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Société - Page 41

  • Donnez au filles d'aujourd'hui les moyens de devenir les femmes de demain...

    Aujourd’hui toutes les femmes du monde sont mises à l’honneur… 

    …mais pour espérer résoudre définitivement les injustices auxquelles elles sont confrontées dans le travail, l’éducation, ou face à la violence, il faut commencer par donner aux petites filles toutes les chances de grandir dans le respect de leurs droits.

    En contribuant à notre fonds de soutien pour les droits des filles, vous permettrez à PLAN de financer des projets concrets pour lutter contre les différentes formes de discrimination dont les filles sont victimes au Cameroun, au Vietnam  ou encore en Inde

    Pour elles, merci ! 

    Alain Caudrelier-Bénac, directeur de Plan France 

    Voilà, rien à rajouter...

  • Bayrou, l'Islam, la laïcité et le voile

    En 2003, Bernard Stasi a auditionné François Bayrou comme ancien ministre de l'Éducation Nationale sur la question du voile et de la laïcité. François Bayrou a répondu longuement, par un discours magnifique. C'est à mon avis le chemin le plus juste à emprunter quand on évoque en France l'Islam, le voile et la laïcité. Quand on parle de la laïcité d'une telle manière, aussi éclairante, là, j'aime bien la laïcité.

    Monsieur le Président, 
    Mesdames et Messieurs,

    Je vous suis très reconnaissant de m’entendre devant votre Commission chargée de réfléchir à l’application du principe de laïcité dans la République.

    Je m’exprimerai, bien entendu, en tant que Président d’une formation politique qui a placé, pendant tout le XXè siècle, la réflexion sur la laïcité au centre de son projet.

    C’est vrai de ses membres qui sont agnostiques ou incroyants, comme de ceux d’entre eux qui sont croyants. Je me souviens en particulier que lors des débats qui marquèrent, le 3 septembre 1946 à l’Assemblée Constituante, l’inscription du mot " laïque " dans la Constitution, Maurice Schumann, au nom du MRP, rappelait que son groupe parlementaire comptait simultanément dans ses rangs, un prêtre catholique (c’était l’Abbé Pierre), une personnalité protestante et un membre éminent de l’union rationaliste.

    Je m’exprimerai aussi comme ancien Ministre de l’Education nationale, ayant eu à connaître des problèmes liés au voile islamique en particulier, et aux problèmes de la laïcité en général auxquels j’ai consacré un livre en 1996 intitulé Le Droit au Sens. Il n’est peut-être pas anecdotique que j’ajoute que j’ai aussi consacré plusieurs livres aux guerres de religion, à Henri IV et à l’édit de Nantes.

    Dans cette introduction, avant de répondre à vos questions, je voudrais d’abord observer le besoin de laïcité aujourd’hui, un siècle après les grandes lois laïques de 1905, et dans un temps qui paraissait davantage marqué, pour la majorité de nos contemporains, européens et français, par la décrue du sentiment religieux que par sa montée.

    La question de la laïcité se pose parce que notre société, ses habitudes, les principes qui la fondent se trouvent inquiétés et se sentent menacés par la multiplication d’attitudes et de signes qui obéissent à une autre logique que sa logique historique et philosophique.

    C’est un curieux retour des choses que celui de l’irruption du religieux et du symbolique dans une société qui se comporte, sur bien des sujets, comme matérialiste.

    C’est aussi un fruit de l’Histoire. Les sociétés anglo-saxonnes, par exemple, sont moins sensibles à ces sujets que nous ne le sommes. C’est qu’elles ont dès l’origine intégré le communautarisme pluriel dans leur représentation d’elles-mêmes.

    La France, au contraire, s’est construite au travers des siècles comme unitaire, et toute atteinte à cette unité lui est profondément douloureuse.

    C’est la nature profonde de la France et de sa société qui sont en cause dans les débats sur la laïcité.

    Je résumerai en un mot, en disant que la laïcité à la française, est ce qui nous permet de garantir symboliquement, aussi bien que légalement, l’unité dans la diversité.

    Nous vérifions ainsi que notre société n’est pas un ensemble vide. En particulier nous vérifions que ce n’est pas parce que nous avons décrété que le " fait religieux " était relégué dans la sphère privée, que pour autant le symbolique est retiré de la sphère publique.

    Je voudrais, pour entrer dans le vif du sujet aborder en quelques mots la question du voile islamique.

    Pourquoi tant de mouvements sismiques autour du voile islamique ?

    La première raison est dans la montée, à l’intérieur de nos frontières, comme sur toute la surface de la planète, d’un Islam qui revendique sa radicalité, sa distance avec le monde contemporain. Je me souviens, lorsque j’écrivais le Droit au sens, avoir travaillé sur des études de la fin des années 80, qui indiquaient que la pratique de l’islam n’était guère supérieure à la pratique dans la religion catholique et l’auteur ( ?) indiquait que le chiffre de 10% de pratique et d’observation du ramadan lui paraissait une approche convaincante. À peine quinze ans après, les choses ont profondément changé. Durant la campagne présidentielle, j’ai consacré des journées entières à discuter avec des jeunes aussi bien que les animateurs de quartiers à forte proportion musulmane. Lorsque j’interrogeais des adultes ou ces jeunes sur la pratique, notamment en matière de ramadan, la réponse était unanime, 100 % ! Il y a un regain de pratique de l’Islam et d’identification par l’Islam dans notre société. Ce regain est notamment porté par les garçons, et même à l’intérieur des établissements scolaires, parfois même par la discussion virulente des cours ou des programmes.

