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handicap

  • Le poids des apparences.

    Il y a parfois des images qui se passent de mots. Je suis tombé sur cette magnifique vidéo virale au hasard de mes pérégrinations sur twitter.

    J'invite tous ceux qui passent ici à bien la regarder. 

  • Euthanasie pour les mineurs ?

    Il y a à l'heure actuelle en Belgique un débat fondamental qui fait rage, même s'il ne risque pas de faire irruption tout de suite en France, pays bien trop occupé à panser les plaies du débat précédent...

    Des parlementaires ont proposé d'étendre le droit à l'euthanasie aux mineurs. L'association de deux mots aux portées sémantiques aussi antithétiques ne manque évidemment pas de nous heurter. L'enfance devrait avoir avec la vie, pas avec la mort.

    Dans le principe, je tends à penser que les enfants devraient pouvoir disposer des mêmes possibilités que les adultes quand leur vie et leurs souffrances deviennent intolérables.

    Mais ce qui est très problématique, ce sont plusieurs intitulés de la loi en discussion. Notamment, le texte considère possible l'euthanasie de bébés prématurés après 24 à 26 semaines en invoquant des complications graves.

    Or, rien dans le projet ne vient définir ce que l'on appelle des complications graves. Un certain nombre de handicaps pourraient être considérés comme des complications graves. Ce que je vois, tout comme les médecins, c'est que le texte rend possible la mise à mort de bébés à termes, tout comme les médecins qui ont écrit une tribune dans le quotidien belge lalibre.

    Nous ne sommes pas loin de l'eugénisme. Très dangereusement proche en fait. Je suis étonné de l'absence de réactions d'Isabelle sur un tel débat, car, pour ce que j'en comprends, ce texte permet l'élimination d'enfants en raison de leur handicap. Décider de mener une grossesse à son terme quand on sait que son enfant souffrira d'un handicap assez lourd, c'est quelque chose de difficile. Je ne jetterai certainement pas la pierre à ceux et celles qui renoncent. Mais je ne saurai pour autant évacuer d'un revers de la main les objections de Corto à ce sujet. J'ai lu le court commentaire de Jegoun sur l'un de ses blogues sur ce sujet. Il a tort de renvoyer à un délire le propos de Corto. Je ne sais pas si "éradication" est le terme qui convient, mais le fait est bien qu'en proposant un dépistage génétique, il y a une volonté, en effet, de neutraliser à la source un handicap. Entre le texte belge actuel et le dépistage de la trisomie avec ses conséquences, la distance n'est pas si longue. 

    Comprenons-nous : je ne considère pas ce dépistage comme une régression, mais j'invite à la plus grande prudence en s'engageant sur un telle voie, facilement pavée de bonnes intentions. Or, la sagesse populaire sait où conduisent de tels chemins...

    Je me demande quelle direction prend ce pays. Si ce sont les mineurs qui font l'objet d'intenses débats à l'heure actuelle, la prochaine commission devrait aborder le cas  des personnes démentes.

    L'euthanasie est une pente glissante : elle doit demeurer un choix. Il y a un texte désormais en discussion en France sur ce sujet. Veillons à ce qu'elle soit une liberté, pas un meurtre.

  • Ailleurs.

    Sur la suggestion d'Isabelle, je viens de regarder l'émission d'Ardisson, le Boucan du Jour. Ardison a choisi de s'entretenir avec une jeune fille, Anne-Claire, et sa mère, Nicole.  Anne-Claire a comme particularité d'avoir développé le syndrôme d'Asperger, une des nombreuses et multiformes manifestations de l'autisme. Anne-Claire a pourtant surmonté ce handicap d'origine et a su le sublimer pour en faire l'un des éléments les plus marquants et les plus charmants de sa personnalité. Elle est devenue en effet une belle jeune fille au langage aussi châtié que précis et aux pensées profondes.

    La présentation d'Ardisson m'est toutefois déplaisante à plus d'un égard. Pourquoi sous-titrer à l'écran, Syndrome d'Asperger, rencontre du troisième type ? Cela signifie-t-il qu'il faut considérer que les autistes sont des extra-terrestres, puisque je suppose qu'il s'agit là d'une allusion au film fameux de Spielberg ?

