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Société - Page 56

  • Hommage à toi, Aurélie !

    A l'heure où d'autres choisissent de soutenir des individus qui appellent à la haine de la police, j'ai voulu, pour ma part, rendre hommage à Aurélie, jeune maman d'un bébé de 14 mois, décédée dans l'exercice de sa mission. Aurélie était une jeune policière plein de vie et de courage. Elle est tombée sous les balles de délinquants pour lesquels la vie n'a aucune valeur. Moi, je suis qu'un simple militant politique (MoDem), pas une personnalité, et donc, finalement, guère autre chose qu'un inconnu ordinaire parmi tant d'autres inconnus ordinaires, mais je voulais tout de même, en dépit de insignifiance de ma parole, apporter ma toute petite pierre au souvenir de cette jeune femme merveilleuse.

    Il est désormais un devoir moral  pour la France de tout faire pour aider à élever le bébé d'Aurélie. Si je peux contribuer à quelque chose, y compris financièrement, je le ferai très volontiers, si des amis et collègues d'Aurélie veulent bien se manifester sur ce blogue, en commentaires ou par courriel (l'adresse figure à gauche).

    Repose en paix, Aurélie. Je, nous, pensons à toi.

  • Et Romulus inventa le clientélisme...

    Le croirez-vous ? D'après Denys d'Halicarnasse, ce serait Romulus en personne, le fondateur historique de la cité de Rome, qui aurait institutionnalisé le clientélisme politique.

    Pour les patrons et les clients il était impie et illégal de s'accuser dans les procès ou de témoigner ou de donner leurs voix les uns contre les autres ou de se ranger au nombre des ennemis de l’autre; et celui qui était convaincu d’avoir accompli une de ces choses était coupable du trahison en vertu de la loi sanctionnée par Romulus, et pouvait légalement être mis à la mort par n'importe quel homme qui le souhaitait en tant que victime consacrée à Jupiter des régions infernales.

    Et c'était un grand titre de gloire pour les hommes de familles illustres d’avoir le plus de clients possible et de conserver non seulement la succession des patronages héréditaires mais aussi par leur propre mérite d’en acquérir d'autres. Et c’était incroyable de voir l’émulation entre patrons et clients, car des deux côtés on essayait de ne pas être surpassé en bontépar l'autre, les clients estimant qu'ils devraient fournir tous les services possible à leurs patrons et les patrons souhaitant de leur côté de n’occasionner aucun ennui à leurs clients et n'acceptant aucun cadeau d'argent.

    En dehors de Denys d'Halicarnasse, je ne connais pas beaucoup d'historiens ou écrivains qui ont théorisé ce fléau avec autant d'allant et de bonne humeur. Soyons justes : à l'époque (8ème siècle avant Jésus-Christ) cela représente un certain progrès puisque cela garantit des avantages réciproques entre patrons et clients.

    Dans nos sociétés modernes, c'est un authentique facteur de blocage, d'autant qu'il ne se limite pas à la sphère politique. Philippe Sanmarco, sorte d'électron libre de la gauche marseillaise (à vrai dire, je ne sais plus trop où il en est puisqu'il me semblait qu'il avait adhéré à Gauche Moderne) proposait une réflexion atypique et intéressante sur le sujet, en 2003, lors d'un séminaire organisé par l'Université d'Aix-Marseille.

    Tout d'abord, le clientélisme n'est pas exclusivement politique :

    Car les phénomènes de clientélisme ne sont pas tous liés à la politique. Il y a d‘autres secteurs d‘activités qui connaissent des processus du même type. Je veux parler des grands secteurs d‘activités économiques et sociaux où il y a des processus non transparents, où il y a des processus de réseaux, d‘allégeance. Essayez d‘avoir une carte de docker sur le port de Marseille, essayez de passer un concours à la sécurité sociale ou d‘être embauché aux Assedic si vos parents n‘y sont pas déjà salariés, essayez de rentrer comme brancardier à l‘Assistance Publique de Marseille. Comment rentre-t-on dans les grandes entreprises autour de l‘étang de Berre ? Essayez simplement d‘avoir un emploi pour l‘été à la Poste ou à France Télécom… Il y aurait de belles études à faire dans ces domaines.

    Fondamentalement, ce qui distingue le clientélisme politique, comme l'a bien senti Philippe Sanmarco, c'est la notion d'allégeance : allégeance non à des idées, mais à un homme. Denys d'Halicarnasse ne définit pas autrement ce clientélisme-là, l'étendant même à une famille, puisqu'il évoque une transmission de témoins de génération en génération.

