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Société - Page 55

  • Médecins, nos biens les plus précieux

    Quand j'ai participé comme de nombreux militants du Modem à l'élaboration du programme politique de mon parti pour l'Europe, l'idée novatrice en politique de Biens supérieurs a été mis en avant par les commissions. Le Bien supérieur, c'est l'idée qu'il existe pour nos sociétés européennes des biens, qui ne se réduisent pas à la consommation et qu'il nous faut sauvegarder tant ils sont précieux. Le Mouvement Démocrate avait alors mis en avant l'éducation, la culture et la santé. Difficile, dans ces conditions, de ne pas s'émouvoir du sort fait à la médecine de ville. Il faut bien comprendre que les études de médecine, c'est minimum 8 années d'études. Il faut pouvoir les financer, et après, se payer de tant de temps consacré à l'apprentissage de cet art.

    Partout des médecins généralistes partent à la retraite sans trouver repreneurs de leur cabinet. Un rapport de Commission des comptes de la sécurité sociale datant de 2007 est édifiant. De 1980 à 2004, les honoraires des médecins n'évoluent que de 1.4% par an en euros constants. En termes de pouvoir d'achat, si l'on tient compte des évolutions de salaire, un montant misérable.

    Ne nous y trompons pas ; en ville, les frais d'installation d'un médecin et ses charges sont considérables. Il peut sembler gagner beaucoup, mais, une fois tous les frais payés, le compte n'y est pas franchement au regard de la somme d'efforts exigés.

    On croit que les médecins ne disparaissent qu'en milieu rural. On se trompe ! les villes aussi sont touchées, à commencer par Paris, qui ne compte certaines années, aucune installation en dépit de ses deux millions d'habitants !

    Il y a à vrai dire une quadrature du cercle hermétique : la moindre revalorisation accroît les déficits de l'assurance-maladie. Par exemple, passer simplement de 22 à 23 euros,  c'est 250 millions de trou supplémentaire par an. Une solution serait que l'euro d'augmentation soit franc. C'est à dire non-remboursé par la sécurité sociale.

    Il n'y a à mon avis pas 36 solutions : il faut autoriser aux généralistes ce que l'on permet aux spécialistes. Ou alors interdire aux spécialistes ce que l'on interdit aux généralistes.

    D'après l'Express, un économiste aurait calculé que, transposé aux années 2000, un généraliste du début des années 70 gagnerait 50 euros par consultation aujourd'hui. Si ce calcul est juste, alors il en dit long sur la désaffection croissante qui touche ce métier. Avec un pouvoir d'achat divisé par deux, elle s'éclaire d'un jour nouveau.

    Une fois encore, notre société devra s'adapter et comprendre que la consultation médicale est plus importante que l'écran plat, le téléphone portable ou le dernier i-pad...

  • Apéro géant de la Goutte d'Or, mais pourquoi emm... les Musulmans ?

    Le fameux apéro saucisson-pinard de la Goutte d'or fait des bulles, et pourtant, ce n'est pas du champagne qu'on va y boire. Ces abrutis du NPA et la kyrielle d'associations gauchistes à deux balles qui gravitent autour, sans compter la gauche caviar-boboïsée y voient du racisme. Ridicule. Comment peut-on être raciste contre une religion ? Et quel rapport entre religion et race ? Et si c'était des prières à Jésus en pleine rue d'Africains Chrétiens, ils diraient quoi ces demeurés ?

    Passé ce préambule, j'aimerais savoir pourquoi 4000 zigs se sentent obligés d'aller faire chier de paisibles musulmans qui ne demandaient rien à personne et font leur prière hebdomadaire. C'est vraiment histoire d'emmerder son peuple, parce que franchement, on ne voit pas très bien sinon l'objet de cette réunion.

