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Société - Page 58

  • Au Café des Délices...

    Il m'a fait de la peine, l'Nicolas. La Comète va perdre ses gérants, honnêtes gens avec lesquels il avait tissé des liens d'amitié. Le bistrot va rester, mais il va perdre une partie de son âme. Pour Nicolas, la faute au libéralisme : des propriétaires qui attendent toujours plus de rentabilité. La réalité est plus diverse. Il se trouve que le sénateur centriste Nicolas About, et Michel Mercier, en charge de l'aménagement des espaces ruraux ont organisé un colloque sur la disparition des bars et cafés. J'en ai trouvé un compte-rendu sur la Toile. En fait, Nicolas n'a pas tout à fait tort, mais, c'est, plutôt, qu'il est mal tombé. L'institut Mimèsis a réalisé une étude en 2009 sur la convivialité des bars et mis en évidence quatre profils de propriétaires bien distincts. J'ai mis en gras le profil sur lequel Nicolas est tombé...

    • Les nouveaux entrants (entreprise familiale) : en début de carrière, ces jeunes de moins de 30 ans sont désireux de s’intégrer socialement, que ce soit des immigrés ou des jeunes en échec scolaire. Ils visent la satisfaction et la fidélisation du client. Ce sont les seuls qui ont conscience de la nécessité de se former. Maîtres mots : générosité, confiance, ouverture.
    • Les investisseurs (associés ou seuls) : dans une dynamique de réussite sociale, ils en sont à leur deuxième ou troisième affaire. La dimension commerciale et financière est primordiale. Il s’agit de rentabiliser au mieux et au plus vite leur investissement, en choisissant les produits les plus rémunérateurs et capteurs de clients. Maîtres mots : productivisme, pragmatisme, convivialité a minima dans un but commercial.
    • Les insatisfaits (seuls ou couples en difficulté) : en situation d’échec, ils vivent un décalage entre leur fantasme de réussite et leur réalité. La convivialité est une attitude calculée.
    • Les “deuxième vie” (couples en harmonie) : C’est une reconversion mûrie, préparée, et réussie en couple. Le café correspond à l’aboutissement de leur carrière. Maîtres mots : valeurs d’écoute, de partage, de générosité.

     

    Le compte-rendu note, parmi les maux dont souffrent les bistrots en effet la Grande Distribution qui se réinvestit sur le commerce de proximité que ce soit en centre-ville ou dans les quartiers. Mais elle n'est pas seule : buvettes non professionnelles, associations sportives, mairies, clubs mènent la vie dure à nos estaminets. Plus insidieux, l'image associée aux bistrots (le café du commerce), les nuisances qu'on leur prête, la répression de l'alcool et du tabac et des normes de sécurité et d'aménagement toujours plus exigeantes contribuent à l'effacement progressif de ces établissements de notre paysage. Quelques chiffres sont évocateurs : 200 000 bistrots et cafés en 1960, 37 000 aujourd'hui. On mesure mieux l'état de la convivialité et la déliquescence du lien social avec un phénomène d'une telle ampleur.

    Paradoxal, dans une société qui réclame, au moins en paroles, plus de lien social, et se plaint constamment de l'individualisme.

    Si la qualité du service et la visibilités apparaissent essentielles pour redorer l'image ternie des troquets, mon sentiment, mais je ne suis pas le seul à le penser, c'est que seule la diversification des services peut redonner un peu d'espace et d'air aux bistrots, particulièrement dans les campagnes. C'est la position de Michel Mercier, notamment :

    « dans les territoires ruraux comme dans les quartiers ». « La poste, la presse, les journaux font vivre la démocratie. » C’est aussi « le dernier commerce du village ou le repas des chasseurs ». « Des expériences de points multiservices ont eu lieu en Auvergne : retrait d’argent, point de relais d’informations touristiques, point Internet, produits de téléphonie mobile, dépôt de pain. » Il y a aussi « ce besoin de trouver localement des services qui n’existaient pas autrefois. Le bistrot doit être prêt à les accueillir. » Sans oublier « les services de proximité tels que les retraits de colis ou l’achat de billets de train TER ».

    « Avoir en un lieu unique tout ce qui disparaît ailleurs » en somme, concluait récemment Anne-Marie Escoffier, la Sénatrice radicale (de gauche) de l'Aveyron.

  • Riches et pauvres, idées reçues...