    Le port du voile par les jeunes filles est une manifestation très visible de ce mouvement de revendication de l’Islam.

    Ce signe, le voile, porte en lui trois significations fortes qui sont de nature à inquiéter fortement l’architecture de valeurs autour desquelles se sont construites la République et son école.

    Première signification : le port du voile affirme, surtout lorsqu’il est l’objet d’un conflit, que la loi de Dieu est supérieure à la loi des hommes. Pour notre société au contraire, la loi, dans l’espace public, a un caractère éminemment séculier.

    Deuxièmement, dans cette loi, le statut de la femme est au moins distinct de celui de l’homme et, à bien des égards, inférieur.

    Troisièmement, le voile a une signification dans l’ordre du désir. Il dit qu’il revient à la femme de ne pas provoquer la seule vue du corps, la seule vue de la chevelure, est une provocation. Le voile dit que ce n’est pas à l’homme d’éduquer et de gouverner son désir. D’une certaine manière, le voile justifie l’homme dans l’abandon à son instinct immaîtrisable. C’est à la femme de répondre du désir, sinon à ses risques et périls. Et ainsi, comme le disent les jeunes filles des cités, le seul choix réside entre " pute " et " soumise ".

    Le choc est profond, vous le voyez bien, parce qu’il ne relève pas seulement d’une conviction religieuse, mais par l’intermédiaire de cette conviction religieuse, une véritable anthropologie d’une conception de la femme, de la société, et de l’humanité tout entière.

    Il ne s’agit pas seulement de religion, il s’agit de la femme, il s’agit de l’homme masculin et des personnes humaines masculines et féminines qui forment ensemble l’humanité.

    Naturellement, la question du voile n’englobe pas à elle seule les questions aujourd’hui à la laïcité à la française.

    Pardonnez-moi de rappeler devant vous qui êtes si familiers de ces interrogations, d’autres problématiques qui sont aujourd’hui des problématiques laïques.

    La question de l’Islam ne se limite pas au voile. Les moyens matériels et humains mis à la disposition des musulmans pour leurs pratiques et pour leur vie de tous les jours sont aussi en cause.

    Les lieux de culte sont problématiques.

    La charge de l’animation cultuelle est confiée à des personnalités peu familières de la société française, jusqu’au point très souvent d’en ignorer la langue.

    Dans les cimetières, la mise à disposition de carrés musulmans est rare et tout aussi problématique.

    La disposition " phare " de la loi de 1905 selon laquelle la République, ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte, se heurte à ces questions.

    Dans le même temps, d’autres communautés sont elles aussi interrogées sur leurs signes distinctifs, je pense à la kippa chez les jeunes garçons juifs.

    De même que l’évolution de la loi, par exemple sur l’interruption de grossesse, a fait problème avec de nombreuses religions, et en particulier bien sûr, les Catholiques.

    Notre pays lui-même, dans son histoire, est interrogé à son tour. Par exemple par la persistance, dans son calendrier, des fêtes chrétiennes qui donnent à tous les jours fériés, dimanches et fêtes religieuses, de la religion catholique.

    L’interrogation sur la laïcité est donc une interrogation globale qui se focalise sur l’école, et qui ne se limite pas à l’école.

    Pourquoi l’école ? Parce que l’école est chargée de la transmission, et cette transmission est évidemment pas seulement la transmission du savoir, mais la transmission des principes que nous avons élaborés au travers du temps, et que nous demandons à l’école de transmettre aux générations qui viennent, pour qu’elles nous continuent.

    Pour qu’elles continuent l’œuvre lentement élaborée par l’Occident, l’Europe et la France.

    Cette œuvre de civilisation, elle a -nous le savons tous- au moins cinq grandes sources. Je nommerai ces sources sans en approfondir l’analyse par ordre chronologique.

     La première de ces sources, c’est Israël. (L’affirmation d’un Dieu unique et personnel, avec l’édification parallèle de la personne humaine).

     La deuxième source, c’est la Grèce (l’Agora d’Athènes, les philosophes, la sagesse de Socrate et le scandale d’Antigone).

     La troisième source c’est Rome (l’alliance de la force et du droit, une universalité à l’échelle du monde connu et la citoyenneté).

     La quatrième source c’est évidemment le Christianisme (la séparation de Dieu et de César, et l’universalité du salut).

     Cinquièmement et enfin, les Lumières. (Aboutissement à la Déclaration des droits de l’Homme, la liberté de conscience. Article X : " Nul ne peut être inquiété pour ses opinions même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ". Article V : " La loi n’a le droit de défendre que les actions nuisibles à la société ").

    Cette histoire est vécue par ceux qui l’ont faite comme une histoire d’émancipation de la personne humaine et de l’Humanité. Affirmation de la personne humaine, de sa liberté.

    La personne humaine n’est pas asservie à une loi qui lui est extérieure, elle est placée comme une libre conscience devant le monde et regardée donc comme responsable.

    La conscience libère (conscience des aliénations, refus des dogmatismes).

    Tout ce qui semble aller à l’encontre de ce mouvement d’émancipation heurte en profondeur la logique interne de l’histoire de notre civilisation.

    Ainsi, nous sommes dans un pays unitaire, et au cœur d’une civilisation unifiée par sa logique profonde. C’est pourquoi les risques d’éclatement sont particulièrement déstabilisateurs et créent des tensions extrêmement forte.

