Tiens, en parlant de Hongrie, j'ai songé, en relayant l'appel de Marielle de Sarnez et de Nathalie Griesbeck à corriger le tir dans ce pays en matière de liberté de presse, à notre propre situation en France. C'est en fait la réaction d'Erasmus Tharnaby, (excellent dès qu'il parle des verts et de l'écologie), dans le fil du billet, qui m'a en fait amené à me pencher sur le sujet.
Réponse du Hongrois à la bergère : la France est un pays où le PDG des chaînes de télévision est nommé par le Président de la République (ou présumé tel), en l'occurence un président qui se conduit en chef de parti, l'UMP, l'Union pour la Majorité PRESIDENTIELLE. Il est toujours temps de déménager en Hongrie pour retrouver un peu de liberté...
D'une certaine manière, c'est un peu un paradoxe de la part de Sarkozy : d'un côté, comme l'a écrit Bayrou, c'est en effet l'homme d'un clan, de l'autre, rarement un président français en a pris à ce point plein dans la gueule. Chirac, peut-être, parfois, et encore. Quand je parcours la Toile, il n'y a pas un blogue pour prendre sa défense sauf ceux des députés et des sénateurs UMP, et encore. Côté presse, seul le Figaro lui passe la brosse à reluire. Tous les autres journaux de droite ne lui font pas de quartier : ni le Point, ni Valeurs Actuelles, qui n'hésitent pas à le plomber quand ils ne sont pas contents.
La presse électronique, à 100% de gauche, a largement mordu la main qui lui a donné à manger : c'est Sarkozy qui a fait voter le principe d'aides financières à la presse électronique au titre des nouvelles technologies : Slate, Rue89, Backchich, Mediapart, ils en ont tous profité, et ils ne se sont pourtant pas privés de laminer le Sarko autant qu'ils l'ont pu.
Dans les émissions télévisées (même si je ne regarde pas souvent la télévision) j'observe qu'il s'est régulièrement fait allumer, y compris sur les chaînes détenues par ses potes.
Alors après, on peut toujours pleurnicher sur les lois Hadopi, Loppsi et consorts, en matière de liberté de la presse, franchement, dans ce pays, on peut dire à peu près ce que l'on veut. En fait, pas tout à fait : on en devient empêche quand on dérange un réseau de pouvoir. Mais cela, on ne peut en tenir Sarkozy pour le seul comptable, et certains de ces réseaux lui sont étrangers, même si, in fine, je suis à peu près convaincu que les différents réseaux savent composer quand il s'agit de défendre des intérêts communs bien compris.
Le classement de RSF positionnait la France à la 44ème place en raison de propos prétendument menaçants de Nicolas Sarkozy. Il faut arrêter un peu : dès qu'il l'ouvre un peu fort, tout le monde rigole ! Et puis franchement, j'ai un peu de mal à prendre au sérieux un classement qui place le Mali à la 26ème place. Ou encore l'Afrique du Sud devant l'Espagne. Il faut être un peu sérieux si l'on veut être crédible. J'ai regardé en fait les barèmes de RSF : torturer ou emprisonner un journaliste, ça coûte deux points à un pays. Censurer trois journaux dans tout le pays, 6 points. Les pressions pour ne pas couvrir tel ou tel évènement coûtent aussi beaucoup de points, sans distinction du sujet et des causes. En tout cas, bien plus que le fait de torturer, kidnapper, détenir illégalement des journalistes (2 points chaque). Il faut être un minimum sérieux...
Bref, Sarkozy a bien des travers, mais il ne me paraît pas avoir contrôlé la presse plus que ces prédécesseurs : plutôt moins, au final, que certains d'entre eux que l'on célèbre aujourd'hui, qui plaçaient sur écoute un certain nombre de journalistes...
Globalement, le classement de RSF me paraît correct, mais, concernant les démocraties, je me demande parfois s'il ne cède pas à certains partis pris un tantinet convenus...