    Il ne faudrait pas, néanmoins, se tromper de combat : le clientélisme a une signification, au sens où les liens qu'un élu tisse avec ses administrés mettent aussi en évidence un besoin, une demande. Or, le contact avec le peuple, c'est la base même de la démocratie. Le Parlement européen qui est certainement l'une des institutions les plus "propres" au monde, en dépit de la transparence de ces processus offre une image si lisse, si dénuée d'aspérités et de rugosités, si éloignée, que les peuples peinent à s'y attacher.

    Le clientélisme s'observe à tous les étages de la société politique, mais il s'exerce de manière invisible, souvent faiblement médiatisée, particulièrement à l'échelon local. Paradoxalement, la décentralisation qui offre aux collectivités locales des pouvoirs toujours plus importants s'avère un véritable appel d'air pour cette pratique politique. L'offre d'échange d'intérêts s'est donc trouvée démultipliée. Quand Rome a grossi, que ses institutions ont crû en quantité, ce phénomène s'est aussi amplifiée, avec in fine, l'émergence d'ambitieux dont la soif de gloire et de pouvoir n'a plus connu de limites.

    La fragilisation des populations, l'omni-présence de la sphère publique dans l'économie locale, le mode de scrutin, entre autres favorisent les dérives de toute sorte. Comme l'observe Philippe Sanmarco, les élections cantonales, souvent découplées des grands enjeux politiques nationaux, avec un renouvellement par moitié, dont le territoire électoral a une dimension humaine, sont donc propices à la relation clientéliste.

    Le fonctionnement du parti politique est au coeur de ce système : les collectivités locales embauchent massivement les cadres du parti (pas besoin d'aller très loin pour vérifier la véracité de ces assertions) et on constate des collusions d'intérêt parfois inadmissibles, quand l'adhésion au parti se triple d'une fonction dans les instances locales et d'une fonction dans une entreprise privée touchée directement par les décisions des instances locales concernées.

    On a beaucoup glosé, çà et là, dans la presse ou ailleurs sur les démissions de cadres au MoDem ; mais la réalité est souvent crue et sans fard. Le MoDem n'avait rien à offrir dans les collectivités locales : pas de missions, pas de commissions qui occupassent les troupes. Un certain nombre de départ peut aussi se comprendre à cette aune : le MoDem n'avait pas les moyens, et sans doute pas la volonté, de jouer le jeu du clientélisme.

    Au final, il ne me paraît pas pour autant aisé de faire le procès du clientélisme : qu'est-ce qui sépare une décision clientéliste d'une décision politique ? La frontière est très facilement ténue. Il me semble que c'est surtout l'ignorance des processus, l'absence de transparence, l'éloignement des centres de décision et l'empilement des structures qui favorisent l'opacité nécessaire à l'émergence d'un clientélisme des plus néfastes.

    On se heurte toutefois à plusieurs obstacles frontaux en voulant lutter contre le clientélisme : rien n'indique que sa disparition assurera un mieux-vivre aux citoyens, et ces derniers n'y portent qu'un intérêt très limité, tant cette question semble toucher assez peu leur quotidien, au moins à leurs yeux. On est assez loin du clientélisme de Romulus qui voulait mesurer à la somme de vertu et non de fortune la bonne santé de son réseau, car, là encore, qu'est-ce qui distingue le clientélisme d'un réseau ? un réseau d'intérêts réciproques, finalement. Le clientélisme se distingue peut-être en ce qu'il lèse d'autres intérêts, mais cela demeure à étudier.

  • Espérance de vie : la boîte de Pandore...

    La pénibilité du travail fait l'objet d'une passe d'armes à fleurets mouchetés entre PMA et A perdre la raison. Le premier ne voit pas pourquoi le travail d'une standardiste serait moins pénible que celui d'un ouvrier de chantier, le second relève que non seulement l'espérance de vie des ouvriers est moindre mais que de surcroît, une part plus importante de leur existence professionnelle se déroule avec une incapacité physique ou psychique. Je vais les mettre tous les deux d'accord, puisque je ne suis d'accord ni avec l'un, ni avec l'autre. Il y a dans les statistiques publiées par Melclalex (A perdre la raison) un élément manquant à mes yeux : j'aimerais connaître l'espérance de vie non selon la catégorie socio-professionnelle, mais selon le niveau d'éducation (en termes scolaires, pour être précis). Notamment, l'espérance de vie dépend d'autres facteurs que la catégorie socio-professionnelle : hygiène de vie, génétique, sédentarité, et cetera...Faudra-t-il pondérer le calcul des retraites selon ces critères ? Si l'on évoque l'équité, est-il équitable de pénaliser selon la génétique, un critère que l'on en choisit vraiment pas, pour le compte, ceux qui naissent avec une constitution plus fragile ? Car voilà où nous en arriverions si nous ne tenions pas compte de ce critère. A l'inverse, est-il juste de faire peser sur toute une génération le choix de consommer alcool et tabac qui obèrent lourdement l'espérance de vie indépendamment de toute considération socio-professionnelle ?

