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chef d'établissement

  • Pourquoi ne pas libérer le recrutement des enseignants ?

    Je m'étonne souvent du système de mutations qui coiffe l'ensemble de la fonction publique et particulièrement l'Éducation Nationale. Aucune équipe ne se choisit : c'est l'âge et le temps resté dans le poste précédent qui déterminent le pourcentage de chances d'obtenir un nouveau poste.

    Il y a là quelque chose d'aberrant.

    Il est imprudent de donner trop de pouvoirs, surtout dans l'administration, aux chefs dans un système porté au mandarinat. C'est l'une des raisons pour lesquelles je juge assez ridicule et contre-productive l'idée constamment relayée dans les think tank qui se copie les uns les autres de donner plus de pouvoirs aux chefs d'établissement et directeurs des écoles et établissement du secondaire.

    Mais il y a une liberté plus qu'un pouvoir qu'on devrait pouvoir leur donner, en revanche, c'est celle de recruter comme ils l'entendent.

    Pour limiter les effets d'aubaine et éviter de retrouver le neveu de l'amie de la belle-soeur de l'épouse des chefs d'établissement dans les institutions les plus prestigieuses, il faudrait accompagner cette réforme d'une refonte des grilles salariales.

    Et quelque chose de radical : par exemple, qu'un enseignant exerçant dans un collège de la cité des Francs-Moisins à Saint-Denis gagne très exactement deux fois plus que celui qui dispense son savoir à Henri-IV.

    On assisterait alors à un véritable renversement : il y aurait une ruée vers les établissements sensibles. Pensez donc : un salaire doublé !

    Pour éviter des effets d'aubaine à l'envers, cette fois, on pourrait décréter qu'aucun enseignant ne peut postuler pour les établissements les plus difficiles s'il n'a pas derrière lui plus de dix années d'exercice, ou, tout du moins, qu'en proportion de l'effectif, les enseignants inexpérimentés ne peuvent dépasser 10 à 15% du personnel.

    Il y aurait évidemment quelques contre-coups d'une telle mesure : la mobilité dans les établissements difficiles serait sans doute très faible, personne ne trouvant goût à voir son salaire diminuer sérieusement...

    Pour éviter deux catégories d'établissements scolaires, il paraîtrait logique d'établir une échelle, un indice de difficulté d'exercice pour établir le salaire de base de chacun d'entre eux.

    Plutôt que de créer 60 000 postes qui ne vont guère servir sauf peut-être un peu au début du primaire, Mister Peillon et Docteur Vincent auraient tout intérêt à considérer avec intérêt une telle révolution.

    Je tends de plus en plus à penser qu'il y a un problème de méthode et d'organisation dans notre Éducation Nationale et que ce n'est pas le fait d'engager encore plus d'enseignants qui y changera grand chose.

    Il y a sans doute beaucoup de choses qui se jouent en maternelle et à l'orée du primaire, dans les premières classes.

    Qu'est-ce qui fait que par la suite, un programme qui demeure au fond le même pendant plusieurs années ne soit pas assimilé par les élèves en dépit des répétitions chaque année ? Il y a là quelque chose qui mérite qu'on creuse même si je ne doute pas que plusieurs chercheurs en pédagogie s'y intéressent depuis quelque temps.

    Laisser les gens qui travaillent s'organiser entre eux est en tout cas, à mon sens, de nature à assouplir non seulement les conditions d'exercice mais aussi l'atmosphère dans les écoles, les collèges et les lycées. Bien sûr, il faut sans doute repenser ma proposition afin d'établir des garde-fous solides contre les abus de toutes sortes mais elle mérite l'examen.

  • Châtel organise la guerre civile à l'école

    Je voulais revenir une fois encore sur la manière de procéder de Luc Châtel (celui-là, je l'ai dans le pif). Elle est symptomatique du sarkozysme en action.

    Châtel, je l'ai dit à plusieurs reprises, démolit consciencieusement notre école républicaine en l'étouffant par compression. Empêcher les collèges et lycées de fonctionner est une garantie d'organiser une fuite vers l'école privée, guère mieux lotie, au demeurant. En France, l'école privée est quasi-publique, sauf quand elle est hors-contrat. Ah, le hors-contrat, le rêve américain de Châtel et Sarkozy...

    Mais revenons à nos moutons. Question : pourquoi Luc Châtel vient-il d'annoncer que les chefs d'établissement méritants recevraient des primes ? Réponse : parce qu'il les a chargés d'organiser la pénurie. En réalité, les chefs d'établissement ne sont nullement responsables de cette pénurie. Ils ne font que redistribuer, intelligemment ou non, les moyens dont ils disposent. En faisant son annonce, Châtel est assuré de détourner l'ire des enseignants contre leurs principaux et proviseurs. Bien joué, Tullius Castelus Detritus (voir la Zizanie de Gosciny pour comprendre l'allusion) ! 

    Ah, Châtel et les calculs. Tiens, c'est une section académique du SNES, un syndicat enseignant, qui illustre assez bien les connaissances mathématiques de Châtel : il ne connaît que la soustraction. Chez eux, par exemple, cela donne : 

    Rentrée Versailles 2011 : le théorème de Chatel => Élèves plus 1159 = Emplois moins 493

    Ça, c'est du calcul mental, hein, mon Luc ? Tiens, un nonos, allez, allez, attrape, mon bon toutou à son Nicolas ! 

    Méthode sarkozyste en action  : on dresse les citoyens les uns contre les autres. Ça marche à tous les coups, ou presque. Roms, juges, étrangers, chefs d'établissement, on trouve toujours un coupable en sarkozie. C'est cette manière de faire insupportable que n'a cessé de dénoncer, en vain, Bayrou pendant toute la campagne présidentielle de 2007. C'est là le danger qu'il avait perçu pour la France. Un Président devrait être un pont entre les hommes, Sarkozy est une frontière barbelée. Et ses sbires aussi.

    L'école ne semble guère faire recette dans l'opposition. Le Front National s'en moque comme de la dernière guigne, et à vrai dire, lisez son programme (Le FN juge l'école dépensière, ce qui en dit long sur l'attention qu'il compte porter à l'éducation ; son programme annonce d'ailleurs clairement des réductions d'effectifs !), en fait, ce qu'il pourrait reprocher à Sarkozy, ce n'est de ne pas aller encore plus loin dans la casse de l'Éducation Nationale. Au PS, on demeure sans voix. Seul le MoDem a réagi par la voix de son porte-parole, Yann Wehrling, qui a parfaitement senti l'entourloupe

    Ce ministre est très inventif. Il nous annonce des mesures qui peuvent être intéressantes, comme l'apprentissage de l'anglais dès le plus jeune âge ou celles visant à la cohérence des matières scientifiques...Mais il y a aussi le contexte dans lequel s'inscrivent ces mesures, celui de la réduction des postes. Il y aura quand même, à la rentrée 2011, près de 8.967 postes en moins.

    Nous soupçonnons M. Chatel de créer un écran de fumée pour cacher cette réalité de coupes budgétaires qui aboutira immanquablement à un recul de l'école en France. Moins d'enseignants, c'est une plus mauvaise Éducation nationale, alors que l'on constate un recul de la maîtrise du français lui-même. Nous ne voulons pas être dupes de ces annonces qui enrobent et dissimulent cette logique de coupes budgétaires qui remplace toute réflexion sur l'Éducation nationale.

    Ouf. Merci, Yann. Y'a quand même quelqu'un qui l'ouvre, dans le silence assourdissant de la classe politique quand l'actualité évoque nos collèges et nos lycées. Que deviendrons nos enfants ?