    Il y a eu une réaction intelligente, dans cette histoire, c'est celle de la Mosquée de Paris qui a essayé de calmer le jeu et invité les musulmans du quartier à venir ce jour-là à la Mosquée de Paris. Intelligente proposition que je relaie.

    Cela dit, Riposte laïque va finir par perdre tout crédit si cette organisation persiste à manifester avec n'importe qui : bloc identitaire, ça ne fleure pas vraiment bon la senteur démocratique et sans tomber dans le bla-bla dégoulinant sur la tolérance, objectivement, ceux-là, ils ont plus de parenté avec le paganisme néo-nazi qu'avec la laïcité républicaine.

    Bref, une bonne vieille maxime latine recommande de rendre à César ce qui est à César. Je suis d'accord pour m'associer aux combats livrés contre l'islam intégriste et/ou réactionnaire et ultra-conservateur, mais pas du tout pour venir emmerder et stigmatiser de pauvres gars qui n'ont rien demandé à personne et font leur prière dans leur coin.

    Après, si c'est un problème de circulation, il suffit que la Mairie de Paris fasse son boulot (n'est-ce pas, mister Delanoë ?), entre en contact avec l'imam de la mosquée locale et fasse dégager les voies éventuellement barrées ou trouve une solution acceptable et pour les usagers de la voirie, et pour les fidèles.

    Connaissant la majorité municipale, je ne serais pas étonné qu'elle ait laissé pourrir la situation de longue date jusqu'à exaspération des résidents.

  • Le culte de l'éphémère

    Au fil des années qui s'écoulent, j'ai souvent le sentiment d'être pris dans un maelström de pratiques sociales qui se succèdent les unes aux autres sans temps de respiration. La pause n'existe pas dans notre société consumériste. C'est une gigue endiablée qui change de clef à chaque mesure. Le temps des sociétés ou même des groupes est révolu. C'est l'heure des réseaux, sociaux de préférence ; la Toile en est le lieu d'apparition et de disparition privilégié. Un clic de souris et nous voilà ami avec le plus parfait inconnu parce qu'il veut sauvegarder une espèce rare de chenille. Un autre clic et l'amitié cesse parce qu'il a critiqué la star où le sportif que nous adulons. Sur twitter, on "followe" ou on "défollowe" selon l'humeur du moment. Le sentiment d'appartenance est devenu si lâche qu'il ne tient plus à grand chose.

    Il n'existe plus ou presque de Service après vente pour les produits de consommation : à quoi bon ? une mode chasse l'autre d'une saison sur l'autre. Mieux vaut externaliser un coût dont la société de consommation ne se porte pas demandeuse, ou, tout du moins, dont elle ne fait aucunement une priorité. Non, il est bien plus important de demeurer dans la tendance. Pas de service après-vente, pas de réparation non plus. Réparer est devenu plus coûteux que produire. Et cela s'explique aisément : on peut produire en série, on ne peut pas réparer en série. Un pont d'or pour celui qui parviendra à anticiper et breveter cassures, brisures, usures et torsions. Le voilà riche. Par essence, le bris est accidentel. Il arrive par hasard et peut donc difficilement obéir à une loi des séries.

    De ce fait, il n'est plus utile de prévoir quoi que ce soit de durable. La durabilité n'est donc plus non plus un critère de qualité. Et ce qui vaut pour nos produits de consommation s'exporte dans nos pratiques sociales. Le culte du réseau a supplanté l'appartenance au groupe. L'engagement en prend donc un coup à son tour. Engagement politique, associatif. Seul l'intérêt individuel devient une valeur objectivable et un possible gage de longévité.

    Les jeunes gens investis dans le secteur associatif reconnaissent désormais que leur investissement n'a de sens que leur intérêt bien compris. Faut-il le leur reprocher ? Non, sans doute. Mais alors cessons aussi la grande comédie de l'humanitaire et reconnaissons les choses pour ce qu'elles sont réellement.