    On le voit, avec la pénibilité, on va ouvrir la boîte de Pandore. On pourrait gloser aussi sur les chiffres donnés pour les inactifs, dans le tableau de Melclalex, qui en font les individus les plus exposés à la maladie et à la mort précoce.

    Au fait, dans la mythologie grecque, Pandore, l'épouse d'Épiméthée (le frère de Prométhée), ouvre le cadeau empoisonné que les dieux ont préparé pour les hommes. On y trouve tous les maux, et je crois bien qu'un certain d'entre eux nous affectent sur nos vieux jours. Il ne reste plus qu'une petite créature ailée quand Pandore s'avise de son erreur : l'espérance...

    Sur le fond, je suis plus proche de l'interrogation de PMA que des conclusions Melclalex, mais, pas de ses conclusions : la pénibilité est un critère, dès lors qu'on admet qu'il faille le prendre en compte, il ne devra pas être le seul, au risque, dans le cas contraire, de dénaturer le désir originel de justice qui y prélude. Tiens, Nicolas va peut-être devoir attendre avant d'ouvrir sa prochaine canette ; s'il a écrit sa précédente note sur le sujet d'un trait, il a du avoir très soif après. Sa note péchait à mon avis par un travers : c'est de l'agrément ou non d'une tache que Nicolas traitait alors, et non de la pénibilité au sens de ses implications sur la vie physiologique d'un individu, ce qui n'empêchait pas un certain nombre de réflexions de bon sens de sa part sur le sujet.

    Pour conclure et sur ce point, bien que l'entreprise soit risquée, tant les critères seront difficiles à établir, cela me semblait fort sage, dans un premier temps, dans la 9ème proposition du gouvernement, de ne tenir compte de la pénibilité du travail selon un «suivi personnalisé de la carrière des travailleurs et non sur la définition a priori de catégories professionnelles.»

  • Moi j'aime bien Gloria Allred

    J'ai lu quelques articles de presse sur la nouvelle affaire  Polanski. Je suis frappé de la manière dont l'avocate de Charlotte Lewis, Gloria Allred, est présentée. On la représente en spécialiste de l'action judiciaire et de la procédure, experte en dommages et intérêts contre les célébrités. En réalité, Gloria Allred est une spécialiste du droit de la famille et des femmes. Partout où elle intervient, c'est là où des femmes qui semblent victimes, et elle ne défend pas que des people ou des victimes de people. Quand j'entends les Kouchner et Lang exprimer leur peine devant les "souffrances" de Polanski, les BHL traiter d'emblée Charlotte Lewis de menteuse, ou de simples commentateurs sur la Toile y voir une opportuniste vénale, j'ai juste envie de gerber.

    Est-ce qu'ils savent, tous ces bien-pensants, ce que c'est que la souffrance d'une femme rongée par la culpabilité après avoir subi un viol. Tiens, cela me rappelle un témoignage d'une amie beaucoup plus jeune que moi : elle m'a rapporté qu'à 15 ans, elle avait été agressée par le garçon avec lequel elle sortait. Pendant des années, elle s'était interrogée en s'imaginant que c'était sa faute si elle avait été agressée. J'invite à la lecture de l'excellent billet de Sandrine sur le blog A dire d'elles , tant elle me semble avoir fait de très pertinentes réflexions sur cette affaire.

    Non, ils sont bien plus soucieux des psychothérapies pour people, nos artistes et politiques engagés, ou encore des vices de procédure qui permettraient d'échapper à un juste châtiment.

    Je suis d'accord pour estimer que Polanski est un grand artiste. Et alors ? Céline écrivait très bien, il n'en aurait pas moins mérité la corde, à mes yeux. Brasillach était un helléniste et traducteur hors pair, riche écho de la poétesse Sapphô, mais c'est à bon droit qu'il a été fusillé à l'issue de la Seconde Guerre Mondiale. L'art ne doit pas constituer un échappatoire à la responsabilité pénale.

    L'impression ignoble que donne tout ce beau monde grouillant, c'est celle d'uns société fermée sur elle-même de gens qui se connaissent, se couvrent et se protègent.

