SOS-éducation qui adore caricaturer Philippe Meirieu va avoir du travail et peut songer à ouvrir une antenne en Rhône-Alpes : Philippe Meirieu prend la tête de la liste Verts/Europe-écologie dans cette région. Je m'en étais fait l'écho, le 22 septembre dernier, mais mes inquiétudes se sont hélas réalisées. Antidote, blogueur associé de Marianne2 a écrit un excellent billet à ce sujet. Comme il l'observe avec justesse, c'est cet homme-là et son clan qui inspirent toute la politique éducative française depuis plus de 20 ans. A cet égard, à mes yeux, il est largement comptable de tous ces échecs. C'est en réalité la gauche soixante-huitarde et libertaire, qui s'est généralement rapprochée de la deuxième gauche que l'on verra ainsi revenir aux commandes.
Elle est certainement plus libérale, économiquement, que la gauche orthodoxe, mais les positions qu'elle défend dans le domaine de l'éducation et de la culture ont le don de me hérisser littéralement. Antidote s'imagine que les départs successifs d'Allègre, Lang puis Meirieu peuvent laisser le champs libre pour une refondation du programme éducatif du PS. Il espère voir les socialistes en finir avec le pédagogisme délirant et proposer enfin une vraie alternative dans le domaine éducatif.
Pauvre Antidote ! L'Espoir à gauche, le courant de Vincent Peillon, organise des rencontres sur l'Éducation samedi 14 novembre ; qu'Antidote consulte donc la liste des participants du 1er atelier, il va largement déchanter ! Le thème en est «Comment adapter l'enseignement obligatoire à l'hétérogénéité des élèves ?». On a là les principaux acteurs du courant pédagogiste au cours des 20 dernières années, à commencer par Pierre Frackowiak le "monsieur éducation" du parti socialiste.
Quelques euro-députés MoDem ainsi que Jean-François Kahn vont participer aux autres ateliers et Marielle de Sarnez sera présente pour les synthèses.Le MoDem a intérêt à bien se tenir : l'éducation et la culture sont des casus belli pour moi. J'ai rejoint François Bayrou d'abord pour ce qu'il en disait. Je continue à lui faire confiance, mais j'espère bien que le MoDem ne va pas s'aligner sur les thèses du PS, et tout particulièrement de la deuxième gauche, particulièrement nocive dans ce domaine.
Je signale tant que j'y suis une intéressante chaîne sur le redoublement : c'est Barrejadis qui s'y colle, pour l'instant, j'ai donné mon avis, et le Privilégié a lancé la chaîne. Synthèse intéressante chez "ce qu'il faudra d'insignifiance"
En tout cas, il est inimaginable à mes yeux d'envisager une quelconque forme de fusion avec les Verts en Rhône-Alpes après une semblable nomination. Ni au premier, ni au second tour. Comme le dit Antidote, la venue de Darcos au Ministère de l'Éducation Nationale a été un premier pas vers une rupture avec la logique pédagogiste dans l'enseignement, mais dans un contexte de réductions importantes si bien qu'elle n'a pu emporter d'adhésions. En outre, Darcos a continué à travailler avec les cadres de l'administration qui étaient déjà là sous Luc Ferry, donc les changements...pas autant que ne le pense Antidote...
J'ai essayé de trouver des propositions sur le think tank du Nouveau centre, histoire de voir ce que ce parti proposait sur l'éducation, mais apparemment, cela ne fait pas partie de leurs préoccupations, à l'heure actuelle. A vrai dire, pour l'instant, le think tank en question est un peu un désert : il ne s'y trouve pas dix contributions au total...Et comme il n'y a rien non plus sur leur site...Pour un parti qui revendique 12 000 militants, je suis étonné d'une telle absence.
Commentaires
Avez-vous déjà lu ou au moins écouté Meirieu? Sur quoi vous basez-vous pour affirmer que la politique éducative officielle s'en inspire largement depuis 30 ans? C'est tout simplement de la diffamation
@ rateze
Oui oui, je l'ai écouté : tout le constructivisme mis en application dans l'école et la pédagogie est en grande partie son oeuvre.
Ceci ne me gênerait pas si cela n'avait pas eu un caractère idéologique et systématique, détruisant toute autre forme d'expression pédagogique au passage.
Cher Hérétique,
Merci de l'éclairage apporté à mon billet. Croyez bien que je ne me fais guère d'illusions. Il s'agit d'un voeu mais je sais qu'il a peu de chances d'aboutir. Peut-être le relatif isolement de Martine Aubry et son tête à tête avec Chevènement (lequel est le seul à avoir signé un accord politique avec elle ces derniers temps) apportent une lueur d'espoir. De plus JP Brighelli, lorsqu'il avait analysé les différentes motions au regard de l'Ecole, avait jugé que la motion de Martine Aubry était la plus proche de ses vues.
Mais vous avez raison il y a peu de chance. Seulement, mon ton un tantinet optimiste était destiné à les encourager.