    Il existe un revers de la médaille : le sacrifice à l'immédiateté rend la projection difficile. Nul ne sait pas de quoi demain sera fait. Il faut être réactif, polymorphe et adaptable : réactif à l'information qui fuse toutes les secondes, aux changements de tendances, capable de s'adapter, de changer de statut, de métier. Rien où l'homme ne puisse poser ce qu'il est.

    Zénon! Cruel Zénon! Zénon d'Êlée!

    M'as-tu percé de cette flèche ailée

    Qui vibre, vole, et qui ne vole pas!

    Comme il a été censé, l'Éléate Parménide, d'énoncer ces sages pensées.

    le non-être est forcément, route où  je te le dis, tu ne dois aucunement te laisser séduire.

    Tu ne peux avoir connaissance de ce qui n’est pas, tu ne peux le saisir ni l’exprimer;

    C'est bien ce sentiment de ne pouvoir étreindre autre chose que l'écume des jours qui passent, qui m'amène à supputer que notre société est en grand manque d'être ; en grand manque d'être, parce qu'elle l'a échangé contre l'avoir, et que ce dernier est au non-être ce que l'être est à l'essence.

  • Tournantes : la racaille n'a pas d'âge...

    Encore un crime commis par des mineurs dans une cité de l'Oise. Je me demande parfois jusqu'à quel point l'excuse de minorité doit être conservée quand le crime est ignoble. Sept racailles ont attendu et violé en groupe une collégienne dans une tour. Comme par hasard, encore un tour livrée au squat et à la racaille qui s'y pavane en maître. J'espère que les juges ne vont pas se prendre pour des assistantes sociales et se répandre sur l'enfance malheureuse de ces porcs. Je me contrefiche qu'ils n'aient que 15-16 ans. Il paraît qu'ils peuvent prendre jusqu'à dix années de prison. Il faut qu'ils les prennent toutes. Et surtout, ne pas s'arrêter là : vérifier, lors du procès, si leurs copains ne viennent pas menacer la victime, et coffrer et condamner en conséquence.

    Seule une police et une justice inflexibles, systématiques et immédiates viendront à bout de la criminalité grandissante. Je ne sais pas si cette tournante aurait été possible si la tour n'avait pas été livrée à l'impunité générale.

    Il est possible d'y aller au kärcher et de donner un grand coup de pied dans la fourmilière. Il faut le faire et se montrer sans faille ni compassion pour les coupables. Dans une affaire précédente, à Dammarie les Lys, l'un des auteurs de la tournante était un mineur déjà condamné pour viol. Les juges se foutent-ils de la gueule de leurs concitoyens ? Cela signifie qu'il avait passé au mieux 3 ans derrière les barreaux. J'imagine qu'avec les diverses mesures d'assistance "éducative", il a du sortir au bout de quelques mois...

    Putain, c'est pas compliqué, 10 années de prison sèches, point à la ligne, et une nouvelle fois, si des juges veulent faire les assistantes sociales, ils n'ont qu'à changer de métier. 10 années de prison, et une surveillance après coup. 10 années de prison, mais une aggravation de la peine s'ils sont impliqués d'une manière ou d'une autre dans des menaces sur la victime pendant le procès ou les dix années.

    Surtout, surtout, aucune, absolument aucune compassion pour les violeurs, et ce quel que soit leur âge, c'est tout.

  • Bébé oublié et détours de la mémoire

    Le Faucon, à la suite d'un fait divers tragique, renvoie à la responsabilité individuelle l'oubli d'un enfant dans une voiture. Il s'en prend même à Nadine Morano, Secrétaire d'État chargée de la famille et de la solidarité, parce que cette dernière veut demander la mise en place d'un détecteur de présence automatique dans toutes les automobiles. Une mère de famille de quatre enfants , de Brétigny sur Orge, a oublié son bébé dans une voiture et est parti travailler. En raison de sa chaleur, celui-ci est décédé. C'est horrible, et quand j'apprends quelque chose d'aussi terrible, cela me touche profondément.