    Ce que fait quelqu'un comme Gloria Allred, aux USA, c'est de taper un grand coup dans la fourmilière, notamment contre tous ces hommes du show-bizz et du sport, qui se croient autorisés à humilier et traiter mal les femmes qu'ils croisent. C'est d'une mahonnêteté insigne de la présenter comme la candidate des scandales.

  • Vont-ils continuer à soutenir Polanski ?

    Polanski, bientôt, ça va être comme la pédophilie dans l'église catholique : le couvercle va se soulever, la chape de plomb descellée et les placards ouverts, on va compter les cadavres. Voilà qu'une actrice britannique accuse le cinéaste de l'avoir abusée sexuellement à 16 ans. J'attends avec impatience les réactions du show-bizz et du star-system, toujours pressé d'excuser tous les forfaits des siens.

    Est-ce que Sarkozy va porter en personne une lettre à Obama, désormais, pour plaider le cas Polanski ?

    J'ai vu le Macbeth de Polanski il y a plus de 15 ans, et la réalisation de ce film m'avait laissé un goût plus que déplaisant. Devenu roi, Macbeth, dans la pièce de Shakespeare, est soupçonné tour à tour par ses principaux amis. Il réussit à avoir Banquo, mais rate Macduff ; il envoie en fait des assassins au château de ce dernier. Faute de trouver Macduff en fuite, ils liquident le fils, encore bien petit, et l'épouse de ce dernier. Dans la pièce de Shakespeare, la mort de Lady Macduff et de son enfant est très rapide. Un assassin entre, il appelle traître le père de l'enfant, celui-ci réplique, et, en contre-partie, se prend un coup de poignard. Lady Macduff, probablement, dans la scène qui précède, ment à son fils en lui faisant croire que son père est mort et est un traître, mais l'enfant n'est pas dupe, et à l'expression du visage de sa mère, voit bien qu'il n'en est rien.

    L'assassin n'est pas davantage dupe : il demande d'emblée à Lady Macduff où se trouve son époux, et devant sa réponse hardie, comprenant qu'elle ne lâchera aucune information, décide de la tuer.

    De des assassins, Polanski a décidé, dans son film, interdit au moins de 15 ans en Angleterre, d'en faire des soudards violeurs. Outre qu'on entend les gémissements des servantes violées, on voit bien que l'un des assassins escompte bien abuser l'épouse de Macduff avant de la tuer. Cela m'avait mis mal à l'aise, à l'époque, et je m'étais demandé pourquoi Polanski avait tenu à ajouter des détails sordides qui ne figuraient en aucun cas dans la pièce.

    J'avais trouvé qu'il y avait chez lui un goût douteux pour la violence, et en la circonstance, la violence sexuelle. Film sorti en 1971 et...produit par les capitaux de Playboy (le magazine) au fait...

    Ah, il faut les entendre, les intellectuels, les artistes, les réalisateurs, de tout poil et de tout bord, dans cet univers corrompu jusqu'à la moëlle par la drogue, le sexe et l'argent facile, plaider pour ce "grand" cinéaste qu'ils jugent à mauvais droit incarcéré.

    Oh, Charlotte Lewis n'a pas utilisé le mot "viol" pour qualifier les faits. Mais quand on connaît les moeurs du show-business, on ne s'étonne plus de rien. L'alcool, les pressions, le chantage à la gloire, les égos sont des moteurs puissants qui n'ont pas besoin de beaucoup de carburant pour perdre ceux et celles qui ne savent pas s'en garder. Si Charlotte Lewis dit vrai, j'imagine qu'à 15-16 ans, on ne peut rien refuser au réalisateur qui vient de vous faire connaître et fait de vous une idole.

    Il paraît que Frédéric Mitterrand est inquiet pour l'état de santé de Polanski. Et la pétition de Bernard Henri-Levy, elle en est où, au fait ? Qu'est-ce que je peux détester toute cette peopolitude dégénérée et prompte à dégainer la pétition,  qui méprise royalement le citoyen ordinaire et se croit autorisée à passer par-dessus les lois !

    J'ai eu connaissance d'autres faits de ce type à propos de certains people, y compris parmi les plus célèbres. Malheureusement, faute d'éléments en dur tangibles, je suis obligé de fermer ma g.... Mais il faut bien comprendre que dans ce monde-là qui brasse le fric, l'image et les égos, Polanski n'est pas le seul de ce bois-là...