    Et cela nous éclaire sur le vrai visage de la laïcité française.

    La laïcité française, terme intraduisible dans les autres langues, même européennes, qui en approchent la traduction avec beaucoup de méfiance : ils disent humanisme, ils disent sécularisation.

    La laïcité française, c’est le patrimoine commun de principes et de conviction qui fait le ciment et l’essence de notre civilisation, au-delà des dogmes différents, des religions différentes et des histoires différentes.

    La laïcité, c’est le peuple.

    La laïcité, ce n’est pas la neutralité, malgré les affirmation simples, de Renan par exemple. La laïcité, ce n’est pas un ensemble vide.

    La laïcité dit respect. " La République respecte toutes les croyances "" Tout homme a droit au respect de ses convictions, même religieuses ". Et Jules Ferry dans l’admirable lettre aux instituteurs : " demandez-vous si… "

    Mais ce respect n’est pas un respect anomique, ou indifférent. Par exemple, la République ne pourrait pas respecter des castes. La République ne pourrait pas respecter le servage, même volontaire.

    La laïcité dit égale dignité de tous. Émancipation et liberté et égalité et fraternité.

    La laïcité dit " dans tout cela, il y a du sacré ". Pour nous, Français, on n’y touche pas. Exemples : juifs, shoah, races, etc.

    La laïcité dit éducation.

    Pourquoi l’école ? L’école est le lieu de la transmission. Une société se résume dans sa transmission.

    Défense de la sanctuarisation. Policiers dans l’école. Pas la loi du plus fort. Pas la loi qui écrase ou qui secondarise, même volontairement.

     1- Le voile. La première chose à faire, c’est un bilan. Rien n’est plus facile que de connaître, à l’unité près, la situation dans les établissements. Internet et chefs d’établissement. 
     2- Ensuite, il faut donner aux équipes pédagogiques le soutien dont elles ont besoin. Chef d’établissement : " vous les responsables, au lieu de nous donner des principes souples en nous demandant d’être durs sur le terrain, vous devriez adopter l’attitude inverse. Soyez fermes sur les principes et laissez-nous éventuellement être souples sur le terrain. " 
     3- Le règlement plutôt que la loi (citation de Monique Canto-Sperber). Reprise de la circulaire du 20 septembre 1994, éventuellement avec un ajout. J’y indiquais que les signes ostentatoires étaient en eux-mêmes actes de prosélytisme. On peut ajouter que certains d’entre eux contreviennent en eux-mêmes aux principes qui fondent l’école de la République. 
     4- Nous avons besoin d’un code de la laïcité, qui reprenne sous une forme simplifiée et solennelle tous les textes qui fondent l’architecture juridique de la laïcité en France, les grands textes qui ont construit le compromis laïque. Ce sont de grands textes, ils font partie de notre histoire. Je ne suis pas favorable à leur changement, par exemple en ce qui concerne la loi de 1905. Si dans le cadre de cette législation, des adaptations doivent être trouvées, la rédaction de ce code le permettra. 
     5- Votre commission a un rôle majeur à jouer en définissant aujourd’hui le besoin de laïcité, dans le cadre de l’école, comme dans la cité. Permettez-moi, dans les derniers mots de cette introduction de vous dire ce qui est incontournable dans ce besoin de laïcité :

    • A - notre laïcité doit assumer notre histoire et notre identité. Nous sommes ce que nous sommes.
    • B- elle doit être faite de respect pour toutes les personnes et toutes les communautés.
    • C- elle doit être ouverte au spirituel.
    • D- elle doit défendre fermement, dans l’espace public et notamment à l’école, les principes de non-discrimination et de primauté de la loi.
    • E- elle doit être pratique, c’est-à-dire aisément applicable et constituer un soutien efficace pour les praticiens de terrain.
    • F- enfin elle doit montrer clairement quel idéal de vie sociale et personnelle porte, pour toute la République, la laïcité qui la fonde.

     

  • Prisons, l'enfer carcéral...

    On se rappelle de la réplique fameuse du Huis Clos de Sartre : l'enfer c'est les autres

    Taverne des poètes, blogueur démocrate, a repris une proposition d'Olivier Henno, chargé de la sécurité au Shadow Cabinet du MoDem, et la développe sur son site. Or, l'article a été récupéré ou publié à son tour sur AgoraVox. Il s'est ainsi attiré un témoignage édifiant et sans fard d'un ancien taulard...

    J’ai été en prison (maison d’arrêt) il y a de nombreuses années pour une histoire de vol simple,n’ayant pas eu la chance d’avoir papa et maman pour avoir un avocat digne de ce nom. nous étions 3 dans 9 m3,un de mes co-détenus était la pour meurtre et l’autre pour viol sur mineur de moins de 15 ans. j’ai du me battre 3 fois en 5 mois et demi. il y avait des cafards dans la cellule,2 heures de ""promenade"" par jour,une nourriture a faire gerber un chien,des toilettes ou il fallait faire ses besoins devant les autres. a la fin de ma peine,nous nous sommes retrouvés a 4,le dernier arrivé dormait sur un matelas a même le sol. coté réinsertion,le vide sidéral. impossibilité de suivre des cours de quoique ce soit,une pseudo bibliothèque avec trois bouquin qui se battaient en duel,pour ceux qui avaient du blé,il y a un système de cantine,tout est plus cher qu’a l’extérieur. il faut savoir que la plupart des détenus en maison d’arrêt y sont pour des délits mineurs. beaucoup ont des problèmes psychologiques et nous étions nombreux a prendre la "fiole". terme employé pour les anxiolytiques,car pour avoir moins de trouble au sein de l’établissement,ils assomment ceux qui le souhaitent a coup de cachetons. l’administration laisse entrer de petites quantités de drogue,en ne faisant pas un zele excessif apres le parloir par exemple et nous pensions qu’ils mettaient du bromure dans la nourriture pour faire baisser la testostérone des detenus pour eviter le trop plein d’agressivité.

