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bayrou - Page 37

  • Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de Danmark

    «Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de Danmark» est l'un des vers les plus connus de ceux qu'a écrit Shakespeare. C'est Marcellus qui prononce ces mots à la scène 4 de l'acte I d'Hamlet. Hamlet vient de voir un spectre que Marcellus et Horacio, ses amis ne voient pas. Décontenancés et ne comprenant pas son attitude, ils décident malgré tout de le suivre. La réponse d'Horacio à Marcellus est d'ailleurs édifiante :

    «le Ciel y pourvoira.» ...

    S'il y a quelque chose qui m'interroge, c'est tout de même le nombre de défections qu'a connu le MoDem. Et je ne parle pas de celles qui ont une cause politique identifiée, mais des autres. Il y a bien sûr des maniaques (que je soupçonne d'être dangereux comme le sont tous les individus qui sont obsessionnels) mais aussi des militants très rationnels et tempérés parmi ceux qui sont partis ou se sont mis en retrait. Pour ma part, je connais (un peu) surtout les parcours des militants de l'île de France, ainsi que quelques autres en régions. Il y en a au moins quatre dont je veux parler, parce que leur retrait ou leur départ est un gâchis humain.

    La première (c'est une femme), c'est la coordinatrice (et largement conceptrice) du programme du MoDem sur les questions sociales, et particulièrement de la petite enfance  lors des municipales de 2008 à Paris : Christelle de Crémiers. Christelle était très bien implantée dans le 17ème arrondissement de Paris. C'était une élue municipale, elle avait tissé un réseau de relations avec les associations locales. Il eût été naturel qu'elle prît la tête de liste du MoDem dans cet arrondissement. Pourquoi avoir placé à la place Pierre-Emmanuel Portheret qui était lui-même implanté dans le 16ème arrondissement, tout cela pour faire une place à Jean Peyrelevade là-bas ? le même Peyrelevade a démissionné quelques mois plus tard parce qu'en fait, être élu municipal,  cela ne l'intéressait pas. En 2008, nous avons frisé les 10% dans le 17ème. Je suis convaincu que Christelle les aurait franchis. Il eût fallu au minimum offrir des compensations à Christelle en interne, d'autant qu'elle avait prouvé par son travail dans les commissions qu'elle avait de véritables capacités de synthèse et de coordination.

    La seconde (c'est encore une femme), c'est Quitterie Delmas. Je pouvais avoir des différences avec Quitterie, notamment en termes de positionnement politique, je n'en appréciais pas moins sa capacité à fédérer un grand nombre d'individus dans son sillage et sa présence médiatique. Elle est finalement partie : c'est pourtant quelqu'un qu'il eût été un atout de compter dans ses rangs par les temps qui courent.

    Le troisième s'appelle Thierry (je n'en dirai pas plus sur son identité) et a ouvert récemment un blog. Il y regrette, d'ailleurs, le MoDem du temps jadis. Thierry, c'est un ami, un homme loyal et juste ; un idéal d'humanisme. Une encyclopédie vivante : tous les sujets l'intéressent. Quand je le lis, je bois ce qu'il écrit. J'ai eu quelques moments difficiles sur ce blog : il était là à chaque fois. Il est parti en raison d'une sombre affaire dont je n'ai pas les tenants et les aboutissants, mais dont il eût fallu percer l'abcès une bonne fois pour toutes par une procédure de conciliation ad hoc.

    Le quatrième, enfin, c'est Christophe Ginisty. Quoi qu'il en dise, ce n'est pas sur des idées, pas même sur des procédures que Christophe poursuit une vendetta personnelle mais sur une erreur humaine. Bayrou a ce travers qu'il peine à reconnaître ses erreurs, bien sûr dans le domaine tactique, mais bien plus encore dans le domaine humain. Il admet être trop fier et batailleur, mais n'en tire pas les conséquences. Il s'est heurté avec Cohn-Bendit, par chance, ce dernier n'est pas rancunier. Avec Christophe, il en va autrement : Bayrou faisait confiance à Christophe et Christophe appréciait personnellement Bayrou. Il l'appréciait et a pris sur lui à de nombreuses reprises. Par exemple, Bayrou avait confié à Christophe de coordonner un groupe d'adhérents afin de mettre en place un réseau social via une plate-forme pour le MoDem. Bayrou est fasciné par wikipedia. Fasciné au point d'imaginer que le modèle est transposable, alors qu'en réalité, il est unique, et, à mon avis, très difficilement imitable. Bayrou a ce travers gaullien de penser que l'intendance suivra. Le problème, c'est que l'intendance, elle en a sa claque, parfois. Et ça, c'est le genre de choses qui passent un peu au-dessus de sa tête, à Bayrou. Le groupe que Christophe animait était de surcroît constitué de bénévoles. Il était évident que ce groupe aurait le plus grand mal à finaliser la plate-forme voulue dans les temps impartis. Il eût fallu au moins payer à plein temps un développeur. D'ailleurs, le résultat final, bien qu'inachevé, présentait bien.