  • Retraites et comptes notionnels, le Nouveau Centre très proche du MoDem

    Je viens de faire un petit tour sur le site du Nouveau Centre : si la réflexion sur les régimes de retraites y est nettement moins avancée qu'au MoDem, les prémisses en sont quasiment les mêmes. C'est bien ce qu'il me semblait. Les néocentristes demeurent fondamentalement attachés à la répartition, suggèrent la mise en place d'un compte notionnel comme en Suède, et réclament la même transparence que le MoDem sur la situation de chaque cotisant.

    Je suis pafois surpris qu'un parti disposant d'autant d'élus et de groupes dans plusieurs assemblées ait si peu développé sa production théorique et programmatique. Néanmoins, le fait est que sur les retraites, les centristes des deux bords pourraient oublier un peu leurs différends et faire cause commune, comme j'y invitais dans mon précédent billet.

    Il faudra, tant côté Nouveau Centre que MoDem, être très clairs sur ce que sont les comptes notionnels. Attention ! Pour le MoDem, cela représente une évolution significative par rapport à son programme et aux propositions de Bayrou pendant les élections présidentielles ! En effet, la retraite par points, proposée jusqu'ici, faisait du nombre de points le seul critère de la pension finalement accordée à la retraite.

    Le compte notionnel ne fonctionne pas de la même manière : il existe bien un système de points, mais il est individualisé ! Deux individus avec le même nombre de points n'obtiendront pas la même retraite s'ils ne sont pas nés à la même date ! En effet, le compte notionnel calcule la pension sur la base de l'espérance de vie pour chaque génération. C'est donc par rapport à sa propre espérance de vie qu'il faut établir son calcul.

    Pour être lapidaire, dans un tel système, on continuera de pouvoir partir à la retraite à partir d'un certain âge, mais, plus on retardera son départ à la retraite, plus forte sera la retraite que l'on touchera, puisque la valeur de la pension sera répartie sur la différence entre l'âge de départ à la retraite et l'espérance de vie théorique.

    Je vois assez facilement la transition se faire avec les retraites du privé, mais beaucoup plus difficilement avec celles du public, pour lequel, à l'heure actuelle, ce sont les six derniers mois qui servent de référence pour la pension.

    A mon avis, la seule manière d'aligner les comptes notionnels publics sur les comptes notionnels privés à terme, c'est de répartir la valeur des actuelles retraites du public sur la valeur des points notionnels, quitte à ce qu'ils soient pour l'instant supérieurs à ceux du privé, puis, ne plus les revaloriser le temps qu'il faudra pour que les valeurs des deux régimes s'alignent l'une sur l'autre.

    Je pense que les commissions et les élus du MoDem, à commencer par Bayrou, ont anticipé les problèmes de cette sorte, puisqu'ils prévoient une longue période de transition et d'adaptation pour qu'une réforme soit opérationnelle et passe dans l'opinion.

    La question finale, au total, et que tout le monde se pose, c'est la suivante : est-ce que j'y perdrai à temps de travail égal. En l'état actuel de notre démographie et de notre croissance économique, la réponse est oui, sauf à ce que ma catégorie professionnelle me destine à une faible espérance de vie après la retraite. Il faut avoir le courage de le dire. Mais les choses peuvent aussi changer dans l'avenir : qui peut prévoit ce qu'il peut se produire à trente ans ?

  • Retraites, le MoDem prend position.

    Je ne puis que saluer la responsabilité avec laquelle le MoDem a abordé la question des retraites dans un environnement difficile (finances publiques dégradées, opinion publique hostile à toute forme d'allongement de la durée de travail). Pour les militants qui suivent les travaux du MoDem sur la question, la position actuelle n'est pas surprenante et est l'aboutissement logique des consultations que le MoDem a tenues avec les partenaires sociaux.

    Trois points ont retenu mon attention dans les propositions du MoDem :

    - la volonté d'élargir les assiettes de cotisation, tout en, étant conscient que cela ne suffira pas. Le MoDem a parlé des revenus financiers : il devrait maintenant affiner son propos en désignant précisément à quels revenus financiers il pense et à quel taux il veut les imposer.

    - la préoccupation de conserver à tout prix un ratio actifs/non-actifs acceptable afin d'éviter une guerre générationnelle. En soi, le MoDem n'est pas spécifiquement favorable à l'allongement de la durée du temps de travail,  mais il est prêt à l'admettre pour qu'un ratio convenable soit préservé.

    - la mise en avant d'un système par points, et très précisément, des fameux comptes notionnels, qui sont en vigueur en Suède. C'est un système encore plus flexible que la retraite par points, qu'avait jusque là évoqué François Bayrou, puisque la pension finale est calculée en fonction de l'âge et de l'espérance de vie, selon un coefficient de conversion. Ceci signifie que l'on envisage frontalement le temps restant à vivre à partir de la retraite...