    Je suis tout à fait en désaccord, cependant, avec ce qu'écrit le Faucon. Il est très imprudent de confondre oubli et abandon ou négligence. Au temps de Platon, on s'est beaucoup moqué d'Hippias d'Élis, ce sophiste qui analysait les mots à la nuance la plus infime, estimant qu'ils ne portaient pas la même charge sémantique. On s'en est moqué, et pourtant, il avait raison : un abandon dénote une indigne indifférence à l'égard de son enfant. C'est l'attitude la plus condamnable. La négligence est une absence de sens commun et de responsabilité : elle peut avoir des conséquences tragiques, mais elle ne signifie pas qu'un parent n'aime pas pour autant son enfant.

    Mais l'oubli, lui, comment le qualifier ? Qui sait comment fonctionne la mémoire ? Dans cette très triste circonstance, cette femme n'a pas laissé son enfant, elle l'a oublié, oublié, comme si l'enfant avait disparu de sa mémoire pour un temps déterminé. Il suffit que l'esprit soit préoccupé, qu'il se tende alors tout entier vers l'objet de sa préoccupation, fût-elle anodine, et il devient alors possible d'oublier un autre objet de la mémoire. C'est terrible. Je suis presque sûr que cette femme a réellement eu un trou de mémoire. Cela peut nous arriver à tous. Et qu'on ne dise pas qu'elle est assez punie par ce qui lui arrive, j'en serais scandalisé. Comment pourrait-on parler de punition quand il s'agit de la mort d'un enfant que l'on a porté et que l'on aime ? En réalité, c'est un drame terrible qui la frappe, et qui va la ronger, alors que, je le pense profondément, elle n'y est pour rien.

    Aristote, dans on Éthique à Nicomaque, au livre III, essaie de fixer les divers degrés de responsabilité en analysant actes volontaires et actes involontaires. Un oubli ne saurait être un acte volontaire, puisque par définition même, l'oubli échappe justement à la volonté ! Dans son éthique, Cette femme aurait provoqué un mal sans intention de la donner, et vraisemblablement sans négligence.

    J'en viens à Nadine Morano : elle a raison. Tout à fait raison. Pour ceux qui oublient, un détecteur, c'est leur garantir une sécurité supplémentaire contre leurs défaillances. Pour les négligents, c'est un rappel à l'ordre : laisser un enfant tout seul dans une voiture est dangereux. Pour les indifférents, enfin, si le détecteur se met en marche, on peut espérer qu'il réveille un soupçon de responsabilité de leur part, à défaut, qu'il attire l'attention de l'environnement.

    Cette histoire est atroce. Les parents du bébé mort avaient veillé toute la nuit au chevet d'un de leurs autres enfants qui était très malade. Atroce. Vraiment atroce. J'en frémis à la seule pensée. Pauvre femme, pauvres enfants. Surtout ne pas l'accabler, mais au contraire, l'entourer, lui apporter de l'attention et de la consolation autant qu'il est possible. Quant à la proposition de Nadine Morano, j'applaudis des deux mains, mais concrètement quand est-ce que le gouvernement passe à l'action et vote la loi ad hoc ?

    Quoi qu'il en soit, j'en finis avec cet appel : si vous voyez un jour un enfant seul dans une voiture, même un peu plus âgé, n'ayez aucune, je dis bien, aucune hésitation  à alerter la police. Plus généralement, quand vous voyez un jeune enfant seul, vérifiez si sa famille ne se trouve pas autour. Si ce n'est pas le cas, prévenez la police. Rien ne doit être ignoré ni épargné pour la sauvegarde de nos jeunes enfants.

  • Bayrou juge les Métropoles : small is beautiful...

    Intéressantes réflexions de Bayrou sur les métropoles prévues par le projet de loi de l'actuel gouvernement...