    Or, que fit Bayrou ? Eh bien il fit appel discrètement à une société privée sans en avertir Christophe. C'est elle qui a développé lesdemocrates.fr . Christophe l'apprit à peine deux semaines avant son lancement. Il dut prendre donc sur lui de l'annoncer à son équipe et d'endosser les critiques et les défections qui s'ensuivirent. Pour avoir avalé la couleuvre et encaissé à la place de Bayrou, il eût dû être remercié mille fois. S'il y a bien une preuve de fidélité et de courage, c'est bien celle-là !

    Bayrou avait toujours voulu ce qu'il appelle des auto-moteurs, c'est à dire des individus indépendants, qui promeuvent le MoDem et ses idées à échelle locale voire plus quand c'est possible.

    Christophe obtint une sixième place sur la liste des Européennes en île de France. Il savait que la place n'était pas éligible (à moins de faire un score monumental) mais c'était tout de même une forme de reconnaissance dont il se satisfit.

    Après les Européennes, de nombreux militants ruèrent dans les brancards. Christophe eut alors une initiative que je juge intelligente : il prit la tête de la fronde et tenta de la canaliser. Ce fut les Promoteurs.

    Or, Bayrou fit une erreur tactique qui ne laisse pas de continuer à m'étonner : il eût valu mille fois mieux une opposition interne coordonnée et canalisée par Christophe, qui était sur le fond un ami, que dispersée et en proie à des voix autrement plus hostiles, voire malfaisantes.

    Non seulement Bayrou ne comprit pas ce que Christophe avait voulu faire, mais il lui en tint rigueur. Et lors du Conseil National du 04 juillet, il lui lança au visage deux attaques très blessantes et injustes.

    1. il lui reprocha d'avoir profité du "système". S'il y a bien quelqu'un qui aura donné de lui-même au MoDem et à Bayrou sans jamais en profiter, c'est bien Christophe. Quelle injustice ! Il n'a profité de rien du tout si ce n'est des baffes vers la fin...

    2. Plus gonflé : il lui fit le reproche de ne pas avoir finalisé la plate-forme qu'il avait attendu, et donc, de ne pas être fiable. Il faut le lire pour le croire. Je dois être honnête : si j'avais été à la place de Christophe, je lui aurais soufflé dans les bronches. C'est du foutage de gueule ! j'aime bien Bayrou, mais, à mon avis, de temps en temps, il a besoin de se faire claquer.

    Il faut toutefois préciser que Bayrou était alors dans une mauvaise passe : il avait mal digéré l'échec des Européennes, et puis il avait ses propres soucis personnels. Il n'en reste pas moins que lorsqu'on est un chef de parti, il faut souvent prendre sur soi, et surtout, on ne laisse pas partir quelqu'un de la valeur de Christophe Ginisty. Le problème, c'est que Bayrou s'est braqué.

    Les choses se sont alors dégradées de plus en plus vite (Christophe est aussi fier et buté que Bayrou...) avec quelques attaques pas fameuses de Christophe...(j'ai fait les frais de la moins "méchante" d'entre elles).

    Je connais assez bien Christophe, on a souvent échangé. Sur les procédures, il n'y pas l'ombre d'une épaisseur de papier entre nos vues respectives. Politiquement, il est plus à gauche que moi, mais on est très proche. C'est quelqu'un pour qui j'ai de l'estime, et je pense que dans son domaine, la communication sur internet, il est excellent. Malheureusement, le MoDem l'aura appris à ses dépens ces derniers mois.

    C'est donc un homme blessé qui écrit sur son blog à l'heure actuelle, même si le temps passant, les plaies se cicatrisent. Est-ce qu'il eût été (serait ?) compliqué à Bayrou de prendre son téléphone, d'appeler Ginisty et de lui dire : Christophe, je le reconnais, j'ai été injuste envers toi, je m'en excuse.