    La proposition d'Olivier Henno, de mettre en place des prisons ouvertes, me paraît aller dans le bon sens. Mais, soyons clairs, l'objectif principal, en soi, ne devrait pas être de vider les prisons, mais de séparer radicalement les criminels des délinquants mineurs. Que foutait ce gars avec une ordure de violeur dans 3 mètres carrés ? 

    La première chose à faire, c'est celle-là, cesser de mélanger les torchons et les serviettes. Le régime de prison ouverte et de bracelet électronique me paraît convenir très bien aux auteurs d'infractions mineures. Pour les autres, il faut du lourd, et du répressif, afin que la société dans son ensemble, mais surtout la part qui verse dans la délinquance, ait une conscience aigüe des limites entre crimes et actes violents d'un côté et délits de l'autre.

    Ce qui est invraisemblable, au final, c'est qu'une telle évidence ne frappe que le peuple. Je n'entends jamais le moindre responsable politique le dire, alors que cela crève les yeux.

  • laïcité par ci, laïcité par là, ras-le-bol !

    S'il y a un mot qui commence à me chauffer les oreilles, c'est bien le mot "laïcité". On n'entend plus parler que de laïcité, et chacun la brandit comme un exorcicte qui tenterait de repousser le démon. Ras-le-bol de la laïcité. On s'en fout de la laïcité. On ferait mieux de parler de liberté, quitte à mieux définir la sphère d'expression de la liberté. La religion ? sphère privée ! Sphère privée, parce que dans l'espace public, ma liberté s'arrête là où commence celle de mon voisin, ce qui impose des concessions réciproques. C'est là l'expression de la vie en société, que d'autres appellelent contrat social. Quant à l'origine de la société, eh bien je me réfère simplement à ce qu'en dit Aristote dans sa Politique :

    « L'homme est de par sa nature un animal fait pour la société civile. Aussi quand même n'aurait-on pas besoin les uns des autres, n'en désirerait-on pas moins de vivre ensemble. A la vérité, l'intérêt commun nous rassemble aussi, chacun y trouvant le moyen de vivre mieux. Voilà donc notre fin principale, commune à tous et à chacun en particulier. On se rassemble ne fût-ce que pour mettre sa vie en sûreté. La vie même est une sorte de devoir pour ceux à qui la nature l'a départie, et quand elle n'est pas trop excédée de misère, c'est un motif suffisant pour rester en société . ...Mais ce n'est pas seulement pour vivre ensemble, c'est pour bien vivre ensemble qu'on s'est mis en État. Sans quoi, la société comprendrait les esclaves et mêmes les autres animaux. Or, cela n'est pas. De tels êtres ne prennent aucune part au bonheur public, ni ne vivent à leur volonté.»

    On peut aussi brandir la laïcité parce qu'on estime que des pratiques, des valeurs vont à l'encontre de ceux qui s'expriment habituellement dans la sphère démocratique. Disons-le et soyons clairs ! J'ai toujours pressenti, à l'instat de Montesquieu, qu'une République était assise sur des moeurs. Rejetons clairement les moeurs qui ne sont pas les nôtres parce qu'elles ne participent pas de notre culture démocratique. Pas la peine d'agiter à tout-va la laïcité pour ce faire.

    En fait, la laïcité, c'est un mot pratique : à gauche, il permet de s'agiter pour ne rien faire, ailleurs (droite, extrême-droite) on l'utilise pour dire autre chose que ce que l'on voudrait dire vraiment. Par exemple, au lieu de dire, on ne veut pas de voile, ce n'est pas dans nos moeurs démocratiqques, on saute comme des cabris en glapissant laïcité, laïcité ! M'en fous, moi, de la laïcité ! Les gens sont libres,  en France, du moins, dès lors qu'ils n'empiètent pas sur notre sphère culturelle démocratique avec des pratiques d'un autre âge. 

     

  • Un débat sur l'Islam ? Ridicule.

    La dernière idée en vogue, chez les Sarkozystes, c'est de susciter un débat sur l'Islam. On est comme d'habitude dans la confusion la plus totale. La religion relève de la sphère privée. On peut débattre de l'Islam comme on peut débattre du Christianisme ou du Judaïsme, mais ce n'est absolument pas le rôle des politiques.

    Si Nicolas Sarkozy veut dire qu'il veut parler et débattre de l'immigration et de l'intégration, parlons-en, mais qu'il le dise franchement. Juguler les flux migratoires, par exemple, cesser de naturaliser en masse, reconsidérer la pratique du regroupement familial en le limitant à des cas précis, en finir avec la politique du chiffre, pourquoi pas. Mais agiter bêtement un épouvantail qui n'a rien à voir avec nos vrais problématiques, tout en menant la même politique, c'est de moquer du monde.

