C'est le coeur lourd et empli d'affliction que j'assiste au spectacle aussi désolant qu'inquiétant que donne notre pays avec les Roms. Les propos que l'on entend dans notre pays renvoient à une période très noire de l'Europe. Chacun s'obstine à évoquer les Roms en général, amalgamant toute une ethnie et des problèmes de circulation et de sécurité dont ils ne sont pas directement comptables.
Je n'aime plus le mot "stigmatiser" parce que la gauche l'a tellement employé à tort et à travers qu'elle l'a vidé de tout son sens. Et pourtant, aujourd'hui, on stigmatise les Roms en général parce qu'il y a des problèmes réels d'aires d'accueil et d'occupation de propriétés privées.
Nous ne parvenons pas à gérer la libre-circulation des personnes en Europe : ça, c'est un problème. De nombreuses communes françaises ne mettent pas en place des aires d'accueil pour les nomades. C'est encore un autre problème. Il n'existe par ailleurs aucune association, parmi les populations nomades, qui essaie de trouver une solution privée en acquérant en commun les terrains nécessaires pour pouvoir les louer à prix coûtant à tous ses membres. C'est également un problème. Des propriétés privées sont occupées en France. Cela concerne des Roms, mais bien d'autres populations également. C'est un problème.
Ce qui est inquiétant, c'est de dire que les Roms sont le problème. Et de le dire en usant d'un article défini, ce qui caractérise toute une ethnie. Bayrou a usé d'un mot très juste pour juger la politique menée envers les Roms en France : malsaine.
«Il y a un très grand trouble. En axant toute sa communication sur l'expulsion à grand spectacle de quelques centaines de Roms, le gouvernement a créé un malaise profond, jusque dans sa majorité [...] les gouvernants qui méritent le soutien, et qui l'obtiennent, sont ceux qui tirent les peuples vers le haut et non vers le bas. On a tout entendu cet été: nazis, fascistes, indignité nationale... Ce que nous vivons n'est ni nazi, ni fasciste. Le mot le plus juste est: malsain!».
Merci François Bayrou.
Je refuse donc, comme Bayrou, de verser dans un discours haineux. De même que je récuse que l'on évoque les Arabes, les Noirs, les Musulmans ou encore les immigrés pour établir des généralités morales. Il y a des Arabes (mais lesquels ? Quoi de commun entre un Tunisien et un Irakien ?), des Noirs (Et quel serait le trait d'union entre un Éthiopien et un Zoulou ?), des Musulmans (là encore, entre un Alaouite et un Sunnite, ou même, au sein de la Sunna, entre un Wahhabite et un Soufi, que de différences !).
Bien peu dans la classe politique française parviennent à allier le bon sens et la dignité. Soit ils nient en bloc les situations difficiles qui existent, comme on le fait par exemple chez les Verts ou du côté de la Commission européenne avec Madame Redding (qui a même réussi à exaspérer Bartolone) soit, au contraire, ils vomissent leur haine du nomade.
Je ne peux que rendre hommage au bon sens et à l'humanité de Marielle de Sarnez pour évoquer ces sujets. Elle l'a compris et dit avec intelligence :
«Oui, il y a des choses à dire à propos des Roms, notamment sur l'exploitation des enfants, les vols, les rackets. Parlons-en, mais posément et tranquillement. Je n'aime pas quand on a l'impression qu'il y a dans la politique des arrières-pensées. Je pense que l'on doit faire respecter la loi et l'ordre. Il y a des questions de sécurité. On voit des mafieux qui font venir des groupes en France, qui exploitent des enfants. Ces mêmes groupes repartent, financés par l'argent du contribuable, puis reviennent. Il faut mettre fin à cela. J'attends deux choses de la Commission européenne : d'abord, qu'elle mette la même autorité qu'envers la France pour mettre à mal la mafia. Tous ces enfants que nous voyons dans les rues, c'est de l'exploitation, c'est un système mafieux pour leur apprendre à voler, pour les rendre délinquants. Tout cela ne va pas dans le bon sens. Deuxièmement, j'aimerais que l'Europe nous dise pourquoi en Roumanie, en Bulgarie, les efforts ne sont pas faits. Pourquoi l'argent n'y est-il pas correctement dépensé pour intégrer ces populations ? Si les Roms s'en vont de leurs pays, c'est parce que là-bas ils sont plus que discriminés, ils sont traités comme des sous-hommes. Il faut le savoir ! C'est le rôle de l'Europe que d'imposer à la Roumanie, à la Bulgarie et à la Hongrie que l'intégration se fasse en faveur de ces populations. Il y a des dizaines de milliards d'euros au budget européen pour cela.»
Merci Marielle.