Ils m'amusent, les gros partis, avec leurs invectives contre les formations politiques plus petites : au PS, on se moque de François Bayrou en raison de son refus de voir ses forces se fondre avec d'autres au premier tour. En dépit du scrutin majoritaire, d'autres partis que les mastodontesques PS et UMP sont parvenus à se maintenir à flot. Le MoDem fait partie de ceux-là. Le Front de gauche, le NPA, créations récentes, comme le MoDem, ont décidé de partir au combat électoral en toute indépendance. C'est leur droit le plus strict, et, d'ailleurs, la seule certitude d'exister. J'entends, çà et là, que l'on reproche à François Bayrou de ne pas réaliser son arc central en refusant des alliances au premier tour avec les Socialistes (ou avec d'autres forces au second tour). Il se désole également des atermoiements de certains militants de Cap21. François Bayrou ne refuse pas la mise en place d'un arc central, c'est juste qu'il n'a pas envie d'être mangé tout cru par les super-prédateurs de la politique que sont devenus le PS, l'UMP et à moindre mesure Europe-écologie...
Le MoDem a renoncé à s'allier avec l'Alliance Centriste en Val de Loire. Je le déplore, mais il nous fallait l'assurance de pouvoir demeurer indépendant au second tour. Or, apparemment, cela, Jean Arthuis n'est pas prêt à le concéder. Soyons justes, le MoDem local, et sans doute Bayrou lui-même, n'ont peut-être pas été clairs non plus avec des alliances à gauche.
Pourtant, en Aquitaine, en Bretagne, il est désormais acquis que le MoDem sera indépendant au premier et au second tour. Je crois que Jean Arthuis et Laurent Gérault (mais aussi Bayrou) ont lâché l'affaire trop vite dans les Pays de la Loire. Il était peut-être possible d'arriver à un modus vivendi. On a préféré l'invective de part et d'autre. Je le regrette.
A cet égard, nous devrions, au MoDem, faire preuve de plus de pondération avec les centristes qui font d'autres choix que les nôtres. Le choix d'Alexis Blanc est dommageable, mais c'est une lourde erreur que de l'invectiver. Les centristes qui se sont alliés à d'autres formations à ces élections ont vocation à nous rejoindre un jour, y compris quand ils viennent de nos rangs. Leur tomber sur le râble est un très mauvais calcul.
In fine, sur la question des alliances, je crois qu'il y a au contraire de ce que titre le Post, une très grande clairvoyance de François Bayrou : pour vivre, il faut pouvoir s'assumer. Un proverbe chinois dit : si tu donnes un poisson à quelqu'un, tu le nourris pour un jour ; mais si tu lui donnes une canne à pêche, tu le nourris pour toujours. Il en va de même des formations politiques : que leur pitance dépende des grands partis et elles n'ont plus de raison d'être : du jour au lendemain, elles peuvent disparaître. Qu'elles ne doivent qu'à leur force de conviction auprès des citoyens leurs mandats, et c'est leur avenir qu'elles assurent ainsi.
Aucune formation politique ne doit pouvoir nous enlever le pouvoir de choisir. C'est pour cela que nous, le MoDem, désirons demeurer une force politique indépendante.