    J'observe que la plupart du temps, dans son entretien, Ardisson s'adresse surtout à la mère d'Anne-Claire, ne semblant pas relever les réponses de la jeune fille quand il l'interroge. A vrai dire, j'ai un soupçon quant à cette absence de réponse : ce qu'exprime Anne-Claire dénote une pensée philosophique, dans un langage riche et souvent complexe, avec, enfin, des références littéraires précises et peu communes. J'ai eu à plusieurs reprises l'impression qu'Ardisson ne comprenait pas Anne-Claire, faute de culture et même de vocabulaire, parfois...

    Il y a une sorte de condescendance des présentateurs vis à vis des handicapés qui commence à me chauffer. Tenez, par exemple, cet abruti crétinoïde d'Hondelatte, qui vient pleurnicher à la suite de sa réception par Natacha Polony chez Ruquier et exige des excuses, ce qui ne l'empêche pas d'insulter tous les handicapés de France.

    Je me suis intéressé de très près aux témoignages respectifs de Nicole et d'Anne-Claire quant à la vie d'Anne-Claire à l'école. 

    Je me demande ce que peut penser une mère, un père lorsque la maternelle finie, on leur fait savoir avec une brutalité inouïe que leur enfant ne peut pas, ne doit pas, passer dans une école primaire, mais aller "ailleurs". Oui : ailleurs. Ailleurs, quoi...

    Si la France tarde à se montrer capable de prendre en charge des enfants différents, pour ma part, j'ai au moins observé qu'à l'école primaire, ce n'est pas faute de bonne volonté et de compétence des institutrices et des psychologues scolaires, qui accomplissent souvent un travail extraordinaire (il y a aussi des brebis galeuses, toutefois).

    Il en va tout autrement au collège. Levée de boucliers de bien des enseignants qui seraient trop contents d'envoyer paître ailleurs ces éléments dérangeants, malhonnêteté et hypocrisie des administrations, des inspections, mais surtout du Gouvernement, qui se vante d'accueillir davantage d'enfants handicapés, mais en réalité, les déverse dans les collèges quasiment sans accompagnement, et enfin, pour couronner le tout, cruauté et méchanceté des congénères de ces enfants, qui rappelons-le, formeront le gros des troupes de l'humanité adulte quelques années après.

    J'ai été très frappé des paroles d'Anne-Claire citant Jean Raspail et comparant les agressions, les humiliations, les obscénités subies à une veillée d'armes.

    Ce dernier point relève d'une autre de mes antiennes : tenons pour responsables la racaille et les petits salopards de tout âge pour comptables de leurs actes. Je crois qu'au collège, passé 12 ans, on peut en effet commencer à leur faire sentir le poids des sanctions judicaires, même s'il serait bplus judicieux de commencer par appliquer strictement le règlement des établissements scolaires.

    En particulier, l'école devrait se montrer impitoyable avec tout ce qu'il s'apparente à de la persécution et ne pas se contenter non plus de punir sévèrement les meneurs. Il faut taper, et fort, sur tout le groupe, quand un groupe de persécuteurs est identifié.*

    J'en viens à quelque chose de plus positif : pour ceux qui s'intéressent au handicap en général et suivent ce qu'il se passe sur la Toile, ils ne devraient pas ignorer l'existence du blog d'Isabelle et des solutions qu'elle propose.

    Au passage, je tire mon chapeau à Martine Aubry qui a pris la peine de répondre directement à la lettre que lui a adressé Isabelle à ce sujet.

    Cela dit : ce que propose Martine Aubry ne me satisfait pas. Pour ma part, je suis résolument favorable au modèle d'école inclusive que prône Isabelle et notamment à son projet de classe à deux enseignants pour des enfants touchés par un handicap. Évidemment , il faudra convaincre les enseignants, sachant que pas mal d'entre eux poussent des cris d'orfraie à l'idée qu'un simple AVS mette les pieds dans leur salle de classe. Isabelle a d'ailleurs intelligemment calculé, et ce à plusieurs reprises, que l'école inclusive en sus d'être bien plus humaine et efficace que ce qui existe actuellement, coûte bien moins cher que l'hôpital de jour, dont on use et on abuse avec les enfants dont on ne sait pas quoi faire.

    Bayrou avait, en 2007, des propositions intéressantes, qui rejoignent assez fortement celles d'Isabelle. J'ai apprécié, notamment, à cette époque, le refus de Bayrou de scincer le monde en deux, et je fais miens ses propos d'alors : 

    Je refuse de découper le monde en deux : les valides d’un côté, les handicapés de l’autre. Il faut en quelque sorte désincarcérer le handicap et proposer à la société un modèle qui soit simplement ouvert et universel. Je suis en forte rébellion contre le glissement vers une société pour les forts, où la loi de la jungle règne.

