Un court billet pour finir l'année, mais je ne voulais pas passer à côté du témoignage de Béatrice sur le blog Autisme infantile. Merci à Isabelle de me l'avoir signalé.
Toutes ont évidemment des enfants parfaits. Pas un de raté, même un tout petit peu… Toutes ont des enfants neurotypiques, 100% zéro défaut physique. Pas une seule mère d’enfant handicapé physique ou mental, pas une seule mère d’enfant malade. Les mères d’enfants différents ont disparu. Effacées. Transparentes. Serait-ce parce qu’elle n’aiment pas le sexe/mode/cuisine – ou les trois? Serait-ce parce que leur avis sur les objets de puériculture « on s’en tape », même si ce sont certainement celles qui utiliseront le plus longtemps poussettes, tétines, et biberons ?
Dans notre monde parfait, la vitrine est toujours parfaite. J'ai observé cette tendance à tous les étages de notre société : dans les médias, dans les entreprises, dans les écoles, et même sur les blogues.
Ainsi, il ne viendrait pas à l'idée aux grandes marques de demander leur avis sur des produits de puériculture à des parents de paralytiques, d'enfants en proie à des troubles divers et variés, et cetera. Non, il faut toujours des super-women, fashion, trendy, tendance, cougar, et tout ce que vous voudrez, avec des enfants parfaits : aimés, câlinés, vifs, tendres, expressifs, et cetera...Ainsi va notre monde parfait. Oh, au plus, on pourrait leur demander leur avis sur des produits de puériculture pour enfants handicapés. Mais leur demander leur avis comme papas et comme mamans, ça va pas la tête ?
Ainsi va notre monde parfait...
Je sais à quel point Isabelle attache de l'importance à l'école inclusive. Le concept en est simple : plutôt que de créer mille univers spécialisés, on conçoit des classes à degrés, avec le cas échéant deux enseignants, une orthophoniste ou d'autres professionnels de santé et d'éducation dans lesquelles on accueille TOUS les enfants quelles que soient leurs particularités.
Il reste à inventer la puériculture inclusive. Eh oui, les amis : un autiste, ça joue aussi avec des petites voitures, avec des playmobils, ou d'autres jouets encore. Un trisomique aussi. Et un paralytique également.
Et un handicapé, ça réveillonne également, et ça a aussi envie de faire des rencontres...
Comme le dit Béatrice Bolling, serait-ce simplement parce qu’on dérange dans cet univers en pastel et sucre d’orge? Serait-ce parce qu’on fait peur avec notre énergie du désespoir, nos histoires déprimantes, notre façon d’être toujours un peu au bord des larmes, et d’être la preuve vivante de la Peur fondamentale de toute mère: offrir une vie abîmée à un enfant tout neuf ?
Allez, bienvenue dans notre monde parfait, amis lecteurs, et bonne année 2011...