    Le MoDem, sur le fond, juge que l'on ne peut éviter de faire travailler tout le monde plus longtemps. Mais le travail est devenu aujourd'hui si usant qu'il est très difficile voire impossible de l'envisager sérieusement sans concevoir une toute autre organisation du travail. L'emploi demeure donc la pierre angulaire de toute action économique sur les retraites avec au moins deux axes principaux :

    - réindustrialiser la France, sauvegarder les populations des campagnes, avec comme optique, cette fois, le développement durable.

    - assurer une fin de parcours professionnel adoucie avec beaucoup de flexibilité pour les Seniors.

    Dans tous les cas de figure, le MoDem exige la plus grande transparence, c'est à dire une information réactualisée régulièrement pour les cotisants sur le montant de leurs cotisations et le nombre de points dont ils disposeront. Il ne s'agit surtout pas que les salariés fassent des découvertes ubuesques à un an de la retraite (trimestres finalement non comptés) ou peinent à faire finalement valoir leurs droits sur certaines périodes (service national civil, bénévolat associatif).

    Les positions du MoDem ne sont toutefois pas figées, et le parti a engagé une consultation de ses propres adhérents.

    La position du MoDem a le mérite d'être pertinente, cohérente et courageuse (on est loin de la démagogie de certains leaders de gauche !). J'aurais pour ma part grande satisfaction à voir ces observations devenir une proposition de loi. Malheureusement, faute de groupe, il n'est pas dans le pouvoir du MoDem d'y aboutir. Sur un sujet aussi grave, les centristes pourraient oublier leurs divisions et faire cause commune, puisque le Nouveau Centre dispose lui, d'un groupe parlementaire, et doit probablement avoir des positions très proches de celle du MoDem sur ce sujet.

    Le gouvernement dévoilera lundi 17 mai, un document de travail qui liste les propositions des partis, syndicats et organisations consultés.

    Je signale enfin deux dossiers synthétiques et très clairs sur le sujet du magazine Notre temps :

    - des revenus supplémentaires pour financer les retraites ?

    - travailler plus longtemps, cette solution va-t-elle suffire ?

  • Marianne2 a fait un gros Bobo à Roger-Petit

    J'ai ricané en lisant l'éditorial (en Une du Post) de Roger-Petit hier. Roger-Petit n'arrive pas à se départir d'une bien-pensance dégoûlinante dans une certaine gauche (heureusement il demeure une gauche censée et républicaine) qui consiste à comparer toute arrestation d'étrangers en France à la période de Vichy. Soyons honnêtes : si l'on considère la bureaucratie administrative réagissant à la demande de résultats exigée par Sarkozy, elle ne fonctionne pas fondamentalement différemment de l'administration vichyste. Même indifférence pour les situations individuelles et le devenir des êtres humains. Mais la comparaison s'arrête là. On ne déporte pas des individus, on ne les torture pas, et certainement pas en vertu de critères religieux ou ethniques.

    Alors Roger-Petit a mal à sa boboïtude parce que Régis Soubrouillard de Marianne2 s'est indigné (à juste titre) de ce que la journaliste Colombe Schneck place sur le même plan les "tracasseries" faites à son grand-père roumain juif par Vichy et les réactions d'indignation qui visent le polygame de Nantes. Tu m'étonnes qu'il a fait un bond, le journaliste de Marianne : quel mépris incroyable pour tous ces gens qui ont vécu de vraies souffrances, eux. Quelle instrumentalisation sans le moindre scrupules ! Et Roger-Petit de dégoûliner en choeur, tout en mettant en cause l'un de mes derniers billets parus sur Marianne2. La proposition de nationalité à points, qu'étudiaient les Anglais, Travaillistes en avant, au mois d'août 2009. Tout en allusion, Roger-Petit est incapable de préciser ce qu'il reproche à un tel système, évidemment.

    L'idée n'est aucunement d'inspiration gouvernementale, Roger-Petit raconte donc n'importe quoi. En fait, les Britanniques en avaient évoqué l'idée dès juin 2007. Roger-Petit s'essaie au terrorisme intellectuel avec un argument massue : c'est vichyste.

    L'argumentation minable de Roger-Petit est la suivante :

    «il est impensable de ne pas associer ce genre de propositions à ce que le gouvernement de Vichy avait décrété pour les Juifs, lorsqu'il s'agissait de déterminer les proportions de judéité et de francité de chaque citoyen en fonction de leur arbre généalogique afin de savoir s'ils étaient citoyens français ou pas».