    Tiens, par exemple, en France, il paraît qu'un immigré nouvellement arrivé, âgé de l'âge requis, peut bénéficier d'un minima vieillesse sur nos cotisations. Au lieu de blablater sur l'Islam, il ferait mieux de mettre fin à cette anomalie. Plutôt que de se mêler de la religion des gens, il ferait mieux de faire intervenir la puissance publique pour interdire les regroupements ethniques dans certaines banlieues. Regroupement ethniques qui ne sont au demeurant pas le fait d'une volonté communautaire, du moins à l'origine, mais la conséquence d'une impossibilité économique et d'un clientélisme politique.

    Mais il est plus commode de faire de la deuxième religion de France le bouc-émissaire de problématiques qui lui échappent largement. 

  • Attaquer en Libye ? ça va pas la tête ?

    Ils sont amusants, les Américains. En 15 ans, ils se sont déjà englués dans trois bourbiers : Somalie, Afghanistan et Irak. En 1986, si je ne m'abuse, ils avaient déjà procédé à un bombardement de Tripoli. Ils ont l'expérience (en théorie) des guerres : ils savent qu'un bombardement fait toujours des dommages collatéraux, à la notable exception des bombes-laser (et encore !...) mais comme ces dernières ne représentent que 8 à 10% des arsenaux...

    Ayant mis en place une zone d'exclusion aérienne en Irak, du temps de Saddam, ils savent aussi que cela passe par la neutralisation des défenses aériennes de la zone visée.

    Donc, en somme, pour mettre en place la dite zone en Libye dans les environs de Tripoli, il faut canarder la ville, avec la quasi-certitude de toucher des civils. Très intelligent.

    Est-ce que l'opposition libyenne a demandé quelque chose ? A ma connaissance, non. Bref, Alain Juppé qui est un vieux de la vieille et auquel on ne la fait pas, a tout de suite percuté que les conséquences seraient désastreuses sur les opinions arabes des pays concernés (et d'ailleurs sur toute l'opinion arabe en général).

    Quand on est personna non grata quelque part, on évite de la ramener en roulant des mécaniques. 

    Bref, si vraiment les Libyens nous appellent à l'aide, ils nous le feront savoir. Dans l'immédiat, le mieux à faire, c'est de fournir des vivres et des médicaments aux populations sinistrées.

    Il me semblait qu'avec l'expérience des merdiers dans lesquels elle s'est fourrée, l'Amérique apprendrait. Restons optimiste : en principe, Hilary Clinton est une femme d'expérience. Ça ne coûte rien (quelques dizaines de millions de dollars mises à part) d'amener quelques porte-avions dans le Canal de Suez, mais cela coûterait très cher en revanche, et pas seulement financièrement, d'utiliser les avions qui sont dessus.

    Allons, terminons sur une petite remarque amusante et festive : ce qui pourrait bien exploser en vol, avec la chute du régime Libyen et celui de ses  potes despotes locaux, ce sont...les finances des gros clubs de football européens, à commencer par la Juventus de Turin ! Eh oui : le sport business est un fonds d'investissement idéal pour un tyran corrompu (pas seulement). Tiens, à ce sujet, il va devenir quoi, Al-Saadi Ladhafi, l'ex-joueur de la Sampdoria de Gênes si je ne m'abuse ? Il ne voulait pas investir dans un club français, il y a quelques années ? J'ai cru comprendre qu'il avait favorisé un gros gros gros investissement à la Juve, dès 2005 : sponsoring sur maillot pour plus de 300 millions de dollars à la Juve par la Tamoil, consortium pétrolier Libyen proche du futur ex-pouvoir. Vite, vite, il faut que Sarkozy fasse quelque chose pour le football. On laissera le train-train quotidien à Juppé ( position de la France, de  l'OTAN et de l'Europe à propos de la situation en Libye...). Les deux pourraient se recouper, puisque les Américains s'ils attaquaient, le feraient depuis l'Italie...

    Tiens, mon expert ès football et politique favori, faucon gaulliste du Gard,  doit bien avoir quelques idées sur le sujet, non ?

  • Le syndrome Galliano

    Il y a au moins un avantage dans le gigantesque open-space que génère l'addition de l'Internet et de la téléphonie mobile : les vicissitudes du star-system ne peuvent plus bénéficier de l'immunité à laquelle les individus qui le forment sont habitués.

    Galliano et ses injures (antisémites ou non) me font penser au comportement de Delarue il y a quelques mois de cela dans un avion avec une jeune femme.

    Ces gars-là se croient tout-puissants. Ils pensent que rien ne peut les atteindre et se permettent du mépris et des insultes envers les gens ordinaires que nous sommes, nous qui les faisons vivre.

    Écoutez ce pauvre type expliquer qu'il "aime Hitler", c'est édifiant. The Sun est un bon gros tabloïd populiste anglais, mais il a quelques qualités : il n'a pas nos pudeurs avec les élites, et il a balancé la vidéo qui enfonce Galliano. Il n'est pas prêt de reprendre les commandes de la maison Dior, celui-là.

    Galliano va sans doute disparaître du monde de la mode. Il restera juste bon à figurer sur un stand de fête pour skinheads ou de néo-nazis américains.

    Il aura ajouté le mensonge à l'ignominie. Dès le départ, connaissant un peu les habitudes de ce monde pourri, j'ai senti qu'il mentait. Le bar a bien essayé de le couvrir pour ne pas faire tache, mais c'est râpé, a téléphonie mobile est passée par là. 