    Très intéressantes analyses des chiffres de l'INSEE sur les pauvres et les riches par l'IFRAP, une officine spécialisée dans l'analyse de la dépense publique. Le fait est que lorsqu'on parle de deniers du contribuable devant eux, leurs réactions sont aussi subtiles que la charge d'un grand auroch sauvage  devant lequel on agiterait le drapeau rouge bolchevique, mais, nonobstant ces traits de caractère amusants, cet institut est d'une efficacité redoutable quand il s'empare des chiffres pour en extirper la substantifique moëlle.

    Or, que constate l'IFRAP, d'après les chiffres de l'INSEE ? Primo, que l'INSEE opère toujours ses calculs en ne tenant compte que du revenu imposable, or, le revenu véritable, c'est ce qu'il reste au final, impôts déduits et/ou prestations sociales touchées.

    Secondo, que parfois, l'écart entre les 10% les plus riches et a contrario les candidats au passage en-dessous du seuil de pauvreté ne tient pas même dans un rapport du simple au double :

    On entre dans la catégorie des 10% les plus riches avec 35 000 euros par an de revenu net avant impôt, soit à partir de 3000 euros par mois. Et… une famille avec deux enfants gagnant 2.200 euros par mois se trouve sous le seuil de pauvreté.

    Tertio, si les «riches ne paient que 25% d'impôts au lieu de 36%, les foyers imposables ne paient en moyenne que 8.2% de leur revenu, puisque seule une moitié d'entre eux paie l'impôt sur le revenu. Notons qu'il ne s'agit pas de chiffres IFRAP, mais bien de chiffres INSEE. Simplement, ils n'avaient pas été commentés sous cet angle jusque là.

    Ensuite, les fameuses niches fiscales profitent à toutes les classes sociales, contrairement, là encore, à une idée reçue ; par exemple, la prime pour l'emploi (3.2 milliards d'euros, six fois plus que le bouclier fiscal !) ne profite à l'évidence pas aux revenus élevés, et c'est une niche fiscale. Il y en a d'autres, évidemment.

    Enfin, dernière remarque, tandis que les revenus des plus riches chutaient sévèrement à l'issue de la crise (or, les calculs de l'INSEE ont été opérés jusqu'à 2006, c'est à dire avant l'effondrement boursier) parallèlement, avec le RSA, les revenus d'un grand nombre de plus pauvres devraient croître significativement. A vrai dire, depuis l'an 2000, l'écart de revenus (après transfert) entre les 10% les plus pauvres et les 10% les plus riches, n'a quasiment pas bougé (de 4.4% à 4.6%). La crise n'est pas propice à un accroissement de cet écart, comme je l'ai fait remarquer plus haut.

    Très souvent, en matière de richesses et de pauvreté, on se laisse facilement aveugler par le ressentiment, l'envie ou encore quelques réussites insolentes autant qu'apparentes qui masquent généralement des réalités bien plus prosaïques.

    Ces documents, signalés par l'excellent Didier Goux permettront certainement à mon Zinoviev favori du Kremlin de revenir à des considérations plus sensées sur la pauvreté et la richesse. Cela lui évitera un Grand Procès avec confession publique pour crimes contre la mère patrie du Socialisme...

  • Élaborez vos lois !

    Très intéressant ce que signale Téo Toriatte :  l'Assemblée Nationale a réformé son fonctionnement en 2009 et désormais, une loi ne peut plus être votée sans une étude d'impact, c'est à dire, en somme, le recueil des avis  des individus concernés. Les internautes peuvent désormais déposer leurs observations sur cette étude d'impact, observations qui seront transmises au député rapporteur en charge du projet de loi. Il y a là une opportunité pour le citoyen de participer directement à la vie de la cité. La loi s'applique à partir du 17 mars dernier, si bien qu'il est par exemple possible de réagir sur le projet de loi de modernisation des professions judiciaires et juridiques réglementées ainsi que celui relatif à l'intégration, l'immigration et à la nationalité.

    Alors, à vos plumes et à vos claviers !

  • Bien fait pour les petits c...