    Ministre de l'Éducation Nationale, Bayrou avait ouvert beaucoup de classes d'intégration en école primaire, mais de mon point de vue, il demeure encore au milieu du gué : il faut aller plus loin et supprimer la classe d'intégration pour favoriser l'intégration. Une classe d'accueil d'enfants handicapés ne devrait plus être une classe d'intégration, mais une classe ordinaire avec un deuxième enseignant et un AVS si nécessaire.

    Bayrou a parler juste en refusant une scission qu'il juge bien à raison dangereuse et artificielle. Mais il doit, pour 2012, accomplir sa pensée en allant jusqu'au bout de sa prescription. S'il le fait, il doit logiquement aboutir au projet qu'Isabelle défend...

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  • Euthanasie, antithèse...

    Plusieurs de mes lecteurs ont vécu comme une provocation mes prises de position en faveur d'une euthanasie contrôlée mercredi dernier. Koz s'est même déplacé pour me signifier à quel point il était outré de la reductio ad absurdum à laquelle je me complaisais à ramener une part de son argumentation. En fait, je crois surtout que c'est le "réacosphérique" du titre qui l'a surtout vexé (juste un petit appeau de rien du tout, quoi...). Il n'en reste pas moins qu'un sujet aussi délicat ne souffre à mon avis pas de positions tranchées et mérite, dans tous les cas, la controverse. Do, qui lit, me semble-t-il, assez souvent mon blog, a réagi vivement, avec une argumentation qui mérite amplement le détour. Je reproduis donc son commentaire ici...

    Le problème est que ça se fait ailleurs et que les dérives sont bien trop tentantes pour résister à une loi, qui de toutes façons finit très vite par dériver avec elles!
    En Hollande, il y a 50% d'euthanasies qui se passent sans l'avis du médecin (et donc consentement de la personne) alors que c'est légal: ça veut dire que quand c'est légal, c'est considéré comme acquis, et même si la personne concernée n'est pas d'accord; il y a assez de gens concernés par sa mort qui, eux, sont d'accord, parce que tout simplement, c'est lourd, une personne en fin de vie, et au quotidien, su la loi ne la défend pas, ses proches ne pourront ou ne voudront pas toujours le faire.
    Et je ne parle pas de toute cette frange de personne âgées, (qui a été étudiée, je ne le dis pas par imagination), qui accepte de se faire euthanasier à cause de la pression (active ou passive) de son entourage: coût de la maison de retraite, coût des soins, héritage, coût des retraites pour la collectivité, etc...

    si on parle de l'avortement, ce n'est pas seulement pour parler du respect de la vie, mais aussi de la façon dont la loi et la pratique dérivent quand on ouvre des brèches sur la protection des plus faibles: au début, on nous a vendu l'avortement pour les filles de 15 ans qui s'étaient fait violer par 15 types! Alors évidemment, c'est tellement contre nature que les gens ont été d'accord! mais aujourd'hui, on a 250 000 avortements pour 750 000 naissances (environ), et des militants trouvent que ce n'est pas encore assez, et militent pour que ce soit inscrit aux droits de l'homme et qu'on fasse des campagnes de promotion!
    Or une naissance, c'est normalement une joie.
    Qu'en sera-t-il pour l'euthanasie? 

    Peut-on être assez fous pour croire que nous empêcherons l'état de faire pression sur les familles pour qu'elles favorisent ce mode de fin de vie, qui économiserait des sommes astronomiques en retraites et en soins hospitaliers?! QUe ferez cvous quand il ne remboursera plus la maison de retraite ni les soins après un certain âge ou dans certaines affections comme la démence ou les cancers: aurez vous le choix, individuellement? et le vieillard, lui, aura-t-il le choix, face à ses enfants au bord du gouffre financier?

    Science fiction? eh bien non, c'est ce qui arrive aux parents d'enfants handicapés : depuis qu'on leur propose de les avorter, on a supprimé une grande partie des aides et des centres qui les hébergeaient, sans compter la recherche au sujet de leur maladie (0€ de recherche publique en France pour la trisomie 21, première cause de retard mental...) et c'est devenu extrêmement lourd pour les parents et leurs autres enfants, qui ont tout à leur charge.. c'est comme ça. On avait pas dit ça dans la loi pour l'avortement des enfants handicapés, mais la réalité c'est est celle là, c'est pas les belles phrases des philosophes de comptoir qui s'agitent sur les cas des autres avec leurs peurs à eux, mais sans jamais être allés visiter un centre de soins palliatifs, bien souvent.