    Je soutiens le MoDem, y compris parfois quand je ne suis pas d'accord (avec toutefois des limites), mais par moment, il faut que la soupape de sécurité s'ouvre. Même si je n'ai rien dit à l'époque, je n'en pense pas moins que les torts ne sont pas du côté de Christophe dans cette histoire, pas plus qu'ils ne l'étaient du côté de Christelle.

    Tout cela, bien sûr, c'est de la petite histoire, mais la petite histoire est faite aussi d'histoires individuelles, d'hommes et de femmes, et souvent, il faut commencer par l'écrire avant de pouvoir écrire la Grande Histoire : le Ciel n'y pourvoira pas indéfiniment...

     

  • Je suis un adhérent UDF...

    C'est marrant le nombre d'individus qui évoquent l'UDF et qui oublient un petit détail : il reste des adhérents de l'UDF...et oui : en mai 2007, au moment où le MoDem a été fondé, il était encore possible de faire la réadhésion à l'UDF, ce que j'ai fait, en même temps que j'adhérais au MoDem. J'ai donc les deux cartes, celle de l'UDF 2007 et celle du MoDem 2007. Je pense donc avoir une légitimité certaine pour exprimer mon avis sur la question...En revanche que des types comme Giscard ou de Charette viennent m'expliquer ce que je dois faire alors qu'ils n'étaient plus adhérents de l'UDF depuis fort longtemps, cela m'agace.

    Si Morin veut devenir le chef de l'UDF, il doit réadhérer, et ses copains du Nouveau Centre. Bon, évidemment, cela ne va pas être facile : il en a été exclu en 2007 ; toutefois, après deux années, je subodore qu'on doit pouvoir passer l'éponge...

    En tout cas, au final, quoi que devienne l'UDF, il est hors de question de ne pas consulter les adhérents au préalable...Tous ceux qui veulent donc récupérer le sigle UDF  sont loin d'être au bout de leurs peines.

  • Recherche peuple désespérément...

    Je poursuis la lecture du livre Recherche peuple désespérément, et j'en suis arrivé aux lignes dans lesquelles les deux auteurs font un tour rapide des discriminations qui frappent le peuple. Ils observent, par exemple, qu'une jeune issu d'un lycée rural a bien moins de chances d'entrer à science-po qu'un jeune des cités venu de Bobigny. Ils remarquent aussi que la gauche s'est polarisée sur les discriminations ethniques sans prendre garde que les discriminations sociales, aussi muettes que discrètes, étaient bien plus redoutables et prononcées. Tous les partis politiques soignent aujourd'hui leur "diversité". la diversité, c'est tendance, ça fait bien sur un plateau. Mais qui s"'indigne de ce que l'Assemblée Nationale ne compte plus un seul ouvrier dans ses rangs ? Fini les Monory garagiste, ou un Bérégovoy ouvrier-tourneur et premier ministre ! place aux élites embourgeoisées venus des centre-villes !

    Il y avait ce week-end un congrès à Arras : le Mouvement Démocrate établissait un programme politique. Dans son discours de clôture, François Bayrou a évoqué une discussion avec Alain Dolium, actuel candidat à la tête de liste pour le MoDem en île de France ; Alain Dolium lui parlait alors des discriminations et voilà ce qu'il lui disait :

    J'ai fait ce parcours. J'ai vécu ces discriminations et - une dont je parlerai dans un temps - mais on se tromperait en croyant qu'il n'y a que les garçons et les filles de peau noire ou d'origine étrangère qui vivent ces discriminations, parce que, a-t-il ajouté, les provinciaux à Paris, ceux qui ont de l'accent, ceux qui viennent d'ailleurs, ceux qui ne connaissent pas les codes, ceux qui ne savent pas comment on s'habille quand on sort dans le monde, ceux qui n'ont pas le parcours fléché, tous ceux-là vivent les mêmes obstacles.

    Et Bayrou a alors conclu :

    C'est bien de tous ceux-là dont nous prenons le destin en charge en ayant choisi les candidats que nous avons choisis. Il y a un peuple de travailleurs qui n'est pas représenté, un peuple de pauvres et, parfois, travailleurs et pauvres en même temps, un peuple de petits retraités - ma mère qui vient de s'en aller percevait pour sa retraite moins de 680 €. Je ne dis pas que ce soit rien, mais, après une longue vie de travail, ce n'est rien. Tous ceux-là constituent, pour nous, notre communauté d'origine, notre enracinement. C'est cet enracinement-là que nous allons porter dans cette élection.