    Tiens, encore un fait divers :  trois merdeux s'en sont pris à une gamine dans un lycée de Marseille. Trois garçons contre une fille, courageux «jeunes déçus» (©h16) qu'ils sont, la gamine ne s'est pas laissée faire et s'est plainte à sa mère. Pas de pot pour les petits cons, la mère en question était officier de police. Moyennant quoi les pandores ont débarqué en uniforme dans le lycée et, au bout du compte, huit heures de garde à vue. Seulement, voilà, la presse hurle au scandale, et le ban et l'arrière-ban des fédérations de parents, d'élèves, et des syndicats enseignants hurlent à l'état fasciste. Et pendant ce temps, les agressions croîssent de mois en mois dans les établissements scolaires. On entend de ci de là que le proviseur aurait pu régler cela en interne. La vérité, c'est que si la gamine s'en était remise à l'administration, il ne se serait strictement rien passé, et elle aurait pu faire l'objet de brimades, voire de menaces par la suite.

    Moi, ce que je pense, c'est qu'à un moment donné, il va bien falloir commencer à les poser, les limites. C'est bien fait pour leurs gueules à ces petits cons*. Ça va leur apprendre la vie en société. Ce qui m'étonne, c'est de voir un journal de droite comme Le Figaro quasi-emboiter le pas à la presse de gauche sur un incident de ce type. Moi, en fait, le seul truc qui me choque vraiment, c'est que je me demande comment peuvent faire ceux dont les parents n'exercent pas une profession à responsabilité dans la police. C'est plutôt cela qui est troublant, que tout le monde ne soit pas protégé également. Mais que les petits cons en aient pris plein la gueule et aient peut-être chié dans leur froc en pleurnichant pour leur connerie et leur lâcheté, je m'en réjouis haut et fort. Il paraît que la gamine s'est prise un bouchon de champagne au visage. Ah bon ? Champagne pour vos gueules, les merdeux, j'ouvre la bouteille : le prochain coup, vous vous la péterez moins...

    *NDLR : je sais, je suis réac et alors ? J'assume.

  • L'Église a bon dos !

    «Voici de quelle manière Aaron entrera dans le sanctuaire [...] Il recevra de l’assemblée des enfants d’Israël deux boucs pour le sacrifice d’expiation [...] Il prendra les deux boucs, et il les placera devant l’Éternel, à l’entrée de la tente d’assignation.[...] Aaron jettera le sort sur les deux boucs, un sort pour l’Éternel et un sort pour Azazel. Aaron fera approcher le bouc sur lequel est tombé le sort pour l’Éternel, et il l’offrira en sacrifice d’expiation. Et le bouc sur lequel est tombé le sort pour Azazel sera placé vivant devant l’Éternel, afin qu’il serve à faire l’expiation et qu’il soit lâché dans le désert pour Azazel.[...] Aaron posera ses deux mains sur la tête du bouc vivant, et il confessera sur lui toutes les iniquités des enfants d’Israël et toutes les transgressions par lesquelles ils ont péché ; il les mettra sur la tête du bouc, puis il le chassera dans le désert, à l’aide d’un homme qui aura cette charge. » (Lévitique, XVI)

    Ainsi naquit le bouc-émissaire...

    Mon dernier billet sur le devenir de l'Église catholique a fait réagir, notamment du côté de Houilles, où l'on m'en veut beaucoup...Ce n'était pourtant pas un billet à charge : j'y écris simplement que l'Église catholique, en raison de sa vocation universaliste est une grande caisse de résonance. Dans une cathédrale, le moindre individu qui chante faux s'entend de loin, quand bien même il serait dissimulé au milieu d'un choeur.

    En réalité, sur les affaires de pédophilie, l'Église n'a fait ni pire ni mieux que bien d'autres institutions dans le monde, à commencer par l'Éducation Nationale française qui mutait d'office tous les cas qui lui étaient signalés. Jusqu'au milieu des années 90, la pédophilie demeure un phénomène méconnu ; à vrai dire, depuis fort longtemps, c'est la souffrance, les sentiments des enfants qui sont ignorés. On trouvait des imbéciles dangereux, au début des années 70, pour affirmer que le système nerveux des bébés n'étant pas mature, ils ne ressentaient pas la douleur, leurs cris ayant une autre signification. Pas besoin d'anesthésie, donc, concluaient ces sinistres crétins (qui heureusement, ne parvinrent pas à faire école !). Les Verts allemands, au beau milieu de ces années-là voulaient dépénaliser les relations sexuelles avec les enfants, et cela figurait en bonne place dans leur programme. Ceci explique d'ailleurs, que le mouvement écolo se garde bien de mêler sa voix à l'actuel concert de glapissements...