    Il n'y a que l'esprit tordu de Roger-Petit pour imaginer un système aussi délirant. En la circonstance, je parlais, pour ma part, d'un système de points durant une période de rogation avec acquisition définitive de la nationalité à l'issue de la dite période. Ai-je parlé d'ancêtres ? Non. De religion ? Non. De francéité ? Non. De généalogie ? Non plus.

    J'ai simplement évoqué le comportement et l'insertion en société. On ne demande pas au nouvellement naturalisé de faire des démonstrations de gallicité, mais simplement de vivre normalement. Pour perdre des points, dans mon idée, il faut adopter un mode de vie en contradiction avec nos valeurs (et au premier rang, j'y place la liberté de la femme et son égalité avec les hommes dont Roger-Petit se contrefout manifestement totalement) et un comportement éventuellement socialement nuisible (là, je pense à la délinquance). Que des choses qui me semblent très raisonnables.

    Roger-Petit devrait se documenter sur Vichy, cela lui éviterait d'écrire un certain nombre de conneries.

    Autre argument de Roger-Petit :

    Nier et dénier à l'étranger au nom d'un prétendue culture ou identité nationale les droits dévolus à tous les citoyens tout en chargeant de tous les vices.

    Le Monsieur, il te parle pas de culture, Roger-Petit. Même pas d'identité nationale ! Jamais , d'ailleurs, Marianne n'a abordé cette affaire sous l'angle de l'identité. Non, le Monsieur, il te parle des femmes et de leur vie. Mais Roger-Petit préfère faire son bobo, ne pas voir, et expliquer, pour le compte, que c'est une question de culture, c'est ce qu'il sous-entend.

    Eh non, monsieur Roger-Petit : le sort fait aux femmes n'est pas une question de culture. On touche là à quelque chose d'universel, et c'est ça ce qui choque. La culture du monde arabe, puisque vous y pensez très fort sans oser la nommer, c'est Averroès le philosophe, d'Avicenne le médecin, Ibn Arabi le poète, le délicieux couscous, le raffraîchissant thé à la menthe, une certaine douceur de vivre, pas la femme sous la burqa et la polygamie. D'ailleurs, Monsieur Roger-Pëtit, dans les pays arabes, la polygamie est en réalité un phénomène extrêmement minoritaire (renseignez-vous !). Bref, on ne touche pas au culturel mais à l'universel. C'est bien cela qui choque, dans cette histoire, parce qu'au moins depuis la Révolution, toute l'aspiration politique et culturelle de la France, c'est justement de toucher à l'universel. Droits de l'homme et de la femme en avant.

    Mais on comprend mieux le raisonnement de Roger-Petit avec ses majuscules :

    Parce qu'en DROIT, en droit REPUBLICAIN, du point de vue des DROITS DE L'HOMME ET DU CITOYEN, du point de vue de notre CONSTITUTION, oui, Lies Hebbadj vit comme Zola, Mitterrand ou Bocuse. Il n'y aucune différence dans la situation juridique de ces quatre personnages.

    Mais il est borné ou quoi ? Le Monsieur (Soubrouillard) il t'a dit :

    on confond polygamie et adultère ; choix de vie et fraude aux services sociaux ; vie privée et respect des valeurs de la république.
    On imagine mal Tonton frauder en douce les allocs pour pouvoir payer la cantine de Mazarine
    .

    C'est aussi l'argument que l'on m'a même resservi sur mon blogue : la polygamie c'est comme l'adultère. Roger-Petit n'a pas du l'inventer, il a du le copier quelque part. Les bras m'en tombent... C'est révélateur du niveau de confusion des valeurs dans laquelle baigne une certaine gauche. Que voulez-vous que je dise à un homme qui ne fait pas de distinction entre polygamie et adultère...Tenez, le Conseil des Français du Culte Musulman a quand même contesté que l'Islam tolérait l'adultère, puisque c'était l'argument avancé par Liès Hebbadj...Euh, ils font la différence, apparemment.

    Et il se permet ensuite de qualifier les journalistes de Marianne2 de petits Brasillach du net, le Roger-Petit...

  • La délinquance nous coûte 115 milliards d'euros !