    Et moi, je le dis, je suis d'accord avec cette vision ; c'est d'ailleurs le sens de mes deux billets, l'un sur les ouvriers, l'autre sur la social-bourgeoisie. Et je pense, qu'au PS, Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin ont bien raison de se pencher sur la question. J'espère que leur réflexion ensemencera les programmes régionaux des Socialistes.

    Pour nous, au MoDem, il ne nous reste plus qu'à bâtir des programmes régionaux qui intègrent ces populations oubliées, sans céder un pouce de terrain aux sirènes chics de la médiatisation urbano-centrée. Foin des métropoles, occupons-nous un peu du peuple...

  • Sans le latin, sans le latin, l'école nous emmerde...

    La chanson de Brassens, sans le latin, sans le latin, la messe nous emmerde, m'a toujours fait rigoler. J'ai fait à ce sujet une trouvaille improbable sur la Toile :un blog d'un sociologue dont l'objet d'étude est le latin, et ce, dès la première année de d'étude de cette langue. On y trouve des choses surprenantes : le latin, envers et contre les apparences, vit ses plus belles heures actuelles en France, puisqu'il n'y a jamais eu autant de latinistes en France !

    Cette langue est finalement assez emblématique de l'idée que nous nous faisons de l'école et de notre rapport à l'excellence. Elle symbolise la science, le savoir, l'érudition et la rigueur. On n'y peut rien, c 'est quasiment inscrit dans nos gènes, à nous autres, pays latins.

    D'une certaine manière, le latin incarne l'ancienne France, celle tu terroir, de la tradition, engagée dans une lutte sans merci avec le modernisme frénétique (et non la modernité). Ce n'est guère étonnant qu'un Descoings, par exemple, veuille la mort de cette discipline.

    Si la gauche réformiste a globalement su revenir des errements planistes et étatistes qui caractérisaient toute la gauche dans les années 70  et 80 dans le domaine économique, elle n'a en revanche jamais renié ses fondamentaux dans le domaine éducatif : en particulier, c'est encore et toujours Bourdieu et les thèses constructivistes qui sous-tendent une large partie de sa démarche. Ce constructivisme-là a essaimé puisqu'il a aussi contaminé une large part de la droite libérale en se recombinant (comme le font parfois les virus d'un règne animal à un autre) avec son utilitarisme traditionnel.

    La gauche réformiste assure vouloir stériliser les élites en empêchant leur reproduction. Il lui est donc logique d'éradiquer les héritages. La droite moderne ne fait pas fondentalement un calcul différent : elle rêve d'hommes neufs ou assimilables pour éjecter définitivement la vieille droite, attachée à la tradition : elle a donc trouvé dans le constructivisme un allié objectif.

    Tout cela n'est que poudre aux yeux, bien évidemment : la droite moderniste avance sans fard, ou presque, tandis que la gauche réformiste s'accomode très bien des écarts de condition sociale. En revanche, en coupant à la source les voies de l'excellence, il est à peu près assuré que ce seront désormais les passe-droit qui permettront à une nouvelle élite très select et jet-setisée de conserver ad vitam aeternam les clefs de l'ascenseur social.

    Dans son Tiers-État, dans son Projet d'Espoir et dans son Abus de pouvoir plus encore, il me semble que Bayrou a vu une large part de ces aspects. La panne de l'ascenseur social n'est pas une vaine incantation, à ses yeux, mais une préoccupation bien réelle. A rebours des modernistes et réformistes, le fond de sa pensée, c'est que pour monter dans l'ascenseur social, il est nécessaire de s'approprier les héritages. Nos héritages. Et c'est bien pour cela qu'il souhaite préserver partout, de manière égale et équitable les voies de l'excellence sur tout le territoire français. Le même souci se fait jour dans le livre de Jean Lassalle, la Parole donnée, où il évoque avec nostalgie le temps où jusque dans le village le plus reculé de sa vallée, on pouvait faire ses humanités.