    On se dit vraiment qu'il n'y a plus que cela pour les arrêter, ces pourris.

  • Les retraités participeront-ils au financement de la dépendance ?

    Compte tenu de l’ampleur des dépenses actuelles – sans parler de celles à venir – et de la dégradation des comptes sociaux, compte tenu également de l’effet 'différé' de certaines réformes proposées – la mise en place d’une assurance n’aura des effets qu’à moyen terme –, des recettes nouvelles devront être affectées à la prise en charge de la perte d’autonomie.

    Cependant, la charge de cet effort ne saurait, à mon avis, peser sur les seules générations actuelles d’actifs. Au moment où la réforme des retraites a principalement fait supporter l’effort sur les actifs, il convient – j’ai déjà eu l’occasion de le dire – d’engager une réflexion sur l’augmentation de l’effort contributif des retraités aux dépenses liées au de vieillissement de la Nation.
    En effet, le niveau de vie moyen de ces derniers s’est considérablement amélioré depuis les années 1970. Si l’on prend en compte les revenus du patrimoine, les placements financiers et immobiliers et les loyers non versés par les retraités propriétaires, leur niveau de vie moyen apparaît même comme légèrement supérieur à celui des actifs.

    Dans cette perspective, certains avantages fiscaux dont ils bénéficient pourraient être aujourd’hui révisés, notamment le taux réduit de CSG sur les pensions.

    J’avais déposé un amendement en ce sens dans le cadre du projet de loi de financement pour 2011 qui préservait les 'petites pensions' : je proposais que le taux de la CSG ne soit relevé que pour les personnes imposées au taux de 6,6 pour cent. Les personnes exonérées de CSG sur leurs pensions, ou bénéficiant du taux réduit de 3,8 pour cent, n’étaient pas concernées. Cette mesure aurait conduit à un surcroît de recettes de près de 1,7 milliard d’euros.

    Cette piste ne pourra pas, je pense, être écartée, car il me semble particulièrement légitime de demander un effort à toute la population, à l’heure où le Parlement vient d’accepter non seulement d’utiliser de manière anticipée le Fonds de réserve des retraites (FRR), mais aussi de prolonger de quatre années la durée de vie de la Caisse d’amortissement de la dette sociale ; à l’heure où le Parlement vient donc de reporter sur les générations futures une charge qu’il souhaitait encore pleinement assumer il y a 5 ans.

    Le texte n'est pas de moi. Il est de Jean-Jacques Jégou, sénateur MoDem et spécialiste du financement de la solidarité. Mais comme je n'ai pas grand chose à ajouter au propos, j'en reprends les éléments les plus significatifs ici.

  • Et pendant ce temps, la bioéthique...

    L'opinion s'emballe autour de sujets qui peuvent certes paraître importants aux yeux de certains, mais, du coup, éclipsent des question très fondamentales. Le Parlement examine depuis mardi le rapport de Jean Léonetti sur la bioéthique.

    Pour ma part, il y a deux aspects du projet qui me tiennent à coeur : le statut des mère-porteuses, d'abord, et celui de la recherche de l'embryon.

    J'avoue être inquiet dans les deux cas : tout comme l'épouse de Lionel Jospin, Sylviane Agacinski, j'ai tendance à penser que tôt ou tard, un marché de l'utérus se développera. On peut toujours me dire qu'un ouvrier qui travaille loue son corps, évidemment, mais c'est un parallèle fallacieux que je rejette, pour une raison très simple : porter un enfant ne saurait être assimilable à un travail, a fortiori si l'on considère que les gènes de la mère porteuse sont impliqués dans la génération de l'enfant. 

    Moi, cela me gêne beaucoup. Le bébé qui vient de naître reconnaît sa génitrice (faut-il l'appeler ainsi ?). J'ai du mal à imaginer que l'abandon immédiat du bébé soit sans conséquence aucune sur son développement. Je me demande également ce que peut bien penser une "mère" pendant les neuf mois de la gestation qui considère que l'enfant ne sera pas le sien. Le considère-t-elle vraiment, au demeurant ? 

    J'ai des préventions encore bien plus importantes sur l'embryon, et je crois avoir eu un débat ici, à ce sujet. Ces préventions rejoignent d'ailleurs mes angoisses à propos de l'avortement. Évidemment, je vais refaire le débat de novembre 2008 entre Florent et moi, et réitérer mes objections. Déjà, l'avortement est difficile à envisager pour moi, même si je ne conteste pas aux femmes la possibilité de choisir de conserver ou non embryon ou foetus. Mais faire de la recherche sur des embryons, surnuméraires ou non, cela me dérange. Florent disait qu'il fallait admettre le principe d'un homicide légal. Il reconnaissait donc un statut humain aux embryons. Mais moi, cet homicice-là me fait horreur, et, spontanément, c'est le mot meurtre qui me vient à l'esprit.

    Les études ne portant pas atteinte à l'intégrité de l'embryon ne me posent pas de problème éthique. La loi de 2004 prévoit des dérogations en ce sens. Mais elle est échu depuis le 06 février dernier puisque le statut de ce type de recherche était dérogatoire pour une période de 5 ans. La question revient donc sur la table.