  • Clémence avec les infanticides d'handicapés ?

    Je n'ai pas du tout aimé le ton de la dépêche AFP relatant l'infanticide commis par un père sur sa fille handicapée de 6 ans.

    Ça veut dire QUOI exactement, que la justice est plus clémente quand ce sont des enfants handicapés qui sont mis à mort par leurs parents ? Que c'est moins grave, la mort d'un enfant handicapé ? Que le meurtre est plus légitime ? Aider son enfant à mourir qui souffre, s'il le demande, c'est une chose, mais, nom de D... tuer un enfant, qu'il soit malvoyant, sourd, tétraplégique ou tout ce que vous voudrez, m...., c'est un meurtre, quoi !

    Je peux concevoir que des parents désespérés ne se sentent pas capables d'assumer : qu'au pire ils confient l'enfant sous X à la DASS ! Un crime reste un crime, point à la ligne.

    La limite rouge, à mon sens, c'est quand il y a maladie dégénérative à court-terme entraînant des souffrances. Certains actes peuvent se concevoir, mais pas sans le consentement des êtres atteints, et dans un cadre légal. Ainsi, il n'y a rien de commun entre l'état de Vincent Humbert et le geste de sa mère, d'un côté, et le meurtre de cette petite fille de Boulancourt devenue sans doute trop "encombrante".

    Il ne faudrait pas laisser se développer en France une culture de l'excuse dégueulasse, une mansuétude vile autant qu'inique de la justice, une sorte d'eugénisme puant qui se masque sous les oripeaux de la compassion, dès lors qu'un handicapé meurt de la main de sa famille.

    Nom de D..., ce ne sont pas des animaux souffrants qu'on vient piquer chez le vétérinaire, m...., quoi ! Désolé des jurons, mais franchement, cette argumentation se répète, depuis quelque temps, et je sens que je commence à sortir de mes gonds.

  • Un monde parfait...

    Un court billet pour finir l'année, mais je ne voulais pas passer à côté du témoignage de Béatrice sur le blog Autisme infantile. Merci à Isabelle de me l'avoir signalé.

    Toutes ont évidemment des enfants parfaits. Pas un de raté, même un tout petit peu… Toutes ont des enfants neurotypiques, 100% zéro défaut physique. Pas une seule mère d’enfant handicapé physique ou mental, pas une seule mère d’enfant malade. Les mères d’enfants différents ont disparu. Effacées. Transparentes. Serait-ce parce qu’elle n’aiment pas le sexe/mode/cuisine – ou les trois? Serait-ce parce que leur avis sur les objets de puériculture « on s’en tape », même si ce sont certainement celles qui utiliseront le plus longtemps poussettes, tétines, et biberons ?

    Dans notre monde parfait, la vitrine est toujours parfaite. J'ai observé cette tendance à tous les étages de notre société : dans les médias, dans les entreprises, dans les écoles, et même sur les blogues.

    Ainsi, il ne viendrait pas à l'idée aux grandes marques de demander leur avis sur des produits de puériculture à des parents de paralytiques, d'enfants en proie à des troubles divers et variés, et cetera. Non, il faut toujours des super-women, fashion, trendy, tendance, cougar, et tout ce que vous voudrez, avec des enfants parfaits : aimés, câlinés, vifs, tendres, expressifs, et cetera...Ainsi va notre monde parfait. Oh, au plus, on pourrait leur demander leur avis sur des produits de puériculture pour enfants handicapés. Mais leur demander leur avis comme papas et comme mamans, ça va pas la tête ?

    Ainsi va notre monde parfait...

    Je sais à quel point Isabelle attache de l'importance à l'école inclusive. Le concept en est simple : plutôt que de créer mille univers spécialisés, on conçoit des classes à degrés, avec le cas échéant deux enseignants, une orthophoniste ou d'autres professionnels de santé et d'éducation dans lesquelles on accueille TOUS les enfants quelles que soient leurs particularités.