    Un vieux proverbe dit qu'il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain ; certes l'Église doit faire la lumière sur les scandales qui l'ont entâchée, mais il n'y a pas une spécificité de cette institution ; comme je le disais dans mon dernier billet, les cas de pédophilie parmi les prêtres ne sont pas plus nombreux que dans d'autres catégories sociales. Par ailleurs, je suis étonné de voir tant d'individus bien intentionnés ne rien dire des pratiques qui ont cours dans certains pays d'Asie, en Afrique du Nord et dans le Golfe Arabo-Persique où la loi tolère le mariage, et par suite les relations sexuelles, avec des petites filles pas même nubiles (dès l'âge de 9 ans). Il me semble que voilà un cas de pédophilie institutionnalisée contre lequel il convient, à l'évidence, de lutter avec au moins autant d'énergie que pour obtenir la repentance de l'Église.

    In fine, à tort ou à raison (ce qui est un autre débat), certains médias et une partie du tissu associatif, essaient de régler leurs comptes avec Benoît XVI qu'ils jugent réactionnaire (ce qui n'est pas tout à fait faux) et plus généralement avec le Catholicisme. On peut dire qu'en France, une partie de la gauche s'en prend aux Catholiques, tandis que de l'autre côté, c'est l'Islam que l'on attaque à intervalles réguliers. Pourtant, s'il est bien une église qui s'est montrée vigilante depuis l'émergence des premières affaires, c'est l'Église de France.

    Il me semble que l'on en rajoute beaucoup sur quelque chose qui est établi et reconnu, et que l'on s'empresse de vouer le Catholicisme à Azazel, et cela, je le dis sans vouloir minimiser la souffrance des victimes. Non, il s'agit simplement de ne pas faire endosser à l'institution toute entière et à tous ses membres des comportements qui ont été individuels et qui n'ont, bien sûr, jamais fait partie de sa doctrine sous quelque forme que ce soit. Elle me paraît ressembler furieusement au bouc d'Aaron, celui qui porte le péché du monde, pour le compte, dans cette histoire, l'Église, à l'heure actuelle, dans la sphère médiatique...sphère médiatique qui ne me paraît pas avoir été plus glorieuse que les autres acteurs de notre société au moment où cela aurait pu lui incomber de l'être...

  • Dragons, le triomphe de la différence

    Je reviens d'une séance de cinéma avec ma petite famille, et notamment, nous avons eu le plaisir de visionner en 3D l'excellent film d'animation Dragons. Convaincant ! Je l'ai vraiment trouvé très bon. Sans dévoiler le film, je trouve extraordinaire de faire d'un dragon victime d'un handicap très grave l'un des deux principaux héros du film. Il réserve à par ailleurs quelques autres surprises savoureuses : le concepteur des dragons s'en est donné à coeur joie, et il y en a pour tous les goûts et de toutes les formes. Bref, petits ou grands, je vous recommande vivement ce morceau d'anthologie.

  • L'Église catholique survivra-t-elle ?

    Au fur et à mesure que se dévoile le passé trouble de l'Église catholique des cinquante dernières années, je ne puis m'empêcher de penser qu'elle ne finisse pas par en subir le contre-coup. La multiplication de cas de pédophilie dans un grand nombre de pays interpelle tout de même. Pour avoir une idée précise du fait, il conviendrait de rapporter le nombre de cas de pédophilie au nombre de prêtres, afin de vérifier si la proportion est supérieure nettement ou non à celle du reste de la population. Wikipedia rend compte de quelques statistiques sans qu'il soit aisé de conclure de manière précise. Je crois comprendre, toutefois, que les prêtres ne représentent pas une spécificité. La vigilance des autorités ecclésiastiques joue également un rôle évident : ainsi, en France, les évêques, au moins depuis le début des années 2000, ont veillé à ne jamais passer l'éponge et à signaler aux autorités judiciaires tous les cas dont ils avaient connaissance.

    Le fait est que l'Église revendique une autorité morale qui génère, de ce fait un effet lourdement démultiplicateur dès qu'elle se montre faillible. En réagissant avec énergie et fermeté, l'Église peut espérer limiter la casse, mais elle va devoir revoir son fonctionnement à plus d'un égard : il était déjà difficile de recruter des prêtres ; cela va devenir impossible. L'Église devra donc de plus en plus souvent faire appel à des diacres, et je vois bien cette fonction reprendre son lustre d'antan, puisqu'un homme marié peut l'exercer. Notons, d'ailleurs, que François d'Assise, qui a été canonisé par l'Église, était un diacre.