    L’introduction des métropoles va créer un désordre gravement dommageable à l’organisation des collectivités locales en France. Combien seront-elles, ces métropoles ? Peut-être une quinzaine, car je ne crois pas une seconde que le seuil des 450 000 habitants ne résistera. Vous êtes partis de 700 000, puis on est passé à 600 000, nous en sommes à 450 000… Expliquez-moi la différence qu’il y a entre Strasbourg et Montpellier en terme de rôle, de place ! 

    Pourquoi ne pas descendre jusqu’à Belfort, dans le du Territoire du même nom, si vous me permettez cette parenthèse souriante ? 

    Pour commencer, vous donnez aux métropoles toutes les compétences des communes qui les forment. Il n’est jusqu’aux cimetières et aux abattoirs que vous ne leur ayez confiés…Qui plus est, vous transférez aux métropoles la totalité – ce sera possible – des compétences des départements et des régions. 

    Monsieur le secrétaire d’État, nous ne sommes pas seulement des législateurs pour 2010 ; nous sommes les héritiers d’un très long temps, deux cents ans. Expliquez-moi ce qu’il restera du département de la Gironde ou du département de la Haute-Garonne lorsque vous leur aurez enlevé Bordeaux ou Toulouse ? Que reste-t-il de l’Alsace sans Strasbourg ? 

    Que restera-t-il de la réalité du département, et même de la réalité des régions, lorsque vous aurez transféré la totalité des compétences touchant à l’économie, au social, aux lycées et aux collèges, y compris en termes de communication autour de l’image de la collectivité, de la région à l’extérieur et à l’étranger ? Que restera-t-il ? 

    En vérité, c’est à la démolition du département et d’un bon nombre de régions françaises que vous êtes en train de procéder. C’est regrettable et cela va semer un grand désordre, d’autant que personne ne vous le demandait – si ce n’est les maires de grandes villes de tous bords, de droite comme de gauche, tous unis pour prendre les compétences des départements et des régions. 

    À cette exception près, bien aisée à comprendre, je suis persuadé que personne dans l’opinion publique française n’était disposé à ce que l’on aille dans ce sens. Je crois que l’on se trompe, je crois que c’est une erreur. 

    Dernière observation, qui n’a pas été faite jusqu’à présent. Vous allez vous trouver dans la situation où les métropoles ayant extrait leurs compétences des départements et des régions, ces départements et ces régions n’en seront pas moins gérés par les élus de ces métropoles… Leur poids sera déterminant. Je m’interroge sur la constitutionnalité de la situation dans laquelle des élus très nombreux pèsent un poids déterminant sur le conseil d’une assemblée sans que cette assemblée n’ait la moindre compétence réelle sur le territoire qu’ils représentent ! Il y a là quelque chose d’extrêmement curieux, et à mes yeux très déstabilisant au regard de l’idée que les citoyens devraient avoir de la simplicité et de la lisibilité de leurs collectivités locales. 

    Pour conclure, bon nombre de dispositions dans ce texte me semblent procéder d’une idéologie que je crois fausse, celle du big is beautiful. Je sais que la pensée technocratique va souvent dans ce sens : plus c’est gros, mieux c’est ; plus c’est fusionné, plus c’est rapproché, plus on donne la compétence à des fonctionnaires plutôt qu’à des élus de terrain, mieux c’est. Je crois le contraire : l’histoire de la France montre aussi que small is beautiful. Il y a dans la proximité, dans les territoires, fussent-ils exigus, dans les élus réputés petits et que je crois pour ma part tout à fait essentiels, quelque chose d’intime dans l’histoire de notre pays. On a tort de choisir l’idéologie qui consiste à constamment les effacer : c’est une partie de notre histoire que l’on effacerait.

  • Quelle grève inutile !!!