    Cent quinze milliards d'euros ! 115 000 000 000 ! Oui, vous avez bien lu. Voilà la coût des délinquants. Oh, je vois venir les sociologues de salon venir m'expliquer que c'est le fait de la délinquance financière. FAUX : sur ce total, 25 milliards seulement est le fait de la fraude fiscale. Tout le reste, ce sont les vols, les crimes, les viols (on finit par s'apercevoir qu'ils ont aussi un coût !!!) les caillassages, l'économie souterraine, et cetera. Quand la racaille caillasse trois bus en moins d'un mois, combien pensez-vous que cela coûte ? Un bus, cela vaut environ 230 000 euros ! eh oui...de quoi acheter deux à trois Porsche et bien plus de BMW encore, la voiture préférée des trafiquants de banlieue. Et un gymnase incendié, ça coûte combien ? Ben tiens, une fortune, mon gars. Tenez, je parie que les 115 milliards ne prennent même pas en compte les dégradations ordinaires, à commencer par celles des établissements scolaires, parce que là, je sens que le chiffre bondirait. A France Info, on relevait que 115 milliards, c'est autant que les budgets  de l'éducation nationale ou de tout le système hospitalier !

    Vite, les goulags ! le bagne de Cayenne, et on les transporte dans une galère en les faisant ramer. Ils nous pourrissent l'existence, nous menacent et en plus on paie des fortunes pour eux. Attendez, c'est 115 milliards par an ! Oui, chaque année. Bien plus que notre déficit budgétaire ! 5.6% du PIB de la France !!! C'est l'Institut pour la Justice (merci d'avoir commandé cette enquête à l'économiste Jacques Bichot) qui a produit ces chiffres. L'économiste qui a réalisé l'étude était lui-même tout étonné du résultat final, tant il ne s'attendait pas à ce qu'il fût si élevé...

    Les délinquants doivent payer. Il faut trouver un système dans lequel le travail forcé redevient possible et rentable. Cent quinze milliards, c'est bien plus que notre déficit annuel. Cent quinze milliards par an, calculez ce que cela fait sur dix ans : on paie les retraites avec cela. Et Sarkozy qui s'est fait réélire sur une promesse de sécurité pour les Français...Depuis le temps que je dis qu'il se moque des Français...

    Bref, comme le dit souvent un blogueur bien connu, ce pays est foutu...

  • Mode, l'ennui mortel...

     

    CesarBorgia_001.png

    Décidément, en ce moment, je ne me lasse plus de Second Life, après en avoir été longtemps absent. Me promenant sur ce demi-monde, si fortement virtuel, et en même temps avec un ancrage réel bien que faible dans notre monde, je songeais avec tristesse à l'absence d'imagination qui caractérise le nôtre. Et je pensais notamment aux codes vestimentaires : mon Dieu, qu'est-ce qu'on s'ennuie sur notre vieille Terre. En dépit de la multiplicité de nos magasins, aucune variété, pas d'originalité, mais l'uniformité plus que jamais. Impossible de me promener comme je suis habillé sur cette photographie prise là-bas. A moins d'être le jour de mardi gras, on me prendrait pour une bête curieuse, et au pire, que je rabatte la capuche, et je suis bon pour les arrêts. Et pourtant, ce serait tellement plus intéressant et chatoyant si l'on s'habillait, se vêtissait, se colorait et se maquillait comme bon nous semblait...

    Il y a dans le domaine vestimentaire, sur Second Life, une créativité fantastique. Plusieurs créateurs ne l'ignorent pas, ils viennent y tester certains de leurs modèles. A vrai dire, ces créateurs professionnels sont souvent bien en deçà des amateurs dont l'imagination exubérante autant que débordante vient enchanter mes promenades shopping...

    Oh, en théorie, rien n'empêche quelqu'un de s'habiller comme il l'entend, dans notre beau pays, mais il s'expose à un jugement social réprobateur et sévère. La cause en est simple : notre monde matérialiste se soucie comme de l'an 40 du beau ; ce qui compte, pour lui, ce sont les signes. Les habits n'ont pas vocation à être beaux, mais à être signifiants, c'est à dire à montrer que l'on s'intègre dans un réseau ou une communauté. Et il y a par-dessus toutes ces communautés un voile invisible qui coiffe d'une chape étouffante toute vue discordante.

    On achète Nike pour montrer qu'on est un gros caïd, qu'on a du fric, un smoking pour donner l'apparence d'un homme d'affaires, et cetera...

    Finalement, en ce bas-monde, seuls les esthéticiennes, et les chirurgiens plasturgiques ont encore le souci de la beauté, de l'art pour l'art. Les autres ne se préoccupent que de sens. Adieu, élégance, finesse, richesse étincelante et éclatante de la pourpre. Adieu manteaux sombres d'une époque révolue. Adieu sublime, adieu, grâce et beauté.

    Monde gris, terne et fâcheux, mon Dieu, que je m'ennuie.