Une petite ruse de ma part. ;-)
Bien à Vous
David Desgouilles- Antidote
Bonjour David
Merci pour l'info à propos de Martine Aubry et de Brighelli. Je l'ignorais.
Pour le MRC, je comprends, ayant été dans ma jeunesse proche de Socialisme et République puis du MDC, l'ancêtre du MRC.
Tenez, une confidence : au premier tour des législatives en 2002, j'ai même voté MRC.
En fait le projet de Chevènement, par son côté trans-partisan, me séduisait. Pas mal d'anciens chevènementistes, y compris parmi les électeurs, sont d'ailleurs passés à Bayrou par la suite...
Bonjour l'hérétique et merci de votre attention.
2Casa
Je n'ai pas particulièrement d'antipathie pour Meirieu. Il dit des fois des choses justes, des fois des stupidités.
Maintenant, n'est-il pas possible de séparer le pédagogue de l'homme politique ? Europe Ecologie a mis là une tête de gondole, tout simplement...
@ Mathieu
Le problème, c'est qu'il y a un lien évident, donc désolé, mais non, je ne ferai pas abstraction du pédagogue-idéologue
@l'hérétique qui dit à Mathieu :
"[...] Ils ont déjà du mal à tenir l'année scolaire ordinaire, alors tu penses, une rallonge de trois semaines...[...]"
Les journées de classe, en France , sont beaucoup trop longues pour les élèves
(pédiatres et chronobiologistes l'ont bien montré). Il faut des journées plus courtes (et éventuellement trois semaines de vacances en moins, l'été).
C'est aux élèves qu'il faut penser, pas aux enseigants, aux parents ou aux professionnels du tourisme.
@ Géraldine
Et il faut cesser d'invoquer les chrono-machins et les les pédiatres comme s'ils disaient tous la même chose. En réalité, les avis sont partagés sur le sujet.
L'année scolaire est construite depuis toujours sur la division qui existe actuellement. On ne change pas les choses du jour au lendemain sans se préoccuper des conséquences simplement parce qu'un idéologue a dit que c'est mieux.
Je pense, en revanche, qu'elles sont en effet trop longues pour les petits et les primaires, et, à la limite, peut-être pour les 6ème.
Mais pour les adolescents et les lycéens, il faut bien qu'ils rentrent dans des horaires qui correspondent grosso modo à leur organisation de leur vie professionnelle par la suite.
Par ailleurs, il faut également se préparer aux rythmes d'étude à venir, après le bac, bien plus intenses, ou, pour ceux qui choisissent les CFA et la voie professionnelle, aux rythmes de l'alternance.
Sur les rythmes chronobiologiques, il y a cette page qui me paraît plutôt sérieuse :
http://assoreveil.org/testu_1.html
En effet, idéalement, il faudrait des périodes de 7 semaines coupées par deux semaines et un nombre d'heures réduites. L'inconvénient, c'est que toute la société doit se réorganiser pour que cela soit possible.
Ensuite, attention : j'attends de voir quels seraient les résultats d'une classe qui testerait ce que proposent les chronobiologistes. Est-ce que la valeur ajoutée est patente pour l'enfant ? Parce que pour l'instant, il ne s'agit que d'observations sans applications concrètes.
Or, les meilleures intentions du monde viennent parfois se heurter au mur des réalités...
@l'hérétique
Vous dites :
"Mais pour les adolescents et les lycéens, il faut bien qu'ils rentrent dans des horaires qui correspondent grosso modo à leur organisation de leur vie professionnelle par la suite."
Vous oubliez qu'un ado qui fait à fond le travail donné à la maison a très souvent une semaine plus chargée que celle d'un adulte salarié.
Même si les besoins varient d'une personne à l'autre, les adolescents ont besoin de plus d'heures de sommeil que les adultes.
Je n'ai jamais vu un pédiatre ou un chronobiologiste dire que la répartition des heures de classe convenait aux enfants, si vous avez un lien , cela m'intéresse.
Regardons donc la répartition des horaires solaires dans les pays où cela marche mieux que chez nous et prenons exemple sur eux.
Bien sûr que les enseignants préfèrent bloquer leurs cours sur un nombre minimum de jours, mais c'est très regrettable pour les élèves.
Peu importe le nombre d'heures d'école puiqu'on apprend de toute façon que des niaiseries et des lieus communs.
Alors 20, 30 ou 40 heures sa nous fait une belle jambe.
Europe écologie est dirigé par un trio de sexuagénères qui refusent encore de grandir, une bande d'ahurits amoureux des animaux et quelques verts qui sont à l'inteligence ce que la cure thermal est au suplice de la baignoire. Fallait pas s'attendre à grand chose. Les gens ne s'y tromperont d'ailleurs pas et europe écologie disparaitra aussi vite qu'il est apparu.