    Il reste à inventer la puériculture inclusive. Eh oui, les amis : un autiste, ça joue aussi avec des petites voitures, avec des playmobils, ou d'autres jouets encore. Un trisomique aussi. Et un paralytique également. 

    Et un handicapé, ça réveillonne également, et ça a aussi envie de faire des rencontres...

    Comme le dit Béatrice Bolling, serait-ce simplement parce qu’on dérange dans cet univers en pastel et sucre d’orge? Serait-ce parce qu’on fait peur avec notre énergie du désespoir, nos histoires déprimantes, notre façon d’être toujours un peu au bord des larmes, et d’être la preuve vivante de la Peur fondamentale de toute mère: offrir une vie abîmée à un enfant tout neuf ? 

    Allez, bienvenue dans notre monde parfait, amis lecteurs, et bonne année 2011...

  • Un idéal de perfection individuelle

    J'entends souvent dans la bouche de proches ou de gens que je côtoie que notre société est individualiste, égoïste, même. Et l'on déroule, çà et là, les phrasés sur les nécessaires solidarités, ou encore la redistribution des richesses.

    C'est saisissant de voir à quel point l'égoïsme ne réside pas dans notre modèle de société mais vraiment dans les comportements individuels. Et il ne faut pas s'y tromper : l'égoïsme n'a pas de couleur politique. Les mêmes qui déclarent vertueusement être les défenseurs du service public sont parfois les premiers à rejeter avec un égoïsme forcené bien que gêné la différence. La religion n'est pas non plus une sauvegarde. J'ai à l'esprit le statut particulier du handicap.

    Pas de pitié pour les crapauds dans nombre d'établissements du second degré : ici, dans le public, refus de présence d'auxiliaire de vie scolaire dans les classes par certains enseignants, par exemple, parce qu'ils perçoivent l'AVS comme une "gêne" ; là-bas, dans le privé, une mère pratiquante, habituée de la messe de 11h00 le dimanche refuse catégoriquement une fusion avec un établissement pour handicapés parce qu'elle ne veut pas que ses enfants fréquentent des "tarés".

    A désespérer de la nature humaine. Ils peuvent bien crever, ces pauvres gamins pas gâtés par les hasards de la fortune, auxquels on refuse toute mansuétude, toute assistance pour des motifs largement irrecevables.

    Sur le fond, la générosité, ce ne peut être une politique publique. C'est avant tout un comportement individuel, un idéal de perfectionnement personnel.

    N'attends pas que les événements arrivent comme tu le souhaites ;  décide de vouloir ce qui arrive et tu seras heureux.

    Manuel, VIII, Épictète

     

     

  • Dragons, le triomphe de la différence

    Je reviens d'une séance de cinéma avec ma petite famille, et notamment, nous avons eu le plaisir de visionner en 3D l'excellent film d'animation Dragons. Convaincant ! Je l'ai vraiment trouvé très bon. Sans dévoiler le film, je trouve extraordinaire de faire d'un dragon victime d'un handicap très grave l'un des deux principaux héros du film. Il réserve à par ailleurs quelques autres surprises savoureuses : le concepteur des dragons s'en est donné à coeur joie, et il y en a pour tous les goûts et de toutes les formes. Bref, petits ou grands, je vous recommande vivement ce morceau d'anthologie.

  • On n'aime pas les enfants handicapés au Canada ?

    Bon, puisque l'information ne semble pas se répandre, je vais la relayer à mon tour : le Canada avait encouragé un couple de Français à venir travailler à Montréal il y a cinq ans, mais vient de lui refuser le renouvellement de sa carte de travail. Motif ? les autorités fédérales du Canada estiment que le coût éducatif à venir de l'enfant de ce couple, une petite fille de 7 ans, atteinte d'un léger handicap cérébral, est trop important. 3500 euros par an. Un fardeau excessif selon la lettre officielle qui leur a été adressée...Le Québec était pourtant tout prêt à les accueillir, mais l'échelon fédéral en a jugé autrement. C'est tellement minable que les bras m'en tombent ! Les Canadiens sont favorables, d'après un sondage, à 70% au rétablissement de la peine de mort, comme le rapporte le Scriptorium. A quand une majorité pour euthanasier les handicapés ?