    La Toile de gauche se déchaîne, aujourd'hui : invitation générale à la grève. On y relaie les propositions délirantes du Front de Gauche, on se fait le porte-parole des Socialistes, on rappelle à Sarkozy ses engagements (sur ce point, on n'a pas tort, d'ailleurs), on évente les possibles calculs de l'actuelle majorité, on dénonce un complot capitaliste destiné à privatiser les retraites et à faire disparaître le service public, on refuse d'admettre que l'espérance de vie s'accroissant, il faudra bien trouver un remède à nos retraites agonisantes ; il n'est pas jusqu'aux écolo-démocrates de Cap21 chez lesquels on ne s'échine à voir dans l'âge de départ une vile tromperie.

    Et pourtant, quelle erreur ! Quel manque de perspicacité. D'aucuns croient voir dans le report de l'âge légal de la retraite un enjeu. Mais non voyons ; tenez, prenons mon cas. Comme beaucoup d'étudiants de ma génération qui ont suivi des formations plus ou moins longues après le bac et ont fait leur service national, j'ai commencé, en dépit de petits boulots, à travailler sur le tard, aux alentours de 26 ans. J'ai déjà calculé qu'il me faudrait cotiser au moins 42 annuités pour avoir ma pension à taux plein. Cela signifie qu'il me faut tabler travailler jusqu'à 68 ans. Alors franchement, que l'on recule l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans, je m'en tape. Peuvent être concernés ceux qui ont commencé à bosser très tôt. Ce sont souvent les ouvriers, pour lesquels justement la pénibilité du travail va être reconnue.

    Les syndicats ont tout faux. A 100%. Ce n'est pas sur l'âge de départ à la retraite qu'il faut se battre, mais sur l'aménagement des fins de carrière, et, plus généralement, dans un univers professionnel de plus en plus stressant et éprouvant, sur les conditions de travail. Je crois que c'est là l'un des principaux enjeux, et surtout l'un des seuls leviers sur lesquels une politique volontariste puisse agir. C'est bien pour cela que le MoDem en a fait l'un des huit axes de ses propositions.

    La question centrale, au fond, aujourd'hui, et la classe politique bute dessus sans parvenir à s'en dépêtrer, c'est celle de l'emploi et du travail. Théodore Zeldin déclarait dans le livre d'entretiens de Karim-Émile Bitar, Regards sur la France, que le véritable défi de la France et de nos sociétés modernes, c'était de modifier notre rapport au travail. C'est d'ailleurs l'objet de sa fondation, Oxford Muse. Sa fondation précise ainsi :

    « If people are soon likely to spend more years in retirement than at work, what will happen? Who will pay their pensions? »... eh oui...Il faut donc leur trouver des motivations pour poursuivre leur activité professionnelle. Ceci ne peut s'envisager que dans un environnement de travail adouci et apaisé.

  • L'heure du Diable...

    «Foul is fair and fair is foul ». Ainsi s'ouvre l'Acte I du Macbeth de Shakespeare. Oui, laide est la beauté et belle est la laideur. C'est sous ce signe de l'inversion des valeurs que Macbeth accomplira son destin criminel, liquidant ses amis les uns après les autres, dans les circonstances les plus horribles, pour finir victime des prophéties qui ont annoncé à l'avance sa défaite et sa mort à venir.

    Quand dans un pays on en vient à considérer comme un héros local un criminel sans foi ni loi, un trafiquant de drogue sans scrupules, c'est que la morale en est venue à sa phase terminale de déliquescence. C'est pourtant le statut dont bénéficie Christopher Coke dit "Dudus" à la Jamaïque. Je l'ai écrit, et plus précisément, c'est Denys d'Halicarnasse qui le rapporte, Romulus a inventé le clientélisme. Idée qui a fait son chemin tout au fil de l'histoire et dont l'ambiguïté originelle trouve un aboutissement exemplaire avec les pratiques de Dudus. L'argent du crime organisé trouve à Kingston un débouché en se recyclant dans l'économie locale à coups de petits jobs et d'oeuvres "philanthropiques".