    In fine, toute la culture issue des héritages (et aux premières loges, le latin, la musique classique, le patrimoine, l'art et le théâtre classiques) par exemple) est victime d'un vaste mouvement de tenailles qui lui laisse bien peu de chances de survie. Sa subsistance se fait, d'ailleurs, non au nom de la tradition, mais en vertu de la diversité, dans laquelle on case à peu près tout et n'importe quoi.

    Et pourtant, tous ces fichus cabotins, ils ne savent pas ce qu'ils perdent !

     

     

  • Bayrou ouvre les yeux sur Lamy

    Très bonne nouvelle, ce soir : j'apprends que François Bayrou s'est disputé avec Pascal Lamy. Tant mieux. En fait, quand j'évoque Lamy, ici, je ne parviens pas à trouver les mots exacts por exprimer tout le mal que je pense de ce sinistre personnage. L'achétype de cette gauche "moderne", sans scrupules, mondialiste au point d'en mépriser la France et sa culture (pensez-vous mes bons amis, les Français sont des ploucs et leurs représentations datent d'un autre âge). Il faut dire que le libre-échange tel que le conçoit Pascal Lamy piétine systématiquement toute forme d'exceptions (particulièrement culturelles). Pour lui, pas de biens supérieurs au sens où l'entend le MoDem : tout se négocie et est affaire de compromis.  Eh bien non, Pascal Lamy, le monde n'est pas un vaste marché où tout s'échange au plus offrant. Et saupoudrer votre conversion au libre-échangisme débridé avec un pseudo-discours social aura fait long feu.  Il avait été évoqué comme éventuel 1er ministre de Bayrou en 2007, et quand j'avais appris cela, j'avais un bon derrière mon ordinateur : c'eût été un casus belli pour moi. Je me réjouis donc de voir que Bayrou ne se trompe plus sur le personnage.

  • Perception du MoDem et de Bayrou

    Yess : le sondage que j'espérais voir surgir un jour : la perception du MoDem par les Français (disposant d'une connexion internet...).

    Il me paraît instructif : je suis content de voir que l'on nous attend pour défendre l'économie de marché, mais, de manière à ce qu'elle soit plus juste, notamment dans le domaine social. Bien d'accord, je n'aurais pas répondu autre chose. Lutter contre la personnalisation du pouvoir, c'est exactement mon avis : revenons aux fondamentaux de Montesquieu, je l'ai toujours dit, les corps intermédiaires. Je crois aussi que nous n'avons pas intérêt à pencher à gauche : les Français invitent le MoDem à dépasser les clivages droite-gauche, mais, dans l'ensemble, ils sont deux tiers à ne pas souhaiter que nous nous allions avec la gauche ou avec les Verts. Mieux, chez nos sympathisants, ce sont même les 3/4 qui nous recommandent l'indépendance ou une alliance avec le Nouveau Centre.

    A droite, ils sont plus de 50% à souhaiter que le MoDem recrée un parti de centre-droit. Moi, évidemment, je ne suis pas contre, cela correspond très exactement à mon positionnement politique. Mais une condition préalable, c'est qu'il serait hors de question pour moi de cautionner la conduite de l'État telle qu'elle se fait par Nicolas Sarkozy parce qu'elle nous envoie droit dans le mur.

    A droite, ils n'aiment pas Bayrou : je m'en inquiète depuis un moment, alors qu'il était au départ populaire au sein du peuple de droite. Il faut notamment en finir avec l'opposition frontale à Nicolas Sarkozy et proposer nos solutions originales aux problèmes des Français.

    Toutes tendances confondues, les Français jugent le leader du MoDem orgueilleux. Bon. Il est comme ça, c'est sa marque de fabrique. Cela a des côtés fâcheux, mais c'est aussi la garantie de son indépendance, il faut le savoir. Je regrette que les sondeurs n'aient pas proposé dans les choix possibles pour définir François Bayrou "indépendant". On peut juger probable que cela eût modifié quelque peu une partie de la physionomie du sondage.

  • Sécurité, la droite guimauve...

    Bon billet que celui d'Echo politique à propos de la sécurité. Sarkozy et sa droite prétendûment décomplexée se foutent de notre gueule. On a en effet le sentiment que l'ordre public est le dernier de leurs soucis. En réalité, Sarkozy ne brandit la sécurité qu'à des fins électorales. Une fois le soufflet retombé, il réduit les effectifs de police et fait voter des lois qu'on sait par avance inapplicables faute des moyens nécessaires pour les mettre en oeuvre. L'affaire mailorama est exemplaire : la racaille peut désormais se pavaner en plein coeur de Paris et massacrer des victimes innocentes au nez et à la barbe des CRS pourtant présents. A Marseille, on saccage tout parce que le match a été annulé ou que l'équipe de football d'Algérie a été caillassée en Égypte. La gauche dégoûlinante trouve cela normal, et la droite se cantonne aux discours convenus sur le sujet. Bientôt, on va faire une grande chaîne de l'amitié et défiler dans les rues avec la flamme d'un briquet allumée pour protester contre la délinquance.