    Nombreuses sont les instances à être favorables à une autorisation permanente de recherche sur l'embryon (ce qui signifie leur destruction, à terme...). Mais je juge le fond de l'argument spécieux, même si je conçois les bénéfices médicaux. Voici ce qu'exprimait l'année dernière l'Académie de Médecine :

    « l’interdiction de principe de toute recherche sur l’embryon ne peut être justifiée par la protection d’embryons qui n’ont pas d’autre avenir que l’arrêt de leur vie. Elle ne serait pas dans l’intérêt des embryons susceptibles de se développer et de vivre. Une recherche peut être menée au bénéfice de l’embryon de manière similaire aux recherches de type clinique qui peuvent être menées à tous les âges de la vie. Dans tous les cas, les recherches sur l’embryon devraient faire l’objet d’un encadrement réglementaire rigoureux qui devrait distinguer 2 catégories de recherches, celles réalisées sur des embryons n’ayant pas d’autre avenir que l’arrêt de leur développement et celles réalisées sur des embryons destinés à vivre »

    Même argumentation que celle de Florent : pas d'autre avenir que l'arrêt de leur vie. Sur cette base-là, on peut aller très loin...

    J'aimerais que l'on distingue recherche sur les cellules embryonnaires souche et recherche sur l'embryon lui-même. Si l'on peut prélever des cellules sans dommage, la recherche sur les cellules ne me gêne pas. Le problème, c'est qu'actuellement, un tel prélèvement n'est pas possible sans la destruction de l'embryon, à ce que j'ai cru comprendre. Léonetti écarte définitivement cette distinction dans son rapport, mais elle ne devrait pas être abandonné, à mes yeux, même si j'entends l'argument scientifique qui fait observer qu'à la genèse de l'embryon, il y a bien une seule cellule, qui est l'embryon...

    Épineux débat : quel statut donner à l'embryon ? Le Comité Consultatif National d'Éthique est parvenu également à la même conclusion que Florent : 

    «il ne peut être porté atteinte à son intégrité  aussi longtemps qu’il demeure inscrit dans le projet parental qui a été à l’origine de sa création».

    Léonetti souligne dans son rapport que «l'être» de l'embryon n'est peut-être pas nécessairement lié au vouloir parental, et qu'il pourrait même bien en être indépendant...

    In fine, je constate que la notion d'études ne portant pas atteinte à l'intégrité de l'embryon est supprimée du nouveau projet de loi. Je juge que l'on pourrait au moins trouver une formule qui rappelle que sa préservation demeure une priorité en toutes circonstances.

    Le projet demeure prudent, au bout du compte, puisque le principe d'interdiction de la recherche sur l'embryon est maintenu, et même étendu, tout en autorisant les statuts dérogatoires, ce qui revient à considérer la question au cas par cas, position la plus sage, me semble-t-il, sur un sujet aussi complexe.

    Ce texte sur la bioéthique n'a pas fini de faire couler de l'encre. La fin du projet de loi aborde les applications des neuro-sciences : par exemple, jusque là, l'imagerie cérébrale était demeurée l'usage exclusif de la recherche. Sauf qu'aux USA, des entreprises commencent à l'utilise pour le recrutement, et, en Inde, pour rendre des décisions de justice. On nous refait le coup du détecteur de mensonges, en somme...

    Côté blogues, la question n'a intéressé que la cathosphère (Koz, Thomas More, Plunkett, par exemple) et une partie de la fachosphère. Les autres réseaux, apparemment, ils s'en foutent...Il y a quelques députés et/ou sénateurs qui en parlent (tiens ça devrait intéressé l'Nicolas, il est député de la circonscription de Loudéac), sur leur blogue, et c'est tout.

  • Justine Lévy ou le sacré coup de cafard

    J'ai pour habitude de lire plusieurs livres en même temps. Parallèlement à mes lectures balzaciennes ou hegeliennes, j'ai achevé Rien de grave de Justine Lévy et je suis bien avancé dans son Mauvaise fille. Mauvaise fille ? Mauvaise mère, plutôt, oui...

    Dans une écriture volontairement naïve, elle relate les derniers mois d'existence de sa mère, simultanément à sa grossesse. Les deux livres m'ont intéressé sous plusieurs aspects.

    Le premier d'entre eux est sociologique : il révèle les turpitudes, les a priori et les passe-droits de cette petite société effervescente que consituent tous ces intellectuels engagés, à droite ou à gauche, des années 70 jusqu'à nos jours. Des gens qui donnent des leçons et veulent refaire le monde, mais ne sont pas foutus de s'occuper correctement de leur fille au jour le jour...Que l'on songe donc : quoi penser d'une mère qui laisse se promener sa fille toute seule à 5 ans dans la rue ou encore la confie à deux copines camées pendant 48 heures, la réduisant à n'avoir pour toute pitance que des tartines qu'elle a elle-même recouvertes de sel ?

    J'ai beaucoup de respect pour la relation que Bernard Henri-Lévy entretient avec sa fille. Il l'aime vraiment, et surtout, il s'en est vraiment occupé. J'ai été très touché par ses inquiétudes et la tendresse qu'il manifeste à sa fille depuis toujours. Mais bon, il fait aussi quelques belles c.....eries plus jeune, comme engager un braqueur italien comme baby-sitter pour Justine afin de l'exfillter, vraisemblablement au nom d'une amitié politique.

    Si on ajoute à cela l'atmopshère omni-présente de shoot, de drogues, de coke, de canabis, de médocs de toute sorte dans laquelle flotte Justine et pendant son enfance, et pendant son adolescence, ce paraître à tout prix qui met presqu'à égalité le show-bizz, les grands noms de la médecine et nos élites intellectuelles, on a un sale portrait de ceux qui prétendent tenir le haut du pavé. 