    On a tort de penser que le Mal est l'exact opposé du Bien. Le Mal n'est pas l'inverse du Bien, c'en est sa perversion. Le Diable n'est pas Malin parce qu'il dit "faites le mal" mais parce que son pacte parle du bien. Sha'itan est la plus perverse des créatures qui se sont rebellées contre Yahvé parce qu'il propose un pacte à Ève et à Adam : la connaissance contre la désobéissance à Dieu.

    Là où les mouvements intégristes sont puissants, ils s'implantent parce qu'ils oeuvrent dans le social : Hezbollah, Hamas, Talibans à leurs débuts l'ont bien compris, d'où leur popularité dans de larges fractions des populations au sein desquelles ils évoluent.

    Nos sociétés ne sont pas à l'abri de ces déviances : à preuve le culte que nous vouons aux pires ordures de l'histoire. Aujourd'hui on célèbre Mesrine comme un héros. Dès le début du XXième siècle, par esprit de rébellion, on réhabilitait des tyrans aussi sanguinaires et sadiques que Caligula ou Néron. Il n'est pas jusqu'à l'histoire de France par laquelle nous célébrons les tyrans égocentriques et imbus d'eux-mêmes que furent un Napoléon ou un Louis XIV.

    Je ne donne pas un siècle avant que surgissent les premières oeuvres officielles faisant d'Adolf Hitler un contre-héros transgressif.

    Les trois sorcières qui mèneront Macbeth à sa perte l'ont bien compris : en réalité, ce n'est pas une inversion des valeurs qu'elles proposent, mais leur stricte équivalence. Et la stricte équivalence du Bien et du Mal, c'est l'heure à laquelle on ne peut plus les distinguer. C'est en mêlant ainsi le Mal de Bien que Satan parvient à se cacher des mortels qu'il trompe. La perversion ne réside pas dans l'inversion mais bien dans le mélange. C'est bien ainsi que le chef du gang des "douches" (appelés ainsi pour leur habitude d'arroser de balles leurs victimes...) parvient à passer pour un Robin des Bois moderne.

    Le malheur, c'est que l'inverse du Mal n'est pas plus le Bien que l'inverse du Bien n'est le Mal. Comme l'observe Marie Simon de l'Express, extrader Christopher Coke vers les USA n'est nullement l'assurance d'une vie meilleure pour la partie de la ville où il règne. Bien au contraire.

    In fine, partout où le Mal semble à l'oeuvre, on ne peut procéder par sa suppression. C'est impérativement à un échange qu'il faut songer ; pour l'avoir ignoré, les armées des démocraties ont échoué presque partout où elles ont cherché à mener une guerre contre un ennemi brutal, sanguinaire et sans scrupules, comme en Afghanistan.

    In fine, si les termes de l'échange, c'est à dire du changement, n'ont pas été pensés au préalable, toute lutte contre le Mal est vouée à l'échec, c'est à dire à revenir à son point de départ : le Mal.

  • Non, y'en avait pas qu'un de fou...

    Tiens, le blogueur Gularu (souvent cité en commentaires chez Nicolas) a découvert l'existence de Céline, l'une des pires voix antisémites de l'histoire de la littérature française. Céline appartient typiquement à cette catégorie d'individus qui se sont d'abord réclamés des valeurs de la gauche révolutionnaire avant de basculer complètement de l'autre côté de la balance. Basculer ? J'ai toujours pensé (à raison) que le prétendu anti-sionisme dont se parait une large part de l'extrême-gauche lui permettait de cracher sur les juifs qu'elle abhorre sans avoir à répondre de son antisémitisme devant l'opinion. A cet égard, je ne saurais trop recommander le reportage dont fait État Rubin sur son blog. Nuit de Cristal dans l'Allemagne nazie de 1938 ? Non, pas du tout : Vénézuela, ère Chavez, 2 mai 2010. Ça fait tout drôle, non ?