    Difficile d'évaluer l'onde de choc de ces scandales à l'heure de l'hyper-médiatisation ; cette dernière a une caractéristique : si l'information se répand très vite, elle est également encore plus vite chassée par une autre information.

    Les indulgences ont précipité le schisme de l'Église Catholique à la Renaissance ; si ce risque me semble être écarté, à notre époque moderne, on ne peut exclure l'avènement de dissidences qu'il sera au fil du temps de plus en plus difficile de ramener dans le bercail.

     

  • Nos retraites

    Tiens, Jean-François Copé s'intéresse à l'avenir de nos retraites. Intéressant, puisqu'il prend une position très claire en faveur de la retraite par répartition. Il n'envisage pas non plus de toucher au montant des pensions : c'est en tout cas ce qu'il dit dans son édito. Il a décidé de créer un groupe de travail sur cette délicate question, avec des élus de l'UMP et du Nouveau Centre. La question posée au citoyen lambda sur l'une des pages du site indique que le groupe de travail de Copé envisage prioritairement l'allongement du temps de travail. Il me semble bien avoir lu dans des sondages récents que les Français sont très hostiles à cette solution. Le site a néanmoins le mérite d'exposer clairement à quelle situation nous risquons d'être confrontée dans les années à venir. Patrick Joly, un collègue blogueur après avoir rappelé récemment la position du Parti Socialiste (élargir l'assiette en taxant le capital), envisage lui aussi un accroissement de la durée de cotisation. Le MoDem reprend à peu près l'idée de Bayrou de 2007 de proposer un système de retraites à points, en encourageant l'activité partielle au-delà de la limite légale de la retraite.

    La réforme des retraites est un serpent de mer : il paraît à peu près inévitable d'aligner régimes spéciaux et régimes publics sur les régimes privés, mais cela va être très difficile, car il faut s'attendre à une véritable bronca des fonctionnaires. Il faudra donner quelque chose de fort en contrepartie pour que cela puisse être accepté. Il faut bien comprendre qu'elle était calculée jusqu'ici sur les six derniers mois. En passant aux 25 dernières années, cela va générer des dommages considérables dans les revenus de ces retraités qui pourront se retrouver avec parfois deux fois moins que ce qu'ils avaient prévu.

    S'il y a un embryon de solution, c'est de distinguer ceux qui s'engagent maintenant dans la fonction publique, en remaniant d'ores et déjà leur contrat dans ce domaine. Pour ceux qui ont signé par le passé, difficile de revenir sur un engagement d'État, sauf à ne vraiment pas pouvoir faire autrement. Il faudrait un expert pour chiffrer cela exactement, mais à mon avis, plus on tarde à faire cette réforme, plus on aggrave les déficits futurs des caisses de retraites.

    Le Parti Socialiste essaie à mon avis d'éviter d'affronter le sujet en suscitant l'espoir fou que le «Kapital» paiera...

    Cela me paraît très difficile : nous sommes dans une économie mondialisée, et toute taxe sur le capital a des répercussions sur les mouvements de capitaux. Pour établir des taxes sur les capitaux, il faut passer des accords avec au moins la moitié des pays de la planète. Cela me paraît un peu le miroir aux alouettes.

    Il me semble que Copé pose le problème en termes clairs dans l'article qu'il a écrit sur Slate. Marielle de Sarnez, dans un entretien avec Linternaute, avait été assez claire : elle estimait que l'on pouvait conserver le principe d'un droit à partir en retraite à 60 ans, mais qu'il serait sans doute nécessaire de travailler plus longtemps pour espérer que ce départ se fasse à taux plein.  Elle soulignait, toutefois, qu'en amont de la question des retraites, on trouvait d'abord celui de l'emploi des Seniors. Elle aussi, se montre tout à fait hostile à une retraite par capitalisation, solution que privilégient de nombreux libéraux. A titre personnel, je suis, pour ma part, très méfiant avec les retraites par capitalisation : que des fonds de pension s'écroulent, et des millions de retraités peuvent se retrouver sans ressource aucune du jour au lendemain. Donc, je ne l'exclus pas, mais pour moi, il faut des garanties d'État derrière et un encadrement très strict des placements autorisés avec ce genre de fonds, en contraignant au passage les établissements financiers à séparer leurs activités dans ce domaine , de manière à ce que d'éventuels fonds de pension soient garantis.

    En tout cas, il y a là un débat qui doit absolument dépasser les clivages partisans et auquel nous devons tous prendre part.