Adrien
Mon blog politique : http://unecertaineideedelafrance.hautetfort.com/
@ Géraldine
Cela dépend de l'adulte salarié en question. Mais en effet, cela fait un temps d'étude (à ne pas confondre avec le temps de travail) assez conséquent.
Pour les chronobiologistes, lisez, svp, le lien que je vous ai donné : les rythmes des enfants peuvent varier considérablement.
Quant aux enseignants, je crois que vous vous trompez : j'ai le souvenir d'une étude qui date de quelques années et qui montrait qu'ils étaient contre la semaine de 4 jours et favorable à une réorganisation de l'année avec moins de vacances et des semaines moins lourdes...
Ceux qui seraient sans doute contre, assurément, ce sont les enfants eux-mêmes, et bien sûr les parents, pour leur vie de famille, et parce qu'ils ne sauraient pas quoi faire des enfants sur le temps hebdomadaire libéré, surtout pour les enfants en bas-âge.
Notez que si l'école prévoit des activités l'après-midi, on peut arriver assez vite à un niveau de fatigue élevé chez les enfants.
Ces histoires de rythme ne sont pas simples et ne peuvent être traitées avec des déclarations lapidaires.
Pour conclure, une chose est certaine : dans ce domaine, je me méfie de toute forme de militantisme.
Je ne crois pas à une solution radicale dans un sens ou dans l'autre et je me défie des instrumentalisations de toute sorte.
Une réflexion sur le sujet serait la bienvenue, mais elle ne soit pas être instrumentalisée au service de la pédagogolâtrie.
Or, c'est par idéologie que les pédagogistes évoquent généralement ce sujet et non par volonté d'assurer les meilleures conditions de vie et d'études aux enfants.
« SOS-éducation qui adore caricaturer Philippe Meirieu va avoir du travail et peut songer à ouvrir une antenne en Rhône-Alpes »
C'est prévu, figurez-vous, mais pas à cause de Super Pédago. Nous devons de toute façon créer des comités locaux et régionaux.
@ SOS éducation
J'attends avec impatience les premières aventures de B.A.-Bat :-)
Plus que 24 petites heures à patienter ! ;)
Je ne suis pas spécialiste du tout de la pédagogie et en lisant les commentaires j'ai l'impression que les raisonnement pédagogiste se font un peu "hors sols".
Considérer les rythmes scolaires sans prendre en compte les rythmes parentaux, c'est un peu s'imaginer que les enfants apparaissent en génération spontanée et qu'une fois que l'école a terminé avec eux il y a forcément quelqu'un pour les attendre à la sortie.
Bien entendu les écoles ne sont pas des garderies mais outre que plus ils sont à la maison plus les facteurs d'inégalités s'accroissent (plus on est riches, mieux on est formés et moins les déficiences de l'école se font sentir), il faut aussi réaliser, je ne vois pas l'intérêt de les habituer à des rythmes de travail qui ne correspondent à rien dans la société auxquels ils sont sensés être préparés.
Finalement, cette nostalgie pour l'école de Jules Ferry, dont les performances semblent avoir été très limitées, n'est elle pas que la nostalgie d'une école qui était, peut être pour son malheur si on considère 1914, totalement en phase avec la société ?
Très intéressant débat quand on a une trentaine d'années d'enseignement au compteur...Ok, Meirieu peut en agacer certains, mais si l'alternative est Brighelli, je renvoie tout le monde dos à dos. La prudence hérétique vis à vis des idéologues et des solutions toutes faites me parait sage en effet. Ce qui éviterait aux ventriloques de parler à la place des profs pour dire "ce qu'ils préfèreraient". Il est frappant de voir à quel point ce procédé courant révèle de projections et d'a prori, par ex. de toujours privilégier leur petit confort sur celui des élèves ou des parents.
Il n'est pas si difficile de penser qu'en fait, les trois sont liés:
Les profs sont tout à fait capables de réaliser que des élèves reposés et bien dans leur peau rendent le travail agréable et efficace. Et il n'est pas si rare que des profs soient aussi parents d'élèves et soient capables de voir les différentes facettes d'un problème...
Tout à fait d'accord avec Olivier, on ne peut pas séparer l'organisation scolaire de celle de la société. Ainsi, le rythme à l'allemande (fin des cours en début d'après-midi), séduisant je l'accorde, est lié à une société où les mères étaient traditionnellement beaucoup plus à la maison qu'en France, ce qui n'est plus si vrai et commence à leur poser des problèmes. Purement décalqué chez nous, on déboucherait très vite sur une exigence sociale d'encadrement des enfants.
Ma préoccupation va plutôt dans un autre sens: comment faire réussir les élèves dénués de tout encadrement familial quand les parents travaillent en 3/8 ou en temps partiel subi, a fortiori si famille monoparentale? De l'impact de l'organisation ultralibérale du travail sur la reproduction des hiérarchies sociales : ce n'est pas de l'idéologie, c'est mon quotidien.