    Contre la délinquance, la réponse principale, c'est le coup de matraque, aussi fort que possible, la prison, aussi longtemps que nécessaire, et les mesures éducatives quand elles peuvent s'appliquer avec les moyens ad hoc.

    Les hochements de menton de Nicolas Sarkozy ont fait long feu. Le sentiment d'impunité est général. Je le pressens, la colère grondera à nouveau, parmi les petites gens, et les incantations des belles âmes ne sauront plus les calmer.

    J'avais trouvé intéressantes les propositions de Bayrou en 2007. Voici ce qu'il disait alors, et, à mon avis, cela demeure à peu près valable :

    «  Aux grands maux, les grands remèdes ! La sécurité est le premier devoir de l’État à l’égard des citoyens. L’échec à assurer la sécurité des Français est l’échec majeur de la période récente.»

    On a appris que les policiers avaient pour consigne de ne pas entrer dans la cité des Tarterêts ! On est loin de la ‘tolérance zéro’ ! Il faut inverser notre politique : réimplanter l’Etat au cœur de ces quartiers, pour y incarner la sécurité et le service public. Pas seulement la police de proximité, mais aussi l'Etat de proximité, l'Etat qui protège et qui aide.

    Sanctionner tôt, dès le premier délit, serait bien souvent la meilleure prévention (il est absurde de séparer prévention et sanction) : face à la délinquance juvénile, la sanction doit être ultrarapide et éducative. La prison est une impasse, un pourrissoir, on en sort caïd : je suis pour des sanctions qui remettront le jeune au contact de l'autorité : rigoureuses et éducatives. Les travaux d'intérêt général surveillés deviendront une obligation, avec l'encadrement correspondant.
    On rendra systématique un principe de réparation du tort causé à autrui ou à la collectivité. Une loi sera votée pour la protection des victimes contre les représailles.
    Je proposerai que le maire ou le président de l’intercommunalité - seul responsable accessible et identifiable par le citoyen - ait autorité sur la police de proximité.
    La prévention commence par la famille : quand j'ai donné cette claque à Strasbourg, j'ai reçu des milliers de lettres, dont beaucoup de parents immigrés. Ils me disaient : ‘Vous avez bien fait, mais si nous donnons une claque, c'est l'assistante sociale’. Il y a un immense effort à conduire pour l'éducation des parents ! Quand il y a abandon de toute responsabilité, les allocations familiales doivent pouvoir être mises sous tutelle.
    L’école est la clé. Victor Hugo le disait : ‘Ouvrez une école, vous fermerez une prison’. Si l'école donne de l'espoir, le quartier est sauvé. Au collège, il faut enseigner la loi. On doit sortir du collège les jeunes qui déstabilisent leur classe : il faut des structures scolaires de recours, de petite taille, avec une pédagogie adaptée et une surveillance renforcée.

    La loi doit être la même pour tous. Il faut donner l’exemple, au plus haut : je suis contre le principe d’amnistie lié à l’élection présidentielle. »

    Le problème, c'est qu'avec Sarkozy, on est très loin d'un tel programme, à même de rétablir la sécurité. J'ajouterai que face à la racaille, il doit être un principe établi qu'il ne faut pas mollir : quand je vois que des bandes viennent jusque dans les palais de Justice pour beugler et menacer les magistrats, j'estime que les lois contre les délits de complicité et bandes maffieuses sont bien trop douces.

    On attend toujours l'homme énergique qui ne cèdera plus un seul pouce de terrain à la racaille, mais la matera définitivement.

  • Non Bayrou ne jette pas le trouble !

    Je commence à en avoir plein le dos des déclarations à l'emporte-pièce contre Bayrou de la part de militants (ou non) déçus de ne pas avoir vu leur point de vue l'emporter.