    Je ne puis que renvoyer aux citations du blogue de Didier Goux sur le juif imaginaire pour bien comprendre l'évolution de l'antisémitisme : il n'est plus possible de se déclarer ouvertement antisémite, de nos jours, après les crimes atroces commis par les nazis pendant la seconde guerre mondiale. Alors, à défaut, on glapit le plus fort possible sa haine du sionisme et d'Israël, qui servent alors d'exutoires...

    Comme le dit Vincent Bénard, d'Objectif Liberté, les politiciens français qui portent aux nues Chavez devraient y réfléchir à deux fois...

  • Obésité, splendeur et misère des chasseurs...

    Il ne se passe pas une semaine sans que soit évoquée l'obésité, l'un des maux les plus prégnants de nos sociétés occidentales développées et repues. En effet, l'obésité est l'un des principaux points noirs de santé publique non seulement en Amérique, mais désormais en France. Tout récemment, c'est à une jeune femme que l'on refuse la possibilité de la maternité, en raison de son poids. L'Europe en a fait l'une de ses préoccupations au point d'organiser demain la première journée européenne de l'obésité.

    Pauvres chasseurs ! On a émis l'hypothèse, mais cela semble se vérifier, que l'un des facteurs principaux de l'obésité, c'est d'abord une prédisposition génétique. L'humanité pendant des années n'a pas mangé à sa faim. Face aux disettes, aux temps incertains, le corps s'est adapté. Ainsi, les chasseurs des temps préhistoriques stockaient dans leur corps les graisses nécessaires à leur survie par temps maigre. Il y a donc eu une sélection, et, les obèses d'aujourd'hui ont les gènes de ces chasseurs d'autrefois. Ils sont les descendants des "survivors", en somme. Tous nos mannequins et autres canons de beauté n'auraient pas fait un pli aux temps préhistoriques. Je leur donne une semaine de survie, et encore, je suis optimiste.

    C'est étonnant finalement : en évoquant l'obésité, nous parlons aujourd'hui d'une maladie. Voire même d'une pandémie, alors qu'il ne s'agit pas d'un syndrome infectieux. Est-ce les corps  ou nos sociétés modernes qui sont malades ? Voilà la question qu'il conviendrait de poser.

    Quelle perversion que ces sociétés qui font des fils et filles des plus forts, des plus assurés de survivre, leurs premières victimes désignées : hyper-tension, diabète gras, maladies cardio-vasculaires sont les dangers les plus inquiétants qui guettent ces enfants des chasseurs d'antan, là où, par le passé, c'eût été le tigre à dents de sabre, l'hiver rigoureux qu'il eût fallu craindre.

    Des études à la con tentent de lier taille du cerveau et obésité, désormais, et l'AFP s'en fait bêtement le relais. Les gros seraient plus cons, c'est çà l'idée ? Tiens, j'ai eu connaissance d'une étude qui prétendait tout le contraire des femmes développées, observant qu'elles étaient plus intelligentes. Il faut dire que le titre de l'AFP est d'une ambigüité crasse : L'obésité est liée à un moindre volume du cerveau, relève une étude.

    Or, en lisant l'article, je comprends plutôt que l'accroissement de la masse corporelle aurait un impact sur le cerveau en favorisant la démence. Ce n'est pas la première fois que je lis ce genre de choses : en 2008, on disait que c'était l'alcool qui réduisait le cerveau.

    Tenez, au XIXème siècle, on pensait même que la taille du cerveau des femmes était inférieure à celle du cerveau des hommes. Devinez ce qu'on en déduisait...Sauf qu'in fine, il n'y a pas de rapports entre l'intelligence et la taille du cerveau chez l'espèce humaine.

    Non, tout cela est juste révélateur de nos propres représentations et le considération dans laquelle nos sociétés tiennent les individus obèses, ou simplement enveloppés...