    L'Ambassade du Canada se trouve au 35 avenue Montaigne à Paris, dans le 8ème arrondissement. Téléphone 01 44.43.29.00 Télécopie: 01 44.43.29.99

    Le site de l'ambassade est super mal fait, et c'est ailleurs que j'ai réussi à trouver une adresse électronique : paris@international.gc.ca

    Je crois qu'on peut assez largement écrire un courrier de protestation à l'ambassade, pour exprimer notre indignation. Le comble de l'histoire, c'est que les parents ont largement les moyens de subvenir aux besoins de leur enfant, puisque le père est ingénieur-informaticien et a monté sa société. Leur fille avait 2 ans quand ils sont arrivés au Canada : ils ne pouvaient savoir à ce moment que leur fille aurait un handicap léger, ce genre de choses se détectant après un certain temps. Et même si ce n'était pas le cas, décréter qu'on ne peut accueillir une famille sous prétexte que l'enfant est handicapé, c'est tout simplement indigne !

  • l'hérétique dîne Alone in the dark...

    J'ai fait une expérience pour le moins atypique hier soir : j'ai dîné dans les ténèbres. Tout seul dans le noir : enfin, tout seul...j'exagère : j'étais accompagné, et de surcroît  à une tablée elle-même entourée d'autres tablées. Le concept est pour le moins surprenant : il s'agit d'un restaurant du 4ème arrondissement de Paris dans lequel, le soir, on peut dîner dans l'obscurité la plus totale. Ce sont des non-voyants qui assurent le service (avec une grande dextérité).

    La première difficulté, c'est d'accéder à la salle de restauration : on a beau vous dire que tout est plat et qu'il n'y a pas d'obstacles, vous avez le sentiment que vous allez vous ramasser à chaque pas. A la queue leu leu, se tenant par les épaules les uns les autres, c'est donc un étrange défilé qui suit le guide dans la noir : étrange monde que celui dans lequel les rôles s'inversent. Les non-voyants, Tirésias locaux, guident nos pas maladroits jusqu'à la table.

    Une fois calé dans sa chaise, le plus difficile, c'est de porter la fourchette à sa bouche sans s'en mettre partout ; une découverte tactile des plats servis est plus prudente. On écarquille en vain les yeux, et puis passé les premières minutes, on se résoud à ne se laisser guider que par les sons. Les sons et...les saveurs : à titre personnel, j'ai identifié sans erreur 70% de ce que j'ai mangé. J'ai aussi été lé seul à faire tomber ma fourchette par terre. Anodin en temps normal, catastrophique dans la nuit noire. Je vous le donne en mille, celui qui l'a retrouvé, c'est notre serveur non-voyant, Didier. Une belle voix grave et tranquille qui inspire la confiance et la sérénité.

    C'est Édouard de Broglie, un entrepreneur audacieux et visionnaire, qui a eu l'idée prodigieuse de créer ce restaurant. L'affaire marche bien, d'ailleurs, puisque d'autres établissements ont ouvert à Barcelone, Londres, Moscou et Bruxelles, et qu'une ouverture est prévue à New York. Tout à fait par hasard, je me suis d'ailleurs rendu compte qu'il avait été le candidat du MoDem dans le Lot aux élections législatives de 2007. Le monde est décidément petit... Son entreprise, Ethik-Event, promeut ce qui est utile et profitable. Dans le noir est une authentique réussite de la libre entreprise, puisque le restaurant fonctionne sans aucune suvbention, ni publique ni privée, et tourne à plein régime. J'ai entendu dire qu'à sa création, il fallait des mois pour pouvoir réserver une place ! Moi, j'ai eu de la chance : réservée dans l'après-midi, la chaise était encore chaude à mon arrivée le soir.

    Le restaurant dispose d'un partenaire précieux : une association qui a déjà une longue histoire, l'Association Paul Guinot. Elle a vu le jour au sortir de la 1ère guerre mondiale, et s'est spécialisée rapidement dans la formation professionnelle, convaincue que le meilleur espoir d'insertion pour les mal-voyants, c'était le travail.

    Bien peu d'entreprises emploient du personnel handicapé, et les sociétés de services sont à cet égard très en retard.

    Dans le noir ne dispose pas seulement d'un service de restauration : on peut aussi venir prendre un pot entre amis les vendredi et samedi soir de 17h30 à 19h00 et de 23h30 à 1h00 du matin. Une idée future pour une prochaine réunion de blogueurs ?

    Le restaurant se trouve au 51 rue Quincampoix dans le 4ème arrondissement de Paris.

    TEL : 01 42 77 98 04 - FAX : 01 42 77 98 07 - info@danslenoir.fr