    Sur la constitution des listes en île de France, je crois avoir entendu à peu près toutes les conneries possibles et imaginables de la part de ceux qui se réclament de l'esprit de la démocratie : on a dit que nous allions nous allier avec Huchon au premier tour, puis que Marielle de Sarnez allait se présenter, puis ensuite Bernard Lehideux (démenti à chaque fois des intéressés) ; certains se sont même imaginés que ce pouvait être le Sénateur Nicolas About qui soit la tête de liste (il a au demeurant parfaitement le droit de faire acte de candidature, je rappelle qu'il est adhérent du MoDem et s'en réclame officiellement). On hurle, çà et là au déni de démocratie, tout en accusant régulièrement la vieille UDF d'être sur le pont, et puis surtout, quand des résultats de votes internes ne cadrent pas avec les espoirs et les projections de toutes sortes, on invente les prétextes les plus farfelus pour expliquer les déroutes.

    Au passage, Corinne Lepage a le droit de créer son cercle de réflexion, mais je juge minable, et je pèse mes mots, d'avoir expliqué à la presse que les rencontres de Dijon, c'était de l'esbrouffe. Tout ça, sans doute, parce qu'elles coïncidaient, au niveau de la date, avec le lancement de son club. L'Éducation est un sujet sérieux, et franchement, il me branche autrement plus que les bla-bla délirants et/ou extravagants sur la démocratie interne et tutti quanti. Corinne Lepage dit des choses très intéressantes quand elle parle d'écologie et d'industrie, mais elle a un sérieux problème avec la solidarité politique. Et ce n'est pas la première fois depuis la création du MoDem...

    Antoine Dupin a parfois de bonnes idées (la preuve ici), mais il aurait mieux fait de s'abstenir avec sa lettre ouverte. Au lieu de déclarer que Bayrou fait l'impasse sur le travail des commissions, il ferait bien de le lire, de lire le document de synthèse que nous avons tous reçu pour le Congrès d'Arras et de le répéter une deuxième fois, histoire de voir s'il maintient ses déclarations.

    Je ne crois pas que le Président du MoDem méprise ses commissions, sinon, il faudra m'expliquer ce que le coordinateur de la commission Éducation, Sylvain Canet, faisait à Dijon avec Marielle de Sarnez, et pourquoi on retrouve dans la déclaration finale de Marielle, une large part des thèmes brassés par la dite commission.

    Ensuite, concernant Christophe Grébert, Bayrou a dit qu'il appréciait ses initiatives .C'est tout. Jamais il n'a dit que ce serait le candidat du MoDem en île de France. Les adhérents trancheront entre les différentes candidatures. Christophe Grébert a d'ailleurs apporté un sérieux démenti sur le sujet chez le blogueur Vogue Haleine.

    Ça, évidemment, nos thuriféraires de la démocratie se sont bien gardés de le dire et de le relayer. C'est tellement plus facile d'entendre ce que l'on veut entendre...

     

  • Paradis fiscaux, le bouc-émissaire pratique

    Je vais encore pousser un coup de gueule à rebours de la doxa ambiante, mais il y a des facilités qui m'exaspèrent vraiment trop ; la classe politique mondiale a trouvé le moyen idéal de détourner des regards les véritables causes de la crise financière : les paradis fiscaux sont des bouc-émissaires idéaux. On les accuse de tous les maux. Dans le même temps, on se préoccupe des bonus des uns et des autres, alors que les véritables questions de fond, ce sont les normes comptables et la régulation des fonds propres des banques. Mais évidemment, comme c'est abscons et que cela ne parle pas à l'électeur, nul n'en dit mot à part quelques esprits lucides.

    Or, dans ce domaine, le G20 n'a strictement rien apporté : aucune avancée, et d'ailleurs, les USA n'en veulent pas. Pointer les petits pays que sont le Luxembourg ou les îles Caymans, c'est très pratique ; cela évite d'avoir à faire le ménage chez soi.

    La volonté de faire payer une taxe aux banques est idiote et montre bien l'inanité et la bêtise (l'ignorance ?) crasse de la classe politique. Le terme même de "taxe" est démagogique et renvoie à la vulgate socialiste. Il eût été bien plus censé de réclamer aux banques françaises de payer des assurances en fonction du niveau de risque pris : la prime de l'assurance augmenterait alors selon le niveau du risque. Évidemment, cela suppose un organisme de contrôle indépendant (pourquoi pas la Banque Centrale Européenne ?) et que les États acceptent de lui déléguer certaines prérogatives (ça, c'est pas demain la veille).