     

  • Robert Ménard victime d'un mauvais buzz

    On passe son temps à faire des explications de textes, sur la Toile, je trouve ; la grande affaire de ces derniers jours, ce sont les propos de Robert Ménard sur ses priorités de journaliste. La presse et pas mal de blogueurs, avec un bel ensemble, en a tiré la conclusion qu'il défend la peine de mort.

    Encore une assertion aussi débile que fausse : Robert Ménard a simplement dit que dans tout ce qui était sur le feu et qui urgeait, obtenir la grâce d'un Dutroux n'était pas vraiment une priorité, c'est tout. Je suis exactement de son avis.

    A titre personnel, ce n'est pas pour des raisons philosophiques que je suis contre la peine de mort, mais en raison des graves dérives qu'entraîne systématiquement son application. En soi, voir griller un Dutroux sur une chaise électrique ne m'empêcherait pas de dormir. Et je ne me mobilise pas pour obtenir la grâce de tous les condamnés à mort ; c'est seulement quand j'ai un dossier en main que je juge convaincant que j'écris si une condamnation me semble particulièrement injuste.

    Je crois que Robert Ménard a exprimé à peu près le même avis. Je rappelle ses paroles :

    «On profite de ce qu’il semble être une erreur judiciaire pour nous fourguer le problème de la peine de mort. Je pense que ce sont deux débats différents. On peut très bien penser que pour cette affaire-là il faut faire un test ADN et être partisan de la peine de mort. Et être partisan de la peine de mort, ça ne fait pas de vous un monstre qui serait exclu de l’humanité bien pensante, convenable et tout».

    Et il précise lundi :

    «Ce que j’ai voulu dire, c’est que j’ai mieux à faire que de défendre des gens comme Dutroux, c’est peut-être parce que je suis père de famille».

    Il a tout à fait raison. Je ne pense pas autrement avec la réserve, toutefois, que j'ai exprimée : je maintiens que l'application de la peine de mort en,traîne systématiquement des dérives qui aboutissent à la condamnation d'innocents. L'État du Texas est un spécialiste de la chose, et je ne parle même pas des dictatures de toutes sortes...

  • Il faut sauver le soldat Zemmour !

    Le politiquement correct n'a décidément pas de limites : le Figaro s'apprêterait à licencier Éric Zemmour pour ses propos sur les trafiquants de drogue. Ridicule. Il suffisait de répondre à Éric Zemmour que s'il y a plus de trafiquants de drogue parmi les Africains et les Maghrébins (c'est en effet une réalité) c'est qu'il y a aussi bien plus de foyers pauvres et/ou misérables dans ces catégories de population. In fine, ce n'est donc pas l'origine ethnique qui fait le trafic, mais la pauvreté et la misère (sans que cela exclue, bien sûr, la responsabilité individuelle). Par ailleurs, sa formulation favorise la stigmatisation, et je ne vois pas bien ce qu'elle apporte exactement.

    La bien-pensance n'en a pas moins manqué d'y voir un crime de lèse-racisme et le voilà conspué de toute part. Comme l'écrit Didier Goux, les chiens de garde du Bien vont avoir leur nonosse. Ah, qu'est-ce que je déteste ce consensus gauchouillard et mollasson dès qu'il s'agit de parler d'immigration ; car, in fine, c'est bien de cela dont voulait parler Éric Zemmour.

    Non qu'il s'agisse de glisser vers l'amalgame, mais tout simplement de se demander s'il est pertinent de poursuivre une politique d'immigration qui amène à grossir les catégories défavorisées de notre pays.

    Or, les organisations anti-racistes hurlent très facilement au délit de faciès face à ce type de contrôle. Déni de faciès, oui, plutôt ! Ce que Zemmour voulait entendre, à l'évidence, c'est qu'il n'était pas question que la police ne fasse pas son travail parce que ce n'était pas politiquement correct d'admettre le fait qu'il a énoncé.

    Il aurait évidemment gagné à assortir son discours d'une réflexion solide sur les vraies causes de la délinquance, mais bon, la finesse, à ma connaissance, n'est pas la qualité première du bougre.

    Il n'en reste pas moins que sa possible (probable) éviction , est un nouveau coup porté à la liberté d'expression. Éric Zemmour est une forte tête et une grande gueule : manifestement, Monsieur Mougeotte a du mal à accepter cet état de fait évident mais assez facilement plaisant pour ses auditeurs, que l'on soit d'accord ou non avec le personnage.