoDem a réagi par la voix de son porte-parole, Yann Wehrling, qui a parfaitement senti l'entourloupe

    Ce ministre est très inventif. Il nous annonce des mesures qui peuvent être intéressantes, comme l'apprentissage de l'anglais dès le plus jeune âge ou celles visant à la cohérence des matières scientifiques...Mais il y a aussi le contexte dans lequel s'inscrivent ces mesures, celui de la réduction des postes. Il y aura quand même, à la rentrée 2011, près de 8.967 postes en moins.

    Nous soupçonnons M. Chatel de créer un écran de fumée pour cacher cette réalité de coupes budgétaires qui aboutira immanquablement à un recul de l'école en France. Moins d'enseignants, c'est une plus mauvaise Éducation nationale, alors que l'on constate un recul de la maîtrise du français lui-même. Nous ne voulons pas être dupes de ces annonces qui enrobent et dissimulent cette logique de coupes budgétaires qui remplace toute réflexion sur l'Éducation nationale.

    Ouf. Merci, Yann. Y'a quand même quelqu'un qui l'ouvre, dans le silence assourdissant de la classe politique quand l'actualité évoque nos collèges et nos lycées. Que deviendrons nos enfants ? 

     

  • École, Apolalypse now...

    Tuba mirum spargens sonum
    per sepúlcra regiónum,
    coget omnes ante thronum.
    Mors stupébit et Natúra,
    cum resúrget creatúra,
    judicánti responsúra.
    La trompette répand étonnamment ses sons,
    parmi les sépulcres de tous pays,
    rassemblant tous les hommes devant le trône.
    La Mort sera stupéfaite, comme la Nature,
    quand ressuscitera la créature,
    pour être jugée d'après ses réponses.

    Partout dans les académies françaises, les dotations horaires des établissements scolaires du secondaire parviennent aux chefs d'établissement les uns après les autres. Les chefs d'établissement ne dormiront pas, ces prochaines nuits. Châtel a beau faire feu de tout bois et nous faire entendre son joli petit air de flûtiau, qui sur le calcul, qui sur l'anglais, qui sur les primes des principaux et proviseurs, la réalité est têtue, elle nous rattrape.

    De réductions d'effectifs en réductions d'effectifs, désormais, les équipes pédagogiques vont être confrontées à des choix impossibles : en effet, la saignée est telle que dans la plupart des collèges d'un département comme celui des Hauts de Seine, par exemple, si les collèges conservent leurs structures actuelles, ils seront contraints de fonctionner  de 35 à 40 élèves par classe. Même en sabrant options, petits groupes, heures de soutien et tous les petits à côté que le collège peut encore offrir, le compte n'y sera toujours pas. Les échos reçus des autres départements indiquent que la situation n'y est guère meilleure.

    Le toutou de Grenelle est déterminé à obtenir le bon nonos de son gentil maître. Ancien DRH, le licenciement, c'est sa spécialité, il s'y connaît. Supprimer des postes, c'est tout un art, mon bon maître.

    S'il fallait une preuve éclatante que ce gouvernement conduit notre école dans un mur sans équivalent, elle est très simple à trouver : la taille des salles de classe ! Même dans les collèges vénérables, les salles de classe ne dépassent pas 30, à la rigueur 31 à 32 places. Dans les collèges modernes, les salles sont prévus pour 28 élèves maximum. Quand des départements dotent des établissements en matériel informatique, ils le font demi-classe par demi-classe, c'est à dire par lots de 12 à 14 appareils en moyenne.

    Les salles ne prévoient donc pas de contenir plus de 30 élèves par classe, y compris dans les anciens collèges. La chansonnette sur l'air de "moi on était 40", ça ne marche pas, «l'archéologie» des lieux elle-même prouve le contraire...

    Il y a donc bien là la preuve que le gouvernement actuel crée dans le système secondaire une situation qui ne s'était jamais produite jusque là. Rien de semblable, pour être clair, depuis plus d'un demi-siècle. Si ce n'est plus. 

    On comprend mieux les récentes «études» des deux dernières années assurant que les réductions d'effectifs dans les classes n'apportaient rien en termes de résultats. Il s'agissait de préparer le terrain à la compression du Mammouth. 

    Allez, un peu plus d'un an encore à tenir. Vivement mai 2012...