    A vrai dire, pendant qu'on jase sur les vilains banquiers, on en oublie les effets kisscool du Grand Emprunt, en France. Mais il se trouve (attention, je vais prononcer un très très gros mot) que quelques libéraux veillent au grain, et au bon : il n'a pas échappé à l'ami hashtable ce qui pend au nez de nos finances. On le sait, Sarkozy a voulu donner un caractère "populaire" à son grand emprunt : ce caractère à un coût, les taux d'intérêt vont en être nettement plus élevés, contribuant à dégrader significativement notre endettement et notre capacité à faire face à la charge de la dette. Or, cela commence à inquiéter sérieusement les agences qui nous attribuent notre note de confiance. Jusqu'ici, la France était l'un des quatre seuls pays à disposer d'une note AAA, assurant ainsi de bénéficier de liquidités sur les marchés aux taux les plus intéressants. Or, compte-tenu de la dérive vertigineuse de nos finances publiques, il est fortement question, chez quelques unes des agences de notation, de dégrader notre note de solvabilité. Dans un tel cas de figure, nos emprunts deviendraient bien plus coûteux, car les taux demandés seraient bien plus élevés. Pour emprunter la même somme, il faudrait alors payer plus sur le budget de l'État, donc, par suite, réduire les autres postes budgétaires.

    Voilà où nous en sommes, et c'est très grave. En fait, on n'aborde aucune question de fond, préférant l'écume de l'actualité nous bercer de rêves rédempteurs.

    Je me serais attendu à ce que le MoDem, François Bayrou, habitués pourtant à dévoiler la vérité derrière les apparences, tirent la sonette d'alarme. Au lieu de cela, je n'ai entendu que les platitudes et les billevisées qui sont le plat de résistance de toute la classe politique. J'avoue que cela m'agace assez fortement, parce que j'attends le courage de dire la vérité aux Français de la part du MoDem et de ses responsables politiques. Sur la dette, je leur donne quitus, mais sur les banques, ils ne gagnent à mon avis strictement rien à vouloir glapir et bêler plus fort que la gauche.

  • Bayrou, Royal et Peillon débattront de la VIème république

    Je ne sais pas dans quelle mesure la source est crédible, mais, en la circonstance, comme il s'agit d'un journaliste spécialisé dans la vie politique, on doit doit pouvoir le croire : Espoir à Gauche, le courant de Vincent Peillon, organisera une nouvelle rencontre en janvier 2010. Cette fois, non seulement Ségolène Royal sera conviée officiellement, mais François Bayrou aussi. Ils débattront de la VIème république.Un sujet fort intéressant, au moment où les institutions de la Vème république montrent leurs limites et se présidentialisent de plus en plus. Cela m'intéresse : la VIème république était une proposition forte de François Bayrou pendant la campagne présidentielle de 2007.

    Bayrou a promis la séparation des pouvoirs, et je crois qu'il tiendra cette promesse s'il est un jour élu : nous vivons une époque de telles collusions, toujours plus fortes et inéquitables au plus haut sommet de notre société qu'il faut un nécessaire retour de balancier. A mon avis, il n'y a pas besoin d'ergoter indéfiniment sur la VIème République : ce qui compte, c'est que les pouvoirs soient bien indépendants les uns des autres et que le peuple soit représenté. Ce dernier point suppose l'introduction d'une dose conséquente de proportionnelle dans les scrutins.

    Il y a un point que j'aurais aimé voir aborder, mais là, je suis peut-être dans l'utopie (certainement même). Pendant l'élection présidentielle de 2007, quelqu'un (dont je ne parviens plus à retrouver la trace) avait proposé une manière de voter astucieuse : au lieu d'utiliser le vote très clivant qui est le nôtre actuellement (une voix un homme et élimination par compartimentation de l'électorat), il (ou elle) proposait d'affecter une somme de points aux divers candidats. Et, ce qui comptait, c'était finalement de recuellir la somme de points la plus élevée possible. Une idée paas idiote et obligeant les candidats à ne pas se faire détester d'une partie des Français. Une idée qui amènerait certainement les candidats à davantage considérer les préoccupations de TOUS les Français, y compris ceux des autres bords politiques. Une idée qui casserait la logique des partis en ne faisant plus du rassemblement de son propre camp une priorité préalable. Bref, une idée à mon avis à creuser...