    Justine, elle le dit d'ailleurs, aurait rêvé d'une vie simple et normée. Avec des limites. Qu'on la réveille à l'heure pour partir à l'école, qu'on lui interdise les aliments qu'on aurait du lui interdire, qu'on aille la chercher à l'école, des vacances en famille, des choses simples, en somme.

    Le pauvre BHL : il a tout de même drôlement servi de tiroir-caisse, si l'on considère toutes les sinuosités des parcours de sa première épouse ou même de sa fille.

    J'ai toujours une sorte de gêne à lire le mot fauché dans le récit de Justine Lévy. Elle a été fauchée, sa mère a été fauchée, son compagnon aussi a été fauché, mais ils partent à Rome, fréquentent la haute société, disposent de passe-droits, bref, des choses qui, une fois de plus, ne manqueront pas d'énerver passablement le petit peuple, ou plus simplement, à chaque strate de la société, la base qui ne dispose d'aucun privilège particulier.

    Ça, c'est pour l'aspect sociologique.

    L'aspect humain, maintenant.

    Là, j'ai les boules. Dans Rien de grave, je voyais Raphaël (je ne me souviens plus du nom qu'elle lui donne) comme un intrigant, prétentieux et égocentrique. Mais finalement, il me restait de la lecture du livre une vague touche d'espoir.

    Je n'ai pas encore fini Mauvaise fille, mais cela réveille vraiment toutes les angoisses dormantes. Saloperie de cancer. Crever à petit feu d'un cancer inéluctable et sans rémission, entouré de médecins soit brusques, soit lénifiants, soit arrogants parce qu'ils ont un nom et une réputation, c'est en-dessous de glauque et cauchemardesque. Selon Justine Lévy, une personne sur dix sera atteinte au cours de sa vie d'un cancer. Elle ne doit pas être loin de la réalité. Mais l'univers qu'elle dévoile fait froid dans le dos. Agoniser des semaines au milieu des râles d'agonie de ceux qui crèvent à côté de vous. Bon sang, pas d'acharnement thérapeutique, m...., la dose de morphine forte, svp, très forte, s'il faut en arriver là un jour. 

    Reste la relation de Justine Lévy avec sa mère. En fait, je dirais plutôt que c'est la relation de Justine avec sa propre culpabilité. Il y a un passif entre Justine et sa mère. Sa mère ne s'est pas occupée d'elle quand elle était petite, au moment où il eût fallu qu'elle se comporte en adulte et non en adolescente écervelée. Des liens ne se sont pas créés, si ce n'est ceux de l'amertume ; il ne reste donc que ceux de la convention, et, une vague complicité. Alors Justine s'en veut de ne pas éprouver de sentiments face à la déchéance de sa mère. En fait, elle se trompe. Ce qu'elle n'éprouve pas, c'est le déchirement qu'une fille peut ressentir à la disparition d'une mère, mais elle n'en éprouve pas moins quelque chose. La preuve éclatante en est la culpabilité qui l'envahit : cette culpabilité n'est pas tournée vers le regard d'autrui, mais entièrement vers sa mère ; à preuve  le récit des défaillances de sa mère pour se disculper. Justine avait des comptes à régler avec sa mère. En fait, sa mère avait des comptes à lui rendre, plutôt. Mais parce que Justine est une émotive introvertie et timide, elle n'a jamais osé présenter l'addition. Peut-être par peur, peut-être aussi parce qu'elle a tablé, dès le départ, sur le fait que sa mère ne comprendait de toutes façons pas ses griefs.

    Sa mère : personnage typique de ces extra-punitifs libertaires des années 70. Jamais leur faute. Jamais de leur responsabilité. Ils ont toujours eu raison et fait pour le mieux, à leurs yeux, du moins. Que des certitudes. Un manequin longtemps habituée à ce qu'on la regarde. Paradoxalement, Justine aura voulu la protéger jusqu'au bout, étouffant les quolibets dégueulasses de petits merdeux sur une plage, serrant le cou de la bonhommie méprisante d'un grand nom de la médecine, donnant assurances sur assurances à sa mère pour lui éviter de désastreuses désillusions.

    Justine se reproche de ne pas avoir aimé sa mère comme elle eût voulu l'aimer, mais, son vrai problème, n'est-ce pas plutôt de ne pas s'être avouée qu'elle l'aimait vraiment, en dépit de toutes ses défaillances, parce qu'elle restait sa mère ? Une relation affective qui n'avait pas la force affective de celle qui la lie à son père, certes, mais une relation qui existait. Ce qu'elle a eu du mal à admettre, par exemple, c'est que l'on peut ne pas avoir envie de voir sa mère, qu'on peut s'ennuyer profondément en lui rendant visite à l'hôpital, et pourtant l'aimer. 

    Être une mauvaise fille, Justine, c'est presqu'aussi difficile que d'avoir une mauvaise mère...

    J'aime l'écriture de Justine Lévy, même si j'ai été au départ dérangé par sa syntaxe hachée et ses ruptures de construction incessantes. Elle a quelque chose. Son témoignage a le caractère d'une authenticité exceptionnelle. Il n'y a rien de faux  ni de fictif dans ce qu'elle écrit. Peut-être de la reconstruction, mais inconsciente et sincère. Décidément, les mères...après celle de Félix puis d'Henriette, je n'ai pas fini d'en parler ici...